Louis Aldrich
Taipei
L’Église
militante et tous les chrétiens vivent dans la réalité eschatologique du salut
« déjà » et « pas encore » réalisé : le règne de Dieu
est déjà parmi nous, nous prenons déjà part au banquet céleste ; mais
notre participation au Royaume de Dieu et à ce banquet n’est pas encore advenue
dans sa plénitude finale et définitive.
L’Église
vit donc dans l’espérance de parvenir à la plénitude finale, une espérance
affermie par le fait qu’elle participe déjà aux promesses eschatologiques. La
promesse du salut final par la grâce de Jésus Christ est vécue comme étant
« déjà » présente dans l’Eucharistie de manière prééminente :
dans l’Eucharistie en effet, non seulement la grâce rédemptrice de Jésus est
rendue disponible, mais Jésus lui-même est réellement présent parmi nous, corps
et sang, âme et divinité. Dans Ecclesia
de Eucharistia n. 18, Jean-Paul II explique comment l’Eucharistie est la
promesse qui justifie toutes nos espérances eschatologiques :
« L’Eucharistie est tension vers le terme, avant-goût de la plénitude de
joie promise par le Christ (cf. Jn 15,11) ; elle est en un sens
l’anticipation du paradis, ‘gage de la gloire future’. Dans l’Eucharistie, tout
exprime cette attente confiante : ‘Nous espérons le bonheur que tu promets
et l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur’. Celui qui se nourrit du Christ
dans l’Eucharistie n’a pas besoin d’attendre l’au-delà pour recevoir la vie
éternelle : il la possède déjà sur terre, comme prémices de la plénitude à
venir, qui concernera l’homme dans sa totalité. Dans l’Eucharistie en effet,
nous recevons également la garantie de la résurrection des corps à la fin des
temps : ‘Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie
éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour’ (Jn 6,54). Cette
garantie de résurrection à venir vient du fait que la chair du Fils de l’homme,
donnée en nourriture, est son corps dans son état glorieux de
Ressuscité ».
Celui
qui participe à l’Eucharistie et qui partage les « prémices de la
plénitude à venir » est affermi dans sa volonté de réaliser le Royaume de
Dieu parmi nous dès maintenant. Le Cardinal Arinze a souligné les points
suivants à ce sujet : participer à l’Eucharistie nous appelle à un service
efficace en faveur des pauvres, des malades et des nécessiteux : « En
lavant les pieds de ses apôtres, le Christ a voulu leur montrer que
l’Eucharistie nous envoie aimer activement notre prochain ». Cet amour
actif comporte des « initiatives pour promouvoir le développement, la
justice et la paix ».
Nous trouvons un exemple positif de la relation entre Eucharistie et Royaume de Dieu dans le travail pour les plus démunis des Missionnaires de la charité de Mère Teresa. Au plan négatif, nous voyons le cercle vicieux de la participation déclinante à l’Eucharistie et de la domination croissante de la culture de la mort dans les nations autrefois chrétiennes.
En
conclusion, comme nous y exhorte le Cardinal Arinze, implorons le Père afin que
le sacrifice eucharistique « devienne pour chacun de nous le centre de nos
journées et de nos semaines »
« La
Sainte Eucharistie unit le ciel et la terre », Discours du Cardinal Arinze
au Congrès eucharistique dans la Basilique de l’Immaculée Conception de
Washington, le 25 septembre 2004)