Discours 1998 - 31 octobre 1998


AUX ORGANISATEURS DU COLLOQUE SUR VINGT ANS DE DIPLOMATIE PONTIFICALE SOUS JEAN-PAUL II

13 novembre 1998



Chers Amis,

1. Je suis heureux de vous accueillir au terme de votre colloque sur Vingt ans de diplomatie pontificale sous Jean-Paul II. Tout d’abord, je voudrais remercier les organisateurs de cette rencontre, l’Académie diplomatique internationale et l’Institut Européen des Relations Église-État, ainsi que les différents intervenants, qui ont présenté des analyses d'ensemble de la démarche diplomatique du Saint-Siège ou qui ont abordé des questions particulières concernant des situations précises et souvent délicates sur le plan des négociations. Une telle initiative est le signe de votre attention à l’égard du Saint-Siège et de son action à travers le monde. Je souhaite que vos fructueuses journées de travail soient une occasion pour de nombreuses personnes de découvrir et d’approfondir les différents aspects de la mission diplomatique du Pape et du Saint-Siège.

Votre symposium s’inscrit dans la célébration du vingtième anniversaire du pontificat du Pape qui en ce moment vous accueille. Vous avez voulu réfléchir à la dimension importante et originale de son ministère pastoral que constitue sa participation active à la vie diplomatique. Le Pape est le Serviteur des serviteurs de Dieu, serviteur du Dieu de l’histoire, qui crée le monde pour y placer l’être humain, non pour l’abandonner à son propre destin, mais pour le conduire à sa pleine réalisation; il est aussi serviteur de l’homme.

Le Seigneur a communiqué à l’Église sa passion pour l’homme. Voilà pourquoi, selon une longue tradition et selon les principes internationaux, le Serviteur des serviteurs de Dieu exerce sa mission diplomatique comme un service concret de l’humanité, dans le cadre de son ministère pastoral. Le Saint-Siège entend ainsi offrir à tous les hommes et à tous les peuples une contribution spécifique, pour les aider à réaliser toujours mieux leur propre destinée, dans la paix et la concorde, en vue du bien commun et de l’épanouissement intégral des personnes et des peuples.

2. Votre colloque a pris en compte vingt années de fin de siècle et de fin de millénaire, au cours desquelles nous avons enregistré de nombreux changements, signe des désirs profonds de vivre dans la liberté, acquise parfois chèrement au prix de nombreuses souffrances, mais signe aussi d’une profonde inquiétude et d’une vive espérance.

Parfois précurseur et actrice, dans d’autres occasions se limitant à accompagner et à approuver les changements intervenus, la diplomatie connaît elle-même une période de transition. De nos jours, elle n’affronte plus des ennemis, mais, à partir d’opportunités communes, elle s’attache à relever les défis de la mondialisation et à éliminer les menaces qui ne cessent d'apparaître à l’échelle planétaire. En effet, les diplomates d’aujourd’hui n’ont plus à traiter en premier lieu des questions concernant la souveraineté territoriale, les frontières et les territoires, même si dans certaines régions ces questions ne sont pas encore réglées. Les nouveaux facteurs de déstabilisation sont représentés par la pauvreté extrême, par les déséquilibres sociaux, par les tensions ethniques, par la dégradation de l’environnement, par le manque de démocratie et de respect des droits de l’homme, tandis que les facteurs d’intégration ne peuvent plus s’appuyer simplement sur un équilibre des forces, ni sur la dissuasion nucléaire ou militaire, ni sur l’entente entre les gouvernements.

3. On comprend mieux pourquoi la diplomatie pontificale n’a pas d’autre finalité que celle de promouvoir, d’étendre à toute la terre et de défendre la dignité de l’homme et toutes les formes de convivialité humaine, qui vont de la famille, du lieu de travail, de l’école, à la communauté locale, jusqu’à la vie régionale, nationale et internationale. Elle participe activement, selon les modalités qui lui sont propres, à la traduction sous forme juridique des valeurs et des idéaux sans lesquels la société se diviserait. Mais surtout, elle oeuvre pour que le consensus autour des principes fondamentaux puisse se concrétiser dans la vie nationale et internationale. Elle travaille avec la conviction que, pour garantir la sécurité et la stabilité des personnes et des peuples, on doit parvenir à appliquer les différents aspects du droit humanitaire à tous les peuples sans distinction - même dans le domaine de la sécurité -, selon le principe de la justice distributive. Partout dans le monde, l’Église a le devoir de faire entendre sa voix, pour que la voix des pauvres soit perçue par tous comme un appel fondamental au partage et à la solidarité. La sollicitude du Successeur de Pierre et des Églises locales répandues à travers le monde vise le bien spirituel, moral et matériel de tous. La vie diplomatique est fondée sur les principes éthiques qui mettent la personne humaine au centre des analyses et des décisions, et qui reconnaissent la dignité de tout être humain et de tout peuple, chacun ayant un droit inaliénable à une vie convenable, en fonction même de sa nature propre. J’ai déjà eu l’occasion de rappeler que, “s’il n'existe aucune vérité dernière qui guide et oriente l’action politique, les idées et les convictions peuvent être facilement exploitées au profit du pouvoir" ou d’intérêts particuliers (encyclique Centesimus annus CA 46).

Il n'est pas acceptable que se maintiennent indéfiniment des disparités entre les continents, pour des raisons politiques et économiques, et il revient aux diplomates et aux dirigeants des Nations de s'engager pour que les aspects éthiques soient privilégiés dans les processus décisionnels, à tous les échelons. De ce point de vue, les diplomates, qui sont au contact des réalités quotidiennes vécues par des peuples qu'ils découvrent et qu'ils apprennent à connaître et à aimer, ont à rendre compte de la détresse de personnes et de peuples opprimés par des situations qui les dépassent, car ces dernières sont liées aux systèmes internationaux, de plus en plus durs pour les pays en voie de développement.

Le Siège apostolique accomplit, comme il est normal, sa propre activité diplomatique auprès des Gouvernements, des Organisations internationales, des centres de décision qui se multiplient dans la société actuelle, et, en même temps, il s’adresse à tous les protagonistes de la vie internationale, individus ou groupes, pour susciter le consensus, la bonne volonté et la collaboration en ce qui concerne les grandes causes de l’homme.

En particulier, la diplomatie pontificale s'appuie sur l'unité qui existe à l'intérieur de l’Église catholique présente dans presque tous les pays du monde. La communion qui assure les relations entre les différentes Églises locales et l’évêque de Rome, outre qu’il s'agit d'un principe ecclésiologique imprescriptible, est aussi une richesse internationale.

En vous remerciant de votre contribution à la réflexion sur les critères qui guident la diplomatie du Siège apostolique, par vos recherches et par la documentation proposée, je vous accorde de grand coeur la Bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous ceux qui vous sont chers.



AUX MEMBRES DE L'ASSOCIATION "PRO PETRI SEDE"



Monsieur l'Aumônier général,
Chers membres de l'association Pro Petri Sede,

1. Fidèles à une coutume désormais bien établie, vous venez rencontrer le Successeur de Pierre pour lui remettre le fruit de la collecte organisée par vos soins au Bénélux. Soyez remerciés pour ce geste auquel je suis sensible, car il traduit votre attachement à la personne et à la mission du Pape ! À votre généreuse offrande, vous avez joint un fort beau livre d'art ainsi que le recueil du périodique qui présente les activités de votre association.

Vous connaissez les conseils donnés par saint Paul aux chrétiens de Corinthe: "Que chacun donne selon ce qu'il a décidé dans son coeur [...], car Dieu aime celui qui donne avec joie" (2Co 9,7). Je suis heureux de constater votre désir de vivre selon les paroles de l'Apôtre. Le sens du partage entre frères est un témoignage important à offrir aux hommes, pour que tous développent leur sens de la solidarité.

2. Comme l'indique le nom de votre association, vous avez à coeur d'oeuvrer "pour" aider le "Siège de Pierre" à remplir sa mission de charité à travers le monde. En affirmant votre volonté de soutenir le Siège de Pierre, vous participez à la sollicitude de l'Église pour ceux qui ont besoin de notre aide et vous adhérez plus fortement à la personne du Christ. Que la foi dans le Christ et le désir de contribuer à établir son Règne affermissent votre oeuvre et fassent de vous des hommes et des femmes d'action et de contemplation !

3. Chers amis de Pro Petri Sede, soyez assurés de la prière du Successeur de Pierre. Que ce séjour à Rome vous permette de rentrer chez vous plus forts dans la foi, dans l'espérance et dans l'amour ! Vous avez pu une nouvelle fois toucher du doigt l'universalité de l'Église, être sensibles à la démarche des milliers de pèlerins qui viennent prier au lieu même où l'apôtre Pierre a rendu le témoignage suprême au Christ, son Maître et Seigneur. Vous avez offert à son Successeur le témoignage de votre propre générosité. Que le Seigneur vous garde chaque jour ! En confiant à l'intercession de Notre-Dame chacun d'entre vous, vos familles et tous ceux qui, en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg, ont apporté leur contribution à votre collecte, je vous donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.


DISCOURS DU SAINT-PÈRE À LA CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DU CRÉDIT POPULAIRE


Chers amis,

Vous qui représentez la Confédération internationale du Crédit populaire, je vous accueille avec joie. Je remercie votre Président, Monsieur Giovanni De Censi, pour ses paroles cordiales.

Depuis sa fondation, votre organisation s’efforce en particulier de soutenir les petites et moyennes entreprises, aidant ainsi des structures de proximité qui jouent un rôle primordial dans le développement économique et démographique d’une région et d’un pays. Dans la situation présente qui est difficile, vous souhaitez participer à la lutte contre le chômage, pour que tous puissent avoir un travail et donc subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.

Les principes coopératifs que vous promouvez reflètent quelques- uns des enseignements fondamentaux de la doctrine sociale de l’Église, qui invite à respecter la dignité des travailleurs. Chaque entreprise devient ainsi une véritable communauté humaine, où tous les membres sont des partenaires à part entière et des protagonistes responsables, en vue de la construction d’une société plus juste et plus solidaire. L’origine de votre structure rappelle que l’on peut associer un système bancaire compétitif à des options mutualistes au service des personnes et du bien commun.

Depuis plusieurs décennies, la Confédération internationale du Crédit populaire poursuit son action, dans l’attachement à des valeurs spirituelles et morales fondamentales. Puisse-t-elle maintenir toujours cet esprit de service, pour que nos contemporains gardent espoir en l’avenir! En vous présentant mes voeux cordiaux pour une poursuite fructueuse de votre travail, j’invoque sur vous et sur les personnes qui vous sont chères les Bénédictions du Dieu tout-puissant.



AUX PARTICIPANTS DE LA CONFÉRENCE DE L'UNION INTERPARLAMENTAIRE


Monsieur le Président du Conseil de l’Union interparlementaire,
Messieurs,

C’est avec joie et reconnaissance que je vous accueille ici à l’occasion de la Conférence que vous tenez à Rome, ayant apprécié l’esprit qui anime votre rencontre et les informations que vous m’avez communiquées sur vos travaux.

En 1996, à l’occasion du Sommet des Chefs d’États et de Gouvernements sur l’alimentation organisé par la FAO, les membres de l’Union inter-parlementaire prirent l’engagement solennel de promouvoir les objectifs du Sommet, et, en particulier, de faire en sorte que, avant l’an 2015, on parvienne à réduire de moitié le nombre des personnes qui souffrent de malnutrition. Ils soulignèrent en outre la nécessité de mettre en place des cadres juridiques de référence aptes à orienter un développement de l’agriculture mondiale qui respecte l’environnement. Vous vous êtes maintenant réunis, au seuil du troisième millénaire, pour continuer votre examen des questions concernant la sécurité alimentaire et analyser les obstacles et les défis qui se présentent à cet égard.

L’ordre du jour de vos travaux s’articule sur trois thèmes concrets qui sont fondamentaux si l’on veut véritablement mettre en oeuvre les engagements du Sommet de 1996: comment arriver à des niveaux stables de sécurité alimentaire qui puissent accompagner la croissance de la demande, et comment faire pour que les diverses données économiques, comme la production, la distribution, le commerce international, la recherche scientifique, les investissements financiers, s’organisent en fonction de l’objectif qu’est la sécurité alimentaire pour tous? Comment maintenir une base adéquate de ressources communes (biodiversité, sols, pêche, eaux, forêts) et comment promouvoir le développement harmonieux du capital humain, technologique et financier? Quelles pourraient être les actions parlementaires nécessaires pour apporter des solutions, d’une part, aux problèmes immédiats de sécurité alimentaire et, d’autre part, aux causes les plus profondes de la pauvreté?

Il s’agit là d’un programme réaliste puisqu’il reconnaît l’interaction de tant d’éléments politiques, sociaux et économiques dans le développement et l’éventuelle solution du problème de la sécurité alimentaire; mais c’est aussi un programme ambitieux et généreux, parce qu’il reconnaît la capacité de l’homme à apporter une solution à tant de problèmes et qu’il fait fermement appel à votre action comme à celle de vos collègues pour atteindre de si nobles objectifs.

Je ne peux que me réjouir de telles initiatives et j’ai la ferme espérance qu’elles seront porteuses de nombreux fruits sous la forme de propositions et d’actions concrètes. La hiérarchie de l’Église catholique n’a pas pour mission de donner des solutions techniques spécifiques, mais elle a la tâche de soutenir sans cesse les hommes et les femmes de bonne volonté qui recherchent ces solutions en mettant librement en jeu toutes leurs ressources humaines et en prenant la part de responsabilités qu’exige leur rôle dans la société. L’Église, également, s’emploie à susciter le dialogue et la coopération afin que tous les acteurs de la vie sociale, en se stimulant mutuellement et en considérant avec sérénité les divers points de vue, trouvent les voies qui conduisent à des solutions rapides et efficaces.

Une perception adéquate de l’économie internationale doit permettre de satisfaire toujours et sans exception le droit à la nutrition de tous et chacun des habitants de la terre, selon les termes définis par les différents instruments internationaux. Les diverses circonstances qui entourent les catastrophes naturelles, les conflits internationaux ou les conflits civils ne doivent jamais être des excuses pour ne pas respecter cette obligation, qui engage non seulement les organisations internationales et les gouvernements des pays qui connaissent une situation d’urgence alimentaire, mais aussi, et d’une manière toute particulière, les États qui, par la miséricorde de Dieu, sont les dépositaires d’abondantes richesses et de moyens matériels.

La sécurité alimentaire permanente et universelle dépend d’un grand nombre de décisions politiques et économiques qui, le plus souvent, échappent complètement à ceux qui souffrent de la faim et qui, par contre, sont souvent liées à d’autres décisions politiques prises à l’intérieur de certains États en fonction de facteurs de pouvoir nationaux ou sectoriels. Une solidarité internationale bien comprise doit au contraire faire en sorte que toutes les décisions nationales et internationales puissent tenir compte des intérêts du pays et des nécessités extérieures, en évitant de se constituer en obstacle au développement des autres et en apportant toujours une contribution au progrès mondial, particulièrement à celui des pays moins développés.

Comment ne pas mentionner, dans ce contexte, le problème de la dette extérieure des pays les plus pauvres et celui de la difficulté qu’éprouvent de nombreux autres pays en voie de développement à accéder au crédit dans des conditions qui maintiennent et favorisent un développement humain et social équilibré? Votre programme de travail mentionne les questions financières et le problème de la dette comme des conditions de la sécurité alimentaire. Que Dieu éclaire les hommes politiques des pays plus favorisés afin qu’ils trouvent les moyens de prendre généreusement en charge les coûts des programmes internationaux d’allégement ou d’annulation pure et simple du poids si lourd qui écrase les populations les plus défavorisées de tant de régions du monde !

Au moment où étaient publiés la Déclaration du Sommet de Rome de 1996 et le Plan d’Action qui l’accompagnait, la Communauté internationale prit unanimement un certain nombre d’engagements dans tous les domaines de l’économie nationale et internationale propres à atteindre ses objectifs. Au cours des deux années qui ont suivi la Déclaration du Sommet mondial de l’Alimentation, de nombreux autres engagements ont été pris et des projets internationaux élaborés, afin d’éliminer la pauvreté extrême et d’affronter de manière appropriée les charges financières qui pèsent sur les plus pauvres. Il est bien évident que les déclarations politiques internationales, tout comme les instruments juridiques multilatéraux, sont sans effet tant qu’ils ne sont pas soutenus par une législation nationale efficace et par une volonté politique de les mettre en oeuvre.

C’est pourquoi votre dialogue et vos échanges d’expériences entre représentants de pouvoirs législatifs de tant de nations et de régions du monde sont un signe réconfortant d’espérance. La connaissance et la compréhension des réalités d’autres pays ou régions du monde ne peuvent qu’apporter une contribution à la mondialisation de la solidarité. En même temps, avec l’aide de Dieu Tout-Puissant, votre rencontre pourra être aussi un moyen supplémentaire pour favoriser un changement dans les motivations les plus profondes des décisions politiques, de telle sorte que, au lieu de se laisser guider par un style de vie hédoniste et par une soif égoïste et démesurée de consommation, les coeurs des hommes et des femmes s’orientent toujours selon une claire perception de leurs responsabilités sociales, même envers leurs frères et soeurs les plus pauvres qui vivent dans les régions les plus éloignées et les plus oubliées de la planète.

En demandant à l'Esprit Saint de vous guider dans les tâches que vous accomplissez au service des hommes, je vous accorde de grand coeur la Bénédiction apostolique, ainsi qu'à tous ceux qui vous sont chers.



MESSAGE DU SAINT-PÈRE À SA SAINTETÉ BARTHOLOMAIOS Ier, ARCHEVÊQUE DE CONSTANTINOPLE, PATRIARCHE OECUMÉNIQUE

À Sa Sainteté Bartholomaios Ier
Archevêque de Constantinople
Patriarche oecuménique

«Paix aux frères, amour et foi de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ» (Ep 6,23).

La fête de l’Apôtre André, frère de Pierre, fête que nos Églises célèbrent le même jour, constitue pour moi une nouvelle et joyeuse occasion d’adresser à Votre Sainteté, au Saint Synode et à tous les fidèles du Patriarcat oecuménique mon salut fraternel.

La délégation que j’ai envoyée pour cette heureuse circonstance s’unira à vous dans la prière pour invoquer, par l’hymne de ce jour, l’intercession de saint André «le protoclète et frère du coryphée» afin que «le Seigneur tout-puissant accorde la paix à l’oekoumène et à nos âmes sa grande miséricorde» (Apolytikion).

La célébration des Apôtres renvoie notre pensée au commandement que nous donna le Seigneur de transmettre à tous les hommes et en tous temps l’Évangile, «leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit» (Mt 28,20).

La foi apostolique, la tradition apostolique, la mission apostolique, mettent en relief l’urgence pressante de dépasser les divergences et les difficultés qui nous empêchent encore d’atteindre la pleine communion, pour offrir au monde un témoignage plus marquant de paix et d’unité. Sur le chemin vers l’unité, parfois rude et escarpé, nous puisons notre force dans la prière même du Seigneur Jésus Christ pour son Église et dans la puissance de l’Esprit Saint qui, toujours, vient en aide à nos faiblesses et nous donne l’espérance. Ces mêmes difficultés peuvent cependant être une occasion de croissance spirituelle et de progrès vers l’unité.

Le dernier dimanche de ce mois de novembre, veille de la fête de saint André, l’Église de Rome entrera dans la dernière année de préparation du Jubilé de l’An 2000. Le Jubilé par lequel nous commémorons l’incarnation du Verbe de Dieu, Seigneur et Sauveur du monde, représente un moment particulier pour renouveler notre engagement commun à annoncer ensemble aux hommes que Jésus Christ est le Seigneur, comme l’ont fait les Apôtres et avec eux les frères Pierre et André, apôtres et martyrs.

Dans ces sentiments de foi, de charité, de communion et de paix, j’assure Votre Sainteté de mon affection fraternelle dans le Seigneur.

Du Vatican, le 25 novembre 1998


À Son Excellence Monsieur Didier OPERTTI BADÁN

Président de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies


Il m'est particulièrement agréable de m'associer par ce Message à la célébration du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'homme par l'Organisation des Nations unies, dépositaire de l'un des documents les plus précieux et les plus significatifs de l'histoire du droit.

Je le fais d'autant plus volontiers que, dans une Constitution solennelle du Concile Vatican II, l'Église catholique n'a pas hésité à affirmer qu'elle-même, partageant “les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps”, demande aussi que l'on “élimine, comme contraire au dessein de Dieu..., toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux de la personne” (Gaudium et spes GS 1 et 29).

En proclamant un certain nombre de droits fondamentaux qui appartiennent à tous les membres de la famille humaine, la Déclaration a contribué de manière décisive au développement du droit international, elle a interpellé les législations nationales et permis à des millions d'hommes et de femmes de vivre plus dignement.

Et cependant, celui qui regarde le monde d'aujourd'hui ne peut que le constater : ces droits fondamentaux proclamés, codifiés et célébrés sont encore l'objet de violations graves et continues. Cet anniversaire est donc pour chacun des États qui se réfèrent volontiers au texte de 1948 un appel à un examen de conscience.

Trop souvent, en effet, s'affirme la tendance de certains à choisir au gré de leurs convenances tel ou tel droit en laissant de côté ceux qui contrarient leurs intérêts du moment. D'autres n'hésitent pas à isoler de leur contexte des droits particuliers pour mieux agir à leur guise, confondant souvent liberté avec licence, ou pour s'assurer des avantages qui font bien peu de cas de la solidarité humaine. De telles attitudes menacent sans aucun doute la structure organique de la Déclaration, qui assortit tout droit d'autres droits, d'autres devoirs et limites, requis par un ordre social équitable. En outre, elles conduisent parfois à un individualisme exacerbé qui peut entraîner les plus forts à dominer les faibles et atténuer ainsi le lien solidement établi par le texte entre liberté et justice sociale. Évitons donc qu'avec les années qui passent ce texte fondateur ne soit plus qu'un monument que l'on admire ou, pire, un document d'archives !

Voilà pourquoi je désire répéter ce que je disais lors de ma première visite au siège de votre Organisation, le 2 octobre 1979 : “Si on en venait à oublier ou à négliger les vérités et les principes contenus dans ce document, en perdant l'évidence originelle dont ils resplendissaient au moment de sa naissance douloureuse, alors la noble finalité de l'Organisation des Nations unies, c'est-à-dire la vie en commun des hommes et des nations, pourrait se trouver de nouveau face à la menace d'une nouvelle ruine” (n. 9). Vous ne vous étonnerez donc pas si le Saint-Siège s'associe volontiers à la déclaration du Secrétaire général qui affirmait récemment que cet anniversaire fournit l'occasion de “se demander non seulement comment la Déclaration universelle des Droits de l'homme peut protéger nos droits, mais comment nous pouvons protéger adéquatement la Déclaration” (Kofi Annan à la Commission des Droits de l'homme, Genève, 23 mars 1998).

Le combat pour les droits de l'homme constitue donc encore un défi à relever et il demande de la part de tous persévérance et créativité. Si, par exemple, le texte de 1948 a réussi à relativiser une conception rigide de la souveraineté de l'État qui le dispenserait de rendre compte de son comportement à l'égard des citoyens, on ne peut actuellement nier que d'autres formes de souveraineté sont apparues. Nombreux sont, en effet, aujourd'hui les acteurs internationaux, personnes ou organisations, qui, en réalité, jouissent d'une souveraineté comparable à celle d'un État et qui influencent de manière décisive la destinée de millions d'hommes et de femmes. Il conviendrait donc de trouver les moyens appropriés pour être sûr qu'eux aussi appliquent les principes de la Déclaration.

Il y a cinquante ans, en outre, le contexte politique de l'après-guerre ne permit pas aux auteurs de la Déclaration de la doter d'une base anthropologique et de références morales explicites, mais ils savaient bien que les principes proclamés se seraient vite dévalorisés si un jour la communauté internationale ne cherchait pas à les enraciner dans les diverses traditions nationales, culturelles et religieuses. C'est peut-être la tâche qui nous incombe maintenant pour servir fidèlement l'unité de leur vision et promouvoir une légitime pluralité dans l'exercice des libertés proclamées par ce texte, tout en assurant en même temps l'universalité et l'indivisibilité des droits dont il les assortit.

Promouvoir cette “conception commune” à laquelle se réfère le Préambule de la Déclaration et lui permettre de devenir de plus en plus la référence ultime où la liberté humaine et la solidarité entre les personnes et les cultures se rencontrent et se fécondent mutuellement, tel est le défi à relever. C'est pourquoi mettre en doute l'universalité, voire l'existence, de certains principes fondamentaux équivaudrait à miner tout l'édifice des droits de l'homme.

En cette fin de l'année 1998, nous voyons autour de nous trop de frères et de soeurs en humanité terrassés par des calamités naturelles, décimés par la maladie, prostrés dans l'ignorance et la pauvreté ou victimes de guerres cruelles et interminables. À côté d'eux, d'autres plus nantis semblent à l'abri de la précarité et jouissent parfois avec ostentation du nécessaire et du superflu. Qu'est devenu le droit à ce que “règne sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente déclaration puissent y trouver plein effet” (art. 28) ? La dignité, la liberté et le bonheur ne seront jamais complets sans la solidarité. C'est bien ce que nous enseigne l'histoire tourmentée de ces cinquante dernières années.

Recueillons donc ce précieux héritage et faisons-le surtout fructifier pour le bonheur de tous et pour l'honneur de chacun de nous!

En priant avec ferveur pour que se développent la fraternité et la concorde entre les peuples que vous représentez, j'invoque sur tous l'abondance des Bénédictions de Dieu.

Du Vatican, le 30 novembre 1998.

Décembre 1998


À L'OCCASION DE LA VISITE AD LIMINA DES ÉVÊQUES DE PAPOUASIE-NOUVELLE GUINÉE ET ILES SALOMON

Mardi 1er décembre 1998



Chers frères dans l'épiscopat,

1. Avec l'encouragement qui est en Jésus-Christ (cf. Ph Ph 2,1), je vous salue, Evêques de Papouasie-Nouvelle Guinée et des Iles Salomon qui veillez à «la maison de Dieu - je veux dire l'Eglise du Dieu vivant -: colonne et support de la vérité» (1Tm 3,15). Vous êtes ici à l'occasion de votre visite ad limina, auprès des tombes des Apôtres qui nous rappellent la grande vérité de Pâques, selon laquelle de la Croix de Jésus-Christ jaillit la joie de la vie nouvelle. En ces jours de l'Assemblée spéciale pour l'Océanie du Synode des Evêques, vous réfléchissez sur la nouveauté de la vie dans le Christ, Lumière des Nations, et sur la responsabilité qui est la vôtre en tant que Successeurs des Apôtres de communiquer cette vie au peuple qui est confié à votre soin pastoral. Je prie pour que cela soit un temps de renouveau spirituel pour chacun de vous, dans la grâce et la force de l'Esprit Saint.

Votre présence nous rappelle l'histoire remarquable de la plantatio ecclesiae en Mélanésie. Il n'y a qu'un peu plus de trente ans que les premiers diocèses ont été établis, et pourtant, l'histoire à la fois avant et après cette date a été marquée par un témoignage et une oeuvre héroïques, en premier lieu de la part des prêtres missionnaires et des religieux et religieuses qui ont tout quitté pour annoncer le Christ et servir les peuples de votre région. Ils sont venus de nombreux pays et instituts différents et, unis dans la foi, ont planté une semence dans le coeur de votre peuple qui produira une récolte éternelle. Certains sont morts en martyrs et c'est surtout pour ce sacrifice que nous rendons gloire à Dieu qui «essuiera toute larme de leurs yeux» (Ap 7,17). Mais les missionnaires étrangers ne sont pas les seuls à avoir offert leur vie au Christ: il y a aussi la figure inoubliable du bienheureux Peter To Rot, le premier fruit de la foi de vos terres, présenté maintenant à l'Eglise dans le monde comme un exemple de fidélité à Dieu.

2. La croissance spirituelle de vos Eglises particulières nous procure de la joie à tous. Pourtant, vous parlez également des difficultés des fidèles que Dieu vous a confiés. Il y a les désastres naturels, dont le plus récent, le raz-de-marée à West Sepik a été le plus dévastateur, provoquant la mort de milliers de personnes et laissant au pays une tâche immense de reconstruction humaine et matérielle. J'invoque une fois de plus la solidarité de l'Eglise pour les personnes touchées, et je renouvelle mon appel à la Communauté internationale, afin qu'elle offre l'assistance qui est encore urgente.

Nous pouvons peu faire pour prévenir les catastrophes naturelles, mais il existe d'autres souffrances provoquées par les êtres humains et donc sujettes au contrôle humain. Vos rapports mentionnent une vague croissante de violence et de division qui rendent difficile l'édification d'une société fondée sur la notion et la pratique du bien commun. La guerre à Bougainville est sans doute terminée, mais les blessures demeurent. Et le processus de guérison sera long et difficile. La menace de la délinquance est devenue plus implacable et grave, en particulier dans les villes. Le tribalisme, avec l'esprit de vengeance qu'il engendre, demeure également un problème profondément enraciné et difficile à résoudre. La corruption, sous ses multiples formes, est un autre type de violence qui n'est pas moins réel et destructeur car ses symptômes sont souvent moins visibles. Pourtant, il existe un autre type de violence: celle spirituelle causée par les sectes religieuses qui prolifèrent dans les moments de difficultés et qui se nourissent des attentes et des craintes des personnes.

3. Cette situation reflète une certaine crise des traditions de vos cultures, qui a pour conséquence l'affaiblissement des structures et des institutions qui ont conféré leur stabilité aux sociétés traditionnelles et qui leur ont transmis les valeurs qui sont à leur origine. La plus importante d'entre elles est la famille qui a été l'objet de nombreuses pressions récemment et qui est toujours le premier lieu où les symptômes de malaise social apparaissent. Il existe également un chômage diffus, qui frustre et fait naître des sentiments de colère chez de nombreux jeunes, ayant peu d'estime d'eux-mêmes et guère d'espérance pour l'avenir. Mais rien de cela ne vous est inconnu, chers frères: en effet, ce sont précisément là les maux des personnes que vous conduisez au Christ chaque jour dans la prière et sur lesquelles vous réfléchissez au cours du Synode. Dans une situation culturelle aussi diversifiée que la vôtre, il n'est jamais aisé de surmonter les divisions et de combattre la violence; pourtant, la promotion de l'harmonie et d'une culture du bien commun est profondément liée à la vérité de l'Evangile et exige votre direction spirituelle sage et dynamique.

Face à la violence et à la division, il existe toujours la tentation de répondre de la même façon, et c'est précisément cette logique qui engendre les nombreux problèmes qui frappent actuellement votre peuple. La violence et la division semblent être fortes et semblent être victorieuses aujourd'hui. Mais l'Evangile du Christ crucifié insiste sur le fait qu'en réalité, elles sont toujours faibles et toujours vaincues. Saint Paul parle de la logique de la Croix dans toute sa force paradoxale: «Lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort» (2Co 12,10). Ce que le Christ veut pour la Papouasie-Nouvelle Guinée et les Iles Salomon, est la véritable force et la véritable victoire, la victoire de la grâce sur le péché et de l'amour sur tout ce qui sépare les personnes.

4. La première phase de l'évangélisation de vos terres fut lente et exigea de grands sacrifices; et cela est également vrai pour la nouvelle phase qui a lieu actuellement. L'étape actuelle de l'évangélisation exige une attention importante à la catéchèse et à l'éducation, si elle doit s'assurer que les racines de l'Evangile s'implantent dans la bonne terre du «champs de Dieu» (1Co 3,9). Cette tâche exige un effort important, en particulier dans trois domaines étroitement liés entre eux: la famille, les jeunes, et les responsables des communautés.

Les familles ont besoin d'un plus grand soutien dans les situations de tensions qu'elles connaissent et ce soutien comporte non seulement l'aide dans les moments de crise, mais également une éducation soutenue dans les valeurs et les pratiques qui forment la vision catholique du mariage et de la vie familiale. Il y eut une époque où, en dépit de la persistance de la polygamie, les valeurs et les pratiques traditionnelles assuraient une certaine stabilité des familles dans vos cultures, mais dans les villes en particulier, ce n'est plus le cas; et cela peut créer un vide qui déstabilise la famille et donc menace les bases mêmes de la société. Dans de telles situations, vous êtes appelés à accomplir de grands efforts d'éducation pour soutenir la cellule de base de la société humaine. Cela doit être une éducation qui commence à l'école, qui atteint son point culminant en particulier dans la préparation au mariage et qui continue tout au long de la vie de couple et en particulier en ce qui concerne l'initiation chrétienne des enfants. Dans cette tâche, les institutions de l'école catholique et des paroisses conservent une importance fondamentale.

5. Il faut apprendre aux jeunes non seulement à obtenir «du succès», mais à vivre des vies véritablement chrétiennes: de grâce et de sainteté dans leur relation avec Dieu, et de vérité et d'amour dans toutes les relations humaines. La figure du bienheureux Peter To Rot démontre clairement que cela est possible. Les jeunes doivent sentir qu'ils ont un rôle et une responsabilité dans la vie de l'Eglise. Ils devraient être conduits peu à peu à une connaissance profonde de ce qu'enseigne l'Eglise: sa foi et sa doctrine sociale, en particulier en ce qui concerne le bien commun. Ils devraient apprendre la valeur suprême de la vie humaine et la dignité absolue de la personne humaine d'une façon qui encourage une véritable estime de soi. Il faudrait leur enseigner à prier d'une façon qui leur permette de placer leurs espoirs en Dieu plutôt qu'en ce qui ne dure pas. Et tout cela doit être fait d'une façon qui tienne compte non seulement des désirs universels du coeur humain, mais également des besoins culturels particuliers de vos jeunes.

C'est de cette formation que naîtront les vocations à la vie sacerdotale et religieuse, dont vos diocèses ont aujourd'hui plus que jamais besoin, tandis que la prochaine étape de l'évangélisation dans vos sociétés est en cours et que le nombre de missionnaires étrangers diminue. La tâche peut sembler immense, mais «l'amour du Christ nous presse» (2Co 5,14). Tout ce que vous faites pour l'éducation des jeunes en Papouasie-Nouvelle Guinée et aux Iles Salomon est d'une immense valeur pour eux, pour l'Eglise et pour la société tout entière.

6. Une bonne éducation exige de bons enseignants; c'est pourquoi la formation des responsables de l'Eglise - prêtres, religieux et catéchistes - est si importante pour vos Eglises particulières. Dans les séminaires et les maisons religieuses de formation, tous les efforts doivent être entrepris pour assurer la meilleure introduction possible à la vie sacerdotale et religieuse, en puisant aux ressources de l'Eglise universelle et aux richesses des cultures locales. Dans ma récente Encyclique Fides et ratio, j'ai souligné clairement que sans une solide formation intellectuelle, la foi tombe rapidement dans le mythe et la superstition, qui constituent toujours un terrain fertile pour la violence et la division. La foi a besoin du travail de la raison si elle veut créer une culture de respect pour la vie et la dignité humaines, de justice et de solidarité dans les affaires humaines, et d'engagement pour le bien commun. Si cela est vrai de la formation initiale, cela est également vrai pour l'éducation permanente qui est nécessaire pour soutenir les prêtres et les religieux parmi toutes les situations de tension auxquelles ils doivent faire face. Dans toutes les cultures aujourd'hui, les prêtres et les religieux ont besoin d'une formation qui dure toute la vie et qui soit adaptée aux différentes étapes de leur itinéraire. Cela est particulièrement nécessaire lorsque des éléments de la culture populaire rendent difficile le respect tout au long de la vie de l'engagement au célibat.

7. Chers frères, nous enseignons avant tout, à travers notre témoignage: qui nous sommes et ce que nous sommes est décisif. Cela est vrai au plus haut point pour l'Evêque, mais cela est également vrai pour tous ceux qui enseignent au nom du Christ: parents, prêtres, enseignants, catéchistes, responsables des jeunes. Les saints et les martyrs représentent les grands maîtres de l'Eglise, car ils offrent un témoignage que rien ne peut égaler: ils enseignent à travers leur don total, à travers leur sang. L'histoire de l'Eglise en Papouasie-Nouvelle Guinée et aux Iles Salomon est peut-être récente, mais la liste des martyrs est longue; certains d'entre eux sont très connus, d'autres pas du tout. Ils ne doivent pas être oubliés, car ils représentent les témoins suprêmes de la sagesse de la Croix de Jésus-Christ (cf. 1Co 1,18-25). Que leurs noms soient rappelés et leur histoire racontée avec une nouvelle compréhension et joie tandis que l'Eglise s'avance vers le grand Jubilé de l'An 2000. Ces hommes et ces femmes sont à la fois la grande gloire de votre passé et la promesse certaine de votre avenir. Dans le même esprit, je vous invite également à encourager et à soutenir la vie contemplative dans vos Eglises particulières. Ceux qui suivent le chemin de la contemplation dans la vie monastique vivent une sorte de martyre, et dans leur silence et leur dépouillement, ils transmettent un type d'enseignement particulièrement nécessaire aujourd'hui. La tâche qui attend l'Eglise en Papouasie-Nouvelle Guinée et dans les Iles Salomon est vaste et complexe. Mais dans notre faiblesse, le Saint-Esprit vient nous aider (cf. Rm 8,26), s'immisçant au plus profond de notre coeur et nous renouvelant. Puisse le feu de son amour dans le coeur des fidèles transformer toutes les douleurs en joies et inspirer le grand hymne de louange qui est toujours le chant de l'Eglise.

Puisse la Mère du Christ, Etoile de la Mer et Etoile de l'Evangélisation, veiller sur vous et vous guider tandis que vous vous acheminez avec votre peuple vers le refuge de paix que Dieu a préparé pour lui. En signe de ma joie éternelle dans le Christ, qui est toujours «le Chemin, la Vérité, la Vie» (cf. Jn 14,6), je vous donne cordialement, ainsi qu'à vos prêtres, vos religieux et vos fidèles laïcs, ma Bénédiction apostolique.


Discours 1998 - 31 octobre 1998