Discours 2002 - Samedi 13 avril 2002


AUX PÈLERINS RÉUNIS POUR LA BÉATIFICATION DE SIX SERVITEURS DE DIEU

Lundi 15 avril 2002



Très chers frères et soeurs!

1. Au lendemain de la proclamation de six nouveaux bienheureux, je suis heureux de vous rencontrer à nouveau, vous tous qui êtes venus à Rome pour participer à cette célébration ecclésiale solennelle. Dans ce climat de fête, en harmonie avec la joie pascale, nous voulons nous arrêter une nouvelle fois pour contempler les oeuvres merveilleuses accomplies par le Seigneur à travers la vie et l'activité des nouveaux bienheureux: Gaetano Errico, Lodovico Pavoni, Luigi Variara, María Romero, Artemide Zatti et María du Trépas de Jésus Sacrement. Nous voulons en approfondir la spiritualité et en accueillir l'exemple, pour les suivre sur le chemin vers la sainteté.

2. Je m'adresse en particulier à vous, très chers Missionnaires des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie, et à ceux qui partagent la joie de la béatification de Gaetano Errico, apôtre de l'amour miséricordieux de Dieu et martyr du confessionnal.

Combien notre époque a besoin qu'on lui annonce la tendresse et le pardon de Dieu envers les pécheurs, en particulier à travers le sacrement de la pénitence! Dans le secret du confessionnal, un important ministère est confié aux prêtres, comme j'ai voulu le rappeler dans la Lettre que j'ai adressée à tous les prêtres à l'occasion du Jeudi saint. "Le Bon Pasteur, leur ai-je écrit, à travers le visage et la voix du prêtre, se fait proche de chacun, pour ouvrir avec lui un dialogue personnel fait d'écoute, de conseil, d'encouragement, de pardon" (n. 9; cf. ORLF n. 13 du 26 mars 2002).

Aux Jansénistes, qui insistaient trop sur la justice de Dieu, répandant dans les âmes peur et malaise, Gaetano Errico opposait l'annonce de la miséricorde divine. Il ne se lassait pas d'exhorter les prêtres: "Si des âmes arrivent emplies de nombreuses fautes, aidez-les à se relever, encouragez-les à la confiance, dites-leur que le Seigneur les pardonnera toutes, si elles se repentent de tout coeur". Combien cet amour miséricordieux de Dieu, qui encourage à vaincre le mal, la souffrance, l'injustice et le péché, parle encore aujourd'hui au coeur de l'homme!


3. Mon souvenir cordial s'adresse en outre à vous, très chers Fils de Marie Immaculée, qui vous réjouissez avec toute la communauté ecclésiale pour la béatification de votre fondateur, Lodovico Pavoni. Le nouveau bienheureux, fidèle à la tradition séculaire de la ville de Brescia, sut élaborer une méthode éducative qui se fonde sur des moyens propres à la pédagogie préventive, tels que la religion et la raison, l'amour et la douceur, la vigilance et la connaissance.

Il réussit à mettre sur pied un modèle d'instruction et d'insertion dans le monde du travail, qui annonçait les écoles d'apprentissage modernes, en introduisant des réformes qui anticipaient de manière prophétique la doctrine sociale de l'Eglise, exprimée ensuite dans l'Encyclique Rerum novarum de Léon XIII. Mais quel fut le secret d'une activité si intense? Lui-même le rappelle: "Dans la foi mûrement méditée, la volonté et le coeur trouvent un appui extrêmement sûr, en mettant toute notre confiance en Dieu. La ferme espérance assure l'humilité vraie... La charité bien entretenue dans le coeur, fera sentir avec vivacité l'intérêt pour Dieu et pour le prochain".

4. Je suis également content de saluer les pèlerins italiens, venus à Rome pour la béatification de dom Luigi Variara et du Coadjuteur salésien Artemide Zatti. Je m'unis à la joie des paroisses de Viarigi, dans le diocèse d'Asti, et de Boretto, dans le diocèse de Reggio Emilia, pour l'exaltation des enfants de leurs terres.


5. Je salue à présent avec beaucoup d'affection les pèlerins d'Amérique latine, en particulier du Costa Rica, du Nicaragua, de Colombie et d'Argentine, venus participer avec joie à la cérémonie solennelle de béatification du R.P. Luigi Variara, de Soeur María Romero et d'Artemide Zatti, tous les trois salésiens, et de Mère María du Trépas de Jésus Sacrement Cabanillas, de nationalité argentine et fondatrice des Soeurs tertiaires missionnaires franciscaines.

La grande famille salésienne compte maintenant trois nouveaux noms dans la liste des saints et des bienheureux salésiens.

Leur vie n'est pas restée cachée entre les murs de leur communauté religieuse. Elle s'est manifestée à travers leurs oeuvres et a rejoint celles de beaucoup d'hommes et de femmes, enfants et jeunes, qui les ont connus et ont bénéficié de leur travail apostolique, inspiré des enseignements de dom Bosco.

Le R.P. Luigi Variara nous présente le charisme salésien, auquel il fut toujours fidèle, enrichi d'une nouvelle dimension, précisément celle de fondateur des Fils des Sacrés-Coeurs de Jésus et Marie, dans l'intention d'apporter un réconfort aux plus marginalisés, quelquefois même oubliés, de la société. Sa vie est une invitation à tendre une main à tous, à ne mépriser personne, à être accueillant. Aujourd'hui, la Colombie, où il a vécu et donné le meilleur de lui-même avec l'assistance de la grâce de Dieu, peut puiser dans l'exemple de ce témoin de Jésus-Christ une aide pour surmonter la situation difficile qu'elle est en train de vivre depuis de nombreuses années et s'acheminer vers une société plus fraternelle et plus solidaire.

6. Le coadjuteur Artemide Zatti trouva sur les terres de Viedma, par son activité joyeuse et incessante en faveur des malades, la miséricorde que Jésus nous a invités à pratiquer: j'étais "malade et vous m'avez visité" (Mt 25,36). Son caractère jovial et ses compétences particulières, unis à une disponibilité sans limite, lui ont valu la sympathie et l'appréciation de ses contemporains, qui doit aujourd'hui se poursuivre à travers la capacité à imiter son puissant exemple, en favorisant chez toutes les personnes qui travaillent dans le domaine de la santé un sens renouvelé du service au malade, mettant au premier plan chez celui-ci sa nature de personne, dotée de droits inaliénables.

Ce qui retient l'attention chez Soeur María Romero, c'est son service en faveur des plus pauvres,  accompli avec créativité et efficacité. Les oeuvres qu'elle a fondées pour promouvoir la vie chrétienne des personnes les plus en difficultés et soulager la situation de nécessité vécue par beaucoup d'habitants de San José et de sa périphérie, existent encore aujourd'hui et continuent à être un motif de juste espérance à travers des gestes de solidarité envers les plus pauvres. Que ce service, qui fait tant honneur à l'Eglise du Christ, ne vienne jamais à manquer.

7. La grande ville de Córdoba, en Argentine, a été le témoin privilégié de la sainteté de la vie de la bienheureuse Mère María du Trépas de Jésus Sacrement Cabanillas. Sa vie est un hymne aux merveilles que Dieu accomplit dans les événements communs de la vie quotidienne. Sans manifestation spectaculaire, cette nouvelle bienheureuse a parcouru le chemin de la sainteté en étant toujours attentive à la proximité de Jésus et à son invitation à le suivre jusqu'au bout.

Après avoir sérieusement réfléchi sur ce que Dieu attendait d'elle, elle a découvert sa vocation franciscaine et l'inspiration pour un projet de vie religieuse dont l'objectif était d'aider les femmes à croître dans l'expérience de la foi. Elle sut être aussi ferme que patiente et compréhensive, sut embrasser la croix dans les difficultés et garder un silence humble même quand pesaient sur elle de graves humiliations et du mépris. Que son témoignage serve d'exemple à beaucoup de ses compatriotes qui, en ce moment, doivent vivre avec enthousiasme leur vie de chrétiens et de citoyens, sans tomber dans les tentations du découragement, ou pire encore, de l'esprit de rivalité ou de revanche.


8. Très chers frères et soeurs, quelle compagnie splendide nous offre le Seigneur avec ces nouveaux bienheureux! Tout en admirant ces exemples de sainteté, efforçons-nous de suivre leurs traces, pour être à notre tour des témoins courageux de l'Evangile.

Que la Vierge Marie, Mère de l'Eglise et Reine de tous les Saints, vous guide et vous protège toujours sur votre route. Que vous accompagne aussi ma Bénédiction, que je vous donne avec affection, à vous tous ici présents, à vos familles et vos communautés d'origine, ainsi qu'à tous ceux qui vous sont chers.



AUX ÉVÊQUES DU NIGERIA EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Samedi 20 avril 2002



Chers frères dans l'épiscopat,

1. Je vous salue avec affection, Evêques du Nigeria, à l'occasion de votre pèlerinage à Rome pour votre visite ad limina Apostolorum. C'est véritablement une grande joie pour moi de vous souhaiter la bienvenue et d'embrasser, à travers vous, tous les fidèles de vos communautés locales, dont je me rappelle avec affection dans le Seigneur et qui sont toujours dans mes prières. En effet, votre présence évoque en moi les vifs souvenirs de ma visite dans votre pays il y a quatre ans, lorsque Dieu tout-puissant m'a accordé le privilège de béatifier le Père Cyprian Michael Iwene Tansi dans sa patrie. En confiant vos communautés locales à l'intercession du bienheureux Cyprian Michael, je prie pour vous, pasteurs du saint Peuple de Dieu, et pour les prêtres, les religieux et les laïcs confiés à votre sollicitude pastorale. Ma prière pour vous est que "Dieu vous rende dignes de son appel, qu'il mène à bonne fin par sa puissance toute intention de faire le bien et toute activité de votre foi; de la sorte, le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous, et vous en lui" (2Th 1,11-12).


2. Votre pays est orgueilleux de posséder la plus grande communauté catholique de toute l'Afrique et le nombre de ceux qui s'unissent jour après jour au Seigneur s'accroît constamment. "C'est là l'oeuvre de Yahvé, ce fut merveille à nos yeux" (Ps 118,23). Vous êtes en outre bénis par de nombreuses vocations au sacerdoce et à la vie religieuse, qui vous permettent également d'envoyer des missionnaires dans d'autres pays africains. Votre générosité à cet égard doit être louée et encouragée: Dieu "vous fournira la semence à vous aussi, et en abondance, et il fera croître les fruits de votre justice [...]. Car le service de cette offrande ne pourvoit pas seulement aux besoins des saints; il est encore une source abondante de nombreuses actions de grâce envers Dieu" (2Co 9,10 et 12).

Sous votre direction, l'Eglise est également activement engagée dans la vie nationale nigérienne, exhortant constamment à la solidarité et à l'exercice des responsabilités civiles, afin de surmonter les tensions et les conflits à travers le dialogue et la réconciliation. Ces efforts prennent toujours plus d'importance, alors que le Nigeria poursuit son chemin de transition pour passer d'une autorité militaire à un gouvernement démocratique, et en particulier à la lumière des récents actes de violence qui ont eu lieu dans diverses parties du pays. Dans ce contexte, ainsi que dans d'autres circonstances de la vie quotidienne, ordinaires ou extraordinaires, l'Eglise doit demeurer libre de poursuivre sa mission spirituelle, qui comprend ses activités dans les milieux du ministère apostolique, de l'éducation, de la santé et du développement humain et social. A ce propos, votre Plan pastoral national pour le Nigeria de 1997, avec des modifications et des mises à jour nécessaires, demeure un cadre excellent pour poursuivre le travail de l'Eglise.



3. Comme un grand nombre d'entre vous l'ont signalé dans leurs rapports, la persistance d'une pauvreté largement répandue, souvent extrême, et la diffusion de l'indifférence morale et éthique, qui entraîne la criminalité, la corruption et les attaques à la sainteté de la vie elle-même, forment le contexte dans lequel l'Eglise accomplit sa mission. C'est pour cette raison qu'il est particulièrement nécessaire d'intensifier les efforts afin d'offrir aux fidèles des programmes de formation sérieux, qui les aident à approfondir la foi et la compréhension chrétiennes et qui leur permettent donc d'occuper la place qui leur revient, que ce soit dans l'Eglise du Christ ou dans la société.

La catéchèse complète et perfectionne l'annonce de la Bonne Nouvelle, en aidant la foi à mûrir et en éduquant les disciples de Christ à travers une connaissance profonde et systématique de la personne et du message du Seigneur (cf. Catechesi tradendae CTR 19). L'étude de la Bible, c'est-à-dire le contact direct avec le texte sacré de la Parole de Dieu, accompagnée par la prière pieuse (cf. Dei Verbum DV 25) et soutenue par une exposition claire de la doctrine, comme dans le Catéchisme de l'Eglise catholique, aura en outre pour effet que les hommes et femmes laïcs soient forts dans leur foi et préparés à répondre à ses exigences, en chaque circonstance de leur vie et de leur activité. Un grand nombre de vos fidèles laïcs répondent déjà de manière positive au défi de jouer un rôle actif dans la vie publique, y compris dans la vie politique. Votre engagement inlassable à ce propos devrait leur permettre d'être vraiment "sous la conduite de l'esprit évangélique" et de "travailler comme du dedans à la sanctification du monde, à la façon d'un ferment" (Lumen gentium LG 31).


4. Alors que les membres de vos Eglise locales seront affermis et confirmés dans la vérité révélée, ils seront également affermis dans leur identité catholique. Ils seront aussi capables de répondre aux objections soulevées toujours plus fréquemment par des sectes et par de nouveaux mouvements religieux, très nombreux dans votre pays. La catéchèse est particulièrement importante pour les jeunes, pour lesquels une foi éclairée constitue une lumière guidant leur chemin vers l'avenir. Ce sera en outre la source de leur force, lorsqu'ils affronteront les incertitudes d'une situation économique en constante évolution. C'est pourquoi il est très important que les programmes pastoraux qui s'adressent de façon spécifique aux enfants et aux jeunes occupent une place prioritaire dans tous vos plans pastoraux.

En outre, on renforcera ainsi la famille, qui est menacée dans ses aspects fondamentaux d'unité et de stabilité par des pratiques telles que la polygamie, le divorce, l'avortement et la prostitution, la diffusion d'une mentalité favorable à la contraception et par une activité sexuelle irresponsable, également cause de l'augmentation des cas de Sida. C'est pourquoi, oeuvrer pour aider les familles à vivre leur vie chrétienne fidèlement et généreusement comme d'authentiques "Eglises domestiques" (cf. Lumen gentium LG 11) demeure une priorité, car il existe encore la nécessité de réconcilier les pratiques traditionnelles avec l'enseignement de l'Eglise sur le mariage et la vie familiale. De même, vos programmes de soutien aux femmes, qui situent l'Eglise à la première place dans les mouvements visant à promouvoir un plus grand respect pour leur dignité et leurs droits, revêtent une importance toujours plus grande. Je désire également vous exhorter à rechercher les façons de rendre la participation de l'Eglise dans la lutte contre le Sida toujours plus active et visible.

5. La soumission ferme et humble à la Parole du Christ, telle qu'elle est proclamée authentiquement dans l'Eglise, constitue également la base pour votre relation avec les autres Eglises et Communautés ecclésiales, et pour le dialogue nécessaire avec les fidèles de la religion traditionnelle africaine et avec l'islam. Je suis heureux d'apprendre dans vos rapports que, malgré les difficultés, des progrès sont accomplis dans divers domaines du dialogue oecuménique et interreligieux. En effet, l'héritage culturel des nombreux groupes ethniques présents au Nigeria doit être vu comme une source d'enrichissement pour la nation et non comme un motif de conflit et de division. Je suis conscient qu'en vue des élections générales prévues pour l'année prochaine, vous cherchez à intensifier la coopération oecuménique et interreligieuse dans le but d'aider les hommes politiques, les chefs traditionnels et les guides religieux à travailler ensemble pour garantir un processus électoral libre, correct et pacifique.

A ce propos, je désire affronter une question importante qui est, je le sais, une source d'inquiétude profonde pour vous et votre peuple. Dans certaines parties du pays, les fidèles de l'islam agissent d'une façon toujours plus militante, au point d'arriver à imposer leur façon de comprendre la loi islamique à des Etats entiers de la Fédération nigérienne et de nier aux autres croyants la liberté d'expression religieuse. J'encourage et je soutiens avec vigueur chacun des efforts que vous accomplissez pour prendre position avec courage et avec force à ce propos: il faut rappeler aux chefs de gouvernement, local ou fédéral, ainsi qu'à toutes les personnes de bonne volonté de toutes les religions, l'obligation de chaque Gouvernement d'assurer que l'égalité de tous les citoyens devant la loi ne soit jamais violée pour des raisons de foi, de façon ouverte ou voilée. En conséquence, et également dans les cas où l'on accorde un statut juridique spécial à une religion particulière, il existe toujours le devoir de garantir que le droit à la liberté de conscience soit reconnu légalement et respecté réellement pour tous les citoyens, et également pour les étrangers qui résident dans le pays (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix, n. 1).



6. En prenant à présent en considération ceux qui collaborent en contact étroit avec vous dans le ministère pastoral, je désire encourager vos efforts pour assurer une formation toujours plus complète et permanente à vos prêtres. Vos relations avec eux doivent toujours être caractérisées par l'unité, la fraternité et l'estime. Tous ceux qui ont reçu le sacrement des Ordres sacrés ont été configurés au Christ Chef et Pasteur de l'Eglise. Ils doivent donc imiter son don total de soi pour le bien du troupeau et le progrès du Royaume. L'engagement à une conversion personnelle permanente représente une composante fondamentale de la vie et du ministère sacerdotal. Nous devons toujours raviver le don qui est le nôtre, le don de notre configuration sacramentelle au Christ.

Le sacerdoce ne doit jamais être vu comme un moyen pour améliorer sa propre vie ou pour acquérir un prestige. Les prêtres et les candidats au sacerdoces vivent souvent à un niveau matériel ou éducatif supérieur, par rapport à celui de leurs familles et des personnes de leur âge, c'est pourquoi il est très facile pour eux de céder à la tentation de se considérer meilleurs que les autres. Lorsque cela se produit, l'idéal du service sacerdotal et du dévouement total peut perdre de sa force, laissant le prêtre insatisfait et découragé.

C'est pour cette raison que votre vie et celle des prêtres doivent refléter une authentique pauvreté évangélique et un détachement des choses et des attitudes du monde, et que la valeur du célibat comme don total de soi au Seigneur et à son Eglise doit être respectée avec soin. Un comportement qui suscite le scandale doit être soigneusement évité, et vous devez personnellement examiner les accusations dénonçant un comportement de ce genre, en prenant des mesures strictes pour le corriger là où il est présent. Dans ce cas également, la formation dans les séminaires est très importante, car les convictions et la formation pratique donnée aux futurs prêtres sont fondamentales pour le succès de la mission de l'Eglise. En tant que pères authentiques, le renouvellement et la croissance spirituels de vos prêtres doit donc faire partie de vos priorités (cf. Optatam totius OT 22). En outre, un grand nombre de vos prêtres étant envoyés étudier à l'étranger, il est conseillé d'établir des limites de temps raisonnables pour qu'ils terminent leurs études et reviennent dans le diocèse. La même règle est valable pour les religieux et les religieuses qui vivent ou qui étudient à l'étranger: l'encouragement et le soutien que vous pouvez donner aux Supérieurs des communautés religieuses à ce sujet est également très important.


7. De fait, votre préoccupation et votre sollicitude pastorales concernent également les religieux et les religieuses de vos diocèses. Ils ont reçu une consécration spéciale qui doit être toujours plus approfondie. A travers la profession des conseils évangéliques de chasteté, de pauvreté et d'obéissance, ils témoignent du Royaume et édifient le Corps du Christ, en guidant les autres à la conversion et à une vie de sainteté. Ils doivent demeurer solidement enracinés dans le Christ, de façon à ce que les idéaux élevés de leur vocation restent vivants dans leur coeur et aux yeux des personnes pour lesquelles ils sont un signe spécial de la sollicitude pleine d'amour de Dieu. Votre rôle, alors que vous respectez et défendez la juste autonomie et le gouvernement interne des communautés religieuses sur votre territoire, est de conserver des liens étroits avec eux, en leur offrant tout le soutien possible afin qu'ils puissent rester fidèles au charisme de leurs instituts alors qu'ils collaborent avec vous, Pasteurs de l'Eglise, en accomplissant leur apostolat (cf. Mutuae relationes, n. 8).

La vie de chasteté, de pauvreté et d'obéissance embrassée de façon spontanée et vécue avec fidélité réfute la sagesse conventionnelle du monde et défie la vision de la vie communément acceptée. Le témoignage offert par les femmes et par les hommes consacrés peut transformer la façon de penser et d'agir d'une communauté, précisément à travers l'amour que les religieux nourrissent pour tous, leur choix des biens spirituels plutôt que matériels, leur service total et leur solidarité avec les indigents. Dans ce contexte, il est bon que vous manifestiez votre satisfaction et votre gratitude aux religieux et aux religieuses de vos diocèses, pour tout le bien qu'ils accomplissent à travers leurs prières et leurs activités dans les divers domaines de la vie pastorale locale.


8. Chers frères, pasteurs du saint Peuple de Dieu, il est très important que l'ouverture, l'honnêteté et la transparence soient toujours le signe qui caractérise tout ce que l'Eglise accomplit dans le domaine spirituel, éducatif et social, ainsi que dans tous les aspects de son administration. Dans un authentique esprit d'amour et de service envers l'Eglise et vos frères, vous avez la tâche de guider, de lancer des défis et d'unir tous ceux qui travaillent dans la vigne du Seigneur. Au début du troisième millénaire de l'ère chrétienne, il est bon de rappeler les paroles du Seigneur à propos de l'abondance des fruits qui seront récoltés à travers notre service pour l'Evangile (cf. Mt 9,37). Consacrons-nous avec une nouvelle vigueur à l'engagement de partager la lumière de la vérité avec tous les hommes et toutes les femmes.

Je prie afin qu'à travers votre pèlerinage sur les tombes des Apôtres Pierre et Paul, l'Esprit Saint de Dieu vous donne une force nouvelle pour l'oeuvre de la nouvelle évangélisation. Avec affection dans le Seigneur, je vous confie, ainsi que vos prêtres, vos religieux et les fidèles laïcs, à l'intercession du bienheureux Cyprian Michael Iwene Tansi et à la protection de Marie, Mère de l'Eglise et notre Mère. En gage de grâce et de paix dans le Seigneur ressuscité, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.



MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AU PRÉSIDENT DE L'UNION CATHOLIQUE DE LA PRESSE ITALIENNE




A Monsieur EMILIO ROSSI Président de l'Union catholique de la Presse italienne

1. Pour la conclusion de l'initiative "Jeunes et médias: cent rencontres", promue par l'Union catholique de la Presse italienne, dont vous êtes le Président, je suis heureux de vous adresser, ainsi qu'aux participants, mon salut cordial, uni à l'expression de ma plus vive satisfaction pour l'activité de votre association.

Les nombreuses rencontres sur le thème "Jeunes et médias", qui se sont tenues sous différentes formes dans beaucoup de villes italiennes, ont aidé les professionnels et les usagers des communications sociales à mieux percevoir à quel point la présence des médias dans la société est diffuse et toujours plus incisive. Cette présence pose de nouvelles questions et interpelle les familles, les éducateurs, les professionnels et ceux qui ont particulièrement à coeur l'avenir des nouvelles générations.


2. Il est indéniable que la diffusion rapide des médias a offert aux jeunes de plus vastes possibilités d'apprendre et d'élargir leurs connaissances. Il est juste de reconnaître et de valoriser ces éléments positifs, même si divers aspects problématiques sont en train d'apparaître, qu'il est opportun de mettre en évidence.

Assez fréquemment, la télévision devient pour les jeunes le principal point de référence, avec des valeurs et des fonctions qui ne sont pas adaptées, car elles exercent une influence négative sur leur développement, surtout quand son usage prolongé va pratiquement jusqu'à remplacer la présence des parents. Si tout le monde semble être d'accord pour affirmer que toute forme d'exploitation médiatique des mineurs doit être exclue, il faut toutefois reconnaître que les programmes qui leur sont destinés et qui répondent à leurs exigences sont peu nombreux. Il est donc urgent de mettre au point des programmes qui, dans le respect des dynamiques pédagogiques et des valeurs éthiques, tiennent compte de la sensibilité et des exigences éducatives des jeunes.


3. Il faut ensuite considérer que les mineurs, seuls ou aux côtés de leurs parents, suivent aussi les programmes de tous les jours. Les précautions adoptées pour signaler les types d'émissions sont sans aucun doute très utiles, mais elles ne peuvent en aucun cas servir d'alibi pour déléguer aux familles toute la responsabilité. En effet, il ne suffit pas d'établir des interdictions pour protéger des mineurs; il est plutôt nécessaire de proposer des produits médiatiques, et en particulier télévisés, qui n'aient pas besoin d'interdictions, et qui soient dans le même temps de meilleure qualité. Des programmes qui promeuvent la croissance de la personne, le sens du bien, et la capacité à affronter correctement, sans traumatisme ni déformation, même les aspects les plus difficiles de l'existence, sont nécessaires. Il est surtout urgent d'indiquer, à travers les médias, des valeurs et des modèles qui fassent émerger la vérité fondamentale sur l'être humain, et sur les grandes questions qu'il se pose. Parmi celles-ci, il faut en particulier signaler les vérités religieuses, en mesure de fournir des réponses adaptées aux interrogations les plus profondes, qui accompagnent la croissance et le développement de la personne.


4. Au début de mon Pontificat, dans le contexte de l'Année internationale de l'Enfance, j'affirmai que les possibilités et les moyens dont disposent les adultes à cet égard sont immenses. Les adultes sont en mesure d'éveiller l'esprit des enfants à l'écoute, ou de l'endormir jusqu'au point - Dieu les en garde - de l'intoxiquer irrémédiablement (cf. Message pour la Journée mondiale des Communications sociales 1979, in Insegnamenti, II [1979], n. 1193; cf. ORLF n. 22 du 29 mai 1979). C'est une responsabilité extrêmement grave, à laquelle on peut appliquer les paroles les plus sévères prononcées par le Christ, précisément pour mettre en garde contre le risque de scandaliser les petits et les faibles (cf. Mt 18,6).

Prêter attention aux jeunes dans le domaine des médias est donc l'un des principaux modèles de civilisation et de progrès à suivre; il s'agit d'un devoir exaltant auquel chacun doit contribuer selon son rôle et ses compétences spécifiques. C'est un devoir qui fait partie de cette pédagogie sociale à travers laquelle on peut former les nouvelles générations, en les aidant à exprimer pleinement le bien qui est dans leur coeur, sans jamais l'entacher ou le rendre aride.

De ce point de vue, les potentialités des nouveaux médias, comme internet et les technologies multimédias, de plus en plus répandues et interactives, sont extraordinaires, mais exigent des compétences supplémentaires et une prise de responsabilité de la part des organismes chargés des garanties sociales. Avec leur arrivée, nous nous trouvons face à un "seuil décisif", comme j'ai voulu le rappeler dans mon Message pour la XXXVIème Journée mondiale des Communications sociales (cf. ORLF n. 5 du 29 janvier 2002), que nous célébrerons le 12 mai prochain, et qui sera précisément consacrée au thème: "Internet: un nouveau carrefour pour l'annonce de l'Evangile". Il s'agit d'un seuil qu'il faut "franchir courageusement", avec discernement et, en même temps, avec audace, afin de garantir aux générations futures un espace à l'abri de toute instrumentalisation ou abus.


5. Je voudrais, pour finir, profiter de cette occasion pour adresser un appel à ceux qui, de différentes façons, ont des responsabilités dans ce domaine. Aux dirigeants politiques et aux institutions chargées de la protection des mineurs, je demande que l'on fasse en sorte que le respect des droits des mineurs soit considéré comme critère premier et imprescriptible dans l'évaluation du travail des médias. J'invite les parents à exercer une grande vigilance éducative, que ce soit à la maison ou, sous forme associative, dans la société. Aux professionnels de la communication et, en particulier, aux éditeurs et aux producteurs, je demande d'investir dans des projets adaptés aux mineurs, en ayant à l'esprit les exigences des jeunes.

Tout en remerciant les représentants de l'Union catholique de la Presse italienne pour ce qu'ils font déjà, je les encourage à continuer, en impliquant toujours plus de personnes, à promouvoir une nouvelle saison sociale et culturelle, plus riche, capable de donner vie à un rapport entre les médias et les jeunes constructif et respectueux. Que la prédilection de Jésus pour les enfants (cf. Mc 10,13-16), qu'il indiquait comme des modèles pour accueillir son Royaume (cf. Mt 18,3-4), serve à chacun d'encouragement et d'exemple pour favoriser une communication à la mesure de l'homme et attentive au bien commun, en particulier au bien des plus petits.

Qu'avec sa sollicitude maternelle, la Vierge Marie soit aux côtés de ceux qui s'engagent dans un secteur d'une telle importance pour la formation de la jeunesse. J'assure chacun d'eux de ma prière, et je donne avec affection ma Bénédiction à tous.

Du Vatican, le 18 avril 2002.



AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL ORGANISÉ PAR LES SOCIÉTÉS BIBLIQUES

Lundi 22 avril 2002



Chers amis dans le Christ,

Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue, dans la paix de Pâques, vous qui avez été "engendrés... [par] la Parole de Dieu, vivante et permanente" (1P 1,23). Les Sociétés bibliques ont pour objectif de présenter les richesses inépuisables des Ecritures Saintes à tous ceux qui les écouteront. Il s'agit d'un noble service chrétien, pour lequel je rends grâce à Dieu.

Depuis de nombreuses années, vos Sociétés s'engagent à traduire et à diffuser le texte des Ecritures, une partie essentielle de l'annonce du Christ au monde.

Car il ne s'agit pas de prononcer de simples paroles, mais la Parole de Dieu elle-même! C'est Jésus-Christ, promis dans l'Ancien Testament, proclamé dans le Nouveau, que nous devons présenter au monde qui a faim de Lui, souvent sans le savoir. Ce fut saint Jérôme qui déclara que "l'ignorance des Ecritures est l'ignorance du Christ" (Commentaire sur Isaïe, Prologue). Votre oeuvre est donc surtout un service au Christ.

L'urgence de cette tâche demande que nous nous engagions pour la cause de l'unité chrétienne, car la division entre les disciples du Christ a certainement fait obstacle à notre mission. Votre rencontre réunit donc des membres de différentes Eglises et communautés ecclésiales, unis par l'amour pour la Bible et le désir que "l'écoute de la Parole devienne une rencontre vitale [...] permettant de puiser dans le texte biblique la parole vivante qui interpelle, qui oriente, qui façonne l'existence" (Novo millennio ineunte NM 39). Indépendamment des différences qui existent entre nous, la promotion de la Bible est un aspect sur lequel les chrétiens peuvent agir en étroite liaison pour la gloire de Dieu et le bien de la famille humaine.

Le grand Jubilé de l'An 2000 a offert à tous les chrétiens une merveilleuse occasion de se réjouir de la célébration de l'Incarnation de Jésus-Christ, non pas comme un événement passé, mais comme un mystère permanent. J'espère sincèrement que cet élan continuera à susciter chez les chrétiens un amour et une connaissance encore plus profonds de la Sainte Bible, encourageant ainsi le travail des Sociétés bibliques.

En priant afin que le Christ lui-même "touche tes oreilles, afin que tu reçoives sa Parole, ta bouche, afin que tu proclames sa foi, à la louange et à la gloire de Dieu le Père" (Rite du Baptême), j'invoque de tout coeur sur vous les bénédictions abondantes de Dieu tout-puissant, dont la parole est éternelle.




Discours 2002 - Samedi 13 avril 2002