Identité sacerdotale et style de vie sacerdotal

Prof. Stuart C. Bate OMI, Johannesburg

Enracinés dans le mystère de la Trinité

Dans Pastores dabo vobis, Jean-Paul II nous enseigne que " l’identité sacerdotale – ont écrit les Pères synodaux –, comme toute identité chrétienne, prend sa source dans la Très Sainte Trinité, qui se révèle et se et se communique aux hommes dans le Christ, constituant, en Lui et par l’action de l’Esprit, l’Église comme ‘le germe et le commencement’ du Royaume " (PDV, 12). L’identité sacerdotale doit donc être conçue dans le contexte de la réalité même de Dieu. Dans la foi chrétienne, Dieu ne reste pas dans les limites de l’au-delà ou dans les cieux, mais demeure parmi nous, dans ce monde. C’est là la Bonne Nouvelle révélée en Jésus-Christ. Elle nous est communiquée à la fois par ce que Jésus est, le Verbe incarné (Jn 1,14) que par ce que Jésus dit et fait. Il affirme : " Le Royaume de Dieu est tout proche " (Mc 1,15). Sa parole est efficace quand il dit : " Mon enfant, tes péchés te sont remis " (Mc 2,5) et " Lève-toi, prends ton grabat et marche " (Mc 2, 9). La divinité que Jésus apporte dans le monde se vit à la confluence de l’être et de l’agir. L’identité sacerdotale et le style de vie sacerdotal prennent racine, eux aussi, dans cette confluence.

Enracinés dans l’identité de l’Église

L’identité et le style de vie du prêtre sont fondamentalement liés à l’identité et à la vie de l’Église comme " sacrement universel de salut " (LG 48). L’Église poursuit la mission du Christ envoyé pour sauver le monde en raison de l’amour profond que le Père nourrit pour nous (Jn 3,16, AG2). Aujourd’hui, cette mission se poursuit par la force de l’Esprit Saint, qui en est le principal protagoniste (RM 21). Aussi le prêtre, comme ministre de l’Église, est-il un homme de l’Esprit. Par le sacrement de l’Ordre, il reçoit un " don spirituel " qui le prépare " non pas à une mission limitée et restreinte, mais à une mission de salut d’ampleur universelle jusqu’aux extrémités de la terre " (PO 10). Il acquiert ainsi une identité spéciale non pas pour lui-même, mais pour la mission d’" aider le peuple de Dieu à exercer fidèlement et pleinement le sacerdoce commun qui lui est conféré " (PDV 17).

Enracinés dans la sainteté

La vie sacerdotale est participation à la sainteté de Dieu. Tous ceux qui partagent le sacerdoce commun du Peuple de Dieu prennent part à la sainteté. Toutefois, le prêtre reçoit un appel spécial par son ordination, " qui le configure à Jésus-Christ, Tête et Pasteur de l’Église " (PDV 20). Cette configuration permet au prêtre de penser et d’agir d’une façon qui est celle du Christ. La mission spéciale du sacerdoce ministériel est la participation à l’office du Christ, " Maître, Prêtre et Roi " (PO 1) au sein de la communauté des fidèles, et le témoignage de sa charité pastorale (cf. PDV 21). Les prêtres sont appelés à promouvoir la sainteté de chaque membre de l’Église, afin que chaque communauté locale puisse être un signe et un instrument du salut dans son propre milieu, en répandant sa sainteté dans un monde avide de foi, d’espérance et de charité.

L’engagement personnel à la sainteté est donc un point central de l’identité et du style de vie sacerdotaux. À travers lui, le prêtre devient un signe authentique de l’Emmanuel, Dieu parmi nous. Ce signe se précise dans la façon dont le prêtre exerce son ministère. En tant que ministre des sacrements qui rendent Jésus présent parmi nous, il est appelé à manifester le Seigneur ressuscité par son style de vie. En tant que prophète et maître de la Parole de Dieu, il est appelé à la vivre dans sa vie. En tant que Pasteur de la communauté, il est appelé à être le serviteur de tous.

Enfin, il ne faut pas sous-estimer l’importance du témoignage de cet engagement dans notre société toujours plus sécularisée. Aujourd’hui plus que jamais, les hommes ont besoin des signes du sacré comme contre-témoignage face à la mentalité dominante. Bien que ce témoignage s’exprime moins par les paroles que plutôt par les actes, il peut être communiqué aussi par l’apparence. C’est pourquoi Jean-Paul II a insisté tout particulièrement sur l’importance de l’habit religieux qui " met en relief au sein de la communauté ecclésiale le témoignage public que tout prêtre doit donner de son identité propre et de son appartenance spéciale à Dieu ". (L’habit ecclésiastique et religieux à Rome, Lettre au cardinal Poletti, 8 septembre 1982).