Discours 2004 - Jeudi 14 octobre 2004


AUX PARTICIPANTS AU COLLOQUE ORGANISÉ POUR LE 10ème ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION DE LA CONFÉRENCE EUROPÉENNE DES RADIOS CHRÉTIENNES

Vendredi 15 octobre 2004




1. Je vous salue cordialement, chers participants au Colloque qui célèbre les dix années de fondation de la Conférence européenne des Radios chrétiennes. Je remercie votre Président des paroles courtoises qu'il m'a adressées en votre nom à tous.

Je me réjouis avec vous: au cours de ces années, en regroupant de nombreuses Radios européennes, de l'Atlantique à l'Oural, vous avez oeuvré en vue de consolider chez les auditeurs la conscience de leurs racines chrétiennes communes et d'encourager leur engagement au service de la paix. Vous avez ainsi apporté une précieuse contribution à l'édification de l'Europe sur des fondements éthiques et spirituels, favorisant la compréhension et le rapprochement entre les peuples de notre continent.

2. Je vous exhorte à persévérer avec générosité dans cette importante mission. Que vos voix, à travers la variété de vos programmes respectifs, continuent à témoigner du Christ, salut du monde, et à annoncer à tous son Evangile de paix.

J'invoque sur votre travail l'assistance divine, en gage de laquelle je vous donne ma Bénédiction, que j'étends volontiers à vos familles et à tous les auditeurs de vos Radios.



AUX MEMBRES DU CHOEUR ET DE L'ORCHESTRE DE L'ARMÉE RUSSE

Vendredi 15 octobre 2004


  Très chers amis!

1. Je salue et je remercie le Choeur et l'Orchestre de l'Armée russe, à commencer par son Directeur. J'étends ma pensée cordiale à Messieurs les Cardinaux, aux Evêques, aux Autorités, à M. l'Ambassadeur Litvin, Représentant de la Fédération russe près le Saint-Siège, et à toutes les personnes ici présentes. Je vous salue et je vous remercie tous de tout coeur.

Ce soir nous a été présenté, à travers des morceaux de musique, des chants et des danses traditionnelles, un répertoire folklorique qui reflète l'âme la plus authentique du noble peuple russe.

Puis le Pape prononçait les paroles suivantes en langue russe:

2. Merci pour tout, très chers amis du Choeur et de l'Orchestre de l'Armée russe.

Il continuait ensuite en italien:

Ma reconnaissance s'adresse de manière particulière à M. Andermann et à ceux qui ont collaboré de différentes façons à la réalisation de cet événement artistique. Je remercie également la RAI, qui a bien voulu le diffuser en mondovision.

J'invoque sur tous, et en particulier sur les membres de l'Ensemble académique de chant et de danse de l'Armée russe, la protection de la "Mère de Dieu" de Kazan', dont l'icône est retournée récemment en Russie, une terre qui m'est particulièrement chère.





CÉLÉBRATION DE LA MESSE, ADORATION ET BÉNÉDICTION EUCHARISTIQUE À L'OCCASION DE L’OUVERTURE DE L'ANNÉE DE L’EUCHARISTIE

Basilique Vaticane, Dimanche 17 octobre 2004



1. "Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20).

Réunis devant l'Eucharistie, nous ressentons en ce moment avec une acuité particulière la vérité de la promesse du Christ: Il est avec nous!

Je vous salue tous, vous qui êtes réunis à Guadalajara pour participer à la conclusion du Congrès eucharistique international. Je salue, en particulier, le Cardinal Jozef Tomko, mon Légat, le Cardinal Juan Sandoval Iñiguez, Archevêque de Guadalajara, Messieurs les Cardinaux, les Archevêques, les Evêques, les prêtres du Mexique et de nombreux autres pays, présents sur place.

Mon salut s'étend à tous les fidèles de Guadalajara, du Mexique et des autres parties du monde, unis à nous dans l'adoration du Mystère eucharistique.

2. La liaison télévisée entre la Basilique Saint-Pierre, coeur de la chrétienté, et Guadalajara, siège du Congrès, est comme un pont jeté entre les continents et fait de notre rencontre de prière une "Statio orbis" idéale, dans laquelle convergent les croyants du monde entier. Le point de rencontre est Jésus lui-même, réellement présent dans la Très Sainte Eucharistie avec son mystère de mort et de résurrection, dans lequel s'unissent le ciel et la terre et se rencontrent les peuples et les cultures différentes. Le Christ est "notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un" (Ep 2,14).

3. "L'Eucharistie lumière et vie du nouveau Millénaire". Le thème du Congrès nous invite à considérer le Mystère eucharistique non seulement en lui-même, mais également par rapport aux questions de notre temps.

Mystère de lumière! C'est de lumière dont a besoin le coeur de l'homme, écrasé par le péché, souvent désorienté et las, éprouvé par des souffrances en tous genres. C'est de lumière dont le monde a besoin, dans la recherche difficile d'une paix qui apparaît lointaine, au début d'un millénaire bouleversé et humilié par la violence, le terrorisme et la guerre.

L'Eucharistie est lumière! Dans la Parole de Dieu constamment proclamée, dans le pain et dans le vin devenus corps et sang du Christ, c'est précisément Lui, le Seigneur Ressuscité, qui ouvre l'esprit et le coeur, et qui se laisse reconnaître, comme par les deux disciples à Emmaüs, dans la "fraction du pain" (cf. Lc 24,25). Dans ce geste convivial, nous revivons le sacrifice de la Croix, nous ressentons l'amour infini de Dieu, nous nous sentons appelés à diffuser la lumière du Christ parmi les hommes et les femmes de notre temps.

4. Mystère de vie! Quelle aspiration est plus grande que celle de la vie? Et pourtant, sur cette aspiration humaine universelle se profilent des ombres menaçantes: l'ombre d'une culture qui nie le respect de la vie à chacun de ses stades; l'ombre d'une indifférence qui livre une multitude de personnes à un avenir de faim et de sous-développement; l'ombre d'une recherche scientifique parfois placée au service de l'égoïsme du plus fort.

Très chers frères et soeurs, nous devons nous sentir interpellés par les nécessités d'un si grand nombre de nos frères. Nous ne pouvons fermer notre coeur à leurs appels à l'aide. Et nous ne pouvons pas non plus oublier que "ce n'est pas de pain seul que vit l'homme" (cf. Mt 4,4). Nous avons besoin du "pain vivant, descendu du ciel" (Jn 6,51). Jésus est ce pain. Nous nourrir de Lui signifie accueillir la vie même de Dieu (cf. Jn 10,10), en nous ouvrant à la logique de l'amour et du partage.

5. J'ai voulu que cette année soit spécifiquement consacrée à l'Eucharistie. En réalité tous les jours, et en particulier le Dimanche, jour de la résurrection du Christ, l'Eglise vit de ce mystère. Mais la communauté chrétienne est invitée, en cette Année de l'Eucharistie, à en prendre une plus vive conscience à travers une célébration plus sincère, une adoration prolongée et fervente, un plus grand engagement de fraternité et de service aux derniers. L'Eucharistie est source et épiphanie de communion. Elle est principe et projet de mission (cf. Mane nobiscum Domine, cap. III et IV).

Sur les traces de Marie, "femme eucharistique" (Ecclesia de Eucharistia, chap. VI), la communauté chrétienne vit donc de ce mystère! Forte du "pain de vie éternelle", puisse-t-elle devenir présence de lumière et de vie, ferment d'évangélisation et de solidarité!

6. Mane nobiscum, Domine! Comme les deux disciples de l'Evangile, nous t'implorons, Seigneur Jésus: reste avec nous!

Toi, divin Voyageur, expert de nos routes et connaisseur de notre coeur, ne nous laisse pas prisonniers des ombres du soir.

Soutiens-nous dans la lassitude, pardonne nos péchés, oriente nos pas sur la voie du bien.

Bénis les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les familles, en particulier les malades. Bénis les prêtres et les personnes consacrées. Bénis toute l'humanité.

Dans l'Eucharistie tu t'es fait "remède d'immortalité": donne-nous le goût d'une vie vécue en plénitude, qui nous fasse cheminer sur cette terre comme des pèlerins confiants et joyeux, en ayant toujours pour objectif la vie qui n'a pas de fin.

Reste avec nous, Seigneur! Reste avec nous! Amen.

J'ai à présent la joie d'annoncer que le prochain Congrès eucharistique international aura lieu à Québec en 2008.

Puisse cette perspective susciter chez les fidèles un engagement encore plus généreux à vivre avec intensité l'actuelle Année de l'Eucharistie!




AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE MONDIALE DES FEMMES PARLEMENTAIRES POUR LA PROTECTION DE L'ENFANCE ET DE L'ADOLESCENCE

Lundi 18 octobre 2004



1. Mesdames et Messieurs, tout en vous saluant chaleureusement, je suis heureux de vous souhaiter une cordiale bienvenue à tous. A travers vous, je voudrais adresser ma pensée aux nombreuses nations du monde qui font partie de l'Union interparlementaire. J'adresse un salut particulier au Président de la Chambre des députés italienne, ainsi qu'à la Parlementaire lettone, qui se sont faits les interprètes des sentiments communs.

2. Notre rencontre d'aujourd'hui prend place dans le contexte de la Conférence mondiale des Femmes parlementaires pour la protection de l'enfance et de l'adolescence, organisée par la Présidence du Parlement italien. Le thème des travaux, qui se concluent aujourd'hui, porte sur les conditions de détresse dans lesquelles se trouvent de très nombreux enfants et adolescents dans différentes régions du monde. Votre objectif est, entre autres, d'identifier ensemble des formes efficaces de protection des mineurs à mettre en oeuvre par les Institutions. Je vous exprime à ce propos toute ma satisfaction pour cet engagement louable en faveur des couches les plus jeunes de la population, tout en vous encourageant à poursuivre sur ce chemin, dans la conscience que les enfants et les adolescents constituent l'avenir et l'espérance de l'humanité.

Ils sont le trésor le plus précieux de la famille humaine, mais également le plus fragile et le plus vulnérable. Il faut par conséquent être constamment à l'écoute et prêter attention à chacune de leurs exigences et aspirations légitimes. En particulier, personne ne peut se taire ou rester indifférent lorsque des enfants innocents souffrent, sont laissés pour compte et blessés dans leur dignité de personnes humaines.

3. Le terrible cri de douleur de l'enfance abandonnée et outragée dans de très nombreuses régions de la terre doit pousser les institutions publiques, les associations privées et tous les hommes de bonne volonté à prendre une conscience renouvelée du devoir que nous avons tous de protéger, de défendre et d'éduquer avec respect et amour ces fragiles créatures.

Pour être efficace, toute action de protection de l'enfance et de l'adolescence doit s'inspirer de la nécessaire prise en compte de leurs droits fondamentaux, qu'exprime bien la célèbre maxime de Juvénal: "maxima debetur puero reverentia" (cf. Satyres, XIV, 47). Par ailleurs, dans l'Evangile, Jésus indique les enfants comme nos "modèles" de vie et condamne avec fermeté tous ceux qui ne les respectent pas.

4. Mesdames et Messieurs, je forme les meilleurs voeux pour le succès des journées d'études de votre Conférence, et je souhaite que, grâce à la contribution de tous, le rêve de construire un avenir meilleur pour les nouvelles générations devienne réalité. Puisse Dieu, par l'intercession de Marie, Mère de l'espérance, concéder à l'humanité de voir bientôt réalisée cette prophétie de paix!

J'accompagne ce voeu de l'assurance de ma prière, tout en vous bénissant de tout coeur.



À S.E. M. NICANOR DUARTE FRUTOS, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU PARAGUAY

Lundi 18 octobre 2004


  Monsieur le Président,

Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue à cette audience, à l'occasion de votre visite à Rome. Je saisis cette opportunité pour vous renouveler l'expression de mon affection pour le peuple paraguayen et je vous demande d'avoir l'amabilité de lui transmettre le salut du Pape et l'assurance de mon souvenir dans la prière.

J'espère que le message chrétien, qui a pénétré dans l'âme de ce noble peuple et qui a porté des fruits de sainteté chez saint Roque Ruiz et ses compagnons martyrs, continue à être une source d'inspiration et d'encouragement pour ceux qui sont engagés dans le développement du Paraguay le long du chemin de la justice et de la solidarité. En invoquant la protection de la Virgen Pura y Limpia de Caacupé, je bénis de tout coeur tous les Paraguayens.



AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE DU DIOCÈSE DE PELPLIN (POLOGNE)

Mardi 19 octobre 2004



Je salue cordialement tous les habitants de Kaszuby, venus en pèlerinage sur les tombes des Apôtres. Je suis heureux de pouvoir vous accueillir avec votre Evêque, que je remercie pour ses paroles bienveillantes.

Vous accomplissez ce pèlerinage avec une intention particulière: celle de la béatification du Serviteur de Dieu, l'Evêque Mgr Konstantyn Dominik. Il est juste qu'à travers la prière, vous cherchiez à soutenir le procès de reconnaissance de sa sainteté, commencé en 1961. Il s'agit d'une contribution importante, parce qu'elle témoigne de la vénération dont jouit le candidat aux honneurs des autels et elle crée dans le même temps une atmosphère spirituelle d'ouverture à l'action de la grâce qui prépare les conditions pour des interventions miraculeuses. Puisse le fidèle Pasteur de votre diocèse continuer de le protéger avec une attention particulière.

Je vous prie de transmettre mes salutations aux personnes qui vous sont chères et à tous les fidèles de l'Eglise de Pelplin. Je vous bénis tous de tout coeur: au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.

Loué soit Jésus Christ!



PAR LIAISON SATELLITE AVEC MALTE, POUR LE VI CONGRÈS INTERNATIONAL DU CLERGÉ ORGANISÉ PAR LA CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ

Jeudi 21 octobre 2004



Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'Episcopat,
Très chers prêtres!

1. Je m'unis bien volontiers en esprit à vous, qui êtes réunis à Malte pour prendre part à une rencontre spirituelle significative. Je vous salue avec affection et, à travers vous, je salue les communautés dont vous provenez. Vous vous êtes réunis à Malte, une île qui conserve le souvenir vivant du passage de saint Paul. Conquis par Jésus, il devint un humble et courageux serviteur de l'Evangile jusqu'à affirmer avec vigueur: "Je suis crucifié avec le Christ; et ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi" (Ga 2,20).

2. Chaque prêtre, appelé par la Providence divine à aider les hommes et les femmes, les jeunes et les adultes à suivre les traces du divin Maître, peut reconnaître dans ces paroles de Paul, son propre programme. L'Eglise a besoin de prêtres saints, qui à leur tour "forgent des saints pour le nouveau millénaire".

Le Seigneur vous envoie, très chers amis, pour être ses apôtres, avant tout par la sainteté de votre vie. C'est à vous qu'il revient de faire résonner en tout lieu la puissance de la parole de vérité de l'Evangile, qui seule peut changer le coeur de l'être humain en profondeur et lui donner la paix.

3. Chers prêtres, si vous vous laissez saisir par le Christ comme l'Apôtre Paul, vous serez vous aussi en mesure de proclamer sur les routes du monde l'infinie miséricorde du Père céleste, "lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité" (1Tm 2,4). Vous deviendrez ainsi des maîtres crédibles de vie évangélique et des prophètes d'espérance.

Dans un monde inquiet et divisé, marqué par la violence et par les conflits, certains se demandent s'il est encore possible de parler d'espérance. Mais c'est précisément en ce moment qu'il est indispensable de présenter avec courage l'espérance pleine et véritable de l'homme, qu'est le Christ Seigneur.

4. Le modèle céleste auquel vous inspirer demeure toujours la Vierge Marie. L'humble jeune fille de Nazareth manifesta à l'Ange Gabriel sa pleine disponibilité à accomplir la volonté divine: "Je suis la servante du Seigneur, dit-elle, qu'il m'advienne selon ta parole!" (Lc 1,38).

Elle confirma ensuite ce "fiat" initial à chaque moment de sa vie, jusqu'au Calvaire, où Jésus mourant la confia à Jean: "Voici ta mère" (Jn 19,27). A partir de ce jour, Marie devint la Mère de tous les croyants; en particulier, votre mère à vous, chers prêtres, pour vous accompagner sur votre chemin quotidien.

5. Ayez constamment recours à Elle dans votre ministère. La Vierge vous aidera à présenter aux enfants et aux jeunes, aux familles et aux malades, aux chefs d'entreprises et aux ouvriers, aux intellectuels et aux hommes politiques, en d'autres termes, à toute l'humanité, le Fruit béni de son sein, le Rédempteur crucifié et ressuscité. Puissent-ils tous l'accueillir, l'aimer et lui être fidèles jusqu'à la fin de leur existence!

Je vous donne à tous mon affectueuse Bénédiction!



AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE D'ANGOLA, SÃO TOMÉ ET PRINCIPE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 22 octobre 2004


Chers frères dans l'épiscopat,

1. C'est avec une grande joie et une grande affection dans le Christ Seigneur que je vous souhaite la bienvenue et que je vous salue tous, Pasteurs de l'Eglise de Dieu en pèlerinage dans les terres d'Angola et de São Tomé e Príncipe, qui effectuez votre visite ad limina Apostolorum, soutenus par le désir de confirmer votre foi et votre ministère pastoral - "exposant l'Evangile prêché parmi les païens, mais séparément aux notables, de peur de courir ou d'avoir couru pour rien" (Ga 2,2) - et de témoigner du dévouement de vos fidèles à l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique, fondée par le Christ sur le roc de Pierre.

Je remercie Mgr Damião Franklin, Archevêque de Luanda et Président de votre Conférence épiscopale, des paroles qu'il vient de m'adresser au nom de tous, exprimant vos sentiments ainsi que les signes d'espérance et les préoccupations pastorales de votre Eglise locale. J'adresse un salut particulier au nouveau diocèse de Dundo, à son Evêque et à ceux qui, parmi vous, sont récemment entrés au sein du Collège épiscopal. A votre retour, dites aux prêtres et aux personnes consacrées, hommes et femmes, aux catéchistes et aux autres fidèles laïcs, que le Pape prie pour eux et les encourage à affronter les défis lancés par l'Evangile, semence de vie nouvelle pour vos nations. Transmettez également à tous vos concitoyens mes voeux cordiaux de paix et de fraternité en Dieu, notre Père à tous.

2. Depuis votre dernière visite "ad limina", il a été donné à l'humanité de franchir le seuil d'un nouveau millénaire, le troisième baigné par la lumière du Fils de Dieu qui, "pour nous les hommes, pour notre salut est descendu du ciel et, par l'oeuvre de l'Esprit Saint, s'est incarné dans le sein de la Vierge Marie". En harmonie avec toute l'Eglise, les communautés chrétiennes de São Tomé e Príncipe et d'Angola ont vécu la riche expérience du grand Jubilé de l'An 2000, qui culmina par l'appel du Maître divin: "Avance en eau profonde" (Lc 5,4), pour annoncer la Bonne Nouvelle aux nombreuses personnes qui ne la connaissent pas encore. Oui, mes frères bien-aimés, "ces multitudes ont le droit de connaître la richesse du mystère du Christ dans laquelle nous croyons que toute l'humanité peut trouver, dans une plénitude insoupçonnable, tout ce qu'elle cherche à tâtons au sujet de Dieu, de l'homme et de son destin, de la vie et de la mort, de la vérité" (Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi EN 53). C'est pourquoi vous devez continuer avec ardeur d'annoncer la Bonne Nouvelle de l'unique Sauveur de l'humanité tant attendu!

Connaissant la responsabilité collégiale et la communion qui vous rend frères dans le service de l'unique "famille de Dieu" (Ep 2,19), je supplie notre Père commun de renforcer en vous tous l'esprit de solidarité et la sollicitude ecclésiale, afin que la Conférence épiscopale puisse jouer toujours mieux son rôle d'espace pour la confrontation fraternelle d'idées et pour la collaboration, en produisant des fruits dans un partage des ressources, tant matérielles que spirituelles, avec vos diocèses qui sont le plus dans le besoin. Vous savez bien que "Dieu est assez puissant pour vous combler de toutes sortes de libéralités afin que, possédant toujours et en toute chose tout ce qu'il vous faut, il vous reste du superflu pour toute bonne oeuvre" (2Co 9,8). De cette façon, vous serez capables de reconstruire les communautés dévastées par la guerre, de soulager leurs coeurs blessés et d'aider les personnes qui vous sont confiées à progresser le long du chemin de l'Evangile.

3. Aujourd'hui, plus que jamais, l'Angola a besoin de paix dans la justice; il a besoin de réconciliation, en refusant toute tentative de violence. Je rappelle à tous que celle-ci n'est pas en mesure de résoudre les problèmes de l'humanité, et qu'elle ne contribue pas non plus à surmonter les conflits. Il est nécessaire d'avoir le courage du dialogue. Je suis persuadé que l'effort et la bonne volonté des parties concernées, sur les problèmes irrésolus, peuvent contribuer à construire une culture du respect et de la dignité.

L'heure est venue d'une profonde réconciliation nationale; il faut travailler, sans relâche, pour offrir aux générations futures un pays dans lequel tous les membres de la société vivent ensemble et collaborent. L'Eglise, qui a énormément souffert au cours des conflits, doit conserver sa ferme position dans le but de protéger les personnes qui n'ont pas droit à la parole. Mes chers frères dans l'épiscopat, je vous exhorte à vous prodiguer sans relâche pour la réconciliation et à rendre un témoignage authentique de l'unité à travers des gestes de solidarité et de soutien aux victimes de décennies de violence.

4. Ne perdez pas de vue le long chemin à parcourir afin que l'Evangile transforme l'esprit et le coeur des fidèles chrétiens de l'intérieur, et que ces derniers se reconnaissent comme frères et soeurs dans le Christ. Dans ce but, une initiation chrétienne adéquate est nécessaire, qui conduise les baptisés, d'une part, à surmonter des conceptions ancestrales telles que la sorcellerie ou le concubinage et, de l'autre, à se rebeller contre la mentalité sécularisée ou même agnostique qui règne. En effet, certaines pratiques anciennes qui n'ont pas encore été purifiées par l'Esprit du Christ, certaines difficultés à se considérer comme les membres d'une unique famille rachetée par le sang du Christ, les dangers liés à une société matérialiste et athée, fragilisent les liens au sein des familles et entre les groupes humains.

C'est pourquoi, il ne faut épargner aucun effort pour que les baptisés assimilent pleinement le message évangélique et y conforment leur vie, sans devoir renoncer aux valeurs africaines authentiques. Il s'agit de faire en sorte qu'ils se laissent conquérir par le Christ, qu'ils acceptent de dépendre radicalement de Lui, qu'ils désirent vivre sa vie et le suivre le long du chemin d'une authentique sainteté (cf. 1Th 4,3). Dans ce but, invitez les fidèles de vos diocèses à tourner le regard vers le Christ, en les aidant à contempler son visage. La pastorale sacramentelle et liturgique, la formation catéchétique, biblique et théologique, les diverses expressions artistiques et musicales, et également les divers moyens de communication sociale traditionnels ou modernes doivent tous contribuer à ce que les croyants assimilent et vivent les richesses de leur foi dans le but de participer pleinement à la vie de leur communauté ecclésiale.

Cette participation devient visible et concrète dans la participation dominicale de l'assemblée chrétienne qui se réunit - le plus grand nombre de fois possible, si Dieu le veut - pour célébrer l'Eucharistie; ce n'est pas sans raison que celle-ci constitue le point culminant de l'initiation chrétienne. Au cours de cette année qui lui est consacrée, nous souhaitons que l'Eglise "trouve un nouvel élan pour sa mission et reconnaisse toujours davantage dans l'Eucharistie la source et le sommet de toute sa vie" (cf. Lettre apostolique Mane nobiscum Domine, n. 31). En ce moment, je pense en particulier aux nombreux baptisés de vos communautés, dont la situation matrimoniale irrégulière les empêche de s'approcher de façon féconde de l'Eucharistie (cf. Lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia EE 37). Que la grâce de Dieu se révèle avec toute sa force dans leur vie, en les poussant à la conversion avec la perspective réconfortante de s'asseoir enfin à la table de Dieu!

5. A côté de cette ombre, vos rapports quinquennaux rappellent également le témoignage offert par d'innombrables familles qui vivent de façon héroïque la fidélité au sacrement du mariage, dans le cadre d'une législation civile ou de coutumes traditionnelles peu favorables au mariage monogame. Ce dernier est menacé par divers phénomènes tel que le concubinage, que l'on a déjà cité, la polygamie, le divorce, la prostitution; certaines de ces activités immorales conduisent à la diffusion du SIDA, une épidémie qui ne peut pas être ignorée en raison des innombrables victimes provoquées et de la grave menace qu'elle représente pour la stabilité sociale et économique de la nation.

Chers Evêques, en faisant tout ce qui est en votre pouvoir pour défendre la sainteté de la famille et la place prioritaire qu'elle occupe au sein de la société, ne cessez pas de proclamer à haute voix et de façon claire le message libérateur de l'amour chrétien authentique. Les divers programmes éducatifs, tant religieux que séculiers, doivent souligner le fait que l'amour véritable est un amour chaste, et que la chasteté nous offre une solide espérance de vaincre les forces qui menacent l'institution de la famille et, dans le même temps, de libérer l'humanité de ce fléau dévastateur qu'est le SIDA. Je répète ici la recommandation que je vous ai adressée dans l'Exhortation apostolique Ecclesia in Africa: "L'affection, la joie, le bonheur et la paix apportés par le mariage chrétien et la fidélité, ainsi que la sécurité que donne la chasteté, doivent être continuellement présentés aux fidèles, spécialement aux jeunes" ().

6. Les jeunes exigent de votre part une attention particulière en raison du combat qu'ils doivent mener pour un avenir digne, dans une situation générale de pauvreté, souvent aggravée par le manque d'une famille, dispersée ou éclatée, et en raison des conséquences de la guerre qui les a traumatisés. Aidez-les à repousser "les tentations d'emprunter les chemins illégaux conduisant aux mirages du succès ou de la richesse" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 1998, n. 7), qui est souvent le fruit d'une propagande trompeuse qui peut exercer, en particulier sur eux, une grande attraction. Afin de la neutraliser, ils doivent comprendre qu'ils sont réellement une nouvelle génération de bâtisseurs, appelés à édifier la civilisation de l'amour, dans la liberté et dans la solidarité. Que les jeunes, malgré les difficultés qu'ils rencontrent, ne perdent jamais l'espoir dans l'avenir! Comme les Journées mondiales de la Jeunesse l'ont démontré, ils possèdent une capacité particulière à consacrer le meilleur de leurs énergies à la solidarité en faveur des déshérités et à la recherche de la sainteté chrétienne. A travers une vie de prière et une vie sacramentelle intense, puissent-ils demeurer unis au Christ pour transmettre les valeurs de l'Evangile dans leur milieu de vie et pour remplir avec générosité leur rôle dans la transformation de la société.

Toute la communauté ecclésiale doit se prodiguer afin que les jeunes générations soient opportunément formées et préparées pour les responsabilités qui les attendent et qui, d'une certaine façon, leur reviennent déjà. Un moyen particulièrement efficace pour assurer une telle formation sont les écoles catholiques. Leur identité spécifique doit se refléter dans le programme global d'études, ainsi que dans chaque domaine de la vie scolaire, faisant de celles-ci des communautés où les élèves trouvent un aliment pour leur foi et se préparent pour leur mission dans l'Eglise et dans la société. Par ailleurs, il est nécessaire de continuer à promouvoir l'enseignement moral et religieux, également dans les écoles publiques, en cherchant à créer dans l'opinion publique un consensus à propos de l'importance de ce type de formation. Ce service, qui peut dériver d'une collaboration plus étroite avec le gouvernement, constitue une forme importante de participation catholique active à la vie sociale de vos pays. Nous plaçons de grandes espérances dans l'Université catholique d'Angola pour la réalisation de votre tâche, visant à garantir la formation adéquate des professeurs afin d'offrir une éducation catholique dans le monde de l'école. Cette Université a fait en sorte que la contribution offerte par l'Eglise dans le domaine de l'éducation primaire et secondaire produise ses fruits également dans le domaine de l'éducation supérieure.

7. Ne négligez jamais dans vos choix pastoraux la formation des divers agents de l'évangélisation, afin qu'ils puissent remplir leur rôle irremplaçable dans l'Eglise et dans la société; cela est encore plus nécessaire aujourd'hui pour faire face à l'offensive des sectes, qui profitent de la situation de misère et de la crédulité des fidèles pour les éloigner de l'Eglise et de la parole libératrice de l'Evangile. Continuez donc à consacrer une attention particulière à la formation des catéchistes, que je salue avec affection, appréciant leur dévouement inlassable. Je vous encourage à accorder à ces précieux collaborateurs de votre mission un soutien matériel, moral et spirituel, et à faire en sorte qu'ils bénéficient d'une formation doctrinale initiale et permanente. Ils doivent être des modèles de charité et des défenseurs de la vie, car leur exemple quotidien de vie chrétienne est un témoignage précieux pour ceux qu'ils doivent orienter vers le nom du Christ!

En tant que principaux responsables de l'Eglise, assurez-vous que tous les candidats au sacerdoce soient choisis attentivement et formés pour pouvoir ensuite se consacrer totalement à leur mission. Pouvant compter sur des professeurs et des éducateurs à la maturité humaine et sacerdotale éprouvée, puissent les séminaristes acquérir une sérieuse instruction spirituelle, intellectuelle et pastorale, ainsi qu'une solide formation humaine, qui engendre en eux la maturité affective et l'amour responsable nécessaires pour une personne appelée au célibat, c'est-à-dire appelée à "offrir, avec la grâce de l'Esprit et par la libre réponse de sa volonté propre, la totalité de son amour et de sa sollicitude à Jésus Christ et à l'Eglise" (Exhortation apostolique Pastores dabo vobis PDV 44). Les prêtres qui se consacrent de façon si particulière au Christ, Chef de l'Eglise, sont appelés à se détacher des biens matériels et à se consacrer au service de leurs frères à travers un don personnel total dans le célibat. Les comportements scandaleux doivent toujours être analysés, examinés et corrigés.

La floraison des vocations à la vie consacrée, en particulier à la vie religieuse féminine, est un don magnifique du Ciel à l'Eglise de São Tomé e Príncipe et d'Angola, un don pour lequel il est nécessaire de rendre grâce et auquel vous ne pouvez renoncer, car les personnes consacrées enrichissent vos Eglises particulières non seulement grâce à l'efficacité de leur service, mais également et surtout par leur témoignage personnel et communautaire de l'Evangile; "sans ce signe concret, la charité de l'ensemble de l'Eglise risquerait de se refroidir, le paradoxe salvifique de l'Evangile de s'émousser, le "sel" de la foi de se diluer dans un monde en voie de sécularisation" (Exhortation apostolique Vita consecrata VC 105).

8. Chers frères, au début d'un nouveau millénaire, notre engagement épiscopal apparaît "caractérisé par des urgences nouvelles, qui exigent que toutes les composantes du Peuple de Dieu s'y consacrent d'un même coeur" (Exhortation apostolique Pastores gregis ). Or, sur la terre, il n'existe rien de plus efficace que l'Eucharistie pour inciter les chrétiens à être et à se sentir une seule chose; il n'y a pas d'autre moment où ils se rencontrent et se fondent les uns avec les autres si intimement que lorsqu'ils communient avec Jésus Eucharistie, qui embrasse et unit tout à Lui. C'est ainsi que se réalise sur terre ce qui arrive déjà au ciel: le Christ unit à Lui, et les uns aux autres, tous ceux qui vivent en Lui. Il suffit que vous communiez avec Lui correctement pour vous sentir véritablement unis.

A l'Eucharistie, centre d'attraction de tous les coeurs humains, j'ai voulu consacrer une année afin de parvenir à une prise de conscience et à une vénération plus approfondies et plus grande de la part des fidèles. Dieu m'a accordé la grâce de lancer l'Eglise le long de son itinéraire jubilaire pour le bimillénaire du Christ qui, avec cette année de l'Eucharistie, atteint pour ainsi dire son apogée. Je confie à votre sollicitude pastorale, bien-aimés Evêques d'Angola et de São Tomé et Príncipe, la décision à propos des initiatives les plus opportunes pour raviver une telle conscience au sein de vos communauté ecclésiales "jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous" (Ga 4,19), comme il s'incarna dans le sein de la Vierge sa Mère, votre Dame et votre Patronne. Que sur vous tous, sur les prêtres, sur les personnes consacrées, hommes et femmes, sur les catéchistes et sur tous les fidèles laïcs de vos diocèses descende, propitiatoire des dons du Très-Haut, ma Bénédiction apostolique.




Discours 2004 - Jeudi 14 octobre 2004