Pie XII 1940 - ALLOCUTION AUX JEUNES FILLES DE L'ACTION CATHOLIQUE
(13 octobre 1940) 1
Le 13 octobre, le Saint-Père adressa aux fidèles d'Argentine rassemblés à Santa Fe pour leur Congrès eucharistique national, le radiomessage suivant :
Rappel du Congrès eucharistique international de Buenos-Aires.
« Béni soit Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Père des miséricordes et Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions » (2Co 1,3). Cette louange reconnaissante, que le grand apôtre Paul Nous met sur les lèvres en une heure pénible de monstrueux conflits dans le monde et de tristesse pour Nous, c'est elle que Nous lançons vers le ciel, en vous adressant la parole, à vous qui Nous consolez. Vous marchez dans la vérité de l'amour que le Christ a laissé aux hommes comme son commandement particulier, et vous l'honorez sur le trône d'adoration, d'où il commande et règne dans l'Eglise et sur l'univers, Roi pacifique, vivant mais invisible de nos âmes. Le nouveau triomphe par lequel votre foi et votre dévotion religieuse veulent l'exalter et le glorifier dans le Congrès eucharistique national de Santa-Fe de la Veracruz ranime en Nous la splendide et fulgurante vision de la célébration du Congrès eucharistique international qui, il y a plus d'un lustre, rassemblait dans la très noble capitale de votre République, au pied de l'Hostie sainte, source d'amour et de paix, une foule immense d'adorateurs de toutes les parties de la terre ; alors présent Nous aussi comme légat de Notre immortel prédécesseur,
1 D'après le texte espagnol des A. A. S., 32, 1940, p. 418 ; cf. la traduction française des Actes de S. S. Pie XII, t. III, p. 22.
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Nous avons senti, uni à Notre coeur, palpiter le coeur de l'Argentine et celui de tous les peuples, de cette foi qui traverse tous les voiles, de cette ardente vénération d'amour qui dépasse l'esprit humain2.
Aujourd'hui, de ce trône pontifical auquel le dessein secret de Dieu a voulu élever Notre insuffisance, avec joie Nous revenons vers vous et, avec Notre voix, portée sur les ailes du prodigieux secret arraché à la nature par le génie humain, Nous participons à votre solennel hommage national au Dieu caché sous les voiles sacramentels et Nous lui demandons avec vous cette abondance de grâce, de ferveur, de progrès spirituel que, si généreusement, la libéralité divine vous accorda à Buenos Aires, centre et coeur de votre puissante vie publique, centre des campagnes immenses et des villes où, sur les industries en pleine activité et sur les travaux agricoles, flotte votre drapeau à côté de la croix.
Encouragements aux catholiques argentins.
La « vraie croix » caractérise et distingue avec la « sainte foi » la cité du présent Congrès eucharistique vers lequel convergent toutes les pensées et tous les regards de la nation, comme vers un phare de lumière nouvelle et de ferveur chrétienne qui, comme dans le passé, répand ses rayons bienfaisants sur le peuple argentin toujours en progrès. Ce dernier, rivalisant avec la foi de celui qui a découvert le Nouveau Monde, désigne par des noms sacrés un grand nombre de cités nouvelles 3.
C'est pourquoi, chers fils, élevez la pensée de la foi jusqu'à la croix, qui rend sacré l'autel, signe de la sainte foi. Dans la pierre d'autel, reconnaissons la pierre du Golgotha ; dans le prêtre, voyez le Christ lui-même, prêtre éternel, qui, par amour pour nous, renouvelle et offre, mystère de foi, le sacrifice de sa personne au Père, pour la rémission des péchés. 11 est le Médiateur unique et suprême entre Dieu et les hommes, mais dans sa bonté et miséricorde, il veut que ceux-ci, également, participent à son sacerdoce et deviennent ministres de sa divine médiation. Bienheureux êtes-vous, ô jeunes gens qui, en répondant à l'appel du Christ, grossissez la phalange de ses
2 Le pape fait allusion au XXXIIe Congrès eucharistique international de 1934, tenu à Buenos Aires, du 10 au 14 octobre, sous la présidence de S. Em. le cardinal Pacelli, légat pontifical.
3 La ville de Santa Fe de la Veracruz est le chef-lieu de la province d'Argentine du même nom. Cette ville a été fondée en 1573, par Jean de Garay. Le pape souligne que c'est « la ville de la sainte foi de la vraie croix », comme son nom l'indique. Comme Christophe Colomb, les navigateurs et explorateurs espagnols baptisèrent d'un nom religieux les villes qu'ils découvrirent ou fondèrent.
apôtres et de ses ouvriers pour la moisson dans les champs fleuris de votre pays. Louange à vous, jeunes gens qui, de l'apostolat de l'ardente Action catholique argentine, vous acheminez vers l'apostolat du sanctuaire et de l'autel, pour servir le Christ, pour le consoler par votre nombre, pour faire connaître et multiplier les tabernacles de son mystère d'amour, pour l'entourer dans un cortège qui le chante quand il passe triomphalement à travers les rues de votre cité et de vos bourgs.
Du Chaco et de la Terre de Feu, des Andes et des rives de l'océan, vous êtes réunis, chers fils, avec vos pasteurs, dans la cité qui résume et totalise dans son nom la foi du peuple argentin, saisis par le zèle et la foi que connurent et éprouvèrent vos ancêtres dans la profondeur de leurs âmes. Vous êtes venus comme les disciples et les foules de Palestine pour chercher le Christ, la voie, la vérité et la vie ; pour vous serrer autour de lui et l'adorer, présent et invisible sous les voiles eucharistiques, comme une nation qui le sent en elle-même, qui l'aime, qui lui offre l'hommage de son coeur et lui redit et lui renouvelle l'offrande d'elle-même avec une non moins fervente dévotion que celle qui, en un jour assez proche, dans la plus grande ville de votre République, étonnait l'univers catholique venu là d'au-delà des océans4.
Cherchez la justice et le règne de Dieu en vous et dans vos oeuvres. Faites que toujours le Christ règne au milieu de vous, dans votre peuple destiné à de grandes choses. Qu'il règne dans la famille, dans le lit nuptial immaculé, dans la couronne des enfants, dans les écoles publiques, dans la presse, dans les spectacles scéniques offerts aux regards des jeunes et au peuple, dans la parole radiodiffusée, dans la vie sociale, parmi les ouvriers dispersés dans les nouvelles régions agricoles et industrielles ! Que brille devant les yeux de vos gouvernants la lumière du Christ et sa justice, qui élèvent les nations et les protègent comme un rempart contre les embûches et les assauts de l'impiété qui en mine les fondements. Que la sainte foi, la vraie croix, l'étendard du Christ qui flotte sur les cités et le long des routes du pays, soit profondément plantée dans vos coeurs et ait en eux ces divines racines qui consolident la vie morale, qui immunisent l'intelligence contre l'erreur et l'incrédulité, qui font germer les fleurs de la liberté des enfants de Dieu et mûrir les fruits de la paix de Dieu, qui passe tout sentiment (Ph 4,7).
4 Allusion au Congrès eucharistique international de Buenos Aires.
Priez, Vénérables Frères et chers fils, avec Nous et avec Notre légat le cardinal archevêque de la capitale de votre illustre République ; priez le Prince divin de la paix qui réconcilie par son sang la terre au ciel et unifie dans le mystique banquet de son autel tout le peuple croyant ; priez Notre-Seigneur Jésus-Christ qu'il répande sa paix qui dompte les passions humaines dans les hommes de toutes les nations, afin qu'ainsi sorte des coeurs et s'éteigne l'âpre conflit qui sème la mort sur la terre, sur mer, dans les cieux et nourrit les peuples avec le pain de la douleur arrosé des larmes de sang. Notre espérance et Notre confiance sont dans le Christ Sauveur du monde, parce qu'il a dans ses mains les coeurs de tous les hommes. Lui sait et peut calmer le tumulte des flots.
Avec cette espérance et confiance, par l'intercession de la bienheureuse Vierge Marie de Lujan 5, patronne particulière de la République argentine, de saint Michel archange, de saint Jean-Baptiste, des saints apôtres Pierre et Paul, des bienheureux martyrs Roch Gonzalez, Alphonse Rodriguez et Jean de Castillo, et de tous les saints, Nous donnons à tous et à chacun la Bénédiction apostolique.
5 Lujan est une petite ville située dans la province de Buenos Aires, sur le rio de Lujan, a environ 35 lieues de la capitale.
(16 octobre 1940) 1
A l'occasion du mois d'octobre, le Souverain Pontife rappelle aux nombreux jeunes époux reçus ce jour en audience ce qu'est le rosaire et la place qui lui revient dans la famille.
Nous vous souhaitons de grand coeur la bienvenue, chers jeunes époux, vous que semble conduire à Nous la Vierge du Rosaire, en ce mois qui lui est consacré. Il Nous semble, des yeux de l'esprit, la contempler qui se penche vers vous souriante, comme l'ont vue quelques saints privilégiés ; elle vous offre cet objet simple et pieux, cette chaîne d'anneaux souple et légère qui ne veut qu'un esclavage d'amour et qui groupe par dizaines ces petits grains remplis d'un invisible suc surnaturel ; et vous, agenouillés à ses pieds, vous promettez à la Vierge de l'honorer et vous lui offrez, dans toutes les situations de votre vie familiale, le plus souvent possible, le tribut de votre piété.
1. Selon l'étymologie du mot, le rosaire est une couronne de roses ; image charmante qui, chez tous les peuples, exprime une offrande d'amour, un sentiment de joie. Mais ce ne sont pas celles dont se parent les impies mentionnés dans l'Ecriture. « Couronnons-nous de roses, disent-ils, avant qu'elles ne se flétrissent (Sg 2,8)». Les fleurs du rosaire ne se flétrissent point ; les mains des dévots de Marie en renouvellent incessamment la fraîcheur, et la diversité des âges, des pays et des langues donne à ces roses vivaces la diversité de leurs couleurs et leurs parfums.
A ce rosaire universel et continuel, vous avez pris part dès votre enfance. Vos mamans vous ont enseigné à faire glisser lentement les grains du rosaire entre vos petits doigts et à prononcer en même temps les simples et sublimes paroles de l'Oraison dominicale et de la Salutation angélique. Un peu plus tard, lors de votre première communion, vous vous êtes consacrés à votre Mère céleste ; vous avez reçu en souvenir de ce grand jour le rosaire et vous l'avez récité avec une ferveur ingénue qu'accroissait la délicate beauté de ses perles. Que de fois dans la suite vous avez renouvelé votre double offrande à Jésus et Marie, au pied du tabernacle ou dans la Congrégation de la Vierge ! Et maintenant que vous avez reçu le sacrement de mariage en ce mois de Notre-Dame, votre avenir Nous apparaît tout entier comme une couronne de roses, un rosaire dont la récitation persévérante et commune a pris naissance au pied de l'autel, au moment où vous avez uni vos coeurs, émus des nouveaux et plus graves devoirs que vous imposait votre libre consentement béni de Dieu.
La prière du rosaire et l'engagement des époux chrétiens.
Votre oui sacramentel, en effet, a quelque chose du Notre Père : il implique l'engagement de sanctifier ensemble le nom de Dieu dans l'obéissance à ses lois (« que votre nom soit sanctifié »), d'établir son règne en votre foyer domestique (« que votre règne arrive »), de vous pardonner chaque jour mutuellement vos offenses et autres manquements (« et pardonnez-nous... comme nous pardonnons... »), de combattre les tentations (« et ne nous laissez pas succomber à la tentation »), de fuir le mal (« mais délivrez-nous du mal ») ; il implique surtout le fiat résolu et confiant dans la marche au-devant des mystères de l'avenir. Votre oui sacramentel est aussi un reflet de la Salutation angélique : il vous ouvre une source de grâces que vous dispense Marie « pleine de grâce » et qui est l'habitation de Dieu en vous (« le Seigneur est avec vous »). Ce oui est un gage spécial de bénédictions et pour vous et pour les fruits de votre union ; c'est un nouveau titre à la rémission des péchés durant votre vie et à l'assistance de Marie à votre heure suprême (« maintenant et à l'heure... »). Fidèles au devoir de votre nouvel état, vous vivrez dans l'esprit du saint rosaire et vos journées se dérouleront comme un enchaînement d'actes de foi et d'amour envers Dieu et envers Marie, au fil de vos années, que Nous souhaitons nombreuses et riches des faveurs célestes.
Les mystères joyeux dans le mariage.
2. Mais le rosaire signifie aussi que les mystères de votre avenir ne se composeront pas toujours et uniquement de joies ; ils se composeront parfois de providentielles douleurs. C'est la loi de toute vie humaine comme de tout rameau de rosier, qu'aux fleurs se mêlent les épines. Vous vivez en ce moment les mystères joyeux et Nous vous souhaitons d'en goûter longtemps la douceur. Le bonheur en effet est promis à quiconque craint le Seigneur et met toute sa joie dans ses commandements (Ps., exi, 1) ; il est promis aux doux, aux miséricordieux, aux coeurs purs, aux pacifiques (Mt 5,4-9), et ces vertus vous vous efforcerez de les acquérir. Vous espérez surtout que la Providence, dont les secrets desseins vous ont attirés l'un vers l'autre, répandra sur votre famille la bénédiction promise aux patriarches, chantée par les prophètes et exaltée par l'Eglise dans la liturgie du mariage : la bénédiction joyeuse de la fécondité : matrem filiorum laetantem, « mère joyeuse au milieu de ses enfants (Ps., exil, 9) ».
Les mystères douloureux des familles
De même que vous avez reçu et que vous recevrez les joies — celles d'aujourd'hui et celles de demain — avec une filiale reconnaissance et une sage modération, ainsi, dans l'avenir, quand sonnera l'heure des mystères douloureux, vous les accueillerez en esprit de foi et de soumission. Mystère ? Nom que l'homme donne souvent à la douleur ; si d'ordinaire il ne cherche point de justification à ses joies, il voudrait, de sa courte vue, trouver la raison de ses malheurs, et il souffre doublement, quand ici-bas il n'en voit pas le pourquoi. La Vierge du Rosaire est également celle du Calvaire et du Stabat : elle vous apprendra à rester debout à l'ombre, si obscure soit-elle, de la croix ; l'exemple de cette Mère des douleurs et Reine des martyrs vous fera comprendre que les desseins de Dieu dépassent infiniment les pensées de l'homme et que, dussent-ils déchirer notre coeur, ils s'inspirent du plus tendre amour pour nos âmes.
... et leurs mystères glorieux.
3. Pouvez-vous attendre, devez-vous désirer aussi des mystères glorieux dans le rosaire de votre vie ? Oui, s'il s'agit de la gloire que la foi seule peut apercevoir et goûter. Les hommes, souvent, s'arrêtent aux fumeuses lueurs de la renommée, qu'ils se donnent ou se disputent entre eux par des paroles ou des actions claironnantes. Etre loué, être célèbre, voilà, d'après eux, où réside la gloire. Gloria est frequens de aliquo fama cum laude, écrivait Cicéron 2.
Mais souvent aussi les hommes n'ont nul souci de la gloire que Dieu seul peut donner et c'est pour cette raison, suivant la parole même de Notre-Seigneur, qu'ils n'ont pas la foi : « Comment pour-riez-vous avoir la foi, disait aux Juifs le Rédempteur, vous qui allez mendiant la gloire les uns auprès des autres, et qui ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? (Jn 5,44) ». Selon le prophète Isaïe, la gloire du monde passe comme la fleur des champs (xl, 6). Et, par la bouche du même prophète, Dieu annonce qu'il humiliera les grands de la terre (Isaïe, xlv, 2). Que fera donc le Dieu incarné, ce Jésus qui se déclarait « humble de cceur » (Mt 11,29) et qui n'avait jamais recherché sa propre gloire ? (Jn 8,50).
Levez donc plus haut votre regard, ou plutôt, par l'oeil de votre foi et à la lumière des Ecritures, entrez plus avant en vous-mêmes, pénétrez jusqu'au tréfonds de vos âmes. Là vous apprendrez de l'Esprit-Saint que « c'est une grande gloire de suivre le Seigneur » (Si 23,38). Dans la famille où Dieu est honoré, « les enfants des enfants sont la couronne des vieillards et les pères la gloire des enfants ! » (Pr 17,6). Jeunes mamans de demain, plus vos yeux seront purs, plus vous verrez dans les chères petites créatures confiées à vos soins des âmes destinées à glorifier avec vous le seul être digne de tout honneur et de toute gloire. Alors au lieu de vous perdre, comme tant d'autres, en rêveries ambitieuses sur le berceau de votre nouveau-né, vous vous pencherez avec piété sur ce coeur fragile qui commence à battre, vous songerez, sans vaines inquiétudes, aux mystères de son avenir, que vous confierez à la tendresse
— plus maternelle encore et combien plus puissante que la vôtre !
— de la Vierge du Rosaire.
Par là, le rosaire vous apprendra que la gloire du chrétien ne se réalise point dans son pèlerinage terrestre. Interrogez la série des mystères : joyeux et douloureux, de l'Annonciation au Crucifiement, ils représentent, comme en dix tableaux, toute la vie mortelle du Sauveur ; les mystères glorieux ne commencent, eux, que le jour de Pâques, pour ne plus cesser, ni pour le Christ ressuscité, qui monte à la droite du Père et envoie l'Esprit-Saint présider jusqu'à la fin des siècles à la propagation de son règne ; ni pour Marie, qui, emportée au Ciel sur les ailes ardentes des anges, y reçoit l'éternelle couronne des mains du Père céleste.
Il en sera ainsi de vous, chers fils et filles, si vous demeurez fidèles aux promesses faites à Jésus et à Marie, fidèles à remplir les devoirs contractés l'un envers l'autre. Ne rougissez point de l'Evangile (cf. Rom. Rm 1,16). A une époque où nombre d'âmes faibles et vacillantes se laissent vaincre par le mal, n'imitez point leurs erreurs et, selon le conseil de saint Paul, triomphez du mal par le bien (cf. Rom. Rm 12,21). Ainsi le rosaire de votre vie, égrené en une chaîne d'années, que Nous vous souhaitons longues et remplies de bénédictions, s'achèvera heureusement, au moment où tombera pour vous le voile des mystères, dans la lumineuse et éternelle glorification de la Sainte Trinité : Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
(18 octobre 1940)1
A la fin de leurs travaux, les participants au Synode interpatriarcal tenu à l'abbaye de Santa Maria di Grottaferrata étant venus réaffirmer leurs sentiments d'obédience et d'amour indéfectible au Saint-Père, celui-ci a daigné leur adresser les paroles suivantes pour leur affirmer la sollicitude séculaire de l'Eglise pour les catholiques de rite byzantin et les exhorter à remplir la mission qui leur est confiée : à savoir l'édification des frères séparés d'Orient.
C'est avec une joie véritable et une affection profonde que Nous vous disons la bienvenue, Vénérables Frères et chers fils, conduits et guidés par le très cher M. le cardinal Lavitrano ; à vous, Ordinaires et clergé des trois éparchies de rite byzantin en Italie qui, si proches de Notre cceur, Nous rappelez par votre présence dans la maison du Père commun de la chrétienté ces régions d'Orient que Nous aimons tant. C'est pour Nous une cause de spéciale satisfaction de pouvoir vous recevoir aujourd'hui, à l'occasion du premier Synode interpatriarcal que vous avez célébré dans la vénérable abbaye de Santa Maria di Grottaferrata, gloire et perle grecques du Latium que dorent l'après-midi les rayons du soleil de Rome et que la coupole aérienne qui couronne la tombe du Prince des apôtres tient à l'ombre de sa sainte protection ; cette abbaye, entourée de tous temps de la particulière bienveillance des pontifes romains, atteste dans son existence et sa durée à travers les vicissitudes des siècles quelle sollicitude les successeurs de Pierre ont toujours eue pour le rite byzantin et la sauvegarde des traditions que vous avez héritées de vos pères.
L'histoire religieuse des Italo-Grecs.
Ce Synode, dont Nous souhaitons qu'il soit la clarté d'un nouveau midi dans l'histoire religieuse des Italo-Grecs, rappelle à Notre esprit la vision d'un passé riche d'activité précieuse menée à la gloire de Dieu et au bien des âmes, et Nous donne la confiante espérance de réalisations non moins belles et fécondes pour l'avenir. Il Nous plaît de reconnaître dans votre communauté, un arbre vénérable, dont la vigueur n'est pas amoindrie mais bien plutôt renouvelée à travers les siècles, qui donne toujours une nouvelle et puissante sève, pousse de robustes bourgeons dans ses branches, croît et se garnit de feuilles et promet des fruits généreux.
De même qu'à Notre regard revivent aujourd'hui les florissantes colonies grecques de l'Italie du sud qui, en noble émulation avec la mère patrie, s'élevèrent au bien-être et à la civilisation, ainsi Nous voyons au septième siècle les fugitifs de Syrie et d'Egypte, menacés par les légions musulmanes, trouver asile et refuge sur la terre italienne hospitalière, et au huitième siècle les moines et les moniales fuyant l'oppression des empereurs iconoclastes. Dans les siècles suivants, on voit s'ouvrir et se diffuser une efflorescence de vie religieuse, dont témoignent les églises de Palerme et de Monreale, de Cefalù et de Naples, avec leurs mosaïques de facture achevée et de haute inspiration, non moins que tant d'autres églises, témoignages muets mais éloquents de la profonde piété de tous les groupes de la population. En témoignent aussi les précieux rouleaux et manuscrits qui nous transmettent les trésors de l'éternelle sagesse humaine et nous font admirer le goût artistique exquis et l'habileté des copistes. Emporté par ces souvenirs qui fortifient l'esprit, Nous pensons à ces resplendissantes figures d'apôtres, à saint Nil, à saint Barthélémy, à leurs travaux conquérants et jamais lassés auprès de toutes les catégories d'hommes, du roi aux plus humbles. Nous dirigeons Notre esprit vers ces oasis de vie religieuse et contemplative, vers ces foyers de renouvellement intérieur que furent les monastères du Saint-Sauveur à Messine, du Partirion à Rossano, des saints Elie et Anas-tase à Carbone et tant d'autres ; et Notre âme, ravie par un tel spectacle de beauté, entonne un hymne de reconnaissance au Dieu très bon et très grand pour les oeuvres admirables qui chantèrent et chantent encore aujourd'hui sa gloire.
Il est vrai que pendant quelque temps il semble que la plante qui avait produit des fruits si beaux et si remarquables dépérit et fut près de se dessécher et disparaître, quand une nouvelle sève pleine
de vie vint la revigorer et la rajeunir, grâce à l'arrivée, à la fin du XVe siècle, de nombreux fugitifs d'Albanie, qui étaient encore sous la fascination victorieuse et subjugatrice du grand Georges Castriote Scanderbeg, athlète extraordinaire de la foi orthodoxe et intrépide combattant2, athlète authentique et défenseur du nom chrétien3, comme aimèrent à l'appeler les papes Nicolas V et Callixte III, qui lui accordèrent généreusement toutes sortes de secours. Et quand avec la mort du héros l'héroïsme de tout un peuple, soulevé pour la défense de la liberté et de la foi succomba malheureusement sous la puissance de la force ennemie, ces nobles et admirables fugitifs, qui avaient préféré l'exil au sacrifice de ce qu'ils avaient de plus cher et de plus précieux, trouveront dans leur transplantation la sécurité et la possibilité de vivre sur une terre qui devint rapidement pour eux une seconde patrie, et possédèrent la pleine faculté de garder ou de suivre leur rite grec et leurs traditions.
Respect du Saint-Siège pour leur rite.
C'est pourquoi, Vénérables Frères et chers fils, le Siège apostolique regarde toujours avec des yeux de maternelle complaisance les rites orientaux. Avant la malheureuse scission de l'Eglise d'Orient, nombreux étaient à Rome les cloîtres et les autels où les moines grecs s'adressaient au Seigneur dans leur propre rite et dans leur propre langue ; aussi quand le patriarche Michel Cerulaire fit fermer les monastères latins et interdit les abbés et les moines, le pape saint Léon IX, en 1053, pouvait avec raison se lamenter en prononçant ces paroles admirables restées célèbres dans l'histoire de l'Eglise : « Voyez combien l'Eglise de Rome est à votre égard pleine de discrétion et d'attention ! En effet, aucun des divers monastères ou églises qui se trouvent à l'intérieur et à l'extérieur de Rome n'a été inquiété ni empêché de suivre ses traditions ancestrales ou ses coutumes, mais bien plutôt a été encouragé et invité à les observer ». Et il ajoutait une raison qui révèle et atteste la sagesse délicate et pleine d'amour de l'Eglise romaine : « Chacun sait en effet que les coutumes variables selon les lieux et les époques ne sont nullement un obstacle au salut des croyants quand une foi identique, accomplissant par amour le bien qu'elle peut faire, les recommande tous au seul et même Dieu » 4.
C'est avec ce même esprit que le Saint-Siège ne s'est jamais démenti, au cours des temps, de sa sollicitude pour la conservation du rite grec en Italie. C'est pourquoi un erudit allemand et protestant, qui recherchait et étudiait les manuscrits relatifs à l'histoire des chrétiens et des Albanais dans l'Italie du Sud, n'a pas hésité à écrire à un illustre historien catholique que le travail auquel il s'adonnait « pouvait constituer une page de gloire pour la Curie romaine et pour la Congrégation du Saint-Office, qui avaient pris tout le soin possible de ces fugitifs et avaient protégé leur rite et leurs privilèges » 5.
Le Siège romain, servi par une expérience et une perspicacité magistrales, a tout mis en oeuvre pour maintenir, avec le rite, la foi dans sa pureté première et lui conformer la discipline selon la haute mission qui lui a été confiée par Dieu, fondateur de l'Eglise dans la personne de Pierre.
En 1098, Urbain II réunissait à Bari un concile des évêques latins et grecs de l'Italie méridionale, où resplendit la doctrine de saint Anselme dans l'exposition et la diffusion de la foi catholique6.
Il serait trop long de vous entretenir de l'oeuvre des souverains pontifes qui ont suivi, tels que Pie IV, Pie V, Clément VIII et d'autres encore. Nous ne pouvons cependant taire le nom de Benoît XIV qui, par la célèbre constitution Etsi pastoralis, de 1742, donna aux Italo-Grecs et aux Italo-Albanais un bref code de loi, qui se distingue dans un harmonieux mariage par le soin de conserver le rite et le souci d'une vie ecclésiastique bien ordonnée.
C'est pour atteindre ce but que les pontifes romains ne négligèrent rien de ce qui put être un soutien et une amélioration nécessaire dans la formation d'un excellent clergé italo-albanais, comme l'érection de séminaires (et le Collège grec de Rome depuis des siècles fournit aux Eglises de rite byzantin d'Italie des prêtres solidement affermis dans la doctrine et dans la piété) et comme la nomination d'évêques ordonnés pour leur rite. Vous n'ignorez pas les sages dispositions prises par le grand pape Léon XIII pour repousser diverses infiltrations venues du rite latin et consolider et restituer le rite byzantin dans la pureté de sa forme originaire. Ce fut certainement pour celui-ci un grand bienfait et une protection quand, en 1919, Benoît XV fonda l'éparchie de Lungro en Calabre pour les
Italo-Albanais de rite byzantin habitant l'Italie continentale, et quand Notre immortel prédécesseur Pie XI, en 1937, érigea une semblable éparchie en Sicile, en même temps qu'il déclarait l'abbaye de Grottaferrata nullius dioeceseos ou monastère de l'exarcat. De cette manière les Italo-Albanais eurent l'avantage et l'honneur d'être gouvernés par leurs propres pasteurs.
Utilité du Synode.
Il était par conséquent opportun que les diverses questions surgies à la suite de cette nouvelle organisation fussent traitées et discutées par un synode qui prit soin d'établir des normes pratiques pour le développement des communautés italo-grecques-albanaises, normes qui — Nous n'en doutons pas — stimuleront votre clergé et votre peuple d'un nouveau zèle, et les encourageront à une parfaite observance de leurs devoirs de prêtres et de chrétiens.
La base fondamentale de toute vie chrétienne reste toujours la foi, sans laquelle il n'y a pas de salut. Quelle que soit la diversité des rites, la flamme de la foi est unique qui illumine et guide tous les membres de l'Eglise du Christ : Unus Dominus, una fides, unum baptisma (Ep 4,5). La vérité n'a pas deux visages, encore qu'elle puisse revêtir diverses expressions. Il n'y a pas une vérité pour les Latins et une autre pour les Grecs, mais il n'en est qu'une seule, celle que Jésus-Christ a annoncée au monde et a confiée à son Eglise, columna et firmamentum veritatis (1Tm 3,15). Tel fut précisément le grand avertissement de Notre prédécesseur Pie IX, alors que réaffirmant une fois encore la légitimité des divers rites qui, avec leur variété, accroissent et multiplient la splendeur et la majesté du culte catholique, exhortait à se tenir en garde « afin que ne soit pas par hasard introduit dans les rites eux-mêmes quelque chose qui fut opposé à la foi catholique, engendre un péril pour les âmes, ou déroge à l'honnêteté ecclésiastique » 1.
Nous aussi, soutenu et poussé par les exemples apostoliques de Notre vénéré prédécesseur, Nous désirons ardemment que les usages légitimes du rite et les prescriptions de la liturgie soient observées dans leur intégrale pureté, sachant bien par expérience que l'exacte observance des règles liturgiques suscite dans les âmes des fidèles l'estime et l'amour pour l'organisation ecclésiastique et pour le culte divin, et unit plus étroitement l'homme à l'Eglise et à Dieu.
7 Lettre apost. Romani Pontifices, du 6 janvier 1862.
Mais, comme la diversité du rite ne doit pas porter atteinte à l'unité de la foi ni de même la déchirer, elle ne doit pas créer un empêchement à l'union dans la charité. Notre divin Rédempteur a voulu que l'amour soit le signe distinctif de ses disciples et, avant de quitter ce monde, il a, dans sa prière sacerdotale, imploré le Père ut sint unum (Jn 17,11 et 22), afin que ses disciples soient unis dans la doctrine et dans l'amour. Si, par conséquent, il est juste et saint qu'on observe et qu'on aime son propre rite, un tel amour ne devra pas être exclusif, ni faire perdre de vue que par-dessus tout trône et commande la charité en laquelle se noue la perfection, vinculum perfectionis (Col 3,14). Par conséquent, là où vivent ensemble des fidèles de rites divers, il faut que chacun respecte les droits d'autrui et ne s'efforce pas de prévaloir au détriment des autres, mais plutôt que les tenants de chaque rite entourent d'égards et d'amour les membres d'un autre rite, selon le précepte de l'apôtre : Caritate fraternitatis invicem diligentes, honore invicem praevenientes (Rm 12,10).
Nous ne doutons pas, Vénérables Frères et chers fils, que vos pensées et vos projets sont semblables aux Nôtres ; c'est seulement par leur exacte observance que les catholiques de rite byzantin d'Italie donneront aux frères séparés d'Orient cet exemple de doctrine, de pratique chrétienne et de concorde catholique, qui sera une invitation et un encouragement à reconnaître combien l'émulation et la réciprocité dans l'activité en faveur du bien, et combien la pureté première de vie chrétienne peut surgir et fleurir dans l'unité avec l'Eglise de Rome.
(19 octobre 1940) 1
La veille de la « Journée missionnaire mondiale », le Saint-Père s'est adressé par radio aux évêques et aux fidèles des Etats-Unis et a rappelé la collaboration nécessaire de tout chrétien à l'apostolat missionnaire.
A la veille du jour consacré à promouvoir le développement des missions catholiques dans le monde, Notre Cceur qui, dans son amour paternel embrasse tout l'immense troupeau du Christ, se tourne en particulier vers vous, nobles citoyens de la grande confédération des Etats-Unis d'Amérique, pays où la nature a fait une copieuse largesse de ses biens, où le ciel couvre une population aussi active et puissante. De cette colline du Vatican, Notre parole sur l'aile d'un prodige du génie humain, vole et franchit l'Atlantique pour satisfaire votre désir de l'entendre animer votre zèle missionnaire. Doux et bien vivant demeure dans Notre mémoire le souvenir de Notre venue au milieu de vous et des longs voyages aériens à travers ces régions fertiles, ces merveilles des montagnes, des plaines, des lacs et des fleuves, afin de connaître et d'admirer vos cités, vos églises et vos cathédrales, vos écoles supérieures, vos collèges et vos universités, votre sage activité, les prodiges de votre ardente foi et charité.
Aujourd'hui, assis, bien qu'indigne héritier, sur le siège de Pierre, pendant que Notre pensée grâce à ces chers et ineffaçables souve-
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nirs court vers vous, Notre regard s'étend sur la face de la terre et l'espoir de votre concours, de votre coopération à la diffusion de l'Evangile se ranime, se réconforte, se répand et monte aussi haut que s'élève votre zèle actif et généreux pour la conversion des nations au Christ. Elle est vôtre la Société des Missions étrangères de Maryknoll, à laquelle beaucoup de vos héros et héroïnes ont donné leur nom, et qui dans l'est de l'Asie rivalise avec les instituts et les familles religieuses d'Europe dans la propagation de la foi. Elle est vôtre la réputation de généreuse libéralité qui exalte votre nom dans les champs des moissons évangéliques et parmi les hérauts du Christ, réputation que demain, loin de la ternir, vous vous préparez à faire resplendir toujours davantage.
A l'aurore de demain, journée d'émulation mondiale pour les missions catholiques, les hérauts du Christ regardent des champs de leurs sueurs, de leur gêne, de leurs luttes et victoires ; les religieuses consacrées à l'instruction de la jeunesse et au soulagement des misères de l'humanité regardent de leurs refuges ou orphelinats, de leurs hôpitaux, de leurs écoles ; regardent l'Orient et l'Occident, l'un et l'autre pôles, de leurs immenses landes de glace ; les grandes régions ensanglantées et désolées par les conflits internationaux, l'Eglise épouse du Christ avec les mains étendues, regardent aussi. Nos yeux levés vers le ciel pour vous, vous regardent. Le Christ lui-même, rédempteur du monde, regarde. N'est-il pas le divin Messager ou missionnaire du Père descendu du ciel et ayant pris la forme du serviteur, héraut de la bonne nouvelle, ambassadeur divin qui à cause de son ambassade de vie subit la peine de mort et élevé de terre sur la croix du Golgotha tient crucifiés ses bras étendus pour attirer à lui tout le genre humain (Jn 12,32).
Regardez, Vénérables Frères et chers fils, le monde et les moissons qui de toutes parts jaunissent pendant qu'au-dessus passe et gronde l'ouragan des conflits, des ruines, des misères, des besoins sans nombre. Voyez combien de messagers de l'Evangile, de héros et d'héroïnes du Christ, d'ouvriers de sa vigne vivent, travaillent, combattent et souffrent au milieu des dangers et des privations, au milieu de la gêne et de la pénurie qui entravent l'ardeur de leur zèle et gênent la marche sur le chemin de leurs saintes et bienfaisantes entreprises. Ils élèvent vers vous les mains et leurs regards avec les fidèles qui les entourent, avec les peuples qui attendent leur prédication et qui sont encore errants et plongés dans les ombres de la mort, ignorant Celui qui les a rachetés et leur a promis de leur donner la vie éternelle et heureuse. Priez pour qu'à ces frères appelés
eux aussi à renaître dans le Christ, le patron de la moisson envoie ses ouvriers. La prière est l'arme qui gagne le coeur de Dieu et l'amène à la pitié et à la miséricorde ; elle est l'obole de vos lèvres, de votre affection pour les hérauts du Christ, pour les brebis vagabondant hors du bercail, pour les malheureux qu'accable et tourmente la tempête de notre époque.
De l'obole de la prière s'élevant face aux tabernacles où le divin pasteur des peuples rachetés vit, seconde, accompagne ses messagers (ambassadeurs) sur les chemins et dans les champs de leurs travaux apostoliques, on ne doit pas séparer l'obole de la main qui, en cette heure de tristesse et de pénurie, apporte votre secours à l'Epouse du Christ dans l'oeuvre de la propagation de la foi, afin qu'elle puisse continuer le bien commencé, rétablir ce qui a été endommagé ou détruit, affermir ce qui est faible ou contesté, multiplier le peu, et tout soutenir, développer et avancer vers ce triomphe de ce règne de Dieu sur la terre, que chaque jour dans la divine prière apprise du Christ, nous demandons au Père céleste qui vient au milieu de nous. Ce règne de Dieu est le règne de la paix dans notre âme avec Dieu, de la paix entre les frères dans la réciproque correspondance des affections, de la paix entre les peuples et les nations dans la réconciliation et dans une concorde bien réglée. Plus l'humanité à l'heure présente est éloignée de cette paix, plus aussi la conscience des communes valeurs naturelles et surnaturelles menace de céder la place, en beaucoup de coeurs, à des sentiments contraires. A cause de cela votre adhésion efficace à l'esprit missionnaire catholique doit être d'autant plus constructive et animatrice. Par-dessus tout, la paix dans le monde est une mission de l'Eglise. Dans la tranquillité de l'ordre au sein de l'humanité se trouve sa vie, la conquête et le salut des âmes, la diffusion du précieux bien de la foi, le triomphe sur le mal, pour atteindre la paix imperturbable de l'éternité.
Qu'à ces hautes et saintes pensées s'élèvent votre prière et votre obole. Votre argent est un prêt que vous faites au Seigneur en secourant le pauvre missionnaire, et le Seigneur vous payera de retour (Pr 19,17). Le Christ qui parle et travaille dans les champions de l'Evangile vous fera participer à leurs mérites : il veut considérer comme donné à lui-même ce que vous donnez à eux.
Que le Dieu de nos tabernacles vous trouve prêts, avec ses biens qui sont également un don du Seigneur, à coopérer à l'établissement et à la multiplication des tabernacles des délices divines au milieu des fils des hommes, sur toutes les plages de la mer, dans les plaines et sur les montagnes de la terre, jusque sur les terres glacées du pôle, ou les contrées brûlées par le soleil, là où seulement grâce à l'avion vrombissant, un prêtre peut arriver et élever un autel. De ces solitudes de Dieu, de ces refuges perdus, sur les lèvres des nouvelles brebis du Seigneur monteront vers le ciel des voix ou des paroles de remerciement, de prière, de reconnaissance à votre égard. Elles appelleront sur vous et sur vos oeuvres, sur vos nombreux et florissants établissements d'éducation, d'instruction, de science, de bienfaisance et de secours, l'abondante récompense des grâces divines. Qu'elle soit le gage et le présage de ces faveurs célestes la Bénédiction apostolique que, Nous souvenant de votre sincère et fervente dévotion envers le Vicaire du Christ, Nous accordons avec une bien profonde et paternelle affection, à tous et à chacun de vous.
Pie XII 1940 - ALLOCUTION AUX JEUNES FILLES DE L'ACTION CATHOLIQUE