Thomas sur Jean 61
61 Jn 9
1293. Après avoir montré la puissance illuminative de son enseignement par la parole 1, le Seigneur confirme maintenant cette puissance par un acte, en donnant la lumière du corps 2 à un aveugle. Dans cette illumination de l’aveugle nous est montrée d’abord l’infirmité [n° 1294], puis sa guérison [n° 1309], puis la discussion des Juifs au sujet de cette guérison [n° 1312].
ET SES DISCIPLES L’INTERROGÈRENT: "RABBI, QUI A PÉCHÉ, LUI OU SES PARENTS, POUR QU’IL SOIT NÉ AVEUGLE?" JÉSUS RÉPONDIT: "NI LUI N’A PÉCHÉ, NI SES PARENTS, MAIS C’EST POUR QUE SOIENT MANIFESTÉES EN LUI LES OEUVRES DE DIEU. IL ME FAUT TRAVAILLER AUX OEUVRES DE CELUI QUI M’A ENVOYÉ AUSSI LONGTEMPS QU’IL FAIT JOUR. LA NUIT VIENT, OÙ PERSONNE NE PEUT TRAVAILLER. AUSSI LONGTEMPS QUE JE SUIS DANS LE MONDE, JE SUIS LA LUMIÈRE DU MONDE. "
En ce qui concerne l’infirmité, on commence par l’exposer [n° 1294], puis on en cherche la cause [n° 1295].
Jn 9,1-7
1294. Au sujet du premier point, il faut savoir que Jésus, se cachant et s’éloignant du Temple, vit en passant cet aveugle. C’est ce que dit l’Evangéliste ET EN PASSANT, JÉSUS VIT UN HOMME AVEUGLE DEPUIS SA NAISSANCE. Trois choses sont à considérer ici 3.Jésus passait d’abord afin de se dérober à la fureur des Juifs — N’attise pas les braises des pécheurs en les reprenant, et tu ne seras pas dévoré par la flamme du feu de ces pécheurs 4. Ensuite pour adoucir la dureté des Juifs, provoquée par le miracle accompli et par celui qui allait être fait — Si je n'avais pas fait parmi eux des oeuvres que personne d’autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché 1. Enfin pour confirmer ses paroles par l’accomplissement d’un signe. En effet, les actes du Seigneur produisent la foi à ce qui a été dit par lui 2 — Et ceux-ci partirent prêcher partout, le Seigneur coopérant et confirmant la parole par les signes qui l’accompagnaient 3.
1. Voir n° 1118 s.
2. Cf. Mt 6, 22 La lampe du corps, c’est l’oeil. Si ton oeil est sain, tout ton corps sera lumineux.
3. Saint Thomas reprend ici trois idées contenues dans le commentaire de saint Jean Chrysostome (In loannem homiliae, LVI, 1, PG 59, col. 305).
4. Si. 8, 13.
Au sens mystique, selon Augustin, "c’est le genre humain qui est cet aveugle", car le péché est une cécité spirituelle — Leur malice les a aveuglés 4. Et cet aveugle est bien aveugle depuis sa naissance, parce qu’il traîne le péché depuis son origine 5. En effet par le péché cette cécité a frappé le premier homme, dont nous avons tous tiré notre origine. "Vous étiez par nature," c’est-à-dire par l’origine naturelle, fils de la colère
1295. Par ces paroles, l’Évangéliste aborde la cause de l’infirmité. D’abord cette cause est recherchée par les disciples [n° 1296], puis elle est manifestée par le Christ [n° 1298].
1296. En ce qui concerne la cause de l’infirmité, trois choses sont à chercher. D’abord la cause [qui a poussé] les disciples à interroger le Christ. Selon Chrysostome c’est que Jésus, sortant du Temple et voyant cet aveugle, le regarda avec une très grande attention, comme s’il trouvait en lui matière à exercer sa puissance; si bien que les disciples, le voyant regarder attentivement l’aveugle, furent poussés à l’interroger.
Ensuite, l’attention empressée des disciples: RABBI, disent-ils, appelant Jésus "Maître" pour lui montrer comment ils cherchent: avec le désir d’apprendre 8.
Enfin, pourquoi, cherchant la cause du péché, ils disent: QUI A PÉCHÉ?
Selon Chrysostome 9 on doit dire que, puisque le Seigneur, lorsqu’il avait guéri le paralytique, lui avait dit: Voilà que tu as été guéri, va et ne pèche plus 10, les disciples en avaient conclu que c’était à cause du péché que cette infirmité lui était arrivée, estimant d’une manière générale que toute infirmité humaine provient du péché, selon ce que dit Eliphaz: Un innocent a-t-il jamais péri 11? Voilà pourquoi ils cherchaient s’il était né aveugle à cause de son péché ou de celui de ses parents. Mais il ne semble pas que ce soit à cause de son péché: personne, en effet, ne pèche avant de naître; puisque les âmes n’ont pas existé avant les corps, elles n’ont pas non plus péché, comme certains l’ont faussement cru, selon ce passage de l’épître aux Romains: Alors qu’ils n'étaient pas encore nés et n'avaient rien accompli ni de bien ni de mal, pour que demeure le dessein de Dieu selon son choix [qui ne dépend] pas des oeuvres, mais de celui qui appelle, il lui fut dit: L'aîné servira le plus jeune 12.Il ne semble pas non plus qu’il ait subi cela à cause du péché de ses parents, puisqu’il est dit dans le Deutéronome Les pères ne mourront pas pour les fils, ni les fils pour les parents 1.
1. Jn 15, 24.
2. A la suite de saint Augustin, saint Thomas distingue croire, croire è, croire en. Voir n’ 485, note 2.
3. Mc 16, 20.
4. Sg 2, 21.
5. Tractatus in Iohannis evangelium, xLIv, 1, BA 7311, p. 11-13.
6. Ep 2, 3 (cf. SAINT AUGUSTIN, Tractatus in Iohannis evangelium, XLIV, 1, BA 73", p. 11-13). Saint Thomas précise que, en disant par nature s, saint Paul ne parle pas de la nature comme telle, s qui, comme telle, est bonne et est de Dieu, mais de la nature en tant qu’elle est viciée [par le péché originel] s (Ad Eph. lect., II, n’ 83).
7. In loannem hom., LVI, 1, PG 59, col. 305.
8. Cf. sA AucsusT1N, Tract, in Ioann., XLIV, 3, BA 7311, p. 17.
9. Cf. saint JEAN CHRYSOSTOME, In loannem hom., LVI, 1, PG 59, col. 306.
10. Au grabataire de Bézatha Jésus dit simplement: Désormais ne pèche plus (5, 14). Le va que cite ici saint Thomas est une réminiscence de ce que Jésus dit à la femme adultère: Va et désormais ne pèche plus (8, 11).
11. Jb 4,7.
12. Rm 9, 11-13. Saint Thomas commente " Selon son choix, c’est-à-dire en tant que c’est Dieu lui-même qui, de sa propre volonté, choisit un [n° de préférence è un autre, non parce qu’il était saint mais pour qu’il le soit, comme le dit l’épître aux Ephésiens (1, 4): Il nous a élus en lui avant la création du monde, pour que nous soyons saints..." (Ad Rom. leci., IX, n°759. )
Mais il faut savoir que les hommes peuvent être punis de deux manières. D’une peine spirituelle, touchant l’âme, ou d’une peine corporelle, touchant le corps. De la peine spirituelle, le fils n’est jamais puni pour son père. La raison en est donnée en Ezéchiel: l’âme du fils n’est pas tirée du père mais vient de Dieu. Toutes les âmes, dit-il, sont à moi par la création; l’âme du fils aussi bien que l’âme du père est à moi; l’âme qui aura péché, c’est elle qui sera punie 2. Augustin le dit aussi dans une de ses lettres à Auxilius 3. Mais de la peine corporelle, le fils est puni pour le père puisque, quant à son corps, il est quelque chose du père 4. On trouve cela explicitement dans le livre de la Genèse 5, où les fils des Sodomites sont tués pour le péché de leurs parents dans la destruction de Sodome. Et même, bien des fois, le Seigneur a menacé les Juifs du meurtre de leurs enfants à cause des péchés des parents.
l. Dt 24, 16.
2. Ez 18, 4.
3. Ad Auxilium, PL 33, col. 1066.
4. Comme le remarquait saine Albert le Grand, le père a quelque chose de lui dans son fils. E... ) Le père est plus intime â son fils que le fils n’est intime â son père, parce que le père a quelque chose de lui dans son fils, tandis que le fils n’a rien de lui dans son père" (In Matek., VI, 9, Opera omnia [n° 20, p. 247-248). Le fils, dira saint Thomas en commentant Mt 10, 37, est une partie séparée du père, alors que le père n’est pas partie du fils ", et c’est pourquoi le père aime plus son fils que le fils n’aime son père, car s tout homme s’aime plus lui-même qu’un autre’ (Sup. Match. lect., n°890).
5. Cf. Gn 19.
1297. Pourquoi, l’un péchant, l’autre est-il puni? Il faut savoir ici que la peine comprend deux aspects: le dommage et le remède. En effet, on coupe parfois un membre pour que le corps tout entier soit conservé; une telle peine produit un dommage pour autant que le membre est coupé, mais elle porte remède en tant qu’elle conserve le corps. Jamais, cependant, le médecin ne coupe un membre plus noble pour la conservation d’un moins noble, mais il fait l’inverse. Or, parmi les réalités humaines, l’âme est plus noble que le corps, et le corps plus noble que les réalités extérieures. C’est pourquoi il n’arrive jamais que quelqu’un, à cause du corps, soit puni dans son âme, mais il est plutôt puni dans son corps pour la guérison de son âme. Ainsi, Dieu inflige parfois des peines touchant les corps ou les réalités extérieures en vue du bien de l’âme; de telles peines ne sont pas alors envoyées pour le seul dommage qu’elles causent, mais comme remède, pour purifier. C’est pourquoi la mort même des enfants des Sodomites fut pour le bien de leur âme non certes pour qu’ils acquièrent un mérite [par cette peine], mais de peur que, imitant la malice de leurs parents par une vie où ils accumuleraient les péchés, ils ne soient punis plus atrocement. Il arrive même que, à cause des péchés de leurs parents, certains soient punis plusieurs fois.
1298. Le Seigneur manifeste ici la cause de l’infirmité. Il exclut d’abord la cause conjecturée [n° 1299], puis lui substitue la vraie [n° 1300], et ensuite manifeste celle-ci [n° 1303].
1299. Il exclut la cause conjecturée en répondant NI LUI N’A PÉCHÉ, NI SES PARENTS. Telle est en effet la cause de l’infirmité, selon l’opinion des disciples, comme on l’a dit.
Mais l’épître aux Romains affirme le contraire: Tous en effet ont péché et ont besoin de la gloire de Dieu. Et plus loin dans la même épître, il est dit que le péché, d’Adam, est passé en tous 2.
La solution est la suivante: tant l’aveugle que ses parents étaient sous l’emprise du péché originel et, en plus, ils lui avaient surajouté, en vivant, des péchés actuels; car si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous 3. NI LUI N’A PÉCHÉ, NI SES PARENTS, doit être compris en ce sens: ils n’ont pas péché de telle sorte que celui-ci soit né aveugle; autrement dit, sa cécité n’est pas la conséquence de leur péché.
1300. Le Seigneur donne ensuite la vraie cause en disant: MAIS C’EST POUR QUE SOIENT MANIFESTÉES EN LUI LES OEUVRES DE DIEU. C’est en effet par les oeuvres de Dieu que nous sommes conduits à le connaître — Les réalités invisibles de Dieu, saisies par l’intelligence depuis la création du monde par le moyen de celles qui ont été faites, se laissent voir 4. Plus haut, il est dit: Les oeuvres que le Père m’a données pour que je les accomplisse, ces oeuvres mêmes que je fais témoignent à mon sujet que c’est le Père qui m’a envoyé 5.Or la connaissance de Dieu est le bien souverain de l’homme, puisqu’en elle consiste la béatitude de l’homme — Telle est la vie éternelle: qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ 6 — Celui qui se glorifie, qu’il se glorifie en ceci: me connaître et m’aimer 7.Si donc une infirmité est arrivée à cet homme POUR QUE SOIENT MANIFESTÉES EN LUI LES OEUVRES DE DIEU et que, par leur manifestation, il soit conduit à la connaissance de Dieu, il est manifeste que de telles infirmités corporelles arrivent en vue du bien.
1301. Il pourrait sembler à certains 8 que la manifestation des oeuvres de Dieu n’est pas une cause suffisante d’une telle infirmité, d’autant plus que ni l’aveugle ni ses parents n’avaient péché; et c’est pourquoi ils soutiennent que l’expression POUR QUE n’est pas employée dans un sens causal. Le sens serait alors: celui étant aveugle, les oeuvres de Dieu qui le guérit sont manifestées.
Mais cette interprétation n’est pas juste; il vaut donc mieux dire que l’expression POUR QUE est employée dans un sens causal. Il existe en effet un double mal: le mal de faute et le mal de peine 9. Mais Dieu ne fait pas le mal de faute, il permet seulement qu’il arrive, ce qu’il ne permet trait pas s’il n’avait l’intention d’en tirer quelque bien. Pour cette raison, Augustin dit dans l’Enchiridion 10: "Dieu est si bon qu’il ne permettrait jamais qu’un mal se produise s’il n’était assez puissant pour tirer un bien de n’importe quel mal. " Ainsi donc, il permet, à partir de l’intention du bien qu’il a en vue, que certains péchés soient faits 11, comme il permet que sévissent les tyrans pour couronner les martyrs. A bien plus forte raison doit-on dire que le mal de peine que Dieu lui-même fait — selon ce que dit Amos: Y aura-t-il un mal dans une cité, que le Seigneur Dieu n’ait accompli 1 —, il n’y soumet jamais l’homme si ce n’est en vue du bien. Et parmi les autres biens, le meilleur est QUE LES OEUVRES DE DIEU SOIENT MANIFESTÉES, et qu’à partir d’elles Dieu se fasse connaître. Il n’est donc pas inconvenant qu’il envoie certaines épreuves ou permette que certains péchés soient faits, afin qu’il en résulte un bien.
1. Rm 3, 23. Saint Thomas explicite e Ont besoin de la gloire de Dieu, c’est-à-dire de la justification qui tourne à la gloire de Dieu. Ce n’est pas à lui-même que l’homme doit attribuer cette gloire
— Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire (Pi 113 lB], 1). — Rendez gloire à Dieu (Pi 65, 2; en réalité Rendez gloire à sa louange) " (Ad Rom. lect., III, n°305).
2. Cf. Rm 5, 12.
3. 1 Jn 1, 8.
4. Rm 1, 20.
5. Jn 5, 36.
6. Jn 17, 3.
7. Jr 9, 24.
8. C’est l’opinion de saint Jean Chrysostome (In loannem hom., LVI, PG 59, col. 307).
9. Sur cette distinction entre mal de peine et mal de faute, cf. Somme théologique, I, q. 48, a. 5 et 6; De malo, q. 1, a. 4 et 5. Le mal de faute est un acte qui manque de son ordre vers la fin: la faute consiste à ne pas tenir compte de cet ordre vers la fin; formellement, elle est un désordre, un s manque d’ordre*. Le mal de peine est ce que le législateur impose comme châtiment à une faute commise.
10. Manuel, III, 1 et XXVI, 100; BA 9, p. 119 et 285.
11. Saint Thomas veut montrer par là comment Dieu qui, selon son intention, ne peut vouloir que le bien, peut cependant permettre que les hommes soient capables de pécher — ceci pour respecter leur liberté. Cette permission n’e pas, de la part de Dieu, un manque de bonté, parce qu’elle est dépassée, enveloppée par son intention du bien, qui transcende infiniment l’action pécheresse de l’homme.
1302. Il faut savoir que, au dire de Grégoire dans les Morales 2, Dieu envoie des épreuves aux hommes de cinq manières.
Parfois comme commencement de la damnation, selon cette parole de Jérémie. D’une double brisure brise-les 3. Et le pécheur est frappé de cette épreuve en cette vie de telle sorte qu’il soit puni sans retour ni fin en l’autre. Ainsi Hérode, qui a tué Jacques 4, a été puni en cette vie et de même dans l’autre 5.
Parfois, l’épreuve est envoyée comme correction. C’est de celle-ci que parle le psaume: Ta discipline [tes leçons] m’a corrigé jusqu’à la fin, et c’est encore ta discipline elle-même qui m'instruira 6.Et Isaïe: Dans la tribulation du murmure [il y avait] pour eux ton enseignement 7.
Parfois, quelqu’un est éprouvé non pas pour être corrigé de fautes passées mais pour être préservé de fautes futures, comme on le lit au sujet de Paul dans la seconde épître aux Corinthiens: Afin que la grandeur des révélations ne m'exalte pas, il m’a été donné une écharde dans ma chair, un ange de Satan qui me soufflette 8.
1. Am 3,6.
2. Morales sur Job, Préface, chap. 5, SC 32, 12, p. 133-134.
3. Jr 17, 18.
4. Cf. Ac 12,2.
5. Cf. Ac 12, 23 Mais soudain, un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n'avait pas rendu gloire à Dieu; et, dévoré plsr les vers, il expira.
6. Ps 17, 36.
7. Is 26, 16.
Parfois aussi l’épreuve est envoyée pour faire éclater la puissance divine 9, c’est-à-dire: quand il n’y a en quelqu’un ni faute passée à corriger, ni faute future à empêcher, et qu’un salut inopiné fait suite à la persécution, la puissance de celui qui sauve éclate et il en est aimé plus ardemment — La puissance se déploie dans la faiblesse 10 — La patience porte un fruit parfait 11.
Mais parfois c’est pour la manifestation de la gloire divine, et c’est pourquoi il est dit ici: MAIS C’EST POUR QUE SOIENT MANIFESTÉES EN LUI LES OEUVRES DE DIEU.
1303. En disant ensuite ces paroles, le Seigneur met en lumière la vraie cause qu’il a dévoilée; et puisqu’il avait fait mention des oeuvres de Dieu, il établit d’abord l’opportunité de manifester les oeuvres de Dieu [n° 1304], puis il donne la raison de l’opportunité ou de la nécessité [n° 1307]. Enfin il explicite cette raison [n° 1308].
8. 2 Co 12, 7. En commentant ce verset, saint Thomas note que s parfois Dieu permet que ses élus soient, par quelque chose qui vient d’eux — infirmité, ou déficience, ou même parfois péché mortel — empêchés d’atteindre un bien [n° pourrait être matière à orgueil], afin que par là ils soient humiliés car ils ne peuvent en tirer orgueil, et que l’homme ainsi humilié reconnaisse qu’il ne peut pas tenir debout par ses propres forces. Ainsi, parce qu’il avait ample matière à s’enorgueillir, à la fois dans l’élection spéciale dont Dieu l’avait favorisé dans la connaissance qu’il avait des secrets de Dieu [n° dans son courage à endurer des maux divers dans l’intégrité de sa virginité dans sa constance à faire le bien [n° et spécialement dans la science extraordinaire par laquelle il se signale, cette science qui enfle d’une manière spéciale (cf. 1 Corinthiens 8, 1), Dieu lui s appliqué un remède afin qu’il ne t’exalte pas [n° ne tombe pas] dans l’orgueil" (Ad 2 Cor. lect., XII, n° 473).
9. Saint Grégoire employait ces termes: ut sola divinae virtutis potentia... monstrerur (Morales sur Job, Préface, chap. 5, SC 32, 12, p. 134).
10. 2 Co 12, 9. " Etonnante manière de parler", note saint Thomas; autant dire que s le feu grandit dans l’eau s. Prise matériellement, cette affirmation signifie que s la faiblesse est une matière sur laquelle s’exerce la vertu s; mais elle peut avoir aussi un sens occasionnel, et signifie alors que la faiblesse s est l’occasion de parvenir à une vertu parfaite parce que l’homme, se sachant faible, est davantage incité à résister et, du fait qu’il résiste et lutte davantage, est plus entraîné et par conséquent est rendu plus fort s (Ad 2 Cor. lect., XII, n° 479).
11. Jc 1,4.
1304. Il dit donc il est né aveugle POUR QUE SOIENT MANIFESTÉES EN LUI LES OEUVRES DE DIEU, oeuvres qui devaient être manifestées. En effet, IL ME FAUT TRAVAILLER AUX OEUVRES DE CELUI QUI M’A ENVOYÉ. Cela peut se rapporter soit au Christ selon qu’il est homme, et le sens est alors IL ME FAUT TRAVAILLER AUX OEUVRES DE CELUI QUI M’A ENVOYÉ, c’est-à-dire aux oeuvres qui m’ont été confiées par le Père — Les oeuvres que le Père m’a données pour que je les accomplisse, ces oeuvres mêmes témoignent à mon sujet 1. Et il dit au Père: J’ai achevé l’oeuvre que tu m’as donnée à faire 2. Soit au Christ selon qu’il est Dieu, et il montre ainsi l’égalité de sa puissance avec celle du Père. Le sens est alors: IL ME FAUT TRAVAILLER AUX OEUVRES DE CELUI QUI M’A ENVOYÉ, c’est-à-dire faire des oeuvres égales à celles que le Père fait — Tout ce que fait fie [le Père], le Fils aussi le fait pareillement 3—, et pour montrer l’autorité du Père, IL ME FAUT TRAVAILLER AUX OEUVRES DE CELUI QUI M’A ENVOYÉ, c’est-à-dire aux oeuvres que je tiens du Père 4.Car toutes les choses que fait le Fils, même selon la nature divine, il les tient du Père 5: le Fils ne peut rien faire de lui-même, si ce n'est ce qu’il a vu faire au Père 6.
1. Jn 5, 36.
2. Jn 17,4.
3. Jn5, 19.
4. En quelques mots, saint Thomas reprend cette explication de saint Jean Chrysostome " Il faut que je me manifeste moi-même et que je fasse des oeuvres qui puissent montrer que e fais les mêmes choses que le Père, non les mêmes oeuvres, mais les oeuvres mêmes du Père, pour employer une expression signifiant la plus grande similitude t dire qu’elles n’ont pas la moindre dissemblance avec celles du Père " (In loannem hom., LVI, 2, PG 59, col. 308).
5. Omnia eniin quae Filius facit f. . J, habet a Patre. Comme saint Thomas aime à le dire, "tout ce qu’a le Fils, il le tient du Père " (Ad Haebr. lect., n’ 333; cf. Contra Gentiles IV, chap. 25 et bien d’autres lieux). Et "tout ce qu’a le Père, il le reçoit" (Comm. sur saint Jean, n° 1971), car "il reçoit toute la substance du Père" (n° 2108 et 2115). "le Père est lui-même tout ce qui est dans le Christ lui-même", (n° 2110).
1305. IL FAUT, dis-je, AUSSI LONGTEMPS QU’IL FAIT JOUR... Le jour matériel est causé par la présence du soleil sur la terre. Or le soleil de justice est le Christ notre Dieu — Pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice, avec la guérison sous ses ailes 7. Donc, aussi longtemps que ce soleil nous est présent, les oeuvres de Dieu peuvent s’accomplir en nous, à notre égard et par nous. Or il nous fut présent à un certain moment d’une présence corporelle: c’était alors le jour — Voici le jour que fit le Seigneur, exultons et réjouissons-nous en lui 8. Voilà pourquoi il faut travailler aux oeuvres de Dieu. Il nous est aussi présent par la grâce, et c’est alors le jour de la grâce, c’est-à-dire celui où il faut travailler aux oeuvres de Dieu, AUSSI LONGTEMPS QU’IL FAIT JOUR — La nuit est avancée et le jour s'est approché. Rejetons donc les oeuvres des ténèbres et revêtons les armes de lumière 9 — Ceux qui dorment, dorment la nuit. Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, de sorte que ce jour vous surprenne comme un voleur 10.
1306. Mais il faut savoir que si la présence du soleil fait le jour, et son absence la nuit, pour le soleil lui-même c’est toujours le jour, puisqu’il est toujours présent à lui-même; et ainsi, pour le soleil, c’est toujours temps d’oeuvrer et de luire. Mais pour nous, à qui il est parfois présent et parfois absent, il n’oeuvre ni ne luit toujours. De la même manière pour le Christ, soleil de justice, c’est toujours le jour et le temps d’agir, mais pas pour nous parce que nous ne sommes pas toujours capables d'accueillir sa grâce, à cause d’obstacles venant de nous 1.
6. Jn 5, 19.
7. Ml 4, 2.
8. Ps 117, 24.
9. Rm 13, 12. Ce verset peut se comprendre de plusieurs manières, note saint Thomas. La nuit peut représenter s le temps de la vie présente s, s à cause des ténèbres de l’ignorance qui appesantissent la vie présente s le Jour représente alors s l’état de la béatitude future, à cause de la clarté de Dieu qui illumine les saints (Is 60,19) s. Mais la nuit peut représenter aussi " l’état de faute s, et le jour s l’état de grâce, à cause de la lumière spirituelle de l’intelligence, qu’ont les justes et qui manque aux impies s. Enfin la nuit peut désigner s le temps qui a précédé l’Incarnation du Christ, parce qu’elle n’était pas encore manifestée: elle était cachée dans la ténèbre "; et le jour désigne alors " le temps [n° s’écoule] depuis l’Incarnation du Christ, à cause de la puissance du Soleil spirituel dans le monde t (Ad Rom. lect., XIII, n° 1066-1068).
10. 1 Th 5, 7 et 4. Saint Thomas assemble ici le début du verset 7 et celui du verset 4.
1307. Le Christ introduit ici la raison de l’opportunité susdite. De même que le jour est de deux sortes, de même la nuit peut être dite en deux sens. L’une de ces nuits consiste dans la disparition corporelle du soleil de justice, comme les Apôtres en ont fait l’expérience: lorsque la présence corporelle du Christ leur fut retirée au temps de la Passion, ils furent troublés — Tous vous serez scandalisés à mon sujet en cette nuit 2. Alors ce ne fut plus le temps d’agir, mais de pâtir.
Mais il vaut mieux dire que, même lorsque le Christ fut absent corporellement par l’Ascension, c’était le jour pour les Apôtres, dans la mesure où le soleil de justice les illuminait, et c’était donc aussi le temps d’agir. C’est pourquoi il faut entendre ce que dit ici le Christ de la nuit qui est réalisée par la séparation spirituelle d’avec le soleil de justice, c’est-à-dire le retrait de la grâce. Cette nuit elle-même est double: l’une vient du retrait de la grâce actuelle qu’entraîne le péché mortel — Ceux qui dorment, dorment la nuit. Et quand vient cette nuit, nul ne peut accomplir les oeuvres méritoires de la vie éternelle. L’autre nuit est consommée quand on est privé non seulement de la grâce actuelle par le péché mortel, mais même de la faculté de se repentir, par la damnation éternelle en enfer où la nuit est profonde. Cette nuit qui sera pour ceux dont il est dit: Allez, maudits, au feu éternel 4 et aussi: Jetez-les dans les ténèbres extérieures 5. Alors nul ne peut oeuvrer, parce qu’il n’est plus temps de mériter mais de recevoir selon ses mérites. Donc, tant que tu vis, agis comme on agira pour toi. C’est pourquoi il est dit au livre de l’Ecclésiaste Tout ce que peut faire ta main, accomplis-le dans l’instant: car il n’y aura ni oeuvre, ni raison, ni sagesse, ni science aux enfers vers lesquels tu te hâtes 6.
1 Quand il commentera lev. 39 du chap. 12 C’est pourquoi ils ne pouvaient pas croire, saint Thomas, pour montrer que la cause de l’aveuglement vient de l’homme lui-même et non de Dieu, prendra l’exemple de l’homme qui est privé de la lumière du soleil simplement parce qu’il a fermé les volets de sa maison.
2. Mt 26, 31.
1308. Le Seigneur explicite ici la raison de son affirmation comme s’il disait: Si vous voulez savoir quel est le jour et quelle est la nuit dont je parle, moi, vous dis-je, JE SUIS LA LUMIÈRE DU MONDE. En effet ma présence produit le jour et mon absence, la nuit: Moi, je suis la lumière du monde 7. AUSSI LONGTEMPS QUE JE SUIS DANS LE MONDE, corporellement par ma présence — Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde. De nouveau je quitte le monde et je vais vers le Père 8 — JE SUIS LA LUMIÈRE DU MONDE: c’est pourquoi ce jour a duré jusqu’à l’Ascension du Christ. De même, AUSSI LONGTEMPS QUE JE SUIS DANS LE MONDE, spirituellement par la grâce — Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles 1—, JE SUIS LA LUMIÈRE DU MONDE. C’est pourquoi ce jour s’étendra jusqu’à la consommation des siècles 2.
3. 1 Th 5, 7.
4. Mt 25, 41.
5. Mt 22, 13. Cf. SAINT AUGUSTIN, Tract, in Ioann., XLIV, 6, BA 73", p. 23.
6. Qo 9, 10.
7. Jn 8, 12.
8. Jn 16, 28.
ET IL ÉTALA LA BOUE SUR SES YEUX, ET IL LUI DIT: "VA, LAVE-TOI DANS LA PISCINE DE SILOÉ", CE QUI SIGNIFIE "ENVOYE". IL ALLA DONC, ET SE LAVA; ET IL REVINT VOYANT.
1309. L’Évangéliste traite ici de la guérison de l’aveugle, à laquelle concourent, selon un ordre, cinq actes du Christ. D’abord le fait de cracher: IL CRACHA PAR TERRE; puis la préparation de la boue: ET FIT DE LA BOUE AVEC SA SALIVE; ensuite le fait d’enduire les yeux.
ET IL ÉTALA LA BOUE SUR LES YEUX DE L’AVÉUGLE; puis l’ordre de se laver: VA, dit-il, LAVE-TOI DANS LA PISCINE DE SILOÉ; et enfin le recouvrement de la vue, ET IL REVINT VOYANT CLAIR. Chacune de ces actions a une cause littérale et une cause mystique.
1310. Ces actions ont une cause littérale, selon Chrysostome 3, de la manière suivante. Le Seigneur illumine par la salive pour montrer qu’il accomplissait cela par une puissance émanant de lui, et pour que l’on n’attribue le miracle à aucune autre réalité — Une puissance sortait de lui et les guérissait tous 4. En effet, bien que le Seigneur eût pu accomplir tous les miracles par sa seule parole, puisqu’il a dit, et [les réalités] ont été faites 5, fréquemment, cependant, il fait dans les miracles usage de son corps, pour manifester que, en tant qu’il est instrument vivant 6 de la divinité, il a part à une certaine puissance de salut.
2. Dans ce paragraphe, et en particulier à la dernière phrase, saint Thomas reprend un développement de saint Augustin (Tract in In.,
XLIV, 6, BA 73*, p. 23).
3. In loannem hom., LVII, 1, PG 59, col. 311.
4. Lc 6, 19.
Si le Christ fit de la boue avec sa salive, c’est pour montrer qu’il pouvait former les organes défaillants d’un homme, lui qui avait formé tout entier le premier l. C’est pourquoi, de même que le premier homme fut formé à partir de la boue, de même il fit de la boue pour que, à partir d’elle, les yeux de l’aveugle-né soient formés.
S’il étala la boue sur les yeux de l’aveugle, c’est pour montrer, par ce qui, dans les corps, est le plus important, qu’il est lui-même l’auteur des corps. L’homme, en effet, parmi les créatures corporelles, est la plus excellente; et parmi les membres de l’homme, la tête est le plus éminent et, parmi les organes de la tête, l’oeil se trouve être le plus excellent — La lampe de ton corps, c’est ton oeil 7. Donc, en formant l’oeil plus excellent que les autres réalités corporelles, le Seigneur montre qu’il est le Créateur de tout l’homme et de toute la nature corporelle. Et il dit à l’aveugle: VA, LAVE-TOI DANS LA PISCINE DE SILOÉ, pour qu’il ne semble pas que la terre, appliquée sur les yeux, ait sur eux une vertu curative. Pour cette raison, aussi longtemps qu’il eut la boue sur les yeux, il ne vit pas, mais seulement après s’être lavé.
5. Ps 148, 5.
6. s Instrument vivant s traduit le mot organum.
7. Mt 6, 22. Cf. n° 1293, note 2.
S’il l’envoya se laver loin [du lieu où il était] — à la piscine de Siloé —, c’est en premier lieu pour abattre la dureté des Juifs. En effet, il lui fallait traverser la cité; ainsi tous le verraient aller aveugle, avec la boue sur les yeux, et le verraient revenir ayant recouvré la vue. C’est ensuite pour faire valoir l’obéissance et la foi de l’aveugle 1.Peut-être, en effet, avait-il souvent reçu de la boue sur le visage, et s’était-il souvent lavé à la piscine de Siloé, et cependant, il n’avait pas vu. De là vient qu’il aurait pu dire: "La boue a plutôt coutume d’aveugler, et bien des fois je me suis lavé au même endroit, et je n’en ai été aidé en rien", comme on le lit au sujet de Naaman dans le livre des Rois 2.Mais il n’a pas contredit; bien au contraire il a obéi purement et simplement. C’est pourquoi il est dit: IL ALLA ET SE LAVA. Et la raison pour laquelle le Christ l’envoie à la piscine DE SILOÉ est que le peuple des Juifs est désigné par cette eau: Ce peuple [les Assyriens] a rejeté les eaux de Siloé qui coulent en silence 3. Donc, pour montrer qu’il n’est pas étranger à l’amour du peuple juif, il l’envoie à Siloé.
1. Si on est attentif à l’interprétation de saint Thomas, on comprend que Jésus veut que l’aveugle coopère à ce miracle par son obéissance. Ce ne sera que lorsqu’il aura obéi, c’est-à-dire qu’il se sera lavé les yeux, qu’il verra. Il y aurait un parallélisme à faire entre l’obéissance de cet aveugle et celle des serviteurs à Cana, ainsi qu’avec l’offrande des cinq pains et deux poissons (chap. 6). Jésus demande toujours une coopération, quand elle peut se faire. Quand elle ne le peut pas, il supplée (c’est le cas pour l’infirme à la piscine de Bézatha). Par là on comprend comment toute la vie apostolique de Jésus nous introduit dans la grande obéissance de la Croix (Ph 2,8) qui est notre sagesse (1 Corinthiens 1, 17-31). Ce n’est pas la souffrance comme telle qui fait la grandeur de la Croix et la victoire de l’amour, c’est l’obéissance acceptant cette souffrance, obéissance par laquelle l’amour est victorieux de tout mal. En ce qui nous concerne, l’obéissance est notre manière de permettre à l’amour divin d’être victorieux.
2. Cf. 2 R 5, 10.
3. Is 8, 6. Siloé est une fontaine qui naît aux pieds du mont Sion, et dont les eaux, selon les heures, bouillonnent ou s’écoulent d’une manière égale. De là vient qu’elles signifient les rois de Juda, qui furent tantôt bons et puissants, tantôt mauvais et faibles, et qui cependant régnèrent légitimement et dans le calme en comparaison des rois d’Israël, qui contraignaient tout le peuple [à rendre un culte) aux idoles " (Exp. super Isaïam, 8, 6, p. 62, 1. 207-2 14).
L’effet s’ensuit: IL REVINT VOYANT CLAIR. Cela avait été annoncé en Isaïe: Il ouvrira les yeux des aveugles 4.
1311. La cause mystique et allégorique est donnée par Augustin 5: par le crachat, qui est la salive descendant de la tête, est désigné le Verbe de Dieu, qui procède du Père, tête de toutes les réalités — Moi, je suis sorti de la bouche du Très-Haut 6. Le Seigneur a donc fait de la boue à partir du crachat et de la terre quand le Verbe s’est fait chair. IL ÉTALA LA BOUE SUR LES YEUX DE L’AVEUGLE, c’est-à-dire du genre humain, les yeux étant ceux du coeur par la foi à l’Incarnation du Christ. Mais il ne voyait pas encore; parce que peut-être 7, quand le Christ l’a oint, il a fait le catéchumène, qui a la foi mais n’est pas encore baptisé. Et c’est pourquoi il l’envoie à la piscine appelée Siloé pour qu’il soit lavé et illuminé, c’est-à-dire qu’il soit baptisé et qu’il reçoive dans le baptême la pleine illumination 8. De là vient, selon Denys, que le baptême est appelé illumination — Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés de toutes vos souillures 9. Et c’est pourquoi il est significatif que cet évangile soit lu, dans l’Eglise romaine, le jour du carême où commence le scrutin de ceux qui seront baptisés le Samedi saint. Ce n’est pas non plus sans raison que l’Evangéliste ajoute l’interprétation du nom de la piscine en disant: CE QUI SIGNIFIE "ENVOYÉ". Car quiconque est baptisé doit être baptisé dans le Christ qui est envoyé par le Père — Vous tous qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Christ 10. Si, en effet, il n’avait pas été envoyé, aucun d’entre nous ne serait libre de son iniquité.
4. Is 35, 5.
5. Tract, in Ioann., XUV, 2, BA 73", p. 13-15.
6. Si 24, 5.
7. Sur le sens de ce s peut-être s qui est de saint Augustin, voir Tract, in Ioann., XLIV, 2, BA ‘13", p. 15 et la note 25.
8. La hiérarchie ecclésiastique, II, 1; PG 3, col. 392 (titre) Oeuvres complètes, p. 252. L’idée que le baptême est une s illumination s remonte aux origines mêmes du christianisme puisque c’est, de l’avis général, le sens de He 6, 4 Ceux qui ont été une fois illuminés, qui ont goûté au don céleste, qui sont devenus participants de l’Esprit-Saint...
9. Ez 36, 25.
10. Gs 3, 27.
Selon Grégoire 1, la salive signifie ici la saveur de la contemplation la plus intérieure, qui découle de la tête vers la bouche; car, alors que nous sommes encore établis en cette vie, elle touche, par le goût de la Révélation, à la charité du Créateur. C’est pourquoi le Seigneur a mêlé sa salive à la boue 2 et il a restauré les yeux de l’aveugle-né, parce que la grâce d’en haut irradie notre réflexion charnelle en y mêlant sa contemplation 3; et, de leur cécité originelle, il rétablit les hommes dans l’intelligence.
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Thomas sur Jean 61