Discours 2000 - Vendredi 15 septembre 2000


AUX LAÏCS ET RELIGIEUSES DE LA FAMILLE JÉSUS-MARIE

Vendredi 15 septembre 2000


  Chers Frères et Soeurs,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir ce matin, religieuses et laïcs de la Famille Jésus-Marie, venus de nombreux pays pour accomplir votre pèlerinage jubilaire auprès du tombeau des Apôtres.

La démarche de foi que vous avez voulu faire exprime bien l'objectif de votre famille spirituelle qui est “de mieux connaître Jésus Christ et de travailler dans l'Église à faire connaître Dieu et sa bonté miséricordieuse”. En effet, en cette année où nous célébrons le deux millième anniversaire de la naissance du Sauveur, l'Église entière est invitée à lever son regard de façon renouvelée vers le Seigneur Jésus, qui révèle aux hommes le visage de Dieu le Père, “miséricordieux et compatissant”, et qui, par l'envoi de l'Esprit Saint, rend manifeste le mystère d'amour de la Trinité (cf. Bulle Incarnationis mysterium, n. 3).

Je vous encourage donc vivement à renouveler avec générosité le don de vous-mêmes au Christ en accueillant le don qu'il vous fait de lui-même et en demeurant en union intime avec lui. Dans votre vie de disciples du Christ comme dans vos engagements apostoliques, maintenez éveillée en vous une vive conscience ecclésiale. Religieuses de la Congrégation de Jésus-Marie et membres associés laïcs, par votre collaboration fructueuse au service de la mission de salut de l'Église, soyez des signes toujours plus efficaces de la présence du Christ Sauveur parmi ses frères les hommes, notamment parmi les plus petits ! Qu'aucun d'entre eux ne puisse se sentir exclu de l'amour que le Père propose à tous ses enfants !

À la suite de sainte Claudine Thévenet, soyez auprès de tous, et particulièrement auprès des jeunes et des enfants, des témoins ardents du pardon et de la miséricorde, en portant sur eux un regard qui vous fait découvrir en chacun une promesse, une attente, une épiphanie de la présence divine (cf. Homélie pour la canonisation de Claudine Thévenet, 21 mars 1993). Comme votre fondatrice et inspiratrice, puisez votre énergie missionnaire à la source du Coeur du Christ et du Coeur de sa Mère, afin que “la charité soit comme la prunelle de vos yeux” (Sainte Claudine Thévenet).

Je vous confie à l'intercession aimante de la Vierge Immaculée, vous qui êtes présents ici ainsi que l'ensemble des religieuses et des laïcs de la Famille Jésus-Marie, et de grand coeur j'accorde à chacun et à chacune une particulière Bénédiction apostolique.

   


LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DU NOUVEL AMBASSADEUR D'ISRAËL PRÈS LE SAINT SIÈGE

Lundi 18 septembre 2000



Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis très heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l'Etat d'Israël près le Saint-Siège. Mes pensées, en cet instant, se traduisent en sentiments de profonde et éternelle gratitude: gratitude à Dieu qui, en cette année du Jubilé, a conduit mes pas de pèlerin en Terre Sainte et vers son peuple; gratitude aux Autorités civiles et religieuses pour l'accueil et l'attention qu'elles m'ont réservées au cours de ces journées intensives de ma visite au mois de mars.

La Terre Sainte occupera toujours une place centrale dans l'esprit et dans le coeur des juifs, des chrétiens et des musulmans. L'An 2000, avec sa commémoration de la naissance de Jésus, ne peut qu'attirer l'attention bienveillante de millions de chrétiens de chaque coin du monde aux lieux où Jésus vécut, mourut et ressuscita. La vive expérience de mon pèlerinage aux Lieux Saints continue de vivre dans mon esprit comme une grâce extraordinaire de Dieu et une sorte de témoignage que j'aimerais laisser, en particulier à la jeune génération, comme une invitation à édifier une nouvelle ère de relations entre chrétiens et juifs.

Je souhaite avant tout que la nature religieuse de cette visite ne soit pas oubliée. Mon objectif principal était d'aller d'un Lieu Saint à l'autre, dans un esprit de prière, en sachant que cela "non seulement nous aide à vivre notre vie comme une marche, mais nous donne bien aussi l'idée d'un Dieu qui nous a devancés et qui nous précède, qui s'est mis lui-même en chemin sur les routes de l'homme, un Dieu qui ne nous regarde pas d'en haut, mais qui s'est fait notre compagnon de voyage" (Lettre sur le Pèlerinage aux lieux qui sont liés à l'histoire du salut, 29 juin 1999, n. 10, ORLF n. 27 du 6 juillet 1999).

L'Eglise est pleinement consciente qu'"elle se nourrit de la racine de l'olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l'olivier sauvage que sont les gentils" (Nostra aetate NAE 4). Le patrimoine spirituel commun aux chrétiens et aux juifs est si grand et si vital pour la santé religieuse et morale de la famille humaine que tous les efforts possibles doivent être accomplis afin de faire progresser et d'étendre notre dialogue, en particulier en ce qui concerne les questions bibliques, théologiques et éthiques. Et une nouvelle tentative réciproque et sincère doit être réalisée à chaque niveau afin d'aider les chrétiens et les juifs à connaître, respecter et estimer plus pleinement les croyances et traditions les uns des autres. Cela représentera la façon la plus sûre de surmonter les préjudices du passé et d'élever une barrière contre les formes d'antisémitisme, de racisme et de xénophobie qui réapparaissent en certains lieux aujourd'hui. Aujourd'hui, comme toujours, ce ne sont pas la véritable foi et la pratique religieuses qui donnent naissance à la discrimination et à la persécution, mais la perte de la foi et l'apparition d'une vision égoïste et matérialiste, privée de véritables valeurs, une culture du vide. C'est pourquoi vos paroles, Monsieur l'Ambassadeur, sur le besoin d'une direction morale pour répondre à certains des défis les plus difficiles auxquels doit faire face l'humanité au cours du nouveau millénaire, trouve un écho certain dans les convictions du Saint-Siège.

Une source constante de tristesse est le caractère insaisissable d'une paix définitive au Moyen-Orient. Nous nous réjouissons tous à chaque fois qu'un pas en avant est annoncé dans les négociations complexes qui sont devenues un trait essentiel des relations entre Israël et ses voisins, en particulier l'Autorité palestinienne. La poursuite du dialogue et de la négociation représente déjà un développement significatif. Et il est important de reconnaître combien les progrès accomplis jusqu'à présent ont été déterminants, pour ne pas décourager les personnes concernées devant l'ampleur de la tâche qui reste à accomplir. Parfois, les obstacles à la paix apparaissent si importants et si nombreux que les affronter semble humainement impossible. Mais ce qui semblait impossible il n'y a que quelques années, est à présent une réalité, ou tout au moins un sujet de débat ouvert, et cela doit convaincre toutes les personnes concernées qu'une solution est possible. Cela doit encourager chacun à poursuivre avec espoir et persévérance.

En ce qui concerne la délicate question de Jérusalem, ce qui est important est que la voie à suivre soit le chemin du dialogue et de l'accord, et non pas de la force et de l'obligation. Le Saint-Siège se préoccupe particulièrement que le caractère religieux unique de la Ville Sainte soit préservé à travers un Statut particulier, garanti au niveau international. L'histoire et la réalité actuelle des relations interreligieuses en Terre Sainte sont telles qu'aucune paix juste et durable ne peut être envisageable sans le soutien de la Communauté internationale. L'objectif de ce soutien international serait la conservation du patrimoine culturel et religieux de la Ville Sainte, un patrimoine qui appartient aux juifs, aux chrétiens et aux musulmans partout dans le monde, et à toute la Communauté internationale. En effet, les Lieux Saints ne sont pas simplement des monuments à la mémoire du passé, mais sont et doivent continuer à être le centre vital de communautés de croyants actives, vivantes, et en plein développement, exerçant librement leurs droits et devoirs, et vivant en harmonie les unes avec les autres. Ce qui est en jeu n'est pas seulement la sauvegarde et le libre accès aux lieux saints des trois religions, mais également le libre exercice des droits religieux et civils appartenant aux membres, aux lieux et aux activités des diverses communautés. Le résultat final doit être - comme je l'ai dit lors de ma visite - une ville de Jérusalem et une Terre Sainte dans lesquelles les diverses communautés religieuses peuvent vivre et travailler ensemble dans l'amitié et l'harmonie, une Jérusalem qui sera véritablement une Ville de Paix pour tous les peuples. Nous pourrons alors répéter les paroles du Prophète: "Venez, montons à la montagne de Yahvé, à la maison du Dieu de Jacob, qu'il nous enseigne ses voies et que nous suivions ses sentiers" (Is 2,3).

Monsieur l'Ambassadeur, mes prières vous accompagnent alors que vous commencez votre mission en tant que Représentant diplomatique d'Israël près le Saint-Siège. Je suis certain que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour accroître la compréhension et l'amitié entre nous, dans l'esprit de l'Accord fondamental et des autres documents qui visent à garantir ses applications. De même, les divers bureaux de la Curie Romaine seront prêts à coopérer avec vous dans l'accomplissement de vos hautes fonctions. Puissent grâce et bonheur vous presser tous les jours de votre vie (cf. Ps 23,6 [22], 6).





AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION DES SACRÉS-COEURS DE JÉSUS ET DE MARIE ET DE L'ADORATION PERPÉTUELLE DU TRÈS SACREMENT

Jeudi, 21 Septembre 2000


  Chers Frères et Soeurs,

1. “La grâce du Seigneur Jésus soit avec vous! Je vous aime tous dans le Christ Jésus” (1Co 16,23-24).

En cette année du grand Jubilé, combien riche est sa grâce! Et combien se répand sur nous, avec abondance, l’amour de la très sainte Trinité! Dans la joie du Jubilé, je suis heureux de vous saluer au moment où vous rendez visite au Successeur de Pierre, tandis que vous célébrez le Chapitre général de la Congrégation des Sacrés Coeurs de Jésus et de Marie et de l’Adoration perpétuelle du Très Saint Sacrement.

En cette année du deux millième anniversaire de la naissance de notre Seigneur et Sauveur, l’Église entière chante les louanges de Dieu. Mais pour vous, cet hymne d’action de grâce résonne avec une note toute particulière de joie, car vous célébrez le deuxième centenaire de la fondation de votre Congrégation, née en la fête de Noël 1800. Avec vous aujourd’hui je rends gloire à Dieu pour les fruits de sainteté et d’apostolat fécond que ces deux siècles ont vu mûrir. C’est avec émotion que j’évoque la figure de votre bon Père, Pierre Coudrin, ordonné prêtre au plus fort des épreuves et des violences engendrées par la Révolution française et contraint de se cacher, ainsi que l’exemple de votre Mère, Henriette Aymer de la Chevalerie, qui subit la prison parce qu’elle avait caché des prêtres. Au sein même de l’obscurité qui les environnait, ils étaient pourtant illuminés de la lumière du Christ et ils faisaient une expérience de l’amour de la Vierge Marie au point qu’ils se sentirent poussés à fonder votre Congrégation. Tandis que la Révolution faisait rage autour d’eux, vos Fondateurs comprirent que la vraie liberté ne se trouvait que dans le Coeur transpercé du Christ (cf. Jn 19,34) et que ceux qui, comme Marie, prenaient part à sa Passion et avaient l’âme transpercée par un glaive (cf. Lc 2,35) pouvaient y parvenir. Par leur vie, en des temps difficiles, ils ont proclamé la vérité de la Croix de Jésus Christ.

2.

3.

4.




AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS DES PARLEMENTS DE L’UNION EUROPÉENNE

Samedi 23 septembre 2000



Madame la Présidente du Parlement européen,
Mesdames et Messieurs les Présidents des Parlements de l'Union européenne,

Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue ici au Vatican, en ce lieu qui a été associé depuis les origines aux grandes étapes de la vie du continent européen. Je salue avec déférence Monsieur le Sénateur Nicolas Mancino, Président du Sénat italien, qui s’est fait votre interprète, et je le remercie des aimables paroles qu’il a prononcées en votre nom.

Votre Conférence est une manifestation hautement significative du processus d'union européenne qui, ces dernières années, a connu de nouvelles avancées. En ce siècle qui s'achève, nous n'avons pas manqué, mes prédécesseurs et moi-même, de donner notre appui à la réalisation du grand projet de rapprochement et de coopération des États et des peuples de l'Europe.

Vous-mêmes qui présidez aux instances législatives représentatives de vos peuples, vous êtes témoins de la convergence étroite qui se manifeste entre les intérêts de vos pays respectifs et ceux de l'unité plus vaste que forme l'Europe. J'observe avec satisfaction que l'Union souhaite accueillir de nouveaux États membres et qu'elle adopte une attitude d'ouverture et de flexibilité face à l'avenir. L'union européenne demeure un chantier créatif, et c'est la meilleure garantie de sa réussite pour le plus grand bien de ses citoyens, dont elle s'engage à préserver la diversité culturelle, et en même temps à garantir les valeurs et les principes auxquels les pères fondateurs étaient attachés et qui constituent leur patrimoine commun.

Selon le génie qui lui est propre, l'Union européenne a déjà développé des institutions communes, en particulier un système de contrepoids des pouvoirs de contrôle qui sont une garantie pour la démocratie. L'heure est probablement venue maintenant de faire la synthèse de ces acquis en une construction à la fois simplifiée et plus vigoureuse. L'Union européenne saura certainement trouver la formule juste pour satisfaire les aspirations de ses citoyens et assurer le service du bien commun.

Dans l'enseignement social de l'Église catholique, puisé dans la révélation biblique et le droit naturel, la notion de bien commun s'étend à tous les niveaux où la société humaine s'organise. Il y a un bien commun national, au service duquel les institutions des États sont placées. Mais il y a aussi - qui pourrait le nier à l'heure de la compénétration des économies et des échanges en Europe et plus largement dans le monde? - un bien commun continental et même universel. L'Europe est en train de prendre de mieux en mieux conscience des dimensions du bien commun européen, c'est-à-dire de l'ensemble des initiatives et des valeurs que les pays européens doivent poursuivre et défendre conjointement s'ils veulent répondre de manière appropriée aux besoins de leurs concitoyens.

Si l'Union européenne devait passer au stade d'une constitution formelle, elle sera amenée à faire un choix sur le type de système qu'elle entend privilégier. Entre les différents systèmes, des aménagements sont possibles. L'Église pense que les systèmes de gouvernement relèvent du génie des peuples, de leur histoire et de leurs projets. Elle souligne toutefois que tous les systèmes doivent avoir pour objectif le service du bien commun. En outre, tout système, résistant à la tentation de se renfermer égoïstement sur soi, doit être ouvert aussi à d’autres États du continent qui désirent collaborer avec cette union européenne, de façon qu’elle soit le plus large possible.

Je ne peux que me réjouir de voir invoqué, de plus en plus, le fécond principe de subsidiarité. Lancé par mon prédécesseur Pie XI dans sa célèbre encyclique Quadragesimo anno en 1931, ce principe est l'un des piliers de toute la doctrine sociale de l'Église. Il est une invitation à répartir les compétences entre les différents niveaux d'organisation politique d'une communauté donnée, par exemple régional, national, européen, en ne transférant aux niveaux supérieurs que celles auxquelles les niveaux inférieurs ne sont pas en mesure de faire face pour le service du bien commun.

La sauvegarde des droits de l'homme fait partie des exigences imprescriptibles du bien commun. L'Union européenne s'est engagée dans la rude tâche de rédiger une "Charte des droits fondamentaux", dans un esprit d'ouverture et d'attention aux suggestions des associations et des citoyens. Déjà en 1950, les pays fondateurs du Conseil de l'Europe avaient adopté la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, suivie en 1961 de la Charte sociale européenne. Les déclarations de droits délimitent en quelque sorte le domaine intouchable dont la société a conscience qu’il ne peut être soumis aux jeux des pouvoirs humains. Bien plus, le pouvoir reconnaît qu'il est constitué pour sauvegarder ce domaine, qui a pour centre de gravité la personne humaine. Ainsi, la société reconnaît qu'elle est au service de la personne dans ses aspirations naturelles à se réaliser comme être personnel et social à la fois. Ces aspirations inscrites dans sa nature constituent autant de droits inhérents à la personne, comme le droit à la vie, à l'intégrité physique et psychique, à la liberté de conscience, de pensée et de religion.

En adoptant cette nouvelle Charte – quelle que soit sa future qualification –, l'Union européenne ne devra pas oublier qu'elle est le berceau des idées de personne et de liberté, et que ces idées lui sont venues de sa longue imprégnation par le christianisme. Selon la pensée de l'Église, la personne est inséparable de la société humaine dans laquelle elle se développe. En créant l'homme, Dieu l'a inséré dans un ordre de relations qui lui permettent de réaliser son être. Cet ordre, nous l'appelons l'ordre naturel, qu'il appartient à la raison d'explorer de manière toujours plus explicite. Les droits de l'homme ne peuvent être des revendications contre la nature même de l'homme. Ils ne peuvent qu'en découler.

Puisse l'Union européenne connaître comme un nouveau sursaut d'humanité ! Qu'elle sache dégager le consensus nécessaire pour inscrire parmi ses plus hauts idéaux la protection de la vie, le respect de l'autre, le service mutuel et une fraternité sans exclusion. Chaque fois que l'Europe puise dans ses racines chrétiennes les grands principes de sa vision du monde, elle sait qu'elle peut aborder son avenir avec sérénité.

Sur vous-mêmes, sur vos familles sur les peuples, et sur les nations que vous représentez, j'invoque de grand coeur la Bénédiction du Tout-Puissant.

         


SALUT À LA FIN DU CONCERT OFFERT PAR LA RÉPUBLIQUE DE HONGRIE DANS LA SALLE PAUL VI

Samedi 23 septembre 2000



Mesdames et Messieurs,

Au terme de ce concert extraordinaire, qui s'inscrit dans le contexte du grand Jubilé, l'âme est naturellement portée à des sentiments de reconnaissance. Tout d'abord envers Dieu, premier inspirateur de tout art authentique, et donc également de l'admirable Missa Solennis, du grand compositeur hongrois Ferenc Liszt. Mais, immédiatement après, la gratitude s'adresse à ceux qui ont organisé ce splendide concert, qui l'ont préparé, et exécuté.

Ma pensée s'adresse, en premier lieu, au Président de la République de Hongrie, M. Ferenc Mádl, au Premier ministre et aux autres Autorités de l'Etat, en remerciant de manière particulière ceux qui ont voulu nous faire aujourd'hui l'honneur de leur présence. Je remercie ensuite avec une affection fraternelle le Cardinal-Primat László Paskai et Mgr István Seregély, Président de la Conférence épiscopale hongroise.

Un "merci" spécial, uni à mes plus vives félicitations pour l'excellente exécution, s'adresse également au Maître Domonkos Héja et aux musiciens de l'Orchestre symphonique de Jeunes "Danubia", ainsi qu'au Maître Mátyás Antal, aux solistes et au Choeur national de Hongrie.

Il est très significatif que, mille ans après que mon prédécesseur Sylvestre II ait couronné saint Etienne premier roi de Hongrie, la République de Hongrie ait ressenti le désir d'offrir un hommage spécial à l'Evêque de Rome. Ce geste ne possède pas seulement une haute valeur commémorative, mais il exprime la conscience du lien profond qui lie le peuple hongrois à l'Eglise. L'histoire rend témoignage des bénéfices qui ont été apportés à la nation par les ferments chrétiens qui se sont greffés sur sa culture. Puisse le nouveau Millénaire voir de nouveaux développements de cet échange fécond sur la voie de l'authentique progrès humain.

Dans l'esprit de l'Année jubilaire, je suis heureux de pouvoir prendre congé de vous, Mesdames et Messieurs, avec le souhait que, en Hongrie et dans chaque pays du monde, les âmes de tous s'engagent généreusement au service du vrai bien de l'homme, afin que règnent partout la paix dans la justice et la liberté dans la vérité. Avec ces sentiments, j'invoque sur vous tous les Bénédictions de Dieu.




LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DU NOUVEL AMBASSADEUR D'URUGUAY PRÈS LE SAINT SIÈGE

Lundi 25 septembre 2000



Monsieur l'Ambassadeur,

1. Je vous remercie sincèrement des paroles aimables que vous avez bien voulu m'adresser en me présentant les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République orientale de l'Uruguay près le Saint-Siège.

Je désire également répondre aux salutations et aux sentiments de reconnaissance que le Président de la République a désiré me faire parvenir par votre intermédiaire, en vous priant de lui transmettre mes meilleurs voeux pour sa haute mission, ainsi que l'expression de ma proximité avec tout le peuple uruguayen, que j'ai eu la joie de rencontrer personnellement au cours de deux visites inoubliables dans ce bien-aimé pays sud-américain. Même si plusieurs années se sont écoulées depuis, il n'en reste pas moins que, comme je le disais aux fidèles lors de ma première visite, "le Pape et les Uruguayens ont su parfaitement se comprendre" (Discours de départ, 1 avril 1987, n. 1). De la même façon qu'alors, aujourd'hui encore, je désire répéter ma ferme conviction que "l'Uruguay continuera à offrir son territoire pour des initiatives qui promeuvent l'harmonie et l'entente entre les peuples latino-américains" (Ibid., n. 3; cf. ORLF n. 16 du 7 avril 1987), ce terrain étant toujours fertile pour le dialogue et la concorde nationale.

2. Cette conviction est fermement soutenue par la vocation pacifique et pacificatrice du peuple uruguayen, en harmonie avec les racines les plus profondes d'une nation qui, comme vous l'avez dit, Monsieur l'Ambassadeur, a forgé sa personnalité en puisant aux valeurs et aux principes chrétiens. C'est pourquoi l'Eglise, fidèle à sa mission évangélisatrice, désire toujours être un signe et un instrument de réconciliation et de paix, avec le désir de servir le bien commun, "par tous les moyens possibles" (Ecclesia in America ), car les désaccords et les oppositions, intérieurs et extérieurs, au sein d'un pays, courent toujours le risque de se transformer en processus violents dont l'unique conséquence réelle est une aggravation des conflits et, pour finir, la destruction. C'est pourquoi, après plusieurs expériences douloureuses qui ont déchiré votre pays à une époque récente, les institutions ecclésiales de l'Uruguay sont toujours disposées à faire ce qui est en leur pouvoir pour apaiser les âmes et parvenir à une concorde sociale plus juste.


3. La préoccupation de l'Eglise en ce qui concerne ces aspects de la vie sociale des peuples provient de la profonde estime qu'elle a pour "la très noble vocation de l'homme et [de la conviction] qu'un germe divin est déposé en lui" (Gaudium et spes GS 3), de son estime pour l'être humain dans toute son intégrité, en tant que personne, dont la dignité ne peut être subordonnée à aucun autre intérêt, ni instrumentalisée dans d'autres buts ou violée au nom d'un pouvoir quelconque. Elle n'oublie jamais que la paix véritable, ainsi que le bien commun, sont intimement liés à la cause de la justice, tant dans le domaine des relations intérieures d'une communauté locale ou nationale, que dans celui de la famille humaine dans son ensemble, qui est chaque jour plus disposée à construire une histoire commune et partagée par tous.

C'est pourquoi il est important que, également dans les forums internationaux, il règne une bonne entente entre votre pays et le Saint-Siège pour défendre avec vigueur et promouvoir avec constance les valeurs qui confèrent sa dignité à l'existence humaine. Travailler avec dévouement en faveur des droits humains fondamentaux, de la solidarité entre les divers secteurs de la société et entre les peuples de la terre, de la promotion d'une culture de la vie et de l'harmonie avec la nature, constitue un devoir éthique incontournable, aussi bien des individus que des institutions. Mais cela représente également un défi historique pour la génération actuelle, témoin de processus complexes qui risquent parfois de marginaliser les femmes et les hommes d'aujourd'hui, en détruisant leur identité et en les privant d'un véritable sens de la vie et d'un motif d'espérance.


4. L'action évangélisatrice de l'Eglise en Uruguay a toujours joué un rôle important pour le bien de son peuple, et non seulement au bénéfice de l'annonce chrétienne ou des nombreuses activités d'assistance et de promotion humaine, mais également en raison de ses efforts en vue de renforcer les institutions qui constituent les bases de toute société humaine, telles que la famille et l'éducation. Dans celles-ci, la personne se sent accueillie et appréciée, elle apprend à partager et à avoir confiance en l'autre; et elle développe le sens de la vie comme une tâche commune, à laquelle elle doit prendre part en assumant des responsabilités et en contribuant par ses propres efforts à construire un avenir meilleur pour tous. Il s'agit là de domaines qui touchent l'essence du bien commun et vers lesquels convergent aussi bien la responsabilité des pouvoirs publics que le souci pastoral de l'Eglise. C'est pourquoi ils constituent également des domaines privilégiés dans lesquels la bonne entente et la collaboration doivent devenir plus étroites, dans le respect absolu des compétences respectives et dans la ferme conviction que toute initiative dans ce domaine doit être soumise au droit fondamental et primordial de la famille, qui doit être reconnue et soutenue par des mesures concrètes, aussi bien pour conserver son caractère naturel que pour exercer son droit à éduquer les enfants.


5. Monsieur l'Ambassadeur, vous commencez votre mission en une année très particulière pour les chrétiens du monde entier, l'Année du grand Jubilé de l'An 2000, anniversaire de l'Incarnation de Jésus. Il s'agit d'un événement qui est vécu à Rome avec une grande intensité, précisément parce que le Message de l'Année Sainte a touché très profondément le coeur des hommes du monde entier. A Rome, on a également fortement ressenti la ferveur des Uruguayens, en particulier lors du pèlerinage national que j'ai eu le plaisir de recevoir et de saluer sur la place Saint-Pierre, le 7 mai dernier. Je me réjouis de savoir que l'expérience jubilaire est également vécue intensément par les diocèses uruguayens eux-mêmes et que, au mois d'octobre prochain, sera célébré le IV Congrès eucharistique national à Colonia del Sacramento. Tout cela révèle la foi de nombreux fils de l'Uruguay et leur aspiration à un nouveau millénaire riche de la grâce que Dieu répand avec abondance sur les hommes. A ces derniers, qui ont voulu perpétuer la mémoire de mon séjour dans votre pays grâce à un monument élevé sur la Place "Tres Cruces" à Montevideo, je rappelle mon affection, mon souvenir dans la prière et je donne ma bénédiction.


6. Monsieur l'Ambassadeur, je vous souhaite une cordiale bienvenue, ainsi qu'à votre famille, et je forme les meilleurs voeux pour que votre séjour à Rome soit agréable et que la mission diplomatique qui vous a été confiée soit profitable à la bien-aimée nation uruguayenne. Je demande à la Vierge des Trente-Trois, si vénérée par tous les fidèles de votre pays, de continuer à bénir les efforts des autorités et des citoyens afin que l'Uruguay avance toujours sur le chemin du progrès spirituel et matériel, dans un climat d'harmonie et de concorde sociale.





AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE JUBILAIRE NATIONAL DE LA SUISSE

Lundi 25 septembre 2000



Monsieur le Cardinal!
Chers frères dans l'épiscopat!
Chers prêtres et diacres!
Chères soeurs et chers frères!

1. C'est pour moi une grande joie de voir tant de fidèles suisses ici, auprès de la tombe de saint Pierre. Soyez les bienvenus! Je salue en particulier le cher Cardinal Henry Schwery, le Président de la Conférence épiscopale suisse, Monseigneur Amédée Grab, ainsi que les évêques présents. Aujourd'hui, la "Journée des Suisses" est pour moi une occasion opportune pour exprimer ma gratitude aux membres de la Garde Suisse. Je les remercie de leur service fidèle et généreux qui, précisément en l'année du grand Jubilé, revêt une grande importance. La Garde Suisse est une carte de visite vivante du Vatican. Chers Suisses, vous pouvez être orgueilleux de savoir qu'ici, dans la Maison du Successeur de Pierre, il existe des représentants si dignes de votre bien-aimé pays. Priez pour que dans votre pays, il ne manque jamais de jeunes hommes engagés, prêts à se mettre au service du Pape et de l'Eglise!


2. Comme tous les pèlerins de l'Année Sainte, vous aussi avez franchi la Porte Sainte, qui reste ouverte à tous. La Porte Sainte est l'image du Christ qui a dit: "Je suis la Porte" (Jn 10,9). Le passage à travers la Porte Sainte correspond à une disposition intérieure du coeur. Celui-ci doit être en accord avec l'orientation de la vie. Car Jésus-Christ est exigeant. Il appelle les hommes à décider. Si nous franchissons donc nous aussi le seuil de la Porte Sainte, nous répétons avec l'Apôtre Pierre: "Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de vie éternelle" (Jn 6,68).

3. Le rite extérieur exprime donc une profonde profession de foi. Je vous souhaite de retourner dans votre pays, dans vos villes et dans vos villages renforcés dans la foi, pour être proches chaque jour de vos frères et soeurs. Dans le monde actuel, de nombreuses portes nous tentent, mais elles ne conduisent hélas ni à la plénitude, ni au bonheur. Au contraire, elles peuvent précipiter l'homme dans l'abîme du vide et de la dépendance. Qui ne recherche plus "le chemin, la vérité et la vie" (cf. Jn 14,6), ne trouve plus l'accès à Dieu. Un pèlerin qui revient de Rome peut indiquer le chemin à ceux qui recherchent une vie pleine de sens. J'invoque pour vous force et Bénédiction de Dieu.


4. Votre démarche jubilaire vous introduit, avec toute l'Eglise, dans une nouvelle période de grâce et de mission (cf. Bulle d'indiction du grand Jubilé, n. 3), vous invitant à prendre une part toujours plus active dans la vie de vos communautés chrétiennes, sous la conduite de vos pasteurs, pour être des témoins de la communion ecclésiale et des missionnaires de l'Evangile auprès de vos frères. L'Eglise, qui nous a engendrés à la vie nouvelle par le Baptême, nous communique les dons de Dieu, notamment par l'Eucharistie et la Pénitence, pour que nous menions une vie nouvelle et que nous nous engagions sans cesse sur la voie de la conversion, ranimant ainsi notre vie spirituelle et notre élan apostolique. Je vous encourage en particulier à faire porter vos efforts sur la formation morale et spirituelle des jeunes, pour les aider dans leur croissance personnelle et les préparer à être des chrétiens solides, prêts à répondre joyeusement à leur vocation et, pour ceux que Dieu appelle, à s'engager dans la voie du sacerdoce ou de la vie consacrée. En vous confiant à l'intercession de Notre-Dame, je vous accorde de grand coeur une affectueuse Bénédiction apostolique.


5. Je voudrais enfin adresser un salut aux pèlerins suisses de langue italienne. Vous êtes venus à Rome pour franchir la Porte Sainte. Puisse ce rite être pour vous une forte expérience spirituelle, qui vous aide à accueillir avec une plus grande disponibilité le Christ dans votre vie, pour en être des témoins crédibles parmi vos frères au début du troisième millénaire. A tous, je donne une Bénédiction affectueuse.

  JEAN-PAUL II


Discours 2000 - Vendredi 15 septembre 2000