Discours 2003 - Au Révérend Père Camilo Maccise


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE L'ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES SOCIALES

Vendredi 2 mai 2003


Monsieur le Président,
Chers Membres de l'Académie pontificale des Sciences sociales,

Je suis heureux de vous saluer à l'occasion de votre IX Assemblée plénière et je forme les meilleurs voeux pour vos travaux au cours de ces journées de débats centrés sur le thème du "gouvernement de la mondialisation". Je suis certain que la compétence et l'expérience que chacun de vous apporte à cette rencontre aideront à déterminer la meilleure façon de guider et de réglementer la mondialisation au bénéfice de toute la famille humaine.

En effet, les processus à travers lesquels les capitaux, les biens, les informations, les technologies et les connaissances sont aujourd'hui échangés et circulent dans le monde entier, éludent souvent les mécanismes traditionnels de contrôle et de régulation mis en oeuvre par les gouvernements nationaux et les agences internationales. Les intérêts particuliers et les demandes du marché prévalent souvent sur la préoccupation pour le bien commun. Cela tend à laisser les membres les plus faibles de la société sans une protection adaptée et peut obliger des populations et des cultures entières à une dure lutte pour survivre.

En outre, il est préoccupant d'assister à une mondialisation qui aggrave les conditions des plus démunis, qui ne contribue pas de façon suffisante à résoudre les situations de faim, de pauvreté et d'inégalité sociale, qui ne protège pas le milieu naturel. Ces aspects de la mondialisation peuvent susciter des réactions extrêmes, conduisant à un nationalisme excessif, au fanatisme religieux, voire à des actes de terrorisme.

Tous cela est bien loin du concept d'une globalisation éthiquement responsable, capable de traiter tous les peuples comme des interlocuteurs égaux et non comme des instruments passifs. C'est pourquoi il ne peut y avoir de doute sur le besoin de lignes directrices qui placent, avec fermeté, la mondialisation au service du développement humain authentique - le développement de chaque personne et de toute la personne - dans le plein respect des droits et de la dignité de chacun.

Il apparaît donc évident que le problème n'est pas la globalisation en soi. Les difficultés naissent plutôt du manque de mécanismes efficaces pour lui imprimer une juste direction. La mondialisation doit être insérée dans le contexte plus vaste d'un programme politique et économique, qui vise au progrès authentique de l'humanité tout entière. De cette façon, elle servira toute la famille humaine, en n'apportant plus seulement ses bienfaits à quelques privilégiés, mais en promouvant le bien commun de tous. Ainsi, le véritable succès de la globalisation se mesurera à l'aune de sa capacité de permettre à chaque personne de jouir des biens fondamentaux que sont l'alimentation et le logement, l'éducation et le travail, la paix et le progrès social, le développement économique et la justice. Il n'est pas possible d'atteindre cet objectif en l'absence d'orientations données par la Communauté internationale et d'une règlementation adaptée, émanant des institutions politiques du monde entier.

En effet, dans mon Message pour la Journée mondiale de la Paix 2003, j'ai observé que le temps est venu "où tous doivent collaborer à la constitution d'une nouvelle organisation de toute la famille humaine", une organisation qui soit en mesure de faire face aux nouvelles exigences d'un univers mondialisé. Cela ne signifie pas créer un "super-Etat global", mais poursuivre les processus en cours pour accroître la participation démocratique et promouvoir la transparence et la responsabilité politique.

Le Saint-Siège est pleinement conscient des difficultés à imaginer des mécanismes concrets pour une juste règlementation de la mondialisation, notamment en raison de la résistance que cette règlementation rencontrerait dans certains milieux. Toutefois, il est fondamental que soit accompli un progrès dans cette direction, et que chaque effort se fonde sur les immuables vertus sociales de la vérité, de la liberté, de la justice, de la solidarité, du principe de subsidiarité et, surtout, de la charité, qui est la mère et la perfection de toute vertu chrétienne et humaine.

Chers membres de l'Académie pontificale des Sciences sociales, je vous remercie à l'avance pour le discernement que votre rencontre apportera à la question prise en considération, et je prie afin que l'Esprit Saint guide et illumine vos débats. Je vous donne à tous avec joie ma Bénédiction apostolique, en gage de grâce et de force dans le Seigneur Ressuscité.



VOYAGE APOSTOLIQUE DE SA SAINTETÉ JEAN-PAUL II EN ESPAGNE


CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

Aéroport de Madrid-Barajas, Samedi 3 mai 2003


  Votre Majesté,
Messieurs les Cardinaux,
Monsieur le Président
et chers représentants
des Autorités,
Messeigneurs les évêques,
Très chers frères et soeurs!

1. C'est avec une intense émotion que je me retrouve à nouveau en Espagne pour mon cinquième voyage apostolique dans cette noble et bien-aimée nation. Je salue très cordialement tous ceux qui sont ici présents ainsi que tous ceux qui suivent cette cérémonie à la radio et à la télévision, en leur adressant avec beaucoup d'affection les paroles du Seigneur ressuscité: "Que la paix soit avec vous".

Je souhaite pour chacun de vous la paix que Dieu seul, par l'intermédiaire de Jésus-Christ, peut nous donner; la paix qui est le fruit de la justice, de la vérité, de l'amour et de la solidarité; la paix dont les peuples ne jouissent que lorsqu'ils suivent les commandements de la loi de Dieu; la paix qui fait se sentir les hommes et les peuples frères les uns des autres.

Espagne, que la paix soit avec toi!

2. Je remercie Sa Majesté le roi Juan Carlos I de sa présence ici, avec la reine, en particulier des paroles qu'il m'a adressées pour me souhaiter la bienvenue au nom du peuple espagnol. Je remercie également de leur présence le Président du gouvernement et les autres autorités civiles et militaires, et je leur exprime toute ma satisfaction pour la collaboration offerte à la réalisation des différents moments de cette visite.

Je salue avec affection Monsieur le Cardinal Antonio María Rouco Varela, Archevêque de Madrid et Président de la Conférence épiscopale espagnole, Messieurs les Cardinaux, les Archevêques et les Evêques, les prêtres, les personnes consacrées et les autres fidèles qui forment la communauté catholique, presque deux fois millénaire, de ce pays. Vous êtes le Peuple de Dieu en pèlerinage en Espagne! Un peuple qui, au cours de son histoire, a donné si souvent la preuve de son amour envers Dieu et envers le prochain, de sa fidélité à l'Eglise et au Pape, de la noblesse de ses sentiments, de son dynamisme apostolique. Merci à tous, par conséquent, de cet accueil cordial.

3. Demain, j'aurai la joie de canoniser cinq fils de cette terre. Ils surent accueillir l'invitation de Jésus-Christ, "Vous serez mes témoins", en le proclamant à travers leur vie et leur mort. En ce moment historique, ils sont une lumière sur notre chemin pour vivre avec courage notre foi, pour redonner vigueur à notre amour envers le prochain et pour poursuivre avec espérance la construction d'une société fondée sur une vie sereine en commun et sur l'élévation morale et humaine de chaque citoyen. Je suis toujours avec un vif intérêt les événements que vit l'Espagne. Je constate avec satisfaction son progrès pour le bien-être de tous. Le processus de développement d'une nation doit être fondé sur des valeurs authentiques et durables, qui visent au bien de chaque personne, sujette à des droits et à des devoirs, depuis le premier instant de son existence et de son accueil dans sa famille, puis dans les étapes successives de son insertion et de sa participation à la vie sociale.

Cet après-midi, je rencontrerai les jeunes et j'attends avec joie ce moment qui me permettra d'entrer en contact avec ceux qui sont appelés à être les acteurs des temps nouveaux. J'ai une totale confiance en eux et je suis certain qu'ils ont la volonté de ne décevoir ni Dieu, ni l'Eglise, ni la société dont ils sont issus.

4. En ces moments décisifs pour la consolidation d'une Europe unie, je souhaite rappeler les paroles par lesquelles, à Saint-Jacques-de-Compostelle, j'avais pris congé au terme de mon premier voyage apostolique en terre espagnole, au mois de novembre 1982. J'y exhortais l'Europe avec un cri empli d'amour, en lui rappelant ses racines chrétiennes riches et fécondes: "Europe: rencontre-toi de nouveau. Sois toi-même... Ravive tes racines". Je suis certain que l'Espagne apportera le riche héritage culturel et historique de ses racines catholiques pour participer à l'intégration d'une Europe qui, en partant de la pluralité de ses cultures et en respectant l'identité de ses Etats-membres, recherche une unité fondée sur des critères et des principes dans lesquels prévale le bien intégral de ses citoyens.

5. J'implore du Seigneur, pour l'Espagne et pour le monde entier, une paix qui soit féconde, stable et durable, ainsi qu'une vie en communauté dans l'unité, au sein de la merveilleuse et riche diversité de ses peuples et de ses villes.

Que par l'intercession de la Vierge immaculée et de l'Apôtre Jacques, Dieu bénisse l'Espagne.



RENCONTRE AVEC LES JEUNES - SALUT INITIAL DU PAPE JEAN- PAUL II

Base aérienne de "Cuatro Vientos", Samedi 3 mai 2003




Chers jeunes, chers amis,

Je suis à nouveau avec vous. Nous avons déjà fait connaissance lors d'autres rencontres, comme celle du Canada, à Toronto. J'embrasse chacun de vous.

1. Je vous salue avec affection, jeunes de Madrid et d'Espagne! Un grand nombre d'entre vous est venu de loin, de tous les diocèses et de toutes les régions du pays, d'Amérique et d'autres pays du monde. Je suis profondément ému de votre accueil chaleureux et cordial.

Je vous salue et je vous répète les mêmes paroles que j'ai adressées aux jeunes dans le stade Santiago Bernabéu, au cours de ma première visite en Espagne, il y a plus de vingt ans: "Vous êtes l'espérance de l'Eglise, tout autant que de la société... Je continue à croire dans les jeunes, en vous".

Je vous embrasse avec une grande affection, et en même temps que vous je salue également les Evêques, les prêtres et les autres collaborateurs pastoraux qui vous accompagnent sur votre chemin de foi.

Je remercie de leur présence Leurs Altesses Royales, le Prince des Asturies, les Ducs de Lugo et les Ducs de Palma, ainsi que les autorités du gouvernement.

Je désire également remercier Mgr Braulio Rodríguez, Président de la Commission épiscopale d'apostolat séculier, et les jeunes Margarita et José, des paroles cordiales de bienvenue qu'ils m'ont adressées au nom de toutes les personnes présentes. Je salue également Monseigneur Manuel Estepa, Ordinaire militaire, et les Autorités militaires qui nous accueillent sur cette base aérienne.

2. Chers jeunes, dans votre existence doit briller la grâce de Dieu, la même qui resplendit en Marie, pleine de grâce.

De façon significative, vous avez voulu méditer au cours de cette veillée sur les Mystères du Rosaire, en mettant en pratique l'antique maxime spirituelle: "A Jésus, par Marie". Sans aucun doute, dans le Rosaire nous apprenons de Marie à contempler la beauté du visage du Christ et à faire l'expérience de la profondeur de son amour. En commençant cette prière, nous tournons donc notre regard vers la Mère du Seigneur et nous lui demandons de nous guider jusqu'à son Fils Jésus: "Reine des cieux, réjouis-toi!
Le Christ, que tu as porté dans ton sein, est ressuscité! Alléluia!"



RENCONTRE AVEC LES JEUNES - DISCOURS DU PAPE JEAN- PAUL II

Base aérienne de "Cuatro Vientos", Samedi 3 mai 2003




1. Guidés par la Vierge Marie, qui nous tient par la main, et accompagnés par l'exemple et l'intercession des nouveaux saints, nous avons parcouru à travers la prière plusieurs moments de la vie de Jésus.

Le Rosaire, en effet, dans sa simplicité et sa profondeur est un véritable résumé de l'Evangile et il conduit au coeur même du Message chrétien: "Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle" (Jn 3,16).

Marie est non seulement la Mère proche, discrète et compréhensive, mais elle est aussi la meilleure Maîtresse pour parvenir à la connaissance de la vérité, à travers la contemplation. Le drame de la culture actuelle est le manque d'intériorité, l'absence de contemplation. Sans intériorité la culture est privée de contenu, elle est comme un corps qui n'a pas encore trouvé son âme. De quoi l'humanité est-elle capable sans intériorité? Malheureusement nous connaissons bien la réponse. Lorsque l'esprit contemplatif fait défaut, on ne défend pas la vie et tout ce qui est humain dégénère. Sans intériorité, l'homme moderne met en danger son intégrité elle-même.

2. Chers jeunes, je vous invite à vous mettre à l'"Ecole de la Vierge Marie". Elle est le modèle inégalable de contemplation et un exemple admirable d'intériorité féconde, joyeuse, enrichissante. Elle vous enseignera à ne jamais séparer l'action de la contemplation, vous contribuerez ainsi à mieux transformer un grand rêve en réalité: la naissance de la nouvelle Europe de l'Esprit. Une Europe fidèle à ses racines chrétiennes, qui n'est pas refermée sur elle-même, mais ouverte au dialogue et à la collaboration avec les autres peuples de la terre; une Europe consciente d'être appelée à devenir un phare de civilisation et un stimulant pour le progrès du monde, décidée à unir ses efforts et sa créativité au service de la paix et de la solidarité entre les peuples.

3. Bien-aimés jeunes, vous savez bien à quel point je suis préoccupé par la paix dans le monde. La spirale de la violence, du terrorisme et de la guerre provoque, également à notre époque, la haine et la mort. La paix, nous le savons, est tout d'abord un don d'en-Haut que nous devons demander avec insistance et que nous devons, en outre, construire tous ensemble à travers une profonde conversion intérieure. C'est pourquoi, je désire aujourd'hui vous exhorter à être des agents et des artisans de paix. Répondez à la violence aveugle et à la haine inhumaine par le pouvoir fascinant de l'amour. Remportez la victoire sur la haine par la force du pardon. Tenez-vous loin de toute forme de nationalisme exacerbé, de racisme et d'intolérance. Témoignez par votre vie que les idées ne s'imposent pas, mais se proposent. Ne vous laissez jamais décourager par le mal! C'est pourquoi vous avez besoin de l'aide de la prière et du réconfort qui naît d'une amitié intime avec le Christ. Ce n'est qu'ainsi, en vivant l'expérience de l'amour de Dieu et en faisant rayonner la fraternité évangélique, que vous pourrez être les constructeurs d'un monde meilleur, des hommes et femmes authentiquement pacifiques et pacificateurs.

4. Demain, j'aurai la joie de proclamer cinq nouveaux saints, fils et filles de cette noble nation et de cette Eglise. Ils "ont été jeunes comme vous, pleins d'énergie, de rêves et de joie de vivre. La rencontre avec le Christ a transformé leur vie... C'est pour cette raison qu'ils ont été capables d'entraîner d'autres jeunes, leurs amis, et de créer des oeuvres de prière, d'évangélisation et de charité qui durent encore" (Message des Evêques espagnols à l'occasion du Voyage apostolique du Saint-Père, n. 4).

Chers jeunes, allez avec confiance à la rencontre de Jésus! Et, comme les nouveaux saints, n'ayez pas peur de parler de Lui! Car le Christ est la véritable réponse à toutes les questions sur l'homme et sur son destin. Il est nécessaire que vous, les jeunes, deveniez des apôtres des jeunes de votre âge. Je sais bien que cela n'est pas facile. De nombreuses fois vous éprouverez la tentation de dire comme le prohète Jérémie: "Ah! Seigneur Yahvé, vraiment, je ne sais pas parler, car je suis un enfant!" (Jr 1,6). Ne perdez pas courage, car vous n'êtes pas seuls: le Seigneur ne cessera jamais de vous accompagner, par sa grâce et par le don de son Esprit.

5. Cette présence fidèle du Seigneur vous permet d'assumer l'engagement de la nouvelle évangélisation, à laquelle tous les fils de l'Eglise sont appelés. Il s'agit d'un devoir qui revient à tous. Les laïcs ont un rôle très important à jouer, en particulier les époux et les familles chrétiennes; toutefois, l'évangélisation demande aujourd'hui de façon pressante des prêtres et des personnes consacrées. Telle est la raison pour laquelle je désire dire à chacun de vous, qui êtes jeunes: si tu entends l'appel de Dieu qui te dit "suis-moi" (Mc 2,14 Lc 5,27), ne le réduit pas au silence. Sois généreux, répond comme Marie en offrant à Dieu le "oui" joyeux de ta personne et de ta vie.

Je vous fais part de mon témoignage: j'ai été ordonné prêtre quand j'avais 26 ans. Depuis cette date, 56 ans se sont écoulés. Alors, quel âge à le Pape? Presque 83 ans! Un jeune de 83 ans! En me retournant sur mon passé et en me rappelant ces années de ma vie, je peux vous assurer que cela vaut la peine de se consacrer à la cause du Christ et, par amour pour Lui, de se consacrer au service de l'homme. Cela vaut la peine de donner sa vie pour l'Evangile et pour ses frères! Combien d'heures nous reste-t-il jusqu'à minuit? Trois heures. Seulement trois heures jusqu'à minuit, puis jusqu'au matin.

6. Pour conclure, je désire invoquer Marie, l'étoile lumineuse qui annonce le lever du Soleil qui naît d'en-Haut, Jésus-Christ: Ave, Marie, pleine de grâce!
Ce soir je te prie
pour les jeunes d'Espagne,
des jeunes pleins de rêves
et d'espérance.
Ils sont les sentinelles
du matin,
le peuple des béatitudes;
ils sont l'espérance vivante
de l'Eglise et du Pape.
Sainte Marie,
Mère des jeunes,
intercède afin qu'ils soient
des témoins du Christ Ressuscité,
des apôtres humbles et courageux
du troisième millénaire,
des hérauts généreux de l'Evangile.
Sainte Marie,
Vierge Immaculée,
prie avec nous,
prie pour nous. Amen.



À LA GARDE SUISSE PONTIFICALE

Mardi 6 mai 2003



Monsieur le Commandant de la Garde suisse,

Monsieur l’Aumônier,
Chers amis de la Garde suisse,
Chers jeunes gardes,

1. Je vous accueille avec joie, à l'occasion de la prestation de serment de la nouvelle promotion de la Garde suisse pontificale. Je salue votre nouveau Commandant, le Colonel Elmar Theodor Mäder, et le nouveau Commandant en second, le Lieutenant-Colonel Jean Daniel Pitteloud, qui ont accepté généreusement ce service. Je remercie également les Autorités suisses, toujours représentées à cette fête, et je salue de grand coeur les familles et les proches des jeunes recrues, venus les entourer de leur affection et de leur amitié. J'exprime ma plus vive gratitude à tous les membres de la Garde suisse pontificale, pour leur loyauté envers le Successeur de Pierre et pour la qualité du travail qu'ils accomplissent, en veillant à l'ordre et à la sécurité sur le territoire du Vatican, mais également en accueillant avec gentillesse les nombreux pèlerins qui sollicitent chaque jour leur aide.

2. Chers jeunes gardes, cet après-midi vous prêterez serment de servir le Pape, de veiller en particulier sur la sécurité de sa personne et de sa résidence. Pour ma part, je suis chaque année le témoin reconnaissant de cet engagement, ainsi que de la fidélité et de la générosité des jeunes Suisses qui assurent ce service, à travers lequel ils manifestent l'attachement des catholiques de votre pays à l'Eglise et au Saint-Siège. Je vous remercie profondément et je vous invite à méditer l'exemple de vos prédécesseurs, dont certains sont allés jusqu'au don de la vie pour accomplir la mission qui leur était confiée de défendre le Successeur de Pierre.

3. En m'adressant à tous les fidèles de l'Eglise, au début du troisième millénaire, j'ai exhorté (cf. Novo millennio ineunte ) à "avancer en eau profonde" (cf. Lc 5,4). Chers Gardes, je vous encourage de la même façon à puiser plus profondément à la richesse de la vie chrétienne. Dieu vous offre la possibilité de découvrir un nouveau pays. Toutefois, le Seigneur donne également la possibilité d'accueillir, à travers les pèlerins, presque le monde entier: ils viennent de milieux de vie très différents pour prier auprès des tombes des Apôtres. Ouvrez donc vos coeurs à la rencontre avec les autres! Le fait de se rencontrer aide à grandir en humanité et à se comprendre toujours plus comme des frères. Cherchez à faire régner entre vous une bonne et sincère amitié, en vous aidant réciproquement dans les difficultés et en partageant vos joies avec les autres. Soyez toujours ouverts à l'appel du Seigneur pour discerner ce qu'Il attend de vous, aujourd'hui et à l'avenir! Faites des années de service à la Garde suisse pontificale un temps véritable de formation humaine et chrétienne. Ces années peuvent vous aider à devenir des serviteurs encore meilleurs du Seigneur! Voilà les meilleurs voeux que j'adresse à chacun de vous, et que je confie à l'intercession de Marie, notre Mère céleste.

A tous, je donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.



AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS ORGANISÉ PAR LE CONSEIL DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'EUROPE

Jeudi 8 mai 2003




Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce!

1. Je vous souhaite la bienvenue! Je vous suis reconnaissant de votre visite et j'adresse à chacun un salut cordial. Je salue en particulier S.Exc. Mgr Amédée Grab, Président du Conseil des Conférences épiscopales d'Europe, et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées en votre nom. Je salue S.Exc. Mgr Cesare Nosiglia, Délégué du Conseil des Conférences épiscopales européennes pour la catéchèse, les autres prélats, le Secrétaire général du Conseil des Conférences épiscopales d'Europe et toutes les personnes présentes.

Cette rencontre d'évêques et de responsables de la catéchèse dans les divers pays d'Europe offre la possibilité de réfléchir sur les urgences et les défis de la nouvelle évangélisation sur le continent européen. Je vous remercie tous, responsables de la coordination de la catéchèse, pour l'engagement avec lequel vous vous consacrez à une tâche aussi vitale pour la croissance des Communautés chrétiennes Dans celles-ci, comme dans celles de l'époque apostolique, il faut que les chrétiens soient "assidus à l'enseignement des apôtres" (Ac 2,42).

2. Le thème de la rencontre - "Les prêtres et la catéchèse en Europe" - rappelle le don et le devoir primordial des évêques et des prêtres: c'est-à-dire celui de l'édification de l'Eglise à travers l'annonce de la Parole de Dieu et l'enseignement catéchétique.

"Le prêtre - ai-je rappelé dans Pastores dabo vobis - est avant tout le ministre de la Parole de Dieu... envoyé pour annoncer à tous l'Evangile du Royaume" (PDV 26). Aujourd'hui, le ministère du prêtre élargit toujours plus ses frontières dans des domaines pastoraux qui enrichissent la communauté chrétienne, mais qui risquent à leur tour de disperser son action dans de multiples engagements et activités. Sa présence dans le domaine de la catéchèse en souffre et peut se limiter à des moments intermittents et peu incisifs pour la formation même des catéchistes. A l'exemple de l'Apôtre Paul (cf. Rm 1,14), il doit en revanche sentir comme une dette à l'égard de tout le Peuple de Dieu, le fait de transmettre l'Evangile et de le faire avec la préparation théologique et culturelle la plus soignée.

Le Directoire général pour la Catéchèse remarque que : "L'expérience atteste que la qualité de la catéchèse d'une communauté dépend, en très grande partie, de la présence et de l'action du prêtre" (n. 225).

3. En tant que premier catéchiste dans la communauté, le prêtre, en particulier s'il est curé, est appelé à être le premier croyant et disciple de la Parole de Dieu, et à consacrer un soin assidu au discernement et à l'accompagnement des vocations pour le service catéchétique. En tant que "catéchiste des catéchistes", il ne peut que se soucier de leur formation spirituelle, doctrinale et culturelle.

Dans une perspective de communion, le prêtre sera toujours conscient que le ministère de catéchiste au service du Peuple de Dieu lui vient de son Evêque, auquel il est lié de façon indissoluble par le sacrement de l'Ordre et duquel il a reçu le mandat de prêcher et d'enseigner.

La référence au magistère de l'Evêque dans l'unique presbyterium diocésain et l'obéissance aux orientations, qu'en matière de catéchèse chaque pasteur et les Conférences épiscopales promulguent pour le bien des fidèles, sont pour le prêtre des éléments à valoriser dans l'action catéchétique. Dans cette perspective prennent une importance particulière l'étude et l'utilisation du Catéchisme de l'Eglise catholique, indispensable vademecum offert aux prêtres, aux catéchistes et à tous les fidèles, afin de guider la catéchèse sur les voies d'une authentique fidélité à Dieu et aux hommes de notre temps.

4. "Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création" (Mc 16,15). Ce commandement du Seigneur s'adresse à chaque baptisé, mais il représente pour les évêques et pour les prêtres "le devoir principal" (Lumen gentium LG 25). Comme le Christ Bon Pasteur, le prêtre est invité à aider la communauté afin qu'elle vive dans une tension missionnaire permanente. La catéchèse en famille, dans le monde du travail, à l'école et à l'Université, à travers les mass-médias et les nouveaux langages, concerne les prêtres et les laïcs, les paroisses et les mouvements. Tous sont appelés à coopérer à la nouvelle évangélisation, pour conserver et revitaliser les racines chrétiennes communes. La foi chrétienne représente le plus riche patrimoine auquel les peuples européens peuvent puiser pour réaliser leur véritable progrès spirituel, économique et social.

Que Marie, Etoile de la nouvelle évangélisation, fasse en sorte que les réflexions et les orientations mûries au cours de ces journées servent également à promouvoir dans vos Eglises un engagement catéchétique renouvelé. Pour ma part, je vous assure de mon souvenir dans la prière, alors que je vous bénis tous de tout coeur, ainsi que les Communautés dont vous provenez.



AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL PROMU PAR L'UNIVERSITÉ PONTIFICALE DU LATRAN

Vendredi 9 mai 2003


Messieurs les Cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux de vous rencontrer en cette heureuse circonstance, qui voit réunis les professeurs et les étudiant de l'"Université du Pape". Je désire saluer les Cardinaux et les Evêques ici présents, ainsi que les participants au Congrès promu à cette occasion, les professeurs et les élèves des diverses facultés.

Je remercie, en outre, le Recteur magnifique, Mgr Rino Fisichella, pour les sentiments exprimés et pour le don significatif des deux oeuvres à travers lesquelles l'Université entend rappeler ce moment.

2. Je reviens par la mémoire aux trois visites que Dieu m'a accordé d'accomplir dans votre Université au cours de ces années. Chaque rencontre de ce genre réveille dans mon âme le souvenir des expériences vécues dans l'enseignement académique à Cracovie et à Lublin. Ce furent des années riches d'études, de contacts, de recherches, animées par le désir de déterminer et de parcourir de nouvelles voies en vue d'une évangélisation attentive aux défis de l'époque moderne. Les connaissances acquises alors m'ont été utiles pour le ministère pastoral que j'ai accompli, d'abord à Cracovie puis, en tant que Successeur de Pierre, au service que je continue d'accomplir pour tout le Peuple de Dieu.

A chaque phase et à chaque étape de la vie universitaire et du ministère pastoral, l'un des points de référence essentiels a été pour moi l'attention à la personne, placée au centre de toute recherche philosophique et théologique.

3. J'ai donc apprécié que, pour rappeler les vingt-cinq ans de pontificat, vous ayez voulu promouvoir ce Congrès sur un thème plus que jamais actuel: "L'Eglise au service de l'homme!", en sollicitant la participation compétente et représentative de responsables de la Curie Romaine et du monde de la culture.

J'écrivais dans ma première Encyclique Redemptor hominis: "L'Eglise ne peut abandonner l'homme, dont le "destin", c'est-à-dire le choix, l'appel, la naissance et la mort, le salut ou la perdition, sont liés d'une manière si étroite et indissoluble au Christ [...] cet homme est la première route que l'Eglise doit parcourir en accomplissant sa mission: il est la première route et la route fondamentale de l'Eglise, route tracée par le Christ lui-même, route qui, de façon immuable, passe par le mystère de l'Incarnation et de la Rédemption" (RH 14).

4. Le message de l'Evangile s'adresse à l'homme de toute race et de toute culture, afin qu'il soit pour lui un phare de lumière et de salut dans les diverses situations dans lesquelles il vit. Ce service éternel à la "vérité" de l'homme passionne tous ceux qui ont à coeur que celui-ci se connaisse toujours plus et ressente avec une conscience croissante, le désir ardent de rencontrer le Christ, pleine réalisation de l'homme. Voilà un vaste domaine d'action pour vous aussi, qui voulez contribuer avec un grand dynamisme missionnaire à déterminer de nouvelles voies pour l'évangélisation des cultures.

Le Christ est la vérité qui rend libres ceux qui le cherchent avec sincérité et persévérance. C'est Lui la vérité que l'Eglise proclame inlassablement de diverses façons, en diffusant l'unique Evangile de salut jusqu'aux extrémités de la terre et en l'inculturant dans les diverses régions du monde.

Saint Irénée rappelait avec sagesse: "De même que le soleil, cette créature de Dieu, est un et identique dans le monde entier, de même, cette lumière qui est la prédication de la vérité brille partout et illumine tous les hommes qui veulent parvenir à la connaissance de la vérité. Qu'il s'agisse d'un grand orateur ou d'un piètre orateur, tous enseignent la même vérité. Personne ne peut diminuer la valeur de la tradition. La foi est unique et identique. C'est pourquoi l'éloquent ne peut l'enrichir, ni celui qui bégaye l'appauvrir" (Contre les hérésies, 1, 10, 3).

5. Votre Université, comme les autres centres d'études ecclésiastiques et religieuses, constitue une école particulière dans laquelle diverses générations d'"apôtres" peuvent faire l'expérience personnelle du Christ, en approfondissant sa connaissance et en se préparant à être témoins de son amour dans le ministère pastoral. Puissent vos recherches théologiques, philosophiques et scientifiques aider l'homme contemporain à mieux percevoir la nostalgie de Dieu cachée au plus profond de toute âme!

Je demande à Dieu de rendre féconde chacune de vos activités par sa grâce. Que Marie, Sedes Sapientiae, vous assiste à travers sa protection maternelle. Pour ma part, je vous assure de mon souvenir constant dans la prière, tandis que je donne à tous et à chacun une Bénédiction apostolique particulière.



AU GROUPE DE SAINT-FLOUR (FRANCE) À L'OCCASION DU MILLÉNAIRE DE LA MORT DU PAPE SYLVESTRE II

Samedi, 10 mai 2003




Chers Amis,

1. J’adresse mes souhaits de cordiale bienvenue à Monseigneur René Séjourné, Évêque de Saint-Flour, qui fut un collaborateur apprécié à la Secrétairerie d’État, ainsi qu’à la délégation du diocèse venue célébrer le Pape de l’An 1000, Sylvestre II, à l’occasion du millénaire de sa mort.

2. Je suis heureux de pouvoir évoquer quelques traits marquants de celui qui fut qualifié d’«homme le plus cultivé de son temps». De fait, Gerbert d’Aurillac a singulièrement dominé son siècle par ses connaissances et son érudition, par sa droiture morale et son sens spirituel. Il fut à la fois un intellectuel et un homme d’action, un diplomate et un homme d’Église. Si les questions actuelles sont différentes de celles qu’il eut à affronter, son attitude spirituelle et intellectuelle demeure un appel à rechercher la vérité humaine, qui jamais ne s’oppose aux vérités de la foi. «Unissons toujours, disait-il, la science et la foi».

3. Il faut souligner la dimension européenne de son ministère, car il était attentif à la vie de l’Église dans les nations alors en gestation. Bénédictin du monastère Saint-Géraud d’Aurillac, il appartenait à cet ordre dont les différentes maisons contribuèrent à façonner l’Europe. Archevêque de Reims puis de Ravenne, devenu en 999 le premier Pape d’origine française, il participa intensément à ce mouvement; par exemple, en l’an 1000, il créa à Gniezno la première Église métropolite en Pologne, avec parmi les suffragants le nouveau diocèse de Cracovie dont je fus le Pasteur. Gerbert contribua ainsi à la renaissance intellectuelle et à la vitalité du continent. Son exemple nous aide à comprendre que l’Europe ne peut se construire si elle n’assume, avec lucidité, ses racines chrétiennes. Ces dernières constituent une dimension essentielle de son identité, ayant laissé leur empreinte dans la production culturelle, artistique, juridique et philosophique du Continent.

4. Alors que de louables efforts sont entrepris pour donner une forme juridique à l’Europe, il est bon de se souvenir de cet élan initial, donné par un Français au début du deuxième millénaire. Par la diffusion de l’Évangile et par sa participation à la vie des nations, les chrétiens ont aujourd’hui encore le souci de participer à l’édification de la société. À travers vous, j’encourage volontiers le peuple de France à puiser dans ses racines spirituelles les éléments dont il a besoin pour sa propre existence et pour une vie solidaire et fraternelle avec ses frères du continente.

5. Au terme de cette audience, je vous confie à l’intercession de Notre-Dame et, de grand coeur, je vous accorde une particulière Bénédiction apostolique, ainsi qu’à vos familles et à tous les diocésains de Saint-Flour.



Discours 2003 - Au Révérend Père Camilo Maccise