Discours 2001




                                      2001

                                  Janvier 2001

AUX LÉGIONNAIRES DU CHRIST ET AUX MEMBRES DU MOUVEMENT REGNUM CHRISTI

Jeudi 4 janvier 2001



Très chers Légionnaires du Christ,
Très chers membres du Mouvement Regnum Christi!

1. Je suis profondément heureux de vous adresser mes salutations, à l'occasion de votre pèlerinage jubilaire à Rome, au cours duquel vous célébrez le 60ème anniversaire de votre fondation. Vous provenez de diverses nations du monde: je salue tous et chacun, en souhaitant que cette occasion constitue un soutien solide et profond pour votre foi dans le Seigneur Jésus et pour votre décision d'en témoigner devant vos frères.

Je salue avec une affection particulière votre très cher fondateur, le Père Marcial Maciel, auquel je présente de vives félicitations pour ce rendez-vous significatif, en le remerciant cordialement pour les paroles qu'il a voulu m'adresser en votre nom à tous. J'ai apprécié en particulier la confirmation qu'il a exprimée de la fidélité au Successeur de Pierre qui vous caractérise. La communion avec le Pape atteste votre pleine insertion dans le mystère de l'unité de l'Eglise.
[en espagnol]
2. Ces jours-ci, vous avez voulu rendre grâce à Dieu pour tous les biens qu'il a dispensés sur votre famille spirituelle. En portant votre regard en arrière, au 3 janvier 1941, lorsque cette oeuvre vit le jour à Mexico, vous vous êtes rendus compte à quel point cette petite semence que le semeur divin a voulu jeter sur la terre de certains coeurs jeunes, est désormais un arbre luxuriant (cf. Mt 13,32) qui abrite de nombreux prêtres, consacrés et laïcs, dont l'idéal est de consacrer leur vie à la diffusion du Royaume du Christ dans le monde. Que le caractère christocentrique de votre spiritualité vous aide à pénétrer plus profondément dans l'esprit de ce Jubilé qui nous a fait méditer sur le mystère de l'Incarnation et sur la personne de Jésus-Christ qui est le même hier, aujourd'hui et à jamais (He 13,8)! Annoncer le Christ au monde d'aujourd'hui, dans les divers milieux de la société, est votre idéal apostolique. Mais pour prêcher le Christ, il est nécessaire d'avoir, comme saint Paul, une profonde expérience de son amour afin de pouvoir dire avec lui: "Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi" (Ga 2,20). Je vous exhorte afin que, comme le dit votre devise "que ton Règne vienne", ne manque jamais en vous la conviction de travailler sans cesse afin que le Règne de l'amour, de la grâce, de la justice et de la paix se réalise dans la personne et dans la société. Dieu fasse que l'un des principaux fruits de cette intense expérience spirituelle à Rome soit celui de renouveler dans vos coeurs l'amour sincère pour Jésus-Christ, de façon à ce que vous puissiez faire participer personnellement de nombreux autres hommes et femmes au bonheur qui jaillit de cette amitié particulière avec Lui.


3. Que la foi dans la personne de Jésus-Christ vous conduise à aimer passionnément l'Eglise, sacrement universel de salut, qui poursuit son oeuvre à travers l'histoire. C'est pourquoi vous voulez alimenter votre charisme spirituel et apostolique à cette grande lymphe vitale qui court dans son Corps, en vivant un esprit particulier de communion ecclésiale avec le Successeur de Pierre et avec les autres Pasteurs des Eglises particulières. Continuez à diffuser, comme vous l'avez fait jusqu'à présent, et même avec un zèle renouvelé, le Magistère et la doctrine de l'Eglise, que ce soit à travers les nombreuses initiatives qui sont apparues grâce à vous au cours de ces 60 ans, ou à travers les autres initiatives que votre ardeur apostolique aura le courage de susciter pour le bien des âmes!

[en anglais]

4. L'un des traits spirituels les plus importants de votre service dans l'Eglise est votre engagement à l'esprit d'authentique charité évangélique. Lors de la Cène, le Seigneur a déclaré clairement et pour toujours que l'amour fraternel serait le trait distinctif de ses disciples: "A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l'amour les uns pour les autres" (Jn 13,35). Votre désir a été de relever ce défi évangélique, en soulignant de façon particulière la chaleur fraternelle de vos relations interpersonnelles, et en poursuivant l'esprit de charité en pensée et en parole, passant sous silence les erreurs des autres, mais faisant ressortir uniquement leurs actions qui sont positives et utiles. Puisse le Seigneur vous préserver dans cet esprit, en vous aidant à témoigner de toutes les façons possibles de la charité chrétienne que saint Paul a si bien décrite la célèbre hymne d'amour de sa première Epître aux Corinthiens (1Co 13,4-8).

Un autre trait qui a distingué votre charisme est la ferveur apostolique. Vous l'avez montré dans chacune des nombreuses oeuvres que vous avez entreprises, en particulier dans le domaine de l'éducation, de l'évangélisation, des communications sociales, de la diffusion de la doctrine sociale de l'Eglise, de la promotion culturelle et humaine des personnes défavorisées, et de la formation des prêtres diocésains. Dans tout cela, vous vous efforcez de suivre la direction de l'Esprit Saint, qui renouvelle constamment le visage de l'Eglise à travers des dons et des charismes qui l'enrichissent et la renforcent. Dans un monde sécularisé comme le nôtre, qui repose en grande partie sur le mépris des vérités et des valeurs transcendantes, la foi d'un grand nombre de nos frères et soeurs dans la foi est durement mise à l'épreuve. C'est pourquoi nous avons besoin aujourd'hui plus que jamais d'une proclamation confiante de l'Evangile qui, mettant de côté toutes les peurs qui paralysent, annonce avec une profondeur intellectuelle et avec courage la vérité sur Dieu, sur l'homme, sur le monde. A vous, Légionnaires du Christ et membres du Regnum Christi, je répète les paroles de sainte Catherine de Sienne, que j'ai proposées aux jeunes lors de la Journée mondiale de la Jeunesse: "Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier!" (cf. Célébration eucharistique pour la XVème Journée mondiale de la Jeunesse, ORLF n. 34 du 22.08.2000).

[en italien]
5. Ouvrez les portes de votre âme avec générosité à cette invitation. Je m'adresse en particulier à ceux que le Christ appelle à le suivre avec un dévouement total dans le sacerdoce et la vie consacrée. Que la Très Sainte Vierge Marie, emplie de l'Esprit Saint et pèlerin dans la foi, vous aide à réaliser vos intentions.

En retournant dans vos maisons à vos occupations quotidiennes, sachez que le Pape est proche de vous et prie pour vous, afin que vous soyez fidèles à votre vocation chrétienne et à votre charisme spécifique. Que l'Esprit Saint ouvre vos coeurs, en faisant de vous les messagers courageux de l'Evangile et les témoins du Christ Ressuscité, Rédempteur et Sauveur du monde.
Je vous bénis tous avec affection!


DISCOURS DU SAINT PÈRE AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES SERVANTES DU SACRÉ-COEUR DE JÉSUS AGONISANT

Vendredi 5 janvier 2001



A l'occasion du XIVème Chapitre général de cette Congrégation, je suis heureux de vous adresser, ainsi qu'à vos consoeurs, mon salut cordial. Je m'unis à l'Assemblée capitulaire pour invoquer l'Esprit Saint, afin qu'il vous guide pour prendre, dans une écoute religieuse de la Parole de Dieu, les décisions opportunes sur le chemin à parcourir.

Chaque Institut de vie consacrée représente un don précieux du Seigneur pour l'Eglise et pour le monde. Les Servantes du Sacré-Coeur de Jésus agonisant le sont depuis plus de cent ans, en Italie et dans d'autres pays. Cela témoigne de la vitalité d'un charisme que les vénérés Fondateurs, Mgr Marco Morelli et Mère Margherita Ricci Curbastro, ont su faire fructifier avec un zèle admirable. Il s'agit d'un charisme qui met en relief un aspect essentiel de la nature et de la vie du Corps mystique du Christ, qui est l'Eglise. En effet, celle-ci, en tant que prolongement du mystère du Christ dans l'histoire, est appelée à offrir au Père des prières incessantes pour le salut de l'humanité.

L'homme contemporain a plus que jamais besoin de puiser aux sources du Très Sacré Coeur du Christ. Ce n'est qu'en lui qu'il peut trouver la paix dans les moments d'angoisse, que l'époque actuelle du sécularisme rend toujours moins supportables. La pauvreté spirituelle est aujourd'hui très diffuse, au point de devenir parfois misère spirituelle. C'est pourquoi le véritable remède est la redécouverte de la prière chrétienne. Celle-ci n'est pas une évasion de la réalité et de ses épreuves, mais bien une preuve de vigilance de l'esprit et une union confiante à la volonté divine, avec la certitude que celle-ci est toujours, et quoiqu'il en soit, une volonté d'amour, visant à donner à l'homme la plénitude de la vie éternelle.

Quel meilleur témoignage cet abandon confiant peut-il trouver que celui d'une vie entièrement consacrée au service de Dieu, connu et aimé dans le Coeur de son Fils Jésus-Christ, qui "est en agonie jusqu'à la fin du monde" (Blaise Pascal)? Et comment s'exprimera cette consécration si ce n'est dans un service généreux et fidèle aux frères, en particulier les plus indigents, pour l'amour duquel le Christ a accepté de boire la coupe amère de la Passion?

Je recommande donc à toutes les religieuses de votre Congrégation, qui m'est chère, que toute l'activité apostolique soit vivifiée et sans cesse guidée par un intense engagement de prière vigilante. Chers soeurs, que la Bienheureuse Vierge Marie, Reine des vierges, soit un modèle pour vous. Si la Très Sainte Vierge représente pour chaque baptisé l'archétype de l'adhésion humble et docile à la volonté de Dieu, elle doit l'être encore davantage pour les religieuses. Chaque Servante pourra être fidèle à sa propre vocation, si elle cherche à ressembler en tout, dans son coeur et dans son action, à Marie, parfaite "Servante du Seigneur".

Je souhaite de tout coeur que le Chapitre général, célébré précisément au terme de l'Année Sainte, constitue pour tout l'Institut un temps de grâce, une occasion privilégiée pour effectuer des choix sages et courageux, selon l'invitation lancée par le Jubilé, avec le regard fixé sur le visage du Christ.
Avec ces sentiments, je vous donne, ainsi qu'aux capitulaires et à toutes les Servantes du Sacré-Coeur de Jésus agonisant, une Bénédiction apostolique spéciale.


DISCOURS DU SAINT PÈRE AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES SOEURS DOMINICAINES DU SACRÉ COEUR DE JÉSUS

Vendredi 5 janvier 2001



J'ai appris avec plaisir que les Mères capitulaires se sont rassemblées, ces derniers jours, pour réfléchir avec vous sur les moyens aptes à susciter un renouveau de la Congrégation, qui lui permette de pouvoir affronter les défis du moment présent. Je suis heureux de vous adresser, ainsi qu'à vos consoeurs, mon salut cordial, alors que j'élève avec vous ma prière vers Dieu, afin qu'il vous dispense généreusement des dons de son Esprit et qu'il vous guide vers des choix capables de donner à votre famille religieuse un élan renouvelé dans l'oeuvre d'évangélisation, qui accompagne depuis ses débuts son engagement dans l'Eglise.

Née en Sicile à la fin du XIXème siècle, du zèle du Père Timoteo Longo, Dominicain, votre famille réunit l'esprit, les traditions et les idéaux d'évangélisation de l'Ordre des Frères prêcheurs. C'est pourquoi la Congrégation fait sienne l'unité de vie entre l'intériorité contemplative et l'action apostolique effectuée par saint Dominique, et elle s'efforce constamment de la nourrir à la célébration communautaire de la sainte Liturgie, à la prière, à l'étude et à la communion.

L'évangélisation est l'objectif spécifique de votre Institut, qui s'occupe de façon particulière de la promotion humaine et chrétienne des jeunes, à travers l'école, la pastorale des jeunes, la catéchèse familiale dans les paroisses et les missions populaires. Très chères soeurs, grâce à ce XVème Chapitre général, vous vous proposez d'approfondir l'actualité de votre charisme et les choix effectifs que celui-ci demande. Les transformations sociales et culturelles requièrent, en effet, un engagement d'apostolat renouvelé et créatif. J'exprime ma vive satisfaction pour votre volonté de discernement communautaire. Le très riche patrimoine spirituel dont vous êtes les héritières vous aidera à trouver les voies appropriées pour transmettre de façon adéquate l'Evangile aux hommes et aux femmes d'aujourd'hui. Cette oeuvre sera d'autant plus efficace et crédible qu'elle reposera davantage sur une intense communion fraternelle. Je vous encourage donc à veiller constamment à ce que la vie communautaire et les activités apostoliques s'exercent dans un équilibre harmonieux.

Je vous assure de mon soutien spirituel dans la réflexion et l'engagement. Avec l'aide de Dieu, je suis certain que vous saurez trouver des valeurs et des encouragements positifs, également dans les situations actuelles, très différentes de celles d'autrefois. Continuez à conserver vivant l'esprit qui vous a soutenues au cours des décennies passées. Celui-ci vous incite à aimer vos frères, en particulier les jeunes, tels qu'ils sont, à les chercher là où ils se trouvent, à les accueillir afin qu'à leur tour, ils accueillent le Christ. Je prie pour que ce renouveau soit toujours accompagné par une formation solide, à tous les niveaux, afin que les communautés soient vivantes, ferventes et actives.
Je confie ces intentions à la Très Sainte Vierge Marie, Siège de la Sagesse, et de tout coeur je vous bénis, ainsi que les capitulaires et la Congrégation tout entière.



À LA DÉLÉGATION DE PARLEMENTAIRES DU CONGRÈS DES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

Lundi 8 janvier 2001



Monsieur le Président,
Chers membres du Congrès,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican ce matin, et je suis honoré du geste cordial qui vous a conduits ici. Le Successeur de l'Apôtre Pierre ne recherche certes pas d'honneurs, mais c'est avec joie que j'accepte la Médaille d'or du Congrès, comme la reconnaissance du fait que mon ministère a fait retentir des paroles qui peuvent toucher le coeur de tout homme. Je me suis efforcé de proclamer la Parole de Dieu qui, dans les toutes premières pages de la Bible, nous dit que l'homme et la femme ont été crées à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1,26).

De cette profonde vérité découle tout ce que l'Eglise dit et fait pour défendre la dignité humaine et pour promouvoir la vie humaine. C'est une vérité que nous contemplons dans la gloire de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, crucifié et ressuscité d'entre les morts. Au cours des années de mon ministère, mais en particulier au cours de l'Année du Jubilé qui vient de s'achever, j'ai invité chacun à découvrir la vérité de l'homme de façons nouvelles et plus profondes. Car seul l'homme révèle pleinement l'homme à lui-même et lui fait connaître son destin sublime (cf. Gaudium et spes GS 26).

Connaître la vérité du Christ signifie ressentir avec un profond émerveillement la valeur et la dignité de chaque être humain, qui est la Bonne Nouvelle de l'Evangile et le coeur du christianisme (cf. Redemptor hominis RH 10).

J'accepte cette récompense comme le signe que vous, législateurs, reconnaissez l'importance de défendre la dignité humaine sans compromis, afin que votre nation ne manque jamais à ses hautes responsabilités, dans un monde où les droits humains sont si souvent méprisés. C'est pourquoi, Mesdames et Messieurs, je vous remercie pour la Médaille d'or du Congrès. En vous présentant mes meilleurs voeux pour la Nouvelle Année, j'invoque sur vous, sur vos familles et sur tous ceux que vous représentez, "la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence" (Ph 4,7). Dieu vous bénisse tous!


DISCOURS DU SAINT PÈRE AUX MEMBRES DU CONSEIL DE PRÉSIDENCE ET DU COMITÉ DU GRAND JUBILÉ DE L'AN 2000

Jeudi 11 janvier 2001



Messieurs les Cardinaux, vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Mesdames et messieurs,
très chers frères et soeurs dans le Christ!

1. Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd'hui, vous qui, à titres divers, avez coopéré à la préparation et à la célébration de l'Année Sainte, qui a suscité un si vaste écho dans l'Eglise et dans le monde.

Dans mon esprit - et il en est certainement de même également pour vous - restent imprimées les images émouvantes qui, en quelque sorte, en résument les diverses phases. Je pense en particulier à la dernière période et je revois les files interminables de pèlerins qui, en traversant la place Saint-Pierre, se dirigeaient avec une grande dévotion vers le seuil de la Porte Sainte. Comment oublier cette icône vivante du Peuple de Dieu, en chemin vers le Christ, voie universelle de salut?
Ces foules motivées et patientes faisaient penser à celles qui suivaient Jésus, le poussant à prêcher sans cesse, et, un jour, à accomplir le célèbre miracle de la multiplication des pains, signe de ce "pain de la vie" qu'Il devait ensuite donner au monde (cf. Jn 6,35 Jn 6,48). Ces foules ont été le témoin tangible du désir profond qui pousse l'homme à la recherche de la vérité et de la miséricorde, de l'espérance et de la réconciliation, en un mot, à la recherche du Christ.

A présent que la Porte Sainte a été refermée, nous avons repris notre chemin "ordinaire", dans la conscience que l'accès à la miséricorde divine demeure plus que jamais grand ouvert. En reprenant les paroles de l'Apôtre Paul, nous pouvons dire qu'au cours du grand Jubilé de l'An 2000, "la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, s'est manifestée" (Tt 2,11) et qu'"apparurent la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes" (Tt 3,4). Dans le passage historique que l'humanité vit actuellement, cette Année Sainte a eu la fonction providentielle de faire retentir à nouveau la "Bonne Nouvelle" dans le monde entier: "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle" (Jn 3,16). Au début du XXIème siècle et du troisième millénaire, le jubilé a montré le Christ, unique salut et espérance de l'humanité, comme nouveau et sûr point de départ.


2. Nous devons rendre grâce à Dieu pour tout cela, comme nous l'avons déjà fait de façon particulière au cours de la célébration solennelle de clôture du Jubilé. Nous ne pouvons pourtant pas manquer d'unir à la gratitude envers Dieu la gratitude envers les hommes. Et notre rencontre m'offre l'occasion d'exprimer une fois de plus mon remerciement à chacun de vous et aux Organismes que vous représentez. Dans des milieux différents, vous avez contribué, à travers votre collaboration concrète, à la bonne issue de chaque étape du chemin jubilaire.

A travers les personnes du Cardinal-Président et de Monseigneur le Secrétaire, je désire en premier lieu exprimer ma profonde gratitude aux membres du Comité central du grand Jubilé: Cardinaux, évêques, prêtres, religieux et laïcs. Ceux-ci ont été engagés dans de multiples secteurs: de la préparation théologique et pastorale au service d'accueil, à celui liturgique et spirituel, à l'information, à l'assistance, à l'administration. Il s'est agi d'une expérience bénéfique et intense de travail et de communion, qui a vu chacun oeuvrer en étroite collaboration avec les autres membres des Bureaux et Organismes du Saint-Siège et de l'Etat de la Cité du Vatican, avec le Vicariat de Rome, ainsi qu'avec tant d'autres instances civiles.

Je voudrais mentionner ici avec gratitude l'étroite coopération avec le gouvernement italien, à travers la Commission mixte Italie-Vatican et avec le Commissariat extraordinaire, institué pour le Jubilé. Je pense à la contribution permanente prêtée par la Région du Latium, par la Province et, de façon particulière, par la Commune de Rome. Le service apporté par les divers Organismes des Forces de sécurité, coordonnés par le Ministère de l'Intérieur, a été attentif et précis, comme toujours. Notre reconnaissance s'adresse également au Ministère des Travaux publics pour avoir coordonné de la meilleure façon possible la réalisation d'importants travaux d'infrastructures et oeuvres qui, une fois le Jubilé terminé, resteront à la Ville de Rome et à la nation.

Je rappelle également l'activité de l'Agence romaine pour le Jubilé et la présence massive des volontaires: il s'est agi d'une présence sympathique et surprenante, que Rome n'oubliera pas. Mes félicitations s'adressent aux sociétés, aux instituts bancaires et aux agences qui ont permis, à travers leurs contributions, de faire face aux multiples exigences financières et d'aider les pèlerins les plus pauvres dans leur voyage et leur séjour à Rome. Je renouvelle mes remerciements sincères à "L'Osservatore Romano", au Centre de Télévision Vaticane, à Radio Vatican et à la RAI pour le professionnalisme et la disponibilité dont ils ont fait preuve dans la retransmission et la diffusion des événements jubilaires, en utilisant la contribution de nombreux experts et le soutien constant du Conseil pontifical pour les Communications sociales.

La liste des personnes à remercier pourrait certes se prolonger. A travers vous, ici présents, je voudrais atteindre tous ceux - sans oublier personne - qui ont travaillé pour le grand Jubilé. Je demande, en outre, à ceux qui ont offert avec générosité leur contribution spirituelle, à travers la prière et la souffrance, aux personnes âgées, aux malades, aux religieux et aux religieuses de vie contemplative - de poursuivre cette précieuse mission, afin que les semences jetées au cours du Jubilé continuent de produire des fruits abondants dans les années à venir.


3. Nous avons à présent repris le chemin du "temps ordinaire". Vous aussi, qui au cours de cette période, avez fourni des efforts supplémentaires, retournez à vos activités habituelles. Toutefois, dans un certain sens, rien n'est plus comme avant. En effet, l'Année jubilaire a imprimé en chacun, et en vous en particulier, un "style" de vie et de travail qui ne doit pas être relâché.

Le 6 janvier dernier, un précieux héritage nous a été remis, qui doit être transmis aux générations futures, selon deux lignes directrices principales. Avant tout, en continuant à maintenir le Christ au centre de la vie personnelle et sociale. Si nous avons véritablement vécu le Jubilé, cela se verra aux fruits de sainteté que nous porterons dans la vie ordinaire.

En second lieu, il faut apporter partout le témoignage de la charité qui devient pardon, service, disponibilité, partage. En reprenant l'Evangile, nous pourrions dire: "A ceci tous reconnaîtront que vous avez fait le Jubilé: si vous avez de l'amour les uns pour les autres".

Telle est la consigne que je vous laisse, très chers frères et soeurs, tandis que je renouvelle à tous et à chacun l'expression de ma reconnaissance. Que Marie, Etoile du troisième millénaire, vous accompagne et guide chaque étape de votre existence. Je vous souhaite tout le bonheur du monde et je vous bénis, ainsi que toutes les personnes qui vous sont chères.


À L' AMBASSADEUR DE L'ORDRE DE MALTE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 12 janvier 2001



Monsieur l'Ambassadeur!

1. C'est avec un vif plaisir que je reçois les Lettres par lesquelles le Grand Maître de l'Ordre Souverain militaire de Malte vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire près le Saint-Siège. Je vous remercie pour les aimables sentiments que vous m'avez exprimés, alors que vous vous apprêtez à assumer la fonction qui vous a été confiée et je vous souhaite de tout coeur une cordiale bienvenue.

A travers Votre personne, je souhaite faire parvenir un salut respectueux à S.E. le Prince Fra' Andrew Bertie et au Conseil qui l'assiste dans le gouvernement de l'Ordre. Ma pensée reconnaissante s'étend également à tous ceux qui appartiennent à l'institution pleine de mérite que vous représentez et aux familles respectives, en assurant chacun de ma bienveillance constante et de mon appréciation pour leur témoignage actif de foi chrétienne et de charité évangélique.

La rencontre d'aujourd'hui se déroule peu de jours après la clôture du grand Jubilé, qui a vu également les Membres de l'Ordre se prodiguer pour assister les pèlerins et mettre en oeuvre avec générosité leurs moyens et leurs énergies pour répondre à leurs besoins. Je désire donc faire parvenir par votre intermédiaire, aux si nombreux volontaires et collaborateurs de l'Ordre Souverain militaire de Malte, mon vif remerciement pour un service aussi attentionné.


2. Après l'expérience spirituelle enrichissante du Jubilé, l'Eglise s'apprête à poursuivre son chemin. Elle s'avance dans le nouveau millénaire en repartant du Christ, désireuse d'être un témoin de son amour parmi tous les hommes.

C'est pour moi un motif de profond réconfort d'avoir entendu de votre part, Monsieur l'Ambassadeur, que l'institution de Malte, fidèle à son charisme de tuitio fidei, et d'obsequium pauperum, s'unit de grand coeur à ce programme de l'Eglise.

Face à une humanité assoiffée de vérité et de solidarité, comment ne pas remarquer l'union opportune et presque la fusion de ces deux objectifs qui caractérisent sur chaque Continent la mission spécifique des Chevaliers de la Croix blanche octogonale? Dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, j'ai souligné que "c'est l'heure d'une nouvelle "imagination de la charité", qui se déploierait non seulement à travers les secours prodigués avec efficacité, mais aussi dans la capacité de se faire proche, d'être solidaires de ceux qui souffrent, de manière que le geste d'aide soit ressenti non comme une aumône humiliante, mais comme un partage fraternel" (NM 50).

Témoins et ministres de Dieu qui est Amour (cf. 1Jn 4,8 1Jn 4,16), les Chevaliers et les Dames de l'Ordre Souverain militaire de Malte sont appelés à poursuivre avec un dévouement renouvelé, au cours du nouveau millénaire, leur action de bons Samaritains, toujours prêts à se pencher sur les blessures de l'homme pour y verser l'huile de la compassion et le baume de la charité.


3. Au cours de ses plus de neuf siècles d'existence, votre Ordre de grand mérite a été toujours caractérisé par un lien particulier avec le Siège de Pierre. C'est ce que rappelait mon vénéré prédécesseur Léon XIII dans sa Lettre apostolique Solemne semper, à travers laquelle, en 1879, il reconstituait le Grand Magistère de l'Ordre de Malte.

Après lui, divers Pontifes ont loué votre Institut Souverain pour son harmonie constante et loyale avec le Siège apostolique. De cette façon, celui-ci a agi et continue d'oeuvrer en dialoguant avec chaque culture, afin de contribuer à la promotion de la civilisation de l'amour et de la paix. Sa présence dans le cadre international repose en outre sur la "Charte" constitutive particulière, qui se réfère aux valeurs fondamentales de la miséricorde et de la charité, auxquels l'Ordre s'est constamment inspiré au cours des siècles.

Tels sont, Monsieur l'Ambassadeur, les traits qui caractérisent l'illustre institution que vous représentez. La fidélité à l'idéal évangélique et au Successeur de Pierre a fait versé, au cours de l'histoire, beaucoup de sang aux Membres de l'Ordre, et confère aujourd'hui encore un honneur particulier à votre étendard. Dans le contexte actuel, où les mécanismes impersonnels de profondes mutations économiques et technologiques contribuent à enrichir ceux qui possèdent déjà les plus grandes fortunes, je vous demande d'intensifier, selon vos possibilités, vos interventions. Continuez à oeuvrer en vue d'une humanisation et d'un partage des ressources que Dieu a destinées de manière égale à tous les hommes. Aux difficultés amères de la concurrence "sans coeur" et "sans miséricorde" (Rm 1,31), que votre action, qui ne connaît ni le découragement, ni les obstacles, continue à être celle d'Hospitaliers, c'est-à-dire d'hommes et de femmes de foi avec un coeur riche de miséricorde, généreux et intrépides dans la défense de la dignité et des droits des pauvres.


4. Monsieur l'Ambassadeur, au moment où vous commencez votre mission, je désire confirmer à l'Ordre tout entier, que vous représentez ici, mes sentiments d'estime et d'affection. Je souhaite cordialement que l'Ordre Souverain militaire de Malte continue de briller, fidèle à sa tradition, par un esprit authentique et vivifiant de charité chrétienne, capable de soulager, de guérir, de sauver de l'indigence les corps dans le besoin ainsi que les âmes, bien souvent plus en difficulté encore.

Avec ces sentiments, j'invoque sur le Prince et Grand Maître, sur tous les Chevaliers et les Dames de l'Ordre, ainsi que sur votre personne et sur la mission que vous entreprenez aujourd'hui, une abondance de grâces divines, en accompagnant ces voeux de ma Bénédiction apostolique, que je vous donne de tout coeur.


POUR LES VOEUX AU CORPS DIPLOMATIQUE

Samedi, 13 janvier 2001



Excellences,

Mesdames et Messieurs,

1. Que chacun de vous soit cordialement remercié pour les bons voeux que votre doyen, l'Ambassadeur Giovanni Galassi, a su si délicatement exprimer et me présenter en votre nom à tous! Du fond du coeur, je forme en retour pour chacun de vous des souhaits fervents, afin que Dieu bénisse vos personnes et vos nations et qu'il accorde à tous une année prospère et heureuse.

Mais une question vient aussitôt à l'esprit: qu'est-ce qu'une année heureuse pour un diplomate? Le spectacle offert par le monde en ce mois de janvier 2001 pourrait faire douter de la capacité de la diplomatie à faire régner l'ordre, l'équité et la paix entre les peuples.

Et pourtant nous ne saurions nous résigner à la fatalité de la maladie, de la pauvreté, de l'injustice ou de la guerre. Il est certain que, sans la solidarité sociale ou le recours au droit et aux instruments de la diplomatie, ces terribles situations seraient encore plus dramatiques et pourraient même devenir insolubles. Soyez donc remerciés, Mesdames et Messieurs, pour votre action et pour vos efforts persévérants en faveur de l'entente et de la coopération entre les peuples.

2. Le souffle de l'Année Sainte à peine achevée et les divers «jubilés» qui ont rassemblé et motivé des hommes et des femmes de toutes races, de tous âges et de toutes conditions, ont montré, si besoin était, que la conscience morale est encore bien vivante et que Dieu habite le coeur de l'homme. Devant vous, je me contenterai d'évoquer le «Jubilé des Responsables de Gouvernements, des Parlementaires et des Hommes politiques» du début novembre. Le Pape a puisé de grandes consolations spirituelles à voir tant de bonne volonté et tant de disponibilité à accueillir la grâce de Dieu. Ainsi, une fois encore, s'est avérée la justesse de ce que proclame magnifiquement la Constitution pastorale «Gaudium et spes» du Concile oecuménique Vatican II : «L'Église croit que le Christ, mort et ressuscité pour tous, offre à l'homme, par son Esprit, la lumière et la force pour lui permettre de répondre à sa très haute vocation; qu'il n'est pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes par lequel ils doivent être sauvés. De même, elle croit que la clé, le centre et la fin de toute l'histoire humaine se trouvent en son Seigneur et Maître» (GS 10).

3. À la suite des bergers, des mages et de tous ceux qui, depuis deux mille ans, se sont pressés devant la crèche, l'humanité d'aujourd'hui, elle aussi, s'est arrêtée quelques instants le jour de Noël pour regarder l'Enfant Jésus et pour recevoir un peu de cette lumière qui a accompagné sa naissance et qui continue d'éclairer toutes les nuits des hommes. Cette lumière nous dit que l'amour de Dieu sera toujours plus fort que le mal et la mort.

Cette lumière balise la route de tous ceux qui en notre temps à Bethléem et à Jérusalem peinent sur le chemin de la paix. Personne ne doit accepter, dans cette partie du monde qui a accueilli la révélation de Dieu aux hommes, la banalisation d'une sorte de guérilla, la persistance de l'injustice, le mépris du droit international ou la mise entre parenthèses des Lieux Saints et des exigences des communautés chrétiennes. Israéliens et Palestiniens ne peuvent envisager leur avenir qu'ensemble, et chacune des deux parties doit respecter les droits et les traditions de l'autre. Il est grand temps de retourner aux principes de la légalité internationale: interdiction de l'acquisition des territoires par la force, droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, respect des résolutions de l'Organisation des Nations unies et des conventions de Genève, pour ne citer que les plus importants. Sinon tout est à craindre: des initiatives unilatérales aventureuses à une extension difficilement contrôlable de la violence.

Cette même lumière se pose aussi sur toutes les autres régions de notre planète où des hommes ont choisi la violence armée pour faire valoir leurs droits ou leurs ambitions. Je pense en ce moment à l'Afrique, continent dans lequel trop d'armes circulent et où trop de pays connaissent une démocratie incertaine et une corruption dévastatrice, où le drame algérien et la guerre au sud du Soudan continuent de massacrer sans merci les populations; je ne peux pas oublier non plus le chaos où sont plongés les pays de la Région des Grands Lacs.C'est pourquoi on doit aussi saluer avec satisfaction l'accord de paix intervenu le mois dernier à Alger entre l'Éthiopie et l'Érythrée, ainsi que les efforts menés à bien en Somalie en vue d'un retour progressif à la normalité. Plus près de nous, je dois mentionner - et avec quelle tristesse! - les attentats terroristes qui sèment la mort en Espagne et qui défigurent le pays, humiliant l'Europe entière, elle-même à la recherche de son identité. C'est vers l'Europe que tant de peuples regardent encore comme vers un modèle dont on peut s'inspirer. Que l'Europe n'oublie jamais les racines chrétiennes qui ont rendu fécond son humanisme! Qu'elle soit aussi généreuse envers ceux - individus ou nations - qui frappent à sa porte!

4. La lumière de Bethléem, qui s'adresse «aux hommes de bonne volonté», nous fait aussi un devoir de combattre, partout et en toutes circonstances, la pauvreté, la marginalisation, l'analphabétisme, les inégalités sociales ou la honteuse traite des êtres humains. Rien de tout cela n'est une fatalité et l'on doit se féliciter que des réunions et des instruments internationaux aient permis de remédier, au moins en partie, à ces plaies qui défigurent l'humanité. L'égoïsme et la volonté de puissance sont les pires ennemis de l'homme. Ils sont toujours, de quelque manière, à l'origine de tous les conflits. On le constate en particulier dans certaines zones de l'Amérique du sud, où les disparités socio-économiques et culturelles, la violence armée ou la guérilla, la remise en cause des acquis démocratiques, délitent le tissu social et font perdre aux populations la confiance en l'avenir. Il faut aider cet immense continent à faire fructifier tout son patrimoine humain et matériel.

La méfiance, les luttes, de même que les séquelles des crises du passé, peuvent en effet toujours être surmontées par la bonne volonté et la solidarité internationale. L'Asie nous en apporte la preuve avec le dialogue intervenu entre les deux Corée et avec la marche du Timor Oriental vers l'indépendance.

5. Le croyant - et tout particulièrement le chrétien - sait qu'une autre logique est possible. Je la résumerai avec des mots qui pourront vous paraître trop simples: tout homme est mon frère! Si nous étions convaincus que nous sommes appelés à vivre ensemble, qu'il est beau de se connaître, de s'estimer et de s'aider, le monde serait radicalement différent.

Lorsque nous pensons au siècle qui vient de s'achever, une constatation s'impose à son sujet: il passera à l'histoire comme le siècle qui a connu les plus grandes conquêtes de la science et de la technique, mais aussi comme celui où la vie humaine aura été méprisée de la façon la plus brutale.

Je me réfère bien sûr aux guerres meurtrières qui ont germé en Europe, aux totalitarismes qui ont asservi des millions d'hommes et de femmes, mais aussi aux lois qui ont «légalisé» l'avortement ou l'euthanasie, ou encore aux modèles culturels qui ont disséminé l'idéologie de la consommation et de la jouissance à tout prix. Si l'homme renverse les équilibres de la création, oublie qu'il est responsable de ses frères et ne prend pas soin de l'environnement que le Créateur a remis entre ses mains, ce monde programmé par la seule mesure de nos projets pourrait devenir irrespirable.

6. Comme je le rappelais dans mon message pour la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier, nous devrions tous profiter de cette année 2001, que l'Organisation des Nations unies a voulu «Année internationale du dialogue entre les civilisations», «pour édifier la civilisation de l'amour... [qui] repose sur la conscience qu'il existe des valeurs communes à toutes les cultures, parce qu'elles sont enracinées dans la nature de la personne» (n. 16).

Or qu'y a-t-il de plus commun à tous que notre nature humaine? Oui, en ce début de millénaire, sauvons l'homme! Sauvons-le tous ensemble! Aux responsables des sociétés, il appartient de protéger l'espèce humaine, en faisant en sorte que la science soit au service de la personne, que l'homme ne soit pas un objet que l'on dissèque, que l'on achète ou que l'on vend, que les lois ne soient jamais conditionnées par le mercantilisme ou les revendications égoïstes de groupes minoritaires. Aucun âge de l'histoire de l'humanité n'a échappé à la tentation de la fermeture de l'homme sur lui-même dans une attitude de suffisance, de domination, de puissance et d'orgueil. Mais ce risque est devenu de nos jours plus dangereux au coeur des hommes qui, par leur effort scientifique, croient pouvoir devenir maîtres de la nature et de l'histoire.

7. Ce sera toujours la tâche des communautés de croyants que de dire publiquement qu'aucune autorité, aucun programme politique, aucune idéologie, n'est habilité à réduire l'homme à ce qu'il est capable de faire ou de produire. Les croyants auront toujours le devoir impérieux de rappeler à tous et en toutes circonstances le mystère personnel inaliénable de tout être humain, créé à l'image de Dieu, capable d'aimer à la manière de Jésus.

Je voudrais ici vous redire et redire par votre intermédiaire aux gouvernants qui vous ont accrédités auprès du Saint-Siège, la détermination de l'Église catholique à défendre l'homme, sa dignité, ses droits et sa dimension transcendante. Même si certains répugnent à évoquer la dimension religieuse de l'homme et de son histoire, même si d'autres voudraient réduire la religion à la sphère du privé, même si d'autres encore persécutent les communautés de croyants, les chrétiens continueront à proclamer que l'expérience religieuse fait partie de l'expérience humaine. Elle est un élément vital pour la construction de la personne et de la société à laquelle les hommes appartiennent. Ainsi s'explique la vigueur avec laquelle le Saint-Siège a toujours défendu la liberté de conscience et de religion, dans sa dimension individuelle et sociale. Le drame vécu par la communauté chrétienne en Indonésie ou les discriminations patentes dont sont victimes aujourd'hui encore d'autres communautés de croyants, chrétiens ou non, dans certains pays d'obédience marxiste ou islamiste, appellent à une vigilance et à une solidarité sans faille.

8. Telles sont les pensées que m'a inspirées cette rencontre traditionnelle qui me permet de m'adresser en quelque sorte à tous les peuples de la terre par l'intermédiaire de leurs représentants les plus qualifiés. À tous vos compatriotes et aux Gouvernants de vos pays, je vous charge de transmettre les voeux priants que le Pape forme à leur intention. À travers cette histoire dont nous sommes les acteurs, traçons le chemin du millénaire qui commence. Tous ensembles, aidons-nous les uns les autres à demeurer dignes de la vocation à laquelle nous avons été appelés: former une grande famille heureuse de se savoir aimée par un Dieu qui nous veut frères! Que le Très-Haut vous bénisse tous, ainsi que les personnes qui vous sont chères!



Discours 2001