XXIIIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE - RENCONTRE OECUMÉNIQUE - DISCOURS - Crypte de la Cathédrale - Vendredi 18 juillet 2008

RENCONTRE OECUMÉNIQUE - DISCOURS - Crypte de la Cathédrale - Vendredi 18 juillet 2008



Chers frères et soeurs dans le Christ,

Je remercie vivement Dieu pour la possibilité qui m’est donnée de vous rencontrer et de prier avec vous, qui êtes venus ici en tant que représentants des différentes communautés chrétiennes de l’Australie. En témoignant ma reconnaissance à l’Évêque Forsyth et au Cardinal Pell pour leurs paroles chaleureuses de bienvenue, c’est avec beaucoup de joie que je vous salue au nom du Seigneur Jésus, « la pierre angulaire » de la « demeure de Dieu » (cf. Ep Ep 2,19-20). J’adresse une salutation particulière au Cardinal Edward Cassidy, Président émérite du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, qui, en raison de sa santé fragile, ne peut être avec nous aujourd’hui. Avec gratitude, j’évoque son constant dévouement à promouvoir la compréhension réciproque entre tous les chrétiens, et je vous invite tous à vous unir à moi dans la prière pour son prompt rétablissement.

L’Australie est un pays marqué par une grande diversité ethnique et religieuse. Les immigrés débarquent sur les rivages de cette terre majestueuse en espérant y trouver le bonheur et de opportunités de travail. Votre nation reconnaît aussi l’importance de la liberté religieuse. C’est un droit fondamental qui, lorsqu’il est respecté, permet aux habitants d’agir en s’appuyant sur des valeurs enracinées dans leurs convictions les plus profondes, contribuant ainsi au bien-être de la société tout entière. De cette manière, les chrétiens coopèrent, conjointement avec les membres des autres religions, à la promotion de la dignité humaine et à l’amitié entre les nations.

Les Australiens aiment la discussion franche et cordiale. Cela a été très utile pour le mouvement oecuménique. Un exemple en est peut-être la Convention, signée en 2004, par les membres du Conseil National des Églises en Australie. Ce document reconnaît un engagement commun, expose des objectifs, admet des points de convergence, sans dissimuler les différences. Une telle approche démontre non seulement qu’il est possible de formuler des résolutions concrètes en vue d’une coopération fructueuse aujourd’hui, mais aussi que, patiemment, nous avons besoin de continuer à discuter sur nos divergences théologiques. Que les délibérations que vous poursuivrez au Conseil des Églises et à d’autres forums locaux, puissent être soutenues par les résultats que vous avez déjà obtenus !

Cette année, nous célébrons le bimillénaire anniversaire de la naissance de saint Paul, inlassable bâtisseur de l’unité au sein de l’Église primitive. Dans le passage de l’Écriture que nous venons juste d’écouter, Paul nous rappelle la grâce insigne que nous avons reçue en devenant membres du Corps du Christ par notre Baptême. Ce Sacrement, qui est la porte qui nous fait entrer dans l’Église, ainsi que le « lien de l’unité » pour ceux qui, grâce à lui, sont nés de nouveau (cf. Unitatis redintegratio UR 22), est, par conséquent, le point de départ du mouvement oecuménique tout entier. Toutefois, il n’en est pas le point d’arrivée. La route de l’oecuménisme, en fin de compte, conduit vers une célébration commune de l’Eucharistie (cf. Ut unum sint UUS 23-24 UUS 45), que le Christ a confiée à ses Apôtres comme le Sacrement, par excellence, de l’unité de l’Église. Même si des obstacles sont encore à surmonter, nous pouvons être sûrs qu’un jour une Eucharistie commune ne fera que renforcer notre volonté de nous aimer et de nous servir les uns les autres, à l’exemple de notre Seigneur. Le commandement de Jésus : « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22,19) est, en effet, fondamentalement lié à son admonition : « Lavez-vous les pieds les uns les autres » (Jn 13,14). C’est pour cette raison qu’un dialogue sincère au sujet de la place de l’Eucharistie – stimulé par une étude renouvelée et attentive de l’Écriture, des écrits des Pères de l’Église et des documents des deux millénaires de l’histoire chrétienne (cf. Unum sint, 69-70) – aidera incontestablement à faire progresser le mouvement et à unifier notre témoignage au monde.

Chers amis dans le Christ, je pense que vous serez d’accord pour constater que le mouvement oecuménique est parvenu à un point critique. Pour progresser, nous devons sans cesse demander à Dieu de renouveler nos esprits par la grâce de l’Esprit Saint (cf. Rm Rm 12,2), qui nous parle à travers les Écritures et nous conduit à la vérité tout entière (cf. 2P 1,20-21 Jn 16,13). Nous devons nous garder de la tentation de considérer la doctrine comme une cause de division et, par conséquent, comme un empêchement à ce qui semble être la tâche immédiate la plus urgente pour améliorer le monde dans lequel nous vivons. En réalité, l’histoire de l’Église démontre que la praxis non seulement est inséparable de la didaché, ou enseignement, mais qu’elle en découle au contraire. Plus nous nous efforcerons avec assiduité de parvenir à une compréhension commune des mystères divins, plus nos oeuvres de charité parleront avec éloquence de l’immense bonté de Dieu et de son amour pour tous les hommes. Saint Augustin exprime le lien entre le don de la connaissance et la vertu de la charité quand il écrit que l’esprit retourne à Dieu à travers l’amour (cf. De moribus Ecclesiae catholicae, XII, 21), et que là où est la charité, là est la Trinité (cf. De Trinitate, 8, 8, 12.).

C’est pour cette raison que le dialogue oecuménique progresse non seulement à travers un échange d’idées, mais en partageant des dons qui nous enrichissent mutuellement (cf. Ut unum sint UUS 28 UUS 57). Une « idée » vise la vérité ; un « don » exprime l’amour. Tous deux sont essentiels au dialogue. Nous ouvrir nous-mêmes pour accepter les dons spirituels des autres chrétiens accélère notre capacité de discerner la lumière de la vérité qui vient de l’Esprit Saint. Saint Paul enseigne que c’est dans la koinonia de l’Église que nous accédons à la vérité de l’Évangile et avons les moyens de la préserver, car la construction de l’Église « a pour fondations les Apôtres et les prophètes », Jésus lui-même étant la pierre angulaire (Ep 2,20).

Sous ce jour, nous pouvons peut- être considérer les images bibliques du « corps » et du « temple » utilisées pour décrire l’Église. En employant l’image du corps (cf. 1Co 12,12-31), Paul attire l’attention sur l’unité organique et sur la diversité qui permet à l’Église de respirer et de grandir. Toutefois, l’image d’un temple solide et bien structuré, composé de pierres vivantes, s’appuyant sur des fondations sûres est également significative. Jésus lui-même lie ensemble, en parfaite unité, ces images du « temple » et du « corps » (cf. Jn Jn 2,21-22 Lc 23,45 Ap Ap 21,22).

Chaque élément de la structure de l’Église est important, cependant ils vacilleraient et s’écrouleraient tous sans la pierre angulaire qu’est le Christ. En tant que « concitoyens » de cette « demeure de Dieu », les chrétiens doivent travailler ensemble pour s’assurer que l’édifice soit solide afin que d’autres personnes aient envie d’y entrer et de découvrir les nombreux trésors de grâce qui s’y trouvent. En promouvant les valeurs chrétiennes, nous ne devons pas négliger de proclamer leur source, en donnant un témoignage commun de Jésus Christ le Seigneur. C’est Lui qui a confié cette mission aux Apôtres, c’est de Lui que les prophètes ont parlé, et c’est Lui que nous offrons au monde.

Chers amis, votre présence, ici aujourd’hui, m’emplit de l’espérance ardente qu’en parcourant ensemble le chemin vers la pleine unité, nous aurons le courage d’offrir un témoignage commun du Christ. Paul parle de l’importance des prophètes dans l’Église primitive. Nous aussi, nous avons reçu un appel prophétique par notre Baptême. Je suis sûr que l’Esprit ouvrira nos yeux pour voir les dons des autres, nos coeurs pour recevoir sa force et nos esprits pour percevoir la lumière de la vérité du Christ. J’exprime ma vive gratitude à chacun de vous pour le temps, l’érudition et les talents que vous avez investis par amour de l’unique Corps et de l’unique Esprit (cf. Ep Ep 4,4 1Co 12,13), que le Seigneur a voulu pour son peuple en lui donnant sa propre vie. À Lui la puissance et la gloire pour les siècles des siècles. Amen !





RENCONTRE INTERRELIGIEUSE - DISCOURS - Vendredi 18 juillet 2008



Chers amis,

À vous tous qui êtes ici pour représenter des diverses traditions religieuses présentes en Australie, j’adresse une cordiale salutation de paix et d’amitié. Je suis heureux de vous rencontrer et je remercie le Rabbin Jeremy Lawrence et le Sheikh Mohamadu Saleem des mots de bienvenue qu’ils ont formulés en leur nom et au nom de vos communautés respectives.

L’Australie est renommée pour l’affabilité de ses habitants envers leurs prochains et envers les touristes. C’est une nation qui tient en grand considération la liberté de religion. Votre pays reconnaît que le respect de ce droit fondamental permet aux hommes et aux femmes d’adorer Dieu selon leur conscience, d’éduquer leur esprit et d’agir selon les convictions éthiques qui dérivent de leur croyance.

La relation harmonieuse entre les religions et la vie publique est d’autant plus importante à une époque où certains en sont venus à considérer la religion comme une cause de division plutôt que comme une force d’unité. Dans un monde menacé par des formes inquiétantes et indiscriminées de violence, l’unité de pensée de tous ceux qui ont une croyance religieuse stimule les nations et les communautés à résoudre les conflits au moyen d’instruments pacifiques, en respectant pleinement la dignité humaine. Une des multiples manières dont la religion se met au service de l’humanité est celle d’offrir une vision de la personne humaine qui souligne notre aspiration innée à vivre avec magnanimité, en tissant des liens d’amitié avec nos prochains. Au sens le plus profond, les relations humaines ne peuvent être définies en termes de pouvoir, de domination et d’intérêt personnel. Au contraire, elles reflètent et perfectionnent l’inclination naturelle de l’homme à vivre en communion et en harmonie avec les autres.

Le sens religieux, enraciné dans le coeur de l’homme, ouvre les hommes et les femmes à Dieu et les porte à découvrir que la réalisation personnelle ne consiste pas dans la satisfaction égoïste de désirs éphémères. Il nous amène plutôt à aller au-devant des nécessités des autres et à chercher des voies concrètes pour contribuer au bien commun. Les religions ont un rôle particulier en ce sens, car elles enseignent aux personnes qu’un service authentique demande sacrifice et autodiscipline, qui, eux-mêmes, doivent être cultivés à travers l’abnégation, la tempérance et l’usage modéré des biens de ce monde. De cette manière, les hommes et les femmes sont amenés à considérer l’environnement comme une merveille à contempler et à respecter plutôt que comme un produit simplement à consommer. Il incombe aux personnes qui ont une croyance religieuse de démontrer qu’il est possible de trouver le bonheur en vivant simplement et modestement, en partageant avec générosité son propre superflu avec ceux qui sont dans le besoin.

Chers amis, ces valeurs – je suis certain que vous êtes de mon avis – sont particulièrement importantes pour une formation adéquate des jeunes, qui sont très souvent tentés de considérer la vie elle-même comme un produit de consommation. Ils sont aussi capables d’autocontrôle : comme par exemple dans le sport, dans les arts créatifs et dans les études universitaires qu’ils sont facilement prêts à accueillir comme un défi. N’est-il pas vrai que lorsque leur sont offerts des idéaux élevés, de nombreux jeunes sont attirés par l’ascétisme et par la pratique de la vertu morale à travers le respect de soi et l’attention envers les autres ? Ils prennent plaisir à contempler le don de la création, et sont intrigués par le mystère de la transcendance. Dans cette perspective, les écoles confessionnelles comme les écoles nationales peuvent faire davantage pour élever la dimension spirituelle de chaque jeune. En Australie, comme ailleurs, la religion a été un facteur mobilisateur dans la fondation de nombreuses institutions pédagogiques et, à juste titre, elle continue à occuper aujourd’hui une place dans les programmes scolaires. Le thème de l’éducation ressort fréquemment dans les délibérations de l’Organisation Interfaith Cooperation for Peace and Harmony, et j’encourage vivement ceux qui y prennent part à continuer leurs échanges sur les valeurs qui intègrent les dimensions intellectuelles, humaines et religieuses d’une éducation solide.

Les religions du monde prêtent une attention constante à la merveille qu’est l’existence humaine. Comment ne pas s’étonner devant la force de l’esprit qui perçoit les secrets de la nature à travers les découvertes de la science ? Comment ne pas être exalté par la possibilité d’élaborer une vue de l’avenir ? Comment ne pas être impressionnés par la force de l’esprit humain qui se fixe des objectifs et invente des chemins pour y parvenir ? Les hommes et les femmes ont la capacité non seulement d’imaginer comment les choses pourraient être meilleures, mais aussi d’investir leurs énergies pour les rendre meilleures. Nous sommes conscients de notre relation unique avec l’ensemble de la nature. Alors, si nous croyons que nous ne sommes pas soumis aux lois de l’univers matériel de la même manière que le reste de la création, ne devrions-nous pas faire aussi de la bonté, de la compassion, de la liberté, de la solidarité, et du respect de tout individu, une part essentielle de notre vision d’un avenir plus humain ?

Néanmoins, la religion, tout en nous rappelant les limites et la faiblesse de l’homme, nous encourage également à ne pas placer nos dernières espérances en ce monde qui passe. L’homme est « semblable à un souffle, ses jours sont une ombre qui passe » (Ps 143/144, 4). Nous avons tous expérimenté la déception devant notre incapacité de réaliser le bien que nous voulons accomplir et notre difficulté de faire les justes choix dans des situations complexes.

L’Église partage ces réflexions avec les autres religions. Stimulée par la charité, elle aborde le dialogue, convaincue que la véritable source de la liberté se trouve en la personne de Jésus de Nazareth. Les chrétiens croient que c’est Lui qui nous révèle pleinement les potentialités humaines en ce qui concerne la vertu et le bien, et que c’est Lui qui nous libère du péché et des ténèbres. L’universalité de l’expérience humaine, qui dépasse toutes les frontières géographiques et toutes les limites culturelles, permet aux disciples des religions de s’engager dans le dialogue afin d’affronter le mystère des joies et des souffrances de la vie. À cet égard, l’Église cherche ardemment toutes les occasions pour se mettre à l’écoute des expériences spirituelles des autres religions. Nous pourrions affirmer que toutes les religions cherchent à pénétrer le sens profond de l’existence humaine en le ramenant à une origine ou principe extérieur à elle. Les religions offrent une tentative de compréhension du cosmos comme provenant de cette origine ou principe et y retournant. Les chrétiens croient que Dieu a révélé cette origine et principe en Jésus, que la Bible définit comme l’« Alfa et Omega » (cf. Ap Ap 1,8 Ap 22,1).

Chers amis, je suis venu en Australie comme ambassadeur de paix. C’est pourquoi je suis heureux de vous rencontrer, vous qui partagez aussi cette aspiration et le désir d’aider le monde à parvenir à la paix. Notre recherche de la paix avance de pair avec notre recherche du sens, car c’est en découvrant la vérité que nous trouvons le chemin assuré de la paix (cf. Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2006). Notre effort pour arriver à la réconciliation entre les peuples découle de cette vérité et il est orienté vers cette vérité qui donne un but à la vie. La religion offre la paix, mais, plus important encore, elle suscite dans l’esprit humain la soif de la vérité et la faim de la vertu. Qu’il nous soit donné d’encourager chacun, spécialement les jeunes, à s’émerveiller devant la beauté de la vie, à en rechercher le sens dernier et à s’engager à en réaliser le potentiel sublime !

Avec ces sentiments de respect et d’encouragement, je vous confie à la Providence de Dieu Tout-Puissant, et je vous assure de mes prières pour vous et pour toutes les personnes qui vous sont chères, pour les membres de vos communautés et pour tous les habitants de l’Australie.



RENCONTRE AVEC LES JEUNES PARTICIPANT AU PROGRAMME "ALIVE" - DISCOURS - Vendredi 18 juillet 2008



Chers jeunes,

Je me retrouve avec plaisir aujourd’hui parmi vous à Darlinghurst, et je salue de tout coeur tous ceux qui participent au programme « Alive », ainsi que le personnel qui en assume la gestion. Je prie le Seigneur afin que vous puissiez tous bénéficier du soutien offert par la Social Services Agency de l’archidiocèse de Sydney, et afin que le bon travail réalisé ici se poursuive dans l’avenir.

Le nom donné au programme que vous suivez nous conduit à poser la question : que veut dire véritablement être « vivant », vivre pleinement la vie ? C’est ce que nous voulons tous, spécialement lorsque l’on est jeune, et c’est ce que le Christ veut pour nous. En effet, il a dit : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10,10). L’instinct le plus profond chez tout être vivant est celui de rester en vie, de grandir, de se développer et de transmettre à d’autres le don de la vie. Il en résulte qu’il est bien naturel de s’interroger sur la meilleure façon de vivre tout cela.

Pour le peuple de l’Ancien Testament, cette question était tout aussi pressante que pour nous aujourd’hui. Sans aucun doute, il écoutait avec attention quand Moïse lui disait : « Je te propose de choisir entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve la vie » (Dt 30,19-20). Ce qu’ils avaient à faire était clair : ils devaient se détourner des autres dieux et adorer le vrai Dieu qui s’était révélé à Moïse et ils devaient obéir à ses commandements. Vous pourriez penser qu’il est peu probable que, dans le monde d’aujourd’hui, les gens adorent d’autres dieux. Mais il arrive que les gens adorent « d’autres dieux » sans s’en rendre compte. Les faux « dieux », quels que soient le nom, l’image ou la forme que nous leur attribuions, sont presque toujours liés à l’adoration de trois réalités : les biens matériels, l’amour possessif, le pouvoir. Laissez-moi vous expliquer ce que je veux dire.

Les biens matériels, en soi, sont des choses bonnes. Nous ne survivrions pas longtemps sans argent, sans vêtements et sans logement. Pour vivre, nous avons besoin de nourriture. Mais, si nous sommes avides, si nous refusons de partager ce que nous avons avec l’affamé et avec le pauvre, alors nous transformons ces biens en une fausse divinité. Combien de voix, dans notre société matérialiste, nous disent que le bonheur se trouve en s’appropriant le plus grand nombre possible de biens et d’objets de luxe ! Mais cela signifie transformer les biens en fausses divinités. Au lieu de donner la vie, ils donnent la mort.

L’amour authentique est certainement quelque chose de bon. Sans lui, la vie serait difficilement digne d’être vécue. L’amour réalise notre aspiration la plus profonde ; et quand nous aimons, nous devenons plus pleinement nous-mêmes, nous devenons plus pleinement humains. Mais comme il est facile de transformer l’amour en une fausse divinité ! Souvent, les gens pensent aimer alors qu’en réalité, ils tendent à posséder l’autre ou à le manipuler. Parfois, les gens traitent les autres comme des objets pour satisfaire leurs propres besoins plutôt que comme des personnes à apprécier et à aimer. Comme il est facile d’être trompés par les nombreuses voix qui, dans notre société, défendent une approche permissive de la sexualité, sans prêter attention à la pudeur, au respect de soi et aux valeurs morales qui confèrent aux relations humaines leurs qualités ! C’est là adorer une fausse divinité. Au lieu de donner la vie, elle donne la mort.

Le pouvoir que Dieu nous a donné de façonner le monde autour de nous est certainement quelque chose de bon. Utilisé d’une façon appropriée et responsable, il nous permet de transformer la vie des gens. Toutes les communautés ont besoin de bons dirigeants. Mais combien est forte la tentation de s’attacher au pouvoir pour lui-même, de chercher à dominer les autres ou d’exploiter le milieu naturel pour ses propres intérêts égoïstes ! C’est là transformer le pouvoir en une fausse divinité. Au lieu de donner la vie, cela donne la mort.

Le culte des biens matériels, le culte de l’amour possessif et le culte du pouvoir conduisent souvent les gens à « se comporter comme Dieu » : chercher à assumer un contrôle total, sans prêter aucune attention à la sagesse et aux commandements que Dieu nous a faits connaître. C’est là la route qui conduit à la mort. Au contraire, l’adoration de l’unique et vrai Dieu signifie reconnaître en lui la source de tout ce qui est bien, nous confier à lui, nous ouvrir à la force de guérison de sa grâce et obéir à ses commandements : là est la route de la vie.

Un exemple lumineux de ce que signifie s’éloigner de la voie de la mort pour cheminer sur la voie de la vie, nous est donné dans une page de l’Évangile que, j’en suis sûr, vous connaissez tous bien : la parabole de l’enfant prodigue. Quand, au début du récit, ce jeune homme abandonne la maison de son père, il était à la recherche des plaisirs illusoires promis par les faux « dieux ». Il gaspilla son héritage dans une vie de débauche et, à la fin, il se retrouva dans un état de misérable pauvreté. Quand il toucha le fond, affamé et abandonné, il comprit combien il avait été sot de quitter son père qui l’aimait. Avec humilité, il retourna à la maison et demanda pardon. Le père, plein de joie, l’embrassa et s’exclama : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » (Lc 15,24).

Beaucoup d’entre vous ont vécu personnellement l’expérience de ce jeune homme. Peut-être avez-vous fait des choix que vous regrettez aujourd’hui, choix qui vous ont mis sur une route qui, si attirante qu’elle ait pu alors apparaître, vous a seulement conduits à un état de misère et d’abandon plus profond encore. Le choix d’abuser de la drogue ou de l’alcool, de vous engager dans une conduite criminelle ou autodestructrice a pu alors vous sembler être une issue par rapport à une situation de difficulté ou de confusion. À présent, vous savez que, plutôt que de donner la vie, cela donnait la mort. Je me réjouis du courage que vous avez démontré en choisissant de retourner sur le chemin de la vie, tout comme le jeune homme de la parabole. Vous avez accepté une aide : de la part d’amis ou de parents, de la part du personnel du programme « Alive » et de ceux qui prennent vraiment à coeur votre bien-être et votre bonheur.

Chers amis, je vois en vous des ambassadeurs de l’espérance pour tous ceux qui se trouvent dans des situations semblables. Vous pouvez les convaincre de la nécessité de choisir le chemin de la vie et de renoncer au chemin de la mort, parce que vous parlez d’expérience. Dans tous les Évangiles, ce sont ceux qui ont opéré des choix erronés qui sont particulièrement aimés de Jésus, parce que, quand ils se sont rendu compte de leur erreur, ils se sont ouverts plus que les autres à sa parole de guérison. En vérité, Jésus fut souvent critiqué par des soi-disant justes, parce qu’ils passaient trop de temps en leur compagnie. « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » demandaient-ils. Et lui répondait : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades… Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (cf. Mt Mt 9,11-13). C’était ceux qui désiraient reconstruire leur vie qui se montraient les plus disponibles à écouter Jésus et à devenir ses disciples. Vous pouvez suivre leurs traces ; vous aussi vous pouvez vous approcher particulièrement de Jésus précisément parce que vous avez choisi de retourner à Lui. Vous pouvez être certains que, comme le père dans la parabole de l’enfant prodigue, Jésus vous accueille à bras ouverts. Il vous offre son amour inconditionnel : et c’est dans l’amitié profonde avec lui que se trouve la plénitude de la vie.

J’ai dit tout à l’heure que quand nous aimons, nous réalisons nos aspirations les plus profondes et nous devenons plus pleinement nous-mêmes , plus pleinement humains. Aimer est ce pour quoi nous sommes faits, ce à quoi le Créateur nous a destinés. Naturellement, je ne parle pas de relations passagères, superficielles, je parle du véritable amour, qui est le coeur de l’enseignement moral de Jésus : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (cf. Mc Mc 12,30-31). C’est là, pour ainsi dire, le programme inscrit au plus profond de chaque personne, si seulement nous avions la sagesse et la générosité de nous y conformer, si nous étions seulement disposés à renoncer à nos préférences pour nous mettre au service des autres, pour donner notre vie pour le bien de l’autre, et en premier lieu pour Jésus, qui nous a aimés et qui a donné sa vie pour nous. C’est ce que les hommes sont appelés à faire , et c’est ce que veut dire être réellement vivant.

Chers jeunes, le message que vous adresse aujourd’hui est le même que Moïse a formulé il y a si longtemps. « Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu ». Que son Esprit vous guide sur le chemin de la vie, pour obéir à ses commandements, suivre ses enseignements, abandonner les choix erronés qui conduisent seulement à la mort, et vous engager pour la vie entière dans l’amitié avec Jésus Christ ! Avec la force de l’Esprit Saint, choisissez la vie et choisissez l’amour, et soyez les témoins devant le monde de la joie qui en jaillit. Telle est ma prière pour chacun de vous en cette Journée Mondiale de la Jeunesse. Que Dieu vous bénisse tous !



MESSE AVEC LES ÉVÊQUES AUSTRALIENS, LES SÉMINARISTES ET LES NOVICES - HOMÉLIE à St. Mary's Cathedral - Samedi 19 juillet 2008



Chers frères et soeurs,

En cette noble cathédrale, j’ai la joie de saluer mes frères évêques et prêtres, les diacres, les personnes consacrées et les laïcs de l’archidiocèse de Sydney. D’une façon toute particulière, j’adresse mon salut aux séminaristes et aux jeunes religieux présents parmi nous. Comme les jeunes israélites dans la première Lecture de ce jour, ils sont un signe d’espérance et de renouveau pour le peuple de Dieu ; et, comme les jeunes israélites, eux aussi auront le devoir d’édifier la maison de Dieu pour la prochaine génération. Alors que nous admirons ce magnifique édifice, comment ne pas penser aux innombrables prêtres, religieux et fidèles laïcs qui, chacun selon leur vocation propre, ont contribué à bâtir l’Église en Australie ? Nos pensées vont en particulier vers ces familles de colons auxquelles le Père Jeremiah O’Flynn confia le Saint Sacrement au moment de son départ, un « petit troupeau » qui eut à coeur de préserver ce trésor précieux, en le confiant aux générations successives qui érigèrent ce grand tabernacle à la gloire de Dieu. Nous nous réjouissons de leur fidélité et de leur persévérance, et nous nous appliquons à prolonger leurs efforts pour la diffusion de l’Évangile, pour la conversion des coeurs et la croissance de l’Église dans la sainteté, dans l’unité et dans la charité !

Nous nous apprêtons à célébrer la consécration du nouvel autel de cette vénérable cathédrale. Comme nous le rappelle clairement le panneau frontal sculpté, tout autel est le symbole de Jésus Christ, présent au milieu de son église comme prêtre, autel et victime (cf. Préface de Pâques n°5). Crucifié, enseveli et ressuscité d’entre les morts, rendu à la vie dans l’Esprit et assis à la droite du père, le Christ est devenu notre Grand Prêtre, qui intercède éternellement pour nous. Dans la liturgie de l’Église, et surtout dans le sacrifice de la Messe consommé sur les autels du monde, il nous invite, en tant que membres de son Corps mystique, à partager sa libre oblation. Il nous appelle, peuple sacerdotal de la nouvelle et éternelle Alliance, à offrir en union avec lui, nos sacrifices quotidiens pour le salut du monde.

Dans la liturgie de ce jour, l’Église nous rappelle que, comme cet autel, nous avons nous aussi été consacrés, mis « à part » pour le service de Dieu et la construction de son règne. Trop souvent, cependant, nous nous retrouvons immergés dans un monde qui voudrait mettre Dieu « de côté ». Au nom de la liberté et de l’autonomie humaine, le nom de Dieu est mis sous silence, la religion est réduite à une dévotion personnelle et la foi est écartée de la place publique. Parfois, une mentalité de ce genre, totalement opposée à l’essence de l’Évangile, peut même en venir à obscurcir notre compréhension de l’Église et de sa mission. Nous aussi, nous pouvons être tentés de réduire la vie de foi à une simple question de sentiment, affaiblissant ainsi sa capacité d’inspirer une vision cohérente du monde et du dialogue rigoureux avec les nombreuses autres visions qui concourent pour gagner à elles les esprits et les coeurs de nos contemporains.

Et pourtant l’histoire, y compris celle de notre temps, nous démontre que la question de Dieu ne peut jamais être tue, ainsi que l’indifférence à la dimension religieuse de l’existence humaine, en dernière analyse, diminue et trahit l’homme lui-même. N’est-ce pas là le message délivré par l’architecture surprenante de cette cathédrale ? N’est pas là le mystère de la foi qui est annoncé à partir de cet autel lors de chaque célébration eucharistique ? La foi nous enseigne qu’en Jésus Christ, Parole incarnée, nous parvenons à comprendre la grandeur de notre propre humanité, le mystère de notre vie sur la terre et le destin sublime qui nous attend au Ciel (cf. Gaudium et spes GS 24). La foi nous enseigne, en outre, que nous sommes des créatures de Dieu, faites à son image et à sa ressemblance, dotées d’une dignité inviolable et appelées à la vie éternelle. Là où l’homme est diminué, c’est le monde qui nous entoure qui est diminué; il perd sa signification ultime et s’écarte de sa finalité. Ce qui en ressort, c’est une culture non pas de la vie, mais de la mort. Comment peut-on considérer cela un « progrès » ? Au contraire, c’est un pas en arrière, une forme de régression qui, en définitive, assèche les sources mêmes de la vie, de l’individu comme de la société tout entière.

Nous savons qu’à la fin – comme saint Ignace de Loyola l’a vu de façon si claire – l’unique vrai « standard» auquel toute réalité humaine peut être mesuré est la Croix et son message d’amour immérité qui triomphe du mal, du péché et de la mort et qui engendre une vie nouvelle et une joie éternelle. La Croix révèle que nous nous retrouvons nous-mêmes seulement en donnant notre vie, en accueillant l’amour de Dieu comme un don non mérité et en agissant pour mener tout homme et tout femme à la beauté de cet amour et à la lumière de la vérité qui, seule, apporte le salut au monde.

C’est dans cette vérité – le mystère de la foi – que nous avons été consacrés (cf. Jn Jn 17,17-19), et c’est dans cette vérité que nous sommes appelés à grandir, avec l’aide de la grâce de Dieu, dans la fidélité quotidienne à sa Parole, au sein de la communion vivifiante de l’Église. Et pourtant combien est difficile ce chemin de consécration ! Il exige une « conversion » continuelle, une mort à soi-même qui est la condition pour appartenir pleinement à Dieu, une transformation de l’esprit et du coeur qui apporte une vraie liberté et une nouvelle largeur de vue. La liturgie d’aujourd’hui nous offre un symbole éloquent de cette transformation spirituelle progressive à laquelle chacun de nous est appelé. De l’aspersion d’eau, de la proclamation de la Parole de Dieu, de l’invocation de tous les saints, à la prière de consécration, à l’onction et au nettoyage de l’autel, à sa parure de nappes blanches et de lumière – tous ces rites nous invitent à revivre notre propre consécration baptismale. Ils nous invitent à repousser le péché et ses fausses séductions, et à nous désaltérer toujours plus profondément à la source vivifiante de la grâce de Dieu.

Chers amis, puisse cette célébration, en la présence du successeur de Pierre, être un temps d’une nouvelle consécration et d’un renouvellement de toute l’Église en Australie ! Je désire ici m’arrêter quelques instants pour évoquer la honte que nous avons tous éprouvée à la suite des abus sexuels commis sur des mineurs par quelques prêtres et religieux de ce pays. Je suis vraiment profondément désolé pour la douleur et la souffrance que les victimes ont supportées et je les assure qu’en tant que Pasteur je partage leur souffrance. Ces méfaits qui constituent une trahison grave de la confiance doivent être condamnés sans équivoque. Ils ont causé de grandes souffrances et ont porté porter préjudice au témoignage de l’Église. Je demande à chacun de vous de soutenir et d’assister vos Évêques et de collaborer avec eux pour combattre ce mal. Les victimes doivent recevoir compassion et soin et les responsables de ces maux doivent comparaître devant la justice. C’est une priorité urgente que celle de promouvoir un environnement plus sûr et plus sain, spécialement pour les jeunes. Ces jours-ci, marqués par la célébration de la Journée Mondiale de la Jeunesse, nous sommes invités à réfléchir sur le précieux trésor – nos jeunes - qui nous a été confié, et combien leur éducation et leur accompagnement est une part importante de la mission de l’Église dans ce pays. Alors que l’Église en Australie continue, dans l’esprit de l’Évangile, à affronter avec efficacité ce défi pastoral sérieux, je m’unis à vous dans la prière afin que ce temps de purification aboutisse à la guérison, à la réconciliation et à une fidélité toujours plus grande aux exigences morales de l’Évangile.

Je désire m’adresser maintenant aux séminaristes et aux jeunes religieux qui sont parmi nous pour leur manifester mon affection et mes encouragements. Chers amis, avec une grande générosité, vous vous êtes mis un chemin sur une voie particulière de consécration, enracinée dans votre Baptême et entreprise en réponse à l’appel personnel de Seigneur. Vous vous êtes engagés, de façons diverses, à accepter l’invitation du Christ à le suivre, à tout quitter et à consacrer votre vie à la recherche de la sainteté et au service de son peuple.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, le Seigneur nous appelle à « croire en la lumière » (cf. Jn Jn 12,36). Chers jeunes, séminaristes et religieux, ses paroles ont une signification particulière pour vous. Elles sont un appel à avoir confiance en la vérité de la Parole de Dieu et à espérer fermement la réalisation de ses promesses. Celles-ci nous invitent à voir, avec les yeux de la foi, l’oeuvre infaillible de sa grâce tout autour de nous, même en ces moments ténébreux où tous nos efforts semblent demeurer vains. Permettez que cet autel, avec l’image fortement suggestive du Serviteur souffrant, soit pour vous un motif constant d’inspiration. Tout disciple fidèle éprouve à certains moments la chaleur et le poids du jour (cf. Mt Mt 20,12), et lutte pour donner un témoignage prophétique à un monde qui peut apparaître sourd aux exigences de la Parole de Dieu. Cependant n’ayez pas peur ! Croyez en la lumière ! Accueillez de tout coeur la vérité que nous avons entendue aujourd’hui dans la deuxième Lecture : « Jésus Christ, hier et aujourd’hui, est le même, il l’est pour l’éternité » (He 13,8). La lumière de Pâques continue à dissiper les ténèbres !

Le Seigneur nous appelle à marcher dans la lumière (cf. Jn Jn 12,35). Chacun de vous a entrepris la plus grande et la plus glorieuse des batailles, celle d’être consacrés dans la vérité, de grandir dans la vertu, de parvenir à l’harmonie entre, d’une part, pensées et idéaux, et, d’autre part, entre paroles et actions. Entrez avec sincérité et de façon profonde dans la discipline et dans l’esprit de vos programmes de formation. Cheminez chaque jour dans la lumière du Christ en étant fidèles à la prière personnelle et liturgique, nourris par la méditation de la Parole inspirée de Dieu. Les Pères de l’Église aimaient voir les Écritures comme un paradis spirituel, un jardin où nous pouvons nous promener librement avec Dieu, admirant la beauté et l’harmonie de son plan salvifique tandis qu’il porte du fruit dans notre propre vie, dans la vie de l’Église et tout au long de l’histoire. Que la prière, donc, et la méditation de la Parole de Dieu soient la lampe qui illumine, purifie et guide vos pas le long de la voie que le Seigneur a tracée pour vous ! Faites de la célébration quotidienne de l’Eucharistie le centre de votre vie. À chaque messe, quand le Corps et le Sang du Seigneur sont élevés au terme de la prière eucharistique, élevez votre coeur et votre vie dans le Christ, avec Lui et par Lui, dans l’unité de l’Esprit Saint, comme un sacrifice agréable à Dieu notre Père.

Ainsi, chers jeunes, séminaristes et religieux, deviendrez-vous vous-mêmes des autels vivants, sur lesquels le sacrifice d’amour du Christ sera rendu présent comme un modèle et une source de nourriture spirituelle pour tous ceux que vous rencontrerez. En répondant à l’appel du Seigneur à le suivre dans la chasteté, la pauvreté et l’obéissance, vous avez entrepris, en tant que disciples, une démarche radicale qui fera de vous des « signes de contradiction » (cf. Lc Lc 2,34) pour beaucoup de vos contemporains. Modelez quotidiennement votre vie sur la libre offrande pleine d’amour du Seigneur, en obéissance à la volonté du Père. De cette façon, vous découvrirez la liberté et la joie qui peuvent attirer les autres à cet Amour qui est au-dessus de tout autre amour comme sa source et son accomplissement ultime. N’oubliez jamais que la chasteté pour le Royaume signifie embrasser une vie entièrement dédiée à aimer. Aimer vous rend capables de vous consacrer sans réserve au service de Dieu pour être pleinement présents à vos frères et à vos soeurs, spécialement à ceux qui sont dans le besoin. Les trésors les plus grands que vous partagez avec d’autres jeunes – votre idéalisme, votre générosité, votre temps et vos énergies - sont les véritables sacrifices que vous déposez sur l’autel du Seigneur. Puissiez-vous toujours chérir ce charisme magnifique que Dieu vous a donné pour sa gloire et pour l’édification de l’Église !

Chers amis, laissez-moi conclure ces réflexions en attirant votre attention sur le grand vitrail présent dans le choeur de cette cathédrale. La Vierge Marie, Reine du Ciel, y est représentée en majesté sur le trône au côté de son divin Fils. L’artiste a représenté Marie comme la Nouvelle Ève, qui offre au Christ, nouvel Adam, une pomme. Ce geste symbolise le retournement qu’elle a opéré de la désobéissance de nos premiers parents, le fruit abondant que la grâce de Dieu a porté dans sa propre vie, et les premiers fruits de cette humanité sauvée et glorifiée qu’elle a précédée dans la gloire du Paradis. Demandons à Marie, Auxiliaire des chrétiens, de soutenir l’Église en Australie dans la fidélité à cette grâce par laquelle le Seigneur crucifié continue d’« attirer à lui » toute la création et chaque coeur humain (cf. Jn Jn 12,32). Puisse la puissance de son Esprit Saint consacrer dans la vérité les fidèles de cette terre, produire des fruits abondants de sainteté et de justice pour la rédemption du monde et guider l’humanité entière vers la plénitude de vie autour de cet autel où, dans la gloire de la liturgie céleste , nous sommes appelés à chanter les louanges de Dieu pour l’éternité. Amen.




XXIIIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE - RENCONTRE OECUMÉNIQUE - DISCOURS - Crypte de la Cathédrale - Vendredi 18 juillet 2008