Optatam totius 2




Décret sur la formation des prêtres



Préambule

Ayant pleinement conscience que la rénovation souhaitée de toute l’Église dépend en grande partie du ministère des prêtres animé par l’esprit du Christ 1, le saint Concile proclame l’importance tout à fait déterminante de la formation des prêtres, et il présente quelques principes fondamentaux relatifs à celle-ci, qui confirment des lois déjà éprouvées par l’expérience des siècles passés et y introduisent des éléments nouveaux qui correspondent aux constitutions et décrets de ce saint Concile et aux Changements intervenus à notre époque. À cause même de l’unité du sacerdoce catholique, cette formation sacerdotale est nécessaire pour tous les prêtres du clergé régulier et du clergé séculier, quel que soit leur rite ; c’est pourquoi, ces prescriptions qui regardent directement le clergé diocésain, doivent être appliquées à tous, avec les ajustements respectifs qui conviennent.

1 Selon la volonté du Christ, le progrès de tout le peuple de Dieu dépend principalement du ministère des prêtres. Cela ressort des paroles par lesquelles Notre Seigneur a constitué les apôtres ainsi que leurs successeurs et coopérateurs, hérauts de l’Évangile, chefs du nouveau peuple élu et dispensateurs des mystères de Dieu. Cela est encore confirmé par les paroles des Pères et des saints, ainsi que par les documents réitérés des souverains pontifes. Cf. en premier lieu : Pie X, exhortation au clergé Haerent animo, 4 août 1908, S. Pii X Acta, IV, p. 237-264. Pie XI, encycl. Ad Catholici Sacerdotii, 20 déc. 1935, AAS 28 (1936), surtout p. 37-52. Pie XII, exhort. apost. Menti Nostrae, 23 sept. 1950, AAS 42 (1950), p. 657-702. Jean XXIII, encycl. Sacerdotii Nostri Primordia, 1" août 1959, AAS 51 (1959), p. 545-579. Paul VI, lettre apostolique Summi Dei Verbum, 4 nov. 1963, AAS 55 (1963), p. 979-995.


I. Règlement de formation sacerdotale dans chaque pays

1 Comme la diversité si grande des peuples et des régions ne permet de porter que des lois générales, on se conformera dans chaque pays ou rite à un « Règlement de formation sacerdotale » spécial, qui devra être établi par les conférences épiscopales2, révisé à intervalles fixés et approuvé par le Siège apostolique, règlement grâce auquel les lois universelles seront adaptées aux conditions particulières de temps et de lieux, afin que la formation sacerdotale corresponde toujours aux besoins pastoraux des régions dans lesquelles le ministère doit être exercé.

2 Toute la formation sacerdotale, c’est-à-dire l'organisation du séminaire, la formation spirituelle, le programme des études, la vie en commun et la discipline des élèves, les exercices de pastorale, doivent être adaptés aux conditions de lieux. Dans ses grands principes, cette adaptation doit être faite, selon les normes communes, par les conférences épiscopales, pour le clergé séculier et - de la manière qui convient - par les supérieurs compétents, pour le clergé régulier (cf. S. congr. des religieux, const. apost. Sedes Sapientiae et en annexe Statuta generalia, art. 19, 2' édit. Rome 1957, p. 38 s.)


II. Efforts plus importants pour favoriser les vocations sacerdotales

2 Le devoir de favoriser les vocations 3 incombe à la communauté chrétienne tout entière, qui doit s’en acquitter avant tout par une vie pleinement chrétienne ; le concours le plus important sous ce rapport est fourni par les familles qui, animées d’un esprit de foi, de charité et de piété, deviennent en quelque sorte le premier séminaire, ainsi que par les paroisses, à la vie féconde desquelles les jeunes eux-mêmes participent. Les maîtres et tous ceux qui, de quelque manière, s’occupent de la formation des enfants et des adolescents, surtout les associations catholiques, doivent avoir le souci d’éduquer les jeunes qui leur sont confiés de telle façon qu’ils puissent percevoir la vocation divine et y répondre de plein gré. Tous les prêtres feront preuve du plus grand zèle apostolique dans l’effort pour cultiver les vocations, et ils attireront vers le sacerdoce les âmes des jeunes par leur vie personnelle humble, laborieuse et vécue dans la joie, par la charité mutuelle entre prêtres et la collaboration fraternelle entre eux.

Il appartient aux évêques d’inciter les fidèles qui forment leur troupeau à promouvoir les vocations et de veiller à une étroite coordination de toutes les forces et de tous les efforts ; ils devront aider comme des pères, sans épargner aucun sacrifice pour eux, ceux qu’ils jugent être appelés à être la part du Seigneur.

Cette active concertation de tout le peuple de Dieu en vue de favoriser les vocations répond à une action de la divine Providence, qui accorde les dons appropriés à des hommes choisis par Dieu en vue de les faire participer au sacerdoce hiérarchique du Christ et qui les aide de sa grâce, en même temps qu’elle charge les ministres légitimes de l’Église d’appeler et de consacrer, par le sceau du Saint-Esprit, au culte de Dieu et au service de l’Église, les candidats qui ont fait leurs preuves, dont l’aptitude est reconnue et qui, en pleine liberté et avec une intention droite, demandent une si grande charge4.

Le saint Concile recommande tout d’abord les moyens traditionnels d’une collaboration qui concerne tous les chrétiens : la prière instante, la pénitence chrétienne et aussi une formation toujours plus approfondie des fidèles, qui sera assurée soit par la prédication et la catéchèse, soit par les moyens de communication sociale, et qui met en valeur la nécessité, la nature et l’éminence de la vocation sacerdotale. En outre, il demande que les oeuvres des vocations déjà instituées ou destinées à l’être dans le ressort de chaque diocèse, région ou pays, conformément aux documents pontificaux qui s’y rapportent, organisent de façon méthodique et cohérente l’ensemble de l’action pastorale en faveur des vocations et la développent avec autant de prudence que de zèle, en ne négligeant aucune des ressources opportunes qu’offrent utilement les sciences psychologiques et sociologiques de notre temps 5.

L’oeuvre en faveur des vocations doit dépasser avec générosité les limites de chaque diocèse, pays, famille religieuse ou rite, et, en considération des besoins de l’Église universelle, apporter son aide surtout aux régions où des ouvriers pour la vigne du Seigneur sont demandés avec plus d’urgence.

3 Le manque de vocations est aujourd’hui l’une des principales épreuves que connaît l’Église presque partout. Cf. Pie XII, exhortation apost. Menti Nostrae : « le nombre des prêtres, dans les pays catholiques comme dans les missions, s’est avéré bien souvent insuffisant pour faire face aux besoins toujours croissants » (AAS 42 (1950), p. 682). — Jean XXIII : « I -e problème des vocations ecclésiastiques et religieuses est la préoccupation quotidienne du pape [...], il est le soupir de sa prière et l’ardente aspiration de son âme » (Allocution au 1er Congrès international des vocations religieuses, 16 déc. 1961, AAS 54 (1962), p. 33.
4 Pie XII, const. apost. Sedes Sapientiae, 31 mai 1956, AAS 48 (1956), p. 357. - Paul VI, lettre apost. Summi Dei Verbum, 4 nov. 1963, AAS 455 (1963), p. 984 s.
5 Cf. surtout Pie XII, motu proprio Cum Nobis « sur la création de l’OEuvre pontificale des vocations sacerdotales, auprès de la sacrée congrégation des Séminaires et des Universités », 4 nov. 1941, AAS 33 (1941), p. 479, avec les statuts et règles annexes promulgués par cette congrégation le 8 sept. 1943. — Motu proprio Cum supremae « sur l’OEuvre pontificale primaire des vocations religieuses », 11 févr. 1955 : AAS 47 (1955), p. 266, avec les statuts et règles annexes promulgués pur lu sacrée congrégation des Religieux (ibid., p. 298-301) ; Concile Vatican II, décret Perfectae Caritatis sur lu rénovation de vie religieuse, n. 24 (voir p. 260-262) ; décret Christus Dominus sur la charge pastorale des évêques, n. 15 (voir p. 220).




3 Dans les petits séminaires érigés pour cultiver les germes de vocation, les élèves seront préparés, par une formation religieuse particulière et surtout par une direction spirituelle appropriée, à suivre le Christ rédempteur avec générosité d’esprit et pureté de coeur. Sous la conduite paternelle des supérieurs, avec la collaboration opportune des parents, ils y mèneront une vie qui convienne à l’âge, à la mentalité et à l’évolution des jeunes et qui soit pleinement conforme aux normes d’une saine psychologie, sans que soient omis une expérience convenable des réalités humaines et les rapports avec leur propre famille 6. En outre, les règles établies ci-dessous au sujet des grands séminaires seront adaptées aux petits séminaires eux-mêmes, dans la mesure où elles correspondent à la finalité et au régime de ceux-ci. Il faut organiser les études que les élèves ont à faire de telle sorte qu’ils puissent les poursuivre ailleurs sans inconvénient, s’ils embrassent un autre état de vie.

C’est avec le même soin que l’on cultivera les germes de vocation chez les adolescents et jeunes gens dans les institutions particulières qui, en raison de circonstances locales, poursuivent aussi la fin qui est celle des petits séminaires, ainsi que chez ceux qui reçoivent une formation dans d’autres écoles ou dans d’autres milieux éducatifs. On développera avec soin des institutions ou d’autres oeuvres pour ceux qui répondent à la vocation divine à un âge plus avancé.

6 Cf. Pie XII, exh. apost. Menti Nostrae, 23 sept. 1950 : AAS 42 (1950), p. 685.


III. Organisation des grands séminaires

4 Les grands séminaires sont indispensables pour la formation des prêtres. Dans son ensemble, l’éducation qu’on y donne aux séminaristes doit tendre à les former à être de véritables pasteurs d’âmes, à l’exemple de Notre Seigneur Jésus-Christ, maître, prêtre et pasteur 7 ; ils doivent donc être préparés au ministère de la parole, afin de comprendre toujours plus à fond la Parole de Dieu révélée, de la posséder par la méditation, de l’exprimer par leurs paroles et leur conduite ; au ministère du culte et de la sanctification, afin que, s’adonnant à la prière et célébrant la sainte liturgie, ils accomplissent l’oeuvre du salut par le sacrifice eucharistique et les sacrements ; au ministère pastoral, afin de savoir rendre le Christ présent aux hommes, lui qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45 cf. Jn 13,12-17), et afin de se faire les serviteurs de tous les hommes et d’en gagner ainsi davantage (cf. 1Co 9,19).

C’est pourquoi tous les aspects de la formation spirituelle et intellectuelle et de la formation à la discipline doivent être ordonnés à cette fin pastorale par une action concertée, et tous les directeurs et professeurs s’appliqueront, avec zèle et dans la concorde, à l’oeuvre qui poursuit ce but, en obéissant fidèlement à l’autorité épiscopale.

7 Cf. Concile du Vatican II, constitution dogmatique Lumen Gentium, n. 28 : AAS 57 (1965), p. 34. (Voir plus haut p. 112-116.)


5 Comme la formation des séminaristes dépend de sages règlements, mais surtout et avant tout des aptitudes des éducateurs, les directeurs et professeurs de séminaires seront choisis parmi les meilleurs 8, et ils seront soigneusement préparés par une solide formation doctrinale, par une expérience pastorale convenable, et par une formation spirituelle et pédagogique particulière. En vue d’atteindre cette fin, il faut donc créer des instituts ou du moins des cours qui seront organisés de façon appropriée et organiser des réunions de directeurs de séminaires, qui auront lieu à des moments déterminés.

Les directeurs et professeurs doivent savoir combien le succès de la formation des séminaristes dépend de leur propre manière de penser et de se comporter. Que sous la conduite du supérieur ils forment une communauté d’action et d’esprit étroitement unie, et qu’ils constituent entre eux et avec les séminaristes une famille qui réponde à la prière du Seigneur : « Qu’ils soient un » (
Jn 17,11) et entretienne chez les séminaristes la joie de la vocation qui leur est propre. Que l’évêque, de son côté, avec une attention assidue et pleine d’affection, encourage ceux qui travaillent au séminaire, et qu’il apparaisse pour les séminaristes comme un vrai père dans le Christ. Enfin, que tous les prêtres considèrent le séminaire comme le coeur du diocèse et lui apportent volontiers leur aide personnelle9.

8 Cf. Pie XI, encycl. Ad Catholici Sacerdotii, 20 déc. 1935 : AAS 28 (1936), p. 37 : « Avant tout le premier soin doit être le choix des directeurs, des maîtres [...] Donnez à vos séminaires les prêtres les meilleurs ; ne craignez pas de les dérober même a des charges d’apparence plus brillante, mais qui en réalité ne peuvent pas entrer en comparaison avec cette truvre capitale et irremplaçable. » - Pie X3I insiste de nouveau sur ce principe de choisir les meilleurs, dans sa lettre apostolique adressée aux Ordinaires du Brésil, le 23 avril 1947 : Discorsi e Radiomessaggi IX, p. 579*580.
9 Sur ce devoir commun d’aider les séminaires, cf. Paul VI, lettre apostolique Summi Dei Verbum, 4 nov. 1963, AAS 55 (1963), p. 984.


6 Avec un soin vigilant, on cherchera à s’enquérir, selon l’âge et les progrès de chacun, de l’intention droite et de la volonté libre des candidats, de leur aptitude spirituelle, morale et intellectuelle, de leur santé psychique et physique qui doit être suffisante, en tenant compte aussi des dispositions héritées éventuellement de leur famille. On évaluera aussi la capacité des candidats à porter le poids de la charge sacerdotale et à exercer les devoirs pastoraux 10 11. Pour l’ensemble du choix et de la probation des candidats, il faut toujours procéder avec la fermeté d’âme nécessaire, même si on doit déplorer une pénurie de prêtres ", car Dieu ne permettra pas que son Eglise manque de ministres, si on n’admet aux ordres que ceux qui en sont dignes, mais qu’on dirige à temps, de façon paternelle, ceux qui n’y sont pas aptes vers d’autres tâches, en les aidant à prendre conscience de leur vocation chrétienne, et à s’engager avec empressement dans l’apostolat des laïcs.

10 Cf. Pie XII, exh. apost. Menti Nostrae, 23 sept. 1950, AAS 42 (1950), p. 684. Et cf. Sacrée Congrégation des Sacrements, lettre circulaire aux Ordinaires des lieux Magna equidem, 27 déc. 1935, n. 10. - Pour les religieux, cf. Statuta generalia annexés à la constitution apostolique Sedes Sapientiae, 31 mai 1956, art. 33. - Paul VI, lettre apostolique Summi Dei Verbum, 4 nov. 1963, AAS 55 (1963), p. 987 s.
11 Cf. Pie XI, encycl. Ad Catholici Sacerdotii, 20 déc. 1935, AAS 28 (1936), p. 41.



7 Là où les différents diocèses, chacun pour sa part, sont incapables d’aménager de façon convenable un séminaire propre, on érigera et on entretiendra des séminaires communs à plusieurs diocèses, à toute une région ou à tout un pays, afin que soit assurée de façon plus efficace la solide formation des candidats, qui en ce domaine doit être la loi suprême. Ces séminaires, s’ils sont régionaux ou nationaux, seront régis selon les statuts établis par les évêques dont ils relèvent12 et approuvés par le Siège apostolique.

Dans les séminaires où il y a beaucoup de séminaristes, ceux-ci seront répartis en petits groupes, d’une manière appropriée, afin qu’il soit mieux pourvu à la formation personnelle de chacun, mais on maintiendra l’unité de direction et de formation scientifique.

12 II est décidé que tous le» évêques intéressés participent à la rédaction des statuts des séminaires régionaux ou nationaux, par dérogation à ce que prescrit le canon 1337, par. IV, CIC.



IV. Une formation spirituelle approfondie

8 La formation spirituelle doit être étroitement liée à la formation doctrinale et pastorale et, avec l’aide surtout du directeur spirituel13, elle doit être donnée de telle façon que les séminaristes apprennent à vivre dans une union familière et continuelle avec le Père, par son Fils Jésus-Christ, dans l’Esprit Saint. Destinés à être configurés au Christ Prêtre par la sainte ordination, ils s’habitueront à s’attacher à lui comme des amis, dans une intime et totale communion de vie 14 15. Qu’ils vivent son mystère pascal de telle sorte qu’ils sachent initier à celui-ci le peuple qui leur sera confié. Qu’on leur apprenne à chercher le Christ dans la méditation fidèle de la Parole de Dieu, dans la communion active aux saints mystères de l’Église, et en premier lieu dans l’Eucharistie et l’Office divin ”, dans l’évêque qui les envoie et dans les hommes auxquels ils sont envoyés, surtout dans les pauvres, les enfants, les malades, les pécheurs et les incroyants. Ils aimeront et honoreront avec une confiance filiale la très bienheureuse Vierge Marie, qui a été donnée comme mère à son disciple par Jésus, mourant sur la croix.

On encouragera vivement les exercices de piété recommandés par l’usage vénérable de l’Église ; mais on aura soin que la formation spirituelle ne se limite pas exclusivement à ceux-ci et ne cultive pas uniquement le sentiment religieux. Les séminaristes apprendront plutôt à vivre selon la forme de l’Évangile, à s’affermir dans la foi, l’espérance et la charité, afin d’acquérir l’esprit de prière par l’exercice de ces vertus 16 17, afin de fortifier et de protéger leur vocation, de donner plus de vigueur aux autres vertus, et de faire grandir le zèle qu’ils mettront à gagner tous les hommes au Christ.

13 Cf. Pie XII, exh. apost. Menti Nostrae, 23 sept. 1950, AAS 42 (1950), p. 674 ; S. C. des Sém. et des Univ., La formazione spirituale dei candidato al sacerdozio, Città dei Vaticano, 1965.
14 Cf. S. Pie X, exhortation au clergé catholique Haerent animo, 4 août 1908 : S. Pii Acta, IV, p. 242-244 ; Pie XII, exh. apost. Menti Nostrae, 23 sept. 1950, AAS 42 (1950), p. 659-661 ; Jean XXIII, encycl. Sacerdotii Nostri Primordia, 1" août 1959, AAS 51 (1959), p. 550 s.
15 Pie XII, encycl. Mediator Dei, 20 nov. 1947, AAS 39 (1947), p. 547 s. et 572 s. ; Jean XXIII, exh. apost. Sacrae laudis, 6 janv. 1962, AAS 54 (1962), p. 69 ; Conc. Vat. II, const. Sacrosanctum Concilium sur la sainte Liturgie, art. 16 et 17, AAS 56 (1964), p. 104 s. (voir p. 16-18) ; Sacrée Congrégation des Rites, Instructio ad executionem Constitutionis de sacra Liturgia recte ordinandam, 26 sept. 1964, n. 14-17, AAS 56 (1964), p. 880.
16 Cf. Jean XXIII, encycl. Sacerdotii Nostri Primordia : AAS 51 (1959), p. 559 s.


9 Les séminaristes doivent se pénétrer du mystère de l’Église, mis particulièrement en lumière par ce saint Concile, de telle manière qu’ils soient liés au vicaire du Christ par un amour humble et filial, et qu’ayant accédé au sacerdoce, ils soient attachés à leur propre évêque comme des coopérateurs sûrs et lui apportent leur concours en commun avec leurs frères, en donnant ainsi le témoignage de cette unité qui attire les hommes au Christ n. Qu’ils apprennent à participer, d’un coeur généreux, à la vie de toute l’Église, selon cette parole de saint Augustin : « Chacun a l’Esprit Saint dans la mesure où il aime l’Église du Christ18. » Les séminaristes doivent comprendre très clairement qu’ils ne sont pas destinés à la domination ni aux honneurs, mais qu’ils sont voués tout entiers au service de Dieu et au ministère pastoral. Avec une sollicitude particulière, on cultivera chez eux l’obéissance sacerdotale, le mode de vie pauvre et l’esprit d’abnégation 19, pour qu’ils s’habituent à renoncer spontanément à ce qui est certes licite mais non pas utile, et à se conformer au Christ crucifié.

Que les séminaristes soient informés des charges qu’ils auront à assumer, sans que le silence soit fait sur aucune difficulté de la vie sacerdocale ; cependant qu’ils n’envisagent pas de façon presque exclusive les risques que comporte l’activité future, mais qu’on les forme plutôt à affermir le plus possible leur vie spirituelle à partir de leur action pastorale elle-même.

17 Cf. Conc. Vat. II, const. dogm. Lumen Gentium, n. 28, AAS 57 (1965), p. 35 s. (Voir plus haut p. 112-116.)
18 Augustin, In ]oan., tract. 32, 8 : PL 35, 1646 ; BA 72.
19 Cf. Pie XII, exh. apost. Menti Nostrae, AAS 42 (1950), p. 662 s., 685,690 ; Jean XXIII, encycl. Sacerdotii Nostri Primordia : AAS 51 (1959), p. 551-556 s. ; Paul VT, encycl. Ecclesiam suam, 6 août 1964, AAS 56 (1964), p. 634 s. ; Conc. Vat. II, const. dogm. Lumen Gentium, surtout n. 8, AAS 57 (1965), p. 12. (Voir plus haut p. 76-78.)



10 Les séminaristes qui, selon les lois saintes et fermes de leur rite propre, observent la vénérable tradition du célibat sacerdotal, seront formés avec un soin diligent à cet état, dans lequel ils renoncent à l’union conjugale à cause du Royaume des cieux (cf. Mt 19,12), s’attachent au Seigneur d’un amour sans partage20 qui convient profondément à la Nouvelle Alliance, portent témoignage à la résurrection du siècle à venir (Lc 20,36)21, et trouvent une aide tout à fait apte à l’exercice incessant de cette charité parfaite qui les fait être tout à tous dans le ministère sacerdotal22 . Qu’ils ressentent profondément avec quelle gratitude ils doivent assumer cet état, non pas certes comme simplement prescrit par une loi ecclésiastique, mais comme un don précieux de Dieu, qui doit être humblement demandé et auquel ils se hâteront de répondre librement et généreusement, sous l’effet de l’incitation et des secours de la grâce de l’Esprit Saint. Les séminaristes doivent connaître de façon convenable les devoirs et la dignité du mariage chrétien, qui représente l’amour entre le Christ et l’Eglise (cf. Ep 5,22-23) ; mais ils doivent aussi percevoir la supériorité de la virginité consacrée au Christ23, de façon à ce que, après un choix mûrement réfléchi et généreux, ils se vouent au Seigneur par un don total du corps et de l’âme.

Ils seront avertis des dangers que rencontre leur chasteté surtout dans la société contemporaine24 ; qu’avec les secours humains et divins appropriés ils apprennent à intégrer dans leur existence le renoncement au mariage, de telle sorte que non seulement leur vie et leur activité ne subissent aucun préjudice à la suite du célibat, mais qu’eux- mêmes acquièrent une plus grande maîtrise de l’âme et du corps, accèdent à une maturité plus complète et éprouvent plus parfaitement le bonheur lié à l’Évangile.

20 Cf. Pie XII, encycl. Sacra Virginitas, 25 mars 1954, AAS 46 (1954), p. 165 s.
21 Cf. Cyprien, Dr habitu virginum, 22 : PL 4, 475 ; S. Ambroise, De Virginibus I, 8, 52 : PL 16, 202 s.
22 Cf. Pie XII, cxh. apost. Menti Nostrae : AAS 42 (1950), p. 663.
23 Cf. Pie XII, encycl. Sacra virginitas, loc. cit., p. 170-174.
24 Cf. Pie XII, exh. apost. Menti Nostrae, loc. cit., p. 664 et 690 s.



11 Les normes de l’éducation chrétienne seront scrupuleusement observées et complétées de façon judicieuse par les découvertes récentes d’une saine psychologie et pédagogie. Par une formation sagement organisée, on cultivera également chez les séminaristes la nécessaire maturité humaine qui se révèle surtout par une certaine stabilité dans le caractère, par la capacité de prendre des décisions réfléchies et de porter un jugement droit sur les événements et les hommes. Que les séminaristes s’habituent à bien former leur caractère ; qu’ils soient éduqués en vue d’acquérir la force d’âme et que, de façon générale, ils apprennent à estimer ces vertus auxquelles les hommes attachent un plus grand prix et qui recommandent le ministre du Christ25, comme le sont la loyauté, le souci toujours en éveil de la justice, la fidélité à tenir ses promesses, la politesse dans le comportement, la modestie jointe à la charité dans le dialogue.

La discipline de la vie au séminaire doit être considérée non seulement comme un secours efficace pour la vie commune et la charité, mais comme un élément nécessaire de l’ensemble de la formation, permettant d’acquérir la maîtrise de soi, de parvenir à une solide maturité personnelle et de développer les autres dispositions qui contribuent le plus à une activité ordonnée et féconde de l’Église. Mais cette discipline sera mise en oeuvre de façon à ce que se développe chez les séminaristes une aptitude intérieure à accepter l’autorité des supérieurs en raison d’une conviction intime, c’est-à-dire pour des motifs de conscience (cf.
Rm 13,5) et pour des raisons surnaturelles. D’autre part, les règles de discipline doivent être appliquées en fonction de l’âge des séminaristes, de telle façon que, tout en apprenant peu à peu à se diriger eux-mêmes, ils s’habituent à user sagement de leur liberté, à agir d’une façon spontanée et zélée26, et à collaborer avec leurs confrères et avec les laïcs.

Tout le mode de vie du séminaire, marqué par l’application zélée à la prière et au silence et le souci de l’aide mutuelle, doit être organisé de façon à être comme une initiation à la vie que le prêtre aura à mener ultérieurement.

25 Cf. Paul VI, lettre apost. Summi Dei Verbum, 4 nov. 1963, AAS 55 (1963), p. 991.
26 Cf. Pie XII, exhortation apost. Menti Nostrae, loc. cit., p. 686.


12 Pour que la formation spirituelle repose sur des fondements plus solides et que les séminaristes puissent embrasser leur vocation à la suite d’un choix mûrement délibéré, les évêques auront le devoir de fixer le laps de temps qui convient pour assurer une formation spirituelle plus intense. Il leur appartient aussi de juger s’il est opportun de prévoir une interruption des études pendant un certain temps ou d’organiser une initiation pratique à la pastorale, en vue de mieux assurer la probation des candidats au sacerdoce. Il revient également aux évêques de décider, en fonction des conditions de chaque région, s’il faut repousser l’âge actuellement requis par le droit commun pour les ordres sacrés, et aussi de délibérer pour savoir s’il est opportun d’imposer aux séminaristes, à la fin du cursus théologique, l’exercice du diaconat pendant un temps convenable, avant l’accès au sacerdoce.



V. Révision des études ecclésiastiques

13 Avant que les séminaristes n’abordent les études proprement ecclésiastiques, ils acquerront la formation humaniste et scientifique qui permet aux jeunes gens de leur pays de s’engager dans les études supérieures ; en outre, ils auront cette connaissance de la langue latine qui les mettra à même de comprendre et d’utiliser tant de sources scientifiques et de documents de l’Église27. On tiendra pour nécessaire l’étude de la langue liturgique propre à chaque rite et on encouragera vivement une connaissance convenable des langues de la sainte Écriture et de la Tradition.

27 Cf. Paul VI, lettre apont. Summi Dei Verbum, loc. cit., p. 993.



14 Dans la révision des études ecclésiastiques, il faut viser en premier lieu à ce que les disciplines philosophiques et théologiques soient mieux coordonnées et concourent de façon conjointe à ce que l’esprit des séminaristes s’ouvre toujours davantage au mystère du Christ, qui marque toute l’histoire humaine, exerce sans cesse son influence sur l’Église et agit principalement par le ministère des prêtres 28.

Pour que cette vision soit donnée aux séminaristes dès le début de leur formation, les études ecclésiastiques devront commencer par un cours d’introduction, qui se poursuivra pendant le temps convenable. Dans ce cours d’initiation, le mystère du salut sera présenté de telle façon que les séminaristes perçoivent le sens des études ecclésiastiques, leur articulation et leur finalité pastorale et qu’en même temps ils soient aidés à fonder toute leur vie personnelle sur la foi et à l’en pénétrer et qu’ils soient affermis dans leur vocation par une donation personnelle faite d’un coeur joyeux.

28 Cf. Conc. Vat. II, const. dogm. Lumen Gentium, n. 7 et 28, AAS 57 (1965), p. 9-11 ; 33 s. (Voir plus haut p. 72-76 et 112-116.)



15 Les disciplines philosophiques seront enseignées de telle façon que les séminaristes soient amenés en premier lieu à acquérir une connaissance solide et cohérente de l’homme, du monde et de Dieu, en s’appuyant sur le patrimoine philosophique toujours valable 29, en tenant compte également des recherches philosophiques plus récentes, surtout de celles qui exercent une plus grande influence dans leur propre pays, et aussi des progrès scientifiques récents, de sorte que les séminaristes soient convenablement préparés au dialogue avec les hommes de leur temps grâce à une juste connaissance de la mentalité contemporaine 29 30. L’histoire de la philosophie sera enseignée de telle manière que les séminaristes, en arrivant aux principes ultimes des différents systèmes, en retiennent ce qui se révèle être vrai, et soient en état de déceler les racines des erreurs et de réfuter celles-ci.

La manière même d’enseigner doit susciter chez les séminaristes l’amour de la vérité qu’il faut rechercher, examiner et démontrer avec rigueur, et en même temps amener ceux-ci à reconnaître honnêtement les limites de la connaissance humaine. Qu’on porte une soigneuse attention aux rapports de la philosophie avec les vrais problèmes de la vie et avec les questions qui agitent l’esprit des séminaristes ; que ceux-ci soient aussi aidés à percevoir les liens étroits entre les arguments philosophiques et les mystères du salut, qui sont étudiés par la théologie à la lumière supérieure de la foi.


16 Les disciplines théologiques doivent être enseignées à la lumière de la foi, sous la conduite du magistère de l’Eglise31, de telle sorte que les séminaristes puisent avec soin la doctrine catholique dans la divine Révélation, la pénètrent plus à fond, en fassent l’aliment de leur propre vie spirituelle 32 et soient en mesure de l’annoncer, de l’exposer et de la défendre au cours de leur ministère sacerdotal.

Les séminaristes doivent être formés avec un soin particulier à l’étude de l’Écriture sainte, qui doit être comme l’âme de la théologie 33 ; après une introduction appropriée, ils seront initiés consciencieusement à la méthode exégétique, ils étudieront les principaux thèmes de la Révélation divine et ils recevront incitation et aliment de la lecture et de la méditation quotidiennes des saints Livres 34.

La théologie dogmatique suivra un ordre tel que tout d’abord soient présentés les thèmes bibliques eux-mêmes ; on fera comprendre aux séminaristes la contribution des Pères de l'Eglise d’Orient et d’Occident pour la transmission et l’approfondissement fidèles de chacune des vérités révélées et aussi l’histoire ultérieure du dogme — en prenant aussi en considération sa relation avec l’histoire générale de l’Église 35  — ; ensuite, pour mettre en lumière les mystères du salut aussi pleinement que possible, les séminaristes apprendront à les pénétrer plus à fond et à en percevoir le lien, au prix de l’effort spéculatif, avec saint Thomas pour maître36 ; on leur enseignera également à les reconnaître toujours présents et agissants dans les actions liturgiques 37 et dans toute la vie de l’Eglise ; ils apprendront aussi à chercher la solution des problèmes humains à la lumière de la Révélation, à appliquer les vérités éternelles aux conditions changeantes des réalités humaines et à les communiquer de façon appropriée aux hommes de leur temps 38.

De même, les autres disciplines théologiques doivent être rénovées par un contact plus vivant avec le mystère du Christ et l’histoire du salut. Un soin particulier doit être apporté à parfaire la théologie morale, dont l’exposé scientifique, plus nourri de la doctrine de l’Écriture, mettra en lumière la grandeur de la vocation des fidèles dans le Christ et leur obligation de porter du fruit dans la charité pour la vie du monde. De même, en exposant le droit canonique et en enseignant l’histoire de l'Église, on prendra en considération le mystère de l’Église, selon la constitution dogmatique De Ecclesia, promulguée par ce saint Concile. La sainte liturgie, qui doit être tenue pour la source première et nécessaire de l’esprit vraiment chrétien, sera enseignée dans l’esprit des articles 15 et 16 de la constitution De sacra Liturgia 39.

En tenant judicieusement compte des conditions des différentes régions, on amènera les séminaristes à une connaissance plus complète des Églises et des communautés ecclésiales séparées du Siège apostolique romain, pour qu’ils puissent contribuer à faire progresser la restauration de l’unité entre tous les chrétiens, selon les prescriptions de ce saint Concile40.

On les initiera aussi à la connaissance des autres religions qui sont plus répandues dans telle ou telle région, pour qu’ils reconnaissent mieux ce qu’elles comportent, par disposition divine, de bon et de vrai, apprennent à en réfuter les erreurs et puissent communiquer à ceux qui ne l’ont pas la pleine lumière de la vérité.

29 Cf. Pie XII, encycl. Humani generis, 12 août 1950, AAS 42 (1950), p. 571-575.
30 Cf. Paul VI, encycl. Ecclesiam suam, 6 août 1964, AAS 56 (1964), p. 637 s.
31 Cf. Pie XII, encycl. Humani generis, 12 août 1950, AAS 42 (1950), p. 567-569 ; allocution Si diligis, 31 mai 1954, AAS 46 (1954), p. 314 s. ; Paul VI, allocution aux étudiants de l’Université pontificale grégorienne, 12 mars 1964, AAS 56 (1964), p. 364 s. ; Conc. Vat. II, const. dogm. Lumen Gentium, n. 25, AAS 57 (1965), p. 29-31 (voir 106-108).
32 Cf. S. Bonaventurr, Itinerarium mentis adDeum, Prol. n. 4 : « Que personne ne croie que lui suffise la lecture sans l’onction, la spéculation sans la dévotion, la recherche sans l’admiration, la circonspection sans l’exultation, le travail sans la piété, la science sans la charité, l’intelligence sans l’humilité, le zèle sans la grâce divine, le reflet sans la science divinement inspirée » (S Bonaventure, Opera Omnia, V. Quaracchi 1891, p. 296 ; tr. fr., Paris 1986).
33 Cf. Léon XIII. encycl. Providentissimus Deus, 18 nov. 1893, AAS 26 (1893-1894), p. 283.
34 Cf. Commission pontificale pour les études bibliques. Instructio de Sacra Scriptura recte docenda, 13 mai 1950, AAS 42 (1950), p. 507
35 Cf. Pie XII, encycl. Humani generis, 12 août 1950, AAS 42 (1950), p. 568 s. : « Par l’étude des sources sacrées, les sciences sacrées rajeunissent sans cesse, tandis que la spéculation qui néglige de pousser au-delà l’étude du dépôt révélé, l’expérience nous l’a appris, devient stérile. »
36 Cf. Pie XII, discours aux élèves des séminaires, 24 juin 1939, AAS 31 (1939), p. 247 : « En recommandant la doctrine de saint Thomas, on ne supprime pas l’émulation dans la recherche et dans la diffusion de la vérité, mais on la stimule plutôt et on la guide avec sûreté. » - Paul VI, allocution prononcée à l’Université pontificale grégorienne, le 12 mars 1964, AAS 56 (1964), p. 365 : « [Les Maîtres] [...] porteront également une attention respectueuse à l’enseignement des Docteurs de l’Église, parmi lesquels saint Thomas tient la première place. Il y a en effet chez le Docteur angélique tant de puissante intelligence, tant de sincère amour de la vérité, tant de sagesse dans l’approfondissement, la présentation et la synthèse des plus hautes vérités, que sa doctrine est l’instrument le plus efficace, non seulement pour asseoir la foi sur des bases sûres, mais aussi pour percevoir d’une façon efficace et assurée les fruits d’un sain progrès. » - Cf. également Allocution devant le VP Congrès thomiste international, 10 sept. 1965 : AAS 57 (1965), p. 788-792.
37 Cf. Conc. Vat II, const. Sacrosanctum Concilium sur la sainte Liturgie, n. 7 et 16, AAS 56 (1964), p. 100 s. et 104 s. (Voir plu» haut, p. 12 et 16-18.)
38 Cf. Paul VI, encycl. Ecclesiam suam, 6 août 1964, AAS 56 (1964), p. 640 s.
39 Conc. Vat. II, con»t. Sacrosanctum Concilium sur la sainte Liturgie, n. 10, 14, 15, 16 (voir plus haut p. 14 et 16-18) ; Sacrée Congrégation des Rites, Instructio ad executionem Constitutionis de sacra Liturgia recte ordinandam, 26 sept. 1964, n. 11 et 12, AAS 56 (1964), p. 879 s.
40 Cf. Conc. Vat. II, décret Unitatis Redintegratio sur l’oecuménisme, n. 1, 9, 10, AAS 57 (1965), p. 90 et 98 s. (Voir plus haut p. 184 et 196.)



Optatam totius 2