Discours 2003 - Jeudi 3 juillet 2003\i 


À S. E. M. SEONG YOUM, NOUVEL AMBASSADEUR DE CORÉE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Vendredi 4 juillet 2003


Monsieur l'Ambassadeur!

1. Je suis heureux d'accepter les Lettres par lesquelles Monsieur le Président Roh Moo-hyun vous accrédite en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Corée près le Siège apostolique.

Je vous souhaite une cordiale bienvenue et je vous remercie pour les aimables paroles que vous venez de m'adresser. Je vous demande, en outre, de vous faire l'interprète auprès du Premier Magistrat de la Nation que vous représentez ici, ainsi que des Autorités du gouvernement, de mes sentiments d'estime et de profonde considération pour leur action en faveur de la sécurité et du bien-être de tous les habitants de Corée, ainsi que pour toutes les initiatives de dialogue en cours avec les habitants de l'autre moitié de la Péninsule coréenne.

La rencontre d'aujourd'hui coïncide avec le quarantième anniversaire de l'ouverture d'une légation de la République de Corée près le Saint-Siège. En vérité, toutefois, les liens étroits entre l'Eglise catholique et le peuple coréen remontent bien avant dans le temps, et témoignent de la fécondité de la présence du Christ et de la profonde influence de son message. En effet, en dépit des vicissitudes, l'Evangile a pu croître et fleurir en Terre coréenne, en contribuant à une plus grande ouverture d'esprit entre ses habitants eux-mêmes et engendrant avec d'autres pays un échange fécond et réciproque de valeurs de civilisation. Le grand nombre de Coréens élevés aux honneurs des autels montre que la sainteté s'est profondément enracinée dans le peuple, et cela illumine l'Eglise universelle.

2. La Providence m'a permis de visiter par deux fois le pays que Vous représentez. J'ai pu me rendre compte des progrès et des conquêtes de liberté et de bien-être d'une société jeune et dynamique. J'ai toutefois également ressenti l'amertume de nombreuses personnes en constatant que la péninsule, habitée par un seul peuple, est obligée de vivre une pénible division. La persistance de sentiments d'hostilité et d'opposition entre les deux Nations constitue certainement un motif de préoccupation, mais une raison d'espérer est de savoir qu'il existe une volonté concrète d'apaiser les tensions à travers le dialogue et les rencontres, afin d'atténuer les divergences et de trouver un terrain pour une entente bénéfique.

Tout signe encourageant dans cette direction doit être soutenu avec patience et courage, persévérance et clairvoyance. Ce n'est qu'à travers le dialogue respectueux, en effet, que des objectifs positifs et durables peuvent être atteints. Les accords signés jusqu'à présent témoignent qu'une volonté sincère de résolution pacifique des différends conduit à des résultats concrets dans le respect réciproque et dans la loyauté des comportements, au bénéfice non seulement de la réconciliation entre les deux Etats, mais également de la stabilité de la situation régionale dans laquelle se trouve la péninsule coréenne. Ce parcours politique trouvera probablement une force et une crédibilité plus grandes, si la région la plus développée de la péninsule sait répondre dans la mesure de ses possibilités, aux nécessités urgentes de l'autre région.

Le Saint-Siège considère favorablement tout effort de dialogue et de co-opération, ainsi que l'attention constante à l'égard des couches les plus faibles de la population. Le souvenir des souffrances passées ne doit pas amoindrir la confiance dans un avenir meilleur. Il est nécessaire, au contraire, d'édifier le présent et l'avenir de la Corée sur les bases solides du respect de la personne et dans la recherche constante de la justice et de la paix. A cette fin, dans la conjoncture présente, il faut poursuivre inlassablement les efforts visant à l'élimination progressive, équilibrée et contrôlable, des armes de destruction de masse et, en particulier, des armes nucléaires. "Cela suppose - écrivait il y a quarante ans mon vénéré prédécesseur Jean XXIII dans l'Encyclique Pacem in terris - qu'à l'axiome qui veut que la paix résulte de l'équilibre des armements, on substitue le principe que la vraie paix ne peut s'édifier que dans la confiance mutuelle [...] car il est à la fois réclamé par la raison, souverainement désirable, et de la plus grande utilité" (PT 113).

3. La communauté catholique en Corée constitue une réalité prometteuse, et je sais qu'elle jouit d'estime et de respect. Elle accomplit sa mission en s'inspirant de l'Evangile et traduit de façon concrète son témoignage religieux à travers ses institutions dans le domaine de l'éducation, de l'assistance et de la charité, appréciées de nombreuses personnes.

Fidèle au commandement du Christ, l'Eglise catholique annonce l'Evangile de la Vie. Elle ne cache pas sa préoccupation pour le triste phénomène de l'avortement, qui constitue une terrible plaie sociale. L'avortement s'accompagne également d'une pratique courante du contrôle artificiel des naissances et de la diffusion d'une mentalité inspirée par le seul pragmatisme, qui justifie et encourage les manipulations génétiques, même les plus dénuées de scrupules, ainsi que, toujours et encore, la peine de mort. Face à ces graves menaces à la vie, l'Eglise sent qu'il est de son devoir de rappeler les valeurs en lesquelles elle croit, des valeurs qui constituent le patrimoine de l'humanité car inscrites par Dieu à travers le droit naturel dans le coeur de chaque homme.

Un programme qui a pour objectif prioritaire la défense de la vie et de la famille, apportera sans aucun doute un bénéfice à la solidité et à la stabilité de la société coréenne. A cet égard, je voudrais rappeler ce que j'écrivais dans la Lettre Encyclique Evangelium vitae: "Lorsque, à cause d'un tragique obscurcissement de la conscience collective, le scepticisme en viendrait à mettre en doute jusqu'aux principes fondamentaux de la loi morale, c'est le système démocratique qui serait ébranlé dans ses fondements, réduit à un simple mécanisme de régulation empirique d'intérêts divers et opposés" (EV 70).

4. Monsieur l'Ambassadeur, je souhaite de tout coeur que les bons rapports existant entre le Saint-Siège et le pays que vous représentez s'intensifieront toujours davantage grâce à un dialogue bénéfique.

Quant à vous, je vous prie de transmettre à Monsieur le Président de la Corée, aux Autorités du gouvernement et au cher peuple que vous représentez, mon salut cordial et mon souhait fervent de prospérité et de progrès, dans la justice et dans la paix.

Dans l'accomplissement de la haute fonction qui vous est confiée, vous pourrez compter sur ma constante bienveillance et sur le soutien compétent de mes collaborateurs. Je vous assure de ma prière et j'invoque sur vous et sur ceux dont vous êtes l'interprète, une abondance de bénédictions célestes.



AU CARDINAL CORRADO BAFILE À L'OCCASION DE SON 100ème ANNIVERSAIRE

Vendredi 4 juillet 2003




A mon Vénéré Frère
le Cardinal Corrado BAFILE

Monsieur le Cardinal, l'âme emplie de joie et reconnaissant au Seigneur, je vous présente mes voeux les plus cordiaux à l'occasion de votre centième anniversaire. Il s'agit d'une étape véritablement significative, que la Providence vous a accordé d'atteindre. Grâce à ce privilège singulier, vous qui êtes né à L'Aquila au début du vingtième siècle avez pu le vivre entièrement et, après avoir franchi le seuil du grand Jubilé de l'An 2000, vous êtes entré dans le troisième millénaire.
C'est la raison pour laquelle j'ai à coeur de m'associer à vous, cher et vénéré frère, en considérant, avec une profonde reconnaissance au Seigneur, la longue et riche expérience accomplie au cours de ces cent années. Je pense en particulier à la façon dont, ayant embrassé le sacerdoce à l'âge adulte, vous avez toujours été au service du Saint-Siège, exerçant pendant de longues périodes des tâches importantes et délicates. Après vingt ans de travail apprécié à la Secrétairerie d'Etat, le bienheureux Jean XXIII vous choisit comme "Cameriere Segreto Partecipante"; il vous nomma ensuite Nonce apostolique en Allemagne et vous consacra Archevêque, en vous suggérant de prendre la même devise épiscopale que lui: "Oboedientia et pax".Particulièrement intenses et fructueuses furent les quinze années d'activité diplomatique à Bonn, au terme desquelles le Pape Paul VI vous rappela à Rome et vous confia la direction du dicastère pour les Causes des Saints, vous nommant très vite au sein du Collège cardinalice. C'était le 24 mai 1976.

Je désire également vous exprimer ma gratitude et mon estime pour ce que vous avez accompli en tant que collaborateur généreux et compétent de mes deux prédécesseurs, ainsi que de moi-même. J'ai surtout plaisir à souligner les convictions spirituelles élevées qui ont toujours orienté votre action. Ceux qui ont eu le privilège d'être proches de vous, non seulement dans le service au Siège apostolique mais également dans le "Sodalizio degli Abruzzesi" à Rome et dans la Legio Mariae, attestent de façon unanime le zèle sacerdotal et apostolique qui a toujours inspiré votre service au cours des diverses phases de votre longue vie.

Monsieur le Cardinal, que la Sainte Vierge veuille vous obtenir toutes les grâces que vous souhaitez, en continuant à être proche de vous à travers sa protection maternelle.

Avec ces sentiments et ces voeux, je vous assure de mon souvenir affectueux dans la célébration eucharistique, alors qu'en gage de communion fraternelle je vous donne une Bénédiction apostolique spéciale, que j'étends à ceux qui vous sont chers dans le Seigneur.

Du Vatican, le 19 juin 2003


IOANNES PAULUS II



À S. E. M. GEORGIOS F. POULIDES, NOUVEL AMBASSADEUR DE CHYPRE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Samedi 5 juillet 2003



  Monsieur l'Ambassadeur,

C'est pour moi un grand plaisir de vous accueillir au Vatican à l'occasion de la présentation des Lettres de Créance qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Chypre près le Saint-Siège. Je vous suis reconnaissant pour les salutations que vous m'apportez de la part du Président Tassos Papadopoulos, et je vous prie de bien vouloir lui transmettre, ainsi qu'au gouvernement, l'expression de mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour le progrès, la paix et la prospérité de la nation. Je suis également heureux de constater que vous êtes le premier Ambassadeur de votre pays près le Saint-Siège qui résidera dans la ville de Rome: cela constitue un signe positif supplémentaire de l'amitié et de la coopération qui continue de croître entre nous.

Vous avez mentionné la récente signature du Traité d'adhésion de la République de Chypre à l'Union européenne. Cela représente sans aucun doute une étape importante pour la nation, tandis qu'elle commence à faire les préparatifs nécessaires afin d'occuper sa place officielle au sein de la communauté économique et politique européenne. En vertu de son antique héritage chrétien, profondément ancré, qui remonte au tout début du christianisme lui-même, Chypre se trouvera dans une position avantageuse pour rendre l'Europe toujours plus consciente de ses propres racines chrétiennes. Car, comme j'ai eu l'occasion de le souligner au début de cette année au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège: "L'Europe porte en elle les valeurs qui ont fécondé, deux millénaires durant, un art de penser et de vivre dont le monde entier a bénéficié. Parmi ces valeurs, le christianisme occupe une place de choix dans la mesure où il a donné naissance à un humanisme qui a imprégné son histoire et ses institutions... Une Europe qui désavouerait son passé, qui nierait le fait religieux et qui n'aurait aucune dimension spirituelle serait bien démunie face à l'ambitieux projet qui mobilise ses énergies; construire l'Europe de tous!" (Discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, n. 5; 13 janvier 2003).

L'expansion constante de l'Union européenne est un signe encourageant des résultats qui peuvent être obtenus lorsque la bonne volonté, la confiance réciproque, la fidélité aux engagements et la coopération entre les partenaires responsables deviennent le modus operandi qui prévalent sur la scène internationale. Ces valeurs sont d'autant plus nécessaires à notre époque moderne, dans laquelle il n'est plus possible de saisir la pleine signification de l'indépendance des Etats hors du concept d'interdépendance. Aujourd'hui, comme sans doute jamais auparavant dans l'histoire humaine, les Nations souveraines sont étroitement liées entre elles, souvent de façon significative, Pour le bien comme pour le mal. Notre monde contemporain a un besoin manifeste d'accorder un plein respect aux aspirations légitimes, aux traditions et aux croyances de peuples de différentes origines. Seuls l'acceptation réciproque et le dialogue sincère entre les peuples et les groupes peuvent soutenir la tâche de maintenir des relations harmonieuses. La paix véritable exige la reconnaissance effective et la sauvegarde de la dignité et des droits de tous les membres de la famille humaine en tant que critère fondemental de politique et d'action, avec une ouverture et un soutien particuliers à l'égard de ceux qui en ont le plus besoin: les pauvres, les jeunes, les personnes âgées, les travailleurs, les immigrés.

Votre Excellence a également fait référence à une situation qui constitue l'un des problèmes les plus urgents que Chypre doit affronter aujourd'hui: la division actuelle de l'île. Le Saint-Siège, comme le reste de la Communauté internationale, a profondément déploré que le programme de paix et de réunification présenté l'an dernier par le Secrétaire général des Nations unies - qui était le résultat de mois de négociations - n'ait pas reçu le consensus nécessaire de la part des parties concernées et n'ait donc pas été accepté. Il faut espérer que le climat actuel d'intégration européenne et d'unité européenne croissantes apportera un nouvel élan et davantage de détermination aux efforts visant à surmonter enfin cette crise. A cet égard, je suis heureux d'apprendre que votre gouvernement est disposé à s'asseoir à nouveau à la table des négociations, sous les auspices des Nations unies, et qu'il est prêt à se conformer à toutes les directives appropriées qui seront adoptées par le Conseil de Sécurité. En effet, la confrontation et la violence n'apporteront jamais de solutions durables aux controverses entre les peuples et les nations. Une négociation sincère est nécessaire pour aplanir les différences d'une manière qui serve le bien commun authentique, et emprunter le chemin du dialogue franc et direct est l'unique voie pour entreprendre de façon effective ces négociations. Dans tout cela, les membres de la communauté catholique seront bien sûr toujours prêts à apporter leur contribution aux Chypriotes.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que votre mission contribuera beaucoup à renforcer les liens d'amitié entre la République de Chypre et le Saint-Siège. Je vous offre mes meilleurs voeux pour le succès de celle-ci et je vous assure que les divers bureaux de la Curie Romaine seront toujours prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. J'invoque sur vous et sur votre pays d'abondantes Bénédictions de Dieu tout-puissant.



AUX PARTICIPANTS À LA REMISE DU "PRIX INTERNATIONAL PAUL VI" AU PROFESSEUR PAUL RICOEUR

Samedi 5 juillet 2003




Mesdames et Messieurs!

1. Je suis heureux de vous rencontrer, à l'occasion de la remise du prix conféré en mémoire de mon vénéré prédécesseur, le serviteur de Dieu Paul VI.

J'adresse à tous une sincère bienvenue. Je salue avec affection Messieurs les Cardinaux Giovanni Battista Re et Paul Poupard, l'Evêque de Brescia, Mgr Giulio Sanguineti, ainsi que les autres Prélats réunis ici. J'étends mon salut respectueux aux Autorités civiles, qui représentent les Institutions publiques de Brescia, ainsi qu'aux responsables de l'Institut Paul VI, en commençant par son Président, M. Giuseppe Camadini, que je remercie pour les paroles à travers lesquelles il a interprété les sentiments communs. Je renouvelle mon appréciation pour les initiatives promues par cette Institution de grand mérite, qui contribue à maintenir vivante dans l'Eglise et dans le coeur des hommes de bonne volonté la gratitude envers ce grand Pape.

2. La rencontre d'aujourd'hui s'inscrit entre deux anniversaires importants: le quarantième anniversaire de l'élection au Pontificat du serviteur de Dieu Paul VI et le vingt-cinquième anniversaire de sa mort.

Son souvenir ému demeure plus que jamais vivant et enraciné dans l'âme de tous. Paul VI a ressenti profondément les inquiétudes et les espérances de son époque et s'est efforcé de comprendre les expériences de ses contemporains, en les illuminant de la lumière du message chrétien. Il leur a montré la source de la vérité dans le Christ, l'unique Rédempteur, source de la joie véritable et de la paix authentique.

Puisse l'exemple de ce Pasteur zélé de l'Eglise universelle encourager et stimuler toujours davantage les croyants à être des témoins d'espérance à l'aube du troisième millénaire.

3. Ce prix prestigieux, qui est attribué précisément en son nom tous les cinq ans à une personnalité ou une institution qui s'est distinguée de façon significative dans le domaine de la culture d'inspiration religieuse, représente une reconnaissance indubitable de l'intérêt éternel que suscite la personnalité du Pape Montini. Jusqu'à présent, il a été remis à des chercheurs dans le domaine de la théologie, de la musique, de l'oecuménisme et de la promotion des droits de l'homme. Cette année, il est remis au célèbre chercheur français, le professeur Paul Ricoeur, auquel j'adresse un salut cordial et respectueux, le remerciant pour les paroles courtoises et profondes qu'il vient de m'adresser. Il est connu également pour sa contribution généreuse au dialogue oecuménique entre catholiques et réformés. Sa recherche met en évidence combien le rapport entre philosophie et théologie, entre foi et culture, est fécond; un rapport qui, comme j'ai voulu le rappeler dans l'Encyclique Fides et ratio, doit se dérouler "sous le signe de la circularité. Pour la théologie, le point de départ et la source originelle devront toujours être la Parole de Dieu [...] puisque la Parole de Dieu est la Vérité, pour mieux comprendre cette parole, on ne peut pas ne pas recourir à la recherche humaine de la vérité, à savoir, la démarche philosophique" (FR 73).

4. Le choix, de la part de l'Institut Paul VI, d'honorer un philosophe et en même temps un homme de foi, engagé dans la défense des valeurs humaines et chrétiennes, apparaît donc plus que jamais opportun.

Tandis que j'exprime mes vives félicitations au professeur Paul Ricoeur, j'assure chacun de vous ici présents de ma prière, afin que vous puissiez répondre au projet que Dieu a pour vous et pour l'Institut Paul VI.

5. J'adresse également un salut respectueux aux membres de la Fondation "Centesimus annus - Pro Pontifice", réunis à l'occasion de leur rencontre annuelle, sous la présidence du Comte Lorenzo Rossi di Montelera, que je salue cordialement. J'étends mon salut aux Prélats, aux membres du Conseil d'Administration et aux participants au Congrès.

Tout en les remerciant du soutien concret offert au Saint-Siège, je prie le Seigneur pour chacun d'entre eux, pour leurs activités et pour toutes les personnes qui leur sont chères.

6. Avec ces sentiments, tandis que j'adresse à chacune des personnes présentes à cette Audience le souhait d'un engagement fructueux dans leur domaine de travail, je donne à tous avec affection ma Bénédiction.



MESSAGE DE JEAN-PAUL II À LA FONDATION VATICANE "CENTESIMUS ANNUS - PRO PONTIFICE"




Très chers frères et soeurs!

1. La rencontre d'aujourd'hui se déroule à l'occasion du dixième anniversaire de l'institution de la Fondation vaticane "Centesimus Annus - Pro Pontifice", qui représente une réponse particulière à l'invitation que j'ai adressée, dans l'Encyclique dont celle-ci s'inspire, à promouvoir et diffuser la connaissance et la pratique de la doctrine sociale de l'Eglise.

La généreuse disponibilité de fidèles laïcs compétents et d'organismes qui expriment de façon diverse la grande tradition du mouvement catholique en Italie, s'est unie à la fervente initiative du Cardinal Rosalio Castillo Lara, alors Président de l'Administration du Patrimoine du Siège apostolique. Cela a donné naissance à votre institution, qui entend lier l'engagement au service de la diffusion de l'enseignement de l'Eglise en matière sociale, en particulier dans le monde professionnel et de l'entreprise, à l'aide concrète apportée au Pape dans le domaine des interventions caritatives en vue desquelles il est constamment sollicité de toute part dans le monde, et du soutien aux instruments dont il dispose pour son ministère universel.

Les dix années qui se sont écoulées ont vu la consolidation de la Fondation, le développement d'initiatives d'étude et de formation, - parmi lesquelles il faut citer en particulier le Master en Doctrine sociale, promu en collaboration avec l'Université pontificale du Latran -, l'organisation de groupes d'adhérents sur le territoire italien et la mise en place, riche de perspectives, de liens également dans d'autres pays.

Je ne peux manquer de me réjouir vivement pour tout cela, tandis que je ressens le devoir d'exprimer un remerciement particulier à tous ceux qui ont contribué à mettre chaque année à ma disposition des ressources précieuses pour l'exercice de ma sollicitude évangélique envers le monde entier.

2. Je vous encourage à poursuivre votre engagement, en ayant toujours trois grandes convictions à l'esprit:

a) L'actualité permanente de la doctrine sociale de l'Eglise. Les événements dramatiques qui tourmentent le monde contemporain et les conditions déplorables de sous-développement dans lesquelles se trouvent encore trop de pays, avec de terribles conséquences pour leurs habitants, pour leurs institutions fragiles, et pour le milieu naturel lui-même, indiquent qu'il faut véritablement repartir d'une juste perspective: la vérité de l'homme, telle qu'elle est découverte par la raison et confirmée par l'Evangile de Jésus Christ, qui proclame et promeut la véritable dignité et la vocation sociale innée de la personne.

L'enseignement social de l'Eglise approfondit régulièrement les divers aspects de cette vérité, notamment face aux défis des temps et au changement des conditions culturelles et sociales; il offre des orientations encourageantes pour la promotion des droits de l'homme, pour la protection de la famille, pour le développement d'institutions politiques véritablement démocratiques et actives, pour une économie au service de l'homme, pour un nouvel ordre international qui garantisse la justice et la paix entre les peuples, et pour un comportement toujours plus responsable envers la création, notamment au service des générations futures.

b) La responsabilité propre aux chrétiens laïcs. Reproposée avec une grande clarté par le Concile Vatican II et soulignée par moi-même tant de fois avec conviction dans les actes de mon Magistère, cette responsabilité trouve précisément dans la doctrine sociale de l'Eglise un point de référence nécessaire, fécond et exaltant. Le Concile parle de "fonction, lumières et forces qui peuvent servir à constituer et à affermir la communauté des hommes selon la loi divine" (Gaudium et spes GS 42). Ce devoir est propre et particulier aux fidèles laïcs, appelés à diffuser la lumière qui vient de l'Evangile au sein des multiples réalités sociales et, avec la force transmise par le Christ, à s'engager pour "humaniser" le monde. Il s'agit d'une responsabilité véritablement importante, qui devrait être vécue par les chrétiens laïcs non pas comme un devoir restrictif, mais comme une passion généreuse et créative.

c) La conscience que seuls des hommes nouveaux peuvent faire toute chose nouvelle. On ne peut demander à l'économie, à la politique, aux institutions sociales ce qu'elles ne peuvent donner. Toute véritable nouveauté naît du coeur, d'une conscience rachetée, illuminée et capable d'une véritable liberté grâce à la rencontre vivante avec Celui qui a dit: "Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie" (Jn 14,6) et "Hors de moi, vous ne pouvez rien faire" (Jn 15,5).

L'engagement social des chrétiens laïcs ne peut donc être alimenté, rendu cohérent, tenace et courageux que par une profonde spiritualité, c'est-à-dire une vie d'union intime avec le Christ, qui les rende capables d'exprimer les grandes vertus théologales - foi, espérance et charité - à travers l'exercice de la difficile responsabilité d'édifier une société moins éloignée du grand dessein providentiel de Dieu.

3. En vous offrant avec estime, espérance et affection, ces orientations pour votre engagement croissant, je désire renouveler mon profond remerciement à l'égard du Président, le Comte Lorenzo Rossi di Montelera, aux membres du Conseil d'administration, aux fondateurs, à tous les adhérents et aux ecclésiastiques qui accompagnent votre chemin.

Avec ces sentiments, j'invoque de tout coeur sur chacun de vous et sur tous ceux qui vous sont chers, une abondance de dons célestes, en signe desquels je donne à tous ma Bénédiction.


Du Vatican, le 5 juillet 2003


IOANNES PAULUS II



MESSAGE DE JEAN-PAUL II AU PRÉSIDENT DE CARITAS INTERNATIONALIS




À Monseigneur Fouad El-Hage
Président de Caritas internationalis

1. Au moment où se réunit, à Rome, la dix-septième Assemblée générale de Caritas internationalis, je salue cordialement ses participants, qui représentent toutes les organisations membres de Caritas réparties dans le monde. Je tiens une fois encore à manifester, à cette occasion, ma reconnaissance à votre organisation pour sa mise en oeuvre, active et compétente, du précepte de la charité et pour son travail généreux dans le monde entier, notamment au service des plus démunis.

2. Le thème que vous avez choisi d’approfondir au cours de cette assemblée, Mondialiser la solidarité, est une réponse directe à l’appel que j’avais lancé dans la lettre apostolique Novo millennio ineunte, invitant à «l’engagement d’un amour actif et concret envers tout être humain» (NM 49) et évoquant «l’heure d’une nouvelle ‘imagination de la charité’ qui se déploierait non seulement à travers les secours prodigués avec efficacité, mais aussi dans la capacité de se faire proche, d’être solidaire de ceux qui souffrent, de manière que le geste d’aide soit ressenti non comme une aumône humiliante, mais comme un partage fraternel» (NM 50). Je souhaite que vous trouviez, grâce à vos échanges et à vos travaux, des chemins concrets pour réaliser cet objectif, cher à mon coeur.

3. Le projet est ambitieux, parce qu’il veut prendre en compte les défis urgents posés par notre monde, marqué par une multitude d’échanges qui créent de plus en plus de liens d’interdépendance entre les systèmes, les nations et les personnes, mais aussi menacé d’éclatement, de cloisonnements et d’oppositions violentes, comme l’a montré la recrudescence du terrorisme. Devant cette situation, il n’y a certes pas de temps à perdre mais il apparaît clairement qu’il n’est plus possible de concevoir des politiques ou des programmes qui resteraient limités à un aspect partiel des problèmes, en voulant ignorer ce que vit autrui. La mondialisation est devenue comme l’horizon obligé de toute politique, et cela est vrai en particulier pour ce qui concerne le monde de l’économie, comme aussi les domaines de l’assistance et de l’entraide internationales.

4. Pour que la solidarité devienne mondiale, il faut qu’elle prenne effectivement en compte tous les peuples de l’ensemble des régions du monde. Cela exige encore beaucoup d’efforts, et surtout des garanties internationales fermes vis-à-vis des organisations humanitaires, souvent mises à l’écart, malgré elles, des terrains de conflit, parce que la sécurité ne leur est plus garantie et que le droit de prêter assistance aux personnes ne leur est pas assuré.

Mondialiser la solidarité demande aussi de travailler en relation étroite et constante avec les organisations internationales, garantes du droit, pour équilibrer d’une manière nouvelle les relations entre pays riches et pays pauvres, afin que cessent des relations d’assistance à sens unique, qui contribuent trop souvent à creuser davantage le déséquilibre par un mécanisme d’endettement permanent. Il conviendrait plutôt de mettre en oeuvre un véritable partenariat, fondé sur des relations égales et réciproques, en reconnaissant le droit de chacun à maîtriser effectivement les choix qui concernent son avenir.

5. Il importe d’ajouter que vouloir la mondialisation de la solidarité ne requiert pas seulement de s’adapter aux exigences nouvelles de la situation internationale ou aux modifications de l’exercice des lois du marché, mais que cela constitue d’abord une réponse aux appels pressants de l’Évangile du Christ. Pour nous chrétiens, mais aussi pour tout homme, cela demande une véritable démarche spirituelle, la conversion des mentalités et des personnes. Pour que l’aide offerte à l’autre ne soit plus l’aumône du riche envers le pauvre, humiliante pour ce dernier et peut-être source d’orgueil pour le premier, pour qu’elle devienne un partage fraternel, c’est-à-dire la reconnaissance d’une véritable égalité entre tous, il nous faut «repartir du Christ» (cf. Novo millennio ineunte NM 29), enraciner notre vie dans l’amour du Christ, lui qui a fait de nous ses frères. Comme l’Apôtre Pierre, nous comprenons désormais que «Dieu ne fait pas de différence entre les hommes» (Ac 10,34) et que, dès lors, le ministère de la charité doit être universel.

L’accueil de tous ceux qui sont en difficulté est depuis longtemps la règle de votre action dans tous les lieux et dans tous les pays où s’exerce, directement ou indirectement, l’activité de Caritas. Il importe de travailler maintenant à sensibiliser tous les hommes à cette tâche, afin que chaque personne, parce qu’elle a la même dignité et les mêmes droits que ses semblables, puisse espérer aussi les mêmes secours.

6. En vous invitant à vous tourner vers le Christ, Bon Samaritain de notre humanité blessée (cf. Lc 10,30-36), lui sans qui nous ne pouvons rien faire (cf. Jn 15,5), je vous confie à l’intercession de la Vierge Marie, attentive, déjà à Cana, à discerner les attentes des hommes, pour qu’elle accompagne vos travaux de sa prière. De grand coeur, je vous accorde une particulière Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 4 juillet 2003.

IOANNES PAULUS II



DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PRÊTRES MISSIONNAIRES DE LA ROYAUTÉ DU CHRIST

Mardi 8 juillet 2003


Très chers Missionnaires de la Royauté du Christ!

1. Je suis heureux de vous accueillir en cette audience particulière, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la fondation de votre Institut séculier. J'adresse mes salutations cordiales à votre Président et je le remercie des paroles courtoises à travers lesquelles il s'est fait l'interprète des sentiments communs. Mon salut s'étend à toutes les personnes présentes et à tous vos confrères qui oeuvrent dans différents pays d'Europe, d'Afrique et d'Amérique latine, avec une pensée affectueuse pour les malades, les personnes âgées et, en particulier, pour les jeunes qui, en nombre croissant, se sentent attirés par le charisme missionnaire de votre famille spirituelle.

Votre fondation eut lieu le 4 octobre 1953 dans l'église "San Damiano", à Assise. Il s'agit d'une occasion heureuse de rendre grâce au Seigneur des si nombreux fruits de bien qui sont parvenus à maturité jusqu'à aujourd'hui, et de repartir avec un élan missionnaire renouvelé, en annonçant l'Evangile aux hommes et aux femmes du troisième millénaire.

2. Selon l'intuition originale de votre fondateur, le Père Agostino Gemelli, votre Institut séculier se caractérise comme une fraternité sacerdotale, dans laquelle chacun, fidèle au dessein de Dieu, réalise sa propre consécration au service de l'Eglise, germe et commencement sur la terre du Royaume du Christ (cf. LG LG 5). En vous inspirant de saint François d'Assise, vous vivez "le ministère sacerdotal selon le modèle de vie que le Christ indiqua à ses premiers disciples, en les invitant à tout quitter pour lui et pour l'Evangile" (Constitutions, n. 3; cf. PC PC 3).

Poursuivez cet itinéraire ascétique et apostolique exigeant, mais libérateur, en rendant grâce au Seigneur chaque jour de votre ministère sacerdotal, don et mystère d'amour divin.

3. Conservez vivant le charisme de votre fondateur, en l'adaptant aux nouvelles situations sociales et culturelles de notre époque. Votre service ecclésial sera fructueux si vous conservez un contact constant avec le Christ dans la prière, et si vous cultivez toujours davantage la communion avec l'Evêque et avec le collège des prêtres des diocèses auxquels vous appartenez.

Soyez des missionnaires pleins de zèle et de dévouement généreux pour vos frères. Que l'ardeur à l'évangélisation vous entraîne dans un apostolat qui ne connaît pas de frontières. Comme je l'écrivais dans l'Exhortation apostolique Pastores dabo vobis, le don spirituel reçu par les prêtres avec l'ordination "les prépare non pas à une mission limitée et restreinte, mais à une mission de salut d'ampleur universelle, "jusqu'aux extrémités de la terre" (Ac 1,8)". C'est pourquoi la vie spirituelle des prêtres "doit être profondément marquée par l'élan et le dynamisme missionnaire" (cf. PDV 32).

4. Très chers frères! Tout en vous remerciant de cette visite qui prend place dans le cadre joyeux des célébrations jubilaires de votre Institut, je vous exhorte avant tout à tendre vers la sainteté et à en faire la priorité de votre existence, de façon à devenir à votre tour des témoins et des maîtres de perfection évangélique. La spiritualité propre aux missionnaires de la Royauté du Christ, qui est séculière et sacerdotale, représente un patrimoine significatif qui doit être investi au service du bien de l'Eglise.

Je confie votre Fraternité sacerdotale à la Vierge immaculée. Que Marie, Reine et protectrice particulière de votre Institut, vous aide à réaliser la mission qui vous a été confiée pour votre sanctification et pour le salut des âmes.

Tout en vous assurant d'un souvenir constant dans la prière, je vous bénis avec affection, ainsi que vos confrères présents à travers le monde et tous ceux que vous rencontrez à l'occasion de votre travail pastoral quotidien.



Discours 2003 - Jeudi 3 juillet 2003\i