LES DROITS HUMAINS DANS L’ENSEIGNEMENT DE JEAN PAUL II
Dans le Discours adressé à la 50e Assemblée générale de l’ONU le 5 octobre 1985, Jean Paul II exprimait sa préoccupation devant le fait que " aujourd’hui certains nient l’universalité des droits humains, comme ils nient aussi que la nature humaine est commune à tous ". Dans le même paragraphe, il soutenait que si le pluralisme culturel est légitime, dans la mesure où il favorise différentes formes de liberté. En revanche, " en niant le caractère universel ou intelligible de la nature de l’homme [...] toute politique internationale de persuasion devient très difficile, sinon impossible ".
Le Pape a élevé sa voix à maintes reprises pour défendre les droits humains. Nous en trouvons un exemple dans son Message pour la Journée mondiale de la paix du 1er janvier 1988, où il affirme que la personne humaine est le fondement et la finalité de l’ordre social, et qu’elle possède des droits inaliénables, qui ne viennent pas l’extérieur, mais naissent de sa nature même, de telle sorte qu’aucune contrainte extérieure ne peut les annuler.
Dès sa première Lettre encyclique, Redemptor hominis (17), il insistait sur la nécessité d’une correspondance réelle entre la lettre de la de la Déclaration des droits de l’homme et son esprit, en appelant les gouvernants à assumer leurs responsabilités en ce sens.
Les droit humains ont leur origine dans l’homme comme créature de Dieu, une créature qui, en Jésus-Christ, a vocation à être fils de Dieu. Il en résulte que toutes les dimensions authentiquement humaines doivent être sauvegardées, et en particulier la liberté religieuse. C’est pourquoi Jean Paul II les a promues et défendues dans les diverses instances internationales, dès sa première visite à l’ONU en 1979 où il affirmait : " Le vrai chemin, le chemin fondamental vers la paix passe par chaque homme, par la définition, la reconnaissance et le respect des droits inaliénables des personnes et des communautés des peuples " (7). Il l’a exprimé en termes analogues lors de sa visite à l’UNESCO le 2 juin 1980 et dans son discours devant le corps diplomatique accrédité près le Vatican du 14 janvier 1984, où il soulignait combien il est important que ces droits soient préservés dans les situations de conflit. C’est la raison pour laquelle il faut opposer un refus catégorique à toute forme de procès arbitraire, à la torture, aux enlèvements, à l’exil, aux migrations des familles et aux exécutions capitales après un jugement sommaire.
Dans ses encycliques sociales, le Pape a réaffirmé la position très ferme de l’Église en faveur la dignité de l’homme. Dans Sollicitudo rei sotialis, il se demande si " la négation ou la limitation des droits humains – par exemple le droit à la liberté religieuse, le droit de participer à la construction de la société, la liberté de s’associer, ou de constituer des syndicats, ou de prendre des initiatives en matière économique – n’appauvrissent-elles pas la personne humaine autant, sinon plus, que la privation des biens matériels ? Et un développement qui ne tient pas compte de la pleine reconnaissance de ces droits est-il vraiment un développement à dimension humaine ? " (15).
Dans son Discours au Congrès mondial organisé par le Conseil Justice et Paix le 4 juillet 1998 à l’occasion du 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, Jean Paul II indiquait qu’une pastorale de ces droits doit se donner pour objectif : premièrement, accepter que la reconnaissance de la lettre conduise à s’approprier de l’esprit, notamment dans l’éducation à ceux-ci, et deuxièmement, à définir " en toute loyauté et en toute objectivité, et avec un grand sens de responsabilité morale, les questions essentielles relatives à la situation de l’homme aujourd’hui et dans l’avenir " (RH 15).