Discours 2004 - Lundi 29 novembre 2004


AUX LÉGIONNAIRES DU CHRIST ET AUX MEMBRES DE "REGNUM CHRISTI"

Mardi 30 novembre 2004



Très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux de vous rencontrer tous, dans un climat de joie et de reconnaissance au Seigneur pour le soixantième anniversaire de l'Ordination sacerdotale du Père Marcial Maciel Degollado, Fondateur et Supérieur général de votre jeune Famille religieuse, digne d'éloges.

J'adresse tout d'abord mon salut affectueux au cher Père Maciel, que j'accompagne volontiers de mes voeux les plus cordiaux pour un ministère sacerdotal empli des dons de l'Esprit Saint. Je salue ensuite les Supérieurs de l'Institut, en particulier le Vicaire général que je remercie des paroles qu'il m'a adressées au nom de tous. En outre, je vous salue chers prêtres et séminaristes Légionnaires du Christ, chers Membres du Mouvement Regnum Christi, ainsi que ceux qui ont pris part aux célébrations jubilaires de ces journées.

2. L'heureux anniversaire qui nous voit tous rassemblés autour du Fondateur, alors qu'il nous invite à faire mémoire des dons qu'il a reçus du Seigneur au cours de ces soixante années de ministère sacerdotal, constitue dans le même temps l'occasion de réaffirmer les engagements que vous avez pris au service de l'Evangile en tant que Légionnaires du Christ. Aujourd'hui en particulier, en rencontrant le Successeur de Pierre, vous voulez renouveler l'engagement de votre fidélité totale à l'Eglise et à celui dont la Providence a voulu faire son Pasteur.

J'ai à coeur, au cours de cette rencontre significative, de vous répéter ce que je vous ai dit au terme du grand Jubilé de l'An 2000: "Nous avons besoin aujourd'hui plus que jamais d'une proclamation confiante de l'Evangile qui, mettant de côté toutes les peurs qui paralysent, annonce avec une profondeur intellectuelle et avec courage la vérité sur Dieu, sur l'homme, sur le monde" (Discours aux Légionnaires du Christ et aux membres du Mouvement "Regnum Christi ", n. 4).

3. Pour mener à bien cette mission exigeante, il est indispensable de cultiver une intimité permanente avec le Christ, en cherchant à le suivre et à l'imiter docilement. Cela vous rendra toujours prêts à répondre aux attentes les plus authentiques et profondes des hommes et des femmes de notre temps.

Que l'Année de l'Eucharistie, qui a commencé en octobre, soit pour vous une occasion propice afin de croître dans l'amour eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne. Pour l'Eglise, ce Mystère suprême est le don par excellence du Christ, car il est "le don de lui-même, de sa personne dans sa sainte humanité, et de son oeuvre de salut" (Ecclesia de Eucharistia EE 11).

4. Restez unis autour de l'Eucharistie! Fidèles au charisme qui vous distingue, poursuivez votre mission évangélisatrice en vous nourrissant du Christ et en devenant ses témoins courageux.

Que vos saints protecteurs vous accompagnent; que la Très Sainte Vierge Marie, la "Madone du Secours" soit en particulier votre guide et votre soutien.

Avec ces sentiments et ces voeux, je donne de tout coeur au cher Père Maciel et à vous tous ici présents une Bénédiction apostolique spéciale, que j'étends volontiers aux membres de votre Famille religieuse et à ceux que vous rencontrez dans votre apostolat quotidien.

Décembre 2004

À S.E. M. TEODORO OBIANG GUEMA MBASOGO PRÉSIDENT DE GUINÉE ÉQUATORIALE

Jeudi 2 décembre 2004


  Monsieur le Président,

Votre visite me donne l'opportunité d'adresser un salut au bien-aimé peuple de Guinée, si souvent présent dans mon souvenir et dans mes prières.

Dans votre pays, que j'ai eu la joie de visiter en 1982, l'Eglise, outre l'évangélisation, accomplit avec les moyens dont elle dispose, une oeuvre généreuse dans le domaine de l'éducation, de la santé et de la promotion des personnes les plus démunies. En s'inspirant de l'Evangile, elle désire uniquement contribuer à la promotion de la dignité de l'homme, dans un climat adéquat de liberté, de collaboration, de réconciliation, de compréhension et de respect, qui permette l'accomplissement pacifique et fécond de sa mission spirituelle et humanitaire.

Je désire donc que cette rencontre contribue à une entente et à des relations cordiales et sereines entre les Autorités publiques et la communauté chrétienne, qui bénéficieront à tous les citoyens dans leur désir d'améliorer leurs conditions de vie afin qu'ils puissent se réaliser en tant que personnes et en tant que fils de Dieu.

En vous remerciant de votre visite, je forme les meilleurs voeux pour tout le peuple de Guinée et j'invoque sur lui d'abondantes Bénédictions divines pour l'encourager dans ses espérances et ses aspirations légitimes.



AUX MEMBRES DE L'INSTITUT SÉCULIER DES SERVITEURS DE LA SOUFFRANCE

Jeudi 2 décembre 2004


Très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux de vous adresser un salut cordial à vous tous qui avez voulu accomplir cette visite au Successeur de Pierre, à l'occasion du X anniversaire de la fondation de votre Institut. Soyez les bienvenus!

Je salue Mgr Benigno Luigi Papa, Archevêque de Tarente, qui vous accompagne, et je le remercie pour les paroles cordiales qu'il m'a adressées en votre nom. Je désire également manifester à votre Fondateur, Mgr Pietro Galeone, ainsi qu'à toute la famille des "Serviteurs de la souffrance" ma plus profonde gratitude pour l'oeuvre que vous accomplissez en Italie et dans d'autres pays, en suivant le Christ qui a racheté le monde par sa Passion.

2. Votre Institut séculier est né d'un désir explicite de saint Pio da Pietrelcina de servir tous ceux qui souffrent. En l'espace de dix ans, celui-ci s'est considérablement développé, devenant un instrument d'espérance pour de nombreuses personnes durement éprouvées dans le corps et dans l'esprit. Vous êtes appelés à proclamer l'Evangile de la souffrance illuminée par la foi. J'écrivais dans la Lettre apostolique Salvifici doloris que pour les chrétiens, "l'Evangile de la souffrance, cela veut dire non seulement la présence de la souffrance dans l'Evangile comme l'un des thèmes de la Bonne Nouvelle, mais également la révélation de la force salvifique et du sens salvifique de la souffrance dans la mission messianique du Christ et, ensuite, dans la mission et la vocation de l'Eglise" (n. 25).

3. Très chers amis, en regardant le nuage de douleur physique et spirituelle qui enveloppe l'humanité, combien le témoignage que vous apportez est nécessaire! En tant que "Serviteurs de la souffrance", vous êtes des "cyrénéens" silencieux qui aident ceux qui sont dans l'épreuve et les assurent que Dieu n'oublie aucune larme, mais qu'il les recueille toutes et les inscrit dans son livre (cf. Ps 56,9).

Suivez les traces de Padre Pio, dont les enseignements sont toujours d'une grande actualité; inspirez-vous constamment d'eux. Comme lui, soyez des apôtres de la prière et de la souffrance! La prière illumine le coeur et le rend davantage prêt à accepter la souffrance; la souffrance, accueillie avec un abandon docile en Dieu, ouvre l'âme à la compréhension de la douleur des autres.

Que la Sainte Vierge vous accompagne et vous rende toujours plus fidèles à votre mission dans l'Eglise. Avec ce souhait, je vous bénis tous.




AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE DE LA FÉDÉRATION ITALIENNE DES HEBDOMADAIRES CATHOLIQUES

Vendredi 3 décembre 2004

  Très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux de vous accueillir, à l'occasion de l'Assemblée triennale de la Fédération italienne des hebdomadaires catholiques. Je vous salue cordialement, vous tous qui représentez les quelque cent cinquante titres de journaux diocésains, ainsi que vos collaborateurs, et j'étends ma pensée cordiale à tous vos lecteurs. Je salue en particulier votre Président, Mgr Vincenzo Rini, et je le remercie pour les paroles qu'il m'a adressées en votre nom.

2. L'Italie, grâce à Dieu, possède une riche tradition d'hebdomadaires catholiques, avec des figures lumineuses de prêtres et de laïcs qui ont marqué son histoire. Parmi ceux-ci, je voudrais rappeler Mgr Andrea Spada, que vous connaissez bien, et qui est décédé précisément ces derniers jours. La contribution de journalistes catholiques apparaît plus que jamais précieuse également aujourd'hui, tant sur le plan pastoral que sur le plan culturel et social.

Ceux-ci offrent avant tout un service d'information sur la vie de l'Eglise, ainsi que des aides précieuses sous forme de documentation et d'approfondissement en ce qui concerne les initiatives ecclésiales et leurs contenus. En outre, étant donné leur diffusion ramifiée au niveau local, les hebdomadaires diocésains contribuent de façon adéquate à inculquer aux familles, aux paroisses et aux villes les valeurs chrétiennes qui forment une grande partie du patrimoine spirituel du peuple italien. Je pense, en particulier, à la protection de la vie humaine, dans son intégralité; je pense, en outre, au mariage et à la famille qu'une culture erronée des "droits personnels" tend à dénaturer; je pense, enfin, aux valeurs de la vérité, de la justice, de la solidarité.

3. Très chers frères et soeurs, merci pour le service que, grâce à vos publications, vous apportez à l'édification de la "civilisation de l'amour". A l'époque de la communication globale, votre mission devient toujours plus difficile. Très chers amis, ne vous découragez pas face aux difficultés que vous rencontrez. Continuez avec zèle à annoncer l'Evangile de la vérité et de l'espérance des "chaires" singulières que représentent vos hebdomadaires diocésains, en demeurant toujours ouverts aux vastes perspectives de l'Eglise universelle.

4. Pour pouvoir pleinement accomplir votre mission, veillez à ce que ne vous manque jamais, avant toute chose, la première nourriture spirituelle de la prière et d'une intense vie sacramentelle. En outre, préoccupez-vous d'enrichir votre formation éthique et culturelle, afin que vos convictions demeurent en harmonie avec l'Evangile et ne soient pas détournées par des tendances pernicieuses dominantes dans une certaine culture moderne.

Que la Vierge Immaculée vous protège; qu'intercède pour vous saint François-Xavier, patron des missions, dont nous fêtons aujourd'hui la mémoire liturgique. Je vous assure de mon souvenir dans la prière et je vous donne à tous, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères, la Bénédiction apostolique.

"Journaux diocésains, voix du peuple": le thème qui a orienté la XIV Assemblée nationale élective de la Fédération italienne des hebdomadaires catholiques était également au centre de la rencontre des deux cents directeurs et collaborateurs de journaux diocésains réunis dans la Salle Clémentine, dans la matinée du vendredi 3 décembre, pour l'audience avec le Pape Jean-Paul II.

    

AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DES ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE (RÉGION V) EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Samedi 4 décembre 2004


Chers frères Evêques,

1. A l'occasion de votre visite "ad limina" quinquennale, je vous souhaite une cordiale bienvenue, Evêques des provinces ecclésiastiques de Louisville, de Mobile et de la Nouvelle Orléans. En poursuivant nos réflexions sur le ministère du gouvernement confié aux successeurs des Apôtres, je voudrais aujourd'hui prendre en considération certains aspects spécifiques de votre relation avec les fidèles laïcs.

Je désire avant tout exprimer ma profonde satisfaction pour la contribution extraordinaire que le laïcat a apportée, et continue d'apporter, à la croissance et à l'expansion de l'Eglise dans votre pays; une contribution que j'ai personnellement constatée et admirée au cours de mes visites aux Etats-Unis. Etant donné que "le renouveau de l'Eglise en Amérique ne sera pas possible sans la présence active des laïcs" (Ecclesia in America ), je considère qu'une partie essentielle de votre gouvernement pastoral doit consister à guider et à soutenir les laïcs dans leurs efforts pour être le levain de l'Evangile dans le monde.

2. Comme le Concile Vatican II l'a clairement affirmé, l'exercice du munus regendi épiscopal requiert, en raison de sa nature même, une reconnaissance de la contribution et des charismes des laïcs et de leur rôle spécifique en vue de l'édification de l'unité de l'Eglise et de l'accomplissement de sa mission dans le monde (cf. Lumen gentium LG 30-31). Chaque Evêque est appelé à reconnaître le "rôle essentiel et irremplaçable" des laïcs dans la mission de l'Eglise (cf. Christifideles laici CL 7) et à leur permettre d'exercer leur apostolat "éclairés par la lumière de l'Evangile, conduits par l'Esprit de l'Eglise, entraînés par la charité chrétienne" (Apostolicam actuositatem AA 7).

Dans votre ministère de gouvernement, vous devriez considérer comme une priorité pastorale évidente d'aider les fidèles laïcs à comprendre et à accueillir le munus regale qu'ils ont reçu lors de leur incorporation baptismale au Christ. Comme la tradition de l'Eglise l'affirme, cette charge royale s'exprime tout d'abord dans la "liberté royale" qui permet aux fidèles de vaincre le règne du péché dans leur vie et de servir "le Christ également chez les autres" en les conduisant "au Roi dont les serviteurs sont eux-mêmes des rois" (Lumen gentium LG 36). Toutefois, les fidèles laïcs exercent cette charge royale de manière spécifique à travers leurs efforts pour diffuser le royaume de Dieu dans et à travers leur activité séculière de façon à ce que "le monde s'imprègne de l'Esprit du Christ et atteigne plus efficacement sa fin dans la justice, la charité et la paix" (Ibid. LG 36).

3. Il s'ensuit que les laïcs, hommes et femmes, doivent être encouragés, grâce à une catéchèse adaptée et à une formation permanente, à reconnaître la dignité et la mission distinctive qu'ils ont reçues dans le Baptême et à incarner dans leurs activités quotidiennes une approche complète de la vie, qui tire sa force et son inspiration de l'Evangile (cf. Christifideles laici CL 34). Cela signifie que les laïcs doivent être formés à distinguer clairement les droits et les devoirs qu'ils ont en tant que membres de l'Eglise de ceux qu'ils ont en tant que membres de la société humaine, et les encourager à les conjuguer harmonieusement, en reconnaissant que "la conscience chrétienne doit être leur guide en tous domaines temporels, car aucune activité humaine, fût-elle d'ordre temporel, ne peut être soustraite à l'empire de Dieu" (Lumen gentium LG 36).

Une réaffirmation claire et faisant autorité de ces principes fondamentaux de l'apostolat laïc contribuera à surmonter les graves problèmes pastoraux causés par une incapacité croissante de comprendre l'obligation à laquelle l'Eglise est tenue de rappeler aux fidèles leur devoir de conscience d'agir en accord avec son enseignement qui fait autorité. Il existe un besoin urgent d'une catéchèse exhaustive sur l'apostolat des laïcs qui mettra nécessairement en lumière l'importance d'une conscience correctement formée, du rapport intrinsèque entre liberté et vérité morale et du grave devoir qui revient à chaque chrétien d'agir pour renouveler et perfectionner l'ordre temporel en accord avec les valeurs du Royaume de Dieu. Tout en respectant pleinement la séparation légitime entre Eglise et Etat dans la vie américaine, cette catéchèse doit cependant clairement préciser que, pour les chrétiens, il ne peut pas exister de séparation entre la foi à laquelle on doit croire et que l'on doit appliquer dans la pratique (cf. Lumen gentium LG 25) et un engagement et une participation totale et responsable à la vie culturelle, politique et professionnelle.

En raison de l'importance de ces questions pour la vie et la mission de l'Eglise qui est dans votre pays, je désire vous encourager à considérer l'enseignement des principes doctrinaux et moraux qui sont à la base de l'apostolat des laïcs comme essentiel pour votre ministère en tant que maîtres et pasteurs de l'Eglise qui est en Amérique. Je vous invite également à déterminer, en concertation avec des membres du laïcat qui se distinguent de manière particulière par leur fidélité, leur connaissance et leur prudence, les façons les plus efficaces de promouvoir la catéchèse et une réflexion claire dans ce domaine important de la doctrine sociale de l'Eglise.

4. Une juste appréciation du talent et de l'apostolat propre aux laïcs conduira naturellement à un plus grand engagement dans la promotion au sein des laïcs d'un sens des responsabilités partagées pour la vie et la mission de l'Eglise. En soulignant la nécessité d'une théologie et d'une spiritualité de communion et de mission pour le renouveau de la vie ecclésiale, j'ai souligné l'importance de "faire nôtre la sagesse pastorale antique qui, sans porter aucun préjudice au rôle d'autorité des pasteurs, savait les encourager à la plus grande écoute de tout le peuple de Dieu" (Novo Millennio ineunte NM 45). Cela demandera certainement un effort conscient de la part de chaque Evêque pour développer, au sein de son Eglise particulière, des structures de communion et de participation qui rendent possible, sans porter aucun préjudice à sa responsabilité personnelle en ce qui concerne les décisions qu'il est appelé à prendre en vertu de son autorité apostolique, "d'écouter l'Esprit qui vit et parle dans les fidèles" (cf. Pastores gregis ). De façon encore plus importante, cela demande de cultiver, dans chaque aspect de la vie ecclésiale, un esprit de communion enraciné dans le sensus fidei surnaturel et dans la riche variété des charismes et des missions que l'Esprit Saint déverse sur tout le corps des baptisés, pour les édifier dans l'unité et dans la fidélité à la parole de Dieu (cf. Lumen gentium LG 12). La compréhension de la coopération et de la responsabilité commune, fermement enracinée dans les principes d'une saine ecclésiologie garantira une collaboration authentique et féconde entre les pasteurs de l'Eglise et les fidèles laïcs, sans courir le danger que ce rapport soit déformé par l'introduction passive de catégories et de structures issues de la vie séculière.

5. Très chers frères, avec un esprit de gratitude et de profonde reconnaissance, confions au Seigneur tous les fidèles laïcs de vos Eglises particulières: les jeunes qui sont l'espérance de l'avenir et qui sont aussi appelés à être un ferment de vie et de renouveau dans l'Eglise et dans la société américaine, les couples mariés qui se prodiguent pour refléter en eux-mêmes et dans leurs familles le mystère de l'amour du Christ pour l'Eglise, et les innombrables hommes et femmes qui luttent chaque jour pour apporter la lumière de l'Evangile dans leurs foyers, sur leur lieux de travail et dans toute la vie de la société. Puissent-ils être des témoins toujours plus crédibles de la foi qui nous a réconciliés avec Dieu (cf. Rm 5,1), de l'amour qui transfigurera le monde et de l'espérance de "nouveaux cieux et d'une terre nouvelle, que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera" (2P 3,13)!

Avec ces sentiments et une affection fraternelle, j'invoque sur vous et sur les fidèles confiés à votre sollicitude pastorale la protection pleine d'amour de Marie, Mère de l'Eglise. Je donne de tout coeur à tous ma Bénédiction apostolique en signe de joie et de paix dans le Seigneur.



AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS DE LA FONDATION VATICANE "CENTESIMUS ANNUS-PRO PONTIFICE"

Samedi 4 décembre 2004

Monsieur le Cardinal!

1. A l'occasion du Congrès annuel de la Fondation vaticane Centesimus Annus - Pro Pontifice, je suis heureux de vous adresser, ainsi qu'aux membres de la Fondation, un salut cordial, avec une pensée particulière pour le Président, le Comte Lorenzo Rossi di Montelera.

J'ai appris avec joie que la Fondation, un peu plus de dix ans après son institution, commence à se diffuser dans les diocèses de diverses nations, en gagnant toujours de nouvelles adhésions. Je vous exhorte à poursuivre la tâche que vous avez entreprise, en ayant soin de toujours maintenir un lien étroit avec les Pasteurs des Eglises locales.

2. L'intention de la Fondation est de conjuguer le soutien concret aux activités du Pape et du Saint-Siège avec le dévouement pour la diffusion de l'enseignement de l'Eglise en ce qui concerne les grandes questions sociales que les chrétiens sont appelés à affronter à la lumière et avec la force de l'Evangile de Jésus, le grand révélateur de la vérité de Dieu sur l'homme.

Votre réflexion s'est concentrée cette année, de manière très opportune, sur le Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, récemment publié par le Conseil pontifical "Justice et Paix". En effet, ce texte constitue un instrument moderne pour la connaissance de la doctrine sociale catholique, qui a connu dans le temps des approfondissements significatifs, en réponse aux problèmes complexes d'une société mondiale qui connaît un développement rapide et tourmenté.

Il reste beaucoup à faire, afin que la si riche contribution de l'enseignement ecclésial devienne un critère cohérent de jugement et une force d'inspiration convaincue de l'action sociale des chrétiens. On a parfois l'impression que la doctrine sociale de l'Eglise est plus évoquée que connue, et qu'elle est considérée comme un simple horizon de valeurs - peut-être trop grandes et nobles pour pouvoir jamais devenir concrètes dans ce monde - plutôt qu'un critère exigeant de jugement et d'action.

3. Il est donc très important de faire connaître la doctrine sociale de l'Eglise de façon précise, motivée et complète, notamment pour éviter que ne soit privilégié l'un ou l'autre aspect, selon des sensibilités et des orientations prédéfinies, ce qui conduirait à égarer son sens unitaire et à l'utiliser de façon instrumentale.

Il est en outre nécessaire d'éduquer à se rallier à cette doctrine comme à un point de référence stimulant pour les responsabilités familiales, professionnelles et civiles, en l'adoptant comme critère commun de choix et d'actions personnelles et communautaires, dans la continuité des beaux témoignages offerts, en particulier depuis Rerum novarum, par des chrétiens humbles et grands, qui ont vécu la passion pour la cause de l'homme à la lumière de l'Evangile.

Dans tous les cas, il sera décisif de considérer la doctrine sociale comme un élément qui caractérise la spiritualité du fidèle laïc. A cet égard, le "Compendium" rappelle de façon opportune que la spiritualité laïque "rejette tant le spiritualisme intimiste que l'activisme social et sait s'exprimer à travers une synthèse vitale qui confère unité, signification et espérance à l'existence contradictoire et fragmentaire, pour de nombreuses et diverses raisons" (n. 545).

4. J'exhorte donc vos membres à accomplir tous les efforts afin que la Fondation contribue à la poursuite de ces finalités, en pleine harmonie avec les orientations des statuts récemment renouvelés après la première expérience décennale.

Les grandes questions qui tourmentent et interpellent l'humanité au niveau mondial dans un contexte toujours plus "global" et "interdépendant", doivent être affrontées avec une vision limpide de l'homme et de sa vocation personnelle et sociale, sur le fondement commun de la loi naturelle. Mais, comme le rappelle le Catéchisme de l'Eglise catholique, "les préceptes de la loi naturelle ne sont pas perçus par tous d'une manière claire et immédiate. Dans la situation actuelle, la grâce et la Révélation sont nécessaires à l'homme pécheur pour que les vérités religieuses et morales puissent être connues "de tous et sans difficulté, avec une ferme certitude et sans mélange d'erreurs" (Conc. Vatican, Const. Dei Filius, 2)" (CEC 1960).

5. La doctrine sociale de l'Eglise illumine par la lumière de la Révélation les valeurs fondamentales d'une coexistence humaine ordonnée et solidaire, la rachetant de tout obscurcissement et ambiguïté. Les chrétiens laïcs, ouverts à l'action de la grâce de Dieu, sont l'instrument vivant afin que ces valeurs puissent arriver à imprégner de façon efficace l'histoire.

En exprimant donc une fois de plus ma gratitude pour l'activité de formation et culturelle des membres et pour le soutien généreux qu'ils offrent au Pape, afin qu'il puisse mieux répondre aux nombreuses nécessités qui exigent quotidiennement sa sollicitude pastorale en faveur de toutes les Eglises, je vous donne volontiers, vénéré Frère, ainsi qu'à chacun d'entre vous, une Bénédiction apostolique particulière, que j'étends volontiers à toutes les personnes qui vous sont chères.





À S.E. M. ALGIRDAS SAUDARGAS, AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE LITUANIE

Lundi 6 décembre 2004

Monsieur l'Ambassadeur!

1. C'est pour moi un motif de vive satisfaction de recevoir les Lettres à travers lesquelles la République de Lituanie vous accrédite comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire près le Saint-Siège. Soyez le bienvenu!

Je désire avant tout vous manifester ma reconnaissance pour les paroles à travers lesquelles vous vous êtes fait l'interprète des sentiments de la nation, que vous représentez ici. J'accueille avec gratitude et estime les sentiments que m'adresse à travers vous le Président de la République, également au nom du peuple lituanien.

Monsieur l'Ambassadeur, je vous prie de bien vouloir transmettre ma pensée constante et cordiale aux Autorités de votre pays, que j'ai eu la joie de visiter en septembre 1993. J'y unis l'assurance de mon souvenir quotidien dans la prière pour tous les Lituaniens, auxquels me lient des affinités culturelles et spirituelles.

2. Monsieur l'Ambassadeur, votre présence évoque en moi les souvenirs inoubliables des nombreux contacts que j'ai eus avec le peuple lituanien dont, comme vous l'avez souligné, le Siège apostolique n'a jamais cessé de suivre les vicissitudes au cours de son histoire longue et tourmentée.

Il appartient à la mission du Successeur de Pierre de soutenir les croyants dans toutes les parties du monde et, dans le même temps, de rappeler constamment les valeurs universelles sur lesquelles il est possible de construire une société juste et solidaire. Soutenu par la conviction séculaire selon laquelle la loi morale universelle constitue un chemin sûr pour la coexistence civile, le Saint-Siège ne se lasse pas de défendre les droits des peuples à se présenter sur la scène de l'histoire avec leurs particularités propres, dans le respect des libertés légitimes de chacun.

3. Dans le débat culturel et social actuellement en cours dans votre patrie, je sais qu'apparaît le besoin d'insister sur les racines chrétiennes, dans lesquelles le tissu social a puisé sa sève vitale tout au long des siècles.

Je tiens à renouveler le voeu que les Représentants des citoyens lituaniens continuent de puiser au noble patrimoine des idéaux humains et évangéliques qui ont marqué l'histoire de la nation et s'engagent, avec un esprit sincère, à édifier une société libre sur de solides fondements éthiques et moraux. Dans cette perspective, j'exhorte les catholiques, qui forment une grande partie de la population, à collaborer avec toutes les personnes de bonne volonté afin d'éviter que la société lituanienne ne soit elle aussi fortement influencée par le modèle séculariste et hédoniste de la vie et par ses séductions trompeuses. Conscients de ne pouvoir se contenter de combattre les conséquences du mal, les croyants sont disposés à marcher aux côtés de ceux qui, à travers une législation adaptée et des styles de vie équilibrés, favorisent la défense de la vie, de sa conception à sa mort naturelle.

4. Permettez-moi également de vous manifester ma profonde satisfaction pour l'intégration du pays, que vous représentez, au sein des nations de l'Europe unie. Dieu veuille que ce continent sache trouver les moyens et les voies pour édifier la paix et la prospérité dans un climat de collaboration fructueuse, dans le respect des cultures et des droits légitimes de tous, en poursuivant comme objectif le bien des personnes et de toute l'Europe, de l'Atlantique à l'Oural.

En vous renouvelant mes voeux fervents pour la haute mission que votre Pays vous confie, je désire vous assurer de la pleine, loyale et cordiale collaboration de ceux qui m'assistent dans l'accomplissement des devoirs propres au Siège apostolique. Vous trouverez en eux des interlocuteurs attentifs en ce qui concerne les questions bilatérales et, plus généralement, la poursuite du bien commun de la Communauté internationale.

Le Siège apostolique, qui a déjà signé certains accords avec la Lituanie sur des questions d'intérêt commun, considère la méthode du dialogue cordial et loyal comme la voie-maîtresse pour surmonter toute difficulté éventuelle qui pourrait apparaître dans les relations réciproques.

En formant des voeux fervents pour la haute fonction que vous commencez aujourd'hui, je vous donne, ainsi qu'à vos collaborateurs, et aux personnes qui vous sont chères, la Bénédiction apostolique.



À S.E. M. PABLO MORAN VAL AMBASSADEUR DU PÉROU PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Mardi 7 décembre 2004



Monsieur l'Ambassadeur,

1. Je suis heureux de vous recevoir à l'occasion de cette rencontre où vous me présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Pérou près le Saint-Siège. En vous souhaitant une cordiale bienvenue, je vous remercie des paroles aimables que vous m'avez adressées et je vous prie de transmettre au Président de la République, S.E. M. Alejandro Toledo Manrique, ma gratitude pour le salut qu'il m'a envoyé et auquel s'unit le cher peuple péruvien, qui m'est très cher et sur lequel, en retour, j'invoque toutes sortes de biens.

2. Votre présence souligne les relations traditionnelles avec le Saint-Siège, instaurées par le Pérou dès 1877. Il faut souhaiter que, animés par un esprit de collaboration loyale, celles-ci se poursuivront toujours dans un climat d'amitié et de respect, s'agissant d'un pays dont la constitution s'ouvre sur une invocation au Dieu tout-puissant et qui reconnaît le lien d'étroite collaboration entre l'Etat et l'Eglise.

La vie religieuse au Pérou, animée par l'action des Evêques et des prêtres, leurs collaborateurs, concrétisée à travers les diverses communautés et mouvements dans les lieux de culte, d'assistance, d'éducation et de promotion humaine et sociale, est un signe très clair de la façon dont la vitalité de la foi peut continuer à soutenir les efforts courageux d'un noble peuple qui ne ménage pas ses efforts dans la recherche du progrès, sans abandonner les racines authentiques de son identité chrétienne.

La foi catholique, professée par la grande majorité de la population de votre pays, suscite, en raison de son dynamisme propre, une conduite individuelle et sociale de grande envergure, favorisant, lorsqu'il n'y a pas de séparation entre la foi et la vie, une existence qui ne connaît ni incohérences ni fractures, tout en repoussant la tentation du recours à la violence, à l'égoïsme ou à la corruption; de plus, l'Eglise, fidèle à sa mission, offre ses orientations pour affronter les défis éthiques contemporains.

3. La réalité que vit votre pays, ainsi qu'une grande partie du continent hispano-américain, présente de graves défis qu'il est nécessaire d'affronter avec générosité et de justes critères. Il y a quelques mois, les Evêques du Pérou répétaient leur appel urgent "à la paix, à la concorde et à l'entente...; un appel à l'espérance, à construire le Pérou, à rechercher l'ordre social, à défendre l'Etat de droit et les principes constitutionnels". S'il est important de défendre les valeurs civiques, il ne faut pas oublier que celles-ci seront davantage respectées si elles se fondent sur les valeurs éthiques et morales de l'honnêteté et de la solidarité concrète, de façon à pouvoir corriger les inégalités sociales injustes et les individualismes personnels et sociaux, qui font obstacle à la pleine réalisation du bien commun.

4. On connaît les efforts que les autorités mettent en oeuvre pour améliorer les conditions de vie des couches les moins favorisées de la société, en cherchant à offrir des opportunités de travail honnête, une assistance médicale et une existence digne, car la pauvreté continue malheureusement à caractériser encore l'existence de milliers de vos concitoyens. Répondre aux nécessités de base des plus déshérités et de ceux qui sont laissés-pour-compte doit être considéré comme une priorité fondamentale, étant donné que les transformations rapides de l'économie internationale ont plongé un grand nombre d'entre eux dans une situation proche du désespoir. Face à cela, l'Eglise, mère et maîtresse, fidèle à sa mission, accompagne avec sollicitude les nombreuses familles et personnes qui vivent aujourd'hui les conséquences inhumaines de cette situation. Il s'agit de l'un des domaines où la collaboration entre les diverses instances publiques et la communauté ecclésiale trouve un terrain fertile pour assister les pauvres et pour les soutenir.

5. Le Pérou est également engagé dans un processus de renforcement des institutions nationales, et il a lancé des projets d'intégration régionale. C'est pourquoi, il faut souhaiter que les mesures prises ou à prendre par le gouvernement n'oublient pas la défense de la vie humaine et de l'institution familiale, aujourd'hui gravement menacée de nombreux côtés par un concept équivoque de modernité ou de liberté; en effet, la famille, établie selon l'ordre naturel voulu par le Créateur, constitue la base irremplaçable du développement harmonieux d'une nation.

6. J'aimerais également adresser une parole de solidarité et d'encouragement à la grande communauté péruvienne qui a émigré dans d'autres pays, et dont la présence en Europe est importante. L'éloignement du pays est dû, dans la plupart des cas, au désir de trouver de meilleures conditions de vie. Ces immigrés doivent, quoi qu'il en soit, se sentir concernés par la recherche de solutions pour le pays qui les a vu naître et qui les suit encore aujourd'hui, les considérant comme ses enfants malgré la distance.

L'Eglise ne se limite pas à rappeler le principe éthique fondamental que "les immigrés doivent toujours être traités avec le respect dû à la dignité de toute personne humaine" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2001, n. 13), mais elle met en oeuvre tous ses moyens pour les assister de la meilleure façon possible. En effet, les églises et les autres institutions catholiques constituent fréquemment pour eux le principal point de référence pour se réunir, célébrer leurs fêtes, en gardant vivante leur identité nationale. Ils peuvent y trouver un soutien valable, quelquefois le seul, pour défendre leurs droits ou résoudre des situations difficiles.

7. Monsieur l'Ambassadeur, arrivé à ce point je désire former les meilleurs voeux pour le déroulement de votre mission auprès du Siège apostolique. Je vous prie de transmettre au peuple péruvien l'assurance de ma prière pour son progrès intégral, en rappelant les paroles que j'ai prononcées à mon arrivée à l'aéroport de Lima lors de mon premier voyage apostolique: "Les cinq cents ans d'évangélisation de ces terres sont un appel à construire de façon urgente l'homme nouveau latino-américain et péruvien, un homme qui soit plus fort dans sa foi, plus juste, plus solidaire, plus respectueux du droit d'autrui lorsqu'il défend et revendique son droit propre, plus chrétien et plus humain" (Discours d'arrivée à Lima, 1 février 1985, n. 2). Je demande à Dieu qu'il vous assiste dans la mission que vous commencez aujourd'hui et j'invoque toutes sortes de bénédictions célestes sur vous, sur votre noble famille, sur vos collaborateurs, ainsi que sur les gouvernants et tous les citoyens du Pérou.



Discours 2004 - Lundi 29 novembre 2004