Homélies St Jean-Paul II 476


CÉLÉBRATION MARIALE DANS LA CATHÉDRALE DE «NOTRE-DAME DE LA PAIX»

N’Djamena (Tchad)
Mardi, 30 janvier 1990



Chers Frères et Soeurs,

1. Laissez-moi vous dire toute ma joie d’être au milieu de vous et de pouvoir vous exprimer de vive voix l’affection que je vous porte. Je suis particulièrement heureux que mon premier contact avec l’Eglise qui est au Tchad ait lieu sous les auspices de Notre-Dame de la Paix. De tout coeur, je confie à Marie cette rencontre et celles qui vont suivre afin qu’en Mère attentive elle nous aide à rechercher ce qu’il y a de meilleur pour la bonne santé spirituelle de ses enfants tchadiens, que nous placerons ensemble sous sa maternelle protection au terme de cette célébration en son honneur.

2. Votre pays a connu bien des souffrances: souffrances dues à la sécheresse et à la famine; souffrances des douloureuses années de guerre; souffrances causées récemment par la catastrophe aérienne qui a endeuillé vos familles et privé la communauté diocésaine de Moundou de son pasteur, Monseigneur Balet.

Aussi est-ce avec émotion qu’en arrivant j’ai posé mes lèvres sur votre terre, que je vois maintenant cette ville de N’Djaména renaître de ses ruines et que je découvre ce soir votre cathédrale parée de jeunesse et de lumière. Béni soit Dieu pour la joie qu’il nous donne d’être ici rassemblés!

3. Après l’épreuve, voici que le pays est engagé délibérément sur la route du renouveau. Généreusement et avec beaucoup de dynamisme, les Tchadiens ont pris le chemin de l’unité et de la paix. Je souhaite que cette paix se consolide et qu’elle apporte à tous le bonheur, dans une recherche persévérante du pardon et de la réconciliation. Je souhaite que vous gardiez l’espérance bien vivante dans vos coeurs, car le Seigneur vous aime et il est avec vous. Comme saint Paul, je vous dis: “ Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce, priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre coeur et votre intelligence dans le Christ Jésus ” (Ph 4,6-7).

4. Faites confiance à la vie, faites-vous confiance les uns aux autres, afin de rebâtir avec tous les hommes de bonne volonté un Tchad plus beau, un Tchad réconcilié, un Tchad uni dans la paix. Fils et filles du Tchad, travaillez ensemble, dans la patience qui est une grande vertu tchadienne, à faire de ce pays une terre où l’on soit heureux de vivre. Et surtout, gardez l’espérance, comme Marie qui a cru la première, qui a espéré contre toute espérance, qui nous précède et nous entraîne dans notre pèlerinage, en nous orientant toujours vers son Fils.

5. En votre qualité de baptisés, vous avez une tâche spécifique à remplir au milieu de vos frères et de vos soeurs du Tchad. Vous êtes appelés à être des signes de l’amour du Christ. A l’exemple de Notre-Dame qui voulut rester humble servante, cet amour doit se traduire par le service.

477 6. Votre Eglise est encore jeune, puisque les premiers missionnaires catholiques arrivèrent au Tchad il y a seulement soixante ans. Et voici qu’elle compte déjà un fils du pays parmi les membres de la Conférence épiscopale. Cinq diocèses ont pu être érigés. Le nombre des vocations sacerdotales s’accroît. La vie religieuse commence à se développer. Bref, le Tchad est une bonne terre et cela vaut la peine d’y semer largement. C’est ce qu’ont fait et font encore les prêtres, les religieux et les religieuses ainsi que les laïcs venus d’autres pays. Au nom des catholiques tchadiens, je les remercie de leur apostolat dévoué et de leur zèle à se lancer sur des centaines de kilomètres de piste pour former des catéchistes, animer des dispensaires, enseigner les langues, ouvrir des ateliers, engager des rapports vrais avec les populations tchadiennes, qui sont sensibles aux marques de dévouement désintéressé.

Continuez à semer dans la bonne terre tchadienne! Continuez aussi à rendre les chrétiens attentifs à l’important question des vocations sacerdotales et religieuses, car il faut songer à la relève des agents pastoraux. Aidez les communautés à découvrir le rôle qu’elles ont à jouer pour l’éclosion de généreuses vocations autochtones ainsi que pour le soutien matériel de ceux et de celles qui répondent à l’appel de Dieu.

7. Votre Eglise a grandi très vite. Peut-être le message évangélique n’a-t-il pas eu encore le temps d’être suffisamment assimilé par l’ensemble des baptisés. Aussi faut-il poursuivre l’annonce de la Bonne Nouvelle. Laissez-moi vous inviter à ouvrir largement vos coeurs au message chrétien à l’exemple de Notre-Dame qui retenait les événements de la vie du Christ “ et les méditait dans son coeur ” (
Lc 2,19).

Vous avez appris que l’an dernier, en la fête de l’Epiphanie du Seigneur, j’ai annoncé la convocation d’une Assemblée spéciale du Synode des Evêques pour l’Afrique. Je vous encourage à participer à la préparation de ce grand événement, qui redonnera vigueur à l’évangélisation sur votre continent, à la veille du troisième millénaire.

Chers Fils et Filles, aidez-vous les uns les autres à découvrir des modes de vie qui intègrent davantage encore les valeurs déjà présentes ici: acceptation et accueil mutuels, pardon, entraide et solidarité. Que la lumière de l’Evangile pénètre toutes les activités humaines: la politique, l’économie, la famille, la santé, la culture, la science, les rapports entre les hommes!

8. Je me réjouis que beaucoup d’entre vous, répondant aux invitations de vos Evêques, aient mis leur personne et leur compétence au service des réalités du pays: jardins d’enfants, écoles primaires, collèges et lycées, bibliothèques, foyers de jeunes, centres de formation professionnelle, centres pour handicapés ou aveugles. Votre participation à l’effort commun de développement, votre présence dans les diverses associations au service de tous dans les hôpitaux, les dispensaires, les groupements de paysans qui veulent améliorer la vie de leur village, tout cela bâtit l’avenir et redonne espoir à ceux qui seraient tentés par le découragement. En agissant ainsi, vous êtes des signes de l’amour du Christ. Continuez sur cette voie.

Je vous y encourage au nom du Seigneur qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir.

9. C’est par l’action irremplaçable des chrétiens laïcs que l’Eglise peut apporter sa contribution au développement de la nation. La société tchadienne de demain sera ce que les Tchadiens eux-mêmes veulent en faire aujourd’hui. Un pays porte l’image des convictions de ses bâtisseurs. Voilà pourquoi il est important que l’Eglise soit présente sur les chantiers du monde, et c’est à partir des laïcs que l’Eglise peut être un principe vitalisant de la société humaine. Ainsi, le chrétien laïc est appelé à devenir une présence de l’Eglise dans le monde, dans la famille, dans le milieu de travail, dans les responsabilités sociales. Et ce qui le mobilise dans la construction d’une nation, c’est le commandement nouveau d’aimer comme le Christ lui-même nous a aimés (cf. Jn 13,34). L’amour de tout homme, créé à l’image de Dieu, permet de vaincre les obstacles au développement et d’élargir les coeurs au-delà de la famille ou du clan pour atteindre la dimension de la nation.

Pour s’engager sur ce chemin de la charité, chacun a besoin d’une conversion personnelle et d’un renouvellement spirituel qui s’enracine dans la prière. C’est la prière qui féconde l’action pour le développement car elle fait des chrétiens une “ lumière dans le Seigneur ” et elle les aide à se conduire en “ enfants de lumière ” (cf. Ep 5,8). Nourrissez-vous également de la Parole de Dieu. C’est cela qui vous rendra sages et vous communiquera un art de vivre chrétiennement au milieu des hommes.

Efforcez-vous d’être des témoins de l’amour du Christ en mettant sa Parole de Vie en pratique.

Lorsque vous aidez votre prochain, quel qu’il soit, vous annoncez la Bonne Nouvelle du Christ, qui rend possible la fraternité universelle.

478 Lorsque vous visitez un malade, vous êtes signe de la compassion du Christ à l’égard de tous ceux qui souffrent.

Lorsque vous pardonnez, même à votre pire ennemi, vous êtes un signe du pardon du Christ, qui n’a jamais de haine dans son coeur. Lorsque vous refusez d’accuser quelqu’un sans preuve, vous annoncez la venue du Royaume de Dieu et sa justice, et nul n’en est exclu.

Lorsque, époux chrétiens, vous demeurez fidèles dans le mariage, vous êtes un encouragement pour tous et un signe de l’alliance éternelle d’amour entre Dieu et les hommes.

Lorsque, jeunes gens et jeunes filles, vous vous gardez pour celui ou celle qui sera votre conjoint, vous témoignez de la valeur unique d’un amour à construire.

Lorsque vous rayonnez le Christ, vous éveillez le désir du don total à son service et vous suscitez de nouvelles vocations sacerdotales et religieuses.

Lorsque, dans la lumière, vous appelez mal ce qui est mal et refusez de la faire, vous êtes les témoins du Christ-Lumière.

10. Que Notre-Dame de la Paix vous aide à être pour vos frères et pour vos soeurs des hommes et des femmes de lumière, des artisans de paix et de réconciliation, qui sachent être les bâtisseurs d’un monde plus juste et plus fraternel pour le bonheur de tous les habitants du Tchad, que nous allons ensemble lui confier

MESSE AU «STADE DE LA PAIX»

Moundou (Tchad)
Mercredi, 31 janvier 1990



Chers Frères et Soeurs,

1. Laissez-moi vous dire toute la joie que je ressens d’être aujourd’hui à Moundou, berceau de l’Eglise catholique au Tchad, pour vous rencontrer et célébrer avec vous l’Eucharistie.

479 Je remercie vivement Monseigneur Charles Vandame, Administrateur Apostolique du diocèse, des paroles de bienvenue qu’il m’a aimablement adressées au début de cette messe. Je salue cordialement Monseigneur Jean-Claude Bouchard, évêque du diocèse voisin de Pala, et Monseigneur Michel Russo, évêque du nouveau diocèse de Doba, ainsi que leurs nombreux diocésains venus se joindre à cette célébration.

Je salue respectueusement les Autorités civiles qui nous font l’honneur de leur présence.

Enfin, mes salutations cordiales vont vers vous tous, fils et filles de l’Eglise catholique ici rassemblés, et, à travers vous, c’est tout le Peuple de Dieu de ce grand pays que je salue avec affection.

Au moment de méditer ensemble la Parole de Dieu qui nous a été proclamée, je voudrais d’abord faire mémoire du cher Monseigneur Gabriel Balet, votre vénéré pasteur, homme de prière et de communion, qui fut l’une des victimes de la tragédie aérienne du 19 septembre dernier. Aux familles en deuil et à la communauté diocésaine, j’exprime à nouveau et de tout coeur ma profonde sympathie.

Vous serez fidèles à l’exemple de votre pasteur regretté si, prêtres et laïcs, vous continuez à bâtir l’Eglise à Moundou d’un seul coeur et d’une seule âme en union avec l’évêque que j’ai la charge de vous donner.

La première lecture de cette messe nous a présenté l’Apôtre Pierre venant chez un centurion de l’armée romaine, nommé Corneille, pour y parler de Jésus-Christ. Pierre, conduit par l’Esprit Saint, prit la parole et exposa ce qui s’était passé « à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean » (
Ac 10,37).

Pierre rend visite à Corneille, qui est païen et n’appartient donc pas à la maison d’Israël. Et Pierre déclare: « En vérité, je le comprends, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste » (Ac 10,34-35). Corneille, le centurion romain, fait partie de ces adorateurs et de ces hommes justes. Dieu lui a donné la grâce de la foi et, témoin de l’oeuvre de l’Esprit Saint en cet homme, l’Apôtre Pierre lui donne le baptême.

2. «Pierre e di da tugu Corneille jodi alo go ba kunno kei» («Pierre va chez Corneille annoncer la bonne nouvelle de Dieu»).

Aujourd’hui, c’est le successeur de Pierre, l’Evêque de Rome qui vient chez vous. Vous qui êtes baptisés au nom de la Très Sainte Trinité et aussi vous qui vous préparez à recevoir le baptême.

Comme l’Apôtre Pierre, son successeur sur le siège de Rome vient vous annoncer la Bonne Nouvelle de la paix, par Jésus-Christ. « C’est lui, Jésus, qui est le Seigneur de tous » (Ac 10,36).

Vous aussi, vous connaissez Jésus de Nazareth, comme ont appris à le connaître ceux qui écoutaient Pierre chez Corneille. « Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force » (Ac 10,38). Il a passé sa vie à faire le bien. Plein de bonté et de miséricorde, il a guéri ceux qui souffraient de maux divers et « ceux qui étaient sous le pouvoir du démon » (Ac 10,38). Après avoir formé ses disciples pendant trois ans, il fut trahi et condamné, il livra sa vie sur la croix pour le salut du monde. Il est ressuscité le troisième jour.

480 Retourné près de Dieu le Père après avoir accompli sa mission, le Rédempteur nous a laissé son Esprit pour poursuivre son oeuvre en annonçant l’Evangile de paix aux hommes de tous les temps, jusqu’aux extrémités de la terre. Ceux qui croient en Jésus-Christ, réunis en son Eglise, veulent apporter au monde la lumière de son message. Les disciples tchadiens du Christ, qui forment les Eglises particulières de N’Djaména, de Moundou, de Pala, de Sarh et de Doba, ont pour mission de témoigner, à leur tour, de Jésus-Christ, Seigneur ressuscité, qu’ils souhaitent faire connaître et faire aimer autour d’eux, pour le bien de ceux et de celles qui vivent sur cette terre tchadienne et pour le bien de toute la famille des hommes.

3. Parce que vous avez connu Jésus de Nazareth, vous avez cru en lui, comme ont cru les auditeurs de Pierre à Jérusalem, le jour de la Pentecôte, comme ont cru aussi les membres de la famille du Romain Corneille.

Vous avez cru parce que l’Esprit Saint est descendu sur vous (cf. Ac
Ac 10,44) quand vous avez écouté l’enseignement des missionnaires sur Jésus-Christ. L’Esprit Saint a ouvert vos coeurs et vos consciences. Il a parlé à chacun en offrant la vie de la grâce.

Vous avez écouté le Christ, que Dieu «a choisi comme Juge des vivants et des morts» (Ac 10,42). En accueillant le Christ, vous avez obtenu la rémission des péchés. A partir de ce moment-là, vous édifiez sur lui une vie nouvelle. Bâtissez cette vie nouvelle «sur le roc».

Jésus-Christ vous a parlé « en homme qui a autorité » (Mt 7,29), comme quelqu’un « qui a les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68). Construisez votre vie sur lui. Construisez-la en vue de la vie éternelle.

4. Par le baptême, vous êtes entrés dans l’Eglise, qui est la grande famille du Peuple de Dieu répandue sur toute la terre. Aussi, vous qui vivez au Tchad, sachez bien que vous n’êtes pas isolés mais que vous êtes les pierres vivantes d’une immense édifice spirituel. Des liens vous unissent à tous ceux qui écoutent la Parole de Dieu dans les autres pays d’Afrique, d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Océanie, sur tous les continents et dans les îles situées au milieu des océans.

L’Evêque de Rome, qui est avec vous aujourd’hui en sa qualité de successeur de Pierre, rend témoignage à cette unité universelle de l’Eglise sur toute la terre. Il vous exhorte à donner vous-mêmes le témoignage de l’unité, à rassembler les forces complémentaires du presbyterium et des fidèles. Ainsi vous contribuerez avec générosité et dynamisme à l’avènement du Royaume de Dieu en terre tchadienne.

5. En arrivant au Tchad, les premiers missionnaires ont eu comme souci prioritaire de trouver des collaborateurs dans l’oeuvre de l’évangélisation. Ils ont formé des catéchistes pour transmettre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ dans vos langues traditionnelles.

Des hommes et des femmes ont reçu la Parole de Dieu de la bouche de ces catéchistes, animateurs dévoués et efficaces des communautés chrétiennes. Ils sont à l’ouvrage pour que vous-mêmes et le monde qui vous entoure soyez renouvelés par l’amour de Dieu et du prochain. Plusieurs parmi eux, au cours des événements tragiques de ces dernières années, ont payé de leur vie leur attachement à Jésus-Christ et leur fidélité au service de leur communauté.

6. Au lendemain du Synode sur les laïcs, en 1987, votre regretté pasteur, Monseigneur Gabriel Balet, avait dit son espérance que les travaux entrepris à l’occasion de ces assises aident les Tchadiens « à grandir en tant que Corps du Christ, chaque membre vivant de la vie du Corps entier et pour le service du Corps entier, chaque groupe ou communauté se sentant partie prenante du bien commun de l’Eglise de Jésus-Christ qui est au Tchad ».

Chrétiens laïcs, je vous encourage de tout coeur à grandir et à poursuivre la construction de votre Eglise. Vous êtes l’espérance du Tchad. Que votre prière, votre recours fréquent au sacrement de la réconciliation, votre participation active à l’Eucharistie, votre collaboration cordiale avec les prêtres vous aident à réaliser votre mission de baptisés!

481 Votre apostolat personnel est nécessaire en ce qu’il permet à l’Evangile de rayonner de proche en proche en atteignant tous les lieux et tous les milieux. Enfin, une nouvelle occasion de prendre part à la mission évangélisatrice de l’Eglise s’offre à vous désormais avec la perspective de l’Assemblée spéciale du Synode des évêques pour l’Afrique. Catholiques de Moundou, je vous exhorte vivement à apporter votre contribution, sous la conduite de vos pasteurs, à la préparation de ce grand événement.

7. C’est avec joie que je note les efforts qui ont été réalisés au Tchad, depuis longtemps déjà, dans la ligne du Concile Vatican II, pour rendre vivante la liturgie. Je pense notamment aux traductions en langue locale, à la catéchèse nourrie de la Sainte Ecriture, à la création de cantiques qui font intérioriser les paroles évangéliques. Que vos assemblées eucharistiques demeurent des fêtes fraternelles et chaleureuses devant le Seigneur, dans le respect de la grandeur de Dieu et dans la dignité de l’adoration, avec accord avec les règles liturgiques de l’Eglise!

Enfin, manifestez aux yeux du monde la communion qui existe entre les membres de l’Eglise catholique. Dans les villages et les quartiers, les catéchistes, la plupart du temps bénévoles, annoncent la parole de Dieu, préparent les catéchumènes au baptême et rassemblent la communauté pour la prière. Avec eux, les conseillers, hommes et femmes, veillent sur la qualité de la vie chrétienne, règlent les palabres, gèrent les biens de la paroisse. Ils sont les témoins d’une sagesse traditionnelle que la rencontre avec l’Evangile a rendue encore plus féconde. Durant les années de guerre, dans bien des lieux inaccessibles, la foi et la communion ont été maintenues grâce à ces apôtres. Leur présence et leur action sont, pour ce pays qui se redresse après tant d’épreuves, un signe d’espérance.

C’est aussi parmi eux et dans les familles chrétiennes que naissent les vocations dont le Tchad a besoin: vocations de prêtres au service des communautés paroissiales et des mouvements, portant le souci d’une Eglise consciente de son universalité et bien insérée dans la culture locale; vocations de religieuses dont la vie consacrée au Seigneur et l’apostolat constituent un témoignage irremplaçable pour que le monde accueille Jésus-Christ.

8. L’Evangile que nous avons entendu aujourd’hui est extrait du discours sur la montagne. Le Christ y parle de deux types de constructions: la maison construite sur le roc et la maison construite sur le sable. La première résiste aux assauts du vent et de la pluie. Elle tient bon. La second n’y résiste pas, car elle manque de fondations solides.

En écoutant ces paroles, chacun de nous pense à une autre construction. Il se demande comment est construite sa propre vie.

Le Christ dit: « Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc » (
Mt 7,24).

Chers Frères et Soeurs, je vous souhaite de bâtir sur le roc et non pas sur le sable. Ecoutez les paroles du Christ et mettez-les en pratique! Vous construirez alors une maison qui durera. Le Christ a les paroles de la vie éternelle!

MESSE DANS LE STADE DE SARH

Sarh (Tchad)
Mercredi, 31 janvier 1990



Chers Frères et Soeurs,

482 La paix du Christ soit avec vous!
Lapia yasi malang (Paix à tous)!

1. Votre hospitalité, digne du peuple tchadien, me touche. Merci à Monseigneur Henri Véniat pour ses paroles de bienvenue, prononcées au nom de Monseigneur Mathias N’Garteri, votre évêque, et pour sa présentation de l’Eglise qui est à Sarh.

Je salue cordialement les Autorités civiles qui ont facilité ce rassemblement. Et j’adresse aussi un salut amical aux représentants d’autres communautés ecclésiales et d’autres religions.

Et vous tous, qui formez ici le Peuple de Dieu, le successeur de Pierre vous dit sa joie d’être au milieu de vous! Merci d’être venus de plus de mille communautés de baptisés et de catéchumènes, souvent après des journées de marche! Merci de votre foi vivante!

Tchadiens, mes amis, soyez heureux de votre foi! Il y a tout juste soixante ans que la Parole de Dieu vous a été confiée comme un précieux, « talent ». Et vous avez su faire valoir ce don. Avec vous, je rends grâce à Dieu.

2. Jeunes chrétiens, et vous tous, les nombreux jeunes de ce pays, l’Eglise compte sur vous, la nation compte sur vous. Je suis venu vous dire: courage, ayez confiance! Vous aspirez à une société plus juste et plus fraternelle, vous pouvez la construire ensemble.

Soyez réalistes, ne rêvez pas d’un monde sans problèmes! Commencez par le sérieux de votre formation, à l’école, dans les champs ou à l’usine. Appuyez-vous sur vos aînés, et épaulez-vous les uns les autres! Tendez la main aux plus faibles et respectez tout être humain! Gardez les qualités de votre peuple, sa vieille patience et son habileté, son sens de la fraternité, du dialogue, de l’accueil. Alors vous pourrez mieux le servir!

Jeunes chrétiens, des mouvements vous offrent un soutien pour avancer dans votre formation spirituelle et humaine. Entrez dans les groupes qui vous aideront à prendre ensemble votre place dans l’Eglise, entraînés par vos aînés. Jouez votre rôle dans les communautés du village ou du quartier. Ecoutez la parole de Jésus: à chacun de vous, des « talents » sont confiés; chacun peut les faire fructifier.

3. Jeunes étudiants, depuis l’école jusqu’à l’université, vous recevez le « talent » de l’étude et de la réflexion pour devenir compétents. Vous ne pouvez en garder le profit pour vous seuls. Il vous sera demandé compte des fruits de votre formation intellectuelle et technique, à la mesure des services que vous rendrez.

Respectez votre peuple et rejetez toute tentation d’exploiter vos frères. Au contraire, mettez tout votre coeur à épanouir ses valeurs authentiques, et que votre foi chrétienne féconde votre patrimoine ancestral!

483 Jeunes paysans, aimez cette terre qui est la vôtre. Votre vie au village est dure et le travail des champs exige tant de soins! Votre « talent », c’est de savoir faire produire la terre, pour qu’elle reste nourricière. Apprenez les techniques anciennes et nouvelles, participez à la création d’exploitations productives et résistez à la tentation d’abandonner l’agriculture pour un sort incertain en ville.

Jeunes ouvriers, dans le pays, votre nombre augmente peu à peu. De vous aussi, la nation attend beaucoup. Faites avec goût votre travail, comme Jésus à Nazareth, comme Joseph le charpentier. Votre habileté et votre conscience professionnelle, et aussi votre sens de la solidarité, vous donneront la satisfaction d’être utiles à tous.

4. Chers jeunes, vous pensez à fonder un foyer. Il faut vous y préparer. Une famille se bâtit sur l’amour authentique, sur le don de soi, sur la fidélité, et, quand cela est nécessaire, sur le sacrifice pour ceux qu’on aime (cf.
Jn 15,13). L’engagement digne et sérieux dans le mariage exclut que l’on envisage le divorce ou que l’on enlève sa vie à un enfant déjà conçu.

Dieu a créé l’homme et la femme en leur donnant de merveilleux « talents »: la capacité de s’aimer fidèlement toute leur vie, la capacité de donner la vie à des enfants, la responsabilité de les élever. Accueillez avec joie ces dons que Dieu consacre par le sacrement de mariage, dès le premier jour de votre vie commune. La réussite de votre couple et celle de l’éducation de vos enfants en seront les meilleurs fruits.

5. Chers jeunes, parmi vous, il y a des séminaristes qui se préparent au sacerdoce, et aussi des jeunes filles qui se destinent à la vie religieuse. Ils prennent cette voie pour répondre à l’appel du Seigneur: c’est à Lui qu’ils consacrent leur vie, et, en même temps, ils la consacrent à la mission de l’Eglise sous toutes ses formes. Ils sont encore peu nombreux, mais j’ai confiance. D’autres entendront le Christ leur dire: « Viens, suis-moi », sois mon témoin, donne tout ton amour à Dieu et à tes frères, tu seras au service du Peuple de Dieu. Tu renonceras au mariage, à être père ou mère, mais tu auras la joie d’ouvrir tes frères et tes soeurs à la Bonne Nouvelle, de les rassembler en mon Nom, de leur transmettre ma grâce par les sacrements que j’ai confiés à mon Eglise. En quittant ta famille pour te réserver tout entier au ministère sacerdotal ou à la vie religieuse, tu seras un signe de ma présence.

Frères et Soeurs, si votre Eglise vit et grandit, vous le devez aux prêtres, aux religieux et aux religieuses qui sont venus de loin. Je les salue avec gratitude. Ils ont permis que, désormais, des fils du Tchad soient les prêtres de leurs communautés, et que l’un d’eux devienne votre évêque. Louons le Seigneur! Et prions-le pour qu’il donne au Tchad des prêtres plus nombreux, des religieux et des religieuses témoins de la prière et animateurs de l’apostolat. Prions aussi pour les catéchistes nombreux qui accomplissent avec générosité une part si importante du labeur de l’évangélisation, en répondant à la vocation et à la mission des fidèles laïcs.

6. Je sais que les centaines de communautés que vous représentez n’ont pas encore la possibilité de se rassembler chaque dimanche autour de la table de l’Eucharistie. Il n’y a pas encore assez de prêtres. Et pourtant, vous savez toute l’importance de la Messe, au centre de la vie de l’Eglise. Vous avez médité cette année sur le don admirable que nous a fait le Christ, à la veille de sa Passion, en instituant l’Eucharistie.

Toutes les fois que cela vous est possible, prenez part à l’assemblée eucharistique: c’est le Seigneur qui vous unit, de tous les âges, de toutes les vocations. C’est dans la communauté rassemblée en son Nom que le Seigneur offre son Sacrifice, qu’il continue de livrer sa Vie pour tous les hommes. C’est avec Lui et par Lui que nous pouvons recevoir la Parole de Dieu vivante et vraie. C’est avec Lui et par Lui que nous rendons grâce à notre Père des cieux pour tous ses dons. C’est guidés par sa parole que nous faisons monter notre humble supplication.

Quand il nous est donné de recevoir le Corps du Seigneur, nous sommes davantage: unis à Lui et entre nous. Saint Paul nous l’a dit: « Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (1Co 10,17). Partout où nous sommes réunis au nom du Seigneur, il est présent. Mais c’est dans le sacrement de l’Eucharistie que nous faisons le plus fortement l’expérience de sa présence. Il a fait de son corps le pain de vie, la nourriture de la vie éternelle. Remercions sans cesse le Seigneur pour ce don admirable!

7. Chers Frères et Soeurs de l’Eglise qui est à Sarh et dans les diocèses proches, en ce beau jour de rassemblement au nom du Seigneur, autour du successeur de Pierre, rendons grâce pour le don de la foi!

Tous, nous allons renouveler notre profession de foi, en union avec la foi de l’Eglise universelle. C’est un « talent » précieux qu’avec la grâce de Dieu nous ferons fructifier dans toute notre vie.

484 Et je m’adresse de nouveau spécialement aux jeunes. Avec votre évêque, je vais vous demander de vous engager dans la foi. Baptisés dans le Christ, vous êtes envoyés dans le monde pour répandre son amour, pour annoncer son Evangile. Il compte sur vous pour faire fructifier les « talents » multiples qu’il vous confie. Marchant à sa suite, vous pourrez bâtir au Tchad une Eglise toujours plus vivante et une société où il fait bon vivre.

Que Notre-Dame du Tchad vous précède sur la route de votre foi!

Que Dieu vous aide!
Ad bo nan o tar o kem sol o rosn do nang!
(Que la communion, l’amour et la paix remplissent la terre!)



MESSE POUR LES FAMILLES CHRÉTIENNE AU STADE DE LA CONCORDE

N’Djamena (Tchad)
Jeudi, 1er février 1990



Chers Frères et Soeurs,

1. Nous avons écouté aujourd’hui les paroles que le Christ a adressées aux Apôtres dans le Cénacle, à la veille de sa passion et de sa mort sur la Croix. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure ». (Jn 15,16)

Le Christ s’adresse ainsi aux Apôtres par qui il veut construire l’Eglise, de génération en génération. Il adresse ces paroles à ceux qui étaient autour de lui, dans le Cénacle à Jérusalem; il les adresse en même temps a leurs successeurs, et particulièrement aux générations de ceux qui ont construit l’Eglise sur cette terre africaine, au Tchad. Et le Christ s’adresse aussi à ceux qui sont aujourd’hui les successeurs des Apôtres dans votre Eglise, vos évêques.

L’Evêque de Rome les salue cordialement par un baiser de paix fraternel et, avec eux, les prêtres, les religieux et les religieuses, et tous ceux qui participent au sacerdoce royal du Christ par leur baptême.

485 2. Je salue particulièrement les familles rassemblées ici, de même que toutes celles qui habitent votre pays. Les paroles du Rédempteur au Cénacle s’appliquent aussi à vous. Car vous avez un rôle irremplaçable dans l’apostolat de l’Eglise. Vous aussi, le Christ vous choisit afin que vous partiez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. (Jn 15,16)

Dans le sacrement du mariage, il choisit deux baptisés, un homme et une femme, qui se promettent un amour mutuel, la fidélité et une vie matrimoniale digne. Ils se choisissent l’un l’autre pour vivre toute leur vie dans une communauté unie, afin de parcourir ensemble le chemin de la vie et de donner les fruits qui correspondent à leur vocation d’époux et de parents dans l’Eglise et dans la société.

Le Seigneur Jésus accueille leur don mutuel généreux et leur engagement. Consacré par la grâce du sacrement, « leur lien d’amour devient l’image et le symbole de l’Alliance qui unit Dieu et son peuple ». (Familiaris consortio FC 12) Le Christ bénit les époux et leur dit: « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres ».

3. L’Apôtre Paul, comme s’il voulait faire écho à ce commandement du Christ, exhorte ses frères: « Par-dessus tout, qu’il y ait l’amour, c’est lui qui fait l’unité dans la perfection ». (Col 3,14) Les consignes que donne saint Paul dans sa belle Lettre aux Colossiens tracent comme le portrait d’un couple uni par le don de Dieu: « Vivez dans l’action de grâce... Chantez à Dieu vos coeurs ». Col 3, 15-16) Oui, votre mariage, votre communauté de vie, votre unité sont « comme un " signe " de cette communauté interpersonnelle d’amour qui constitue le mystère de la vie intime du Dieu unique et trinitaire ». (Christifideles laici CL 52) Epoux chrétiens, vous reflétez merveilleusement la vie même de Dieu qui est amour!

«Que dans vos coeurs règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés pour former en Lui un seul corps». (Col 3,15) Vous n’avez pas à craindre les exigences de votre engagement mutuel, car ce sont les exigences d’un amour que Dieu a mis en vos coeurs et que Jésus fortifie par sa présence de paix. Restez proches de lui: « Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ». Sa parole est une parole d’amour pour guider votre amour. Sa parole de vérité, prenez-la pour en faire votre parole, pour mettre en commun sa lumière: « Instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse ». (Col 3,16)

La vraie sagesse, c’est celle du Créateur qui a fait l’homme et la femme à sa ressemblance. La vraie sagesse, elle est encore dans sa parole: « L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un ». (Gn 2,24)

La vraie sagesse, c’est celle du Rédempteur: il a fondé le commandement de l’amour sur l’amour divin qui le conduit à livrer sa vie pour nous: « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». (Jn 15,12)

4. Chers amis, certains trouvent sans doute qu’il est bien audacieux pour un homme et une femme de s’engager pour la vie sur le chemin d’une fidélité aussi pure que la fidélité même de Dieu. Les circonstances éprouvantes traversées par votre peuple ont bouleversé bien des choses. Des traditions familiales ont été rompues par les changements d’habitation ou de manière de vivre. De nouvelles tentations apparaissent et la stabilité du couple et de la famille est ébranlée.

Je comprends ces difficultés et les souffrances qu’elles entraînent. Mais vous ne devez pas renoncer à la grandeur et à la beauté du mariage. Avec saint Paul, je vous dis: « Supportez-vous mutuellement ». (Col 3,13) Il ne s’agit pas seulement d’être patient, il s’agit d’aimer tellement l’autre qu’on l’aide, qu’on le soutienne. Dans le mariage, vous ne cesserez pas de découvrir les qualités et les défauts de votre conjoint, vous l’aiderez à faire grandir les unes et diminuer les autres. Et puis: « Pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez comme le Seigneur: il vous a pardonné, faites de même ». Ayez assez d’amour pour vous réconcilier si une crise menace votre union. Car briser votre fidélité mutuelle, c’est aussi rompre avec Dieu qui est toujours fidèle, qui ne cesse jamais d’aimer.

Vivez en confiance l’un avec l’autre. Au jour le jour, apportez du bois dans le feu de votre amour, par les actes ordinaires de la vie commune; votre respect mutuel et votre générosité sont comme une trace de la présence de Dieu en votre foyer. La grâce du sacrement de mariage ne vous fera pas défaut. Le Seigneur vous a choisis comme des amis, et non comme des serviteurs à qui on impose de pesants fardeaux. « Ce que vous demanderez au Père au nom du Christ, il vous l’accordera » (cf. Jn 15,16) Obéir au commandement de l’amour fidèle, ce n’est pas une exigence impossible, c’est vivre en communion avec le Christ qui laisse à ses amis sa joie et sa paix.

5. Epoux, votre fidélité mutuelle est étroitement liée à l’amour que vous portez à vos enfants. Votre bonheur d’aimer et votre capacité de donner la vie font de vous des témoins de l’amour du Créateur. Respectez les dons de Dieu en devenant père et mère de manière responsable et spécialement en honorant la vocation de la femme à être mère, ce qui est inscrit au fond de son être.

486 Au long de l’éducation, ce sera votre joie de partager votre amour avec vos enfants. Leur avenir peut vous inquiéter parfois, vous pouvez trouver difficile de leur transmettre les valeurs auxquelles vous êtes attachés depuis des générations, parce qu’ils écoutent d’autres voix que la vôtre et subissent des influences qui vont en sens contraire. Il vous revient tout de même de leur apprendre le bon usage de la liberté, dans un climat de dialogue. Vous éclairerez leur route plus par votre exemple et par votre amour qu’en leur imposant sans explications des interdits. Prenez exemple sur Jésus: il avait fait de ses disciples ses amis, il corrigeait leurs erreurs, mais il savait les délivrer de la crainte et il leur a montré sa confiance en les envoyant en mission.

Vos enfants partiront sur d’autres routes que les vôtres; ils feront peut-être des détours dangereux; mais ils garderont l’empreinte durable de l’esprit de leur famille et les qualités acquises auprès de vous. A leur tour, ils deviendront des époux et des parents. Sachez accepter leur départ: les jeunes ne vous renient pas, mais ils sont devenus adultes. C’est là, pour vous, « le fruit qui demeure » promis par Jésus. (cf.
Jn 15,16)

6. Chers Frères et Soeurs, je vous parle de votre vocation d’époux et de parents au milieu de la communauté chrétienne rassemblée. Et c’est juste, parce que les familles ont un rôle primordial dans le Peuple de Dieu.

Vous êtes des témoins de l’amour de Dieu pour tout être humain. Vous êtes des témoins de l’Evangile du salut, et d’abord auprès de vos enfants. Ouvrez-les à la foi, en union avec vos pasteurs et avec les éducateurs. Vous êtes les premiers éveilleurs de la foi de vos fils et de vos filles. Préparez-les à accueillir ce don, en insérant bien votre famille dans la vie ecclésiale.

Que votre générosité et votre esprit de communion fraternelle ne s’arrêtent pas à la porte de votre foyer! S’il vous est donné de vivre heureux en famille, sachez accueillir ceux qui sont seuls, pauvres, étrangers, et aussi les hommes et les femmes au coeur blessé par des abandons cruels. Grâce à des foyers qui, dans la simplicité des gestes de chaque jour, rayonnent l’amour vrai, l’Eglise pourra refléter dans la société le visage du Christ.

7. Venu au milieu de vous, le successeur de Pierre est heureux de vous dire que l’Eglise compte sur vos familles pour porter témoignage de la joie d’être disciples du Christ, hommes et femmes dans leur égale dignité, dans leurs rôles complémentaires.

Je vous redis encore le dernier message de Jésus: « Mon commandement, le voici: aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». (Jn 15,12)

Aimez-vous les uns les autres, vous les maris et les femmes, « revêtez l’homme nouveau... puisque vous avez été choisis par Dieu ». (Col 3,10-12)

Aimez vos enfants, avec générosité, sans chercher à les retenir. Dans la famille tout entière, parents, aimez vos enfants; enfants, aimez vos parents, frères et soeurs, aimez-vous comme les fils et les filles de mêmes parents. Aimez tous les membres de votre grande famille, de toutes les générations.

Au nom du Christ, priez le Père pour que les familles montrent la fidélité de Dieu à tout être. Priez pour que vos familles portent les fruits de la bonne éducation des enfants, pour que ces fruits demeurent par les nouvelles générations dans la vie de tout le peuple et de l’Eglise.

Pour cela, je prie aujourd’hui avec vous. L’Eglise prie avec vous. «La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant». (saint’Irénée, Adversus haereses, IV, 20, 7) La gloire de Dieu, c’est que l’homme vive dans la plénitude de la vie, de la vérité et de l’amour, et qu’ainsi il parvienne au salut et à la vie en Dieu!





Homélies St Jean-Paul II 476