Discours 2001 -   MESSAGE AU CARDINAL WALTER KASPER, PRÉSIDENT DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L'UNITÉ DES CHRÉTIENS À L'OCCASION DE LEUR ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE


AUX MEMBRES DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L'UNITÉ DES CHRÉTIENS ET AUX REPRÉSENTANTS DES COMMUNAUTÉS ÉPISCOPALIENNES AMÉRICAINES EN EUROPE

Samedi 17 novembre 2001

  Cher Cardinal Kasper,
Chers amis dans le Christ,

C'est pour moi un grand plaisir de vous saluer, vous qui participez à la session plénière du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens, en conclusion de votre rencontre de cette semaine.

Dans la vérité et dans l'amour: telles pourraient être les paroles qui expriment l'essence de votre étude et de vos débats de ces jours-ci, au cours desquels vous avez cherché à évaluer les progrès accomplis récemment dans le dialogue oecuménique. Je souhaite que mon Message au début de votre rencontre vous ait confirmé que, pour l'Evêque de Rome et pour l'Eglise catholique, le mouvement vers la communion visible de tous les fidèles du Christ n'est pas seulement une simple activité annexe de l'Eglise, mais un trait essentiel de sa vie et de sa mission.

En remerciant chacun de vous pour le dévouement et la compétence avec lesquels vous servez l'Eglise dans cette tâche délicate, je désire vous encourager à accomplir de plus grands efforts encore. Il devient de plus en plus évident que le monde a besoin du témoignage uni des chrétiens. Dans un univers de plus en plus mondialisé, les divisions entre chrétiens sont plus que jamais un obstacle à la proclamation de l'Evangile.

J'invoque sur vous tous les dons de sagesse et de force de l'Esprit Saint, et je vous exprime ma satisfaction et ma gratitude personnelles.

Vous êtes accompagnés par les représentants des Communautés épiscopaliennes américaines d'Europe, qui se rencontrent ce week-end à Rome pour leur congrès annuel.

Chers amis, je vous salue et je vous remercie de votre présence. Il y a parmi vous de nombreux jeunes, ce qui est un signe certain d'espérance que la recherche de l'unité chrétienne sera conduite par une nouvelle génération d'hommes et de femmes engagés à transformer en réalité la prière du Seigneur "afin que tous soient un" (Jn 17,21). Je prie Dieu de déverser sur vous ses plus riches bénédictions, au cours de votre rencontre et de votre visite à Rome. A travers vous, j'envoie mes salutations et mes meilleurs voeux dans le Seigneur à toutes les paroisses épiscopaliennes américaines d'Europe. "A vous grâce et paix de par Dieu, notre Père, et le Seigneur Jésus-Christ" (1Co 1,3).


AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE PROMUE PAR LE CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PASTORALE DES SERVICES DE LA SANTÉ SUR LE THÈME "SANTÉ ET POUVOIR"

Samedi 17 novembre 2001




Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Très chers frères et soeurs,

1. Je suis heureux de souhaiter une cordiale bienvenue à vous tous, qui participez à la XVIème Conférence internationale, promue par le Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé sur le thème "Santé et pouvoir".

J'adresse une salutation affectueuse au Président de votre Conseil pontifical, Mgr Javier Lozano Barragán, et je le remercie des paroles courtoises qu'il a bien voulu m'adresser au nom des personnes présentes. J'étends ma pensée à vous tous, qui oeuvrez dans un domaine aussi important pour la qualité de la vie humaine et pour l'annonce de l'Evangile.

Le thème de votre Conférence, tout en étant actuel et urgent, est délicat et complexe; il est notamment utile pour renouveler la culture du service à la santé et à la vie, en commençant par l'attention aux personnes les plus faibles et les plus pauvres.

Je rappelai dans la Lettre encyclique Sollicitudo rei socialis que "parmi les actes ou les attitudes contraires à la volonté de Dieu et au bien du prochain et les structures qu'ils induisent, deux éléments paraissent aujourd'hui les plus caractéristiques: d'une part le désir exclusif du profit et, d'autre part, la soif du pouvoir dans le but d'imposer aux autres sa volonté [...] à tout prix" (SRS 37).

Je me réjouis avec vous du fait qu'en ces journées d'études, vous souhaitez apporter une contribution spécifique afin que dans le monde de la santé, l'exercice du pouvoir ne s'inspire pas du désir de domination ou de profit, mais soit animé d'un esprit sincère de service. Comme dans tout domaine, dans celui de la Santé également, l'exercice du pouvoir se révèle bénéfique lorsqu'il promeut le bien intégral de la personne et de toute la communauté.

Cette harmonie se réalise pleinement dans le mystère du Christ, dans lequel le Père nous a choisis comme fils adoptifs et avec la richesse de la grâce "nous a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu'Il avait formé en lui par avance, pour le réaliser quand les temps seraient accomplis: ramener toutes les choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres" (Ep 1,9-10).


2. A travers votre Conférence internationale, vous désirez effectuer, à la lumière des informations recueillies, une lecture approfondie de la réalité de la santé, sous chacun de ses aspects. Dans le monde de la santé se rencontrent et interagissent différents types de pouvoir: du pouvoir économique et politique, à celui lié aux moyens de communication, de celui professionnel à celui des industries pharmaceutiques, du pouvoir des organismes nationaux et internationaux, à celui des organisations religieuses.

Tout cela donne lieu à un étroit réseau d'interventions dans lequel, d'une part, apparaissent d'immenses possiblités d'améliorer le service rendu à la vie et à la santé et, de l'autre, est mis en lumière le risque de pouvoirs exercés d'une façon qui ne respecte ni la vie ni l'homme.

Votre réflexion entend offrir à une réalité si vaste et si complexe des éléments précieux en vue d'un discernement éthique et pastoral, en valorisant également les contributions qui naissent d'un dialogue interreligieux respectueux.

Je suis certain que des indications utiles naîtront de ces journées d'étude, en particulier en ce qui concerne l'action sociale et spirituelle de l'Eglise dans le domaine de la santé, considéré dans son ensemble.

Pour comprendre et vivre correctement toute forme de "pouvoir" dans le monde de la santé, il est nécessaire de garder le regard fixé sur le Christ. C'est Lui, le Verbe fait chair, qui a assumé nos maladies pour les guérir. C'est lui qui, venu non pas pour être servi mais pour servir, nous enseigne à exercer toute forme de pouvoir comme service à la personne, en particulier si elle est faible et fragile. C'est Lui qui a assumé l'humanité souffrante pour lui rendre le visage transfiguré de la résurrection.


3. En allant à la rencontre des personnes malades, souffrantes ou handicapées, l'Eglise est mûe par le désir d'annoncer et de témoigner de l'Evangile de la vie. Ce faisant, elle apporte une contribution concrète en vue de l'édification harmonieuse de la société.

Face à une culture diffuse d'indifférence et parfois de mépris de la vie, face à la recherche sans scrupule de domination de certains sur les autres, entraînant la marginalisation des pauvres et des faibles, il est plus que jamais nécessaire d'offrir de solides critères afin que l'exercice du pouvoir dans le monde de la santé se place, dans chaque situation, au service de la dignité de la personne humaine et du bien commun.

Je saisis volontiers l'occasion pour lancer un appel pressant à ceux qui, dans ce secteur important, détiennent des postes de responsabilité, afin que, dans un esprit de collaboration constructive, on s'engage à promouvoir une authentique culture de la solidarité, en tenant compte des conditions de ceux qui vivent dans des pays marqués par des nécessités matérielles, culturelles et spirituelles préoccupantes.

Dans ce but, je me fais le porte-parole de toute personne malade et qui souffre, ainsi que des peuples blessés par la pauvreté et par la violence, afin que, pour eux aussi, ainsi que pour toute l'humanité, naisse un avenir de justice et de solidarité.

Que ceux qui ont le don de la foi se sentent particulièrement engagés à témoigner à travers leur comportement de l'espérance évangélique. Ce n'est qu'à travers l'amour et le service que l'on est en mesure de soigner et de guérir, en jetant de cette façon les bases d'un monde renouvelé.

Avec ces voeux, je confie les travaux de votre Conférence ainsi que chacun de vous à la protection maternelle de la Sainte Vierge, et je vous donne à tous de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière.


AUX PÈLERINS UKRAINIENS RÉUNIS POUR LE REMERCIER DE SA VISITE APOSTOLIQUE EN JUIN 2001

Lundi 19 novembre 2001


  Messieurs les Cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat,
chers frères et soeurs dans le Christ!

1. Soyez les bienvenus dans la maison du Pape, vous qui êtes ici pour rendre la visite que j'ai eu la joie d'accomplir dans votre pays au mois de juin dernier. Je salue le Cardinal Lubomyr Husar et le Cardinal Marian Jaworski, et je les remercie des paroles cordiales avec lesquelles ils ont interprété les sentiments communs. Avec eux, je salue les Evêques de l'Eglise grecque-catholique et latine, les prêtres, les religieux et les laïcs des deux rites.

Je garde toujours en mémoire et dans le coeur le souvenir des intenses journées passées parmi vous et je rends grâce au Dieu Un et Trine, pour m'avoir permis d'embrasser la terre ukrainienne et de rencontrer son noble peuple. Ma visite voulait être un hommage à la fidélité de votre peuple à l'Evangile du Christ au long des siècles, en particulier celui qui vient de se conclure, au cours duquel vos Eglises ont vécu l'expérience - douloureuse et glorieuse en même temps - de la confession de la foi jusqu'au martyre.

Au cours de mon voyage, j'ai pu admirer avec émotion la façon dont votre pays a conservé sa foi, en dépit de la période difficile de la persécution, et est fier aujourd'hui de la professer librement. Je vous souhaite, très chers frères et soeurs, de savoir cultiver avec sagesse cette "théophorie" de la tradition chrétienne ukrainienne, pour en tirer la nourriture nécessaire pour la vie chrétienne de chaque jour.


2. L'existence dans votre pays de trois vénérables rites - byzantin, latin et arménien - témoigne de la dimension universelle de l'Eglise présente dans diverses cultures et manifeste clairement le mystère de communion qui unit tous les croyants dans le Christ. Qu'il n'y ait donc entre vous aucune rivalité, mais un respect et un amour réciproques: "Que le Dieu de la constance et de la consolation vous accorde d'avoir les uns pour les autres la même aspiration à l'exemple du Christ Jésus, afin que d'un même coeur et d'une même bouche, vous glorifiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ" (Rm 15,5-6).

Je vous exhorte à partager, dans une attitude d'échange réciproque de dons, vos trésors spirituels et à accueillir ce qui peut compléter, enrichir et renforcer votre expérience de vie chrétienne et votre témoignage. En effet, l'histoire enseigne qu'une communauté qui se renferme sur soi se condamne à un appauvrissement intérieur et limite ses possibilités d'action apostolique.

Vos Eglises particulières, chacune selon sa tradition, sa spiritualité et sa piété, manifestent, comme l'enseigne saint Ignace Théophore, la magnifique symphonie intérieure de l'Eglise du Christ. De cette manière, celles-ci, dans leur unité catholique, sont et seront les gardiennes et les porteuses d'un grand patrimoine spirituel auquel peuvent puiser tous les peuples de la terre.


3. Chers frères et soeurs, au début de ce nouveau millénaire, un important devoir et une grande responsabilité se présentent aux chrétiens: il s'agit de l'annonce toujours nouvelle de Jésus-Christ, chemin, vérité et vie (cf. Jn 14,6) pour tous les hommes et femmes de tous les temps et de tous les pays. Vous êtes donc appelés à rendre accessibles, avec sagesse et efficacité, les trésors de la foi, que ce soit à ceux qui en ont déjà quelque connaissance, ou à ceux qui s'y approchent pour la première fois. Pour accomplir cette mission, vous savez tous qu'il faut avant tout vivre avec cohérence la vocation reçue dans le Baptême et organiser sa vie personnelle et sociale selon la loi de Dieu. N'épargnez pas les efforts pour vous assurer, ainsi qu'aux jeunes générations, une formation approfondie au niveau humain, spirituel et culturel, qui permette de donner à tous raison de l'espérance qui est en vous (1P 3,15).

Un cruel régime athée a tenté, pendant de nombreuses décennies, de déraciner le Christ de la terre ukrainienne; de nombreuses générations ont été éduquées sans le Christ ou même contre Lui. Mais pour l'homme contemporain, plongé dans le chaos et la confusion de la vie quotidienne, les paroles ne suffisent plus: il ne veut pas seulement entendre "parler" du Christ, il désire de quelque façon le "voir".


4. Avec respect et une reconnaissance sincère pour la grâce propre à chaque Eglise, je m'adresse à tous les chrétiens de votre grand pays - catholiques, orthodoxes et protestants - et je les exhorte "par la douceur et l'indulgence du Christ" (2Co 10,1): donnez au peuple ukrainien la possibilité de connaître le Christ! Donnez-lui la possibilité de voir son Sauveur! N'attendez pas que quelqu'un crée les conditions favorables à l'engagement et au travail pastoral; suscitez- les vous-mêmes par l'imagination et la générosité. Mais surtout, témoignez à travers votre vie et vos oeuvres de la présence du Ressuscité parmi vous! Ce sera le message le plus éloquent et efficace, le service le plus élevé que vous puissiez rendre à vos concitoyens. La réalisation du commandement de l'amour envers le prochain sera la preuve de la vérité de votre engagement. Le Christ Sauveur nous l'enseigne clairement lorsqu'il dit: "dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25,40).


5. Chers évêques, prêtres, religieux et religieuses, catéchistes, fidèles de toutes les Eglises chrétiennes, à travers votre vie, montrez le visage divin du Christ. Plus le Christ sera présent en chacun de vous, plus votre témoignage en faveur de son Evangile de salut sera crédible.

Je vous confie à la Très Sainte Mère de Dieu, Patronne de l'Ukraine, afin qu'elle vous protège tous. Et je vous accompagne avec affection et sympathie, tandis que je prie constamment pour vous, afin que le Seigneur tout-puissant comble "tous vos besoins, selon sa richesse, avec magnificence, dans le Christ Jésus" (Ph 4,19).

Avec ces sentiments, je vous donne à tous une affectueuse Bénédiction apostolique, que j'étends volontiers à vos proches et à tous les fidèles de votre Terre bien-aimée.

                                * * *

Au cours de l'Audience aux pèlerins d'Ukraine, le Saint-Père s'est également adressé aux nombreux pèlerins de langue polonaise présents lors de l'audience:

Je souhaite une cordiale bienvenue à tous les pèlerins de langue polonaise. Je salue le Cardinal Marian Jaworski, Archevêque métropolitain de Lviv des Latins, les évêques, les prêtres, les personnes consacrées et les fidèles laïcs. Je suis heureux de votre présence. Je salue l'Eglise grecque-catholique en Ukraine et en Pologne. Je salue les pèlerins venus de Wilamowice.

Vous êtes venus à Rome pour rendre grâce à Dieu pour les fruits spirituels de mon voyage en Ukraine. Je m'unis volontiers à cette action de grâce, en rappelant les jours merveilleux que j'ai pu passer parmi vous à Kiev et à Lviv. Comment pourrais-je oublier ces villes magnifiques sur le Dniepr et sur la Peltew, et tous ces lieux sanctifiés par une tradition chrétienne plus que millénaire? Combien j'ai été heureux de pouvoir rendre gloire à Dieu, là où saint Wladimir, et avec lui toute la Rus', reçut le baptême pour la fidélité de ce peuple, pour le témoignage chrétien qu'il a apporté à travers les siècles, sans épargner les sacrifices, jusqu'à l'effusion de sang. Je me réjouis car, précisément en terre ukrainienne, il m'a été donné de béatifier au moins quelques-uns de l'innombrable multitude de saints: je prie Dieu afin que l'effusion de leur sang apporte constamment une floraison de la foi dans les coeurs de tous les habitants d'Ukraine.

Je suis également infiniment reconnaissant à Dieu d'avoir pu élever à la gloire des autels le bienheureux Archevêque Józef Bilczewski. Je partage cette joie de façon particulière avec vous, habitants de Lviv, où il accomplit son ministère épiscopal, mais également avec vous, habitants de Wilamowice, où il naquit et d'où il partit. Je vous confie tous à la protection de ce Patron auquel - comme je l'ai dit - je suis uni personnellement par une sorte de lien particulier dans la succession apostolique. Je voudrais rappeler ici également le bienheureux dom Zygmunt Gorazdowski. Je prie Dieu afin que l'intercession de ce pasteur zélé soutienne de façon particulière les prêtres qui accomplissent leur ministère dans l'Eglise d'Ukraine, et surtout les soeurs de Saint-Joseph, qui lui doivent la fondation de leur Institut. Que la bienheureuse Jozafata Michalina Hordaszewska entoure de sa protection toutes les religieuses qui servent avec abnégation, un coeur pur, une sensibilité féminine et une grande promptitude à aider ceux qui sont dans le besoin.

Je garderai dans mon coeur le souvenir inoubliable de la rencontre chaleureuse - malgré une pluie battante - avec les jeunes d'Ukraine. Je suis heureux parce que vous étiez venus à cette rencontre tous ensemble - toute l'Eglise catholique dans sa double tradition, qui est la richesse de la terre ukrainienne. Je suis certain que votre génération, à laquelle l'avenir appartient, lui apportera l'enthousiasme de la foi, de l'espérance et de l'amour, qui accompagnait la prière et la fête devant le temple de la Naissance de la Mère de Dieu. Chers jeunes, je vous embrasse tous de tout coeur. Transmettez mes remerciements et mon salut aux jeunes de votre âge dans toute l'Ukraine.

De façon particulière, je voudrais remercier Dieu avec vous pour l'Esprit d'amour fraternel qui nous unissait en ces jours. Que cet Esprit vous accompagne toujours. N'éteignez pas Ses inspirations. Qu'il embrase vos coeurs, qu'il purifie vos consciences, qu'il renforce votre volonté de marcher ensemble le long du chemin qui conduit au Royaume de notre unique Père. "Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous" (Ep 4,5-6).

Une fois de plus, je remercie toute l'Eglise d'Ukraine pour son accueil chaleureux et pour son témoignage vivant de foi. A vous tous ici présents j'adresse mes remerciements d'être venus ainsi que pour la prière auprès des tombeaux des saints Apôtres Pierre et Paul selon l'intention de mon ministère en faveur de l'Eglise. C'est le don le plus précieux que vous ayez pu m'offrir. Que cette prière devienne pour vous également une source d'inépuisable grâce divine. Apportez mon salut à vos familles, à ceux qui vous sont chers ainsi qu'à tous ceux qui n'ont pas pu se joindre à nous. Transmettez ma Bénédiction à tous les fidèles d'Ukraine. Que Dieu vous bénisse également!




À L'OCCASION DE LA PROMULGATION DE L'EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE "ECCLESIA IN OCEANIA"

Jeudi 22 novembre 2001


  Joie au ciel! Exulte la terre! Que gronde la mer, et sa plénitude! (Ps 96,11 [95], 11).

Chers frères et soeurs dans le Christ,

1. Des extrémités de la terre, vous êtes venus, témoins de la vie glorieuse qui est la nôtre en Jésus-Christ, et en particulier témoins de la foi et de l'amour du Peuple de Dieu qui est en Océanie. Avec gratitude pour l'heureuse célébration de l'Assemblée spéciale pour l'Océanie du Synode des Evêques, nous nous joignons au grand hymne de louange qui s'élève sans cesse du coeur de l'Eglise vers la Très Sainte Trinité.

J'aurais aimé visiter l'Océanie une fois de plus, afin de présenter les fruits du travail du Synode, l'Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Oceania. Mais cela n'a pas été possible! Alors, le Pacifique vient à l'Evêque de Rome, et "dans le coeur du Christ" (Ph 1,8), je vous salue, ainsi que tous ceux que vous représentez. En vous, je vois l'océan infini scintillant sous le soleil; la Croix du Sud brillant sous le ciel étoilé; les îles, grandes et petites; les villes et les villages, les plages et les forêts. Mais, par-dessus tout, je vois en vous les peuples qui sont la véritable richesse de l'Océanie: les Mélanésiens, les Polynésiens et les Micronésiens, dans leur splendide diversité; les Maoris de Nouvelle-Zélande; les nombreux immigrants qui ont fait de l'Océanie leur patrie. Dans la splendide symphonie de l'Océanie, nous entendons, pour ainsi dire, "la voix de Yahvé sur les eaux, le Dieu de gloire tonne; Yahvé sur les eaux innombrables, voix de Yahvé dans la force, voix de Yahvé dans l'éclat" (Ps 29 [28], 3-4).


2. L'Assemblée spéciale a été une expérience d'intense communion, et l'une de ses nombreuses grâces a été que tous les évêques ont pu y prendre part. Les Pères du Concile Vatican II - et j'étais l'un des leurs - ont été marqués pour toujours par l'expérience de la communion dans cet événement qui a été sans aucun doute la grande grâce dont l'Eglise a bénéficiée au XXème siècle (cf. Novo millennio ineunte NM 57). Au cours de l'Assemblée spéciale pour l'Océanie, une nouvelle génération d'évêques qui n'ont pas été au Concile ont pu avoir une idée de son extraordinaire atmosphère, et ont donc été mieux préparés pour mettre en place son enseignement, comme toute l'Eglise doit le faire plus courageusement que jamais tandis que nous entrons dans le nouveau millénaire. Loin d'avoir épuisé son potentiel, le Concile Vatican II demeure la lumière qui oriente le pèlerinage de l'Eglise.

Tout comme le grand Jubilé, qu'elle a préparé, l'Assemblée spéciale a été à la fois "mémoire du passé [et] prophétie de l'avenir" (Ibid., NM NM 3). Ensemble, nous nous sommes penchés sur l'histoire de l'évangélisation en Océanie, et nous avons remercié le Père de toutes les miséricordes pour le travail magnifique des premiers missionnaires, et pour l'accueil que les peuples d'Océanie ont réservé au Seigneur Jésus lui-même, "suivre son chemin, proclamer sa vérité et vivre sa vie". Nous avons entendu l'histoire du développement remarquable de l'Eglise dans vos pays, en reconnaissant avec une profonde gratitude que c'est "Dieu qui donne la croissance" (cf. 1Co 3,7). Le Synode s'est réjoui des innombrables signes de sainteté et de justice présents parmi les peuples d'Océanie, un signe du printemps de foi auquel nous aspirons et oeuvrons.

Mais nous avons également reconnu que les nombreux défis auxquels doivent faire face les peuples d'Océanie en ce moment exhortent l'Eglise à engager les peuples du Pacifique avec une vigueur et une conviction renouvelées. Le Synode a entendu des récits de crises économiques, d'instabilité politique, de corruption, de conflits ethniques, d'érosion des formes traditionnelles d'organisation sociale, d'écroulement de la loi et de l'ordre, de menace du réchauffement de la planète et, en particulier dans les sociétés les plus riches, de crise de sens véritablement spirituelle, qui se manifeste toujours plus clairement dans l'atteinte au respect de la vie humaine. Pourtant, les Evêques n'ont en aucun cas été découragés par cela. Au contraire, il est devenu clair au fur et à mesure des travaux de l'Assemblée que l'Esprit Saint appelle l'Eglise qui est en Océanie à entreprendre la grande tâche de la nouvelle évangélisation. Dans ce sens, le Synode est devenu "une prophétie pour l'avenir" et les évêques se sont sentis toujours plus profondément les "serviteurs de l'Evangile de Jésus-Christ pour l'espérance du monde", cet espoir dont la récente dixième Assemblée du Synode des Evêques a parlé de façon si éloquente.


Le Saint-Père a ensuite poursuivi en français:

3. Cette nouvelle aventure missionnaire s'enracine dans "la contemplation du visage du Christ", qui est le coeur du riche héritage que l'expérience du grand Jubilé nous a légué (cf. Novo millennio ineunte NM 15). Puisse-t-il y avoir chez tous les baptisés, en tout point de l'Océanie, un grand et nouvel élan de contemplation ! Que les habitants du Pacifique redisent sans cesse: "C'est ta face, Seigneur, que je cherche" (Ps 26,8)! Qu'ils proclament toujours joyeusement avec l'Evangile: "Nous avons vu le Seigneur" (Jn 20,25)! Des profondeurs de la contemplation jaillit cette spiritualité et cette expérience de communion que les Evêques ont tellement soulignées à l'occasion de l'Assemblée spéciale. Ayant apporté avec eux le riche éventail de leurs expériences et de leurs trésors culturels, ils ont été fortifiés en retour par le lien de la communio, au niveau local et universel. Elle fut pour eux source de profond renouvellement et d'encouragement pour l'avenir (cf. Ecclesia in Oceania, n. 9). La communion est la matrice de la mission; elle donnera les énergies nécessaires à la nouvelle évangélisation. Puisse l'Eglise dans vos pays faire preuve d'une ingéniosité et d'un courage toujours plus grands alors qu'elle s'élance à nouveau dans les profondeurs du Pacifique! Car le commandement du Seigneur est clair : "Duc in altum !" (Lc 5,4).


4. Chers Frères et Soeurs, alors que vous vous engagez sur les flots de l'avenir, vous n'êtes pas seuls. L'Eglise universelle vous accompagne. Cette "foule immense de témoins" (He 12,1), qui constitue la Communion des Saints, vous entoure. Les saints de l'Océanie, reflets de la gloire de Dieu "qui rayonne sur le visage du Christ" (2Co 4,6), sont proches de vous en ce moment: saint Pierre Chanel, les bienheureux Diego Luis de San Vitores, Pedro Calungsod, Giovanni Mazzuconi, Mary MacKillop et Peter To Rot. Qu'ils ne cessent jamais d'intercéder pour les peuples parmi lesquels ils ont vécu et pour lesquels ils sont morts, brûlants d'amour! Au coeur de la Communion des Saints se trouve la Mère du Christ, Stella Maris, si vénérée par les peuples du Pacifique. Je lui confie tout spécialement l'Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Oceania. Que Marie, Secours des chrétiens et Reine de la Paix, et que tous les saints vous soutiennent, vous, Evêques, prêtres, religieux et fidèles laïcs, au moment où vous mettrez en oeuvre les enseignements et les indications de ce document dans les divers contextes de vos vastes territoires. En gage de grâce et de paix dans le Fils de Dieu, "qui tient les sept étoiles dans sa main droite" (Ap 2,1), je vous accorde une affectueuse Bénédiction apostolique.


AUX MEMBRES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU SALVADOR EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 23 novembre 2001



Chers frères dans l'épiscopat,

1. Je ressens une grande joie en vous recevant ce matin, à l'occasion de votre visite ad limina à travers laquelle vous renouvelez les liens de communion de vos Eglises locales avec l'Evêque de Rome. Je vous salue tous avec une grande affection et je vous demande de vous faire les interprètes de mon estime et de ma proximité auprès du bien-aimé peuple du Salvador, que vous servez avec amour, générosité et dévouement, en gardant à l'esprit le témoignage de l'Apôtre Paul dans son service à la communauté de Corinthe: "Je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes" (2Co 12,15).

Je remercie Mgr Fernando Sáenz Lacalle, Archevêque de San Salvador et Président de la Conférence épiscopale, des paroles qu'il m'a adressées pour me renouveler votre adhésion et me faire part de l'esprit avec lequel vous exercez votre ministère pastoral. Quant à moi, je vous manifeste en retour mon estime pour l'oeuvre que, avec l'aide de Dieu et la collaboration de nombreux serviteurs de l'Evangile, vous accomplissez dans vos diocèses.


2. Dans les rapports que vous avez présentés et dans les rencontres que j'ai eues avec chacun de vous, j'ai observé le processus que l'Eglise conduit dans votre pays. En vous quittant, au terme de ma deuxième visite pastorale, je vous ai dit: "Je pars en ayant une grande confiance dans cette terre bien-aimée; vivez à la lumière de la foi, avec la force de l'espérance et la générosité de l'amour fraternel" (Discours à l'aéroport de San Salvador, n. 5; cf. ORLF, n. 9 du 27 février 1996). J'avais à l'esprit les aspirations et les espérances de ce peuple bien-aimé que j'ai pu connaître et apprécier plus profondément, un peuple qui avait souffert au cours des dures années de guerre fratricide, dont l'issue avait été positive et qui prenait de façon décidée le chemin de son développement, afin d'édifier un avenir serein et solidaire pour ses enfants, qui aiment et qui désirent la paix.

Continuez à rester aux côtés de votre peuple en tant que ministres de la réconciliation, afin que le troupeau qui vous a été confié, en surmontant les difficultés du passé, s'achemine le long des voies de la concorde et de l'amour sincère entre tous, sans exception. Vous savez bien que l'avenir du pays doit se construire dans la paix, dont le fruit est la justice (cf. Jc Jc 3,18). En suivant ce chemin, les nombreux efforts accomplis depuis la signature des Accords de Paix de 1992, par lesquels se conclurent les terribles années de guerre civile, ne disparaîtront pas. Contribuez à édifier une société qui favorise la concorde, l'harmonie et le respect pour la personne et pour chacun de ses droits fondamentaux. Grâce à votre parole courageuse et opportune, et en ayant toujours à l'esprit les exigences du bien commun, vous devez encourager chacun, à commencer par les responsables de la vie politique, administrative et juridique de la nation, à promouvoir de meilleures conditions de vie, de travail et de logement.


3. On connaît bien le courage, la force morale et l'esprit de sacrifice des Salvadoriens face à l'adversité. Ils en ont donné la preuve à l'occasion de l'ouragan Mitch et des deux tremblements de terre que, à un mois d'intervalle, ils ont subis au début de cette année. A cette occasion, j'ai immédiatement manifesté ma proximité, en appelant à la solidarité et à des aides pour les victimes de ces terribles catastrophes naturelles qui ont contraint de nombreux Salvadoriens à vivre dans des conditions précaires et qui ont endommagé de nombreuses infrastructures.

Bien qu'une aide extérieure soit évidemment nécessaire face à l'ampleur du phénomène, il faut se rappeler que les Salvadoriens, avec les grandes qualités qui les distinguent, doivent être eux-même les acteurs et les principaux artisans de la reconstruction du pays, en s'engageant, à travers leurs efforts et leur constance, à surmonter cette situation si difficile, aggravée, entre autres choses, par la pauvreté extrême d'un grand nombre, par le chômage et le manque de logements décents. Dans cette tâche, il faut souligner l'action de la Caritas, qui entend apporter une réponse à ces besoins.

4. Vous vous proposez, comme objectif principal de votre action pastorale, de donner une impulsion à l'évangélisation et de la vivifier. En effet, l'une des fonctions les plus importantes de l'Evêque est celle de développer la foi des fidèles, en faisant mûrir en eux les enseignements de l'Evangile à travers la prédication fidèle du mystère du Christ, afin qu'ils puissent ainsi glorifier Dieu et suivre le chemin vers le bonheur éternel (cf. Christus Dominus CD 12).

A notre époque, où les moyens de communications modernes diffusent sans cesse des nouvelles très différentes et où le coeur et l'esprit sont attirés par de nombreuses nouveautés, il est nécessaire de donner à la Parole de Dieu et à son annonce la place primordiale et privilégiée qui leur revient. Lorsque le croyant accueille Jésus-Christ et sa Parole, en la mettant en pratique, il atteint alors véritablement sa plénitude, comme Pierre le confesse devant Jésus: "Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle" (Jn 6,68). C'est pourquoi il est d'une importance capitale que ne viennent jamais à manquer le ministère de la prédication, la catéchèse et l'enseignement, afin que tous les fidèles "aient la vie et l'aient surabondante" (cf. Jn 10,10).

L'annonce de la Parole prend une importance particulière lorsqu'elle est proclamée dans le cadre de la liturgie, car le Christ "est présent dans sa parole, car c'est lui qui parle tandis qu'on lit dans l'Eglise les Saintes Ecritures" (Sacrosanctum Concilium SC 7). Toutefois, l'action de l'Eglise ne se limitant pas à la liturgie, il faut annoncer la Parole avec persévérance et par tous les moyens, afin que le message de salut parvienne aux croyants, comme aux non-croyants. Les moyens de communication sociale dont on dispose aujourd'hui pour communiquer doivent également être utilisés pour évangéliser et catéchiser, dans le but de profiter de leur immense potentiel afin de mieux accomplir le mandat de Jésus de faire parvenir la Bonne Nouvelle à toutes les créatures (cf. Mc 16,15). Je vous encourage donc à développer ces moyens à votre disposition et à les placer au service de la diffusion de l'Evangile. A travers ces derniers, le message de salut peut atteindre chacun, dans les situations les plus diverses et dans les lieux les plus difficiles d'accès.

5. Les prêtres sont les collaborateurs directs de l'évêque; ils président en son nom les diverses communautés de l'Eglise particulière, les alimentent par le Pain de la Parole et de l'Eucharistie, célèbrent les sacrements et, en étant proches de tous, doivent être l'image et l'expression de la présence vivante de Jésus-Christ, le Bon Pasteur, au milieu de son peuple. Afin de pouvoir vivre avec joie et sérénité le mystère qui leur a été confié dans l'ordination sacerdotale, ils doivent conserver la grâce qui leur a été accordée avec zèle et intensité. Dans ce but, vous devez toujours encourager vos prêtres à être des hommes de prière assidue et fréquente, car "dans la prière se développe ce dialogue avec le Christ qui fait de nous ses intimes" (Novo millennio ineunte NM 32), qui nous fait pénétrer en profondeur le mystère de Dieu et qui remplit l'existence d'espérance face aux défis du moment présent, qui revêtent souvent une intensité particulière pour le prêtre.

Le prêtre doit être disponible pour tous, savoir écouter, suivre la croissance de ses frères dans la foi et être une source de consolation pour les personnes qui souffrent et les affligés, étant à chaque instant le témoin des valeurs du Royaume, dans la mesure où il doit être disposé à accomplir un grand nombre de sacrifices afin qu'apparaisse l'essentiel face à l'éphémère. En définitive, il doit toujours être et se présenter comme celui qu'il est, un ministre de Jésus-Christ et de sa grâce.

Le lien étroit qui unit les prêtres à leur évêque exige que vous soyez toujours proches et attentifs à l'égard de chacun d'eux, afin qu'ils vous considèrent comme de vrais pères et maîtres. En vous appuyant sur le charisme de votre ministère épiscopal, aidez-les dans toutes leurs nécessités, encouragez-les à persévérer sur le chemin de l'authentique sainteté sacerdotale et de la charité pastorale. Offrez-leur les moyens les plus adaptés pour pouvoir poursuivre leur formation et pour développer les vertus nécessaires à leur état, ainsi que pour affronter avec sérénité et courage les difficultés qui peuvent se présenter à eux.


6. Préoccupés par le petit nombre de personnes consacrées à la mission, je sais que vous vous efforcez de promouvoir et de suivre avec attention la pastorale des vocations, si nécessaire au développement de la vie de l'Eglise. Sur ce chemin, il faut tout d'abord avoir recours à une prière assidue, car c'est le Seigneur lui-même qui nous ordonne de lui demander d'envoyer de nouveaux ouvriers à sa moisson (cf. Mt 9,38). En outre, il est nécessaire d'organiser une pastorale des vocations effective, vaste et ramifiée, dans les paroisses, dans les mouvements, dans les collèges et dans les familles, de façon à ce que les jeunes connaissent les valeurs et les exigences du Royaume de Dieu et puissent répondre, lorsqu'on leur demande le don complet d'eux-mêmes et de leurs propres forces pour la cause de l'Evangile.

A ce propos, le témoignage de vie des prêtres et des personnes consacrées est également important; un témoignage qui doit être enraciné et éloquent afin de pousser d'autres personnes, jeunes et moins jeunes, à vouloir suivre ce chemin, comme l'a indiqué saint Paul: "Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ" (1Co 11,1).

7. La célébration de l'Eucharistie, dans un monde si souvent victime de divisions et de déséquilibres, consolide la communion et l'espérance, est source d'harmonie et de paix, et a pour conséquence que tous se sentent membres d'une même famille où l'on reconnaît à chacun sa propre dignité. Il faut donc promouvoir la pratique de la messe dominicale, car, dans le processus de renforcement de la foi, l'Eucharistie est le moment privilégié de la rencontre avec Jésus-Christ vivant. En vous rappelant que la messe dominicale doit être un engagement et une pratique constante de tous les fidèles, ne cessez pas de vous engager aux côtés de vos prêtres pour promouvoir cet aspect si important de la vie ecclésiale, comme je l'ai recommandé dans la Lettre apostolique Dies Domini (cf. chapitre II). Plus récemment, j'ai également souligné qu'il faut donner "une importance particulière à l'Eucharistie dominicale et au dimanche lui-même, entendu comme jour particulier de la foi, jour du Seigneur ressuscité et du don de l'Esprit, vraie Pâque hebdomadaire" (Novo millennio ineunte NM 35).

Dans la vie ecclésiale de votre pays, comme vous le soulignez dans vos rapports quinquennaux, la dévotion eucharistique est très répandue; vous indiquez que dans presque toutes les paroisses l'on célèbre, en particulier le jeudi, l'adoration du Très Saint Sacrement. Je me réjouis du fait que cette pratique soit conservée parmi les fidèles, car on proclame ainsi ouvertement non seulement la foi dans la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie, mais on accroît également l'union et la confiance en Celui qui a promis d'être avec les siens "pour toujours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20).


8. L'une des urgences de notre époque, comme je l'ai souligné dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, est l'attention à l'égard de la famille, car l'on enregistre "une crise diffuse et radicale de cette institution fondamentale" (NM 47), en raison des graves menaces qui lui portent aujourd'hui atteinte: les ruptures des mariages, la plaie de l'avortement, la mentalité de la contraception, la corruption morale, les infidélités et les violences domestiques, des facteurs qui mettent en danger la famille, cellule primordiale de la société et de l'Eglise.

Dans le mariage, élevé par le Seigneur à la dignité de sacrement, s'exprime non seulement le grand mystère de l'amour sponsal du Christ pour son Eglise (cf. Ep 5,32), mais, selon le dessein de Dieu, l'homme et la femme accomplissent également la vocation conjugale et collaborent avec Lui à la création. Une solide préparation de ceux qui s'apprêtent à contracter un mariage et une véritable assistance aux familles chrétiennes permettront d'offrir des exemples convaincants de la façon dont doit être la famille et de son rôle irremplaçable dans la société et dans l'Eglise. Il faut donc former les jeunes appelés au mariage, ainsi que les familles déjà constituées, afin qu'ils refusent les pressions d'une culture contraire au mariage et à l'institution familiale, de façon à vivre selon le dessein de Dieu et les véritables et authentiques exigences de l'homme et de la femme. L'humanité investit beaucoup dans l'institution familiale et elle risque d'hypothéquer son avenir si elle ne la défend pas et ne la promeut pas comme il se doit. On ne peut pas céder à des modes et à des théories qui, sous une apparence de fausse modernité et de progrès, se retournent ensuite contre l'homme et provoquent de nombreuses victimes, à commencer par les enfants ou les conjoints abandonnés.


9. Les laïcs sont appelés à jouer un rôle d'une importance primordiale face aux défis que leur lancent le présent et l'avenir du Salvador. Dans la mesure où ils vivront toujours plus ouverts à la présence de la grâce au plus profond de leur coeur, les laïcs chrétiens seront davantage capables d'offrir à leurs frères le témoignage d'une vie renouvelée, ils auront la liberté et la force d'esprit nécessaires pour transformer les relations sociales et la société elle-même selon le dessein de Dieu.

Pour rendre les valeurs de l'Evangile présentes dans le monde, les chrétiens ont besoin d'être fermement enracinés dans l'amour de Dieu et dans la fidélité au Christ. C'est pourquoi je désire vous exhorter à intensifier vos efforts pour former un laïcat adulte, qui collabore activement à la vie et à la mission de l'Eglise; dans ce but, des organismes comme l'Institut supérieur de catéchèse, à San Salvador, sont utiles, offrant une préparation adaptée aux catéchistes. Dans cette oeuvre de formation, je vous encourage également à prêter une attention particulière aux jeunes qui, en raison de leur situation, se trouvent plus facilement exposés aux dangers et aux séductions de voies faciles et illusoires. Présentez-leur, dans toute leur authenticité et leur richesse, les idéaux élevés de la vie et de la spiritualité chrétienne, afin qu'ils apprennent les valeurs et les modèles de comportement les plus aptes à affronter les défis du présent.


10. En concluant cette rencontre, je désire vous exprimer ma gratitude pour le travail inlassable que vous accomplissez dans tous les milieux de l'action pastorale. Je vous encourage à poursuivre avec une espérance renouvelée la tâche de guider le Peuple de Dieu qui vous a été confié vers l'objectif de la patrie céleste, à travers l'exercice de votre ministère apostolique, en offrant également ainsi un excellent service à toute la communauté nationale. Transmettez mon salut affectueux et ma bénédiction à tous vos prêtres, religieux, religieuses et fidèles, en particulier à ceux qui collaborent avec un plus grand dévouement à l'oeuvre d'évangélisation et à ceux qui souffrent, quel qu'en soit le motif, et qui pour cette raison occupent une place particulière dans le coeur du Pape. On célèbre au cours de ces journées la fête de Notre-Dame Reine de la Paix, Patronne du Salvador. En invoquant sa protection maternelle, je lui demande d'intercéder pour la sainteté de tous les fidèles, pour le bien-être des familles et pour la prospérité de votre pays dans la justice et la paix et, dans le même temps, je vous donne à tous de tout coeur ma Bénédiction apostolique.

    

Discours 2001 -   MESSAGE AU CARDINAL WALTER KASPER, PRÉSIDENT DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L'UNITÉ DES CHRÉTIENS À L'OCCASION DE LEUR ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE