2002 Magistère Mariage 1541
vitae
1er août 1984
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Pour aujourd'hui nous avons choisi le thème de la "paternité et maternité responsables", à la lumière de la constitution Gaudium et Spes et de l'encyclique Humanae Vitae.
Dans l'examen du sujet, la constitution conciliaire se contente de rappeler les principes fondamentaux; par contre, le document pontifical va au-delà, leur donnant un contenu plus concret.
Voici ce que dit le texte conciliaire: " (...) Lorsqu'il s'agit de mettre en accord l'amour conjugal avec la transmission responsable de la vie, la moralité du comportement ne dépend donc pas de la seule sincérité de l'intention et de la seule appréciation selon les critères objectifs, tirés de la nature même de la personne et de ses actes, critères qui respectent, dans un contexte d'amour véritable, la signification d'une donation réciproque et d'une procréation à la mesure de l'homme; chose impossible si la vertu de chasteté conjugale n'est pas pratiquée d'un coeur loyal" GS 51 (par. 3)
Et le Concile ajoute: "En ce qui concerne la régulation des naissances, il n'est pas permis aux enfants de l'Eglise, fidèles à ses principes, d'emprunter des voies que le Magistère désapprouve" GS 51 (par. 3)
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Avant le passage cité, GS 50, le Concile enseigne que les époux doivent "s'acquitter de leur charge en toute responsabilité humaine et chrétienne et dans un respect plein de docilité à l'égard de Dieu" GS 50 (par. 2) Ce qui veut dire que "d'un commun accord et d'un commun effort, ils se formeront un jugement droit: ils prendront en considération à la fois et leur bien et celui des enfants nés ou à naître; ils discerneront les conditions aussi bien matérielles que spirituelles de leur époque et de leur situation; ils tiendront compte enfin du bien de la communauté familiale, des besoins de la société temporelle et de l'église elle- même" GS 50 (par. 2)
Suivent les paroles particulièrement importantes pour déterminer avec une plus grande précision le caractère moral de la "paternité et maternité responsables". Nous lisons en effet: "Ce jugement, ce sont en dernier ressort les époux eux-mêmes qui doivent l'arrêter devant Dieu" GS 50 (par. 2). Et poursuivant: "Dans leur manière d'agir, que les époux chrétiens sachent bien qu'ils ont l'obligation de toujours suivre leur conscience, une conscience qui doit se conformer à la loi divine; et qu'ils demeurent dociles au magistère de l'Eglise, interprète autorisé de cette loi à la lumière de l'Evangile. Cette loi divine manifeste la pleine signification de l'amour conjugal, elle le protège et le conduit à son achèvement vraiment humain" GS 50 (par. 2)
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En se contentant de rappeler les conditions nécessaires de la "paternité et maternité responsables", la constitution conciliaire les a relevées de manière claire et nette, précisant les éléments qui constituent cette paternité et maternité, c'est-à-dire le jugement mûr de la conscience personnelle conforme à la loi divine, authentiquement interprétée par la magistère de l'Eglise.
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L'encyclique Humanae Vitae, se basant sur les mêmes principes et conditions, et allant plus loin, présente les indications concrètes. On s'en rend immédiatement compte devant la manière de définir la "paternité responsable" HV 10 Paul VI s'efforce de préciser ce concept en recourant à ses différents aspects et en éliminant d'avance sa réduction à un des aspects "partiels" comme le font ceux qui parlent uniquement de contrôle des naissances. En effet, dès le début, c'est une conception intégrale de l'homme HV 7 et de l'amour conjugal HV 8-9 qui guide Paul VI dans son argumentation.
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On peut, pour parler de responsabilité dans l'exercice de la fonction paternelle et maternelle, la considérer sous divers aspects. C'est ainsi que Paul VI écrit: "Par rapport aux processus biologiques, paternité responsable signifie connaissance et respect de leurs fonctions: l'intelligence découvre dans le pouvoir de donner la vie les lois biologiques qui font partie de la personne humaine" HV 10. Puis, quand il s'agit de la dimension psychologique des "tendances de l'instinct et des passions, la paternité responsable signifie la nécessaire maîtrise que la raison et la volonté doivent exercer sur elles" HV 10.
Considérant les aspects interpersonnels susdits et y joignant "les conditions économiques et sociales" il faut reconnaître que "la paternité responsable s'exerce en vertu soit d'une délibération pondérée et généreuse de faire croître une famille nombreuse, soit d'une décision - prise pour de graves motifs et respectueuse de la loi morale - d'éviter temporairement et également pour un temps indéterminé une nouvelle naissance" HV 10.
Il en résulte que, dans le concept de "paternité responsable" est contenue la décision non seulement d'éviter "une nouvelle naissance" mais aussi de faire croître la famille selon les critères de prudence. Sous cette lumière, dans laquelle il faut examiner et résoudre la question de la "paternité responsable", reste toujours fondamental "l'ordre moral objectif que Dieu a établi et dont la conscience droite est toujours la fidèle interprète" HV 10.
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C'est dans ce cadre que les époux doivent accomplir "leurs propres devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes, envers la famille et envers la société, selon une juste hiérarchie des valeurs" HV 10. Il ne saurait donc être question ici "d'agir selon son propre arbitre". Au contraire, les époux doivent "conformer leur conduite aux intentions créatrices de Dieu" HV 10.
Partant de ce principe, l'encyclique base son argumentation sur la "structure intime de l'acte conjugal" et sur la "connexion inséparable des deux significations de l'acte conjugal" HV 12; nous en avons déjà fait état précédemment. Le principe relatif à la morale conjugale est donc la fidélité au plan divin manifesté dans "l'intime structure de l'acte conjugal" et dans "la connexion inséparable des deux significations de l'acte conjugal".
régulation de la fer
8 août 1984
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Nous avons dit précédemment que le principe de la morale enseignée par l'Eglise (Concile Vatican II, Paul VI) est le critère de la fidélité sur le plan divin.
Conformément à ce principe, l'encyclique Humane Vitae établit une rigoureuse distinction entre ce qui constitue la méthode moralement illicite de régulation des naissances ou, avec plus de précisions, de la régulation de la fertilité et de la méthode droite.
En premier lieu sont moralement illicites "l'interruption directe du processus de génération déjà engagé" (avortement) HV 14, la stérilisation directe et "toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans un déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation" HV 14; donc, tous les moyens contraceptifs. Par contre est moralement licite "le recours aux périodes infécondes" HV 16: "Si donc il existe, pour espacer les naissances, de sérieux motifs dus soit aux conditions physiques ou psychologiques des conjoints soit à des circonstances extérieures, l'Eglise enseigne qu'il est alors permis de tenir compte des rythmes naturels inhérents aux fonctions de la génération pour user du mariage dans les seules périodes infécondes et régler ainsi la natalité sans porter atteinte aux principes moraux (...)"HV 16
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L'encyclique souligne tout particulièrement qu' "il existe une différence essentielle entre les deux cas" HV 16, une différence de nature éthique: "Dans le premier cas, les conjoints usent légitimement d'une disposition naturelle; dans l'autre cas, ils empêchent le déroulement des processus naturels" HV 16.
En découlent deux actions ayant une qualification éthique différente, ou même indirectement opposée: la régulation naturelle de la fertilité est moralement droite, la contraception n'est pas moralement droite. Cette différence essentielle entre les deux actions (manières d'agir) concerne leur qualification éthique intrinsèque, bien que, comme l'affirme mon prédécesseur Paul VI, "dans l'un et l'autre cas les conjoints s'accordent dans la volonté positive d'éviter l'enfant pour des raisons plausibles" et - va-t-il même jusqu'à écrire - "en cherchant à avoir l'assurance qu'il ne viendra pas" HV 16. Par ces paroles, le document admet que, même si ceux qui ont recours à des pratiques anticonceptionnelles peuvent être inspirés par des "raisons plausibles" cela ne change cependant pas la qualification morale qui se fonde sur la structure de l'acte conjugal en tant que tel.
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A ce point, on pourrait observer que les conjoints qui recourent à la régulation naturelle de la fertilité pourraient être privés des raisons valides dont il a été question précédemment; mais cela constitue un problème éthique à part, quand il s'agit du sens moral de la "paternité et maternité responsables".
Supposant que les raisons pour décider de ne pas procréer soient moralement droites, il reste le problème moral de la manière d'agir dans un tel cas, et cela s'exprime dans un acte qui - selon la doctrine de l'Eglise transmise par l'encyclique - possède une qualification morale intrinsèque positive ou négative. La première, positive, correspond à la régulation "naturelle" de la fertilité; la seconde, négative, correspond à la "contraception artificielle".
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Toute l'argumentation précédente se trouve résumée dans l'exposé de la doctrine contenue dans Humanae Vitae, qui en souligne le caractère à la fois normatif et pastoral. Quant à la dimension normative, il s'agit de préciser et d'éclairer les principes moraux de l'agir; pour la dimension pastorale, il s'agit surtout de définir la possibilité d'agir selon ces principes ("possibilité de l'observance de la loi divine" HV 20
Nous devons insister sur l'interprétation du contenu de l'encyclique. Dans ce but, il importe de considérer ce contenu, cet ensemble normatif et pastoral, à la lumière de la théologie du corps telle qu'elle ressort de l'analyse des textes bibliques.
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La théologie du corps n'est pas tellement une théorie, mais plutôt une pédagogie du corps, spécifique, évangélique et chrétienne. Cela découle du caractère de la Bible et surtout de l'Evangile qui, en tant que message salvifique, révèle ce qui est le vrai bien de l'homme, afin de modeler - en vue de ce bien - la vie sur la terre dans la perspective de l'espérance du monde futur.
L'encyclique Humanae Vitae, suivant cette ligne, répond aux exigences du vrai bien de l'homme en tant que personne, comme être masculin et féminin; elle répond aussi à ce qui correspond à la dignité de l'homme et de la femme, quand il s'agit de l'important problème de la transmission de la vie dans la coexistence conjugale.
A ce problème nous consacrerons prochainement de nouvelles réflexions.
lui est propre
22 août 1984
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Quelle est l'essence de la doctrine de l'Eglise sur la transmission de la vie dans la communauté conjugale, l'essence de la doctrine rappelée par la Constitution pastorale du Concile Gaudium et Spes et par l'encyclique Humanae Vitae du pape Paul VI
Tout le problème est de garder un juste rapport entre ce qui est défini comme "la maîtrise (...) sur les forces de la nature" HV 2 et la "parfaite possession de soi-même" HV 21 indispensable à la personne humaine. L'homme contemporain manifeste une tendance à transposer les méthodes propres au premier domaine dans le second. "L'homme a accompli d'étonnants progrès dans la maîtrise et l'organisation rationnelle des forces de la nature - lisons-nous dans cette encyclique - au point qu'il tend à étendre cette maîtrise à son être lui-même pris dans son ensemble: au corps, à la vie psychique, à la vie sociale et jusqu'aux lois qui règlent la transmission de la vie" HV 2.
Une telle extension des moyens "de maîtrise... des forces de la nature" est une menace pour la personne humaine pour laquelle la méthode de la "possession de soi-même" est et demeure spécifique. Cette possession de soi-même, en effet, correspond à la constitution fondamentale de la personne: c'est précisément une méthode "naturelle". Au contraire, la transposition des "moyens artificiels" viole la dimension constitutive de la personne, elle prive l'homme de la subjectivité qui lui est propre et fait de lui un objet à manipuler.
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Le corps humain n'est pas seulement le champ de réaction de caractère sexuel, mais il est en même temps le moyen pour l'homme de s'exprimer totalement, d'exprimer sa personne à travers le langage du corps. Ce langage a une importante signification interpersonnelle, surtout lorsqu'il s'agit des rapports entre l'homme et la femme. De plus, nos analyses précédentes montrent qu'en ce cas le langage du corps doit exprimer, à un niveau donné, la vérité du sacrement. Car lorsqu'il participe au plan d'amour éternel ("Sacramentum absconditum in Deo"), ce langage du corps devient pour ainsi dire un "prophétisme du corps".
On peut dire que l'encyclique Humanae Vitae va jusqu'aux conséquences les plus extrêmes, non seulement logiques et morales mais aussi pratiques et pastorales, de cette vérité sur le corps humain dans sa masculinité et sa féminité.
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L'unité entre ces deux aspects du problème - la dimension sacramentelle (ou théologique) et la dimension personnaliste - correspond à la "révélation du corps" dans son ensemble. De là dérive également le lien entre une vision strictement théologique et une vision éthique se référant à la "loi naturelle".
Car le sujet de la loi naturelle est l'homme, non seulement sous l'aspect "naturel" de son existence , mais aussi dans la vérité intégrale de sa subjectivité personnelle. Dans la Révélation, il s'y manifeste, comme homme et femme, dans sa pleine vocation temporelle et eschatologique. Il est appelé par Dieu à être le témoin et l'interprète de l'éternel dessein de l'amour en devenant le ministre du sacrement qui "dès le commencement" est réalisé par le signe de "l'union de la chair".
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En tant que ministres d'un sacrement qui se réalise à travers le consentement mutuel et se perfectionne dans l'union conjugale, l'homme et la femme sont appelés à exprimer ce mystérieux langage de leur corps dans toute la vérité qui lui est propre. C'est à travers les gestes et les réactions, à travers tout le dynamisme de la tension et de la jouissance qui se conditionnent réciproquement - et dont l'origine directe est le corps dans sa masculinité et dans sa féminité, le corps dans son action et dans son interaction -, c'est à travers tout cela que l'homme ,la personne, s'exprime.
L'homme et la femme se livrent, à travers ce langage du corps, au dialogue qui selon Gn 2,24-25 - commença au jour de la création. Et c'est justement au niveau de ce langage du corps - qui est quelque chose de plus que la seule réaction sexuelle et qui, en tant que langage authentique de la personne, est soumis aux exigences de la vérité, c'est-à-dire aux normes morales objectives - que l'homme et la femme s'expriment mutuellement eux-mêmes de la façon la plus totale et la plus profonde, dans la mesure où cette dimension somatique elle-même de la masculinité et de la féminité le leur permet. L'homme et la femme s'expriment eux-mêmes à la mesure de la vérité de leur personne.
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L'homme est justement une personne parce qu'il est maître de lui-même et parce qu'il se domine lui-même. Car c'est dans la mesure où il est maître de lui-même qu'il peut "se donner" à l'autre. Et c'est cette dimension - la dimension de la liberté du don - qui est essentielle et décisive dans ce langage du corps à travers lequel l'homme et la femme s'expriment mutuellement dans l'union conjugale. Etant donné qu'il s'agit là d'une communion entre des personnes, ce langage du corps doit être jugé d'après le critère de la vérité. C'est justement ce critère que rappelle l'encyclique Humanae Vitae, comme le confirment les passages cités plus haut.
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D'après le critère de cettel'amour, mais aussi sa fécondité potentielle; il ne peut donc pas être privé de son sens plénier et juste par des interventions artificielles. Dans l'acte conjugal, il n'est pas licite de séparer artificiellement les deux significations, l'union et la procréation, car l'une et l'autre relèvent de la vérité intime de l'acte conjugal. Elles se réalisent ensemble et, d'une certaine façon, l'une par l'autre. C'est ce qu'enseigne l'encyclique HV 12. Par conséquent, dans ces conditions, l'acte conjugal qui serait privé de sa vérité intérieure parce que privé artificiellement de sa capacité de procréation cesserait aussi d'être un acte d'amour.
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On peut dire que, dans le cas d'une séparation artificielle de ces deux significations, il s'accomplit dans l'ace conjugal une véritable union corporelle, mais celle-ci ne correspond pas à la vérité intérieure et à la dignité de la communion personnelle: communio personarum. Une telle communion exige en effet que le langage du corps soit exprimé dans la réciprocité, dans toute la vérité de ce qu'il signifie. Si cette vérité vient à manquer, on ne saurait parler ni de la vérité dans la maîtrise de soi, ni de vérité dans le don réciproque et dans l'accueil réciproque de soi de la part de la personne. Une telle violation dans l'ordre intérieur de la communion conjugale, dont les racines plongent dans l'ordre de la personne elle-même, constitue le mal essentiel de l'acte contraceptif.
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Cette interprétation de la doctrine morale qui est exposée dans l'encyclique Humanae Vitae se situe sur le fond plus vaste de réflexions concernant la théologie du corps. Les réflexions sur le "signe" en relation avec le mariage vu comme sacrement, sont spécialement importantes pour cette interprétation. Et l'essence de la violation qui trouble l'ordre intérieur de l'acte conjugal ne peut être entendue convenablement au niveau théologique, si l'on ne réfléchit pas aussi sur le thème de la "concupiscence de la chair".
29 août 1984
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L'encyclique Humanae Vitae, au moment même où elle démontre que la contraception est un mal moral, approuve pleinement la régulation des naissances et, en ce sens, approuve la paternité et la maternité responsables. Il faut exclure ici que l'on puisse qualifier de "responsable" du point de vue éthique la procréation dans laquelle on recourt à la contraception pour procéder à la régulation des naissances. Le vrai concept de "paternité et maternité responsables" est au contraire intimement lié à une régulation des naissances qui soit honnête sur le plan de l'éthique.
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A ce propos, nous lisons dans l'encyclique: "Une pratique honnête de régulation de la natalité exige avant tout des époux qu'ils acquièrent et possèdent de solides convictions sur les vraies valeurs de la vie et de la famille et qu'ils tendent à acquérir une parfaite possession d'eux-mêmes. La maîtrise de l'instinct par la raison et la libre volonté impose sans nul doute une ascèse, pour que les manifestations affectives de la vie conjugale soient dûment réglées, en particulier pour l'observance de la continence périodique. Mais cette discipline, propre à la pureté des époux, bien loin de nuire à l'amour conjugal, lui confère au contraire une plus haute valeur humaine. Elle exige un effort continuel; mais grâce à son influence bienfaisante, les conjoints développent intégralement leur personnalité, en s'enrichissant de valeurs spirituelles (...)" HV 21
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L'encyclique détaille ensuite les conséquences de ce comportement, non seulement pour les époux eux-mêmes, mais aussi pour toute la famille, entendue comme une communauté. Ce sujet devra être repris par la suite. L'encyclique souligne qu'une régulation des naissances, honnête éthiquement parlant, exige avant tout des époux un comportement familial et procréatif bien précis: elle exige qu'ils "acquièrent et possèdent de solides convictions sur les vraies valeurs de la vie et de la famille" HV 21. A partir de ces prémisses, il a fallu faire une réflexion globale sur la question, comme l'a fait le Synode des Evêques de 1980 (De muneribus familiae christianae). Ensuite, la doctrine relative à ce problème particulier de la morale conjugale et familiale, dont traite l'encyclique Humanae Vitae a trouvé place dans l'optique juste qui convenait, dans le contexte global de l'exhortation apostolique Familiaris consortio. La théologie du corps, vue en particulier comme pédagogie du corps, plonge ses racines, en un certain sens, dans la théologie de la famille et, en même temps, elle y conduit. Cette pédagogie du corps,, dont la clé se trouve aujourd'hui dans l'encyclique Humanae Vitae, ne s'explique que dans le contexte complet d'une vision correcte des valeurs de la vie et de la famille.
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Dans le contexte dont on vient de parler, le pape Paul VI parle de la chasteté conjugale et écrit que le fait d'observer la continence périodique est une forme de maîtrise de soi dans laquelle se manifeste "la pureté des époux" HV 21
Pour entreprendre maintenant une analyse plus approfondie de ce problème, et pour comprendre de que dit l'encyclique au sujet de la "continence périodique", il faut tenir compte de toute la doctrine, que nous avons étudiée, sur la pureté entendue comme vie selon l'Esprit Ga 5,25. C'est cette doctrine qui demeure en fait la vraie raison à partir de laquelle l'enseignement de Paul VI établit l'honnêteté sur le plan éthique de la régulation des naissances et de la paternité et de la maternité responsables.
Même si la "périodicité" de la continence se fait, en ce cas, selon ce qu'on appelle les "rythmes naturels" HV 16, il reste que la continence est en elle-même une attitude morale précise et permanente, c'est une vertu,, et par conséquent toute la façon d'être guidé par elle acquiert un caractère vertueux. L'encyclique souligne assez clairement qu'il ne s'agit pas ici d'une "technique" donnée mais de l'éthique, au sens propre du terme, qui signifie la moralité d'un comportement.
L'encyclique met donc à juste titre en relief, d'une part, la nécessité de respecter dans ce comportement l'ordre établi par le Créateur et d'autre part, la nécessité d'une motivation immédiate de caractère éthique.
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Par rapport au premier aspect, voici ce que nous y lisons processus de la génération, c'est reconnaître que nous ne sommes pas les maîtres des sources de la vie humaine, mais plutôt les ministres du dessein établi par le Créateur" HV 13 "La vie humaine est sacrée - comme l'a rappelé notre prédécesseur de sainte mémoire Jean XXIII dans l'encyclique Mater et Magistra - dès son origine, elle engage directement l'action créatrice de Dieu MM 196-197 HV 13. Quant à la motivation immédiate, l'encyclique demande qu'il y ait "pour espacer les naissances de sérieux motifs dus soit aux conditions physiques ou psychologiques des conjoints, soit à des circonstances extérieures (...)HV 16.
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Dans le cas d'une régulation moralement droite des naissances, réalisée par la continence périodique, il s'agit évidemment de pratiquer la chasteté conjugale, c'est-à-dire d'adopter un comportement éthique précis. En langage biblique, cela veut dire vivre selon l'Esprit Ga 5,25.
La régulation moralement droite est aussi appelée "régulation naturelle des naissances", car elle se fait en conformité avec la "loi naturelle". Par "loi naturelle" nous entendons ici l'"ordre de la nature" dans le domaine de la procréation, dans la mesure où celle-ci entre dans le cadre de la raison droite: cet ordre est l'expression du plan du Créateur sur l'homme. Et c'est justement ce que l'encyclique, et avec elle toute la tradition de la doctrine et de la pratique chrétienne, souligne d'une façon particulière: le caractère vertueux du comportement qui s'exprime dans la régulation "naturelle" des naissances est fonction non pas tant de la fidélité à une "loi naturelle" impersonnelle que plutôt à la personne du Créateur, origine et Seigneur de l'ordre qui se manifeste dans cette loi.
De ce point de vue, la réduction à la seule régularité biologique, détachée de l'"ordre de la nature" c'est-à-dire du "plan du Créateur" est une déformation de la pensée authentique de l'encyclique HV 14.
Ce document suppose certainement cette régularité biologique, elle exhorte même les personnes compétentes à l'étudier et à l'appliquer de façon encore plus approfondie, mais l'encyclique entend toujours cette régularité comme l'expression de l'"ordre de la nature", c'est-à-dire du plan providentiel du Créateur, de l'exécution fidèle duquel dépend le vrai bien de la personne humaine.
sur la maturité moral
5 septembre 1984
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Nous avons parlé précédemment de la régulation correcte de la fertilité conformément à la doctrine contenue dans HV 19 et dans l'exhortation Familiaris consortio. La qualification de "naturelle" que l'on attribue à la régulation moralement correcte de la fertilité (suivant le rythme naturel HV 16), s'explique du fait que s'y conformer correspond à la vérité de la personne et donc à sa dignité: une dignité qui revient "naturellement" à l'homme en tant qu'être raisonnable et libre. Etre raisonnable et libre, l'homme peut et doit examiner avec perspicacité ce rythme biologique qui appartient à l'ordre naturel. Il peut et doit s'y conformer afin d'exercer cette paternité-maternité responsable qui, selon le dessein du Créateur, s'est inscrite dans l'ordre naturel de la fécondité humaine. Le concept de régulation moralement correcte de la fertilité n'est pas autre chose que la considération du langage du corps dans la vérité. Les rythmes naturels mêmes, inhérents aux fonctions de la génération, appartiennent à la vérité objective de ce langage que les personnes intéressées devraient comprendre dans son contenu pleinement objectif. Il faut tenir compte du fait que le corps parle non seulement par toute l'expression externe de la masculinité et de la féminité, mais aussi par les structures internes de l'organisme, de la réactivité somatique et psychosomatique. Tout cela doit trouver la place qui lui revient dans ce langage par lequel les conjoints dialoguent comme personnes appelées à la communion dans l'union du corps.
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Tous les efforts tendant à connaître de manière toujours plus précise ces rythmes naturels qui se manifestent par rapport à la procréation humaine, tous les efforts des conseillers familiaux et enfin ceux des époux intéressés eux- mêmes, ne visent pas à "biologiser" le langage du corps (à "biologiser" l'éthique comme certains l'estiment): leur but exclusif est d'assurer la vérité intégrale de ce langage du corps par lequel les époux doivent s'exprimer avec maturité face aux exigences de la paternité et de la maternité responsables.
L'encyclique Humanae Vitae souligne à plusieurs reprises que la paternité responsable est liée à un effort, à un engagement continus et qu'elle se réalise au prix d'une ascèse précise HV 21. Toutes ces expressions et d'autres semblables indiquent que dans le cas de la paternité responsable, c'est-à-dire de la régulation moralement correcte de la fertilité, il s'agit de ce qui est le véritable bien de la personne humaine et de ce qui correspond à la vraie dignité de la personne.
1569Index Table
Le recours aux périodes infécondes dans la coexistence conjugale peut devenir une source d'abus quand les époux cherchent de cette manière à éluder sans raison valable la procréation, l'abaissant au-dessous du niveau moralement juste des naissances dans leur famille. Ce juste niveau, il faut l'établir en tenant compte non seulement du bien de sa propre famille, de même que de l'état de santé et des possibilités des époux eux-mêmes, mais aussi du bien de la société, à laquelle ils appartiennent, de l'Eglise et même de l'humanité tout entière.
L'encyclique Humanae Vitae présente la paternité responsable comme expression d'une haute valeur éthique. Elle n'est d'aucune manière orientée unilatéralement vers la limitation et, moins encore, vers l'exclusion de la progéniture; elle signifie aussi la disponibilité à accueillir une progéniture plus nombreuse. Surtout comme le dit l'encyclique Humanae Vitae, la paternité responsable réalise "un rapport plus profond avec l'ordre moral appelé objectif que Dieu a établi et dont la conscience droite est fidèle interprète" HV 10.
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La vérité de la paternité-maternité responsable et sa mise en oeuvre sont unies à la maturité morale de la personne, et c'est ici que se manifeste bien souvent la divergence entre les éléments auxquels l'encyclique attribue explicitement la primauté et ceux auxquels l'attribue la mentalité commune.
L'encyclique met au premier plan la dimension éthique du problème, soulignant le rôle de la vertu de tempérance correctement comprise. Dans les limites de cette dimension, il y a aussi une méthode adéquate selon laquelle agir. Suivant la manière commune de penser, il arrive souvent que la méthode, détachée de la dimension éthique qui lui est propre, soit mise en oeuvre de manière purement fonctionnelle, et même utilitaire. Si l'on sépare la méthode naturelle de sa dimension éthique, on cesse de percevoir la différence qui existe entre elle et les autres méthodes (moyens artificiels) et on arrive à en parler comme s'il s'agissait simplement d'une autre forme de contraception.
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Du point de vue de la doctrine authentique qu'exprime l'encyclique Humanae Vitae se révèle donc de grande importance la présentation correcte de la méthode elle-même à laquelle fait allusion ce document HV 16; est surtout très important l'examen approfondi de la dimension éthique, car c'est dans ce cadre que la méthode acquiert, en tant que "naturelle", la signification de méthode droite "moralement correcte". C'est pourquoi, dans le cadre de la présente analyse, il convient de fixer l'attention principalement sur les affirmations de l'encyclique concernant le thème de la maîtrise de soi et de la continence. Sans une interprétation pénétrante de ce thème nous n'atteindrons jamais ni le noyau de la vérité morale ni le noyau de la vérité anthropologique du problème. Nous avons déjà relevé précédemment que ce problème enfonce ses racines dans la théologie du corps: c'est celle-ci (quand elle devient, comme il se doit, pédagogie du corps) qui constitue en réalité la méthode moralement droite de la régulation des naissances, entendue dans sa signification la plus profonde et la plus pleine.
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6. Caractérisant ensuite les valeurs spécifiquement morales de la régulation naturelle des naissances (c'est-à-dire droite, ou moralement correcte) l'auteur d'Humanae Vitae s'exprime en ces termes: "Cette discipline (...) apporte à la vie familiale des fruits de sérénité et de paix et facilite la solution d'autres problèmes; elle favorise l'attention envers l'autre conjoint, aide les époux à bannir l'égoïsme, ennemi du véritable amour, et elle approfondit leur sens de la responsabilité. Grâce à elle, les parents acquièrent la capacité d'une influence plus profonde et plus efficace pour l'éducation des enfants; l'enfance et la jeunesse grandissent dans la juste estime des valeurs humaines et dans le développement harmonieux de leurs facultés spirituelles et sensibles" HV 21.
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Les phrases que nous avons citées complètent le cadre de ce que l'encyclique Humanae Vitae entend par "pratique droite de la régulation des que l'encyclique Humanae Vitae entend par "pratique droite de la régulation des naissances" HV 21 Comme on le voit, celle-ci est non seulement une façon de se comporter dans un domaine déterminé, mais aussi une attitude qui se fonde sur l'intégrale maturité morale de la personne, et, en même temps, la complète.
2002 Magistère Mariage 1541