F. de Sales, Lettres 539

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Il la console dans une maladie, et lui donne les moyens d'en faire un saint usage.

Annecy, 20 août 1609.

Selon la sainte et parfaite amitié que Dieu m'a donnée pour vous, ma très-chère fille, j'ai de la peine de votre maladie. Or sus, il faut pourtant s'accommoder à non-seulement vouloir, mais à chérir, honorer et caresser le mal, comme venant de la main de cette souveraine bonté, à laquelle et pour laquelle nous sommes. Que puissiez-vous bientôt guérir, si c'est la plus grande gloire de Dieu, ma chère fille: si moins, que puissiez-vous amoureusement souffrir, tandis qu'ainsi le requiert la Providence céleste ; afin que, guérissant ou souffrant, le bon plaisir divin soit exercé.

Que vous puis-je plus dire, ma chère fille ?

 sinon ce que je vous ai si souvent dit, que vous alliez toujours votre train ordinaire, le plus que vous pourrez, pour l'amour de Dieu, faisant plus d'actions intérieures de cet amour, et encore des extérieures ; et surtout contournant tant que vous pourrez, votre coeur à la sainte douceur et, tranquillité, et à la douceur envers le prochain, quoique fâcheux et ennuyeux ; à la tranquillité envers vous-même, quoique tentée ou affligée, et quoique misérable.

J'espère en notre Seigneur que vous vous tiendrez toujours en sa main, et que, par conséquent,. jamais vous ne trébucherez du tout ; que si à la rencontre de quelque pierre vous choppez,. ce ne sera que pour vous faire tant mieux tenir sur vos gardes, et pour vous faire de plus en plus réclamer l'aide et le secours de ce doux Père céleste, que je supplie vous avoir à jamais en sa sainte protection. Amen.

Je suis eh lui très-fermement tout vôtre, etc.



LETTRE CLXII, A SA SAINTETÉ LE PAPE PAUL V.

(Tirée de la vie du Saint, par Maupas.)

Il lui recommande son Église de Gex, en lui rendant compte de ce qu'il a fait, et par la même occasion celle du Chablais.

Au commencement d'octobre 1609.


Très-saint Père,

Ayant été depuis quelques années auprès du roi très-chrétien, pour obtenir le rétablissement de la religion catholique au bailliage de Gex, il nous fut permis d'en exercer les fonctions en trois lieux, comme nous venons de faire ; ce grand prince nous ayant mis lui-même en avant, pour le total, qu'il eut bien désiré la foi catholique partout; mais que tout ce qu'il voulait ne lui était pas possible. Et moi je dis à votre sainteté (1), que le cardinal de Médicis, légat en France, l'an 159S, vous pourra dire, que rien n'est impossible à Dieu ; car, passant lors à Thonon, il trouva par sa miséricorde un nombre infini de personnes qui rentraient au parc de Jésus-Christ, lesquelles, après un fâcheux hiver de contradictions et de peines, formaient, en ce lieu, un printemps nouveau, où le bel arbre de la croix vivifiant paraissait de toutes parts ; de façon que je puis dire à votre sainteté, avec assurance, que de notre temps, en nul lieu, tant d'hérétiques ne sont retournés à la vraie foi ni plus suavement ni avec plus d'efficace.

Il n'y a qu'onze ans que l'hérésie s'enseignait et prêchait dans soixante-cinq paroisses proche de la ville de Genève, où à peine y avait-il cent catholiques, et j'y fus en ce temps-là, trois ans tout seul à prêcher l'évangile ; et maintenant en autant de lieux la sainte Église a étendu ses branches, et est en telle vigueur que le calvinisme en est exclu, et n'y pourrait-on pas trouver à présent cent huguenots ; jusque-là que partout on y célèbre le sacrifice de la sainte messe : et, ce qui est le principal, ils ont persévéré inviolablement parmi toutes les persécutions et épouvantes des guerres ; fruit qui n'est pas de saison en ces rencontres tempétueuses, mais que Dieu a voulu donner aux désirs et aux prières des ouvriers qu'il a employés. Il reste que le saint siège apostolique, par son soin et par sa grâce, prenne à coeur et embrasse cette affaire, grande à la vérité, et digne d'être affectionnée ; c'est ce que je demande, et que j'attends très-humblement de la clémence de votre sainteté, priant notre Seigneur Jésus-Christ qu'il soit toujours propice.


(1) Paul V n'était pas encore pape en 1598, lorsque S. François lui dit ceci.



LETTRE CLXIII, AUX MAGISTRATS DE LA VILLE DE SALINS.

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(Tirée du monastère de la Visitation de la ville de Salins.)

Il les remercie de la proposition qu'ils lui avaient faite de venir prêcher le carême en leur ville l'année suivante.

Dôle, jour de Toussaint, 1609.

Messieurs,

Vous m'obligez extrêmement par le désir que vous avez de mes prédications, lesquelles seront utiles à votre peuple, si Dieu me donne autant de force comme il m'a donné de courage et d'affection de vous rendre du service. Que s'il exauce mes prières, vous vivrez tous longuement, heureusement et saintement en ce monde, et éternellement, glorieusement et très-semblablement en l'autre; car ce sont les souhaits continuels que je ferai meshui devant sa divine Majesté, pour vous et pour votre ville, étant messieurs, votre, etc.


LETTRE CLXIV, A MADAME DE CHANTAL.

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(Tirée de la vie de soeur Anne-Jacqueline Costre, par la mère de Changi.)

Il fait l'éloge d'une bonne fille qu'il destinait à être la première tourière de la congrégation qu'il voulait établir.

En novembre 1609 (éd. Annecy: mi-décembre).

Votre Anne-Jacqueline (cf.
471 ) me contente toujours plus. La dernière fois qu'elle se confessa, elle me demanda licence, pour se préparer et accoutumer, dit-elle, à être religieuse, de jeûner au pain et à l'eau les avents, et d'aller nu-pieds tout l'hiver. O ma fille ! il faut vous dire ce que je lui répondis: car je l'estime aussi bon pour la maîtresse que pour la servante : que je désirais que les filles de notre congrégation eussent les pieds bien chaussés, mais le coeur bien déchaussé et bien nu des affections terrestres ; qu'elles eussent la tête bien couverte, et l'esprit bien découvert, par une parfaite simplicité et dépouillement de la propre volonté.




LETTRE CLXV.

S. FRANÇOIS DE SALES, A UN INTIME AMI.

(Tirée de la vie du Saint, par Ch.-Aug. de Sales.)

Sur une accusation calomnieuse.

A mon arrivée, j'ai trouvé une grande calomnie pour me mettre en la disgrâce de ce prince qui a témoigné me tant aimer. Or j'attends l'événement ; cette bourrasque passera tantôt, Dieu aidant : mais quand je l'appelle bourrasque, ne pensez pas que j'en sois agité non plus certes que de la moindre chose du monde ; car il n'y a en cela pour tout aucun sujet de mon côté. Ceux qui me connaissent savent que je ne pensai jamais à intelligences (1), et que je fais mille traits de courage par une vraie simplicité, non pas certes simplicité d'esprit (car je ne veux pas parler doublement avec vous), mais simplicité de confiance. Or tout cela n'est rien; je ne le dis qu'à vous.



(1 ) Qui me cognoscunt, ad nullum me cum aliquo clandestinum commercium idoneum esse sciunt. Auc. de Sales, liv. Vil, p. 358.




LETTRE CLXVI.

S. FRANÇOIS DE SALES, A MADAME DE CHANTAL.

Il l'exhorte à s'abandonner tout entière au bon plaisir de Dieu pour tous les événements, et à persévérer dans le dessein qu'elle avait formé de se consacrer à lui.



27 décembre 1609.

Vous croirez bien mieux que nous sommes venus à bon port, ma chère fille, quand vous en verrez ce petit témoignage de ma main. Hé bien, vous voilà donc toute résignée entre les mains de notre Sauveur, par un abandonnement de tout votre être à son bon plaisir et sainte providence. O Dieu! quel bonheur d'être ainsi entre les bras et les mamelles de celui duquel l'épouse sacrée disait : Vos tétins sont incomparablement meilleurs que le vin (Ct 1,1). Demeurez ainsi, chère fille ; et, comme un autre petit S. Jean, tandis que les autres mangent à la table du Sauveur diverses viandes, reposez et penchez par une toute simple confiance votre tête, votre âme, votre-esprit, sur la poitrine amoureuse de ce cher Seigneur ; car il est mieux de dormir sur ce sacré oreiller, que de veiller en toute autre posture.

Vous ne sauriez croire combien je sens mon coeur plein de grands désirs de servir ce Seigneur. Certes, ma fille, mes affections sont si grandes, ce me semble, que j'espère de le faire un jour, après que je me serai bien humilié devant sa bonté. Vive Dieu, ma chère fille, il m'est avis que tout ne m'est plus rien qu'en Dieu, auquel néanmoins et pour lequel j'aimé plus tendrement que jamais ce que j'aime, et surtout votre âme. Or il est vrai, ma fille, j'ai ce sentiment-là.

Nous avons fait un heureux voyage au Comté. O que j'y ai prié de bon coeur pour vous au saint suaire que l'on montra publiquement, à ma contemplation à la sainte hostie, et à notre cher Saint-Claude, où je fus logé à votre logis, et pris plaisir à voir le lieu où je reçus votre confession, et fus consolé à représenter ce coeur, qu'en qualité de père je présentai pour la première fois à l'autel de Saint-Claude.

Il faut que je vous dise que la sorte de vie que nous avons choisie me semble tous les jours plus désirable, et que notre Seigneur en sera fort servi. Je vois bien plusieurs difficultés : mais, croyant que Dieu le veut, cela ne me donne aucune crainte. Il faut avoir un peu de patience. Je vous recommande, ce me semble, de bon coeur à Dieu, ma chère fille, croyez que je le fais avec une affection du tout incomparable.

Vivez bien doucement cependant auprès de notre Seigneur, et de Notre-Dame, et de S. Joseph. Mon Dieu ! ma fille, quelquefois j'ai de si bonnes et douces affections en mon âme à l'endroit de ce Sauveur : mais, hélas! je n'en ai guère en mes mains (1). Je ne perds pourtant point courage, ma fille. Ne sommes-nous pas bien heureux de ne prétendre rien moins qu'à Dieu?

Adieu, ma chère fille, je m'en vais aux prières du soir, qui se font devant le saint-sacrement, pour les nécessités de la paix; vous n'y serez pas oubliée, car vous tenez un rang en mon coeur qui ne le peut permettre. Oui, je crois en mon âme que Dieu veut que je sois très-inséparablement et inviolablement tout vôtre.



(1) S. François fait ici allusion aux présents des bergers et des mages.



LETTRE CLXVII, A UN AMI.

563
(Tirée du monastère de la Visitation de Strasbourg.)

Il se plaint de ce qu'il ne veut pas se réconcilier avec son fils, ni lui accorder son pardon.

Annecy, le 8 janvier 1610.

Monsieur,

Mais serois-je donc ainsi éconduit es prières que je fais à ceux que je chéris et honore tant, et pour choses si honnêtes et si justes ? Monsieur d'Avully (cf.
73 me fait attendre plus longuement à mon avis, que ne mérite une bonne et favorable résolution du mariage que je lui ai proposé.

Et vous, monsieur, me refuserez-vous la grâce que je vous ai requise, de voir et recevoir monsieur votre fils, qui recourt à votre sein paternel, pour y vivre meshui avec toute humilité et obéissance qu'il vous doit rendre ? Donnez-moi, je vous conjure, monsieur, ce contentement, que ce soit par mon entremise que ce bonheur arrive à ce fils, afin qu'il sache que je tiens un rang en votre bienveillance aussi grand que celui que vous tenez en mon honneur et respect. Encore, faut-il, monsieur, que j'ajoute à ma supplication ce mot de mon métier. Tandis que les pères exercent leur sévérité à l'endroit de leurs enfants par nécessité, ils leur doivent préparer de la douceur en leur volonté, afin que la rigueur qui les a châtiés ne les accable pas, dégénérant en dureté et fierté. Cet enfant se jette à vos pieds, et je vous supplie de le recevoir paternellement, cependant que je m'essaierai de vaincre aussi de l'autre côté monsieur d'Avully. Que, si tout en retour de mon attente, je suis partout rejeté, je cesserai cet office d'intercéder vers l'un et l'autre, mais non jamais d'être, monsieur, votre, etc.



LETTRE CLXVIII, A MADAME DE CHANTAL.

565
Il faut suivre l'attrait du Saint-Esprit dans l'oraison. Quelle différence il y a entre se tenir et mettre en la présence de Dieu. On peut se tenir en la présence de Dieu, même en dormant.


Annecy, 16 janvier 1610.

(...)

5. Ma très-chère fille, votre façon d'oraison est bonne : soyez seulement bien fidèle à demeurer auprès de Dieu en cette douce et tranquille attention de coeur, et en ce doux endormissement entre les bras de sa providence, et en ce doux acquiescement à sa sainte volonté : car tout cela lui est agréable.

6. 7. 8. (...)

9. Gardez-vous des fortes applications de l'entendement, puisqu'elles vous nuisent, non-seulement au reste, mais à l'oraison même, et travaillez autour de votre cher objet avec les affections tout simplement, et le plus doucement que vous pourrez. Il ne se peut faire que l'entendement ne fasse quelquefois des élancements pour s'appliquer; et il ne faut pas s'amuser à s'en tenir dessus sa garde, car cela servirait de distraction ; mais il faut se contenter que, vous en apercevant, vous retourniez aux simples actions de la volonté.

Se tenir en la présence de Dieu, et se mettre en la présence de Dieu, se sont, à mon avis, deux choses : car pour s'y mettre, il faut révoquer son âme de tout autre objet, et la rendre attentive à cette présence actuellement, ainsi que je dis dans le livre : mais après qu'on s'y est mis, on s'y tient toujours, tandis que, ou par l'entendement, ou par la volonté, on fait des actes envers Dieu, soit en le regardant, ou regardant quelque autre chose pour l'amour de lui; ou ne regardant rien, mais lui parlant ; ou ne le regardant ni parlant à lui, mais simplement demeurant où il nous a mis, comme une statue dans sa niche. Et quand à cette simple demeure se joint quelque sentiment que nous sommes à Dieu, et qu'il est notre tout, nous en devons bien rendre grâce à sa bonté.

10. Si une statue que l'on aurait mise en une niche au milieu d'une salle avait du discours, et qu'on lui demandât : Pourquoi es-tu là? Parce que, dirait-elle, le statuaire mon maître m'a mise ici. Pourquoi ne te remues-tu point? Parce qu’il veut que j'y demeure immobile. De quoi sers-tu là? quel profit te revient-il d'être ainsi ? Ce n'est pas pour mon service que j'y suis, c'est pour servir, et obéir à la volonté de mon maître. Mais tu ne le vois pas. Non, dirait-elle, mais il me voit et prend plaisir que je sois où il m'a mise. Mais ne voudrais-tu pas bien avoir du mouvement, pour aller plus près de lui? Non pas, sinon qu'il me le commandât. Ne désires-tu donc rien? Non; car je suis où mon maître m'a mise, et son gré est l'unique contentement de mon être.

Mon Dieu ! ma fille, que c'est une bonne oraison, et c'est une bonne façon de se tenir en la présence de Dieu, que de se tenir en sa volonté et en son bon plaisir ! Il m'est avis que Magdeleine était une statue en sa niche, quand, sans dire mot, sans se remuer, et peut-être sans le regarder, elle écoutait ce que notre Seigneur disait, assise à ses pieds (cf.
Lc 10,39): quand il parlait, elle écoutait; quand il entrelaissoit de parler, elle cessait d'écouter, et cependant elle était toujours là.

Un petit enfant qui est sur le sein de sa mère dormante, est vraiment en sa bonne et désirable place, bien qu'elle ne lui dise mot, ni lui à elle.

Mon Dieu! ma fille, que je suis aise de parler un peu de ces choses avec vous ! Que nous sommes heureux, quand nous voulons aimer notre Seigneur ! Aimons-le bien donc, ne nous mettons point à considérer trop par le menu ce que nous faisons pour son amour, pourvu que nous sachions que nous ne voulons jamais rien faire que pour son amour. Pour moi, je pense que nous nous tenons en la présence de Dieu mêmement en dormant: car nous nous endormons à sa vue, à son gré et par sa volonté; et il nous met là sur le lit, comme des statues dans une niche ; et quand nous nous éveillons, nous trouvons qu'il est là auprès de nous, il n'en a point bougé ni nous aussi : nous nous sommes donc tenus en sa présence, mais les yeux fermés et clos.

Or, voilà qu'on me presse : bonsoir, ma chère soeur, ma fille, vous aurez de mes nouvelles le plus souvent que je pourrai.

Croyez que la première parole que je vous écrivis fut bien véritable, que Dieu m'avait donné à vous (cf. 220 ; les sentiments en sont tous les jours plus grands en mon âme. Ce grand Dieu soit à jamais notre tout. Je salue ma chère petite fille, ma soeur, et toute la maison. Tenez ferme, chère lille; ne doutez point ; Dieu vous tient de sa main, et ne vous abandonnera jamais. Gloire lui soit es siècles des siècles! Amen,

Vive Jésus et sa très-sainte mère ! Amen. Et loué soit le bon père saint Joseph ! Dieu vous bénisse de mille bénédictions.



LETTRE CLXIX, AUX MAGISTRATS DE LA VILLE DE SALINS.

567
(Tirée du monastère de la Visitation de la ville de Salins.)

L'archevêque de Besançon n'ayant pas jugé à propos de permettre que notre Saint vint prêcher le carême à Salins (V. lettre 163e), les magistrats de cette ville s'excusèrent auprès de notre Saint, qui leur fit la réponse suivante.


Annecy, le 3 février 1610.

Messieurs,

Ayant appris par messieurs les échevins de votre ville, qui ont pris la peine de venir ici, ce que vous leur avez confié pour me dire, il ne me reste que de vous prier de croire que je conserverai chèrement en mon âme l'affection avec laquelle je vous avais dédié les prédications que vous avez désirées de moi pour ce carême, lesquelles je veux contr'échanger en autant d'oraisons que je ferai pour le bonheur de votre ville. Dieu soit donc à jamais votre protecteur, et je suis en lui de tout mon coeur, messieurs, votre, etc.



LETTRE CLXX, A MADAME DE CHANTAL.

(Tirée du premier monastère de la Visitation de Ste-Mobie, à Aix.)

Il lui fait part de diverses nouvelles, et entre autres qu'il va commencer le livre de l'Amour de Dieu.


Annecy, 5 février 1610.

1. Cette lettre sera courte, très-chère fille, car je n'ai nul loisir. Elle vous dira donc seulement qu'avant hier j'ai su que je n'irois pas à Salins ce carême, parce que monsieur l'archevêque de Besançon a résolu à ceux de cette ville-là, qu'il ne voulait pas que j'y allasse ; et il est leur prélat. Et pourquoi de cela, je ne le sais pas bien; mais, à le dire entre nous, il ne sera pas grandement pris en bonne part de tous. Quant à moi, j'en suis bien aise, quoique je fusse résolu d'y aller de bon coeur.

Mon frère vous enverra son laquais dans peu de jours, en attendant d'y aller lui-même, après qu'il aura démêlé quelques affaires de deçà.

Mademoiselle Favre s'est enfin résolue, avec le bon congé de son père, d'être toute à notre Seigneur, et de demeurer ma fille plus que jamais; et je crois que nous en ferons quelque chose de bon.

2. J'écoute de toute part ce que Dieu demande de moi. Priez-le, ma chère fille, qu'il en dise ce bon mot, que je suis sien ; oui certes, je le suis de tout mon coeur, quoique misérable et chétif : je ne manque point à la promesse faite de l'oraison; car il faut que de temps en temps je vous en rende compte.

La pauvre chère soeur est toute grosse, et vraiment fort bonne, ainsi qne j'ai vu par la revue annuelle qu'elle a faite ces jours passés avec grande dévotion. Je vais mettre la main au livre de l'amour de Dieu, et m'essayerai d'en écrire autant sur mon coeur comme je ferai sur le papier. Bonjour, mon unique, ma très-chère, mon incomparable chère fille, soyez toute à Dieu. J'espère tous les jours plus en lui que nous ferions prou en notre dessein de vie. Mon Dieu ! j'écris à perte d'haleine.



LETTRE CLXXI, A M. DE BLONAY (fragment).

569
(Tirée de la vie de la mère de Blonay, par Ch.-Aug. de Sales.)

Il lui donne avis que la congrégation de la Visitation est sur le point de s'établir, et qu'il songe à lui amener sa fille.

Annecy, le 8 février 1610.


Monsieur mon cher frère,

Je vous donne avis que, par la divine miséricorde, le temps de la Visitation s'approche (cf.
Lc 19,44 1P 5,13); je veux dire qu'enfin nos conclusions sont prises, et que nous attendons à ce printemps madame de Chantal pour commencer notre petite congrégation, à laquelle vous savez que le Saint-Esprit a destiné votre fille, que je tiens pour mienne. Il m'est tombé ce matin dans l'esprit, pensant à elle, que c'est singulièrement à son âme que s'adressent les paroles de l'époux sacré : debout, hâtez-vous, mon amie (Ct 2,10 Ct 2,13) ; car enfin amie ; c'est son nom, et l'époux l'appelle par son nom propre. Dites donc à cette chère fille amie qu'elle vienne de bon coeur nous trouver.

Mais, mon cher frère, soyez généreux: dites-lui vous-même qu'il faut qu'elle oublie son peuple et la maison de son père (Ps 45,11) ; car elle s'en souviendra toujours devant Dieu, qui est notre père commun. Tenez donc notre chère fille prête pour nous l'amener aussitôt après Pâques ; car nous espérons commencer environ ce temps-là.



LETTRE CLXXII, A M. DESHAYES, GOUVERNEUR DE MONTARGIS.

575
(Tirée du premier monastère de la Visitation de la ville de Rouen.)

Il lui mande qu'il devait prêcher le carême à Salins, et la raison qui l'en a empêché, et lui donne avis de l'heureuse mort de madame sa mère.


Annecy, vers le 10 mars 1610.

Monsieur, je ne saurais laisser partir le bon M. Bénard (Bouvard) sans lui donner quelque marque de la continuelle souvenance que j'ai de votre douce bienveillance, en laquelle, certes, mon esprit s'es-jouit grandement et plus que je ne saurais dire.

Je pensais être ce carême à Salins au comté de Bourgogne, puisque ceux de cette ville-là, m'en ayant fort conjuré, m'avaient obtenu de son altesse ; mais à même que je voulais partir, ils m'envoyèrent deux des leurs, qui m'annoncèrent que M. leur archevêque leur avait absolument refusé permission de me donner leur chaire.

Je ne sais pas le pourquoi selon les hommes ; mais je crois que Dieu en a ainsi disposé pour une douloureuse satisfaction que j'ai eue ces jours passés de donner l'extrême bénédiction, et de fermer les yeux à ma bonne mère mourante. Car puisqu'ainsi il plaisait à Dieu de la retirer, ce m'est du contentement de l'avoir servie et assistée en ses derniers travaux, et même d'autant que c'était une des plus douces et innocentes âmes qu'il était possible de trouver, et à laquelle la providence de Dieu a été fort propice en ce trépas, l'ayant fort heureusement disposée à cela.

Voyez-vous, monsieur, je m'allège à vous dire ceci ; car c'est grand cas comme c'est une heureuse et souefve rencontre à un coeur aucunement blessé de pouvoir se communiquer, quoique par lettres seulement, à un coeur si doux, si gracieux, si cher, si précieux et tant ami, comme le vôtre m'est par votre bonté, en laquelle je vous conjure toujours de me continuer fermement, avec assurance que je suis sans fin ni réserve, monsieur, votre, etc.

Nous attendons toujours que Monsieur vienne, et n'en avons néanmoins point de particulières nouvelles. Il est vrai que je ne les saurais apprendre de mon bréviaire, duquel seul je me mêle, et de prier notre Seigneur. J'excepte M. de Charmoisy, que je vois fort souvent.



LETTRE CLXXIII. M. FRÉMIOT A S. FRANÇOIS DE SALES.

(Tirée de la vie du Saint, par Ch.-Aug. de Sales.)

Il lui marque sa douleur sur le départ de sa chère fille, mais une douleur tranquille et pleine de résignation.


29 mars 1610.

Monseigneur,

Ce papier devrait être marqué de plus de larmes que de lettres, puisque ma fille, en laquelle j'avais mis la meilleure partie de ma consolation pour ce monde, et du repos de ma misérable vieillesse, s'en va, et-me laisse père sans enfants. Toutefois, à votre exemple, monseigneur, qui, à la mort de madame votre mère, avez pris une ferme et constante résolution, je me résolve et me conforme à ce qui plait à Dieu. Puisqu'il veut avoir ma fille pour son service en ce monde, pour la conduire parce chemin dans la gloire éternelle, je veux bien montrer que j'aime mieux son contentement, avec le repos de sa conscience, que mes propres affections.

Elle va donc se consacrer à Dieu ; mais c'est à la charge qu'elle n'oubliera pas son père, qui l'a si chèrement et tendrement aimée. Elle emmène deux gages, l'un desquels j'estime heureux, puisqu'il entre en votre bénite famille ; pour l'autre, je voudrais bien qu'elle voulût nous le conserver. A l'égard de son fils, j'en aurai le soin qu'un bon père doit à ses enfants; et, tant que Dieu aura agréable de me laisser en cette vallée de pleurs et de misère, je le ferai élever en tout honneur et vertu.

Je vous supplie très-humblement, monseigneur, de me continuer toujours vos bonnes volontés, et de croire que je ne désire rien plus, après les grâces et bénédictions de ce bon Dieu, que j'implore et dont j'ai bien besoin, que d'être conservé en votre souvenance, et de demeurer toute ma vie, monseigneur, votre, etc.



LETTRE CLXXIV, A UNE DAME.

581
(Tiree du monast. de la Visitât, de la ville de Rouen.)

Le Saint l'exhorte à la patience.

29 mars 1610.

Madame, je suis extrêmement déplaisant du retardement que je vois pour l'arrivée du dépêche que ce porteur et vous attendez ; et s'il était en mon pouvoir, vous auriez une prompte satisfaction pour ce regard. Or, espérant que la chose ne peut pas aller beaucoup plus au long, je vous exhorte de vous consoler, et conserver la sainte patience, en vivant toujours en la crainte de notre Seigneur, que je prie vous donner les grâces de son Saint-Esprit, et suis votre humble serviteur en notre Seigneur.



LETTRE CLXXV, A MADAME DE CHANTAL.

589
Il l'exhorte à être entièrement unie à Dieu, et à demeurer en lui.

Annecy, 24 avril 1610 (1).

Il faut bien prendre courage, ma chère fille, et se tenir en santé, puisque vous voici à la veille de votre embarquement pour aller au havre de grâce et de consolation. J'ai bien pensé je ne sais quoi de bon ce matin sur l'évangile courant, en ces paroles : Qui demeure en moi, et moi en lui, il porte beaucoup de fruit ; car sans moi vous ne pouvez rien faire (
Jn 15,5-11). Il m'est bien avis que nous ne demeurerons plus en nous-mêmes, et que, de coeur, d'intention et de confiance, nous nous logerons pour jamais dans le côté percé du Sauveur ; car sans lui, non-seulement nous ne pouvons, mais quand nous pourrions, nous ne voudrions rien faire. Tout en lui, tout par lui, tout avec lui, tout pour lui, tout lui.

(1) Ce fut en cette année que se fit l'établissement de l'ordre de la Visitation.



LETTRE CLXXVI, A MADAME LA BARONNE DE CUSY (1)

Il l'invite à bien examiner son coeur sur la fermeté de son dessein ; il la prie, en cas de changement, d'avertir lui et'ses chères filles spirituelles, qu'elle ne se sent pas assez de force pour entreprendre une si grande chose.


Annecy, le 2 mai 1610.

Madame, à ce passage de M. le baron, j'ai su avec combien d'artifice le monde s'était essayé d'ébranler votre résolution touchant votre retraite, et ai loué notre Seigneur de ce que vous aviez conservé votre fermeté jusques à présent.

Néanmoins, maintenant que nous sommes, ce me semble, à la veille d'une si sainte entreprise, il faut que je vous parle ouvertement, et que je vous conjure de bien éprouver votre coeur, pour reconnaître si vous avez assez d'affection, de force et de courage pour embrasser ainsi absolument Jésus-Christ crucifié, et donner ainsi les derniers adieux à ce misérable monde. Car, voyez-vous, madame, il est requis que vous ayez une âme vaillante et généreuse pour entrer en ce dessein, afin que vous résistiez aux suggestions que la folle sagesse du monde vous fera.

Il est vrai que si vous entreprenez cette oeuvre simplement pour Dieu et pour votre salut, vous y aurez tant de consolations que personne ne vous en saurait détourner; et la bonne compagnie en laquelle vous serez ne contribuera pas peu à vous bien établir.

Mais il ne faut pas pour cela que vous laissiez de bien établir votre courage avant que de venir : que si vous le trouvez bon et ferme, venez donc hardiment au nom de Dieu, lequel, s'étant rendu l'auteur et protecteur de ce projet (2), le favorisera de plus en plus de ses bénédictions, et vous y donnera mille consolations que le monde ne peut savoir.

Si au contraire (ce que Dieu ne veuille!) vous ne vous sentiez assez forte pour entrer en ce chemin, il serait bien bon de nous en avertir, afin que les autres commençassent selon leurs invariables désirs, et vous, madame, pensassiez à prendre quelque route de vie plus à votre gré.

Pour moi, j'ai tellement cette sainte affaire en recommandation, que je me sentirai bien heureux de pouvoir m'employer à son avancement, et y servirai constamment, joyeusement, et, Dieu aidant, utilement ; mais avec tant d'affection, que rien ne m'en saurait détourner, sinon la volonté divine, laquelle, peut-être pour mes péchés, ne me trouvera pas digne de faire ce service à sa gloire. J'espère en elle que votre esprit accroîtra de bien en mieux ; et, la suppliant qu'elle vous console et prépare, je demeurerai, madame, votre, etc.


(1) Cette dame, après la mort de son mari, prit le dessein d'entrer dans la congrégation de la Visitation; mais elle eut à essuyer bien des contrariétés à cet égard, et on cherchait à ébranler sa résolution.
(2) L'établissement de la congrégation de la Visitation de Sainte-Marie.



LETTRE CLXXVII, A MADAME DE CHANTAL.

593
Il se félicite avec elle du choix que Dieu avait fait d'eux pour l'établissement de la congrégation de la Visitation. Reconnaissance qu'il en a.

Annecy, 5 mai 1610.

Ma chère fille, il faut dire que notre congrégation me soit à coeur, puisque j'y songe contre ma coutume, et la trouve comme une idée à mon réveil. Dieu y veuille mettre sa bonne et puissante main.

O ma fille, que je fus consolé hier, sur le sujet de la mort et sépulture du Sauveur! car les paroles d'Isaïe qu'on lisait à la messe pour la fête du saint-suaire étaient extatiques (
Is 52,11 Is 53,1-7). O Dieu ! si ce Sauveur a tant fait pour nous, que ne ferons-nous pas pour lui ? s'il a exhalé sa vie pour nous, pourquoi ne réduirons-nous pas toute la nôtre à son service et plus pur amour? Enfin, je m'imagine que notre Seigneur plantera cette plante, l'arrosera de ses bénédictions, et la fera fructifier en sanctification.

Certes, l'autre jour, en recommandant ce projet à la divine majesté, je me confondais extrêmement de quoi elle se servait pour cela de mon coeur et du vôtre, je veux dire de notre coeur : car, bien que la raison ne le veuille pas, si est-ce que je ne sais séparer ce coeur, ni en me réjouissant, ni en me confondant. Nous serons trop-heureux de rendre ce service à sa bonté céleste.

Dieu soit votre Dieu, ma chère fille, Dieu soit votre Dieu ; et votre coeur, que vous lui avez dressé, soit sa maison et son autel, sur lequel nuit et jour il fasse ardre et luire le feu de son saint amour ! O Dieu ! qui nous fera la grâce de nous combler de charité? Recommandez-moi à votre abbesse (1). »'

(1) La sainte Vierge.



LETTRE CLXXVIII, A UN PÈRE DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS.

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Il lui raconte de quelle manière a commencé l'ordre de la Visitation : contretemps qu'il eut à essuyer à la veille de son établissement ; il lui parle de son esprit et de quelques-unes de ses règles principales. cf.
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Annecy, 24 mai 1610.

Mon révérend père,

1. L'inviolable affection que j'ai vouée à votre compagnie, et l'honneur particulier que je dois à votre personne, me fera satisfaire à votre pieux désir, non-seulement sans peine, mais avec suavité.

Sachez donc que quelques âmes dévotes me proposèrent, il y a un an, l'établissement d'une religion de filles, avec offre d'une bonne somme d'argent pour faire le bâtiment ; et moi, sachant combien de filles désiraient la retraite du monde, qui ne la pouvaient trouver es religions déjà établies, j'acceptai l'offre, et promis toute mon assistance pour ce projet.

Monsieur le baron de N., qui m'avait apporté l'ambassade, acheta une petite maison au faubourg, en lieu extrêmement propre à bien bâtir et commencer à dresser ce petit édifice ; en sorte qu'en peu de temps il le rendit commode pour loger une douzaine de personnes, avec l'ornement d'un petit oratoire, afin que celle qui serait si heureuse de vouloir servir d'exemple aux autres, se puisse retirer et commencer à faire essai du dessein

Tôt après, voici que l'on me fit entendre qu'il n'y avait que la moitié des moyens qu'on avait proposés, et depuis quelque temps en ça on mit en doute beaucoup de commodités temporelles qui devaient arriver avec une personne, laquelle avait premièrement avec ardeur entrepris de venir, et puis s'était tout à coup refroidie.

2. Parmi tout cela, il me fallut surseoir le dessein d'ériger un monastère formé : et néanmoins, pour donner lieu à une très-honnête et chrétienne retraite à quelque âme bien résolue, et saintement impatiente de se retirer du tracas du monde, je leur ouvre la porte d'une petite assemblée ou congrégation de femmes et de filles vivant ensemble par manière d'essai, sous de petites constitutions pieuses.

Nous commencerons avec la pauvreté, parce que notre congrégation ne prétendra s'enrichir que de bonnes oeuvres.

Leur clôture sera telle pour le commencement: aucun homme n'entrera chez elles que pour les occurrences èsquelles ils peuvent entrer es monastères réformés. Les femmes aussi n'y entreront point sans la licence du supérieur, j'entends de l'évèque, ou de son commis.

Quant aux soeurs, elles ne sortiront que pour le service des malades, après l'année de leur noviciat, pendant lequel elles ne porteront point d'habit différent de celui des femmes du monde ; mais il sera noir, et elles le rendront à l'extrémité de la modestie et humilité chrétienne.

3. Elles chanteront le petit office de Notre-Dame, pour avoir en cela une sainte et divine récréation : au surplus, elles vaqueront à toutes sortes de bons exercices, notamment à celui de la sainte et cordiale oraison. J'espère que notre Seigneur sera glorifié en ce petit dessein, et comme vous a dit le père recteur.

La pierre fondamentale que Dieu nous donne pour ieelui est une âme d'excellente vertu et de piété, ce qui me fait tant plus croire que la chose réussira heureusement. Mon très-cher père, vous êtes capable de moyens, faculté et humeur de ce pays ; et jugerez bien, comme je pense, que, ne pouvant mieux faire, il est bon de faire cela.

Je sais que je m'attirerai des contrôlements sur moi, mais je ne m'en soucie pas ; car qui fit jamais bien sans cela ? Cependant plusieurs âmes se retireront auprès de notre Seigneur, et trouveront un peu de réfrigère, et glorifieront le saint nom du Sauveur, qui sans cela demeuraient engagées avec les autres grenouilles dans les marais et paluds.

4. Voilà le sommaire et premier crayon de l'ouvrage, que Dieu conduira à la perfection que lui seul sait, et pour laquelle mon courage est incomparablement animé, croyant que Dieu l'aura agréable. Je laisse à votre prudence de communiquer toutes ces particularités à qui vous jugerez à propos. Le commencement se fera dans peu de jours, Dieu aidant; et puisque vous le désirez, je vous tiendrai averti, en confiance, du progrès : car votre candeur et sainte bonne foi m'obligent à traiter avec vous sans réserve, et d'être votre, etc.

Je suis fils et serviteur bien humble du père recteur, qui sait que notre congrégation est le fruit du voyage de Dijon, pour lequel je ne pus jamais regarder les choses en leur face naturelle; et mon âme était secrètement forcée à pénétrer un autre succès, qui tombait si directement sur le service des âmes, que j'aimais mieux m'exposer à l'opinion et à la merci des bons que de fuir tout-à-fait la cruauté de la calomnie des mauvais, où j'espère que les jours suivants jugeront les précédents de ma vie, et le dernier les jugera tous.




F. de Sales, Lettres 539