Discours 1971 7
Samedi 30 janvier 1971
Chers Messieurs,
8 Vous n’avez pas voulu quitter Rome, - au terme de cette 37ème session du Collège de défense de l’OTAN, - sans venir rendre visite à son évêque pour lui présenter votre déférent hommage, entendre sa parole et recevoir sa bénédiction.
Nous avons accédé bien volontiers, croyez-le, à votre désir, heureux de vous rencontrer un bref instant pour vous dire combien Nous apprécions votre démarche si courtoise, et pour souhaiter aussi à chacun de vous et à toutes vos familles le bonheur et la prospérité que vous souhaitez si légitimement.
Ces mois écoulés vous ont permis de vous découvrir les uns les autres, dans la richesse de vos diversités personnelles et nationales, dans la commune recherche d’un même bien pour tous: la sécurité de vos pays, qui ne peut être réellement assurée et garantie que par et dans la paix. Vous savez combien cette poursuite de la paix Nous tient à coeur, à Nous qui avons voulu instaurer une «Journée mondiale de la paix», à Nous qui, en toute occasion, cherchons à attirer l’attention des hommes vers ce bien précieux, à Nous qui Nous efforçons inlassablement d’éveiller les consciences, et parfois, il le faut, de les réveiller. Vous ne serez donc pas surpris de notre voeu: que toutes les connaissances que vous avez acquises, que toutes les relations que vous avez nouées, que toutes vos ressources d’intelligence et de coeur, soient, tout au long de votre vie, partout où vous aurez à servir, consacrées à instaurer, à consolider, à affermir la paix.
Votre Institution se définit comme un Collège de défense. Puisse son existence même ne servir qu’à la défense de la paix! Que la formation qu’elle donne prépare à utiliser non des armes militaires, - même justifiées par la défense du droit et de la civilisation -, mais des armes politiques, et cela, non pour fomenter la division entre les peuples, mais pour promouvoir leur union.
Que votre action soit celle de «serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples», comme le Concile nous l’enseigne (Gaudium et Spes GS 79, § 5). Que non seulement elle défende, mais qu’elle engendre la paix. Que cette paix ne soit pas réservée à quelques privilégiés, mais qu’elle devienne le bien commun de toute la grande famille humaine, selon le voeu du prophète: que vienne le temps où nulle part on n’entende plus parler «ni de violence, ni de ravages ni de ruines» (Cfr. Is Is 60,18). Que chacun de vous, que tous les hommes puissent faire leur cette ardente prière du psalmiste: «Pour l’amour de mes frères, de mes amis, laisse-moi dire: paix sur toi! Pour l’amour de la maison du Seigneur, je prie pour ton bonheur» (Ps 122,8-9).
Tel est notre voeu, telle est notre prière. A votre intention, à celle de tous ceux qui vous sont chers, Nous l’accompagnons, en gage de l’abondance des divines grâces du «Dieu d’amour et de paix» (2Co 13,11), de Notre Bénédiction Apostolique. «Que le Dieu de paix soit avec vous tous. Amen» (Rm 15,33).
*AAS 63 (1971), p.142-143.
Insegnamenti di Paolo VI, vol. IX, p.68-69.
L'Osservatore Romano 31.1.1971 p.1.
L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, n.6 p.1.
La Documentation catholique n. 1581 p.210-211.
9 Lundi 1 février 1971
Monsieur le Président,
Les paroles que Votre Excellence vient de Nous adresser ont trouvé en Nous un profond écho, et votre visite - la première d’un Président finlandais au Vatican - est accueillie par Nous avec une grande joie. Aussi est-ce de tout coeur que Nous saluons en Vous un homme d’Etat qui a su bien faire face à ses responsabilités en ce qui concerne la paix et la prospérité de son pays, et, par delà votre personne, tout le noble peuple finlandais.
Nous voudrions profiter de cette rencontre pour manifester d’abord la profonde estime et la bienveillante sympathie que Nous éprouvons pour vos chers compatriotes. Nous savons en effet l’attachement ardent de vos populations à leur patrie et à ses traditions, défendues si courageusement et si fièrement au cours de l’histoire, pour une légitime indépendance. Nous apprécions leur goût de la nature, d’une nature d’ailleurs qui a déployé chez vous tous les fastes de sa magnificence, à travers les lacs, les forêts, les montagnes, d’une nature aussi qui connaît la dureté du froid et les longues nuits d’hiver, mais aussi les reflets incomparables de la lumière polaire. Nous sommes sensible à tout le patrimoine culturel, poétique et musical que cet amour de la Finlande a suscité et qui l’a fait connaître et aimer à travers le monde. Comment ne pas souligner aussi l’hospitalité, le désir d’ouverture et de contacts humains, l’esprit de tolérance que savent manifester les fils de votre pays?
Plus encore - et Votre Excellence l’a dit en termes délicats - Nous Nous sentons proche du peuple finlandais, dont la civilisation s’est développée en symbiose avec le christianisme, depuis le temps où l’évêque saint Henri y apporta l’Evangile, au prix même de sa vie. Certes, aujourd’hui, beaucoup de chrétiens de Finlande sont séparés de l’Eglise catholique, mais ils n’en demeurent pas moins pour nous des frères, abreuvés aux sources de la Parole de Dieu et de la grâce du baptême, et avec lesquels Nous souhaitons, le jour où le Seigneur le permettra, une pleine communion de vie ecclésiale.
La communauté catholique est elle-même chez vous fort restreinte. Mais Votre Excellence a eu la bonté de souligner sa vitalité et son apport à la vie spirituelle et culturelle du pays. Nous vous savons gré de cette délicatesse et Nous Nous félicitons des rapports amicaux qui se sont établis entre les différentes confessions chrétiennes, aussi bien qu’avec les autres communautés religieuses, souhaitant qu’ils s’intensifient dans le respect mutuel, pour le bien des uns et des autres, et afin que tous collaborent ensemble et avec coeur à la grandeur humaine et morale de votre patrie.
Vous Nous avez aussi entretenu de vos soucis pour la paix et la sécurité européenne. Est-il besoin de vous redire ici l’intérêt - que Vous venez de souligner - du Saint-Siège pour vos initiatives, lui qui veut croire, envers et contre tout, aux moyens pacifiques de régler les différends et de surmonter les conflits, afin d’établir la sécurité dans la justice, dans le respect de la dignité et de la légitime indépendance de chaque partenaire, comme aussi dans leur solidarité nécessaire? Pour Nous, c’est notre conviction, cet engagement de paix est une exigence de la charité qui Nous presse envers tous les hommes, et, à ce titre, elle s’inscrit à une place de choix dans notre mission apostolique.
C’est dans cet esprit que le Saint-Siège, Vous le savez, entretient avec votre noble pays de fécondes relations diplomatiques et Nous sommes heureux de le souligner aujourd’hui en présence de son premier magistrat. En formulant nos voeux les meilleurs, Nous implorons de grand coeur sur Votre Excellence - qui Nous a fait l’honneur de sa visite -, sur les personnes qui l’accompagnent, et en particulier sur Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et Monsieur l’Ambassadeur, comme sur tout le peuple finlandais, l’abondance des divines Bénédictions.
*AAS 63 (1971), p.143-145;
Insegnamenti di Paolo VI, vol. IX, p.72-74;
L’Attività della Santa Sede 1971 p.51-52;
10 L’Osservatore Romano, 1-2.2.1971 p.1;
ORf n.6 p.1, 11;
La Documentation catholique, n.1581 p.210-211.
20 février
Dans la chapelle du Grand Séminaire de Rome au Clergé.
Vénérés Frères et Fils très chers,
Venir dans ce Séminaire Romain et y rencontrer notre Cardinal Vicaire, entouré de ses Vice-gérants, de ses évêques auxiliaires et des délégués des ministères spéciaux, y trouver des prêtres du diocèse de Rome, spécialement ceux qui ont des charges de curés, de vice-curés dans le soin pastoral, avec leurs prédicateurs de Carême, et d’autres prêtres zélés du clergé séculier et religieux, m’y voir entouré des supérieurs et des élèves du séminaire auxquels je dois l’invitation, pour accomplir cette visite le jour béni que cet institut consacre à cette fervente dévotion de « Notre-Dame de la confiance », sa protectrice, titulaire de cette chapelle, c’est pour moi, votre évêque, un moment très cher, un moment important, significatif et émouvant. Ici, je m’aperçois que je suis à la place et dans la fonction qui précisément me qualifient comme votre Pasteur, responsable du sort religieux de ce diocèse très vénéré, placé au centre de l’Eglise catholique et choisi comme emplacement historique et opérationnel du Siège Apostolique. Ici, je me sens au point central de la communion chrétienne, ici, dans le cénacle de cette « ecclesiae dilectae et illuminatae..., quae et praesidet in loco chori Romanorum, digna Deo, digna decentia, digna beatitudine, digna laude, digne ordinata, digne casta et praesidens in caritate... » (St. ignace d’antioche, Prologue de la Lettre aux ), de cette Eglise confiée au successeur de Pierre ; et par conséquent ici, dans le lien le plus plein et le plus fort de mon affection pour vous, dans l’obligation et le besoin d’être votre Père dans le Christ, votre Maître, votre Pasteur, votre Frère, votre compagnon, votre ami, votre serviteur. Ici, notre conversation voudrait s’épancher spontanément et tranquillement ; ici, il me plairait de vous écouter et de vous parler avec un accent familial ; ici, vous comprendre et me faire comprendre, vous réconforter et être réconforté moi-même ; ici, parler avec vous du Christ, pour la gloire du Père, dans l’Esprit de vérité ; ici, parler à vos âmes de vos âmes et des nombreux problèmes spirituels et pastoraux de ce temps, et particulièrement de cette Ville où toute question du royaume de Dieu acquiert une grande importance et un sens extraordinaire.
Sachez au moins dans quel esprit je suis au milieu de vous.
Mais, pour ce bref entretien, nous devons nous limiter au choix d’un seul point parmi tous ceux qui pressent notre coeur. Et lequel ? Il se présente de lui-même comme un sujet obligatoire aujourd’hui : celui qui est appelé « l’identité propre du prêtre ». C’est un sujet qui vous préoccupe certainement vous, élèves du séminaire, tendus vers la définition de votre avenir, et sujet qui peut se manifester comme un ange de lumière ou comme un spectre nocturne, dans votre conscience à vous, prêtres, dans un acte réfléchi sur votre passé, ou encore sur l’expérience de votre présent. Voici : Qui est le prêtre ? La demande, d’abord naïve et élémentaire, s’alourdit de doutes profonds et gênants : est-ce que l’existence d’un sacerdoce est vraiment justifiée dans l’économie du Nouveau Testament ? quand nous savons que le sacerdoce lévitique est fini et que seul celui du Christ remplit la fonction médiatrice entre Dieu et les hommes et que ceux-ci, élevés au niveau de « genus electum » (1P 2,9), sont revêtus d’un sacerdoce qui leur est propre, qui les autorise à adorer le Père « en esprit et en vérité » (Jn 4,24). Et ensuite, ce processus irrésistible de désacralisation, de sécularisation, qui envahit et transforme le monde moderne, quelle place, quelle raison d’être laisse-t-il au prêtre dans la société, tout entière orientée vers des buts temporels et immanents, au prêtre tourné vers des buts transcendants, eschatologiques et si étrangers à l’expérience propre de l’homme profane ? Le doute harcèle : l’existence d’un sacerdoce est-elle justifiée dans l’intention originelle du christianisme ? d’un sacerdoce tel qu’il est fixé dans le profil canonique ? Le doute se fait critique sous d’autres aspects psychologiques et sociologiques : est-il possible ? est-il utile ? peut-il encore galvaniser une vocation lyrique et héroïque ? peut-il encore constituer un genre de vie qui ne soit pas aliéné ou frustré ? Les jeunes comprennent par intuition cette problématique agressive et beaucoup en restent découragés, que de vocations éteintes par ce vent sinistre ! et ils la sentent parfois comme un tourment intérieur, bouleversant même ceux qui sont déjà engagés dans le sacerdoce ; et pour certains elle devient peur qui se fait courageuse en quelques-uns, hélas ! seulement pour la fuite, pour la défection : Tune discipuli... relicto Eo, fugerunt ; l’heure de Gethsémani (Mt 26,56).
On parle de crise du sacerdoce. Le fait que vous soyez rassemblés ici dit tout de suite qu’elle n’a pas eu prise sur vos âmes : grande chance ! grande grâce ! Cela n’exclut pas que vous aussi vous vous aperceviez du danger, que vous en sentiez la poussée, que vous désiriez une défense. Je voudrais que cette visite agisse sur vous comme une confirmation intérieure et joyeuse de votre choix. C’est pour cela que je suis venu aujourd’hui. Rien n’est actuellement plus nécessaire pour notre clergé que la reprise d’une conscience ferme et confiante de votre vocation personnelle. On pourrait appliquer à la situation présente les paroles de saint Paul : Vedite... vocationem vestram, fratres (1Co 1,26). Je ne me perdrai pas en analyses et en discussions. Vous savez que sur ce sujet il existe maintenant une ample littérature. Aux livres qui détruisent la sécurité qui rend sûr le sacerdoce catholique, répondent aujourd’hui des livres qui non seulement renforcent cette sécurité, mais qui la confirment par de nouveaux arguments, parmi lesquels le plus valable de tous est celui d’une foi plus éclairée et plus convaincue, d’où la vie du prêtre tire une source inépuisable de lumière, de courage, d’enthousiasme et d’espérance. Et vous savez que l’Eglise, en ce moment, s’occupe à un niveau élevé, dans les études théologiques, dans les documents du Magistère (nous citerons par exemple la lettre de l’épiscopat allemand sur l’office sacerdotal) et s’occupera dans le prochain synode des évêques de la vérification doctrinale et canonique de sa propre structure sacerdotale.
Je voudrais maintenant vous dire seulement deux choses. La première : n’ayez pas peur de cette problématique sur le sacerdoce. Elle peut être providentielle si vraiment nous savons en tirer un stimulant pour renouveler la conception authentique et l’exercice mis à jour de notre sacerdoce ; mais malheureusement elle peut aussi devenir ruineuse si elle attribue une valeur plus grande qu’ils ne méritent à des lieux communs, vulgarisés aujourd’hui avec une grande facilité sur la crise du sacerdoce, qu’on voudrait fatale, soit à cause de la nouveauté des études bibliques tendancieuses, soit à cause de l’autorité des phénomènes sociologiques étudiés par le moyen d’enquêtes statistiques ou par l’observation des phénomènes psychologiques et moraux. Données très intéressantes si vous voulez, qui méritent une sérieuse considération dans des groupes compétents et responsables, mais jamais telles qu’elles puissent bouleverser notre conception sur ce qu’est le sacerdoce, pourvu que celle-ci coïncide avec son authenticité, telle que la parole du Christ et la tradition éprouvée de l’Eglise la livrent intacte et même, après le Concile, approfondie à notre génération. Cette authenticité se soutient, comme vous le savez, même en face du monde areligieux moderne qui, justement parce qu’il est tel, et parce qu’il a fait d’énormes progrès dans l’exploration et dans la conquête des choses accessibles à notre expérience, s’aperçoit et s’apercevra encore plus du mystère de l’univers qui l’entoure et de l’illusion de sa propre autosuffisance exposée au danger d’être asservie et desséchée par son développement même et par son effort exaspérant pour arriver à l’ultime vérité et à la vie qui ne meurt pas. Dans un monde comme le nôtre, il n’a pas été annulé, il s’est accru le besoin de celui qui accomplit une mission de vérité transcendante, de bonté motivée supérieurement, de salut eschatologique, le besoin du Christ. Et ne désespérons pas de la jeunesse de notre temps, comme si elle était allergique et réfractaire à la vocation plus audacieuse et plus engagée, celle du royaume de Dieu. Prions, agissons et espérons : potens est Deus de lapidibus istis suscitare filios Abrahae (LE 3,8).
11 Nous avons confiance en vous, jeunes élèves de l’école de l’Eglise et en vous, nos frères dans le sacerdoce et nos collaborateurs dans le ministère, nous avons confiance que vous saurez déduire de la sagesse toujours vraie de la foi catholique les forces vives et les formes nouvelles pour reprendre la conversation avec le monde moderne : le Concile vous offre son volume que vous ne garderez pas en vain. Et vous tous fils et frères, ayez confiance en votre évêque ! il n’a rien à vous promettre de tout ce qui peut rendre la vie attrayante pour qui aime cette vie ; mais pour qui aime le Christ, pour qui aime l’Eglise, pour qui aime les frères, il offre ce qui réconforte cet amour : la foi, le sacrifice, le service ; bref, la croix et, avec elle, la force, la joie et la paix ; et puis l’horizon eschatologique des espérances éternelles. Et tout cela uni ensemble dans la recomposition de ce presbytérium romain, de cette communauté ecclésiale qui nous donne la préoccupation et le présage de réaliser dans une continuelle et patiente tension la prière testamentaire de Jésus : que tous soient un (Jn 17,21). La seconde chose à vous dire est celle qui retentit toujours dans cette salle, de piété préparatoire au sacerdoce : Maria, mater mea, fiducia mea. C’est la fête de Notre-Dame, si vénérée ici, qui nous réunit maintenant et qui, sans aucun artifice de dévotion ou de convention, met en lumière la conversatio, c’est-à-dire la relation, l’intimité, disons simplement le dialogue qui doit exister entre tout ecclésiastique, qu’il soit élève, diacre ou prêtre et la Vierge Mère de Dieu. La fête familiale de ce séminaire reporte la pensée de notre anxieuse controverse et de notre confiante apologie à celle de Marie, Mère du Christ. Ce n’est pas que nous puissions attribuer à Notre Dame les prérogatives du sacerdoce, ni au sacerdoce celles qui sont propres à Notre Dame, mais il y a des analogies et des rapports entre la somme ineffable des charismes propres à Marie et à l’office sacerdotal dont nous ferons toujours bien d’étudier la correspondance et d’en profiter. Et de cette harmonie qui peut édifier notre formation, toujours en voie de perfectionnement : donec formetur Christus in vobis (Ga 4,19) et notre expérience sacerdotale. C’est cette harmonie qui avant tout nous transporte par voie existentielle, presque par enchantement, dans le cadre évangélique où a vécu Notre Dame et par elle Jésus: elle est pour nous tout de suite maîtresse de ce retour aux sources scripturaires dont on parle tant aujourd’hui et qui éveille aussitôt en nous cette vie profonde, cette activité très personnelle qu’est notre conscience intérieure, la réflexion, la méditation, la prière. Nous devons penser et modeler notre existence d’une manière réduplicative : nous ne pouvons pas avoir une action extérieure, pour bonne qu’elle soit, de ministère, de parole, de charité, d’apostolat vraiment sacerdotale, si elle ne naît pas de sa source et de son débit intérieur et n’y retourne pas. La recherche de Marie nous éduque à cet acte de réflexion indispensable à un double titre; parce qu’il nous conduit à l’évangile qui nous inspire et nous juge, et parce que nous rencontrons Notre Dame en cette attitude identique de repenser les événements de sa vie : cogitabat qualis esset ista salutatio (Lc 1,29) ; conferens in corde suo (Lc 2,9) ; Mater Ejus conservabat omnia verba haec in corde suo (Lc 2,51). Marie découvre en tout ce qui la concerne un ministère ; et il ne pouvait pas en être autrement pour elle, si proche du Christ. Peut-il en être diversement pour nous, qui sommes si proches du Christ que nous sommes autorisés à « dispenser ses mystères » (cf. 1Co 4,1), et à les célébrer au nom du Christ ?
Introduits dans ce sentier de la recherche de l’exemple de Marie, toute notre vie trouve sa « forme » (cf. Ph Ph 2,7), la forme spirituelle, la forme morale et spécialement la forme ascétique. La vie de Marie n’est-elle pas toute pénétrée de foi ? Beata, quae credidisti ! (Lc 1,45), lui dit Elisabeth. Aucun éloge plus haut ne peut se faire de celle dont la vie tout entière se déroule dans la sphère de la foi. Le Concile l’a reconnu (cf. Lumen Gentium, LG 53, 58, 61, 63, etc.). Et notre vie à nous, n’a-t-elle peut-être pas le même programme, ne doit-elle pas être une vie qui puise dans la foi sa raison d’être, sa qualification, son espérance eschatologique ? Ensuite, son titre privilégié tremble sur nos lèvres : la Vierge. Le Christ a voulu naître d’une Vierge, et celle-là ! l’immaculée ! Est-ce que ce rapprochement de l’Immaculée ne dit rien à notre choix de l’état ecclésiastique qui doit être non réprimé mais exalté, transfiguré, rendu plus fort par le célibat sacré ? Nous en entendons aujourd’hui critiquer le côté négatif, jusqu’à le dire inhumain et impossible : c’est-à-dire le renoncement à l’amour des sens et au lien conjugal, normal, très haute et sainte expression de l’amour humain. Proches de Marie, n’en apercevons-nous pas la triple valeur positive supérieure qui convient extrêmement au sacerdoce: d’abord la parfaite possession de soi (rappelez-vous saint Paul : castigo corpus meum et in servitutem redigo... : 1Co 9,27), possession de soi indispensable pour qui traite des choses de Dieu et est maître et médecin des âmes et signe de direction pour le peuple chrétien et profane des voies vers le royaume de Dieu. En second lieu, la disponibilité totale pour le ministère pastoral ; c’est évident. Troisièmement, l’amour unique, immolé, incomparable et inextinguible pour le Christ Seigneur qui, du haut de la croix confie sa Mère à son disciple Jean dont la tradition affirme qu’il est resté vierge : Ecce filius tuus ; ecce mater tua... (Jn 19,26-27). Et dites ainsi de l’obéissance absolue de Marie qui la fait entrer dans le dessein divin : Ecce ancilla Domini (Lc 1,38) ; dites ainsi de l’humilité du service du Christ : tout en Marie est exemplaire pour nous. Dites ainsi de son magnanime courage, supérieur à toute figure classique de l’héroïsme moral : Elle se tenait juxta crucem Jesus (Jn 19,25), pour nous rappeler que, comme participants à l’unique sacerdoce du Christ, nous devons être aussi participants de sa mission rédemptrice, c’est-à-dire être avec Lui victimes, entièrement consacrés et offerts au service et au salut des hommes pour pouvoir méditer la prophétie qui a fait peser sur le coeur de Marie, pendant toute sa vie, la menaçante et mystérieuse épée de la passion du Seigneur (cf. Lc Lc 2,35) et pour pouvoir nous appliquer à nous-mêmes les paroles de l’Apôtre : « adimpleo ea quae desunt passionum Christi in carne mea pro corpore Ejus, quod est ecclesia, cujus factus sum ego minister » (Col 1,24).
Il est facile, il est doux, il est réconfortant de répéter alors la belle oraison jaculatoire : Maria, mater mea, fiducia mea. Aujourd’hui et toujours dans notre vie sacerdotale.
Eglise et documents vol. IV pp. 205-211
Jeudi 25 février 1971
Monsieur l’Ambassadeur,
Nous remercions Votre Excellence des aimables paroles qu’elle vient de Nous adresser, au nom de Monsieur le Président Albert Bongo, et Nous sommes heureux de vous accueillir ici, au moment où vous êtes appelé à représenter votre noble pays auprès du Saint-Siège.
L’Eglise catholique - est-il besoin de le dire - regarde le Gabon avec une respectueuse estime et une grande espérance. Elle sait que, au coeur de l’Afrique, votre pays possède, grâce à une nature fertile et à un riche sous-sol, tout ce qu’il faut pour donner à ses habitants la prospérité matérielle dont ils ont besoin. Elle connaît aussi les possibilités d’alphabétisation et de culture qui existent pour ses jeunes assoiffés de savoir. Enfin elle se réjouit de constater qu’une aussi forte proportion de Gabonais, ouverts à la foi, portent le nom de chrétiens et sont heureux de leur appartenance à l’Eglise.
Dans cette conjoncture, que souhaitent les catholiques? que cherchent ses responsables? Que veut le Saint-Siège lui-même, centre et noeud de l’Eglise universelle? Rien d’autre que de vivre intégralement la foi, avec toutes les exigences qui y sont attachées par le Christ lui-même. Oh! les chrétiens, certes, le savent bien: le chemin est ardu et jamais achevé, qui mène à placer l’ensemble de la vie, des moeurs et des coutumes, respectées dans leur valeur spécifique légitime, sous la lumière de l’Evangile, et sous l’influence de la grâce, qui les feront fructifier selon leur pleine mesure et les «sauveront»! En agissant ainsi, sans s’ingérer en tant que telle dans la politique, l’Eglise - c’est du moins son intention - pense servir également les intérêts supérieurs du pays: elle collabore volontiers à l’organisation sociale, avec un souci privilégié des pauvres et des petits; elle ne demande qu’à participer, selon ses moyens, au développement de l’instruction, en formant les coeurs, en même temps que les esprits, au sens moral, au goût du service désintéressé, aux responsabilités; elle cherche, comme partout, à promouvoir la justice, la paix et l’amour fraternel, entre les citoyens et avec leurs frères du monde entier.
Aussi savons-Nous gré aux Autorités civiles de votre pays de le comprendre et d’entretenir avec les Autorités ecclésiastiques des relations amicales et encourageantes. Dans le ferme espoir qu’elles se poursuivront et s’intensifieront, pour le bien de l’Eglise et de tous vos chers compatriotes, Nous formulons les meilleurs souhaits pour la mission de Votre Excellence et implorons de grand coeur sur vous, sur Monsieur le Président de la République comme sur tous les Gabonais que vous représentez, les Bénédictions abondantes du Tout- Puissant.
*AAS 63 (1971), p.224-225;
12 Insegnamenti di Paolo VI, vol. IX, p.149-150;
L’Attività della Santa Sede 1971, p.83-84;
OR 26.2.1971 p.1, 2;
ORf n.10 p.12;
La Documentation catholique n.1584 p.359.
Jeudi 11 mars 1971
A l’occasion de votre séjour à Rome pour un colloque avec le Centre Italien des Hautes Etudes Militaires, vous avez manifesté le désir d’être accueillis quelques instants dans la maison du Père commun des fidèles catholiques. En répondant à votre démarche courtoise et filiale, Nous voudrions, en appelant la Bénédiction du Seigneur sur vos personnes, vous exprimer l’importance que Nous attachons à votre haute responsabilité pour la promotion de la justice et de la paix.
Vous êtes déjà, ou vous êtes appelés à être, les experts qualifiés, chargés de choisir ou d’adapter aux conditions modernes les moyens qui devront assurer au mieux la sécurité de vos concitoyens. Nous Nous garderons bien d’entrer dans ce domaine technique, pour lequel Nous n’avons pas de compétence directe. Mais vous constituez en même temps un «Centre des Hautes Etudes», c’est-à-dire de culture supérieure, capable de penser, au plus haut niveau, les problèmes de la guerre et de la paix, les chances de celle-ci et les risques de celle-là.
Permettez-Nous de vous le dire en toute simplicité: la haute culture ne peut être orientée que vers la justice et la paix. Et dès lors votre horizon ne peut se limiter à votre propre pays ou à vos voisins immédiats, mais il s’étend nécessairement à l’ensemble des peuples, et particulièrement à ceux qui sont démunis des moyens de subsistance les plus élémentaires. Vous le savez en effet, la responsabilité en cette matière s’étend bien au-delà de vos frontières. Et pour un esprit et un coeur chrétiens, cette solidarité universelle fait partie désormais du précepte prégnant de la charité. C’est donc une exigence morale singulièrement profonde qui doit animer votre réflexion et inspirer vos résolutions. Avec audace et réalisme, il vous faut rechercher, loin des impasses où s’enferme la problématique habituelle, le moyen de maîtriser la course aux armements, sans pour autant manquer au devoir qui est le vôtre d’assurer la sécurité des personnes et des ensembles humains qui vous incombe. Lourde responsabilité, certes, que la vôtre, d’incarner dans des conditions concrètes difficiles un idéal vers lequel converge l’aspiration de tous les hommes de bonne volonté: celui d’un monde paisible et fraternel.
Puissiez-vous, chers Messieurs, au milieu de la forêt certes très complexe des forces multiples en compétition et des intérêts divergents qui sont en jeu et obligent à n’avancer que prudemment, dégager hardiment des chemins novateurs, qui aident tous les peuples à rechercher d’abord la paix dans la justice, et à y trouver la sécurité qu’au fond d’eux-mêmes ils souhaitent pour consacrer toutes leurs forces vives à un développement intégral et solidaire dont l’urgence apparaît, tout comme la nécessité, avec une évidence qui s’impose à tous les hommes de coeur. Tels sont les voeux que Nous ne Nous lassons pas de formuler et que Nous Nous permettons de livrer à votre méditation en ce temps du Carême qui nous invite à une revision de vie salutaire. C’est dans ces sentiments que Nous vous disons, avec notre bienveillante estime, notre espérance, et que Nous invoquons de grand coeur sur vos personnes, sur vos familles et tous ceux qui vous sont chers, les Bénédictions abondantes du Très-Haut.
15 mars
13 A la Commission des Moyens de Communications Sociales.
Nous remercions Monseigneur Martin O’Connor des nobles paroles qu’il nous a adressées et qui témoignent des dispositions et des intentions de cette congrégation plénière annuelle de la Commission Pontificale pour les Moyens de Communications Sociales. Nous saluons les membres qui y ont participé : les cardinaux Gray, Gouyon, Araujo Sales et Guerri, nos confrères évêques, les consulteurs de la commission et les représentants du « Catholic Media Council », qui sont venus à Rome au nom des Organisations Internationales Catholiques de la Presse, de la Radio-Télévision et du cinéma, et au nom des organismes internationaux et nationaux catholiques qui financent l’apostolat des communications sociales dans les pays en voie de développement.
Nous connaissons les thèmes importants sur lesquels ont été centrées ces fécondes journées de travail et d’études ; et nous sommes heureux qu’une équipe aussi valable et aussi préparée, consacre ses forces et ses expériences au domaine si vaste et si délicat des communications sociales qui, d’une part permettent à l’homme moderne de s’exprimer et de l’autre conditionnent sa vie. Nous ne pouvons taire notre satisfaction pour la préparation de l’Instruction Pastorale qui a été réalisée grâce à de larges consultations et à un travail commun intense. Son succès mérite un éloge et un encouragement de notre part et est motif de grandes espérances pour l’activité de l’Eglise dans ce secteur multiple, complexe et fuyant.
Pour un engagement fructueux
Ce beau document n’est cependant qu’un point de départ ; pour vous, maintenant une nouvelle période d’activité peut et doit commencer; pour appliquer d’une part les normes de cette Instruction et d’autre part les conclusions auxquelles est arrivée cette Congrégation Plénière. Laissez-nous donc vous donner à ce propos, en souvenir de notre rencontre et comme couronnement de vos travaux, quelques conseils pour votre action future. Ces conseils nous sont suggérés par la sollicitude avec laquelle nous suivons votre très précieuse activité au sein de l’Eglise.
1. Il nous semble que votre premier devoir est d’approfondir la conscience du rôle des moyens de communication sociale dont nous disposons. Ils s’insèrent faiblement dans l’océan des communications sociales modernes : si bien que leur voix semble submergée et impuissante. Peut-être ne doit-on pas se laisser abattre : nos moyens sont nécessaires, ils sont indispensables ! Ils sont un acte de présence dans le monde de l’opinion publique, vis-à-vis duquel nous avons un devoir à accomplir, un rôle à jouer et que nous devons aimer. Ils sont comme les porteurs de la Parole de Dieu et du message évangélique dans le contexte souvent catholique et contradictoire de la parole humaine et des idéologies modernes. Le décret Inter Mirifica a réaffirmé solennellement que l’Eglise « en vertu de sa mission de porter le salut à tous les hommes et parce qu’elle est poussée par l’obligation de prêcher l’Evangile, estime de son devoir d’une part d’employer aussi les moyens de communication sociale pour annoncer le Message du salut et d’autre part, d’enseigner aux hommes le bon usage de ces moyens. L’Eglise a donc — continue le Concile — le droit inné d’utiliser et de posséder ces moyens sans exception, dans la mesure où ils sont nécessaires ou utiles à la formation chrétienne et à toute autre action pastorale » (Inter Mirifica, IM 3, cf. 17).
Voilà le point central : c’est un apostolat, une mission, un acte de foi. Il faut donc poursuivre avec confiance ce travail important et bénéfique, car il est la condition indispensable pour que la vérité et la lumière chrétienne pénètrent dans le monde d’aujourd’hui ; celui-ci a besoin d’être orienté par les principes solides de la Révélation. Et si nous ne faisons pas cela, qui le fera à notre place ? Si sal evanuerit in quo salietur ? (Mt 5,13).
Témoigner la vérité
2. C’est là que surgit le problème de la méthode. Nous devons savoir utiliser les moyens dont nous disposons, les accroître si possible en stimulant la charité et l’apostolat dont fait preuve l’oeuvre du « Catholic Media Council ». Dans ce sens, les initiatives de Bogota, de Radio Veritas de Manille, de Radio Vatican, de la Presse Catholique, rendent des services précieux mais nécessitent un soutien continu et en même temps peuvent et doivent servir d’exemple et exploiter les possibilités offertes à la juste cause par la collaboration des organisations Radio-TV nationales. Mais il faut surtout bien employer ces moyens et éviter les faux pas qui parfois coûtent cher !
Nous devons demeurer fidèles à deux principes : la vision du monde à la lumière de la pensée catholique et les objectifs spirituels et apostoliques auxquels ces moyens doivent aboutir, c’est-à-dire le bien des frères et du peuple, selon l’enseignement du Concile. L’information, la culture, les affaires, ne sont pas de notre ressort. Notre but est la formation, il est apologétique, pédagogique ! Notre activité ne peut par conséquent oublier d’être un témoignage à la vérité de l’information. C’est là la raison de la probité professionnelle requise : nous devons être crus même si notre voix est faible.
Edifier et non désorienter
14 3. Passons maintenant à un problème très délicat qui nous tient particulièrement à coeur et qui mériterait d’être examiné plus longuement. Mais nous essaierons toutefois, dans la limite du temps disponible, de vous le présenter. Essayons de réfléchir à l’esprit qui devrait toujours accompagner l’activité de ceux qui consacrent leur talent et leur savoir à la diffusion des moyens de communications sociales dans le cadre de l’Eglise. Ils n’auront d’autre but que l’édification et non les désorientations, les troubles, la corruption de l’unité, de la confiance, de la charité, caractéristiques primordiales de la famille ecclésiale. Mais, hélas, nous constatons que certains groupes qui se consacrent à cette activité ne sont pas toujours guidés par un esprit authentiquement catholique; ils en appellent aux droits de l’information objective: mais cette objectivité, existe-t-elle réellement ? Cette information n’est-elle pas souvent partiale. Ils en appellent à la critique bénéfique au sein de l’Eglise ; c’est possible oui, mais cette critique est du ressort de qui ? Est-elle toujours honnête bien que faite de manière subjective ou avec une connaissance limitée des événements ? Est-elle toujours bénéfique ? Si, a priori, elle se laisse influencer par la contestation, peut-elle vraiment être considérée comme fidèle à la vérité et à la charité ? De quel côté lui parviennent les éloges et les approbations ? Peut-être des jeunes désireux de renouveau? Bien, mais est-ce ainsi que doit être alimentée leur faim légitime ? Est-ce là de la bonne pédagogie ? Si les éloges proviennent d’un autre côté, tout à fait hostile à l’Eglise et à la rectitude de son enseignement, n’est-ce pas plutôt un blâme qu’un honneur ? Nous pensons donc au danger des publications ou de la diffusion de nouvelles corrosives qui créent une désorientation fâcheuse, une stupeur douloureuse, une incertitude au sein des milieux catholiques. Ces derniers, doivent, aujourd’hui plus que jamais, demeurer unis pour faire face à la confusion d’idées et à l’état actuel des coutumes qui caractérisent notre temps et auxquelles contribuent largement les moyens de communication sociale.
Ce sont là des épisodes qui nous affligent profondément. Mais nous sommes convaincus que les responsables méditeront sur la gravité d’un comportement qui risque d’entraîner des dommages déplorables dont ils auront à répondre non seulement devant la communauté ecclésiale mais devant Dieu.
Voilà Frères vénérés et Fils très chers, ce que nous voulions vous dire en cette occasion. En vous voyant ici, petit groupe qui représente ce qui se réalise du côté catholique dans les divers continents et dans le secteur des communications, nous pensons à une caractéristique essentielle de l’Eglise sur cette terre, l’Eglise militante. Oui, vous êtes l’armée de la Vérité, vous êtes un geste d’amitié et de charité pour ce monde qui est l’opinion publique ; vous êtes les semeurs de la Parole qui enseigne, qui forme, qui fait naître les bonnes pensées et les bonnes intentions ; veuille le Ciel que la bonne semence trouve toujours le terrain prêt à rendre cent pour un !
Persévérez dans votre travail, avec méthode, avec sacrifice, avec espoir !
C’est le souhait avec lequel Nous vous accompagnons dans votre tâche, en vous assurant de nos prières.
Avec notre Bénédiction Apostolique.
18 mars
Discours 1971 7