F. de Sales, Lettres 1860

1860
Il lui raconte que madame Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal, voulant se retirer de son ordre pour passer dans celui de la Visitation, le sollicitait avec empressement. Mais, bien loin d'y consentir, il la renvoie au pape.


Annecy, 11 novembre 1621.

Mon révérend père, avec mille actions de grâces de la peine qu'avez prise à m'écrire, je vous dirai pour réponse qu'étant à Paris je ne voulus jamais acquiescer au désir que madame de Port-Royal m'a témoigné de se retirer de l'ordre auquel elle avait si utilement vécu jusqu'à l'heure, et véritablement je n'apportai en ce pays non pas même une cogitation décela, mais coup sur coup je reçus par lettres force bonnes remontrances, par lesquelles elle m'excitait à trouver bonnes ses pensées, et à approuver ses souhaits.

Je gauchis tant que je pus, et je ne me témoignai pas seulement froid, mais tout-à-fait contraire à ses dispositions, jusqu'à ce qu'après dix-huit mois, une personne de grande considération m'écrivit (5), en sorte que je jugeai convenable de ne point faire le juge souverain en cette occasion, ains de laisser la décision finale à l'événement. Je m'abstins donc de la conseiller, et lui écrivis que puisque son coeur ne trouvait pas de repos en tout ce que je lui avais dis, elle pourrait faire faire la sollicitation de ce qu'elle désirait; que si sa sainteté en faisait la concession, il y aurait une très-probable apparence que son désir est la volonté de Dieu, attendu que la chose étant de soi-même difficile, elle ne pourrait réussir sans un spécial concours de la faveur divine ; que si au contraire sa sainteté l'éconduisait, il n'y aurait plus aucune occasion de faire autre chose que de s'humilier et abaisser son coeur.

Voilà, mon révérend, jusqu'où j'ai passé. Je voyais bien que cette prétention était extraordinaire, mais je voyais aussi un coeur extraordinaire. Je voyais bien l'inclination de ce coeur-là à commander ; mais je voyais que c'était pour vaincre cette inclination qu'elle voulait se lier à l'obéissance. Je voyais bien que c'était une fille, mais je voyais qu'elle avait été plus-que fille à commander et gouverner, et qu'elle le pouvait bien être à bien obéir.

Pour l'intérêt delà Visitation, certes, mon révérend père, je proteste devant Dieu et devant votre révérence que je n'y pensai nullement ; ou si j'y pensai, ce fut si peu que je n'en ai nulle mémoire. Je confesse bien que j'ai une particulière dilection pour l'institut de la Visitation ; mais madame de Chantal, votre chère fille et la mienne, vous dira que pour cela je ne voudrais pas avoir fourvoyé la plus excellente créature du monde, et la plus accréditée, de sa juste vocation, encore qu'elle dût devenir sainte canonisée en la Visitation. Je me réjouis quand Dieu y tire de bons sujets ; mais je n'emploierai jamais ni parole ni artifice, pour saint qu'il fût, pour en attirer aucune, sinon quelques faibles prières devant Dieu. L'inconstance des filles est à craindre ; mais on ne peut pas deviner, et la constance en celle-ci est également, ains avantageusement, à bien espérer. Mon Dieu ! mon père, que notre ancienne amitié me fait extraordinairement apprivoiser et épancher mon âme avec la vôtre ! C'est trop, je me laisse aller à l'avis d'autrui, je m'en remettrai aussi volontiers à l'avis de ceux qui prendront la peine d'examiner cette affaire,, mais surtout au vôtre, lequel donc j'attendrai très-affectionné-ment, et recevrai très-chèrement ; étant à jamais, mon révérend père, votre très-humble, etc.


(5) Il y a apparence que c'est madame de Chantal.



LETTRE DI, A SOEUR DE BLONAY, ASSISTANTE PROVISOIRE DE LA VISITATION DE LYON.

1866
Garnier, lettre 181.

Sur l'unité et la simplicité de la foi : plusieurs sortes de vérités. La foi nue et simple consiste à croire les vérités, en faisant abstraction de ce qu'elles ont de consolant ou d'effrayant, et à ce qu'elles sont relatives à l'imagination ou à l'entendement ; ce que c'est que de vivre dans la vérité ou dans l'illusion. La prudence humaine est une source d'illusions ; elle est contraire à la simplicité de la foi.


Annecy, 28 novembre 1621.

1. Selon votre lettre, ma très-chère fille, du 14 novembre, nous avions déjà pensé de choisir ici une supérieure pour Valence ; mais Dieu soit loué, de quoi pour maintenant vous n'en aurez pas besoin, puisque par sa miséricorde celle qui y est est hors de danger, ainsi que vous nous écrivez du 19 de ce même mois, et je suis grandement consolé de ce que vous me dites qu'elle et ses compagnes sont si bien disposées à souffrir pour Notre Seigneur, qui ne leur aura pas donné ce courage qu'avec plusieurs autres vertus ; je vous prie par la première commodité de les bien saluer toutes, spécialement la supérieure, la fondatrice
1863 et mademoiselle de La Gamelle.

2. J'ai certes grande compassion du cœur de la mère de votre malade 1863 ; car combien qu'en vérité cet accident de la fille soit honorable devant Dieu et ses anges, et par conséquent doive être souffert avec amour et douceur, si est-ce néanmoins que je sais combien les cœurs des mères sont tendres et sujets à s'inquiéter en de pareilles occasions, esquelles, selon les yeux vulgaires des hommes, il y a quelque sorte d'abjection, et c'est l'abjection des maux qui mortifie principalement l'esprit du sexe. Que si j'ai du loisir, j'écrirai quatre mots à cette bonne mère.

3. Ces vérités de la foi, ma très-chère fille, sont quelquefois agréables à l'esprit humain, non pas seulement parce que Dieu les a révélées par sa parole, et proposées par son Église, mais parce qu'elles reviennent à notre goût, et que nous les pénétrons bien, nous les entendons facilement, et sont conformes à nos inclinations. Comme, par exemple, qu'il y a un paradis après cette vie mortelle, c'est une vérité de la foi que plusieurs trouvent bien à leur gré, parce qu'elle est douce et désirable. Que Dieu soit miséricordieux, la plupart du monde le trouve fort bon, et le croit aisément, parce que la philosophie même nous l'enseigne ; cela est conforme à notre goût et à notre désir.

Or, toutes les vérités de la foi ne sont pas de la sorte : comme, par exemple, qu'il y ait un enfer éternel pour la punition des méchants, c'est une vérité de la foi, mais vérité amère, effroyable, épouvantable, et laquelle nous ne croyons pas volontiers, sinon par la force de la parole de Dieu.

4. Et maintenant je dis premièrement que la foi. nue et simple est celle par laquelle nous croyons les vérités de la foi, sans considération d'aucune douceur, suavité et consolation que nous ayons en icelles, par le seul acquiescement que notre esprit fait à l'autorité de la parole de Dieu, et de la proposition de l'Église : et ainsi nous ne croyons pas moins les vérités effroyables que les vérités douces et aimables : et alors notre foi est nue, parce qu'elle n'est point revêtue d'aucune suavité ni d'aucun goût ; elle est simple, parce qu'elle n'est point mêlée d'aucune satisfaction de notre propre sentiment.

Secondement, il y a des vérités de la foi, lesquelles nous pouvons apprendre par l'imagination ; comme que notre Seigneur soit né en la crèche de Bethléem, qu'il ait été porté en Egypte, qu'il ait été crucifié, qu'il soit monté au ciel. Il y en a des autres, lesquelles nous ne pouvons nullement apprendre par imagination ; comme la vérité de la très-sainte Trinité, l'éternité, la présence du corps de notre Seigneur au très-saint sacrement de l'eucharistie : car toutes ces Vérités sont véritables d'une façon qui est inconcevable à notre imagination, d'autant que nous ne savons imaginer comme cela peut être ; mais néanmoins notre entendement le croit fermement et simplement, sur la seule assurance qu'il prend en la parole de Dieu : et cette foi-là est véritablement nue, car elle est destituée de toute imagination ; et elle est parfaitement simple, parce qu'elle n'est point mêlée d'aucune sorte d'actions que de celle de notre entendement, lequel purement et simplement embrasse ces vérités sur le seul gage, de la parole de Dieu ; et cette foi ainsi nue et simple est celle que les saints ont pratiquée et pratiquent parmi les stérilités, aridités, dégoûts et ténèbres.

5. Vivre en vérité, et non point en mensonge, c'est faire une vie totalement conforme à la foi nue et simple, selon les opérations de la grâce, et non selon les opérations de la nature ; parce que notre imagination, nos sens, notre sentiment, notre goût, nos consolations, nos discours, peuvent être trompés et errants : et vivre selon ces choses-là, c'est vivre en mensonge, ou du moins en un perpétuel hasard de mensonge ; mais vivre selon la foi nue et simple, c'est vivre en vérité.

Ainsi qu'il est dit du malin esprit, qu'il ne s'arrête pas en la vérité (Jn 8,44), parce, qu'ayant eu la foi au commencement de sa création, il s'en écarta, voulant discourir sans la foi sur sa propre excellence, et voulant faire sa fin soi-même, non selon la foi nue et simple, mais selon les conditions naturelles, qui le portèrent à l'amour démesuré et déréglé de soi-même : et c'est le mensonge auquel vivent tous ceux qui n'adhèrent pas avec simplicité et nudité de foi à la parole de notre Seigneur, mais qui veulent vivre selon la prudence humaine qui n'est autre chose qu'une fourmilière de mensonges et de vains discours.
Voilà ce qu'il m'a semblé vous devoir être dit sur vos deui demandes. Je désire fort de savoir comme vous aurez fait sur la réception de la fille, pour laquelle M. de Saint-Nizier faisait difficulté 1863 . Je vois bien qu'il n'y aura pas loisir d'écrire à notre sœur Colin, c'est pourquoi je vous prie de la saluer cordialement de ma part, et de me recommander à la miséricorde de Notre Seigneur, puisque je suis de tout mon cœur parfaitement et tout à fait invariablement tout vôtre, qui salue toutes nos sœurs et M. Brun.



LETTRE DII, A MERE DU CHASTEL, SUPERIEURE DES VISITANDINES DE GRENOBLE.

1871
Le Saint se plaint de la tendresse désordonnée des mères. Il faut avoir une parfaite confiance en Dieu pour le temporel. Sentiment du Saint sur les grands et les petits esprits, sur ceux qui sont propres à la religion, sur les Vertus et les vices naturels.


Annecy, 13 décembre 1621.

Je compatis infiniment à cette bonne dame. Elle n'est que de trop bon naturel, ou du moins son bon naturel n'est pas assez dompté par le surnaturel en elle. Hélas! ces pauvres mères temporelles ne regardent pas assez leurs enfants comme ouvrages de Dieu ; et les regardant trop comme enfants de leur ventre, elles ne les considèrent pas assez comme enfants de la Providence éternelle, et des âmes destinées à l'éternité; et les considèrent trop comme enfants de la production temporelle, et propres au service de la république temporelle. Or bien, si je puis, je lui écrirai maintenant, si j'en ai tant soit peu le loisir.

Puisque vous voilà montée en votre nouvelle: maison, j'ai confiance en Dieu que vous dites : Ah ! mon âme, vole au mont comme un passereau (
Ps 10,1-2). Mais vous regardez trop, vos pensées.. Que vous importe-t-il si votre coeur reçoit des atteintes des appréhensions anciennes du temporel ? Moquez-vous de ces appréhensions, et demeurez ferme sur la parole de notre maître.. Cherchez premièrement le règne de Dieu et sa justice, et toutes les choses nécessaires à cette chétive vie vous seront ajoutées (Mt 6,33). C’est là le port de notre assurance ; et ne permettez point de répliques ni de mais sur cela.

Qu'appelez-vous grand esprit, ma très-chère fille, et petit esprit? Il n'y a de grand esprit que celui de Dieu, qui est si bon qu'il habite volontiers en nos petits esprits; il aime les esprits des petits enfants, et en dispose à son gré mieux que de vieux esprits.

Si la fille du procureur dont vous m'écrivez est douce, maniable, innocente et pure, ainsi que vous le dites, mon Dieu ! gardez-vous bien de la renvoyer : car, sur qui habite l'esprit du Seigneur, sinon sur les pauvres et innocents qui aiment et craignent sa parole (Is 66,2)? Ici nous avons des filles du voile noir associées qui font très bien : mais qu'importe-t-il que celle-ci soit associée jusqu'à ce qu'elle soit capable du choeur ? C'est pour de telles filles que ce rang de soeurs a été mis es constitutions.

O quand les filles ont le coeur bon et le désir bon, encore qu'elles n'aient pas ces grandes ardeurs de résolutions, il n'importe : les ardeurs viennent quelquefois de la condition naturclle.des esprits, comme quelquefois aussi les indifférences; et Dieu sait bien enter sa grâce sur l'un et sur l'autre dans les vergers de religions.

Mais pour toutes telles occurrences, vous avez Moïse et les prophètes (Lc 16,29). Vous avez votre très-bon père spirituel. Ayez-le, écoutez-le, et le saluez chèrement de ma part.-Vivez, ma très-chère fille, de cette vie divine toute remise es mains de notre Seigneur. Je suis de plus en plus très-entièrement tout vôtre.



LETTRE DIII, A UNE DAME DE GRENOBLE.

1873
Le Saint la console sur sa stérilité, en lui disant qu'en cet état on n'est pas moins agréable à Dieu que dans celui de la fécondité.


13 décembre 1621.

L'une et l'autre pensée est bonne, ma très-chère fille : puisque vous avez tout donné à Dieu, vous ne devez rien chercher en vous que lui, qui est sans doute lui-même le contre-échange du mauvais petit tout que vous lui avez donné. O comme cela agrandira votre courage, et vous fera marcher confidemment et simplement (cf.
Pr 10,9)! et c'est bien fait de penser toutefois que votre stérilité vient de votre défaut, sans néanmoins vous amuser à rechercher quel est ce défaut ; car cela vous fera marcher en humilité. Pensez-vous, ma très-chère fille, que Sara, Rebecca, Rachel, Anne, mère de Samuel ; sainte Anne, mère de Notre-Dame, et sainte Elisabeth, furent moins agréables à Dieu quand elles étaient stériles que quand elles furent fertilisées? Il faut aller fidèlement au chemin de notre Seigneur, et demeurer en paix: autant en l'hiver de la stérilité qu'en l'automne de la fertilité.

Nos soeurs sont consolées sur l'espérance de la paix : elles le doivent être encore plus en la parole de l'époux céleste, qui conserve les siens comme la prunelle de ses yeux (Dt 32,10). S. Jérôme dit à une fille de ses dévotes: Celui n'a besoin de planche, qui marche dessus la terre ; celui n'a besoin de toit, qui est couvert du ciel. Dieu, qui fait des maisons aux escargots et aux tortues, qui ne pensent point en lui et ne chantent point ses louanges, laissera-t-il ses servantes assemblées pour ses louanges sans monastères? Ma fille, je suis de plus en plus tout-à-fait votre très-humble, etc.



LETTRE DIV, A MADAME DE VAUDAN.

1892
(Tirée du monastère de la Visitation de la ville de la Valdote.)

Le Saint la loue sur ce qu'elle prenait du temps pour arranger ses affaires avant de se faire religieuse, etc.

Au commencement de 1622.

Madame, je loue Dieu de votre persévérance, et vous avez raison de prendre suffisamment du loisir pour pourvoir dignement aux affaires que vous laissez au monde. Cependant l'oeil de la Providence éternelle, qui regarde votre coeur, ne laissera pas.de vous tenir au nombre de ses épouses, puisque si vous n'êtes pas encore religieuse par l'effet, vous l'êtes en affection, et ne différez de l'être que pour l'être mieux.

Continuez, je vous prie, madame, à prier pour mon âme, puisqu'elle chérit très-affectueusement la vôtre, et que je suis votre très-humble, etc.



LETTRE DV, A LA MERE FAVRE, SUPÉRIEURE DU MONASTÈRE DE LA VISITATION, A MONTFERRAND.

1894
Les religieuses qui commencent une fondation ne peuvent sortir du monastère où elles ont fait profession, sans la permission des supérieures. Elles sont toujours membres de la maison d'où elles sortent ; on peut les y rappeler quand on veut, comme elles peuvent demander à y retourner. Il en est de même des filles que l'on fait passer d'une maison dans une autre pour être supérieures. Désintéressement du saint instituteur de la Visitation de Sainte-Marie dans les fondations des couvents de cet ordre. Il désire qu'on retarde l'établissement du monastère de Riom, et que les sujets qui se présentent pour le composer fassent leur noviciat à Montferrand, pendant qu'on bâtira leur maison, parce qu'il veut que les filles soient bien formées dans la vertu avant de les envoyer former de nouvelles colonies religieuses. Il souhaite que la mère Favre, à qui il écrit, puisse venir bientôt pour la consolation de monsieur son père, demeurer à Chambéri dans un monastère de son ordre qu'on songeait à y établir ; mais ils ne purent ni l'un ni l'autre avoir cette joie, étant morts avant que celte mère pût y aller.


Annecy, janvier 1622.

Ma très-chère fille,

1. il faut que je vous dise naïvement, comme à vous, que je n'ai nulle autorité es maisons qui ne sont pas en mon diocèse, ni sur les personnes, ni sur les dépendances, hormis sur les soeurs qui sont sorties d'ici, qui, selon leurs voeux et la réciproque obligation qu'elles ont à ce monastère, duquel elles sont toujours, et le monastère envers elles, pour les recevoir à toutes bonnes occurrences, demeurent toujours membres inséparables de cette maison, de laquelle elles ne sont nullement privées, puisqu'elles n'en sont point dehors, sinon par obéissance et selon l'institut.

2. C'est pourquoi, ma très-chère fille, en toutes occasions de fondation, il faut que les supérieures des lieux où l'on a recours pour avoir des soeurs prennent avis et conseil avec les pères spirituels, et autres sages amis et amies, et qu'avec le consentement du chapitre, et l'obéissance de l'évêque, ou, en son absence, du père spirituel (1), elles disposent des personnes convenables à la fondation ; et quand c'est hors du diocèse qu'il faut aller fonder, et que l'obéissance est donnée par le père spirituel, il faut que le vicaire-général de l'évêché atteste que le père spirituel est député pour la direction du monastère.

Et faut observer encore cela, quand, selon que le concile de Trente l'ordonne, un monastère élit et désire une supérieure d'un autre monastère hors du diocèse où se fait l'élection:

3. de sorte, ma très-chère fille, que pour les deux fondations que vous me marquez, vous n'aviez nul besoin de m'avertir, sinon en ce qui regarde la disposition de votre chère personne, pour laquelle je ne vois-nul lieu de me dispenser, contre les promesses, faites à tant de personnes, mais surtout à monsieur votre père (2), qui ne peut quasi plus rien espérer pour l'accomplissement de ses consolations; en ce monde, que de vous voir au-monastère de Chambéri que l'on va entreprendre, afin de vous avoir auprès de lui (3), d'où il a éloigné tous messieurs vos frères, par les charges honorables dont ils sont tous promus maintenant ; puisque, comme vous savez, M. de Félicia (4) est sénateur et juge-mage de la province de Chablais ; M des Charmettes (5) est à la cour auprès de Madame ; monsieur notre président de Genevois (6) ici, dont il ne peut s'absenter, non plus que M. de Vaugelas (1) de la cour de France; de sorte qu'il ne reste que monsieur le doyen de la Sainte-Chapelle (2). Mais, comme que ce soit, il est malaisé de répliquer au désir d'un père si juste comme est-celui de voir sa fille, puisque cela se peut bonnement faire et selon la gloire de Dieu; et bien que ce très-bon père, comme tout dédié à Dieu lui-même, se remet très-volontiers à tout ce qui sera jugé plus à propos pour l'emploi de sa fille au service de la plus grande gloire de cette céleste majesté, si est-ce que cela même nous oblige tant plus à le consoler en ce qui se pourra. Voyez la lettre qu'il m'écrit, ma très-chère fille, et vous connaîtrez ce que vous et moi devons vouloir en cette occasion. Voilà donc quant à ce point.

Et quant à la fondation de madame de Chasseron, je vous dirai mon avis, qui est que l'on la contente en tout ce que l'on pourra, et surtout quant à la qualité, et quant aux autres privilèges de fondatrice dont elle prétend jouir dès maintenant;

4. mais j'approuverais merveilleusement que l'on ne se hâtât pas tant de faire le monastère de Riom, non-seulement pour donner du temps aux autres instituts des filles carmélites, ursulines, et autres qui y sont, mais principalement pour en donner à votre monastère de la ville de Montférrand, de se bien établir surtout en personnes : car c'est cela que j'appréhende en toutes les fondations, qu'elles ne se fassent sans filles bien formées et solides en cette vertu religieuse que l'institut requiert autant ou plus qu'aucun autre institut qui soit en l'Église, puisque d'autant plus qu'il y a moins d'austérité extérieure, il faut qu'il y ait de l'esprit intérieur.

Je voudrais donc que l'on prit du temps pour ce monastère de Riom, et que, s'il se pouvait, on retirât les filles qui en veulent être, eh votre monastère de Montférrand, avec leurs pensions annuelles ; puis, la nouvelle, maison étant faite à Riom, comme une nouvelle ruche, on y envoyât des filles toutes faites, comme un essaim d'abeilles prêt à faire le miel.

J'entends de même de la proposition que l'on fait pour Aurillac, où j'aurais grande inclination, en voyant tant en ce bon père recteur qui vous écrit. Je crois que notre mère ira là ; et avec ces dames du pays et elle, vous pourrez prendre meilleur avis, par l'opinion de vos bons pères spirituels que vous avez là et vos amis, que non pas la mienne, qui ne vois pas dès ici ce qui pourrait être plus à propos, A cela donc je vous renvoie, m'étant avis que je le dois. L'inconvénient que vous apportez pour Aurillac serait dissipé par celui que je propose, que les filles viennent faire leur noviciat à Montférrand.

5. ...

Je ne vois pas qu'il y ait aucun inconvénient que madame Dalet (1) entre es monastères de cette province-là ? au contraire, il me semble que la gratitude et bienséance requièrent qu'elle y entre.

Vivez toute à Dieu, ma très-chère fille, et ne bougez ce reste de temps d'auprès du petit enfant, qui vous dira, au commencement de ses ans, que l'éternité de laquelle il vient, à laquelle il est, à laquelle il va, est seule désirable. Bonjour, ma très-chère, et à toutes nos soeurs.


(1) C'est-à-dire du supérieur.
(2) Le président Favre.
(5) Cela n'a pu s'exécuter qu'après la mort du Saint et de son ami M. le président.
(4) Quatrième fils de M. Favre.
(3) Cinquième fils du même magistrat ; il était chevalier d'honneur au sénat de Savoie, et gentilhomme ordinaire de la maison de madame royale.
(6) Le fils aîné du même président : il s'appelait René de La Valbonne, et était sénateur de Chambéri et président au conseil de Genevois.
(1) Claude Favre, baron de Péroges, et membre de l'académie française, était de Chambéri, et le fils du président Favre. Il n'eut en partage que cette baronnie de Péroges en Bresse, qui ne rapportait pas un grand revenu, et une pension mal payée de deux mille francs, que Henri IV avait accordée au président Favre et à ses enfants, pour les services que ce magistrat avait rendus à l'état. Vaugelas vint à la cour fort jeune, et fut gentilhomme ordinaire, puis chambellan de Gaston, duc d'Orléans, qu'il suivit en toutes ses retraites hors du royaume. Il fut aussi, sur la fin de ses jours, gouverneur des enfants du prince Thomas, fils de Charles, duc de Savoie ; mais, quoiqu'il ne négligeât rien de ce qui pouvait servir à sa fortune, il mourut si pauvre que tout son bien ne fut pas suffisant pour payer ses créanciers. Il cessa de vivre au mois de février 1650, âgé d'environ soixante-cinq ans.
C'était un homme de beaucoup d'esprit. Il n'a laissé que deux ouvrages considérables, qui sont les Remarques sur la langue française, et la traduction de Quinte-Curce, sur laquelle il avait été trente ans, en la changeant et la corrigeant sans cesse.
(2) Troisième fils du président Favre ; il était abbé d'Entremonts et d'Allondes, et doyen de la Sainte-Chapelle de Savoie.
(1) C'est la mère Anne-Thérèse de Prechonet, fondatrice du monastère de Montférrand.






LETTRE DVI.

MADAME DE CHANTAL, A S. FRANÇOIS DE SALES.

(Tirée des lettres de madame de Chantal.)

Elle annonce au Saint l'établissement de sa communauté à la rue Saint-Antoine de Paris, et les difficultés qu'elle avait- essuyées pour cela ; lui parle des motifs de son retour, et du désir de lui faire la revue de son âme, dans la crainte de n'en avoir pas le temps.



Au commencement de 1622.

Seigneur Dieu! mon unique père, qu'il y a longtemps que je n'ai reçu de vos nouvelles (2)!



Est-ce pour me mortifier ? 0 mais je me contente de tout ce qui vous plaît, car vous êtes mon vrai et très-cher père.

Enfin nous voici en notre nouveau ménage (1), avec un applaudissement et un contentement de tout le quartier, grâces à Dieu : mais croyez que ce changement de lieu n'a pas été sans d'extrêmes difficultés d'une part d'où nous n'en attendions nullement. Trois ou quatre heures avant de partir, nous ne savions où nous en étions, quoique notre Seigneur me donnât toujours confiance que tout s'apaiserait, comme il arriva par sa grâce; car toutes ces passions n'avoient point de fondement. Messieurs les grands-vicaires ne nous connaissaient pas, et il fallut montrer notre établissement, et le pouvoir de monsieur de Saint-Jacques (2), que par bonne fortune nous avions par écrit et en bonne forme ; car ici il faut faire ses affaires d'une autre façon qu'ailleurs. Véritablement je n'avais trouvé un tel monde. Grâces à notre Seigneur et à sa très-sainte mère, nous voici en paix avec tous ; notre maison est payée (5)j et accommodée, et toutes nos affaires heureusement faites.

Dans quinze jours j'espère remettre le gouvernement à l'assistante (4), pour la voir un peu cheminer. Certes (la gloire en soit à Dieu ), cette maison va bien pour le spirituel et le temporel, elle est grandement aimée et estimée. On parle un peu de notre départ j mais l'espérance d'un prompt-retour apaise ce murmure. Toutefois madame la marquise de N. dit que, si je pouvais demeurer l'hiver, il serait encore mieux.

Quand je lui eus dit mes petites raisons, que je pensais qu'il était en quelque sorte nécessaire pour le bien de l'institut que je fusse quelque temps auprès de vous ; que toutes nos maisons désiraient ardemment notre retour, croyant en recevoir quelque utilité ; qu'il y avait quelque apparence d'un plus grand profit qu'ici, où demeurait une supérieure plus capable et plus vertueuse que moi ; qu'il y avait quelque fondation à faire(S); elle me dit : Voilà des raisons qui sont meilleures que les miennes, qui ne sont fondées que sur la prudence humaine ; et la chose mérite bien

Que M. de Genève la considère - mandez-la lui. Je le lui promis, et je le fais simplement, mon très-unique père, quoique j'y aie eu une grande répugnance, qui n'était toutefois qu'en la partie inférieure ; car, par la grâce de Dieu, je. vèSix, ce me semble, et d'une volonté très-absolue, que ce qui est la plus grande gloire de notre Seigneur se fasse ; et je ne me sens aucune répugnance à cela dans la raison. Que si je sentais que Dieu me voulût davantage ici, je vous le dirais tout franchement ; mais véritablement, quand les raisons me sont présentées dans l'entendement d'une part et d'autre, je ne me sens inclinée à rien, qu'à ce que Dieu désirera et à ce que vous me commanderez ; de sorte que, par sa grâce, me voici prête à tout ce qu'il vous plaira. J'ai seulement à vous proposer simplement que je ne pense pas qu'il faille faire une grande difficulté de voyager l'hiver, parce que nous nous arrêterons souvent, et qu'il sera peut-être utile que nous séjournions deux ou trois semaines, à Bourges, à Nevers et à Moulins, surtout en ces deux derniers lieux. Peut-être est-ce présomption à moi de penser pouvoir les servir. Vous êtes mon père et mon juge, et par la grâce de Dieu vous pouvez faire tout ce qu'il vous plaira ; vous me commanderez, s'il vous plaît.

Que bienheureux sont ces deux bons Israélites, d'aller voir mon seul, unique, vrai et cher ipère ! Certes, si je suis ici retardée, j'y demeurerai avec une affection d'autant plus grande, que je ferai un grand sacrifice à Dieu, et plus grand que vous ne sauriez penser : car il me semble que si nous mourions l'un ou l'autre (1) sans que je me confesse encore une fois à vous, je serais au hasard d'avoir beaucoup de scrupules et d'inquiétudes. Mais j'ai déjà dit à notre Seigneur tout tranquillement que, pour obéir à sa sainte volonté, je ne voulais avoir égard à quoi que ce fût qui me regardât; et je me confie en sa miséricorde, qu'il me fera la grâce de faire encore une bonne revue devant vous.

Ce n'est pas que j'aie :rien d'importance depuis que vous êtes absent d'ici, et je ne sais si ce n'est point tentation, vous pouvez le juger ; car je n'ai rien de nouveau sinon que ce qui regarde ma charge, en laquelle je crois que je fais beaucoup de fautes par imprudence, défaut de charité, de zèle, de soin, de bon exemple ; et cependant je ne me confesse et je ne pense à me corriger que de fautes particulières que je connais. Cela toutefois ne me met en peine ; mais j'espère un jour bien examiner tout cela avec vous, et me tenir cependant en paix.

Vous n'avez point de nouvelles à m'écrire, dites-vous : eh ! n'avez-vous point quelque mot à tirer de votre coeur ? car il y a si longtemps que vous ne m'en avez rien dit. Bon Jésus ! quelle consolation d'en parler un jour coeur à coeur ! Que ce divin Sauveur m'en fasse la grâce ; et cependant, mon unique père, qu'il nous rende plus purement et simplement tous siens. Votre très-humble, etc.


(2) Nous ne trouvons point de lettre du saint évêque à la bienheureuse mère de Chantal depuis le 24 août 1621.
(1) Jusqu'alors les religieuses de la Visitation avaient été logées au faubourg Saint-Michel, paroisse Saint-Jacques-du-haut-pas, à Paris.
(2) Le curé de Saint-Jacques-du-haut-pas.
(3) Ce fut des deniers des dots de quelques filles qui entrèrent alors dans l'ordre de la Visitation avec des vocations fort extraordinaires.
(4) La mère de Beaumont, qui fut élue supérieure le 25 janvier 1622.
(.ï) C'est la fondation de Dijon.
(1) Il semble que la bienheureuse mère de Chantal ait eu un pressentiment de ce qui devait lui arriver, car le saint évêque-de Genève mourut avant qu'elle eût pu avoir cette satisfaction.



LETTRE DVII, A MERE DE MONTHOUX, SUPÉRIEURE DE LA VISITATION DE NEVERS.

1897
Le Saint l'exhorte à supporter avec courage la charge de sa supériorité.


Annecy, 22 janvier 1622.

Ma très-chère fille,

rien tout-à-fait maintenant parmi ce déluge de lettres que j'écris, sinon que je vous souhaite toujours de plus en plus courageuse en ce saint service de Dieu auquel vous êtes. Oh! combien de véritables consolations votre âme recevra-t-elle au jour auquel, comme dit l'évangile d'aujourd'hui (
Mt 20,8) (1 - C'est l'évangile du dimanche de la Septuagésime), le grand maître de la vigne dira à son facteur : Appelle les ouvriers, et leur rends le salaire!

Il faut être constante et toute remise en cette sainte Providence, qui vous a mise en besogne. J'ai su, j'ai vu vos peines intérieures et extérieures. J'ai connu que Dieu a soumis sa main à votre coeur, afin qu'il ne fléchit point sous la pesanteur du fardeau (cf. Ps 37,24). C'en sera toujours de même quand vous dresserez vos yeux et vos espérances devers son sanctuaire.

Je vous vois toute pleine de consolation sur le passage de la bonne mère (2), que le porteur va prendre : car je vous laisse à penser quel contentement de se revoir ensemble, notre mère, notre soeur Paul Hiéronyme, et ma fille Marie-Aimée. Je suis très-parfaitement tout vôtre, etc.


(2) Madame de Chantal se disposait alors à partir de Paris, et, en s'en retournant en Savoie, elle devait passer par plusieurs monastères qui étaient sur sa route, à Orléans, à Bourges, à Nevers, à Moulins, à Lyon,.etc. La supérieure de la Visitation, à qui S. François écrit, devait profiter de l'avantage de sa visite et de celle de la mère Marie-Aimée de Blohay. La mère de Chantal partit de Paris le 21 février 1622.



LETTRE DVIII, A LA MÈRE CLAUDE-AGNES JOLY DE LA ROCHE, SUPERIEURE D'ORLÉANS.

(Tirée du premier monastère de la ville de Rennes.) Le Saint lui donne avis du passage de madame de Chantal par Orléans, en retournant de Paris en Savoie, etc.


23 janvier 1622.

1. Les larmes (1) reçues par les mains de madame de Roissieu, une lettre toute maternelle, venue par la voie de Lyon, mais surtout une dilection témoignée par l'un et l'autre moyen, ma très-chère fille, me donnent une extrême douce consolation. M. Rolland vous dira toutes les nouvelles que vous pourriez désirer de deçà, dont, comme je crois, plusieurs vous écrivent plus amplement que moi, qui n'en ai nul loisir ; aussi est-il a propos que je sois court, pour ne point divertir la consolation que vous aurez à recevoir ma bonne mère (2).

2. Si faut-il pourtant que je vous dise que rien ne me pourrait être plus doux et agréable en votre lettre que la bonne nouvelle que vous me donnez de la favorable souvenance que monseigneur l'évêque d'Orléans a de moi ; et, bien que je sache que ce bien provienne de son bon naturel, qui est ferme et généreux, si ne laissé-je-pas de le reconnaître de Dieu, qui, m'ayant donné une singulière affection envers ce prélat, a voulu qu'il y eût en lui cette agréable correspondance, et qu'il eût une bonne inclination pour moi. Je connais certes en lui beaucoup d'excellentes qualités grandement propres au service de Dieu et de l'Église, lesquelles il faut espérer devoir être également utiles quand elles seront bien employées, ainsi qu'il commence à les rendre par la prédication, et qu'il continuera sans doute toujours plus fructueusement. Ce lui sera un grand bien de s'obliger à là vie apostolique, par cette solennelle action de l'autorité apostolique. Je sais la grande espérance que son peuple a de lui, et je sais que, s'il l'entreprend il la surpassera ; et son courage le lui fera entreprendre. J'ai grandement envie de lui écrire ; mais il n'y a moyen maintenant, tant je suis accablé : et cependant je vous prie, ma très-chère fille, de lui baiser humblement les mains de ma part, l'assurant de mon fidèle service ; et, sans en faire semblant, savoir dextrement de lui s'il aura agréable que je lui écrive parfois.

3. Votre chère et cordiale soeur prieure (1) des carmélites, recevra, je m'assure, le chapelet et ma lettre par M. Jantel, à qui, si je m'en souviens bien, je remis le tout; et n'étant pas encore parti de Belley, ce n'est pas merveille si mademoiselle M. et vous ne l'avez encore pas reçu. Cependant je salue très-chèrement le coeur de cette fille bien-aimée, qui sera sainte aussi bien que sa mère, si mes souhaits sont exaucés ; et si ma bonne mère (2) la peut voir entrant en la ville ou sortant, j'en serai consolé : aussi leur écrivais-je que cette chère soeur est mon ancienne et partiale fille. Je salue aussi très-affectueusement et tendrement la mère sous-prieure, qui sait bien que Dieu veut que je la chérisse comme je le fais.

La fille qui accompagna ici madame de Roissieu me demanda une recommandation pour elle envers vous; et je la lui donnai comme à une fille, l'humeur et l'intérieur de laquelle je ne connais nullement. Vous entendrez bien ce que je désire, qui est surtout le bien et la consolation de votre maison.

4. Je confesse que j'ai grand tort de ne point écrire à ma soeur Marie-Françoise Bellet, que j'affectionne grandement, non-seulement parce qu'elle est ma fille, mais parce qu'elle était chère à la bonne mère Le Blanc ; ni à ma petite fille M. A. Marguerite Clément, qui, à la vérité, est grandement bien-aimée de mon âme, nonobstant la petite duplicité des soupçons qu'elle me demanda avant son départ. Or sus, ce sont toutes mes douces filles en notre Seigneur, que je supplie continuellement de les rendre tout-à-fait saintes, et vous de même, ma très-chère fille, à qui je suis entièrement tout dédié, et en vérité très-cordialement vôtre. Amen.


(1) Ce sont sans doute des larmes de Vendôme que la mère de La Roche avait envoyées, par madame de Roissieu, à son saint fondateur.
(2) La mère de Chantal.
(1) C'est la mère Marie de Jésus, l'aînée des trois filles de madame Acarie, fondatrice des carmélites en France, et religieuse de cet ordre, sous le nom de soeur de l'Incarnation. Le saint évêque de Genève la nomme soeur de celle à qui il écrit, parce qu'elles, étaient toutes deux ses filles spirituelles.
(2) La mère de Chantal. .,



F. de Sales, Lettres 1860