Discours 1997 - Champ de Mars, Jeudi 21 août 1997

ALLOCUTION LORS DE LA RENCONTRE DE PRIÈRE DANS LA CATHÉDRALE D'ÉVRY

Cathédrale d'Évry, Vendredi 22 août 1997



Chers Frères dans l'Épiscopat,
Chers Frères et Soeurs,

1. Au nom du Seigneur ressuscité, je vous salue cordialement. Merci au Pasteur de ce diocèse de m'accueillir avec vous tous dans cette cathédrale de la Résurrection. Je suis heureux de saluer particulièrement les représentants des autres communautés chrétiennes et des autres traditions religieuses qui ont bien voulu se joindre aux catholiques de l'Essonne en ce jour. Je sais gré aux personnalités civiles de la ville et du département de prendre part à cette cérémonie.

2. Frères et Soeurs, vous avez élevé cet édifice audacieux; vous avez réalisé un admirable espace pour le rassemblement liturgique de l'Église diocésaine. J'en rends grâce au Seigneur et je partage votre reconnaissance envers vos pasteurs, envers l'architecte, les bâtisseurs et les donateurs qui se sont unis pour dresser un tel signe au coeur de la Ville nouvelle d'Évry, la maison de Dieu et la maison des hommes. C'est un grand geste d'espérance, un témoignage de vitalité d'une communauté qui a justement voulu s'exprimer dans le langage de ce temps, à l'approche du nouveau millénaire.

3. Successeur de Pierre, je viens vous confirmer dans la foi, en communion avec l'Église universelle, comme en témoignent vos liens avec le diocèse de Munich sous l'égide de saint Corbinien. Chaque Église particulière prend sa part de la mission confiée par le Christ à tous ses disciples, chacun selon sa vocation et son état de vie. Et là je voudrais exprimer mes encouragements amicaux aux prêtres, aux diacres, aux religieux et aux religieuses, aux responsables laïcs qui, de diverses manières, oeuvrent au service de la communauté diocésaine.

Vous serez les vrais bâtisseurs de l'Église, temple spirituel (cf. Lumen gentium LG 6), si vous portez la Bonne Nouvelle à toutes les nations, si vous entrez en dialogue avec vos frères de différentes origines et de différentes cultures, si vous accueillez les blessés de la vie, les pauvres, les malades, les personnes handicapées, les prisonniers. Tous sont appelés à être des pierres vivantes de l'édifice dont le Christ est la pierre angulaire.

4. Frères et Soeurs, vous rendrez vivante cette cathédrale, de même que toutes les églises de ce diocèse, si vous vous y rassemblez pour reconnaître avant tout la présence du Christ ressuscité: il est présent dans l'Eucharistie et tous les sacrements, présent par sa Parole, présent dans la communauté assemblée (cf. Sacrosanctum Concilium SC 7).

À Lui, le Vivant, Celui qui est, qui était et qui vient, je confie votre Église diocésaine. Qu'il vous donne la force de la foi et la générosité de la charité. Qu'il vous permette d'éveiller les enfants à la foi. Qu'il suscite parmi vous les vocations au sacerdoce ministériel et à la vie consacrée, indispensables à la vie de la communauté.

Pour chacun des fidèles du diocèse, pour tous les habitants de l'Essonne, pour l'avenir de ce diocèse j'invoque l'intercession maternelle de la Vierge Marie et des saints de votre terre.

Loué soit Jésus Christ!



MÉDITATION LORS DE LA VEILLÉE BAPTISMALE AVEC LES JEUNES

Hippodrome de Longchamp, Samedi 23 août 1997



Chers jeunes, chers amis,

1. Pour commencer, je vous salue tous, vous qui êtes ici rassemblés, en redisant les paroles du prophète Ezékiel, car elles comprennent une merveilleuse promesse de Dieu et elles expriment la joie de votre présence: « J'irai vous prendre dans toutes les nations. [...] Je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J'enlèverai votre coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair. Je mettrai en vous mon esprit: alors vous suivrez mes lois, vous observerez mes commandements et vous y serez fidèles. [...] Vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu » (Ez 36,24-28).

2. Je salue les évêques français qui nous accueillent et les évêques venus du monde entier. J'adresse aussi mes cordiales salutations aux représentants éminents des autres confessions chrétiennes avec lesquelles nous partageons le même baptême, qui ont tenu à s'associer à cette célébration de la jeunesse.

À la veille du 24 août, on ne peut oublier le douloureux massacre de la Saint-Barthélémy, aux motivations bien obscures dans l'histoire politique et religieuse de la France. Des chrétiens ont accompli des actes que l'Évangile réprouve. Si j'évoque le passé, c'est parce que « reconnaître les fléchissements d'hier est un acte de loyauté et de courage qui nous aide à renforcer notre foi, qui nous fait percevoir les tentations et les difficultés d'aujourd'hui et nous prépare à les affronter » (Tertio millennio adveniente TMA 33). Je m'associe donc volontiers aux initiatives des évêques français, car, avec eux, je suis convaincu que seul le pardon offert et reçu conduit progressivement à un dialogue fécond qui scelle alors une réconciliation pleinement chrétienne. L'appartenance à différentes traditions religieuses ne doit pas constituer aujourd'hui une source d'opposition ou de tension. Bien au contraire, l'amour pour le Christ qui nous est commun nous pousse à chercher sans relâche le chemin de la pleine unité.

3. Les textes liturgiques de notre veillée sont, pour une part, les mêmes que ceux de la Vigile pascale. Ils se rapportent au baptême. L'Évangile de saint Jean raconte la conversation nocturne du Christ avec Nicodème. Venant trouver le Christ, ce membre du Sanhédrin, exprime sa foi: « Rabbi, nous le savons bien, c'est de la part de Dieu que tu es venu nous instruire, car aucun homme ne peut accomplir les signes que tu accomplis si Dieu n'est pas avec lui » (Jn 3,2). Jésus lui répond: « Amen, Amen, je te le dis: personne, à moins de naître d'en haut, ne peut voir le règne de Dieu » (Jn 3,3). Nicodème lui demande: « Comment est-il possible de naître quand on est déjà vieux? Est-ce qu'on peut rentrer dans le sein de sa mère pour naître une seconde fois? » (Jn 3,4). Jésus répond: « Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair n'est que chair; ce qui est né de l'Esprit est esprit » (Jn 3,5-6).

Jésus fait passer Nicodème des réalités visibles aux réalités invisibles. Chacun de nous est né de l'homme et de la femme, d'un père et d'une mère ; cette naissance est le point de départ de toute notre existence. Nicodème pense à cette réalité naturelle. Au contraire, le Christ est venu dans le monde pour révéler une autre naissance, la naissance spirituelle. Quand nous professons notre foi, nous disons qui est le Christ: « Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles: engendré, non pas créé, consubstantiel au Père, consubstantialis Patri ; par lui tout a été fait, per quem omnia facta sunt; pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel; par l'Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme, descendit de caelis et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria virgine et homo factus est ». Oui, jeunes, mes amis, le Fils de Dieu s'est aussi fait homme pour vous tous, pour chacun de vous!

4. « Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3,5). Ainsi, pour entrer dans le Royaume, l'homme doit naître de nouveau, non pas selon les lois de la chair, mais selon l'Esprit. Le baptême est précisément le sacrement de cette naissance. L'Apôtre Paul l'explique en profondeur dans le passage de la Lettre aux Romains que nous avons entendu: « Ne le savez-vous donc pas: nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts » (Rm 6,3-4). L'Apôtre nous livre ici le sens de la nouvelle naissance; il montre pourquoi le sacrement du baptême a lieu par immersion dans l'eau. Il ne s'agit pas ici d'une immersion symbolique dans la vie de Dieu. Le baptême est le signe concret et efficace de l'immersion dans la mort et dans la résurrection du Christ. Nous comprenons alors pourquoi la tradition a lié le baptême à la Vigile pascale. C'est en ce jour, et surtout en cette nuit, que l'Église revit la mort du Christ, que l'Église est tout entière prise dans le cataclysme de cette mort dont surgira une vie nouvelle. La vigile, au sens exact du mot, est donc l'attente: l'Église attend la résurrection; elle attend la vie qui sera la victoire sur la mort et qui entraînera l'homme dans cette vie.

À toute personne qui reçoit le baptême, il est donné de participer à la résurrection du Christ. Saint Paul revient souvent à ce thème qui résume l'essentiel du sens véritable du baptême. Il écrit : « Si nous sommes déjà en communion avec lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons encore par une résurrection qui ressemblera à la sienne » (Rm 6,5). Et aussi: « Nous le savons: l'homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que cet être de péché soit réduit à l'impuissance, et qu'ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet: ressuscité d'entre les morts, le Christ ne meurt plus; sur lui la mort n'a plus aucun pouvoir. Car lui qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes; lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant. De même vous aussi: pensez que vous êtes morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus Christ » (Rm 6,6-11). Avec Paul, chers jeunes, vous dites au monde: notre espérance est ferme; par le Christ, nous vivons pour Dieu.

5. En évoquant ce soir la Vigile pascale, nous touchons les problèmes essentiels: la vie et la mort, la mortalité et l'immortalité. Dans l'histoire de l'humanité, Jésus Christ a inversé le sens de l'existence humaine. Si l'expérience quotidienne nous montre cette existence comme un passage vers la mort, le mystère pascal nous ouvre la perspective d'une vie nouvelle, au-delà de la mort. C'est pourquoi l'Église, qui professe dans son Credo la mort et la résurrection de Jésus, a toutes les raisons de prononcer aussi ces mots: « Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle ».

6. Chers jeunes, savez-vous ce que le sacrement du Baptême fait de vous? Dieu vous reconnaît comme ses enfants et transforme votre existence en une histoire d'amour avec lui. Il vous rend conformes au Christ, pour que vous puissiez réaliser votre vocation personnelle. Il est venu faire alliance avec vous et il vous offre sa paix. Vivez désormais en enfants de lumière, qui se savent réconciliés par la Croix du Sauveur!

« Mystère et espérance du monde à venir » (S. Cyrille de Jérusalem Procatéchèse 10, 12), le baptême est le plus beau des dons de Dieu, nous invitant à devenir disciples du Seigneur. Il nous fait entrer dans l'intimité de Dieu, dans la vie trinitaire, dès aujourd'hui et jusque dans l'éternité. Il est une grâce donnée au pécheur, qui nous purifie du péché et nous ouvre un avenir nouveau. Il est un bain qui lave et qui régénère. Il est une onction, qui nous conforme au Christ, Prêtre, Prophète et Roi. Il est une illumination, qui éclaire notre route et lui donne tout son sens. Il est un vêtement de force et de perfection. Revêtus de blanc au jour de notre baptême, comme nous le serons au dernier jour, nous sommes appelés à en garder chaque jour l'éclat et à le retrouver grâce au pardon, à la prière et à la vie chrétienne. Le Baptême est le signe que Dieu nous a rejoints sur notre route, qu'il embellit notre existence et qu'il transforme notre histoire en une histoire sainte.

Vous avez été appelés, choisis par le Christ pour vivre dans la liberté des enfants de Dieu, vous êtes aussi confirmés dans votre vocation baptismale et habités par l'Esprit Saint, pour annoncer l'Évangile par toute votre vie. En recevant le saint-chrême, vous vous engagez de toutes vos forces à faire croître patiemment le don reçu, par la réception des sacrements, en particulier de l'Eucharistie et de la pénitence qui entretiennent en nous la vie baptismale. Baptisés, vous rendez témoignage au Christ par votre souci d'une vie droite et fidèle au Seigneur, qu'il convient de maintenir par la lutte spirituelle et morale. La foi et l'agir moral sont liés. En effet, le don reçu nous conduit à une conversion permanente, pour imiter le Christ et correspondre à la promesse divine. La parole de Dieu transforme l'existence de ceux qui l'accueillent, car elle est la règle de la foi et de l'action. Dans leur existence, pour respecter les valeurs essentielles, les chrétiens font aussi l'expérience de la souffrance que peuvent exiger des choix moraux opposés aux comportements du monde et donc parfois héroïques. Mais la vie bienheureuse avec le Seigneur est à ce prix. Chers jeunes, votre témoignage est à ce prix. Je compte sur votre courage et sur votre fidélité.

7. C'est au milieu de vos frères que vous avez à vivre en chrétiens. Par le baptême, Dieu nous donne une mère, l'Église, avec laquelle nous grandissons spirituellement, pour marcher dans la voie de la sainteté. Ce sacrement vous intègre dans un peuple, vous rend participants à la vie ecclésiale et vous donne des frères et des soeurs à aimer, pour « être un dans le Christ » (Ga 3,28). Dans l'Église, il n'y a plus de frontières; nous sommes un unique peuple solidaire, composé de multiples groupes aux cultures, aux sensibilités et aux modes d'action variés, en communion avec les évêques, pasteurs du troupeau. Cette unité est un signe de richesse et de vitalité. Dans la diversité, que votre souci premier soit l'unité et la cohésion fraternelle, qui permettent le développement personnel de manière sereine et la croissance du corps tout entier.

Cependant, le Baptême et la Confirmation n'éloignent pas du monde, car nous partageons les joies et les espoirs des hommes d'aujourd'hui et nous apportons notre contribution à la communauté humaine, dans la vie sociale et dans tous les domaines techniques et scientifiques. Grâce au Christ, nous sommes proches de tous nos frères et appelés à manifester la joie profonde qu'il y a à vivre avec Lui. Le Seigneur nous appelle à remplir notre mission là où nous sommes, car « le poste que Dieu nous a assigné est si beau qu'il ne nous est pas permis de le déserter » (cf. Lettre à Diognète, VI,10). Quoi que nous fassions, notre existence est pour le Seigneur, c'est là notre espérance et notre titre de gloire. Dans l'Église, la présence de jeunes, de catéchumènes et de nouveaux baptisés est une grande richesse et une source de vitalité pour toute la communauté chrétienne, appelée à rendre compte de sa foi et à en témoigner jusqu'aux extrémités de la terre.

8. Un jour, à Capharnaüm, alors que de nombreux disciples abandonnaient Jésus, Pierre répondit à l'interpellation de Jésus: « Voulez-vous partir, vous aussi? », en disant: « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,67-68). Pour cette Journée de la Jeunesse à Paris, une des capitales du monde contemporain, le Successeur de Pierre vient vous redire que ces paroles de l'Apôtre doivent être le phare qui vous éclaire tous sur votre route. « Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68). Plus encore: non seulement tu nous parles de la vie éternelle. Tu l'es toi-même. Vraiment, tu es « le Chemin, la Vérité et la Vie » (cf. Jn 14,6).

9. Chers jeunes, par l'onction baptismale, vous êtes devenus membres du peuple saint. Par l'onction de la confirmation, vous participez pleinement à la mission ecclésiale. L'Église, dont vous faites partie, a confiance en vous et compte sur vous. Que votre vie chrétienne soit une « accoutumance » progressive à la vie avec Dieu, selon la belle expression de saint Irénée, pour que vous soyez des missionnaires de l'Évangile!


SALUT DU BALCON DE LA NONCIATURE APOSTOLIQUE

Dimanche 24 août 1997

Malheureusement, je dois quitter Paris, après avoir vécu ici une splendide Journée de la Jeunesse. Mais une petite consolation reste, cette consolation c'est que je retourne à Rome pour la Journée de saint Louis, saint Louis des Français.

Alors la France m'accompagne aussi à Rome. Au nom de ce grand saint, saint Louis, roi des français, je voudrais remercier tous ceux qui ont collaboré à la préparation de cette Journée Mondiale de la Jeunesse.

Je suis très reconnaissant, et je vous souhaite une bonne continuation. Ici, à Paris, en France. A Rome, on va faire le possible.



CÉRÉMONIE DE DÉPART

Aéroport d'Orly, Dimanche 24 août 1997




Monsieur le Premier Ministre,

1. Au terme de ma visite dans votre pays à l'occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse, je tiens à vous dire ma gratitude pour l'accueil que vous m'avez réservé et que vous avez offert aux jeunes des cinq continents; je salue les dispositions qui ont été prises par votre gouvernement, pour assurer le bon déroulement des différentes rencontres qu'il m'a été donné de présider. Elles ont aussi permis aux jeunes venus du monde entier de découvrir la France, terre de culture et terre d'accueil. Je suis sûr qu'ils repartent fortifiés dans leur vie d'hommes et de femmes, et confortés dans leur foi; l'expérience du dialogue et de la fraternité qu'ils ont pu réaliser, dans les différentes régions et à Paris, les appelle à s'engager dans leur propre pays, pour le service de leurs frères. En même temps, par leur témoignage et leur enthousiasme, les jeunes rassemblés appellent tous nos contemporains à créer des liens d'entente et de solidarité.

Mes remerciements s'étendent aux Autorités civiles et militaires, ainsi qu'aux membres du service de sécurité et aux bénévoles, qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour résoudre les nombreux problèmes qui se sont posés pendant la préparation et la réalisation du rassemblement. Je remercie aussi ceux qui ont apporté leur contribution à la beauté et à la dignité des célébrations liturgiques. À tous, j'exprime ma plus vive gratitude, pour leur générosité, leur efficacité et leur discrétion dans l'exécution de leurs missions; de cette façon, ils ont grandement participé au bon déroulement et à la réussite de ces journées inoubliables pour moi-même comme pour les jeunes du monde entier. Je salue cordialement aussi les responsables des différentes communautés chrétiennes et des autres confessions religieuses, qui ont tenu à s'associer à cette rencontre de l'Église catholique, en souhaitant que se poursuive un dialogue ouvert et confiant.

2. Avant de quitter votre sol que j'ai eu l'occasion de fouler à plusieurs reprises depuis le début de mon pontificat mais aussi dans ma jeunesse, je tiens à exprimer à nouveau ma vive gratitude à Monsieur le Cardinal Jean-Marie Lustiger, Archevêque de Paris et à Monseigneur Michel Dubost, qui a eu la charge de l'ensemble de la préparation de cette rencontre, à tout l'épiscopat français, au clergé, aux religieux et religieuses, ainsi qu'aux laïcs de l'Église catholique qui se sont mobilisés pour accueillir des jeunes et les accompagner tout au long de leur démarche spirituelle. Je remercie de manière toute spéciale les équipes de jeunes Français qui, dans les différentes structures, ont participé à l'organisation de la Douzième Journée mondiale de la Jeunesse. Ils se sont mis au service de l'Église, puissent-ils en retirer de nombreux fruits spirituels et poursuivre leur mission chrétienne selon leur vocation propre!

3. Je voudrais assurer tous les catholiques de France de mon affection et de ma profonde communion spirituelle; je les invite à être auprès de leurs frères des témoins de leur foi et de l'amour de Dieu, oeuvrant pour une société qui aspire à la paix, à la convivialité et à la collaboration de tous, en vue du bien commun. Attachés au dialogue, ils sont convaincus que, au sein d'une nation qui a une tradition de fraternité et de liberté, l'expression de convictions religieuses différentes doit permettre de développer les richesses culturelles et le sens moral et spirituel de tout un peuple; elle doit aussi contribuer à la qualité de la vie publique, en particulier par l'attention aux plus faibles de la société.

4. Je vous saurais gré d'adresser mes vifs remerciements à Monsieur le Président de la République. À travers votre personne, Monsieur le Premier Ministre, je salue et je remercie les membres de votre Gouvernement et tous les Français, en leur offrant mes voeux fervents de paix et de prospérité.

En vous renouvelant ma gratitude, j'appelle sur tous vos compatriotes l'abondance des Bénédictions divines.


Septembre 1997



À LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES SUISSES EN VISITE « AD LIMINA APOSTOLORUM »

Jeudi 4 septembre 1997




Liebe Mitbrüder im Bischofsamt,



… 5. Les évêques doivent aujourd'hui être particulièrement attentifs à la formation des séminaristes.Continuez à attacher une grande importance à la qualité de la formation spirituelle et des programmes de la formation intellectuelle. Tous les aspects de la formation doivent s'équilibrer pour contribuer à la maturité de vos futurs collaborateurs. Dans ce cadre, il est bon de tenir compte des exigences du monde actuel pour préparer un exercice du ministère bien adapté à notre époque; mais il faut veiller à centrer la formation sur l'essentiel du contenu de la foi, afin de permettre aux jeunes prêtres de répondre de manière pertinente aux questions sans cesse renouvelées qui sont débattues dans l'opinion. Les règles sages, données par la « Ratio Institutionis Sacerdotalis », vous seront particulièrement utiles.

6. J'aimerais ici vous demander de transmettre aux prêtres de vos diocèses le salut confiant du Successeur de Pierre. En vivant leur sacerdoce de manière exemplaire, ils sont les premiers témoins de la vo cation au ministère. En les voyant vivre, des jeunes peuvent éprouver le désir de les imiter clans leur engagement sacerdotal. Que le presbyterium soit une couronne spirituelle autour de l'évêque! je connais la charge de plus t plus lourde des prêtres de votre pays, en particulier de ceux qui r le ministère paroissial. Exprimez-leur les encouragements chaleureux du Pape, qui les invite à ne pas se décourager et à demeurer des pasteurs zélés pour le peuple qui leur a été confié. Leur mission doit s'enraciner dans une vie spirituelle et sacramentelle intense, qui unifie leur personnalité et les rende disponibles à recevoir les grâces nécessaires à leur service évangélique. En effet, c'est le Seigneur qui, par son Esprit, aide et accompagne ceux qu'il a appelés à le suivre dans le sacerdoce. Les prêtres doivent s'attacher à être des témoins joyeux du Christ, par leur vie droite, en harmonie avec l'engagement pris au jour de leur ordination.

En Suisse, la vie religieuse a connu dans son histoire une remarquable tradition. Je vous confie le soin de dire aux religieux et aux religieuses qu'aujourd'hui encore l'Église compte particulièrement sur eux pour poursuivre leurs engagements dans des lieux essentiels de la vie pastorale: l'éducation, la santé, l'assistance aux personnes âgées et aux pauvres, et très spécialement le ressourcement de nombreux fidèles dans leurs maisons d'accueil et de retraites spirituelles, ou encore dans le cadre des pèlerinages qu'ils animent. Je salue leur courage et leur discrète disponibilité. En un temps où diminue le nombre des vocations, il importe que l'ensemble de l'Église reconnaisse mieux la valeur et le sens de la vie consacrée.

7. Les diocèses de Suisse ont une tradition missionnaire solidement enracinée. Je les remercie de leur attention et de leur aide généreuse aux jeunes Églises pour leur mission propre comme pour leur contribution au développement. Vous exprimez de manière appréciable votre attention à la vie de l'Église universelle; cela manifeste aussi votre sens aigu de la justice et de la solidarité avec les plus démunis. Sous des aspects concrets, les catholiques suisses sont ainsi en communion avec toute l'Église, dont le souci incombe en premier lieu aux Évêques, comme l'a clairement souligné le Concile Vatican II: « En qualité de successeurs légitimes des Apôtres et de membres du collège épiscopal, les évêques se sauront toujours unis entre eux et feront preuve de sollicitude pour toutes les Églises » (Christus Dominus CD 6).

8. Brièvement, je voudrais aussi évoquer l'importance du mouvement oecuménique dans votre pays. En compagnie de vos diocésains, poursuivez la prière commune et le dialogue avec l'ensemble de nos frères chrétiens, tout en tenant compte sans équivoque des questions doctrinales et pastorales non encore résolues, ainsi que des différentes sensibilités. Le chemin peut être encore long à parcourir. C'est en appliquant fidèlement les principes et les normes développés par le Directoire pour l'oecuménisme que l'on progressera en vérité sur la voie de la pleine unité (Cfr. Pontificii Consilii ad Unitatem Christianorum fovendam Directorum de Oecumenismo, die 25 mar. 1993).

9. Vous avez opportunément présenté au peuple chrétien la figure de saint Pierre Canisius, qui mourut il y a 400 ans à Fribourg. Son enseignement, son sens pédagogique et son engagement apostolique au service de l'Évangile sont autant d'aspects de sa vie qui peuvent inspirer aujourd'hui la démarche des pasteurs et des communautés chrétiennes. Il est aussi un modèle de dialogue oecuménique, respectueux des personnes, rempli d'une charité cordiale et soucieux de témoigner de sa foi au Christ et de son amour de l'Église, unie autour des évêques et du Successeur de Pierre. Les récentes béatifications ont également un effet positif sur la vie spirituelle et apostolique du peuple chrétien: les saints d'une nation sont proches de leurs compatriotes. Ils sont des témoins privilégiés, des modèles de vie chrétienne.

En vous confiant à l'intercession des saints de votre terre auxquels les fidèles demeurent profondément attachés, je vous accorde de grand coeur ma Bénédiction, ainsi qu'aux prêtres, aux religieux et religieuses, et aux laïcs de vos diocèses.


AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE NATIONAL DU SÉNÉGAL

Cour du Palais Apostolique, Castel Gandolfo, Samedi 13 septembre 1997




Chers pèlerins du Sénégal,

C 'est avec plaisir que je vous accueille, au terme de votre pèlerinage national. Et je salue cordialement Monseigneur Théodore-Adrien Sarr, Évêque de Kaolack et Président de la Conférence épiscopale, qui guide votre marche. Votre itinéraire vous a conduits en trois lieux importants. L'étape centrale de votre périple a été la visite en Terre Sainte, qui demeure une source et une référence essentielle, la terre du peuple choisi, la terre où s'est incarné le Fils de Dieu et où il a annoncé l'Évangile et accompli l'acte fondamental de notre Rédemption. J'espère que, au retour de ce pèlerinage sur les pas de Jésus, vous reviendrez renforcés dans la foi en l'unique Médiateur entre Dieu et les hommes, et en l'Esprit de Pentecôte qui, depuis le Cénacle de Jérusalem, a lancé le grand mouvement de l'évangélisation. À Fatima, vous avez honoré la Mère du Seigneur, elle qui fut présente aux moments essentiels de la mission messianique du Christ et qui nous accompagne au long de l'histoire de l'Église. En elle nous est proposé le plus beau modèle de la foi et de la prière. Puisse votre méditation du rosaire être enrichie par votre pèlerinage!

La prière auprès des tombeaux de Pierre et de Paul donne toute sa portée à votre venue à Rome. Le martyre des princes des Apôtres a fait de cette Ville le centre de l'Église universelle, centre de l'unité de la foi et de la mission. Que l'intercession des saints Pierre et Paul vous aide à prendre toute votre part dans la vie de vos diocèses, en communion avec toute l'Église!

En vous remerciant de votre visite, je m'unis à votre prière pour l'Église au Sénégal, pour vos familles et pour tout votre peuple.

De grand coeur, je vous donne la Bénédiction Apostolique.



À UN GROUPE D'ÉVÊQUES PARTICIPANT À UN SÉMINAIRE ORGANISÉ PAR LA CONGRÉGATION POUR L'ÉVANGELISATION DES PEUPLES

Vendredi 19 septembre 1997



Monsieur le Cardinal,
Chers Frères dans l'Episcopat,

1. Au terme d'une session intense, destinée à l'information et à la réflexion sur de multiples aspects de votre charge épiscopale, je suis heureux de vous accueillir. Ma gratitude va à Monsieur le Cardinal Jozef Tomko et aux collaborateurs de la Congrégation pour l'Évangélisation des Peuples qui ont organisé ces semaines de réflexion. Je vous salue tous cordialement, Évêques d'Afrique, pour la plupart, mais également d'Amérique Latine et d'Océanie. Ma pensée se porte aussi vers ceux de vos confrères du Viêt-nam que nous attendions, mais qui, je le regrette, n'ont pu se joindre à vous.

2. Je suis heureux de cette rencontre, car elle manifeste l'affectus collegialis qui unit les Pasteurs de l'Église universelle autour de l'Évêque de Rome. Au cours de vos journées d'étude, vous avez pu renouveler votre regard sur les différents aspects de votre ministère propre. Il est vrai que, parfois, il peut vous sembler lourd à porter dans sa complexité. Je voudrais vous encourager à y faire face, au nom même de l'Esprit Saint qui vous a été donné lors de votre ordination épiscopale. L'Évêque qui vous a conféré la plénitude du sacrement de l'ordre a prié ainsi le Seigneur: « Répands sur celui que tu as choisi la force qui vient de toi, l'Esprit souverain que tu as donné à ton Fils bien-aimé » [1].

La mission épiscopale a une grande ampleur; à vues humaines, elle est presque impossible. Mais, si elle requiert un investissement total de votre personne, vous n'êtes pas laissés sans appui. C'est dans l'Esprit du Christ que vous êtes faits serviteurs de son Corps qui est l'Église, l'Église particulière confiée à chacun et l'Église universelle, avec le Successeur de Pierre, « fondement perpétuel et visible de l'unité de foi et de communion » [2].

3. Je vous invite à méditer souvent le message du Nouveau Testament sur le Saint-Esprit, particulièrement ce que disent de lui les Apôtres Jean et Paul. Il vous sera toujours d'un grand réconfort de redécouvrir la richesse des dons de l'Esprit. Je vous adresse volontiers les paroles de saint Paul: « Appliquez-vous à conserver l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix. Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit » [3]. C'est en effet grâce à l'Esprit que vous êtes le fondement de l'unité dans la communauté diocésaine, de l'unité du presbyterium et de l'unité de tous les baptisés: « Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » [4]. En discernant la présence de l'Esprit dans la diversité des personnes et des situations, cherchez toujours à affermir l'unité du diocèse, en commençant par montrer une constante sollicitude envers les prêtres, vos collaborateurs immédiats. Que tous, disponibles à l'action de Dieu en eux [5], se donnent entièrement à la mission commune, chacun dans son rôle de ministre, de personne consacrée ou de fidèle laïc!

4. Dans l'entretien de Jésus avec les Apôtres après la Cène, l'insistance est grande sur la promesse de l'Esprit, « l'Esprit de vérité [qui] vous introduira dans la vérité tout entière » [6]. C'est en lui qu'est fondé leur ministère d'annonce de la Bonne Nouvelle, d'enseignement de la doctrine du salut. Comme successeurs des Apôtres, vous avez à promouvoir, et parfois à défendre, l'authenticité du message chrétien. La vraie référence, à travers toute la Tradition de l'Église et son Magistère, c'est en réalité l'Esprit qui nous ouvre à la compréhension de la vérité révélée intégralement dans le Fils incarné. En vous mettant personnellement à son écoute, dans la prière comme par l'étude, vous serez d'autant plus assurés et convaincants que vous serez vous-mêmes dociles à l'Esprit.

5. « L'amour de Dieu - nous dit saint Paul - a été répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné » [7]. Habités par l'Esprit, consacrez tout votre ministère à mettre en oeuvre le commandement nouveau qui couronne l'enseignement du Seigneur [8]. Saisis par l'amour indissociable de Dieu et des hommes, animez sans relâche le service de la charité, le partage en faveur des plus démunis, le secours aux égarés ou aux désespérés, l'appui aux foyers qui doivent mûrir leur amour en y reconnaissant le don de Dieu, une pastorale pleine d'affection envers les jeunes à éduquer, les démarches de conciliation lorsque des oppositions se font jour, le dialogue avec les frères et soeurs d'autres traditions religieuses. Ainsi la présence de l'Esprit, source d'espérance, sera manifestée à travers votre action.

6. Chers Frères qui vivez les premières années de votre épiscopat, par ces quelques réflexions, je désire avant tout vous encourager à servir « dans la nouveauté de l'Esprit » [9] le peuple de Dieu que vous avez la charge de guider et d'enseigner, et qui compte sur vous « comme de bons intendants d'une multiple grâce de Dieu » [10]. Prenez appui sans cesse sur le Paraclet, consolateur et défenseur. Il vous soutiendra pour donner tout son dynamisme à votre mission d'évangélisateurs. Dans vos Églises particulières, au sein de vos peuples, la tâche est immense. Le Pape vous fait confiance pour la poursuivre avec la vigueur de l'Esprit de vérité et d'amour. En invoquant pour vous-mêmes et pour tous les fidèles de vos diocèses l'intercession de la Vierge Marie et des saints Apôtres, je vous donne de grand coeur la Bénédiction Apostolique.

[1] Pontificale Romanum, « De ordinatione Episcopi, presbyterorum et diaconorum », 47.
[2] Lumen Gentium, LG 18.
[3] Ep 4,3-4.
[4] Ibid. Ep 4,5.
[5] Cfr. Ph 2,13.
[6] Jn 16,13.
[7] Rm 5,5.
[8] Cfr. Jn 13,34.
[9] Rm 7,6.
[10] 1P 4,10.



Octobre 1997




Discours 1997 - Champ de Mars, Jeudi 21 août 1997