Discours 1978 51

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EXIGENCES SPIRITUELLES DANS LES COMPÉTITIONS SPORTIVES


Le pape à une équipe de football

Le 9 décembre, le Saint-Père a reçu les membres d'une équipe de football, démontrant ainsi le constant et affectueux intérêt de l'Église pour les milieux sportifs et pour le sport qui unit et anime une grande partie des jeunes du monde entier, Jean Paul II leur a dit :



Chers Amis sportifs !



Je suis particulièrement heureux de vous accueillir et de vous souhaiter cordialement la bienvenue, à vous, membres de l'équipe de football de Bologne, à vous les dirigeants et à vos familles qui ont désiré participer à cette agréable rencontre.

Je vous remercie pour votre présence qui ravive dans mon âme d'impérissables souvenirs des années passées aux côtés de la jeunesse sportive avec qui j'ai vécu des moments pleins de joie humaine et spirituelle.

Vous savez que les jeunes sont l'objet de la prédilection de l'Église et du pape et que celui-ci aime les rencontrer pour donner et recevoir enthousiasme et force, mais vous, les sportifs, vous occupez une place particulière parce que vous Offrez de manière éminente, un spectacle de force, de loyauté, de maîtrise de soi, et encore parce que vous avez, de manière très nette, le sens de l'honneur, de l'amitié et de la solidarité fraternelle : des vertus que l'Église encourage et exalte.

Continuez, chers jeunes gens, à donner le meilleur de vous-mêmes dans les compétitions sportives, vous rappelant toujours que l'esprit de compétition, si noble qu'il soit ne doit pas être sa propre fin, mais qu'il doit être subordonné aux exigences bien plus nobles de l'esprit.

C'est pourquoi, tandis que je vous répète : soyez de valeureux sportifs, je vous dis aussi : soyez de bons citoyens dans la vie familiale et sociale et, plus encore, soyez de bons chrétiens qui sachent donner un sens supérieur à la vie, afin de pouvoir mettre en pratique ce que l'apôtre Paul disait des athlètes aux chrétiens de son époque : « Ne savez-vous pas que dans les courses du stade, tous courent mais un seul remporte le prix ? Courez donc de manière à le remporter ! Mais tandis qu'eux (les athlètes) le font pour obtenir une couronne périssable, nous le faisons par contre pour une couronne impérissable » (1Co 9,24-25).

Avec ces sentiments, je vous exprime à vous tous mon salut et mes encouragements que je désire valoriser par une bénédiction spéciale.







12 décembre 1978

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L'AMBASSADEUR D'IRLANDE PRÉSENTE SES LETTRES DE CRÉANCE


Le mardi 12 décembre, le Saint-Père a reçu en audience solennelle S. Exc. Mr. John Gerald Molloy, nouvel ambassadeur d'Irlande près le Saint-Siège qui venait lui présenter ses lettres de créance. Il était accompagné de Mr. Colm O'Floinn, secrétaire de l'ambassade. Après l'échange des discours, prononcés en anglais, le nouvel ambassadeur a eu un entretien privé avec le Souverain Pontife. Au terme de cet entretien, il s'est rendu auprès de S. Em. le cardinal Jean Villot, secrétaire d'État. Mr. J.G. Molloy est allé à la basilique Saint-Pierre pour  s'y   recueillir  à   l'autel  du  Saint-Sacrement  et prier  successivement   à   la chapelle de la Vierge Marie et sur le tombeau de Pierre.



Monsieur l'Ambassadeur,



Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à Votre Excellence en sa qualité d'ambassadeur d'Irlande près le Saint-Siège et, en acceptant les lettres de créance que vous m'apportez de la part de Son Excellence le Président Hillery. Je voudrais vous demander de lui transmettre mes cordiales salutations et de lui renouveler mes voeux les plus chaleureux, tels que je les lui ai exprimés à l'occasion de notre récente rencontre.

C'est donc avec le plus grand plaisir que je reçois maintenant le représentant d'un pays ayant une si longue et glorieuse tradition d'attachement à la foi chrétienne. Saint Patrick, de qui les Irlandais ont reçu cette foi est à juste titre considéré leur Abraham ou Moïse, car c'est lui qui en a fait un peuple chrétien et les a engagés sur la voie que depuis lors ils se sont efforcés de suivre fidèlement. Le continent européen avec lequel votre pays est en train de nouer des liens très étroits, garde le vif souvenir des grandes personnalités irlandaises qui ont laissé une profonde impression par leur sagesse et leur sainteté à une époque où la lumière de l'Évangile et de son enseignement couraient le risque d'être offusqués. Aujourd'hui, chaque continent bénéficie de l'influence de vos missionnaires et des hommes et des femmes qui ont établi leurs foyers dans d'autres pays ou qui apportent à d'autres peuples leur aide fraternelle.

Je me réjouis grandement devant ces manifestations des profondes convictions chrétiennes de vos compatriotes. J'ai le sentiment que ceci est une assurance que l'entente et la coopération prendront la place de la haine et des conflits. Le message de l'Évangile, que l'Église a pour mission de faire pénétrer de plus en plus dans la manière de penser et de vivre des peuples, prescrit de faire preuve de sincère respect et amour à l'égard de ceux qui ont d'autres vues sociales et politiques. 11 nous enseigne que tout être humain est pour nous un frère ou une soeur. Il faut en conséquence resserrer les liens familiaux entre les enfants de la même patrie et encourager la collaboration et le mutuel respect pour les droits des autres et pour les valeurs spirituelles qui sont les fondements d'une société harmonieuse et de son progrès moral et social.

Je vous assure, Monsieur l'Ambassadeur, du grand intérêt que je porte au bien-être de votre pays ainsi que de mes prières pour que chacun puisse être heureux dans un climat de paix et de justice. J'apprécie chaleureusement la contribution au bien des gens que les autorités irlandaises apportent partout dans le monde, tant par leur aide spirituelle et matérielle que par leurs efforts pour maintenir et renforcer la paix et pour défendre les droits humains.

Je veux garantir à Votre Excellence toute assistance de la part du Saint-Siège pour l'accomplissement de vos devoirs comme ambassadeur, et j'exprime l'espoir que votre mission vous donnera satisfaction et sera féconde pour tous.







13 décembre 1978

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SOYEZ LES INTRÉPIDES TÉMOINS DE LA FOI DANS LE MONDE


Jean Paul II et les jeunes



Très chers Jeunes, garçons et filles,



C'est une vraie joie de vous voir ici devant moi, de vous saluer avec toute l'effusion du coeur et de m'entretenir avec vous dans un dialogue simple et affectueux. Je voudrais presque que le temps ne passe pas, pour vous exhorter à vivre avec application ces années de votre jeunesse et pour vous inviter à être d'intrépides témoins de votre foi dans le monde d'aujourd'hui. D'une certaine façon, je participe ainsi à la joie de vos parents quand, à la maison, ils vous voient autour de la table, vous parlent et vous donnent des conseils et leurs suggestions, vous préparant ainsi à la vie. En vous, les jeunes, il y a toujours quelque chose d'attirant qui provient de votre instinctive bonté non contaminée par le mal et votre particulière disposition à accueillir la vérité et à la pratiquer. Et puisque Dieu est vérité, en aimant et accueillant la vérité, vous êtes les plus proches du ciel.

Vous savez qu'actuellement, nous nous trouvons dans la période de l'A vent. « Avent » signifie — comme je l'ai dit la semaine dernière — « venue » : c'est le temps pendant lequel nous nous préparons à la venue du Rédempteur. En fait, Jésus est né une seule fois ; mais l'Église qui, dans la vie surnaturelle est notre mère ; nous fait souvenir chaque année de la naissance de Jésus, non seulement pour l'adorer et le remercier, mais aussi pour recevoir les mêmes dons que ceux qu'il a portés aux bergers et aux rois mages ; c'est-à-dire la grâce, l'amour envers Dieu, la bonté à l'égard du prochain, l'humilité envers tout le monde.

L'« Avent » est donc la venue de Jésus et l'attente de cette venue. Il se peut que certains des plus petits parmi vous attendent Noël pour les cadeaux que les parents leur préparent. Ce n'est pas un mal. Mais vous devez l'attendre spécialement pour les dons de la grâce qui est la chose la plus importante dans la vie.

Préparez-vous bien à la fête de Noël. Comment ? Comme l'Église nous le montre dans les lectures de sa liturgie. Écoutez-moi :

Vous savez que Dieu a créé toute chose, l'homme y compris. Il a, en outre, soumis au pouvoir de l'homme les champs, les fruits, le soleil, la pluie, les animaux et tout ce qui lui est nécessaire. Si bien que tout ce que. l'homme était et avait, était don de l'amour de Dieu : c'est exactement comme cela se passe dans vos familles où non seulement, collaborant avec Dieu, vos parents vous donnent la vie, mais vous donnent également tout ce qui sert à votre vie. Adam et Eve n'auraient-ils pas dû être fidèles à Dieu ? Certainement ! Mais au contraire, ils désobéirent et ils perdirent son amitié. Et, alors, Dieu les chassa du Paradis terrestre, comme vous l'avez appris dans l'Histoire Sainte.

Pauvres hommes, chassés du Paradis, sans Dieu et condamnés à l'Enfer!

Mais le Seigneur les aimait comme vos parents aiment chacun de vous. Alors il pensa à les sauver en leur envoyant un Rédempteur, c'est-à-dire Jésus-Christ, son Fils. Et Jésus allait venir, il allait nous enseigner la voie de la vérité et il allait mourir pour racheter le péché des hommes. Voyez alors la bonté de Dieu : il a puni Adam et Eve et leurs descendants, mais il a promis aussitôt le salut grâce au Rédempteur.

Toutefois le Seigneur n'envoya pas tout de suite le Sauveur. Et durant cette longue période les hommes ont vécu, attendant et désirant le Rédempteur ! Et les prophètes, spécialement Isaïe, comme ils surent tenir bien vive cette espérance ! Comme ils ont prié pour que le Rédempteur vienne sans tarder !

Eh bien, c'est cela que chacun de vous doit faire durant ce temps de l'A vent : désirer la venue de Jésus à Noël ; désirer qu'il nous donne sa grâce, qu'il nous aime toujours, qu'il nous aide à triompher du péché. Mais, en même temps, vous devez être meilleurs et vous rendre dignes de Dieu qui vient. Vous devez donc durant cette période vous efforcer d'être plus pieux, plus obéissants, plus studieux, plus appliqués, plus purs.

Dès maintenant, je vous souhaite à tous un bon Noël et vous prie de porter mes voeux à vos parents et à tous ceux qui vous sont chers. Et tout en étendant mon salut à ceux qui vous ont accompagnés ici, je vous donne de tout coeur ma bénédiction.







13 décembre 1978

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AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE BULGARIE


Le 13 décembre, dans l'après-midi, le Saint-Père a reçu en audience S. Exc. M. Petar Mladenov, ministre des Affaires Étrangères de la République populaire de Bulgarie, avec sa femme et sa suite. Au cours de cette audience, le pape s'est adressé à M. Mladenov, en français, en ces termes :



Monsieur le Ministre,



Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à Votre Excellence, à son épouse et aux honorables membres de votre suite. Je désire vous accueillir dans l'esprit de la promesse que fit, il y a déjà bon nombre d'années, mon prédécesseur de vénérée mémoire, le pape Jean XXIII, au terme de sa mission de représentant pontifical en Bulgarie, lorsqu'il déclara que partout où il se trouverait, les portes de sa maison seraient toujours ouvertes pour recevoir un Bulgare.

Je suis aussi le successeur du pape Paul VI, et en tant que tel il m'est agréable de rappeler la visite que lui fit il y a trois ans S. Exc. M. Todor Jivkov, président du Conseil d'État de la République populaire de Bulgarie. Cette visite marqua le début d'un échange de vues ouvert et jeta pour ainsi dire les bases d'une recherche commune et non stérile de solutions pour divers problèmes concernant les rapports entre l'Église et l'État en Bulgarie.

C'est avec attention, Monsieur le Ministre, que je suis le progrès social, culturel et spirituel du noble peuple bulgare, justement attaché à son histoire et à ses traditions, qui déterminent son identité et sont à la base de sa souveraineté nationale. Comme pasteur universel de l'Église catholique, il ne m'échappe pas que le nombre de ses fils — de rites latin et byzantin — se trouvant en Bulgarie est assez réduit.

Toutefois, je suis heureux de savoir non seulement qu'ils restent fidèles à leur Église, mais aussi qu'ils donnent l'exemple dans l'accomplissement de leurs devoirs de citoyens et qu'ils apportent leur contribution efficace au développement de la nation à laquelle ils sont fiers d'appartenir. Ceci est à mes yeux une conséquence naturelle du riche héritage spirituel et culturel transmis au peuple bulgare par les saints Cyrille et Méthode. Grâce aux fondements établis par ces deux apôtres, et aussi à l'admirable témoignage de tant d'autres évêques et prêtres, il a été possible de montrer que la foi chrétienne et la culture, loin d'être étrangères l'une à l'autre ou de s'opposer, s'enrichissent mutuellement. C'est pour cette raison que je regarde avec intérêt les diverses initiatives prises conjointement par les organismes de Bulgarie et du Vatican désignés à cet effet, en vue de favoriser des actes de collaboration concrète dans le domaine culturel.

Je me réjouis, Monsieur le Ministre, des progrès déjà réalisés pour donner à l'Église catholique en Bulgarie la possibilité d'accomplir les tâches qui lui sont confiées et je souhaite vivement que puissent être résolues avec satisfaction les questions encore en cours d'examen. Vous savez que l'Église catholique — même en Bulgarie — ne cherche pas à obtenir des privilèges ; mais elle a besoin, comme partout ailleurs, d'espace vital pour remplir sa mission religieuse et aussi pour pouvoir travailler — selon sa nature spécifique et avec les moyens qui lui sont propres — au développement intégral et pacifique de tout l'homme et de tous les hommes.

Notre pensée va aussi aux pasteurs et aux fidèles de la vénérable Église orthodoxe bulgare dont j'évoque avec plaisir et reconnaissance la participation, par l'envoi d'une délégation spéciale, à la cérémonie d'inauguration de mon pontificat.

Vous voudrez bien, Monsieur le Ministre, transmettre mes voeux sincères à M. le Président de la République de Bulgarie. Je suis heureux de vous exprimer aussi, à l'intention de tout le peuple bulgare qui m'est si cher, mes souhaits de paix et de prospérité matérielle et spirituelle, dans la justice et dans l'amour fraternel.







14 décembre 1978

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LETTRES DE CRÉANCE DU MINISTRE DE L'ORDRE DE MALTE


Le pape a reçu en audience solennelle, le jeudi 14 décembre, S. Exc. M. Christophe de Kallay, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de l'Ordre souverain militaire de Malte venu lui présenter ses lettres de créance. Après l'échange des discours qui eurent lieu en français, M, de Kallay s'est rendu en visite près du cardinal Jean Villot, secrétaire d'État, puis ensuite à la basilique Saint-Pierre pour y adorer le Saint-Sacrement et prier à l'autel de la Vierge et sur le tombeau de Pierre.



Monsieur le Ministre,



Assez souvent, mes prédécesseurs ont eu l'occasion de recevoir une délégation de l'Ordre souverain et militaire de Malte et de lui exprimer leur satisfaction et leurs encouragements. Mais il y a longtemps qu'un nouvel envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire auprès du Saint-Siège n'avait présenté ici ses lettres de créance. Je suis donc particulièrement heureux de souhaiter la bienvenue à Votre Excellence et de lui offrir mes voeux les meilleurs pour l'accomplissement de la mission qu'elle inaugure aujourd'hui.

Vos paroles, pleines de noblesse, viennent d'évoquer l'histoire presque millénaire d'une fidélité sans faille à l'égard du Siège apostolique, dans le souci d'assurer inséparablement la défense de la foi et le service du prochain.

Bien des éléments du passé ont disparu, vous l'avez souligné. Mais la charité, comme le dit magnifiquement saint Paul, demeure pour toujours, elle qui unit indissolublement ici-bas l'amour de Dieu et celui de nos frères et particulièrement celui des membres souffrants de Jésus-Christ. Tel est le fondement de votre action, inspirée de l'Évangile, et qui exige des chevaliers de Malte les qualités de vie spirituelle qui lui donnent tout son sens et sa fécondité.

En recevant votre prédécesseur au milieu de la dernière guerre mondiale, le grand pape Pie XII soulignait l'aide apportée par l'Ordre à tant de victimes innocentes du conflit. Sont-elles moins nombreuses maintenant ? Vous savez que les misères à soulager n'ont pas diminué. Comment donc ne pas encourager encore solennellement aujourd'hui tous ceux que vous représentez ici désormais à chercher à se donner sans cesse davantage, voyant toujours dans les hôpitaux, les léproseries et les multiples lieux où leur dévouement trouve à se prodiguer, un service du Christ lui-même, lui qui, Pie Xll vous le rappelait aussi, « de riche qu'il était s'est fait pauvre, afin de nous enrichir par son  indigence » (2Co 8,9).

Cette leçon doit nous être particulièrement chère en ces jours qui nous rendent toute proche la célébration de la Nativité. C'est pourquoi je forme les voeux les meilleurs pour que l'Ordre souverain militaire et hospitalier de Malte continue de remplir sa haute mission, et je demande au Seigneur de combler de ses grâces le Prince et Grand Maître, les Chevaliers et les Dames de l'Ordre, et particulièrement Votre Excellence, en accordant de grand coeur à tous la bénédiction apostolique.







16 décembre 1978

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LE SYNODE, EXPRESSION DE LA COLLÉGIALITÉ ÉPISCOPALE


Le pape au Conseil du Synode

Le pape a reçu le samedi 16 décembre les membres du Conseil du secrétariat du Synode qui venaient de terminer une session de travail. Voici la traduction du discours prononcé en latin par Jean Paul II :



Qu'il me soit donné de m'entretenir aujourd'hui avec vous me remplit d'une très grande joie. En effet, le Conseil du secrétariat général du Synode des évêques est une assemblée qui m'est chère et familière ; c'est un milieu dans lequel j'ai moi-même grandi, si je puis dire. Qu'il me soit permis de rappeler qu'après la dernière session du mois d'octobre 1977 du Synode des évêques, j'ai été de nouveau élu membre de ce même Conseil pour une période de trois ans.

Si, du fait d'une autre décision, prise par le Collège des cardinaux le 16 octobre de cette année, mon mandat a expiré, je me sens pourtant intimement lié à ce Conseil ; c'est pourquoi — on aime à répéter une chose agréable — je me réjouis d'une façon particulière de vous voir. Ce que vous représentez fait partie — et c'est sans doute une part qui n'est pas des moindres — de mon expérience personnelle.

Cette expérience est, en effet, la manifestation véritable de la doctrine du Concile Vatican II sur la collégialité des évêques. Cette collégialité qui est réclamée, toujours davantage, par la vie même de l'Église de ce temps.

C'est ce que dans son premier discours, Jean Paul Ier a répété quand il a dit ces paroles : « nous saluons tous les évêques de l'Église de Dieu qui "chacun... représentent leur Église, mais tous, avec le pape, représentent l'Église tout entière en un lien de paix, d'amour et d'unité" (Lumen Gentium, LG 23) et nous voulons fortement renforcer leur collégialité » (AAS, 70, 1978, p. 696-697) ; ceci, quelques semaines après, a été confirmé par son successeur dans sa première allocution, et précisément pour que soit considéré plus hautement ce que comporte le lien de la collégialité. Par ce lien, les évêques sont intimement liés au successeur du bienheureux Pierre et ils sont associés entre eux pour l'accomplissement des nobles tâches qui leur sont confiées : éclairer par la lumière de l'Évangile, sanctifier par les instruments de la grâce, gouverner par leur conduite pastorale tout le peuple de Dieu. Cette collégialité touche sans aucun doute au progrès convenable des institutions, en partie anciennes, en partie conformes aux nécessités actuelles, par lesquelles s'obtient la plus grande unité possible des coeurs, des projets, des initiatives pour opérer la construction du corps du Christ. Et à ce propos, nous faisons mention en tout premier lieu du Synode des évêques » (AAS, 70, 1978, p. 922).

Le principe, énoncé à propos de la collégialité par le Concile peut, sans aucun doute, être exposé et être réalisé de multiples façons. Mon illustre prédécesseur Paul VI a traité de ce sujet avec les Pères réunis en 1969 pour un Synode extraordinaire et il leur a dit : « Nous avons montré pensons-nous, à quel point nous désirions que cette collégialité soit effectivement réalisée dans la vie active soit par l'institution du Synode des évêques, soit par l'approbation des Conférences épiscopales, soit en choisissant pour les charges spécifiques de notre Curie romaine certains de nos frères dans l'épiscopat et certains pasteurs, résidant dans les territoires de leurs diocèses. Si la grâce d'en haut nous vient en aide et si notre entente fraternelle rend nos difficultés mutuelles plus faciles, l'exercice de cette collégialité pourra être prorogé sous d'autres formes canoniques... Le Synode... servira à mettre en lumière, en accord avec les formes canoniques, ce qu'est et comment s'accroît la collégialité des évêques et, en même temps, il pourra également corroborer les institutions du Concile Vatican I et du Concile Vatican II au sujet du pouvoir du successeur de saint Pierre et de ce même Collège des évêques avec le Souverain Pontife à sa tête » (AAS, 61, 1969, p. 717-718).

Toutes les sessions passées ont mis en oeuvre ces réalités, car elles possèdent une force extrême pour réaliser dans l'activité même de la vie le projet de renouvellement de l'Église qui est inclus dans la doctrine du Concile Vatican II.

C'est ce qu'enseignent clairement les sujets dont il a été traité au cours des deux dernières sessions ordinaires du Synode des évêques : la question principale qui est pour ainsi dire la charnière de tout l'ensemble est, nous semble-t-il, l’évangélisation, immédiatement suivie par la catéchèse, celle-ci conduisant celle-là à sa réalisation. Le fruit du Synode, célébré en 1974, a été l'exhortation apostolique de Paul VI Evangelii nuntiandi. Quant au résultat du Synode de Tannée 1977, il n'a pas encore été divulgué par une publication. J'espère toutefois que ceci sera fait au cours de la première partie de Tannée prochaine. Certes nous avons de l'ouvrage avec des documents de ce genre qui naissent de l'activité féconde mais parfois difficile de la vie de l'Église et qui à leur tour apportent à cette même vie une sorte de ferment nouveau.

Vous êtes certainement persuadés de la grande importance du sujet qui est proposé au Synode de Tannée 1980 et qui est défini ainsi : « Les fonctions de la famille chrétienne dans le monde contemporain ». Assurément ce thème n'est pas séparé de ceux qui l'ont précédé, au contraire il s'engage pour ainsi dire dans le même sillon. Il faut cependant être attentif au fait que la famille n'est pas seulement « l'objet » de l’évangélisation et de la catéchèse, mais qu'elle en est elle même et très puissamment le « sujet fondamental ». Ceci ressort de toute la doctrine du Concile Vatican II sur le peuple de Dieu et sur l'apostolat des laïcs. Elle est vraiment comme le lieu principal où cette doctrine se transforme en action pratique et où, par conséquent, s'exerce le renouveau de l'Église selon l'esprit de ce Concile.

Vous avez donc, vénérables Frères, un grand labeur à entreprendre et à poursuivre. Je vous remercie beaucoup de votre zèle ; en tout premier lieu, je remercie le secrétaire général du Synodes des évêques, Ladislas Rubin, évêque titulaire de Sertensis, et ensuite chacun des excellents membres du Conseil du secrétariat général. Et je ne veux pas oublier les experts et les fonctionnaires qui remplissent leur charge dans ce même secrétariat. Je vous confirme tous et je vous exhorte à poursuivre votre noble tâche qui dans ce temps doit contribuer à donner à l'Église une nouvelle vigueur et un plus grand accroissement.

Enfin, je vous embrasse dans un sentiment d'amour tout spécial et je vous accorde volontiers la bénédiction apostolique comme gage de l'aide de Dieu.







17 décembre 1978

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PORTER DANS LA SOCIÉTÉ LA DIMENSION DE L'AMQUR


Le discours du pape pour l'inauguration de l'école Saint-Paul



A vous tous ici présents, très chers fils, j'adresse un salut particulièrement cordial pour le chaleureux accueil que vous m'avez réservé !

Je suis heureux, et en même temps honoré, de me trouver au milieu de vous pour inaugurer cette      « école professionnelle Saint-Paul » qui a été conçue et voulue par mon grand prédécesseur Paul VI. C'est lui — et non moi — qui aurait dû venir ici, à ma place, pour couronner un vif intérêt personnel à l'égard de cette oeuvre de haute valeur sociale, projetée en 1974 et aujourd'hui heureusement terminée.

Ceci est un des monuments les plus vivants et les plus significatifs érigés par Paul VI à l'égard de la promotion humaine, entendue comme conséquence nécessaire d'une adhésion à l'Évangile vécue, dans toute sa plénitude. Avec un réel esprit d'amour concret aux effets durables, Paul VI a pensé aux besoins du populeux quartier Ostiense et surtout à ses nombreux jeunes. D'accord avec les autorités compétentes du Latium, le choix porta sur un type particulier d'école et de construction, puis il fut procédé à l'érection d'un institut qui, avec sa capacité d'accueil de cinq cents élèves, est parfaitement en mesure de satisfaire aux besoins locaux d'enseignement professionnel pour mécaniciens, électriciens et électro-techniciens. Comme vous le savez, c'est Paul VI lui-même qui a pris à sa charge le coût de réalisation de ce complexe, vaste et fonctionnel. L'édifice comme l'équipement de choix sont un don magnifique de ce pape insigne qui savait bien, comme nous l'enseigne l'apôtre Paul que « la foi opère par la charité » (Ga 5,6). De leur côté, les très méritants pères joséphites de Murialdo qui dirigent déjà l'Oratoire Saint-Paul voisin y apportent leur appréciable gestion en qualité d'experts éducateurs de la jeunesse.

Je suis ici aujourd'hui pour rappeler et reconnaître tout cela, pour honorer et louer celui qui a vraiment fait briller ses bonnes oeuvres aux yeux des hommes (cf. Mt Mt 5,16) et pour inviter les Familles du quartier et spécialement les élèves de l'école à bénir la mémoire du Saint-Père Paul VI qui, comme Jésus, « passa en faisant le bien » (Ac 10,38). Je suis ici également pour vous dire que je partage entièrement ces bonnes intentions. Sachez donc que, même si Paul VI n'est plus parmi nous, le nouveau pape fait proprement sienne son initiative et prie le Seigneur pour qu'il veuille bien l'aider à poursuivre avec le même zèle inlassable la même oeuvre de charité efficace, principalement en faveur des plus nécessiteux.

Il ne me reste plus maintenant qu'à formuler des voeux fervents pour tous les jeunes qui viennent ici apprendre un métier pour la vie. Je sais que l'année scolaire s'est ouverte déjà en octobre dernier. Mais il est encore temps pour vous recommander d'apprendre ici non seulement un travail spécialisé, utile à vous-mêmes et à votre subsistance, mais encore et surtout d'y apprendre la dimension de l'amour chrétien fraternel qui sait donner et se donner, de manière à apporter à la société de notre temps une contribution non seulement matérielle, mais aussi d'édification spirituelle et intérieure, sans quoi tout serait défectueux et passager.

En particulier, je vous recommande, en cette période aussi précieuse de votre jeunesse, si décisive aussi pour la maturation de votre personnalité, de vous consacrer généreusement à votre formation religieuse autant qu'à votre formation humaine et professionnelle.

Que ma plus cordiale bénédiction apostolique vous accompagne tous : étudiants, enseignants et tous ceux qui prêtent ici leur oeuvre et ont collaboré à la réalisation de ce centre, afin que cette école se développe et porte des fruits dignes de son vénéré fondateur, moyennant l'apport de tous et la nécessaire grâce de Dieu.







19 décembre 1978

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HÉRITAGE ET AVENIR CHRÉTIENS DE L'EUROPE


Le pape aux évêques de l'Europe

Le Saint-Père a reçu en audience le mardi 19 décembre les membres du Conseil de la Conférence épiscopale d'Europe, réunis en session à Rome sous la présidence de Mgr Roger Etchegaray, archevêque de Marseille. Après avoir écouté le message que lui a adressé ce dernier, le pape a parlé à ses auditeurs dans les termes suivants :



Chers Frères,



Je suis très heureux de vous recevoir, car j'attribue une grande importance à ces réunions plénières de votre Conseil, auxquelles participent des évêques délégués par chacune des Conférences épiscopales de l'ensemble du continent européen.



1. Cette collaboration s'effectue conformément aux statuts qui ont été canoniquement approuvés par le Saint-Siège, le 10 janvier 1977. Elle consiste à échanger régulièrement des informations, des expériences et des points de vue sur les principaux problèmes pastoraux qui se posent dans vos pays. Elle vous amène aussi à assumer ensemble des devoirs qui prennent une dimension européenne.

C'est l'une des façons d'incarner la collégialité dans le cadre de laquelle l'enseignement du Concile Vatican II peut porter tous ses fruits. La collégialité signifie ouverture réciproque et coopération fraternelle des évêques au service de l’évangélisation, de la mission de l'Église. Une ouverture et une coopération de ce genre sont nécessaires, non seulement au niveau des Églises locales et de l'Église universelle, mais aussi au niveau des continents, comme en témoignent la vitalité d'autres organismes régionaux — même si les statuts sont un peu différents — tels que le Conseil Episcopal Latino-Américain (C.E.L.A.M.), le Symposium des Conférences Episcopales d'Afrique et de Madagascar (S.C.E.A.M.) ou la Fédération des Conférences des Evêques d'Asie (F.A.B.C.), pour ne citer que ces grandes Assemblées. Le pape ;et le Saint-Siège se font un devoir de promouvoir de tels organismes, aux divers échelons de coopération collégiale, étant; entendu que les instances régionales ou continentales ne se substituent pas à l'autorité de chaque évêque ni de chacune des Conférences épiscopales pour ce qui est des décisions et qu'elles situent leur recherche dans le cadre des orientations plus générales du Saint-Siège, en liaison étroite avec le successeur de Pierre. Et dans le cas présent, la dimension européenne apparaît au pape très importante et même nécessaire.



2. Le Conseil des Conférences Episcopales d'Europe (C.C.E.E.), parmi ses nombreux échanges et activités, a pris une initiative importante : il organise, tous les trois ans un symposium des évêques d'Europe. Le symposium prévu pour cette année n'a pu avoir lieu à cause de la mort de mes deux prédécesseurs et des conclaves qui ont suivi ; la préparation se poursuit sur le thème : la jeunesse et la foi. C'est un thème très important : il faut l'aborder avec beaucoup d'objectivité et avec l'espérance des apôtres qui savent que le message du Christ peut et doit toucher les jeunes de chaque génération.

J'ai eu la chance de participer au symposium de 1975 et d'y prononcer une conférence. Je désire rappeler au moins quelques-unes des pensées qu'avait alors exprimées Paul VI en nous recevant. Il s'agissait de pensées regardant l'Europe, son héritage chrétien et son avenir chrétien. Il nous invitait à   « réveiller l'âme chrétienne de l'Europe où s'enracine son unité » ; à purifier et à ramener à leur source les valeurs évangéliques encore présentes mais comme désarticulées, axées sur des objectifs purement terrestres ; à réveiller et fortifier les consciences à la lumière de la foi prêchée à temps et à  contre-temps ; à faire converger leur flamme par-dessus toutes les barrières... (cf. AAS, 67, 1975, p. 588-589).

Paul VI, dans la ligne de ces pensées, a établi saint Benoît comme patron de l'Europe, et désormais, le quinzième centenaire de la naissance de ce grand saint se fait proche.



3. L'Europe n'est pas le premier berceau du christianisme. Même Rome a reçu l'Évangile grâce au ministère des apôtres Pierre et Paul, qui sont venus ici de la patrie de Jésus-Christ Mais, de toute façon, il est vrai que l'Europe est devenue, durant deux millénaires, comme le lit d'un grand fleuve où le christianisme s'est répandu, rendant fertile la terre de la vie spirituelle des peuples et des nations de ce continent. Et sur cette lancée, l'Europe est devenue un centre de mission qui a rayonné vers les autres continents.

Le Conseil des Conférences épiscopales d'Europe constitue une représentation particulière des épiscopats catholiques de l'Europe. Nous devons souhaiter que tous les épiscopats soient pleinement représentés dans cette organisation, avec la possibilité d'y participer effectivement. C'est seulement dans ces conditions que l'analyse des problèmes essentiels de l'Église et du christianisme peut être complète. Il s'agit bien des problèmes de l'Église et du christianisme, abordés aussi dans une perspective oecuménique. Car s'il est vrai que toute l'Europe n'est pas catholique, elle est presque toute chrétienne. Votre Conseil doit devenir en quelque sorte la pépinière où s'exprime, se développe et mûrit, non seulement la conscience de ce que le christianisme était hier, mais la responsabilité de ce qu'il doit être demain.

C'est dans ces sentiments que je vous présente mes voeux de Noël et du nouvel An, à l'intention de chacun d'entre vous, de votre Conseil, de tous les épiscopats que vous représentez et de toutes les nations de ce continent, auquel la Providence a lié l'histoire du christianisme d'une façon aussi éloquente.







20 décembre 1978


Discours 1978 51