Discours 2004 - MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE PROMUE PAR LA FONDATION CENTESIMUS ANNUS - PRO PONTIFICE


MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS À LA CONVOCATION NATIONALE DES GROUPES ET DES COMMUNAUTÉS DU RENOUVEAU DANS L'ESPRIT

Rimini, du 29 avril au 2 mai 2004  


A mon vénéré frère

Mgr Mariano DE NICOLO
Evêque de Rimini

1. Je suis heureux, cette année encore, de vous adresser mes salutations cordiales, ainsi que, à travers vous, à tous ceux qui prennent part à la Convocation nationale des groupes et des communautés du Renouveau dans l'Esprit, qui se déroule dans la ville de Rimini du 29 avril au 2 mai 2004. Le thème - "Car voici que je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle; mais soyez plein d'allégresse et exultez éternellement de ce que moi, je vais créer" (Is 65 Is 17-18) - aide à contempler le grand mystère de la joie chrétienne. J'invite chacun à faire sienne la prière de conclusion de l'Exhortation apostolique "Christifideles laici", dans laquelle je demandais à la "Vierge du Magnificat": "Enseigne-nous à traiter les réalités du monde avec un sens très vif de responsabilité chrétienne et dans la joyeuse espérance de la venue du Règne de Dieu, de nouveaux cieux et d'une terre nouvelle" (CL 64). Les rencontres des groupes et des communautés du Renouveau dans l'Esprit, si elles sont véritablement animées par la présence de l'Esprit du Seigneur, surtout lorsqu'elles culminent dans la célébration de l'Eucharistie, sont des événements dans lesquels "une partie du Ciel s'ouvre sur la terre et de la communauté des croyants s'élève, en harmonie avec le chant de la Jérusalem céleste, l'hymne de louange éternel" (Spiritus et sponsa, n. 16), qui "est un lien entre le ciel et la terre" (cf. Ecclesia de Eucharistia EE 8 EE 19).

2. L'Esprit Saint ne manquera pas d'enrichir le témoignage de chacun à travers les "dons spirituels et les charismes qu'il prodigue à l'Eglise" (Audience générale du 27 février 1991). Parmi ces charismes, "ceux qui servent à la plénitude de la vie spirituelle" (Ibid., n. 4) revêtent une importance particulière, en transmettant "le goût de la prière", un goût qui n'exclut pas "l'expérience du silence" (cf. Spiritus et sponsa, nn. 13-14). "C'est un large éventail de charismes, avec lesquels l'Esprit Saint fait part à l'Eglise de sa charité et de sa sainteté" (Audience générale du 27 février 1991), qui sera pour vous, très chers frères et soeurs qui participez à la rencontre, un encouragement à diffuser l'amour pour le Christ et pour son Eglise, "unique Mère sur la terre" (cf. Pastores gregis ) et à inscrire la louange que vous élevez à Dieu, sous la direction de vos Pasteurs, dans les "espaces de créativité et d'adaptation, qui la rapprochent des exigences de styles des diverses régions, situations et cultures" (Spiritus et sponsa, n. 15).

3. Je souhaite de tout coeur que le Renouveau dans l'Esprit Saint suscite toujours davantage dans l'Eglise la conversion intérieure sans laquelle l'homme peut difficilement résister aux séductions de la chair et aux concupiscences du monde. Notre époque a grandement besoin d'hommes et de femmes qui, tels des rayons de soleil, sachent communiquer la fascination de l'Evangile et la beauté de la vie nouvelle dans l'Esprit. A travers la force irrésistible de la prière de louange et la grâce qui jaillit de la vie sacramentelle, l'Esprit offre sans cesse ses charismes à la communauté ecclésiale, afin qu'elle soit constamment embellie et édifiée.

Il faut toutefois répondre à l'Evangile du Christ par l'audace de la foi, qui est la mère de tous les miracles d'amour, avec la ferme confiance qui nous fait implorer de Dieu, à travers la prière, tous les biens pour le salut de nos âmes. Chacun, par conséquent, en véritable disciple de Jésus, doit s'appliquer sans trêve à suivre ses enseignements, en faisant de son chemin de renouveau spirituel une école permanente de conversion et de sainteté.

4. Etre témoins des "raisons de l'Esprit": telle est votre mission, chers membres du Renouveau dans l'Esprit Saint, dans une société où, souvent, la raison humaine ne semble pas toujours imprégnée de la sagesse qui vient d'en Haut. Placez dans le coeur des croyants qui participent aux activités de vos groupes et de vos communautés le germe de l'espérance féconde dans le dévouement quotidien de chacun à ses propres devoirs.

Comme je l'écrivais dans l'Encyclique sur l'Eucharistie, "si la vision chrétienne porte à regarder vers les "cieux nouveaux" et la "terre nouvelle" (cf. Ap Ap 21,1), cela n'affaiblit pas, mais stimule notre sens de la responsabilité envers notre terre"; cela doit faire que nous nous sentions "plus que jamais engagés à ne pas faillir aux devoirs de [notre] citoyenneté terrestre". Ainsi, vous pourrez contribuer à "construire un monde qui soit à la mesure de l'homme et qui réponde pleinement au dessein de Dieu" (Ecclesia de Eucharistia EE 20).

Que la Vierge Marie, présente avec les Apôtres au Cénacle dans l'attente de la Pentecôte, accompagne les travaux de votre Congrès. Pour ma part, je vous assure d'un souvenir particulier dans la prière, tandis que je donne à tous ma Bénédiction.

Du Vatican, le 29 avril 2004, Fête de sainte Catherine de Sienne, Patronne d'Italie et de l'Europe.

IOANNES PAULUS II




MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'ÉVÊQUE DE FROSINONE-VEROLI-FERENTINO (ITALIE)



A mon vénéré frère
Mgr Salvatore BOCCACCIO
Evêque de Frosinone-Veroli-Ferentino

1. Au mois d'août de l'année dernière, le Chapitre de la Cathédrale de Ferentino, sous votre conduite, vénéré frère, a ouvert le XVII centenaire commémorant la mort de saint Ambroise martyr, Protecteur de la ville, et, avec sainte Marie Salomé, Patron du bien-aimé diocèse de Frosinone-Veroli-Ferentino. L'année jubilaire se conclura le 1 août de cette année.

A l'occasion de cet heureux anniversaire, j'ai plaisir à m'unir à la joie de tous ceux qui rendent grâce au Seigneur pour les merveilles accomplies durant l'héroïque existence et à travers le martyre du saint centurion Ambroise, tué, selon la tradition, le 16 août 304, au cours de la féroce persécution de l'empereur Dioclétien. Depuis lors, le souvenir de ce grand témoin du Christ a continué d'accompagner le chemin des chrétiens de Ferentino et de la communauté diocésaine. Tout en vous exprimant, vénéré frère, des sentiments de proximité fraternelle, j'étends ma pensée aux prêtres, qui sont vos plus proches collaborateurs, aux religieuses et aux religieux, ainsi qu'à toutes les composantes du Peuple de Dieu confié à vos soins pastoraux.

La fête patronale de saint Ambroise martyr est célébrée le 1 mai, dans le contexte liturgique du Temps pascal, moment très favorable pour célébrer un saint martyr, témoin par excellence du Seigneur Jésus mort et ressuscité. Dans la lumière de la Résurrection, la passion du Seigneur révèle toute sa puissance salvifique, en rendant plus facilement compréhensible la signification et la valeur du martyre chrétien. Le sang versé en communion avec le sacrifice rédempteur du Christ est le germe d'une nouvelle vie évangélique: de foi, d'espérance et de charité. Il est une sève vitale pour l'Eglise, prémice d'une humanité renouvelée dans l'amour et tendue vers la recherche active du Royaume de Dieu et de sa justice. Saint Ambroise martyr représente tout cela pour l'Eglise qui croit, qui espère et qui aime, à Ferentino et sur tout le territoire du diocèse.

2. Beaucoup de choses ont changé au cours de ces dix-sept siècles d'histoire. Le monde s'est largement transformé et un grand nombre de conquêtes ont été faites sur le plan humain et social, notamment grâce à l'influence bénéfique du message évangélique et à la contribution généreuse d'un très grand nombre de générations chrétiennes. Toutefois, à notre époque, le sécularisme progresse, menaçant même de conduire des sociétés dont l'évangélisation est ancienne vers des formes d'agnosticisme qui constituent un véritable défi pour les croyants. Dans ce contexte, le témoignage de ceux qui, par fidélité au Christ et à l'Evangile, n'ont pas hésité à donner leur vie, acquiert une éloquence extraordinaire. Par leur exemple, ils engagent les chrétiens à une cohérence courageuse allant jusqu'à l'héroïsme. Seul celui qui est disposé à le suivre jusqu'au bout est en mesure de se mettre sans réserve au service de l'homme, qui est "la première route et la route fondamentale" de la mission des croyants dans le monde (cf. Enc. Redemptor hominis RH 14).

De ce point de vue, les priorités pastorales que vous avez voulu, vénéré frère, indiquer à la communauté ecclésiale en cette année du XVII centenaire, apparaissent plus que jamais opportunes. Vous invitez à juste titre tous les baptisés à une conscience renouvelée de leur vocation missionnaire, et vous mettez en évidence certains domaines d'intervention apostolique prioritaires: la paix, les jeunes, la famille, la pauvreté, les migrants. J'invite la communauté diocésaine tout entière à parcourir ce chemin avec enthousiasme, inspirée par le désir de faire retentir pour notre époque l'annonce évangélique, en témoignant de façon concrète de l'amour de Dieu envers tout être humain. Dans le visage de chaque personne, sans distinction d'origine ni de culture, en particulier chez le plus pauvre et le plus dépourvu des hommes, les chrétiens reconnaissent le visage lumineux du Christ.

3. Par le don de leur vie, les martyrs témoignent que ce service passionné à la cause de l'homme ne peut être accompli qu'en restant intimement uni au Christ. Cela n'est possible que si l'on reste solidement enraciné dans la prière, si l'on se nourrit de l'Eucharistie et de la Parole de Dieu, que si l'on se renouvelle constamment à travers le sacrement de la Réconciliation (cf. Novo millennio ineunte, III partie). Par son exemple, le martyr rappelle que la véritable priorité pour le baptisé est de tendre vers la sainteté, comme l'enseigne le Concile Vatican II dans le chapitre V de la Constitution Lumen gentium.

Depuis le grand Jubilé de l'An 2000, j'ai mis l'accent à plusieurs reprises sur cette "urgence pastorale", qui est une condition indispensable pour un renouveau authentique de la communauté chrétienne. La sainteté exige que le regard de notre coeur demeure fixé sur le visage du Christ, à l'imitation de Marie, modèle de tout croyant. Il est nécessaire, par ailleurs, que chacun puise aux sacrements, et en particulier à l'Eucharistie, la vigueur pour mener à bien sa propre mission. En effet, sans un profond renouveau de foi et de sainteté et sans le soutien divin constant, comment la communauté ecclésiale pourrait-elle affronter le grand défi de la nouvelle évangélisation?

4. Que le souvenir et l'exemple de saint Ambroise martyr constituent pour tous un encouragement et un soutien à suivre le Christ avec une fidélité docile et totale. Pour aider les prêtres, les religieux et les fidèles de ce diocèse à parcourir avec une conscience plus forte ce chemin de cohérence chrétienne, en union avec les croyants de toutes les régions du monde, je voudrais à nouveau remettre, en esprit, à chacun les Lettres apostoliques Novo millennio ineunte et Rosarium Virginis Mariae, ainsi que l'Encyclique Ecclesia de Eucharistia. Dans ces documents, j'ai réuni les indications que j'ai jugées les plus nécessaires pour aider chacun à entrer avec espérance dans le troisième millénaire.

Je renouvelle bien volontiers ce don au cher diocèse de Frosinone-Veroli-Ferentino, en invoquant l'intercession céleste de son saint Patron, le martyr Ambroise, ainsi que la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, tout en vous faisant parvenir de tout coeur, vénéré frère, ainsi qu'aux fidèles confiés à vos soins pastoraux, une Bénédiction apostolique particulière.

Du Vatican, le 27 avril 2004.

IOANNES PAULUS II



Mai 2004



AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE PROMUE PAR LA "WORLD JURIST ASSOCIATION"

Mardi 4 mai 2004



Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous saluer, chers membres de l'Association mondiale des Juristes, tandis que vous vous réunissez cette année à Rome pour votre Conférence, et je remercie le Président Yevdokimov pour ses aimables paroles.

Le thème de votre débat se concentre sur les aspects juridiques de certaines questions économiques qui se présentent à notre monde toujours plus mondialisé. Afin que les systèmes légaux et les instruments juridiques rendent un réel service à tous les hommes et à toutes les femmes, en particulier aux pauvres et aux plus défavorisés, ils doivent promouvoir la vérité intégrale de la personne humaine. Il est donc extrêmement important que les diverses expressions du droit international reconnaissent et respectent les vérités morales et spirituelles qui sont nécessaires pour défendre et promouvoir de façon adéquate la dignité et la liberté des personnes, des peuples et des nations.

Ayant l'assurance que votre travail apportera une contribution importante dans ce domaine, j'invoque cordialement sur chacun de vous une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II POUR LE V CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE SAINT PIE V


A mon vénéré Frère

Mgr Fernando CHARRIER
Evêque d'Alexandrie

1. Je suis heureux de vous faire parvenir mon salut cordial, à l'occasion des célébrations jubilaires organisées pour le V centenaire de la naissance de mon vénéré prédécesseur, saint Pie V. J'étends mon salut affectueux aux fidèles de ce bien-aimé diocèse, qui rappelle à juste titre, avec joie et gratitude envers Dieu, son illustre fils.

Les diverses manifestations organisées pour commémorer cet heureux anniversaire offrent l'occasion de raviver la mémoire de ce grand Pontife, et de réfléchir sur le riche héritage d'exemples et d'enseignements qu'il a laissés, qui sont plus que jamais précieux également pour les chrétiens de notre temps.

Que la célébration du V centenaire de sa naissance soit un motif de bénédiction pour toute l'Eglise, et, de façon particulière, pour le bien-aimé diocèse d'Alexandrie, ainsi que pour la communauté ecclésiale du Piémont. Que l'intercession de saint Pie V et l'exemple de ses vertus représentent un encouragement pour chacun en vue de consolider sa foi, en la maintenant intacte et en contact permanent avec les sources de la Révélation, et en la diffusant dans la société pour édifier une humanité ouverte au Christ et orientée vers la construction de la civilisation de l'amour.

2. L'époque à laquelle il vécut fut en réalité bien différente de la nôtre, cependant, des analogies particulières ne manquent pas entre celles-ci. Les deux périodes historiques ont vu la consolidation d'énergies religieuses convergentes, et, dans le même temps, ont enregistré des crises profondes dans la société, avec des luttes entre des villes et des peuples, qui ont parfois débouché sur de douloureux conflits armés. Au cours des deux époques, l'Eglise s'est efforcée de rechercher des voies nouvelles pour raviver la foi et la proposer de façon adéquate dans les nouvelles conditions culturelles et sociales, notamment à travers la célébration du Concile de Trente, alors, et du Concile oecuménique Vatican II, au siècle dernier. Ces Conciles respectifs ont été suivis par l'effort, parfois difficile, d'en appliquer fidèlement les enseignements, donnant naissance à des processus d'authentique réforme de l'Eglise.

C'est dans ce cadre historique et religieux, qui a caractérisé le XVI siècle, que s'inscrit la vie humaine et spirituelle de saint Pie V, qui s'est conclue le 1 mai 1572. Dès son enfance, Michele Ghislieri souffrit de la pauvreté et dut contribuer par son travail à nourrir sa famille. Il puisa aux valeurs typiques de sa bien aimée terre d'Alexandrie, à laquelle il demeura toujours lié, au point d'être connu, lorsqu'il fut appelé à devenir membre du Collège cardinalice, sous le nom de Cardinal d'Alexandrie.

A l'âge de 14 ans, il entra dans l'Ordre des Prédicateurs et accomplit son itinéraire de formation dans les couvents de Vigevano, Bologne et Gênes, s'appliquant sans relâche à parcourir le chemin de la perfection évangélique à travers la prière et l'étude et puisant abondamment aux sources de la Parole de Dieu selon le charisme dominicain.

Il manifestait déjà alors un goût particulier pour l'Ecriture Sainte et pour la doctrine des Pères, se passionnant également pour l'étude des oeuvres de saint Thomas d'Aquin que lui-même, devenu Souverain Pontife, inscrira au nombre des Docteurs de l'Eglise. Il fut ordonné prêtre à Gênes en 1528.

Chargé par le Pape Paul III de veiller sur la pureté de la foi dans les régions de Padoue, Pavie et Côme, il s'inspira, les prenant pour modèles et protecteurs, de saint Dominique, saint Pierre martyr de Vérone, saint Vincent Ferrer et saint Antonin de Florence, sans autre préoccupation que celle de toujours rechercher la plus grande gloire de Dieu et l'authentique bien des frères, fidèle à la devise "marcher dans la vérité", qu'il voulut faire sienne. Il démontra le même zèle lorsqu'il fut nommé à Rome Commissaire pour la doctrine de la foi, et dans les autres charges qui lui furent confiées par les Papes Jules III, Paul IV et Pie IV. Elu Evêque de Nepi et Sutri en 1556, il fut créé Cardinal en 1557 et en 1560, devint Evêque de Mondovì.

3. En janvier 1566, à l'âge de 62 ans, il fut élu Successeur de Pierre et au cours de ses années de Pontificat, il se consacra à raviver la pratique de la foi dans toutes les composantes du Peuple de Dieu, donnant à l'Eglise un élan évangélisateur providentiel. Infatigable dans son travail pastoral, il recherchait des contacts directs avec tous, sans tenir compte de la fragilité de son état de santé. Il se préoccupa d'appliquer fidèlement les décisions du Concile de Trente: dans le domaine liturgique, avec la publication du Missel romain renouvelé et du nouveau Bréviaire; dans le domaine catéchétique, en confiant en particulier aux curés le "Catéchisme du Concile de Trente"; dans le domaine théologique, en introduisant dans les Universités la Summa de saint Thomas. Il rappela aux Evêques le devoir de résider dans le diocèse pour apporter un soin pastoral attentif aux fidèles; aux religieux, l'opportunité de la clôture et au clergé, l'importance du célibat et de la sainteté de vie.

Conscient de la mission reçue du Christ Bon Pasteur, il se consacra à paître le troupeau qui lui avait été confié, en invitant à avoir recours chaque jour à la prière, en privilégiant la dévotion à Marie, qu'il contribua à accroître de façon significative en donnant une forte impulsion à la pratique du Rosaire. Lui-même le récitait entièrement chaque jour, bien qu'il fût occupé par de nombreux et importants devoirs.

4. Vénéré frère, que le zèle apostolique, la tension constante vers la sainteté, l'amour pour la Vierge, qui caractérisèrent l'existence de saint Pie V, soient pour tous un encouragement à vivre avec un engagement accru leur vocation chrétienne. De façon particulière, je voudrais inviter à l'imiter dans la dévotion mariale filiale, en redécouvrant la prière simple et profonde du Rosaire qui, comme j'ai voulu le rappeler dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, aide à contempler le mystère du Christ: "Dans la sobriété de ses éléments, il concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique dont il est presque un résumé [...] Avec lui, le peuple chrétien se met à l'école de Marie, pour se laisser introduire dans la contemplation de la beauté du visage du Christ et dans l'expérience de la profondeur de son amour" (RVM 1).

Grâce à la récitation fervente du Rosaire, on peut obtenir des grâces extraordinaires par l'intercession de la céleste Mère du Seigneur. Saint Pie V en était bien convaincu, lui qui, après la victoire de Lépante, voulut instituer une fête consacrée à la Madone du Rosaire.

A travers la récitation du Rosaire, j'ai confié à Marie, Reine du saint Rosaire, en ce début du troisième millénaire, le bien précieux de la paix et le renforcement de l'institution familiale. Je renouvelle ce geste confiant par l'intercession du grand dévot de Marie que fut saint Pie V.

5. Je vous assure, vénéré Frère, de mon souvenir particulier dans la prière, ainsi que les Evêques qui participeront à la clôture du centenaire, les comités nationaux et d'honneur, les Autorités de la région, de la Province et des municipalités du territoire d'Alexandrie, le clergé, les religieux et les bien-aimés fidèles, ainsi que tous ceux qui prendront part à la Messe du 5 mai, en conclusion des célébrations jubilaires dans l'église du monastère de la Sainte-Croix à Boscomarengo.

J'envoie à tous de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière.

Du Vatican, le 1 mai 2004.

IOANNES PAULUS II




DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DES ÉTATS-UNIS (RÉGION VI) EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Jeudi 6 mai 2004



Chers frères Evêques,

1. C'est avec une grande joie que je vous salue, Evêques des provinces ecclésiastiques de Detroit et de Cincinnati, à l'occasion de votre visite ad limina Apostolorum. A travers vous, je salue les prêtres, les diacres, les religieux et les fidèles laïcs de vos diocèses: que la grâce et la paix du Seigneur Ressuscité soient avec vous tous, "sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints" (1Co 1,2)!

Cette année, lors de mes rencontres avec les Evêques des Etats-Unis, j'ai voulu proposer plusieurs réflexions personnelles sur le ministère épiscopal de sanctifier, d'enseigner et de guider le Peuple de Dieu. Dans la réflexion d'aujourd'hui, je désire poursuivre notre analyse du munus sanctificandi à la lumière de la responsabilité de l'Evêque dans l'édification de la communion de tous les baptisés dans la sainteté, dans la fidélité à l'Evangile et dans le zèle pour la diffusion du Royaume de Dieu.

2. Comme la sainteté, l'unité de l'Eglise est également un don infaillible de Dieu et une invitation constante à une communion toujours plus parfaite dans la foi, dans l'espérance et dans l'amour. "Dieu est communion, Père, Fils et Esprit Saint [...], il appelle tous les hommes à participer à la même communion trinitaire" (Ecclesia in America ). A travers l'effusion de l'Esprit Saint, don du Christ Ressuscité, l'Eglise a été instituée comme "un peuple qui tire son unité du Père, du Fils et de l'Esprit Saint" (Lumen gentium LG 4). En tant que signe et sacrement de cette unité, qui est la vocation et le destin de la famille humaine tout entière, l'Eglise vit et accomplit sa mission salvifique comme "un seul corps" (cf. 1Co 12,12 sq.), que l'Esprit Saint guide sur le chemin de toute la vérité, unifie dans la communion et dans les oeuvres du ministère, dirige à travers divers dons hiérarchiques et charismatiques, et embellit de ses fruits (cf. Lumen gentium LG 4). Ce mystère de l'unité dans la diversité est particulièrement évident dans la célébration de l'Eucharistie par l'Evêque, lorsqu'il est entouré par le presbyterium, par les ministres, par les religieux et par tout le Peuple de Dieu (cf. Sacrosanctum Concilium SC 41). Dans l'Eucharistie s'exprime et se réalise cette "sainte communion" qui est l'âme même de l'Eglise (cf. Lumen gentium LG 3).

Ce lien étroit entre la sainteté de l'Eglise et son unité, forme la base de cette spiritualité de communion et de mission que, j'en suis convaincu, nous devons encourager à l'aube de ce nouveau millénaire "si nous voulons être fidèles au dessein de Dieu et répondre aussi aux attentes profondes du monde" (Novo Millennio ineunte NM 43). L'Evêque, en tant qu'icône du Christ Bon Pasteur, présent au milieu de son saint peuple, a le devoir primordial de promouvoir et d'encourager une telle spiritualité (cf. Pastores gregis ). Tout en affirmant que l'édification du corps du Christ a lieu dans une riche diversité de membres, de fonctions et de dons, le Concile Vatican II a également observé que "parmi ces dons, la grâce accordée aux apôtres tient la première place" (Lumen gentium LG 7). Les successeurs de ces derniers sont appelés à discerner et à coordonner les charismes et les ministères donnés pour l'édification de l'Eglise, à travers l'oeuvre de sanctifier l'humanité et de rendre gloire à Dieu, qui est l'objectif de toute sa vie et de chacune de ses activités (cf. Sacrosanctum Concilium SC 10).

3. Cette spiritualité de communion, dont les Evêques sont appelés à témoigner personnellement, conduit naturellement à un "style pastoral toujours plus ouvert à la collaboration de tous" (Pastores gregis ). Cela requiert, en premier lieu, d'entretenir un rapport toujours plus étroit avec vos prêtres qui, à travers l'ordination sacramentelle, participent avec vous à l'unique sacerdoce du Christ et à l'unique mission apostolique confiée à son Eglise (cf. Christus Dominus CD 11). A travers les Ordres sacrés, a été confié à l'Evêque ainsi qu'aux prêtres un sacerdoce ministériel qui diffère du sacerdoce commun de tous les baptisés, car il y a "entre eux une différence essentielle et non seulement de degré" (Lumen gentium LG 10). Dans le même temps, au sein de la communion du Corps du Christ, vous êtes appelés avec vos prêtres à coopérer pour permettre à tout le Peuple de Dieu d'accomplir le sacerdoce royal conféré par le Baptême.

C'est précisément parce que les membres du presbyterium sont ses collaborateurs les plus proches dans le ministère ordonné, que chaque Evêque doit constamment chercher à agir comme "un père et un frère qui les aime, qui les écoute, les accueille, les corrige et les réconforte, qui suscite leur collaboration et qui, autant que possible, se dépense pour leur bien-être humain, spirituel, ministériel et économique" (Pastores gregis ). De même que l'Apôtre Paul a recommandé Timothée à la communauté chrétienne de Thessalonique, les Evêques doivent eux aussi pouvoir présenter chacun de leur prêtres aux communautés paroissiales en disant: c'est "notre frère et le collaborateur de Dieu dans l'Evangile du Christ, pour vous affermir et réconforter dans votre foi" (1Th 3,2). En tant que père spirituel et frère pour ses prêtres, l'Evêque doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour les soutenir dans la fidélité à leur vocation et aux exigences de conduire une vie digne de l'appel qu'ils ont reçu (cf. Ep 4,1).

Je désire à présent adresser une parole d'estime et d'éloge pour le dévouement et pour le travail fidèle accompli par de nombreux prêtres qui oeuvrent aux Etats-Unis, en particulier ceux qui se sont engagés pour faire face aux défis et aux nécessités quotidiennes ayant trait au ministère paroissial. Je vous invite, vous qui êtes leurs Evêques, à vous unir à moi pour les remercier et pour reconnaître avec gratitude leur engagement inlassable en tant que "pasteurs, évangélisateurs et animateurs de la communion ecclésiale" (Ecclesia in America ).

4. Le renforcement d'une spiritualité de communion et de mission exigera un effort constant pour renouveler les liens d'unité fraternelle au sein du presbyterium. C'est pourquoi il faut retrouver, de façon consciente, les choses que nous partageons comme source même de notre identité de prêtres, et s'engager chaque jour à nouveau à les mettre en pratique: la recherche de la sainteté, la pratique d'une intense prière d'intercession, une spiritualité ministérielle nourrie par la Parole de Dieu et la célébration des sacrements, l'exercice quotidien de la charité pastorale et une vie de chasteté dans le célibat comme expression d'un engagement radical à suivre le Christ. En tant que valeurs spirituelles qui unissent les prêtres, ces dernières doivent former la base du renouveau du ministère sacerdotal et de la promotion de l'unité dans l'apostolat, afin que, sous la direction de ses prêtres, la communauté des disciples puisse n'avoir véritablement "qu'un coeur et qu'une âme" (Ac 4,32).

Une spiritualité de communion portera naturellement des fruits dans le développement d'une spiritualité diocésaine enracinée dans les dons et les charismes spécifiques offerts par l'Esprit Saint pour l'édification de chaque Eglise locale. Chaque prêtre doit trouver "précisément dans son appartenance et dans son dévouement à l'Eglise particulière une source de sens, de critères de discernement et d'action, qui modèlent sa mission pastorale et sa vie spirituelle" (Pastores dabo vobis PDV 31). Dans le même temps, un authentique "esprit diocésain", invitera et motivera également toute la communauté chrétienne à faire preuve d'un plus grand sens de responsabilité pour un déroulement fécond de la mission de l'Eglise à travers son riche réseau de communautés, d'institutions et d'apostolats (cf. Apostolicam actuositatem AA 10).

5. C'est dans les petits et les grands séminaires que sont plantées les semences d'une spiritualité de communion et de mission, ainsi qu'un sacerdoce fort. Je vous encourage à visiter fréquemment les séminaires, dans le but de connaître personnellement ceux qui un jour pourraient être prêtres dans votre Eglise locale. Ces contacts directs peuvent également aider à "faire en sorte que dans les séminaires soient formées des personnes matures et équilibrées, capables d'établir de solides relations humaines et pastorales, bien préparées sur le plan théologique, avec une forte vie spirituelle et aimant l'Eglise" (Pastores gregis ). Les défis de la vie ecclésiale exigent toujours davantage que le prêtre soit à tous les niveaux un "homme de communion" (Pastores dabo vobis PDV 43), engagé dans une coopération effective avec les autres dans le service de la communauté ecclésiale.

Une éducation adaptée à la chasteté et au célibat demeure un élément fondamental de la formation au séminaire. De même, la présentation d'une compréhension théologique solide et correcte de l'Eglise et du sacerdoce doit inclure une définition claire et précise des positions qui ne sont pas compatibles avec la perception faisant autorité que l'Eglise a d'elle-même, telle qu'elle est exprimée par le Concile et dans les documents du renouveau postconciliaire. Il s'agit d'une responsabilité personnelle qui vous revient, en tant que pasteurs soucieux de l'avenir de vos Eglises locales, et qui ne peut pas être déléguée. Etant donné que la formation sacerdotale ne se conclut pas au moment de l'ordination, votre ministère de sanctification doit également inclure la sollicitude à l'égard de la vie spirituelle successive de vos prêtres et à l'égard de l'efficacité de leur ministère. Cela demande une formation personnelle permanente, visant à approfondir et à harmoniser les aspects humains, spirituels, intellectuels et pastoraux de leur vie sacerdotale (cf. Directoire sur la vie et le ministère des prêtres, n. 70). De cette façon, ils deviendront toujours plus pleinement "des hommes de l'Eglise", imprégnés d'un esprit véritablement catholique et d'un zèle missionnaire authentique.

Personnellement, je suis convaincu que la prière est la force principale qui suscite et qui forme les vocations sacerdotales. Comme je l'ai écrit dans mon Exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis, "les vocations ont besoin d'un réseau répandu d'intercesseurs auprès du "Maître de la moisson". Plus le problème des vocations sera affronté dans un contexte de prière, plus la prière aidera le candidat à écouter la voix de Celui qui l'appelle" ().

6. Chers frères, nos réflexions aujourd'hui ont souligné le lien entre le munus sanctificandi et la spiritualité de communion et de mission. Dans l'exercice quotidien de votre ministère épiscopal, puissiez-vous être les artisans de la communion dans le dialogue personnel avec vos prêtres, les diacres, les religieux, les religieuses et les fidèles laïcs de vos Eglises locales! Tel est le chemin sûr qui leur permettra de croître dans cette sainteté qui est "la source secrète et la mesure infaillible de son activité apostolique et de son élan missionnaire" (Christifideles laici CL 17).

Avec gratitude pour le don et le mystère extraordinaire qui nous a été confié dans le saint ministère, je vous exprime ma profonde solidarité, ainsi qu'à vos frères dans le sacerdoce. A vous et aux fidèles confiés à vos soins pastoraux, je donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique, en gage de joie et de paix dans le Sauveur Ressuscité.



Discours 2004 - MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE PROMUE PAR LA FONDATION CENTESIMUS ANNUS - PRO PONTIFICE