Discours 2001 - À L'OCCASION DE LA RENCONTRE AVEC LES DÉLÉGATIONS DES AUTRES ÉGLISES ET COMMUNAUTÉS ECCLÉSIALES EN LA BASILIQUE SAINT-PAUL-HORS-LES-MURS

À L'OCCASION DE LA RENCONTRE AVEC LES DÉLÉGATIONS DES AUTRES ÉGLISES ET COMMUNAUTÉS ECCLÉSIALES EN LA BASILIQUE SAINT-PAUL-HORS-LES-MURS

Jeudi 25 janvier 2001


Chers frères, je suis heureux de passer ce moment convivial avec vous profitant de l'occasion pour vous remercier de votre présence cordiale à la célébration de clôture de la Semaine de prière pour l'unité.

Je désire en particulier remercier:
- la Délégation du Patriarcat oecuménique, représentant Sa Sainteté Bartholomaios I, Patriarche oecuménique;
- la Délégation du Patriarcat grec-orthodoxe d'Alexandrie, représentant Sa Béatitude Petros VII, Patriarche grec-orthodoxe d'Alexandrie et de toute l'Afrique;
- la Délégation du Patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche, représentant Sa Béatitude Ignace IV Hazim, Patriarche grec-orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient;
- la Délégation du Patriarcat de Moscou, représentant Sa Sainteté Alexis II, Patriarche de Moscou et de toutes les Russies;
- la Délégation du Patriarcat de Serbie, représentant Sa Béatitude Pavle, Patriarche serbe;
- la Délégation du Patriarcat orthodoxe de Roumanie, représentant Sa Béatitude Théoctiste, Patriarche de l'Eglise orthodoxe roumaine;
- la Délégation de l'Eglise orthodoxe de Bulgarie, représentant Sa Béatitude Maxime, Métropolite de Sofia et Patriarche de Bulgarie;
- la Délégation de l'Eglise orthodoxe de Grèce, représentant Sa Béatitude Christódoulos, Archevêque d'Athènes et de toute la Grèce;
- la Délégation de l'Eglise orthodoxe de Pologne, représentant Sa Béatitude Sawa, Métropolite orthodoxe de Varsovie et de toute la Pologne;
- la Délégation de l'Eglise orthodoxe d'Albanie, représentant Sa Béatitude Anastas, Archevêque de Tirana, Durres et de toute l'Albanie;
- la Délégation du Patriarcat copte-orthodoxe d'Alexandrie, représentant Sa Sainteté Shenouda III, Pape d'Alexandrie et Patriarche du Siège de Saint-Marc;
- la Délégation du Patriarcat orthodoxe d'Ethiopie, représentant Sa Sainteté Abba Paulos, Patriarche d'Ethiopie;
- la Délégation du Patriarcat syro-orthodoxe d'Antioche, représentant Sa Sainteté Mar Ignatius Zakka I Iwas, Patriarche syro-orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient;
- la Délégation de l'Eglise orthodoxe syrienne-Malankare, représentant Sa Sainteté Mar Baseios Marthoma Mathew II, Catholicos d'Orient;
- la Délégation de l'Eglise apostolique arménienne, représentant Sa Sainteté Karékine II, Patriarche suprême et Catholicos de tous les Arméniens;
- la Délégation du Catholicossat de Cilicie des Arméniens (Antélias, Liban), représentant Sa Sainteté Aram I, Catholicos de Cilicie;
- la Délégation de l'Eglise assyrienne d'Orient, représentant Sa Sainteté Mar Dinkha IV, Catholicos et Patriarche de l'Eglise assyrienne d'Orient;
- la Délégation de la Communion anglicane, représentant l'Archevêque de Canterbury et Primat de la Communion anglicane, Sa Grâce George L. Carey;
- et, enfin, les Délégations
de la Fédération luthérienne mondiale;
de l'Alliance mondiale des Eglises réformées;
- du Conseil méthodiste mondial;
- de l'Alliance baptiste mondiale;
- du Conseil oecuménique des Eglises.

En outre, je remercie vivement l'Abbé général, l'Abbé et la communauté monastique de Saint-Paul, qui une fois de plus ont offert leur hospitalité et disponibilité généreuses. Que le Seigneur bénisse chacun de vous et comble Votre communauté de ses dons.

Au terme de notre rencontre, je demande au Seigneur de vous bénir, vous et vos communautés, pour qu'ensemble, nous témoignions chaque jour davantage du Christ ressuscité.




AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL DE MUSIQUE SACRÉE, PROMU PAR LE CONSEIL PONTIFICAL DE LA CULTURE

Samedi 27 janvier 2001



Monsieur le Cardinal,
Chers amis,

1. Je vous salue cordialement, vous qui participez au Congrès international de Musique sacrée, exprimant ma vive gratitude aux autorités qui ont promu votre rencontre, le Conseil pontifical de la Culture, l'Académie nationale de Sainte-Cécile, l'Institut pontifical de Musique sacrée, le Théâtre de l'Opéra de Rome et l'Académie pontificale des Beaux-Arts et Lettres des Virtuoses au Panthéon. Je remercie tout particulièrement le Cardinal Paul Poupard pour ses aimables paroles de salutation.

Je suis heureux de vous accueillir, compositeurs, musiciens, spécialistes en liturgie et enseignants de musique sacrée, venus du monde entier. Vos compétences assurent à ce Congrès une réelle qualité artistique et liturgique, et une incontestable dimension universelle. Je souhaite la bienvenue aux Représentants qualifiés du Patriarcat oecuménique de Constantinople, du Patriarcat de l'Eglise orthodoxe russe et de la Fédération luthérienne mondiale, dont la présence constitue un appel stimulant à mettre en commun nos trésors musicaux. De telles rencontres permettront d'avancer sur le chemin de l'unité à travers la prière qui trouve une de ses plus belles expressions dans nos patrimoines culturels et spirituels. Je salue enfin avec respect et reconnaissance les Représentants de la Communauté juive qui ont bien voulu apporter leur expérience spécifique aux spécialistes de la musique sacrée chrétienne.


2. "Le chant de louange qui résonne éternellement au ciel et que Jésus Christ, souverain prêtre, a introduit dans cette terre d'exil, a toujours été continué par l'Eglise au cours des siècles, avec constance et fidélité, dans la merveilleuse variété de ses formes". La Constitution apostolique Laudis Canticum, par laquelle le Pape Paul VI promulguait en 1970 l'Office divin, dans la dynamique du renouveau liturgique inauguré par le Concile Vatican II, exprime d'emblée la vocation profonde de l'Eglise, appelée à vivre le service quotidien de l'action de grâce dans une continuelle louange trinitaire. L'Eglise déploie son chant perpétuel dans la polyphonie des multiples formes d'art. Sa tradition musicale constitue un patrimoine d'une valeur inestimable, car la musique sacrée est appelée à traduire la vérité du mystère qui se célèbre dans la liturgie (Cf. Sacrosanctum Concilium SC 112).

Dans la suite de l'antique tradition juive (Cf. 1Ch 16,4-9 1Ch 16,23 Ps 80), dont le Christ et les Apôtres étaient nourris (Cf. Mt 26,30 Ep 5,19 Col 3,16), la musique sacrée s'est développée au long des siècles sur tous les continents, selon le génie propre des cultures, manifestant le magnifique élan créateur déployé par les diverses familles liturgiques d'Orient et d'Occident. Le dernier Concile a recueilli l'héritage du passé et réalisé un travail systématique précieux dans une visée pastorale, consacrant à la musique sacrée tout un chapitre de la Constitution sur la Sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium. Du temps du Pape Paul VI, la Sacrée Congrégation des Rites a précisé la mise en oeuvre de cette réflexion par l'Instruction Musicam sacram (5 mars 1967).


3. La musique sacrée est partie intégrante et nécessaire de la liturgie. Le chant grégorien, que l'Eglise reconnaît comme le "chant propre de la liturgie romaine" (ibid., SC SC 116), constitue un patrimoine spirituel et culturel unique et universel, qui nous a été transmis comme l'expression musicale la plus limpide de la musique sacrée, au service de la Parole de Dieu. Son influence fut considérable sur le développement de la musique en Europe. Les travaux savants de paléographie de l'Abbaye Saint-Pierre de Solesmes et l'édition de recueils de chant grégorien, encouragés par le Pape Paul VI, la multiplication des choeurs grégoriens, ont contribué au renouveau de la liturgie et de la musique sacrée en particulier.

Reconnaissant la place éminente du chant grégorien, l'Eglise se montre aussi accueillante aux autres genres musicaux, notamment la polyphonie. Il convient cependant que ces diverses formes musicales puissent "s'accorder avec l'esprit de l'action liturgique" (ibid. SC SC 116). Dans cette perspective, l'oeuvre du maître de la polyphonie classique, Pier Luigi da Palestrina, est particulièrement évocatrice. Son inspiration fait de lui le modèle des compositeurs de musique sacrée, qu'il a mise au service de l'action liturgique.


4. Le vingtième siècle a vu se développer, surtout dans sa seconde moitié, la culture du chant religieux populaire, selon le voeu du Concile Vatican II qui demandait de le "promouvoir de façon avisée" (ibid, SC 118). Ce type de chant demeure particulièrement apte à favoriser la participation des fidèles, non seulement aux exercices de dévotion, mais aussi à l'action liturgique elle-même. Il requiert de la part des compositeurs et des poètes des qualités créatrices, pour ouvrir le coeur des croyants à la densité expressive de la parole, dont la musique est la servante. Il en va de même pour la musique traditionnelle des peuples, pour laquelle le Concile a manifesté une grande estime, demandant que lui soit accordée "la place qui lui convient, aussi bien en éduquant le sens religieux de ces peuples qu'en adaptant le culte à leur génie" (ibid, SC 119).

Lien d'unité et d'expression joyeuse de la communauté en prière, le chant populaire favorise la proclamation de la même foi et confère aux grands rassemblements liturgiques une incomparable solennité empreinte d'intériorité. Tout au long du grand Jubilé, j'ai eu la joie de voir et d'entendre les nombreux fidèles réunis sur la Place Saint-Pierre célébrer d'une même voix l'action de grâce de l'Eglise. Je redis donc ici ma reconnaissance envers tous ceux qui ont été les artisans des célébrations jubilaires: la mise en oeuvre des ressources de la musique sacrée, notamment au cours des célébrations pontificales, a été exemplaire. Le chant grégorien, la polyphonie classique et contemporaine, les chants populaires, au premier rang desquels l'Hymne du grand Jubilé, ont permis des célébrations liturgiques ferventes et de qualité. Le répertoire pour orgue et la musique instrumentale ont aussi trouvé leur place dans les célébrations jubilaires, et ont magnifiquement contribué à l'union des coeurs dans la foi et la charité, par delà la diversité des langues et des cultures.

L'année du Jubilé a également vu fleurir de nombreuses initiatives culturelles, en particulier des concerts de musique religieuse. Cette expression musicale, qui est comme une extension de la musique sacrée proprement dite, est particulièrement significative. En ce jour où nous célébrons le centenaire de la mort du grand compositeur Giuseppe Verdi, largement tributaire de l'héritage chrétien, je tiens à remercier les compositeurs, les chefs d'orchestre, les musiciens, les interprètes et les responsables de sociétés, d'organismes et de sociétés lyriques, pour le soin mis à promouvoir un répertoire culturellement élevé, porteur des grandes valeurs liées à la Révélation biblique, à la vie du Christ et des saints, aux mystères de la vie et de la mort célébrés par la liturgie chrétienne. La musique religieuse jette des ponts entre le message du salut et les hommes qui, sans adhérer encore  pleinement  au Christ,  sont sensibles à la beauté, car "la beauté est la clé du mystère et elle renvoie à la transcendance" (Lettre aux  Artistes, n. 16), permettant un dialogue fécond.


5. La mise en oeuvre des orientations du Concile Vatican II concernant le renouveau de la musique sacrée et du chant liturgique - en particulier dans les choeurs, les chapelles musicales et les Scholae Cantorum - rend aujourd'hui nécessaire une solide formation des pasteurs et des fidèles sur le plan culturel, spirituel, liturgique et musical. Elle appelle aussi une réflexion approfondie pour définir les critères de constitution et de diffusion d'un répertoire de qualité, permettant à l'expression musicale de servir de manière appropriée sa fin ultime qui est "la gloire de Dieu et la sanctification des fidèles" (Sacrosanctum Concilium SC 112). Cela vaut en particulier pour la musique instrumentale. Bien que l'orgue à tuyaux demeure l'instrument par excellence de la musique sacrée, les compositions musicales intègrent aujourd'hui des formations instrumentales toujours plus diversifiées. Je souhaite que cette richesse aide l'Eglise en prière, pour que la symphonie de sa louange s'accorde au diapason du Christ Sauveur.


6. Chers amis musiciens, poètes et liturgistes, votre concours est  indispensable. "Combien de compositions sacrées ont été élaborées, au cours des siècles, par des personnes imprégnées du sens du mystère! D'innombrables croyants ont alimenté leur foi grâce aux mélodies qui ont jailli du coeur d'autres croyants et qui sont devenues partie intégrante de la liturgie, ou du moins concourent de manière remarquable à sa digne célébration. Par le chant, la foi est expérimentée comme un cri éclatant de joie et d'amour, une attente confiante de l'intervention salvifique de Dieu" (Lettre aux Artistes, n. 12).

Certain de votre coopération généreuse à la conservation et à l'accroissement du patrimoine culturel de la musique au service d'une liturgie fervente, lieu privilégié d'inculturation de la foi et d'évangélisation des cultures, je vous confie à l'intercession de la Vierge Marie, qui a su chanter les merveilles de Dieu, et je vous accorde, ainsi qu'à tous ceux qui vous sont chers, une affectueuse Bénédiction apostolique.


AUX PARTICIPANTES AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES MAÎTRESSES PIES FILIPPINI

Lundi 29 janvier 2001



Très chères Filles de sainte Lucie Filippini!

1. Je suis heureux de vous accueillir et de souhaiter à chacune de vous une cordiale bienvenue. Je vous remercie de cette visite à travers laquelle, à l'occasion de votre Chapitre général ordinaire, vous entendez renouveler l'expression de votre pleine fidélité et adhésion au Successeur de Pierre.

Vous oeuvrez depuis plusieurs années dans divers pays du monde et vous vous placez avec amour au service de l'Evangile, attentives aux nécessités des petits, des pauvres et des personnes qui souffrent, en cherchant à fonder votre ministère éducatif sur le Maître Jésus, en le suivant d'une façon qui repose sur l'amour sponsal. Continuez sur cette voie, en contribuant à diffuser l'Evangile de la charité dans les nouveaux domaines de l'apostolat que le Seigneur vous confie. L'expérience, mûrie par votre Institut au cours de longues années de service au Christ et à l'Eglise, constitue, au début du nouveau millénaire, une heureuse promesse pour une période encore plus féconde de vie consacrée et apostolique.


2. Votre Chapitre général a lieu au moment où vient de se conclure le grand Jubilé de l'An 2000. Il touche un thème qui est d'un grand intérêt pour vous: "Les Constitutions, lampe sur mes pas, lumière sur ma route" (Ps 118). Le choix de l'argument veut mettre en évidence la nécessité d'une référence renouvelée à la Règle, car en elle et dans les Constitutions est tracé un itinéraire de sequela Christi correspondant à un charisme spécifique authentifié par l'Eglise (cf. Vita consecrata VC 37).

L'objectif fondamental du Chapitre est donc celui de permettre aux membres une intériorisation plus consciente des Constitutions, pour vivre une authentique spiritualité de communauté, qui soit un témoignage prophétique des valeurs du Royaume. Chères Soeurs, face à la diffusion d'une mentalité sécularisée, l'observance fidèle de la Règle vous sera d'une aide précieuse pour vous renforcer dans votre aspiration à l'Absolu, en ne vous conformant pas à l'esprit de ce monde, mais en progressant jour après jour dans la conformation au Christ.

L'assemblée capitulaire vous offre l'opportunité de retourner, avec humilité et courage, aux origines de votre Institut, en y puisant une vigueur plus intense pour répondre aux défis qui se présentent aujourd'hui à votre activité apostolique. C'est en considérant l'expérience particulière du Cardinal Marcantonio Barbarigo et de la jeune Lucia Filippini que vous pourrez réaliser le renouveau souhaité des structures et des méthodes, en conservant fermement la référence à la Règle et aux Constitutions, qui contiennent un itinéraire de sequela Christi selon votre charisme éducatif, pédagogique, et d'assistance spécifique. A travers une plus grande adhésion à Lui, pierre angulaire qui est "le même hier, aujourd'hui et à jamais" (He 13,8), le don que l'Esprit Saint a fait à vos fondateurs pourra continuer d'animer votre expérience quotidienne.


3. Comment ne pas repenser en cette circonstance au moment où, vers la fin de l'an 1600, le Cardinal Marcantonio Barbarigo, assisté par la jeune Lucia Filippini, lança une action de soutien humain et spirituel des jeunes, en se consacrant également à l'amélioration de la condition des femmes et à l'assainissement moral et culturel du clergé et du peuple? Ce fut précisément à cette fin que furent constituées, aux environs de 1692, les "Ecoles de la Doctrine chrétienne" pour les jeunes filles du peuple, dans la perspective de l'assainissement de la famille et de la société. C'est ainsi que naquit un groupe de maîtresses précieux et solide, capable de réaliser, avec fidélité et créativité, le projet d'intervention éducative qu'avaient imaginé le Cardinal Barbarigo et la jeune Lucia Filippini.

Votre Chapitre général, qui se déroule à l'aube du troisième millénaire, constitue presque une halte pour considérer le chemin parcouru jusqu'à présent, et évaluer le début, plus prometteur que jamais, d'une nouvelle saison de service ecclésial en Italie, en Europe, et dans les territoires de mission dans lesquels vous êtes présentes. Très chères soeurs, l'Eglise attend beaucoup de vous: de votre exemple et de votre généreux dévouement apostolique.

Vous êtes appelées à exercer un ministère éducatif particulier, qui se manifeste dans des signes constants d'amour, en particulier envers les pauvres et qui, à travers les écoles, favorise non seulement une solide croissance culturelle des élèves, mais également leur approche consciente des vérités éternelles de l'Evangile.


4. Afin que vous puissiez poursuivre de façon fructueuse votre apostolat, que votre sollicitude particulière soit de cultiver une spiritualité personnelle et communautaire qui sache fonder de façon harmonieuse la sauvegarde de l'intériorité et le dévouement généreux à vos multiples activités apostoliques et caritatives.

Pour atteindre cet objectif, au cours de vos travaux capitulaires, vous avez identifié à juste titre dans la formation à la vie consacrée, dans l'esprit de prière, dans la communion fraternelle et dans la mission dans l'Eglise et dans le monde, les voies privilégiées pour continuer à être, sur l'exemple de vos Fondateurs, une présence significative dans notre temps. Face à l'indifférence religieuse diffuse, vous êtes appelées à réaliser votre mission spécifique en particulier dans le domaine scolaire, en tenant compte des difficultés liées aux divers milieux culturels et locaux. Soyez courageuses et enthousiastes, sans vous laisser conditionner par les obstacles de tout genre que vous pouvez rencontrer.

Revivez en vous le sentiment enflammé de Paul, qui s'exclamait: "Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile!" (1Co 9,16). A l'école de vos Fondateurs, placez votre apostolat sous la protection de la Mère de Dieu, Marie, que l'Eglise vénère "d'un sentiment filial de piété, comme il convient pour une mère très aimante" (Lumen gentium LG 53). Je suis certain que, de cette façon, vous susciterez dans l'âme de nombreux jeunes le désir de rencontrer le Christ et de le servir avec un "coeur indivis" dans les frères faibles et sans défense.

Avec ces sentiments, je vous donne de tout coeur, chères Soeurs, une Bénédiction spéciale, que j'étends de tout coeur à toutes les personnes, en particulier les jeunes, à l'égard desquels vous engage le devoir apostolique de votre Famille religieuse.


AUX ÉVÊQUES DE HONGRIE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Mardi 30 janvier 2001,



Monsieur le Cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat,

1. Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu le Père et la communion de l'Esprit Saint soient avec Vous tous et avec chacun de Vous en particulier! Je suis heureux de pouvoir vous recevoir à l'occasion de votre visite ad limina. Le pèlerinage sur la tombe du Prince des Apôtres est un moment significatif dans la vie de chaque Pasteur: il lui offre l'occasion d'exprimer sa communion avec le Successeur de Pierre et de partager avec lui les sollicitudes et les espérances liées au ministère épiscopal.

Votre visite se situe dans le cadre de deux grandes commémorations: la récente fermeture de la Porte Sainte du grand Jubilé et la célébration actuellement en cours dans votre pays du millénaire du christianisme de votre Nation. Cet anniversaire m'a déjà donné l'occasion de vous saluer, que ce soit à travers mon Cardinal-Secrétaire d'Etat, qui a transmis mes voeux à l'occasion de la fête de saint Etienne, ou personnellement, lorsque, il y a quelques mois, vous êtes venus sur la Tombe de saint Pierre avec le pèlerinage national de votre Pays.


2. Qui veut affronter de façon efficace l'avenir doit retourner à ses racines. Les célébrations jubilaires ici, à Rome, comme dans votre pays, se sont concentrées sur l'événement historique dont le christianisme a tiré ses origines. Le grand Jubilé nous a invités à tourner le regard vers le moment où le Verbe de Dieu a assumé notre nature humaine et est né dans le temps, Lui qui est le même hier, aujourd'hui et à jamais (cf. He He 13,8). Mon désir profond est que nos yeux demeurent fixés sur l'unique Rédempteur de l'homme, comme je l'ai souligné dans ma récente Lettre apostolique Novo millennio ineunte. Dans ce document, j'ai présenté un programme exigeant pour l'avenir, en exposant certaines lignes de fond que je considère comme importantes pour ne pas perdre de vue le visage du Sauveur et pour mettre en pratique le message évangélique.

Le premier devoir des pasteurs de l'Eglise est celui d'annoncer les vérités de la foi, qui culminent dans l'Incarnation et le Mystère pascal. Notre message tire sa force de la contemplation du visage du Christ Dieu-homme, mort et ressuscité pour nous. Ce n'est que parce que le Fils de Dieu est devenu vrai homme que nous, les hommes, pouvons, en Lui et à travers Lui, devenir véritablement les fils de Dieu. L'importance que vous avez accordée à la contemplation du Christ sera un signe évident de la volonté de conférer à votre mission une empreinte spirituelle et pastorale, qui ne manquera pas d'influencer le style de vie de ceux qui vous sont confiés.


3. Dans ce contexte, je voudrais exprimer ma reconnaissance pour vos efforts visant à promouvoir dans le clergé, chez les religieux et chez les fidèles laïcs de vos Eglises locales une authentique spiritualité, qui les rende en mesure d'affronter les divers défis pastoraux avec un nouvel élan d'enthousiasme nourri par les expériences jubilaires. A cet égard, je voudrais rappeler une fois de plus le programme que j'ai défini dans la Lettre apostolique Tertio millennio ineunte: j'y ai rassemblé certains impératifs évangéliques exigeants. Le regard fixé sur le Christ, venu afin que nous ayons la vie et que nous l'ayons en abondance (cf. Jn 10,10), nous engage à accueillir son don sous chacun de ses aspects, en commençant par celui physique. Plus que jamais, au seuil du troisième millénaire, nous ressentons l'exigence que la vie soit défendue et promue. Il faut susciter dans notre monde une véritable "culture de la vie".

Je connais l'énergie avec laquelle vous vous engagez en tant que défenseurs de la vie. Mais, en dépit de votre dévouement inlassable, on observe dans votre patrie également les signes préoccupants, visibles dans de nombreux pays du vieux continent, de la diffusion d'une culture de la mort, qui devient toujours plus préoccupante. Les statistiques concernant l'avortement, publiées au cours des dernières décennies dans votre pays, sont alarmantes. Celles-ci doivent pousser à défendre sans peur et avec clarté la vie humaine à chaque étape de son existence, de sa conception à sa mort naturelle. Faites tout votre possible pour encourager les femmes enceintes à porter à terme leur grossesse.

En ces temps dramatiques, l'Eglise assume une fonction importante. Les chrétiens doivent devenir toujours plus ce qu'ils sont appelés à être: le sel de la Terre et la lumière du Monde (cf. Mt 5,13-14). Cette noble vocation engage en particulier les pasteurs, qui, comme on peut le lire dans la seconde Epître à Timothée, doivent être prêts à prendre la parole en toute occasion, à temps et à contretemps (cf. 2Tm 4,2). Intervenez partout où vous pensez devoir défendre Dieu et l'homme! Vous n'êtes pas du monde, mais ne vous séparez pas du monde (cf. Jn 15,19). Une société laïque, dans laquelle on passe toujours davantage Dieu sous silence, a besoin de votre voix. Pour donner à la société une âme, il peut être utile de chercher à s'allier avec les Pasteurs et les chrétiens des autres Eglises et Communautés ecclésiales. L'oecuménisme du témoignage ouvre de fait un vaste domaine de collaboration.


4. Les conditions actuelles de l'Eglise en Hongrie ne doivent pas être identifiées simplement avec un cadre agnostique d'indifférence religieuse. Même s'il est exclu ou tu, Dieu est présent. Certes, de nombreuses personnes vivent comme s'il n'existait pas. Mais le désir de Dieu est toujours vivant dans les coeurs. En effet, l'homme ne se contente pas seulement de ce qui est humain, mais recherche une vérité qui le transcende, car il ressent, même confusément, qu'en Lui réside le sens de sa vie. La réponse à la question du sens de la vie est la grande occasion favorable de l'Eglise. Ouvrons donc nos portes à tous ceux qui recherchent Dieu sincèrement! Celui qui demande la vérité à l'Eglise, a le droit de s'attendre qu'elle lui présente de façon authentique et intégrale la Parole de Dieu écrite ou transmise (cf. Dei verbum DV 10). Ainsi, la recherche de la vérité est protégée des dangers d'une religiosité indéterminée, irrationnelle et syncrétique, et l'Eglise de Dieu vivant se révèle pour ce qu'elle est, "colonne et support de la vérité" (1Tm 3,15).


5. L'Eglise dans votre pays a été soumise à divers types de persécutions: il y a eu des persécutions violentes, et d'autres, plus sophistiquées et subtiles. Au cours des dix dernières années, l'Eglise a vécu une réalité diverse: le "tournant" a apporté non seulement une nouvelle liberté, mais également un "choc de consommation". Les biens matériels ont été mis en évidence avec une insistance telle qu'ils ont souvent étouffé tout désir de valeurs religieuses et morales. Mais, au fil du temps, si l'âme demeure sans nourriture et que seules les mains sont remplies, l'homme fait l'expérience du vide: "Ce n'est pas de pain seul que vivra l'homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Mt 4,4 cf. Dt Dt 8,3).

Dans ce cadre, je voudrais exprimer ma sollicitude au sujet de la signification du dimanche, comme jour du Seigneur et jour de l'homme. Je désire réitérer une pensée qui me tient beaucoup à coeur: l'homme, en tant que personne, ne doit pas être écrasé par les intérêts économiques. Et il s'agit d'un risque réel car la "société de consommation" où Dieu est souvent considéré comme mort, a créé de nombreuses idoles, parmi lesquelles se détache l'idole du profit à tout prix. Au cours du grand Jubilé, est apparu également un visage divers de ces sociétés: de nombreux hommes ont redécouvert les réserves du christianisme, les réserves de l'Eglise, c'est-à-dire la foi témoignée et vécue par tant de croyants. En dépit des apparences qui pourraient donner l'impression contraire, la foi chrétienne est enracinée profondément dans l'âme de votre peuple. C'est à vous qu'il revient de réveiller la voix de Dieu dans les consciences des hommes.


6. A la vérité de la foi doit correspondre la cohérence de la vie. L'Eglise qui est en Hongrie, qui n'est pas riche de biens matériels, possède d'inestimables richesses spirituelles, constituées par les témoignages de foi et de sainteté d'un grand nombre de ses membres. Je pense en particulier aux familles chrétiennes, véritables "Eglises domestiques". Face aux défis de la société moderne, un renouveau pastoral des familles est nécessaire. Je vous ai déjà confié ce désir dans le Message que je vous ai envoyé à l'occasion de la fête de saint Etienne, en cette inoubliable Année 2000. Je vous écrivais alors: "Soyez conscients de la centralité de la famille pour une coexistence ordonnée et florissante" (l.c., 4). Je suis heureux que vous ayez accordé à la famille une place privilégiée dans la hiérarchie des priorités pastorales, en écrivant une Lettre pastorale sur la Famille commune. J'apprécie cette action concertée et je souhaite que de nombreuses autres suivent.

L'oeuvre d'évangélisation dans votre pays est en effet si vaste qu'elle exige toutes vos forces et vos énergies. Il y a les "chaires" traditionnelles comme la prédication, la catéchèse, les retraites spirituelles, les Lettres pastorales. Mais il y a, dans le même temps, d'importants "aréopages" qui vous attendent: la radio, la télévision, les nouvelles technologies. Il est difficile d'utiliser et d'"évangéliser" ces nouveaux moyens, mais avec un peu d'imagination et de courage, cela est possible! Je vous félicite pour l'initiative de vouloir mettre sur pied une radio catholique. Une telle institution, bien gérée et utilisée, peut devenir pour vous, Pasteurs, une sorte de chaire d'où il vous sera possible d'atteindre également les personnes qui se sont éloignées de l'Eglise.


7. Chers frères! Si chaque chrétien est appelé à se conformer au Christ, l'Evêque l'est plus encore, lui qui doit être le modèle de son troupeau. Que le Christ soit toujours au centre de votre vie. J'aime beaucoup la devise que vous avez choisie pour votre millénaire hongrois: "Notre passé est notre espérance - le Christ est notre avenir". Le Christ sera votre avenir si vous continuez à contempler son visage; si vous cherchez à vivre toujours plus l'Eglise-communion; si vous vous engagez en faveur d'une pastorale des vocations authentique et enthousiasmante pour affronter le manque de prêtres, de religieux et de religieuses; si vous aidez les fidèles laïcs à découvrir et à vivre encore plus leur vocation, sur laquelle a tant insisté le Concile Vatican II.

La cible privilégiée de votre pastorale doit être les jeunes. A cet égard, vous avez pu faire au cours des dernières années un pas important en avant, en fondant à nouveau de nombreuses écoles catholiques et en érigeant l'Université catholique. Ces institutions constituent une sorte de "laboratoire" dans lequel les étudiants ont la possibilité de se préparer à une vie chrétienne digne de la liberté de l'homme et fondée sur la vérité. Celui qui suit la voix de la conscience a besoin d'une authentique connaissance conforme aux vérités proposées par le Magistère.


8. Avec ces pensées, chers frères, j'ai voulu vous encourager dans l'exercice des devoirs pastoraux qui vous sont confiés au service de l'Eglise dans votre Patrie. Conscient du profond dévouement avec lequel vous accomplissez votre ministère épiscopal, je voudrais vous exprimer mes sentiments fraternels et reconnaissants. Que dans toutes les situations, vous réconforte la pensée que Jésus-Christ ne vous a pas pris à son service comme de simples "managers", mais qu'Il vous a consacrés ministres de ses mystères, vous appelant à participer à son amitié (cf. Jn 15,14-15).

Enfin, je vous confie ainsi que votre mission de Pasteurs de vos troupeaux à l'intercession de Marie, Magna Domina Hungarorum. Que sur vous, sur les prêtres, les diacres, les religieux et les laïcs de vos diocèses, descende l'abondance des grâces célestes dont la Bénédiction que je donne à tous de tout coeur est le signe.

                                Février 2001



AU TRIBUNAL DE LA ROTE ROMAINE, POUR L'INAUGURATION DE L'ANNÉE JUDICIAIRE

Jeudi 1er février 2001


Discours 2001 - À L'OCCASION DE LA RENCONTRE AVEC LES DÉLÉGATIONS DES AUTRES ÉGLISES ET COMMUNAUTÉS ECCLÉSIALES EN LA BASILIQUE SAINT-PAUL-HORS-LES-MURS