Discours 2003 - Samedi 15 février 2003

AUX ÉVÊQUES DE GUINÉE-EQUATORIALE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Samedi 15 février 2003

  Chers frères dans l'épiscopat!

1. C'est avec grand plaisir que je vous reçois aujourd'hui, Pasteurs de l'Eglise de Dieu qui est en Guinée-Equatoriale, venus à Rome afin d'accomplir votre visite "ad limina". Ces derniers jours, vous avez eu l'occasion de renouveler votre foi devant les tombes des saints Apôtres Pierre et Paul et de manifester la communion avec l'Evêque de Rome dans l'unité, l'amour et la paix (cf. Lumen gentium LG 22), en vous sentant également co-responsables dans la sollicitude pastorale pour toutes les Eglises (cf. Christus Dominus CD 6). Par ailleurs, les contacts établis avec les différents Dicastères de la Curie romaine vous ont permis de recevoir un soutien et une orientation dans la mission qui vous a été confiée.

A travers vous, Mgr Ildefonso Obama Obono, Archevêque de Malabo, et Mgr Juan Matogo Oyana, Evêque de Bata, je souhaite saluer les prêtres, les religieux et les religieuses qui sont vos collaborateurs dans votre tâche de témoigner du Royaume de Dieu dans votre pays, dans des conditions qui ne sont pas toujours faciles. Que dans vos Eglises locales et dans le diocèse d'Abebiyin, actuellement dépourvu d'Evêque, tous sachent qu'ils peuvent compter sur l'affection et sur la prière du Pape, en ayant confiance dans le fait que l'action généreuse qu'ils accomplissent portera ses fruits à travers une évangélisation toujours plus intense, capable de pénétrer dans le coeur et dans l'esprit des hommes et des femmes de Guinée-Equatoriale. Les trois diocèses, unis par le coeur et l'esprit, composent la famille de Dieu dans votre pays et doivent apporter un témoignage constant de communion et de fraternité.

2. Plus de vingt ans sont passés depuis la dernière fois que j'ai eu l'occasion de visiter votre belle nation, au cours de ce pèlerinage apostolique d'heureuse mémoire qui, en février 1982, m'a conduit dans ces lieux où vous accomplissez aujourd'hui votre oeuvre, comme ministres de l'Evangile. Je souhaite aujourd'hui répéter mon appel, comme je l'avais fait à cette occasion sur la Plaza de la Libertad de Bata, afin que chaque communauté ecclésiale, sur la terre ferme comme sur les îles, conserve solidement sa fidélité renouvelée à l'engagement évangélisateur (cf. Homélie, le LE 18 février 1982).

Tous les fidèles, et vous en premier lieu car vous avez été placés à la tête du Peuple de Dieu, doivent consacrer le meilleur de leurs énergies à la proclamation de l'Evangile. En effet, l'homme de Guinée-Equatoriale qui cherche à satisfaire sa soif de Dieu et ses aspirations légitimes à ce que sa dignité et ses droits inaliénables soient respectés, ne peut trouver qu'en Jésus-Christ la réponse définitive à ses interrogations les plus profondes sur le sens de la vie. La célébration du grand Jubilé de Dieu m'a fait ressentir la nécessité que le regard de l'Eglise "reste plus que jamais fixé sur le visage du Seigneur" (Novo Millennio ineunte NM 16). Cette conscience doit également guider la vie et la mission ecclésiale en Guinée-Equatoriale. Ceux qui ont reçu la mission de guider et de paître le peuple trouvent dans le Christ l'exemple sublime et les indications les meilleures pour accomplir un service pastoral fait d'abnégation et de générosité. Les fidèles, pour leur part, enracinés en Jésus-Christ, trouveront la force nécessaire pour être sel de la terre et lumière du monde (cf. Mt 5,13) et pour donner en toute ciconstance raison de l'espérance qui est en eux (cf. 1P 3,15).

3. Une des plus grandes difficultés que doivent affronter vos Eglises particulières est le manque de prêtres. C'est pourquoi la pastorale des vocations reste une priorité, en impliquant les prêtres d'origine locale placés sous votre responsabilité et qui peuvent s'unir aux missionnaires qui assistent les différentes communautés. Les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée sont un don de Dieu qu'il faut implorer de Lui avec insistance: d'où l'importance de la prière pour les vocations, suivant en cela le mandat du Seigneur (cf. Mt 9,38). Il est également important de pouvoir compter sur des familles fortes et saines, au sein desquelles s'apprennent les valeurs authentiques, ainsi que sur des communautés ecclésiales où la figure du Pasteur soit considérée et valorisée à sa juste mesure. C'est dans ces milieux que les jeunes pourront écouter avec clarté la voix du Maître qui invite à le suivre (cf. Mt 19,21), et les porte à un don de soi généreux au service de leurs frères.

Depuis votre dernière visite ad limina, vous vous êtes attachés avec beaucoup de zèle à renforcer le séminaire national pour la formation des nouveaux prêtres. Je vous encourage à poursuivre cette oeuvre. La création d'espaces adéquats où les candidats puissent recevoir une préparation appropriée dans les différentes sciences humaines et théologiques est d'une importance capitale. Tout comme il est important de leur enseigner un style de vie dans lequel la prière et l'approche fréquente des Sacrements conduisent les futurs ministres de l'Eglise à une intimité toujours plus grande avec Jésus-Christ, favorisée par la discipline, par la vie fraternelle en commun et par l'acquisition d'un style de vie qui caractérise le prêtre ou la personne con-sacrée à notre époque. L'évêque et les éducateurs ont la responsabilité incontournable de n'accepter pour l'ordination sacerdotale que les candidats véritablement adaptés, qui se présentent en étant uniquement guidés par le désir de suivre Jésus-Christ et jamais par des ambitions ambiguës ou des intérêts matériels.

4. Une grande partie des oeuvres d'assistance et d'évangélisation que l'Eglise accomplit en Guinée-Equatoriale sont placées sous la responsabilité des religieux et des religieuses, beaucoup d'entre eux venant, par tradition, d'Espagne. C'est pourquoi, avec vous, je souhaite leur exprimer ma gratitude pour tout ce qu'ils font afin que la semence de l'Evangile, plantée depuis longtemps dans votre terre, continue d'apporter des fruits abondants.

Les religieux et les religieuses, présents dans de nombreux domaines, en fonction du charisme de leur institut, à partir de l'apostolat direct dans les paroisses et les missions, dans les oeuvres d'éducation, de santé ou d'assistance sociale et caritative, enrichissent vos Eglises locales, non seulement à travers l'efficacité de leur service, mais également et avant tout par leur témoignage personnel et communautaire de l'Evangile. C'est pourquoi, en travaillant en étroite collaboration avec les Pasteurs, ils méritent non seulement leur reconnaissance, mais aussi celle de toute la communauté, ainsi qu'également le respect de la part de la société civile, afin de pouvoir conserver et faire croître leur générosité et leur dévouement.

5. Les fidèles laïcs, en vertu de leur engagement baptismal, ont un rôle de première importance face aux défis que présente la situation actuelle et l'avenir de la Guinée-Equatoriale. Aussi, très chers frères dans l'épiscopat, n'oubliez jamais combien il est important de leur offrir une catéchèse permanente et correctement organisée, qui les aide à mûrir et à consolider constamment leur foi, à renforcer leur espérance et à rendre toujours plus opérante leur charité.

Les fidèles laïcs ont un devoir spécifique, celui de témoigner d'une vie irrépréhensible dans le monde, de rechercher la sainteté dans la famille, dans le travail et dans la vie sociale, ainsi que l'engagement à imprégner "d'esprit chrétien la mentalité et les moeurs, les lois et les structures de la communauté où chacun vit" (Apostolicam actuositatem AA 13). Les Pasteurs doivent donc demander à tous les baptisés non seulement de manifester clairement leur identité chrétienne, mais également d'être des protagonistes engagés au service d'un ordre social inspiré par la justice et jamais conditionné par des antagonismes, des pressions tribales ou un manque de solidarité.

Pour qu'ils puissent adopter ce style de vie, il faut leur offrir une formation religieuse adaptée, en plus de la formation humaine, et qui les aide à affronter les formes erronées de la religiosité ou les mouvements pseudo-religieux, qui sont si nombreux de nos jours. En tant que levain au sein du peuple, ils doivent promouvoir les valeurs humaines et chrétiennes, en tenant compte de la situation politique, économique et culturelle du pays, afin d'instaurer un ordre social de plus en plus juste et équitable. Dans leur communauté, ils doivent donner l'exemple de leur honnêteté et de leur transparence et, individuellement ou réunis de manière légitime, ils doivent, dès que cela est possible, agir également dans la vie publique, en l'illuminant grâce aux valeurs de l'Evangile et de la Doctrine sociale de l'Eglise.

6. L'histoire dans votre pays au siècle dernier, difficile sous certains aspects, a eu des conséquences négatives qu'il faut corriger, dans le domaine ecclésial comme dans le domaine social. Face à cette situation, l'Eglise, qui veut servir la cause de l'élévation de l'homme dans toutes ses dimensions, en bénéficiant dans ce but du juste espace de liberté, de compréhension et de respect, conserve sa volonté de continuer à travailler afin de semer le bien.

Dans ce sens, il est important, chers frères, qu'avec vos collaborateurs, vous soyez toujours des ministres de la réconciliation (cf. 2Co 5,18), afin que le peuple qui vous a été confié, surmontant les difficultés du passé, avance sur les chemins de la réconciliation de tous, sans exception. Le pardon n'est pas incompatible avec la justice et l'avenir le meilleur pour le pays est celui qui se construit dans la paix, qui est également le fruit de la justice et du pardon offert et reçu, afin de construire une vie en commun juste et digne, dans laquelle chacun trouve un climat de tolérance et de respect réciproque.

7. L'Eglise possède un patrimoine de doctrine sociale qui propose une position éthique visant à exalter la dignité de l'homme, qui est une créature de Dieu, dépositaire à ce titre de droits inaliénables que l'on ne peut nier ou ignorer. Ces droits doivent être considérés intégralement: le droit à la vie de l'être humain, même de l'enfant à naître, jusqu'à sa mort naturelle, le droit à la liberté religieuse et d'autres droits tels que l'alimentation, l'éducation, le droit à la liberté de déplacement, d'expression ou d'association.

Il est vrai que dans le monde, les droits de l'homme sont un projet qui n'est pas encore parfaitement mis en pratique, mais ce n'est pas pour cette raison qu'il faut renoncer à la volonté sérieuse et ferme de les rappeler et de les respecter. Quand l'Eglise s'occupe de la dignité de la personne et de ses droits inaliénables, elle le fait dans le but de veiller afin que personne ne voit ces droits et cette dignité violés par d'autres hommes, par les autorités de son propre pays ou celles d'un autre pays. C'est pourquoi, sans esprit de défi, mais dans l'accomplissement de votre mission, continuez votre travail patient en faveur de la justice, de la véritable liberté et de la réconciliation.

8. Chers frères, au cours de cette rencontre, j'ai réfléchi avec vous sur certains aspects de votre activité pastorale. Lors de mon discours de départ à Bata, je vous avais dit "J'emporte avec moi le souvenir de votre enthousiasme chrétien et de votre courtoisie (...). Au Père commun qui est dans les cieux, je demanderai sans cesse qu'il vous accorde la paix et la sérénité et qu'il vous aide à être toujours de bons chrétiens et de bons citoyens" (Discours de départ, le LE 18 février 1982). Je vous répète la même chose aujourd'hui, au moment où je vous donne, ainsi qu'aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, et à tous les fidèles des trois diocèses de Guinée-Equatoriale, la Bénédiction apostolique.



AUX ÉVÊQUES DE GUINÉE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Samedi 15 février 2003



Chers Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdote,

1. La visite ad limina que vous accomplissez en ces jours sur la tombe des Apôtres Pierre et Paul est pour moi source de joie. C’est une occasion d’affermir sans cesse les liens de communion qui vous unissent au Successeur de Pierre et, par lui, à l’Église universelle. Je rends grâce pour l’engagement missionnaire de vos communautés diocésaines et pour les fruits que l’Esprit Saint fait porter à votre tâche pastorale. Je vous accueille bien cordialement, saluant tout spécialement Monseigneur Philippe Kourouma, évêque de N’Zérékoré et Président de votre Conférence épiscopale. À votre retour dans vos diocèses, portez à vos prêtres, aux religieux, aux religieuses, aux catéchistes et à tous les fidèles, le salut affectueux du Pape, qui demeure proche de chacun par la pensée et par la prière. Transmettez à tous vos compatriotes mes souhaits cordiaux pour un avenir de paix et de réconciliation, afin que tous puissent vivre dans la sécurité et la fraternità.

2. L’Église catholique en Guinée est une réalité bien vivante. Au long des pages heureuses et douloureuses de l’histoire du pays, malgré le petit nombre de ses membres et de ses moyens, elle a gardé une vive conscience d’être le levain de l’Évangile, rendant raison de sa foi, de son espérance et de sa charité par la proclamation de la Parole qui sauve et par le témoignage souvent héroïque de sa vie. Comme vous le soulignez dans vos rapports quinquennaux, nombreux sont aujourd’hui les obstacles à l’accueil de la foi, parmi lesquels la situation de grande pauvreté de la population, la difficulté d’annoncer le message évangélique dans un contexte marqué par la prédominance d’autres traditions religieuses et les problèmes rencontrés pour rejoindre des communautés isolées géographiquement. Les défis nouveaux de l’évangélisation qui se présentent aujourd’hui à l’Église ne doivent pas l’effrayer, mais au contraire raviver sa conscience missionnaire en l’enracinant dans une union toujours plus forte avec le Christ et en affermissant les liens de communion, qui rendent véritablement fécond le témoignage des chrétiens. En se fondant sur les valeurs humaines et spirituelles qui font la richesse de la culture du peuple guinéen, l’Église est appelée à semer la Bonne Nouvelle, par l’inculturation du message évangélique, qui offre à tout homme la possibilité d’accueillir Jésus Christ et de se laisser rejoindre dans l’intégralité de son être personnel, culturel, économique et politique, en vue de sa pleine et totale union à Dieu le Père, pour mener une vie sainte sous l’action de l’Esprit Saint (cf. Ecclesia in Africa ). Par des changements de mentalité et une conversion du coeur toujours nécessaires, puissent vos communautés, appelées à devenir toujours plus fraternelles, plus accueillantes et plus ouvertes aux autres, rendre visibles les signes de l’amour que Dieu porte à tout homme !

3. Comme vous le rappelez dans vos rapports quinquennaux, cette tâche d’évangélisation ne peut être séparée d’une promotion humaine véritable, qui donne à toute personne la possibilité de vivre pleinement selon sa dignité d’enfant de Dieu. Dès le début de l’évangélisation en Guinée, le patient travail des missionnaires, auquel je veux rendre hommage avec vous aujourd’hui, a lié de manière indissociable la mission prophétique de l’Église, manifestant le mystère de Dieu qui est la fin ultime de l’homme, et la mission de charité, révélant à l’homme, par les oeuvres, la vérité intégrale sur l’homme (cf. Gaudium et spes, n. 41). Par ses actions d’éducation, d’entraide, de santé et de promotion sociale, l’Église en Guinée rend présent le Verbe de Dieu, accompagnant la croissance matérielle et spirituelle des personnes et des communautés. Je vous invite à poursuivre dans cette voie, en appelant notamment les chrétiens à s’engager toujours davantage dans la vie politique du pays, et en les aidant, par une formation doctrinale adéquate, à allier de manière cohérente leur foi chrétienne et leurs responsabilités civiques (cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Note doctrinale concernant certaines questions sur l’engagement et les comportements des catholiques dans la vie politique, n. 3). Ils pourront ainsi «exercer une influence sur le tissu social, pour transformer les mentalités et les structures de la société de telle sorte qu'elles reflètent mieux les desseins de Dieu» (Ecclesia in Africa ), travaillant au bien commun, à la fraternité et à l’établissement de la paix dans la justice.

4. Comme j’ai pu le constater, vous accordez, dans vos programmes pastoraux, une grande place à la formation des différents agents de l’évangélisation, afin qu’ils puissent assumer leur rôle irremplaçable dans l'Église et dans la société. Cela est notamment rendu nécessaire en raison de l’offensive des sectes, qui profitent de la situation de misère et de crédulité des fidèles pour les détourner de l’Église et de la parole libératrice de l’Évangile. Dans cette perspective, je souhaite que vous portiez une attention renouvelée à la formation des catéchistes, que je salue avec affection, appréciant leur dévouement inlassable. Je vous encourage vivement à accorder à ces précieux collaborateurs de la mission un soutien matériel, moral et spirituel, et à les faire bénéficier d'une formation doctrinale initiale et permanente. Qu’ils soient des modèles de charité et des défenseurs de la vie, car leur exemple quotidien de vie chrétienne est un précieux témoignage de sainteté pour ceux qu’ils sont chargés de guider vers le Christ !

5. Nombreuses et de tous ordres sont les menaces qui favorisent aujourd’hui l’éclatement de la famille en Guinée et de ses fondements, atteignant ainsi la cohésion sociale.«Du point de vue pastoral, cela constitue un réel défi, étant donné les difficultés d'ordre politique, économique, social et culturel auxquelles les foyers doivent faire face en Afrique, dans le cadre des mutations importantes de la société contemporaine» (Ecclesia in Africa ). Il est donc essentiel d'encourager les catholiques pour qu’ils préservent et promeuvent les valeurs fondamentales de la famille. Les fidèles doivent avoir en haute considération la dignité du mariage chrétien, signe de l'amour du Christ pour son Église. Pleinement consciente des dangers que peut faire peser la pratique de la polygamie sur l’institution du mariage chrétien, l’Église doit enseigner clairement et inlassablement la vérité sur le mariage et la famille tels que Dieu les a établis, rappelant notamment que l'amour que se portent l'époux et l'épouse est unique et indissoluble, et que, grâce à sa stabilité, le mariage contribue à la pleine réalisation de leur vocation humaine et chrétienne, et qu’il ouvre au bonheur véritable. La famille demeure aussi le lieu indispensable pour la croissance humaine et spirituelle des enfants.

Je souhaite aussi que les jeunes de vos diocèses, chers à mon coeur, trouvent dans leur proximité avec le Christ le goût d’accueillir sa parole de vie et d’être disponibles pour se mettre à son service. Dans les difficultés qu'ils connaissent, qu'ils ne perdent jamais confiance en l'avenir; que, par une vie de prière et une vie sacramentelle forte, ils demeurent proches du Christ, pour porter les valeurs de l’Évangile dans leurs milieux de vie et prendre généreusement leur place dans la transformation de la société!

6. Je salue cordialement les prêtres de vos diocèses, collaborateurs irremplaçables, que vous devez considérer comme des frères et des amis, en vous préoccupant toujours davantage de leur situation matérielle et spirituelle, et en les incitant à une collaboration toujours plus fraternelle avec vous et entre eux. J'exhorte aussi le presbyterium de vos diocèses à manifester son unité et sa profonde communion autour de l'Évêque, en ayant la conviction que tous sont au service d'une unique mission qui leur a été confiée par l'Église au nom du Christ. Ce témoignage d’unité est en effet essentiel pour que l'Église locale poursuive avec fécondité son édification et sa croissance. L'exemple de vie irréprochable des prêtres est aussi pour les jeunes un stimulant vigoureux, qui peut les aider à répondre avec générosité à l'appel du Seigneur, leur montrant la joie qu’il y a à suivre le Christ. Dans la promotion des vocations, comme dans leur discernement et leur accompagnement, la première responsabilité est celle de l'Évêque, responsabilité qu'il doit assumer personnellement, tout en s'assurant la collaboration indispensable de son presbyterium, notamment de prêtres bien formés à ce ministère, et en rappelant aux familles chrétiennes, aux catéchistes et à l'ensemble des fidèles, leur responsabilité particulière en ce domaine.

7. La rencontre avec des croyants d’autres religions, en particulier avec les musulmans, est l’expérience quotidienne des chrétiens en Guinée, pays où l’Islam est largement majoritaire. Au moment où les suspicions, les tentations de repli sur soi ou le refus de la confrontation peuvent constituer des obstacles sérieux à la stabilité sociale et à la liberté religieuse des personnes, il importe que se poursuive le dialogue de la vie entre chrétiens et musulmans, afin qu’ils soient les témoins toujours plus audacieux du Dieu bon et miséricordieux, dans le respect mutuel. L’avenir d’un pays repose en grande partie sur le respect des personnes et de leur liberté de conscience, à laquelle appartient le libre choix religieux. Toutefois, comme je l'ai écrit dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, «le dialogue ne peut être fondé sur l'indifférentisme religieux, et nous avons le devoir, nous chrétiens, de le développer en offrant le témoignage plénier de l'espérance qui est en nous» (NM 56).

8. Je connais la présence active de l'Église, notamment à travers ses organismes caritatifs nationaux et internationaux, auprès des personnes atteintes par de graves maladies comme le Sida, auprès des nombreux réfugiés provenant de pays voisins et, d'une manière générale, auprès de tous ceux qui souffrent des conséquences de la pauvreté. Je vous encourage à poursuivre vos efforts pour leur offrir l’assistance matérielle et pastorale requise. Je remercie vivement ceux qui, avec générosité, se mettent au service de leurs frères et soeurs. Ils sont ainsi, au nom de toute l'Église, les témoins de la charité du Christ envers les plus démunis et les plus faibles de la société.

9. Au terme de notre rencontre, chers Frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce, avec vous je rends grâce à Dieu pour l’oeuvre accomplie. Je confie chacun de vos diocèses à l'intercession maternelle de la Vierge Marie, Notre-Dame du Rosaire. J'implore son Fils Jésus, pour qu'il répande sur l'Église en Guinée l'abondance des bénédictions divines, afin qu'elle soit un signe vivant de l'amour que Dieu porte à tous, en particulier aux démunis, aux malades, aux personnes qui souffrent. De grand coeur, je vous accorde la Bénédiction apostolique, que j'étends volontiers aux prêtres, aux religieux, aux religieuses, aux catéchistes et à tous les fidèles laïcs de vos diocèses.

    

AUX PARTICIPANTES AU XVII CHAPITRE GÉNÉRAL DES FILLES DE "MARIA SANTISSIMA DELL’ORTO"

Lundi 17 février 2003



1. Je suis heureux de vous adresser un salut cordial, Révérende Mère, ainsi qu'au Conseil général et aux religieuses réunies à Rome à l'occasion du XVII Chapitre général de votre Institut. J'exprime à chacune de vous ma proximité spirituelle et je vous assure de mon souvenir dans la prière. Je souhaite en outre faire parvenir à toutes les Filles de "Maria Santissima dell'Orto" présentes à travers le monde une parole particulière d'encouragement, en les invitant à persévérer dans leur témoignage de vie consacrée et à oeuvrer généreusement dans leurs différentes activités dans les domaines de la pastorale, de l'éducation et de l'assistance.

Le thème qui guide vos réflexions et l'échange d'expériences au cours de ces journées est extrêmement stimulant: "Consacrées et envoyées au service du Royaume". Il vous invite, chères soeurs, à retourner aux racines de votre charisme afin de les confronter aux exigences actuelles, dans un monde en perpétuelle évolution. L'inspiration originelle qui conduisit votre Fondateur, dans la première moitié du XIX siècle, à donner naissance, à Chiavari, à une institution religieuse essentiellement orientée au service de la personne, continue de vous offrir, aujourd'hui, d'excellents motifs pour un élan renouvelé au service de la mission éducative et caritative.

2. Saint Antonio Maria Gianelli vécut avec vigueur et passion sa mission au service du Royaume de Dieu. Il aimait répéter: "Dieu, Dieu, et Dieu seul".Toute son action était animée par le désir ardent d'appartenir au Christ. Il désirait servir le Seigneur à travers les personnes pauvres, malades, sans instruction, ainsi que celles qui ne connaissaient pas ou n'avaient pas encore rencontré Dieu dans leur existence. Il ouvrait son coeur à l'accueil des frères et se préoccupait de chaque personne. Ses enseignements sont bien exprimés dans vos Constitutions, qui reflètent le style qui caractérise votre Famille religieuse: la fidélité au charisme, à travers une vie de charité évangélique vigilante, dans l'oubli de votre propre intérêt et de votre propre confort; l'application à demeurer attentives aux besoins de votre temps, dans la joie de vous faire toutes pour tous à travers un engagement qui ne connaisse pas d'autre limite que ce qui est impossible ou inopportun. (cf. n. 2).

3. Poursuivez, chères soeurs, sur ce chemin, en mettant le Christ au coeur de votre vie et de votre mission. Je suis heureux de souligner ici ce qui a été dit dans une récente Instruction de la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée: "Il faut repartir du Christ, car c'est de lui que sont partis les premiers disciples en Galilée; c'est de lui que sont partis, au cours de l'histoire de l'Eglise, des hommes et des femmes de toute condition et de toute culture qui, consacrés dans l'Esprit en vertu de leur appel, ont quitté pour lui leur famille et leur patrie et l'ont suivi sans condition, se rendant disponibles pour annoncer le Royaume et faire du bien à tous (cf. Ac 10,38)" (Repartir du Christ, 19 mai 2002, n. 21; cf. ORLF n. 37 du 10 septembre 2002). Chères soeurs, avancez en eaux profondes dans le nouveau millénaire, avec la conscience que votre apostolat représente une possibilité providentielle de faire resplendir dans le monde la gloire de Dieu.

Qu'à la base de votre oeuvre se trouve cet amour que votre saint Fondateur considère - à juste titre - comme un principe pédagogique fondamental. Il recommandait à ses filles spirituelles: "Qu'elles se préoccupent en priorité d'aimer véritablement et de faire preuve d'un grand amour à l'égard des petites filles qui leur sont confiées, car personne n'aime celui qui ne l'aime pas; et si elles ne sont pas aimées par elles, elles ne viendront même pas à l'école, elles ne resteront pas volontiers en leur compagnie et elles n'apprendront pas la moitié de ce qu'elles apprendraient en aimant leurs Maitresses et en se voyant aimées d'elles".

4. La pauvreté, assumée avec plaisir et dans la joie, constitue une condition qui facilite et rend plus fructueux votre témoignage. Que la pauvreté, comme aimait le répéter Saint Antonio Maria Gianelli, soit "le véritable signe distinctif de votre Institut". Avec l'amour fidèle à la pauvreté, que ne fasse jamais défaut l'esprit de sacrifice, dans la conscience quotidienne qu'une fille de Marie "ne peut demeurer sans Croix".

Soyez ensuite d'inlassables témoins de l'espérance. Parmi les vertus que doivent pratiquer les Filles de "Maria Santissima dell'Orto", saint Antonio Maria Gianelli met à l'honneur la grande confiance en Dieu. Vivre abandonnées en Lui: voilà ce qui vous permettra de ne pas vous laisser déranger par les échecs apparents, mais vous rendra au contraire capable de soutenir les personnes angoissées et désorientées. Votre fondateur exhortait vos consoeurs d'alors avec ces mots: "Lorsque quelque chose ne se terminera pas très bien, voire mal, elles n'en seront pas perturbées, et ne croiront pas que ce soit véritablement un mal; mais elles feront acte d'humilité devant Dieu et auront confiance dans Son pouvoir à en tirer un bien".

5. Révérende Mère, tout en formant pour vous et pour vos consoeurs capitulaires le souhait d'un travail intense et fructueux au bénéfice de la Congrégation tout entière, je vous exhorte toutes à mettre à profit la riche expérience spirituelle qui caractérise votre Famille religieuse. Chères filles de Marie, que votre regard demeure fixé sur votre Fondateur et sur vos consoeurs qui vous ont précédées dans le service fidèle à l'Eglise. Soyez persuadées que même dans les moments difficiles, la Divine Providence ne cesse de vous soutenir efficacement.

Que la Bienheureuse Vierge "dell'Orto", votre protectrice particulière, vous accompagne sur le chemin de sainteté que vous avez entrepris et qu'elle vous aide à tirer des fruits importants de votre Assemblée capitulaire. Je vous assure de ma prière, et j'accorde de tout coeur à chacune de vous la Bénédiction apostolique, en l'étendant volontiers à toute votre Famille religieuse et à tous ceux que vous rencontrez au cours de vos activités.



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'OCCASION DU 25ème ANNIVERSAIRE DU FONDS INTERNATIONAL POUR LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE

A Son Excellence

Monsieur Lennart BAGE
Président du FIDA

1. J'ai beaucoup apprécié l'invitation que vous m'avez adressée de participer à la cérémonie solennelle qui célèbre le vingt-cinquième anniversaire du FIDA.

J'ai pour ma part demandé au Cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d'Etat, de se faire le messager de ma reconnaissance et de ma parole à l'occasion de cette circonstance solennelle, qui voit réunis à Rome de nombreux représentants des gouvernements et d'Organisations internationales.

A cette occasion, je souhaite adresser un salut particulier au Président de la République italienne, M. Carlo Azeglio Ciampi, au Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, et aux responsables des autres Agences du "groupe romain" des Nations unies. Cette présence, qualifiée et attentionnée, témoigne de l'engagement commun afin de définir des stratégies qui permettent de parvenir à libérer l'humanité de la faim et de la malnutrition.

Dans cet effort, le FIDA apporte une contribution originale en raison des critères statutaires qui définissent sa structure et guident son action, en lui conférant la tâche spécifique de fournir des ressources financières aux "plus pauvres d'entre les pauvres" au service du développement agricole des pays qui présentent des carences alimentaires (cf. Statuts du FIDA, art. 1). L'institution du FIDA au sein des Agences du système des Nations unies rappelle en effet que pour affronter la faim et la malnutrition une programmation efficace est nécessaire, apte à favoriser la circulation des techniques dans le secteur agricole, ainsi qu'une répartition des ressources financières disponibles.

Il ne fait aucun doute que l'engagement au service de la solidarité, dont le FIDA a fait preuve jusqu'ici dans la lutte contre la pauvreté rurale, a révélé un moyen concret de parvenir à la sécurité alimentaire, en l'affranchissant des seules considérations liées à la disponibilité de denrées orientées à la consommation, mais en encourageant la diversification des ressources, à commencer par celles des travailleurs et des communautés rurales. De cette manière, la sécurité alimentaire peut constituer la garantie nécessaire au respect du droit de chaque personne à être libérée de la faim.

Il s'agit d'une approche positive à une époque où persistent de graves préoccupations dans diverses régions du monde, considérées à risque d'un point de vue alimentaire. Le conflit entre les possibilités d'intervention et la volonté d'oeuvrer concrètement met en péril la survie de millions de personnes dans une situation mondiale qui connaît, dans son ensemble, un développement et un progrès sans précédents dans l'histoire et qui est consciente de la disponibilité des ressources à l'échelle mondiale.


Discours 2003 - Samedi 15 février 2003