III Pars (Drioux 1852) 1346

ARTICLE VI. — plusieurs ministres peuvent-ils simultanément baptiser une même personne?

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1 II semble que plusieurs ministres puissent simultanément baptiser une même personne. Car l'un est contenu dans le multiple, mais non réciproquement. Par conséquent, il semble que tout ce que peut faire un individu, plusieurs puissent le faire, et non réciproquement ; ainsi plusieurs traînent un navire qu'un seul ne pourrait traîner. Or, un seul homme ne peut en baptiser plusieurs simultanément. Donc plusieurs ne peuvent pas non plus en baptiser un seul simultanément. Il est plus difficile qu'un seul

(1) Saint Augustin exprime plus pleinement sa pensée (De bapt. contra Donatistas, Iii). Ml, cap. S5).
(2) Ce sont précisément les expressions du concile de Florence que nous avons citées pag. 028. ló) Le caractère ei la justification intérieure.
(3) La justification ne serait pas produite, mais le sacrement serait valide, et il imprimerait caractère. Pour le sens de ces expressions, voyez quest. préc. ai t. \.

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agent agisse sur plusieurs choses que plusieurs agents agissent simultanément sur une seule. Or, un seul homme peut simultanément en baptiser plusieurs. A plus forte raison plusieurs peuvent-ils simultanément en baptiser un seul.

3
Le baptême est le sacrement le plus nécessaire. Or, il paraît nécessaire, dans un cas, que plusieurs baptisent simultanément un seul individu ; par exemple, si un enfant était en danger de mort et qu'il n'y eût là que deux personnes, dont l'une serait muette et l'autre n'aurait ni bras, ni mains. Car alors il faudrait que l'estropié prononçât les paroles et que le muet fit l'acte du baptême. II semble donc que plusieurs puissent simultanément baptiser un seul individu.

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Mais c'est le contraire. L'unité d'action demande l'unité d'agent. Si donc plusieurs personnes baptisaient Je même individu, il semble en résulter qu'il y aurait plusieurs baptêmes-, ce qui est opposé à ces paroles de saint Paul (Ep 4,5) : Il n'y a qu'une foi et qu'un baptême.


CONCLUSION. — Plusieurs personnes peuvent ensemble validement conférer le baptême, pourvu qu'elles observent la forme obligée de l'Eglise et qu'elles disent l'une et l'autre en même temps : Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, quoique on doive les punir, puisqu'elles p lient grièvement.

21 Il faut répondre que le sacrement de baptême tire principalement sa vertu de sa forme, que l'Apôtre appelle la parole de vie (Ep 5). C'est pourquoi, dans le cas où plusieurs personnes baptiseraient ensemble un seul individu, il faut examiner de quelle forme elles se seraient servies. Car s'ils disaient : Notis te baptisons au nom du Père et du, Fils et du Saint-Esprit, le sacrement ne serait pas valide, parce qu'ils n'auraient pas observé la forme de l'Eglise, qui est ainsi conçue : Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Mais il y en a qui disent que cette raison est rendue nulle par la forme baptismale dont se sert l'Eglise grecque. Car ils pourraient dire : Que le serviteur du Christ soit baptisé au nom du Père et du Fils et de l'Esprit-Saint (1), ce qui est la forme sous laquelle les grecs reçoivent le baptême. Cependant cette forme diffère beaucoup plus (2) de la forme dont nous nous servons que si l'on disait : Nous le baptisons. Mais il est à remarquer que par cette forêt e : Nous vous baptisons (3), on exprime une intention telle que plusieurs se réunissent pour ne conférer qu'un seul baptême ; ce qui parait contraire à la nature du ministère qu'on exerce alors. Car l'homme ne baptise que comme ministre du Christ et son lieutenant. Par conséquent, comme il n'y a qu'un Christ, de même il faut qu'il n'y ait qu'un ministre pour le représenter. C'est pour ce motif que l'Apôtre dit expressément (Ep 4, o) qu'il n'y a qu'un Seigneur, qu'une foi et qu'un baptême. C'est pourquoi l'intention contraire paraît rendre nul le sacrement de baptême.— Mais si l'un et l'autre disaient : Je te baptise au nom du Père, du Fila et du Saint-Esprit, chacun exprimerait son intention, comme s'il conférait a lui seul le baptême. C'est ce qui pourrait arriver dans le cas où, par rivalité, on s'efforcerait l'un et l'autre de baptiser quelqu'un. Alors il est évident que ce serait celui qui prononcerait le premier les paroles qui baptiserait; tandis que l'autre, quel que soit le droit qu'il aurait, ne ferait rien; et s'il avait la présomption de prononcer les paroles, il devrait être puni comme un rebaptisant. Mais s'ils prononçaient tous les deux en même temps les paroles et qu'ils lissent l'immersion ou l'aspersion de celui qu'ils voudraient baptiser, on devrait les punir parce qu'ils baptisent d'une manière contraire aux règles (1), mais non pour avoir réitéré le baptême; parce que, dans ce cas, ils auraient eu l'un et l'autre l'intention de baptiser quelqu'un qui ne l'est pas, et ils l'auraient baptisé l'un et l'autre autant qu'il était en eux. Il n'y aurait pas deux sacrements, mais le Christ, qui est le seul qui baptise intérieurement, ne conférerait qu'un seul sacrement par l'intermédiaire de l'un et de l'autre.

(I) On ne peut pas davantage se servir de celle formule, car on sous-entend les mois par notre ou par mon acte.

-) Sous le rapport des mots.

(S) Si l'on prend ces paroles dans leur sens collectif, le sacrement n'existe pas, parce que la véritable formule du baptême se trouve changée. Si on les prend dans un sens divisé, de manière que toutes les personnes qui les prononcent aient l'intention de conférer totalement le baptême, d'une manière indépendante les unes des autres, dans ce cas le sacrement serait valide.

31 Il faut répondre au premier argument, que cette raison est applicable aux choses qui agissent d'après leur propre vertu. Or, les hommes ne baptisent pas d'après leur propre vertu, mais d'après la vertu du Christ, qui, par la même qu'il est un, accomplit son oeuvre par un seul ministre.

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Il faut répondre au second, que dans le cas de nécessité une seule personne pourrait baptiser plusieurs individus sous cette formule : Je vous baptise. Ainsi on pourrait le faire si on était menacé par un écroulement ou par le glaive, ou par toute autre chose qui ne souffrit point du tout de retard et qui ne permît pas de baptiser chaque personne les unes après les autres. La forme de l'Eglise ne serait pas par là changée, parce que le pluriel n'est qu'un singulier redoublé; surtout puisque le Seigneur a dit au pluriel (Mt 28) : Baptizantes eos, etc. Il n'en est pas de même de celui qui baptise et de celui qui est baptisé; parce que le Christ, qui est l'auteur principal du baptême, est un, et que ce sacrement rend un en Jésus-Christ la pluralité des individus.

33 II faut répondre au troisième, que, comme nous l'avons dit (quest. lxvi, art. 3 et 5), l'intégrité du baptême consiste dans la forme des paroles et l'usage de la matière. C'est pourquoi celui qui ne prononce que les paroles ne baptise pas, et il en est de même de celui qui ne fait que les immersions. C'est pour cette raison que si un individu prononce les paroles et qu'un autre fasse les immersions, aucune forme de paroles ne pourra être convenable. En effet i 1 ne pourra dire : Je te baptise, puisqu'il ne fait pas les immersions, et que par conséquent il ne baptise pas ; et il ne pourrait pas dire non plus : Nous te baptisons, puisque ni l'un ni l'autre ne baptise. Car si de deux individus l'un écrit une partie d'un livre et l'autre une autre, ils ne pourraient pas dire dans le sens propre : Nous avons écrit ce livre ; mais ils le diraient seulement par synecdoche, en prenant le tout pour la partie.

I L'acte est valide, mais il est illicite, puisqu'il est contraire à l'usage de l'Eglise et à l'institution du Christ.


ARTICLE vii. — requiert-on dans le baptême quelqu'un qui tienne sur les fonts sacrés celui qui est baptisé (2) ?

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1 Cet ARTICLE se rapporte aux parrains et aux marraines. Ces titres viennent des mots père et mère, parce qu'ils contractent une sorte de paternité ou de maternité par rapport à celui qu'ils présentent au baptême. on les appelle aussi /idejussores , sponsores, répondants ou cautions. Ici saint Thomas leur donne le nom de susreptores, parce qu'ils tiennent ceux que l'on baptise pendant l'administration du sacrement, ou qu'ils les reçoivent après.

1 II semble qu'on ne requiert pas dans le baptême quelqu'un qui tienne sur les fonts sacrés celui qui est baptisé. Car notre baptême est consacré par le baptême du Christ et lui est conforme. Or le Christ, dans son baptême, n'a pas été tenu par quelqu'un sur Io Jourdain ; mais comme le dit l'Evangile (
Mt 3,3) : Jésus ayant été baptisé sortit aussitôt hors de l’eau. Il semble donc que dans le baptême des autres on ne requiert pas quelqu'un qui tienne sur les fonts sacrés celui qui est baptisé.

2 Le baptême est la régénération spirituelle, comme nous l'avons dit (art. 3 huj. quaest.;. Or, dans la génération charnelle on ne requiert que le principe actif, qui est le père, et le principe passif, qui est la mère. Par conséquent, puisque dans le baptême celui qui baptise tient la place du père et l'eau baptismale la place de la mère, comme le dit saint Augustin (in serm. Epiph. i Dom. in f. octav.), il semble qu'il ne faille pas une autre personne qui tienne celui qui est baptisé sur les fonts sacrés.

3
Dans les sacrements de l'Eglise on ne doit rien faire de dérisoire. Or, il paraît dérisoire que les adultes qui peuvent se soutenir eux-mêmes et sortir du bain sacré soient tenus par un autre. Il semble donc qu'il ne soit pas nécessaire, surtout dans le baptême des adultes, qu'il y ait quelqu'un qui lève des fonts sacrés celui qui a été baptisé.

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Mais c'est le contraire. Saint Denis dit (De coelest. hier. cap. 2) : Que les prêtres livrent celui qui a été baptisé à celui qui l'a tenu sur les fonts de baptême, pour qu'il l'instruise et le dirige.


CONCLUSION. — Comme les petits enfants qui viennent de naître corporellement sont confiés à des nourrices et à des maîtres pour les instruire; de même dans la régénération spirituelle qui s'opère par le baptême on demande quelqu'un qui reçoive sur les fonts de baptême celui qui vient d'être baptisé, pour qu'il le protège et le forme en ce qui appartient au culte de Dieu.

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Il faut répondre que la régénération spirituelle qui est produite par le baptême ressemble d'une certaine manière à la génération charnelle; d'où il est dit (1P 2,2) : Comme des enfants nouvellement nés, désirez ardemment et sans malice le lait spirituel. Or, dans la génération charnelle le petit enfant qui vient de naître a besoin d'une nourrice et d'un maître. Par conséquent dans la génération spirituelle du baptême, il faut quelqu'un qui remplisse les fonctions de nourrice et de maître, en le formant et en l'instruisant, comme étant un novice, de ce qui appartient à la foi et à la vie chrétienne. Les chefs .de l'Eglise ne peuvent le faire, parce qu'ils sont assez occupés par le soin général de l'Eglise. Et comme les petits enfants et les néophytes ont besoin d'un soin tout spécial indépendamment de cette sollicitude générale, il s'ensuit qu'on demande que quelqu'un reçoive sur les monts sacrés celui qui vient d'être baptisé, et qu'il se charge en quelque sorte de son instruction et de sa protection. C'est ce qui fait dire à saint Denis (De ecdes. hier. cap. ult.) : Il est venu à l'esprit de nos divins chefs, c'est-à-dire des apôtres, et il leur a paru bon de recevoir les enfants conformément à cette sainte pratique qui consiste en ce que les parents naturels d'un enfant le livrent à un maître instruit dans les choses divines pour qu'il n'agisse que sous ses ordres, le considérant comme son père en Dieu et le garant de son salut (1).

31 Il faut répondre au premier argument, que le Christ n'a pas été baptisé pour être régénéré lui-même, mais pour régénérer les autres. C'est pour- quoi, après son baptême, il n'a pas eu besoin de maître, comme un petit enfant.

(I) La coutume do choisir des parrains et des marraines est, comme on le voit, très-ancienne. Le concile de Trente s'exprime ainsi à ee sujet (sess, xxiv, cap. 2) : Statuit ut unus tantum, sive vir, sive mulier, rei ad summum, unus et una baptizatum de baptismo suscipiant D'après le Rituel romain : Patrinus unus tantum, sive vir, sive mulier, vel ad summum, unus ei una adhibeantur ; sed simul non admittantur duo viri aut duas mulieres.

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II faut répondre au second, que dans la génération charnelle on ne requiert nécessairement que le père et la mère; mais pour rendre l'enfantement plus facile et pourvoir convenablement à l'éducation des enfants, il faut une sage-femme, une nourrice et un précepteur. Celui qui tient l'enfant sur les fonts sacrés remplace dans le baptême tous ces auxiliaires. Par conséquent il n'est pas nécessaire pour le sacrement; mais dans le cas de nécessité un individu tout seul peut baptiser avec de l'eau.

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Il faut répondre au troisième, que celui qui est baptisé n'est pas reçu par le parrain sur les fonts sacrés à cause de sa faiblesse corporelle, mais à cause de sa faiblesse spirituelle, comme nous l'avons dit (in corp. art.).



ARTICLE VIII. — celui qui tient quelqu'un sur les fonts sacrés est-il obligé de l'instruire (1)?

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1 Il semble que celui qui tient quelqu'un sur les fonts sacrés ne soit pas obligé de l'instruire. Car personne ne peut instruire qu'autant qu'il est instruit lui-même. Or, on admet pour parrains des gens qui ne sont pas instruits, mais simples. Celui qui répond pour quelqu'un qu'on baptise n'est donc pas obligé de l'instruire.

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Le fils peut être instruit par son père plutôt que par un étranger ; car le fils tient du père l'existence, la nourriture et l'éducation, comme le dit Aristote (Eih. lib. viii, cap. 12). Si donc celui qui est parrain de quelqu'un était tenu de l'instruire, il serait ph,'S convenable de donner cette charge au père charnel de l'enfant qu'à tout autre ; ce qui paraît être cependant défendu, comme on le voit (Decr. xxx, quest. 1, cap. Pervenit et cap. Dictum est).

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Plusieurs personnes peuvent mieux instruire qu'une seule. Si donc le parrain était tenu d'instruire son filleul, on devrait admettre plusieurs parrains plutôt que de n'en admettre qu'un. Et cependant le contraire est prescrit par le décret du pape Léon (hab. cap. 101 De consecrat, dist. iv) : Il ne faut pas, dit-il, qu'il se présente plus d'une personne, homme ou femme, pour tenir un enfant sur les fonts de baptême.

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Mais c'est le contraire. Saint Augustin dit (Serm. Pascli. vii in Dom. in albis) : Pour vous, hommes et femmes, qui avez tenu des enfants sur les fonts de baptême, je vous avertis que vous êtes constitués près de Dieu leurs garants.


CONCLUSION. — Quelquefois, dans le cas de nécessité, celui qui n tenu quelqu'un sur les fonts sacrés du baptême est obligé de l'élever, s'il remarque qu'on s'en acquitte mal.

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Il faut répondre que chacun est obligé de remplir la charge qu'il a acceptée. Or, nous avons dit (art. préc.) que celui qui tient quelqu'un sur les fonts sacrés, prend rengagement d'être son précepteur. C'est pourquoi il est obligé d'en avoir soin, dans le cas de nécessité, par exemple dans le temps et le lieu où ceux qui sont baptisés vivent parmi les infidèles. Mais quand ils vivent parmi les catholiques, les parrains peuvent s'exempter de ce soin, en présumant que leurs parents les instruiront convenablement. Si cependant ils pensaient le contraire, ils devraient, autant qu'il est en eux, prendre soin du salut de leurs enfants spirituels (2).

(I) A défaut des parents, le parrain et la marraine sont tenus d'apprendre à leur filleul ou filleule: l'Oraison dominicale, la Salutation anulique, le symbole des Apôtres, les commandements de Dieu et de l'Eglise, c'est-à-dire les choses principales que tout chrétien est tenu de savoir.
(2) Ce qui était une exception du temps de saint Thomas, dit Mgr Gousset, est malheureusement devenu bien général de notre temps, du moins parmi nous.

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II faut répondre au premier argument, que si le péril était imminent il faudrait que celui qui tient quelqu'un sur les fonts de baptême fût instruit dans les choses de Dieu, comme le dit saint Denis (De ecdes. hier. cap. 7) : mais quand il n'y a pas de péril, parce que les enfants sont élevés parmi des catholiques, on admet à cette charge tout individu -, car ce qui regarde la vie chrétienne et la foi est publiquement connu de tout le monde. Cependant celui qui n'a pas été baptisé ne peut être parrain (1), comme le déclare le concile de Mayence (hab. cap. De baptismate, de consecrat, dist. iv) : quoique celui qui n'est pas baptisé puisse conférer le baptême ; parce que la personne de celui qui baptise est nécessaire au sacrement, tandis qu'il n'en est pas de même de la personne du parrain, comme nous l'avons dit (art. préc. ad 2).

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Il faut répondre au second, que, comme la génération spirituelle diffère de la génération charnelle, de même aussi l'éducation spirituelle doit être différente, d'après ces paroles de saint Paul (He 12,9) : Si nous avons eu du respect pour les pères de notre corps lorsqu'ils nous ont châtiés, combien plus devons-nous être soumis au Père des esprits, afin de jouir de la vie. C'est pourquoi le Père spirituel doit être autre que le père charnel, à moins que la nécessité n'exige le contraire (2).

30 Il faut répondre au troisième, que l'éducation serait confuse, s'il n'y avait pas un seul maître principal. C'est pourquoi dans le baptême il faut qu'il n'y en ait qu'un qui réponde principalement pour l'enfant (3); bien qu'on puisse en admettre d'autres à titre d'auxiliaires.




QUESTION 68: DE CEUX QUI REÇOIVENT LE BAPTÊME.

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Nous avons maintenant à nous occuper de ceux qui reçoivent le baptême. — A ce sujet douze questions se présentent : 1° Tout le monde est-il tenu de recevoir le baptême P — 2° l'eut-on être sauvé sans le baptême P — 3° Le baptême doit-il être différé?

— 4° Les pécheurs doivent-ils être baptisés P — ;>" Doit-on imposer des oeuvres satisfactoires aux pécheurs baptisés? — 0° La confession des péchés est-elle requise? — 7" L'intention est-elle requise de la part de celui qui est baptisé? — 8" Faut-il la foi ?

— 9" Les enfants doivent-ils être baptisés? — 10° Les enfants des juifs doivent-ils être baptisés, malgré leurs parents? — ii" Doit-on baptiser les enfants dans le sein de leur mère? — 12" Doit-on baptiser les furieux et les fous?



ARTICLE I. — tous les hommes sont-ils obligés de recevoir le baptême (4)?

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1 Il semble que tous les hommes ne soient pas obligés de recevoir le baptême. Car le Christ n'a pas rétréci pour les hommes la voie du salut. (Jr, avant l'arrivée du Christ les hommes pouvaient être sauvés sans le baptême. Ils peuvent donc l'être aussi après son arrivée.

2
Le baptême paraît avoir été établi principalement pour remédier au péché originel. Or, celui qui a été baptisé n'ayant plus le péché originel, il ne parait pas qu'il puisse le transmettre à ses descendants. Il semble donc que les enfants de ceux qui sont baptisés ne doivent pas recevoir le baptême.

(1) A oyez l'énuniération de lous ceux qui sunt exclus des fonctions de parrain par les règles de l'Eglise, dans la Théologie morale de Mgr Coiisset, torno il, p. (17.
(2) Si le père ou la mère de l'enfant avait la témérité de le baptiser hors le cas de nécessité, la plupart des canonis les pensent qu'ils contracteraient entre eux une alliance spirituelle, et qu'ils ne pourraient plus réclamer ce qu'ils se doivent comme époux.
(j) Nous avons cité plus liant, pag. (>ô i, ce que le concile de Trente et le rituel romain' disent h cet égard.

I i) Indépendamment des manichéens et des autres hérétiques qui ont attaqué le baptême d'eau, la nécessité du baptême a été encore niée par les pélagiens, qui prétendaient qu'on pouvait sans ce sacrement arriver à la vie 'éternelle ; par \\ ielef, Zuingleet Bucer, qui voulaient qu'il ne fût pas nécessaire aux enfants prédestinés; par les sociniens, qui disaient que le précepte du baptême n'était pas universel et perpétuel. Toutes ces erreurs ont été ainsi condamnées par le concile de Trente (sess, vii, can. 5) : Si quis dixerit baptismum liberum esse, hoc est, non necessarium ad salutem : anathema sit.

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On baptise pour qu'on soit purifié du péché par la grâce. Or, ceux qui sont sanctifiés dans le sein de leur mère obtiennent cet avantage sans le baptême. Us ne sont donc pas tenus de recevoir ce sacrement.

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Mais c'est le contraire. Il est dit (Jn 3,5) : que si on ne renaît de l'eau et de l'Esprit-Saint, on ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Et Gennade ajoute (Lib. deecdes. dogmat. cap. 74) : Nous croyons que le chemin du salut n'est ouvert qu'à ceux qui sont baptisés.


CONCLUSION. — Puisque l'on ne peut faire son salut qu'autant qu'on est incorporé au Christ, il est évident que tous les hommes sont obligés de recevoir le baptême par lequel ils sont incorporés au Christ et deviennent ses membres.

21 Il faut répondre que les hommes sont tenus aux choses sans lesquelles ils ne peuvent faire leur salut. Or, il est évident que personne ne peut faire son salut que par Je Christ. D'où l'Apôtre dit (Rm 5,48) : Comme par le péché d'un seul tous les hommes sont tombés dans ta condamnation, ainsi par la justice d'un seul tous les hommes reçoivent la justification qui donne ta, vie. Le baptême étant conféré pour que celui qu'il régénère soit incorporé au Christ et devienne un de ses membres (4), d'après ces paroles de saint Paul (Ga 3,27) : vous tous qui avez- été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ, il s'ensuit évidemment que tout le monde est tenu à le recevoir et que sans lui les hommes ne peuvent être sauvés.

31 Il faut répondre au premier argument, que les hommes n'ont jamais pu être sauvés avant l'arrivée du Christ qu'autant qu'ils sont devenus ses membres. Car, comme le dit saint Paul (Ac 4,42), il n'y a point d'autre nom qui ait été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés. Or, avant l'arrivée du Christ les hommes étaient incorporés au Christ par la foi qu'ils avaient en son avènement futur. La circoncision était le sceau de celte foi, d'après l'Apôtre (Rm 4), et avant qu'elle ne fût établie, les hommes étaient incorporés au Christ par la foi seule, suivant saint Grégoire (jMor. lib. iv, cap. 3), avec l'oblation des sacrifices par lesquels les anciens patriarches professaient leur foi. Depuis l'arrivée du Christ les hommes lui sont encore incorporés par la foi, d'après cette pensée de saint Paul, qui dit (Ep 3,47) : Que le Christ habite par ta foi dans nos coeurs. Mais la foi en une chose présente se manifeste par d'autres signes que la foi dans cette même chose, quand elle était à venir, comme on ne se sert pas des mêmes expressions pour rendre le présent, le passé et le futur. C'est pour cela que quoique le sacrement de baptême n'ait pas toujours été nécessaire au salut, cependant la foi dont le baptême est le sacrement l'a toujours été.

32 II faut répondre au second, que, comme nous l'avons dit (4" 2*, quest. iaxxi, art. 3 ad 2), ceux qui sont baptisés sont renouvelés spirituellement par le baptême; tandis que le corps reste soumis à la loi ancienne du péché, d'après ce passage de l'Apôtre (Rm 8,10) : Le corps est mort a cause du péché, mais l'esprit vit à cause de la justice. D'où saint Augustin conclut (Lib. vi cont. Jul. cap. 47) que l'on ne baptise pas dans l'homme tout ce qu'il y a en lui. Or, il est évident que par la génération charnelle l'homme n'engendre pas selon l'esprit, mais selon la chair. C'est pourquoi les en-

(I) Per ipsum, dit te concito de Florence, membra Christi., ae de corpore eflicimur Ecdesia;.

i'anls de ceux qui sont baptisés naissent avec le péché originel, et par conséquent ils ont besoin du baptême (1).

33 Il faut répondre au troisième, que ceux qui ont été sanctifiés dans le sein de leur mère obtiennent la grâce qui purifie du péché originel; mais ils n'obtiennent pas pour cela le caractère qui leur imprime la ressemblance du Christ. C'est pourquoi s'il y avait maintenant quelqu'un qui lut sanctifié dans le sein de sa mère, il serait nécessaire de le baptiser pour qu'il reçût Je caractère et qu'il devînt semblable aux autres membres du Christ.



ARTICLE II. — peut-on être sauvé sans être baptisé (2)?

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1 II semble qu'on ne puisse être sauvé sans le baptême. Car le Seigneur dit (
Jn 3, r>) : Si on ne venait de l’eau et de l’Esprit-Saint, on ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Or, il n'y a que ceux qui sont sauvés qui entrent dans le royaume de Dieu. Personne ne peut donc être sauvé sans le baptême qui fait renaître de l'eau et de l'Esprit-Saint.

2 Cennade dit (Lib. de ecdes. dogm. cap. 74) : Nous ne croyons pas qu'un catéchumène qui meurt après avoir fait de bonnes oeuvres ait la vie éternelle, à moins qu'il n'ait subi le martyre par lequel on accomplit tout ce qui appartient au sacrement de baptême. Or, si quelqu'un pouvait être sauvé sans le baptême, ce seraient surtout les catéchumènes qui font des bonnes oeuvres et qui paraissent avoir la loi qui opère par la charité. Il semble donc qu'on ne puisse être sauvé sans le baptême.

3
Comme nous l'avons dit (quest. i.xv, art. 3 et i), le sacrement de baptême est nécessaire au salut. Or, on appelle nécessaire ce sans quoi une chose ne peut exister, d'après Aristote (Met. lib. v, text. 6). Il semble donc qu'on ne puisse être sauvé sans le baptême.

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Mais c'est le contraire. Saint Augustin dit (Sup. Levit. quest. xlviii) que la sanctification invisible a été accordée à quelques-uns et leur a été utile sans les sacrements visibles; tandis que la sanctification visible qui est produite par le sacrement peut être présente sans la sanctification invisible, mais elle ne peut être utile. Par conséquent puisque le sacrement de baptême appartient à la sanctification visible, il semble qu'on puisse être sauvé par la sanctification invisible, sans le sacrement de baptême.


CONCLUSION. — Ils ne peuvent pas être sauvés ceux qui n'ont reçu le baptême ni de voeu, ni en réalité ; mais ceux qui ont reçu le baptême de voeu peuvent l'être, quoiqu'ils n'aient pas été réellement baptisés.

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II faut répondre que le sacrement de baptême peut manquer à quelqu'un de deux manières : 1° On peut ne l'avoir reçu ni de voeu, ni réellement; ce qui arrive à ceux qui ne sont pas baptisés et qui ne veulent pas l'être; ce qui suppose évidemment un mépris du sacrement de la part de ceux qui ont l'usage du libre arbitre. C'est pourquoi ceux qui n'ont pas reçu le baptême et qui sont dans cet état ne peuvent pas être sauvés; parce qu'ils ne sont ni sacramentellement, ni mentalement incorporés au Christ par lequel seul on peut être sauvé. — 2° On peut n'avoir pas reçu le sacrement de baptême réellement, mais le recevoir de voeu; comme quand ou désire être baptisé, mais que par hasard on est prévenu par la mort avant de recevoir le baptême. Celui qui en est là peut être sauvé 3; sans le baptême actuel, à cause du désir qu'il a de le recevoir. Ce désir vient delà loi qui opère par l'amour, et par cette foi Dieu dont la puissance n'est pas liée aux sacrements visibles, sanctifie l'homme intérieurement. C'est pourquoi saint Ambroise, en parlant de Valentinien, qui était mort catéchumène, dit (Lib. de orth. Fa lent in.) : J'ai perdu celui que je devais régénérer, mais il n'a pas perdu la grâce qu'il a demandée.

(I) C'est ce qu'a nié Calvin (Inst. lib. iv), prétendant que les enfants des fidèles sont sanctifiés dans le sein de leur mère, et que, par conséquent, le baptême ne leur est pas nécessaire pour effacer le péché originel.

Le concile de 'trente est formel sur ce point sess, yn, can. i ; Si quis dixerit : sine cis sacramentis , aut eorum voto, per solam Iidem homines à Deo gratiam iustificationis adipisci; anathema sit. lit ailleurs (sess, vi, cap. 7) : Sacramentum baptismi est sacramentum fidei, sine qua nulli unquam contigit iustificatio- (5 Innocent III lu décide formcllemeut (De

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Il faut répondre au premier argument, que comme le dit l'Ecriture (1S 16,7) : L'homme voit les choses qui paraissent à l'extérieur, tandis que Dieu voit le fond du coeur. Or, celui qui désire renaître dans l'eau et de l'Esprit-Saint par le baptême, a été régénéré dans le coeur, quoiqu'il ne le soit pas corporellement. C'est ainsi que l'Apôtre dit (7tom. ii, 29) que la circoncision véritable est celte du coeur, qui se fait par l'esprit et non selon la lettre, et qui tire sa louange non des hommes, mais de Dieu.

32 Il faut répondre au second, que personne n'est parvenu à la vie éternelle qu'autant qu'il a été absolument exempt du péché et de la peine qui lui est due. Cet affranchissement universel est produit par le baptême et par le martyre (1). C'est pour ce motif qu'il est dit que tous les sacrements du baptême trouvent leur accomplissement dans le martyre, relativement à la pleine délivrance de la faute et de la peine. Si donc un catéchumène a le désir du martyre, parce qu'autrement il ne mourrait pas avec de bonnes oeuvres, puisqu'elles ne peuvent exister sans la foi qui opère par la charité; il n'arrive pas immédiatement à la vie éternelle, mais il souffre une peine pour ses péchés passés, et il est sauvé po urbains i dire par le feu (1Co 3,5).

33 Il faut répondre au troisième, qu'on dit que le sacrement de baptême est nécessaire au salut, parce que l'homme ne peut être sauvé, s'il n'a au moins la volonté de le recevoir, ce qui devant Dieu est réputé pour le fait.



ARTICLE III. —le- îîai'tèjie  doit-il. être différé (2)?

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1 Il semble qu'on doive différer le baptême. Car le pape saint Léon dit (Epist, iv, cap. 5) qu'il y a deux temps, Pâques et la Pentecôte, que les souverains pontifes ont désignés avec raison pour le baptême. Par conséquent, ajoute-t-il, nous vous avertissons de ne choisir aucun autre jour pour l'administration de ce sacrement. Il semble donc qu'on ne doive pas baptiser quelqu'un immédiatement, mais qu'on doive différer de le faire jusqu'aux époques désignées.

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On lit dans le concile d'Agde (can. xxxiv, et hab. cap. 43 De consecrat. dist. iv): que les juifs, dont la perfidie les fait revenir souvent à leur vomissement, restent, quand ils veulent entrer dans la religion catholique, huit mois à l'entrée de l'église parmi les catéchumènes, et si l'on reconnaît qu'ils sont sincèrement convertis, qu'alors ils reçoivent enfin la grâce du baptême. Les hommes ne doivent donc pas être baptisés immédiatement; mais on doit différer leur baptême jusqu'à un certain temps.

Comme le dit le prophète (
Is 27,9) : Le fruit de toutes choses c'est le pardon des péchés. Or, il semble que le péché soit plutôt effacé ou diminué, si le baptême est différé longtemps : i0 Parce que ceux qui pèchent après le baptême le font plus grièvement, d'après ces paroles de saint Paul (He 10, 2'J) : Ne croyez-vous pas qu'il méritera un plus grand supplice celui qui aura souillé le sang de l'alliance, dans lequel il a été sanctifié par Io baptême? 2" Parce que le baptême efface les péchés passés, mais non les péchés futurs. Par conséquent plus le baptême est différé et plus il efface de péchés. Il semble donc qu'on doive le différer longtemps.

creleil. lib. iv, iis. .',2, cap. -i). D'après saint Liguori, il n'est pas nécessaire que ce voeu soit explicite, il S1,riit qu'on M);( ,,n ,,'.m'.ral dans disposition de faire tout ce que Dieu a prescrit.

(1) Les théologiens croient que le martyre opère ex opere operato, dans les enfants, comme le baptême, et 1 Eglise honore comme saints tous, ceux qui ont été mis à mort pour la cause de Jésus-Christ, même quand ils auraient souffert avant d'avoir l'usage de la raison.
(2) Cet ARTICLE est une réfutation de l'erreur des vaudois, des pétrobusiens et des anabaptistes, qui prétendaient qu'on ne devait baptiser que ceux qui a\aient l'âge de raison.

20 Mais c'est le contraire. Il est dit (Si 5,8) : Ne tardez pas de vous convertir au Seigneur et ne différez- pas de jour en jour. Or, ceux qui sont régénérés dans le Christ par le baptême se convertissent parfaitement à Dieu. On ne doit donc pas différer le baptême de jour en jour.


CONCLUSION. — Les enfants doivent être baptisés immédiatement à cause du danger de mort; les adultes ne doivent pas l'être immédiatement, mais à une certaine époque, à moins qu'ils ne soient parfaitement instruits dans la foi ou qu'ils ne soient évidemment en danger de mort.

21 Il faut répondre qu'à cet égard il faut distinguer si ceux qui doivent être baptisés sont des enfants ou des adultes. Car si ce sont des enfants on ne doit pas différer le baptême (1) : 1° parce qu'on n'attend pas en eux une instruction plus grande ou une conversion plus parfaite ; 2° à cause du danger de mort, parce qu'on ne peut pas leur venir en aide par un autre remède que par le sacrement de baptême (2). Mais on peut subvenir aux adultes par le seul désir du baptême, comme nous l'avons dit (art. préc.). C'est pourquoi on ne doit pas leur conférer le sacrement de baptême aussitôt qu'ils sont convertis, mais il faut le différer jusqu'à un certain temps (3) : 1° Pour que l'Eglise prenne ses précautions, afin qu'elle ne soit pas trompée en conférant ce sacrement à des personnes qui s'en approcheraient avec dissimulation, d'après ces paroles (1Jn 4,1) : Ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits s'ils sont de Dieu. On soumet ceux qui s'approchent du baptême à cette épreuve, quand on examine leur foi et leurs moeurs pendant un certain temps. 2° Ce retard est nécessaire dans l'intérêt de ceux qui sont baptisés ; parce qu'ils ont besoin d'un certain espace de temps, pour s'instruire pleinement de la foi et s'exercer à l'égard de ce qui appartient à la vie chrétienne. 3° C'est nécessaire par respect pour le sacrement, puisque par là même qu'on ne baptise que dans les principales fêtes, à Pâques et à la Pentecôte, on reçoit ce sacrement avec plus de dévotion. — Mais on ne doit pas différer le baptême dans deux circonstances : i" Quand ceux qui doivent être baptisés se montrent parfaitement instruits dans la foi et aptes à recevoir ce sacrement. C'est ainsi que Philippe baptisa immédiatement l'eunuque, comme on le voit (Ac 8) et que saint Pierre baptisa Corneille et ceux qui étaient avec lui (Ac 10). 2° Dans le cas d'infirmité ou de danger de mort. D'où le pape saint Léon dit (ubi supra, cap. 6) : Ceux que la nécessité de la mort, d'une maladie, d'un siège, d'une persécution et d'un naufrage presse, doivent être baptisés en tout temps. — Toutefois si quelqu'un est prévenu par la mort sans avoir pu recevoir le sacrement, pendant qu'il attend le temps déterminé par l'Eglise-, il est sauvé, quoiqu'il le soit par le feu. comme nous l'avons dit(art. préc.). Mais il pèche, s'il diffère de recevoir le baptême au delà du temps fixé par l'Eglise, à moins que ce ne soit pour une cause nécessaire et d'après la permission de ses supérieurs ecclésiastiques. Mais cependant ce péché peut être effacé avec les autres par la contrition qui vient après et qui tient lieu du baptême, comme nous l'avons dit (in corp. et art. préc.).

(I) Il va certainement péché mortel à différer le baptême pendant un mois; il suffit même de quinze jours, si on n'a pas de raisons légitimes, et il y a même des docteurs qui prétendent que c'est une faute grave d'attendre au delà de huit jours. Voyez saint Liguori, lib. vi, n" 118.
(2) Cajétan avait prétendu, avec (iersou et quelques autres théologiens catholiques, que les enfants pouvaient être sauvés, par là même que leurs parents avaient conçu le désir qu'ils fussent baptisés. Mais saint Pie V a fait effacer cette opinion de Cajétan de ses commentaires sur saint Thomas, comme étant peu conforme à la foi.
(3) I n curé ne doit baptiser un adulte qu'après en avoir donné avis à l'ordinaire pour se conformer ensuite à ce qui lui sera prescrit. Voyez ú cet égard ce que dit le Rituel romain.

31 Il faut répondre au premier argument, que ce décret du pape saint Léon sur les deux époques que l'on doit observer pour le baptême doit s'entendre des adultes, et il faut excepter le danger de mort, qui est toujours à craindre pour les enfants, comme nous l'avons dit (in corp. art.).

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Il faut répondre au second, que ceci a été établi à l'égard des juifs pour la plus grande sûreté de l'Eglise, dans la crainte qu'ils ne corrompissent la foi des simples, s'ils n'étaient pleinement convertis; et cependant, comme ce concile l'ajoute lui-même, si pendant le temps prescrit l'un d'eux se trouvait dangereusement malade, on devrait le baptiser.

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Il faut répondre au troisième, que le baptême n'éloigne pas seulement les péchés passés par la grâce qu'il confère, mais il empêche encore de tomber dans les péchés à venir. Or, on doit principalement désirer que les hommes ne pèchent pas (1), en second lieu qu'ils pêchent plus légèrement, ou bien que leurs péchés soient effacés, d'après ces paroles (1Jn 2,1) : Mes petits-enfants, je vous écris ceci afin que vous ne péchiez point ; que si néanmoins quelqu'un pèche, nous avons pour avocat auprès du Père, Jésus-Christ qui est juste, et c'est lui qui est la victime de propitiation pour nous.




III Pars (Drioux 1852) 1346