Le Curé d’Ars,
figure de sainteté sacerdotale
Déjà de son vivant, le Curé d’Ars [1786-1859][1]
fut considéré comme un saint. Le peuple de Dieu pressent très vite cela. Ce qui
impressionnait ses contemporains, ce n’était pas d’abord ses pénitences, ou même
les faits extraordinaires que l’on se transmettait de fermes en fermes. Ce fut
peut-être sa fidélité, dans le sens d’un amour donné et non repris. Fidélité à
Dieu qui transpirait de tout son être, fidélité aux hommes aussi dont chacun reconnaissait
avoir été le bénéficiaire. Hanté par le salut, il n’avait de cesse que chacun
puisse rencontrer le Seigneur en vérité et en vivre. Il le fit comme prêtre, et
plus précisément comme curé. Depuis avril 1905 il est “patron de tous les
prêtres de France”, depuis avril 1929 “patron de tous les curés de l’univers”.
Le rayonnement universel de ce curé de campagne humble et pauvre est
impressionnant : une encyclique écrite sur lui[2],
tous les papes l’ont pris en exemple, Jean Paul II l’a donné comme modèle aux
prêtres, des milliers de prêtres et de fidèles viennent chaque année à Ars…
Il est donc légitime de se poser la
question : qu’est-ce qui caractérise cette figure de
sainteté sacerdotale ? Quelles en sont les grandes intuitions, le cœur ?
Nous le ferons en distinguant d’abord trois grands aspects (sa spiritualité
personnelle, son œuvre de pasteur, l’influence de son entourage) puis en
cherchant ensuite à découvrir ce qui les unifie[3].
Il faut déjà se pencher sur quelques aspects de
sa spiritualité. On ne soulignera ici que les points qui semblent les plus saillants
et à la base de sa vie pastorale :
1.1 Un cœur de pauvre…
La grâce du curé d’Ars fut sans doute d’être un pauvre. Pas d’abord dans le sens de celui qui n’a rien, mais dans
celui –biblique– de celui qui attend tout de Dieu. Il remarquera un jour :
« l’homme est un pauvre qui a besoin de tout demander à Dieu »[4].
Jean-Marie Vianney fut vraiment un pauvre. La pauvreté, non pas la misère ou le misérabilisme.
Une pauvreté reçue, choisie, parfois subie, mais toujours assumée, offerte et
finalement transfigurée. Cette pauvreté recouvrait chez lui différents aspects
: elle était matérielle déjà, et toute la vie du saint Curé en témoigne ; elle
était humaine aussi avec son caractère, ses angoisses… ; intellectuelle et
culturelle certainement ; psychologique peut-être ; spirituelle aussi
par la rigueur de sa formation ou l'influence de son époque. Mais il a su
offrir tout cela au Seigneur et le faire fructifier.
Pour lui la pauvreté c'est avoir une confiance totale en Celui qui peut tout,
comme un enfant. C'est une démarche d'abandon, pas une démarche de foi aveugle,
mais aimante ; tout cela le Curé d'Ars le mit en pratique. Il y a quelque
chose de profondément marial dans cette confiance absolue, dans ce "oui"
tous les jours redit ; quelque chose qui le rapproche de Marie, sa « plus
vieille affection »[5]. La pauvreté lui permettra d'être
réceptif au don de Dieu, ouvert à sa volonté, à ses grâces, attendant tout de
Dieu, se recevant de Lui. Il sera ainsi ce que Dieu veut, pleinement configuré
au Christ. Il accueillait les dons de Dieu, en vivait, en témoignait et les
transmettait. Si la pauvreté fut son secret, dans ce dépouillement total, sa
richesse fut Dieu lui-même.
L’humilité
semble alors être une de ses plus belles vertus. L’humilité de celui qui ne se
croit rien devant Dieu, qui reconnaît ses faiblesses, sa “misère” et son péché,
bien conscient de son incapacité à grandir par lui-même. Mgr Ancel, évêque auxiliaire
de Lyon et ancien supérieur du Prado, remarque : « il semble que le
Seigneur se soit occupé d’une façon toute spéciale de former le Curé d’Ars à
l’humilité, non seulement par les humiliations extérieures qui pleuvaient sur
lui, mais surtout par la lumière qui l’éclairait sur sa misère »[6]. Cette humilité lui donnera une sorte
d’indifférence par rapport aux remarques qui lui sont adressées (louanges ou
blâmes) et affermira la pureté de son cœur.
« Heureux les cœurs purs ils verront Dieu » ; M. Vianney illustre à merveille cette
béatitude tant son détachement des créatures semble grand. « Être
à Dieu, être à Dieu, tout entier sans partage, le corps à Dieu, l’âme à
Dieu ! Un corps chaste, une âme pure ! Il n’y a rien de si
beau »[7]…
1.2 L’Union à Dieu…
Le Curé d’Ars a une perception très forte de l’amour de Dieu, « sa
spiritualité pastorale est dominée par l’amour »[8].
Et à partir de la grandeur de cet amour de Dieu pour nous dont il reste un
témoin émerveillé, il s’oriente et oriente les autres vers le Seigneur.
« L’homme est créé par amour et il ne peut vivre sans amour ; ou il
aime Dieu, ou il s’aime et il aime le monde…»[9] remarque-t-il. De cet élan qui semble
“l’aspirer” toujours plus, naît une attirance pour le Ciel, perçu comme la vie
avec Dieu, la patrie des saints que l’on peut déjà goûter ici-bas.
La première phrase que l’on connaît du jeune
desservant d’Ars est adressée au petit berger qu’il croise : « Je te
montrerai le chemin du Ciel » ; c’est-à-dire, moi ton pasteur, je
ferai de toi un saint, je ferai grandir ton intimité avec Dieu pour que, dans
la vérité, tu te laisses habiter par la grâce, don de miséricorde et de
sanctification. Le Ciel va fasciner
le Curé d’Ars, il en sera un extraordinaire témoin, comme s’il l’avait visité
diront ses contemporains… Ce désir l’habite profondément et rejaillit sur ses
actions, sa pastorale, l’aménagement de son église. Voir Dieu, être avec lui
pour l’éternité en compagnie des saints, goûter sa charité… quelle belle
vocation que celle de l’homme, il en est émerveillé !
De sa pauvreté et de ce désir du Ciel va jaillir
une réelle intimité avec Dieu. De la
grâce accueillie comme un don peut alors se développer et grandir chez lui une
véritable amitié avec Dieu : « la prière c’est une douce amitié avec
Dieu, une familiarité étonnante…»[10]
remarque-t-il. Sa grande joie, sa grande consolation est l’union à Dieu dans
l’amour. « Dans cette union intime, Dieu et l’âme sont comme deux morceaux de
cire fondus ensemble »[11].
Amitié qui sous entend une réciprocité, il s’y plongera avec délices, puisant
là toute sa force, sa joie et son espérance[12].
Sa prière viendra l’abreuver et guérir son ”désespoir” comme il disait, qui le
tentera jusqu’au bout : « Ma tentation c’est le désespoir »[13].
Son union à Dieu est nourrie par l’Eucharistie
célébrée et adorée, c’est vraiment là que Dieu vint le combler. Comme un enfant, il a su
tout lâcher et faire ce pas spirituel fondamental pour lui et pour son
ministère, celui de s’abandonner en Dieu et de se laisser aimer. L'Eucharistie
peut alors le combler, car il n'est plus encombré par rien. Il vit de
l'Eucharistie, elle devient sa nourriture et le sommet de sa journée, elle est
la clé de son ministère et la source de sa charité pastorale. S'il est tout
donné, c'est d'abord au pied de la Croix à chaque consécration, et il s'offre
alors, ainsi que sa paroisse et le monde entier. Ouvert à la grâce, habité par
l'Esprit, il s'est laissé conduire humblement ; il devint ainsi serviteur
de l'Eucharistie. Fasciné par l'amour de Dieu pour nous dont il était par grâce
le témoin et le serviteur, il pouvait ainsi répéter sans cesse devant le corps
de son Dieu : « Je vous aime, oh mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer
jusqu'au dernier soupir de ma vie … »[14].
1.3 Force dans l’adversité…
Le Curé d’Ars a bien conscience de ses faiblesses
et de son péché, la force qu’il
manifeste est d’autant plus extraordinaire. Ses confrères, les événements et
ses paroissiens mêmes ne lui épargneront ni épreuves ni calomnies. Lui qui
avait dit un jour : « si j’avais su tout ce que je devais souffrir en
arrivant dans cette paroisse, je crois que je serai mort de chagrin… »[15],
remarquera pourtant « Je consens à souffrir tout ce que vous voudrez, tout
le temps de ma vie pourvu qu’ils se convertissent »[16].
Dénonciations, jalousies, critiques le mettront parfois au bord du doute mais
ne lui enlèveront ni sa douceur ni son courage. Il redoublera de charité et
remarquera : « je redoublais de politesses et de prévenances envers
eux et je fis des aumônes plus abondantes à ceux que j’avais l’habitude de
secourir »[17]. Le grappin
se chargera aussi douloureusement de le lui rappeler. Si le Seigneur a permis
les attaques quotidiennes et souvent spectaculaires du démon durant plus de 30
ans, c’est pour qu’il ne tombe pas dans l’orgueil, peut-être aussi pour faire
grandir sa force dans l’adversité. Cette force que ses contemporains
remarqueront, jaillit de sa foi et de son abandon confiant. Il plaisantera même
des ruses du démon « avec le grappin,
on est quasi camarade tellement on se connaît »[18].
Il répondra aux attaques de toutes sortes par la foi et dans l’espérance, et par le
développement de ses vertus, tout spécialement la patience et la maîtrise de
soi. Retournant à son adversaire le mérite de son offrande, il sera doublement
vainqueur même s’il en ressortira meurtri et touché. Mais les épreuves spirituelles
ne lui feront pas perdre la paix. Ses désirs de fuite, la tentation du
désespoir l’ancreront douloureusement mais fermement dans un dépouillement
confiant ; « certains jours je
rentre avec dégoût dans mon église » confiera-t-il même. Ce fut
profondément un homme de foi et un héraut de l’espérance, et cela nourrira son
humble fidélité.
Il répondra enfin à ces attaques par ses pénitences, qui feront couler tant
d’encre car mal comprises ou objet de la moquerie de ses confrères. Par ses
mortifications, il veut aussi être pasteur de la miséricorde. Il est au pied de
la Croix et comme prêtre, il a perçu qu’il devait entrer dans ce don total,
cette identification au Christ qui se donne complètement. Ses pénitences,
malgré les excès de sa jeunesse qu’il reconnaissait bien volontiers, n’eurent
jamais un côté morbide ou ostentatoire. Rares sont ceux qui les connaissent.
Tout est donné, offert et prend sens uni à la passion du Christ. On perçoit ce
que l’on pourrait appeler une “substitution” : je souffre pour vous et
avec vous, de ce que vous ne voulez pas souffrir : « Ah mon
Dieu ! –prie-t-il– Faites-moi la grâce de souffrir en vous aimant, de vous
aimer en souffrant »[19].
Sa spiritualité personnelle n’a donc de sens
qu’en rapport à Dieu seul, perçu comme infiniment aimant, à l’origine de notre
vocation extraordinaire à la vie divine, présent au milieu de nous. Il est le
seul horizon de la vie chrétienne. Le “Bon Dieu” comme il disait, est Tout, en
dehors de Lui il n’y a rien ; toute sa spiritualité est là. Il en perçoit
la présence dans le Saint-Sacrement avec un réalisme et une force peu
habituels, mais dans la logique de l’incarnation ; ce sera sa grande
consolation.
Ce fut un pasteur admirable, précise Jean Paul II
qui remarque : « Saint Jean-Marie Vianney demeure pour tous les pays
un modèle hors pair à la fois de l’accomplissement du ministère et de la
sainteté du ministre »[20].
Si l’on se penche sur la sainteté de son ministère de pasteur, exemplaire selon
le pape, on soulignera les points suivants :
2.1 Le zèle apostolique d’un homme donné
Nul ne remit jamais en question ce que l’on
appelait alors son zèle apostolique. Enfant il voulait devenir prêtre
« pour gagner des âmes au Bon Dieu »[21].
Ce souci du salut des âmes va le hanter toute sa vie et explique sa ténacité
malgré les épreuves de toutes sortes qui l’accableront. Ce zèle se caractérise
semble-t-il par trois points :
- D’abord
par le don qu’il fit de lui-même.
Répondant un jour à une personne qui lui demandait quel était son secret, il répondit
simplement : « mon secret est bien simple, c’est de tout donner et de ne
rien garder »[22].
Au-delà de l’intention première de celle qui l’interroge, tout le Curé d’Ars
est là. Ce fut un homme totalement donné, et ce dans toutes les dimensions de
sa personne et de son ministère. Il entre dans la logique du don, la logique de
la sainteté : le Père se donne au Fils, le Fils se donne au Père, et de ce
don total jaillit l’Esprit Saint qui n’est que don : c’est un mouvement de
charité qui l’envahit et qui déborde… Il se donne à Dieu et à chacun, il ne
s’appartient plus et cherche, comme son Maître, à être tout à tous.
- Son
zèle se caractérise ensuite par l’amour
des personnes. Il prend conscience de la vocation de tout homme, baptisé appelé
à la sainteté, mais aussi de la vocation particulière de chacun. Son amour
s’enveloppe de la miséricorde de Dieu, il est profondément bienveillant. Chacun
se sent aimé et respecté, quel que soit son histoire ou son péché. « Il n’y a
pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime… ».
Son regard sur les personnes voit ce qui est beau et ce qui peut grandir :
« Mon cimetière est ensemencé de
saints » remarque-t-il un jour en sortant de l’église[23] ;
c’est le regard d’un pasteur aimant son peuple.
- Enfin,
on peut semble-t-il caractériser son zèle par la prise de conscience de sa propre responsabilité de pasteur. Il
en a une conscience extrême, pourrait-on dire, qui sera à la source de son
angoisse persistante. Il sait que comme pasteur, il a la responsabilité devant
Dieu du salut de ceux qui lui sont confiés. Pris entre ses pauvretés et la
grandeur de sa responsabilité, il aura parfois la tentation de fuir, mais
inlassablement il retournera s’asseoir au confessionnal ; « j’ai fait
l’enfant »[24] dira-t-il
lors de sa dernière fuite d’Ars en 1853.
Ces trois points (don, amour et
responsabilité) furent poussés à l’extrême. Les exemples fleurissent et
couvrent son ministère de confesseur autant que son action de pasteur.
« Je suis prêt à rester 100 ans de plus sur terre pour réconcilier une âme
avec Dieu » remarquait-il un jour. Jusqu’aux dernières heures de sa vie,
il se souciera des pénitents et, peu de temps avant sa mort, il les fera monter
dans sa chambre, près de son lit afin d’absoudre ceux qui attendaient depuis
longtemps… Il ne ménagera ni son temps, ni sa peine pour manifester à tous la
miséricorde de Dieu. Un “prêtre mangé” aurait dit son contemporain, le père Chevrier…
Il y là aussi quelque chose d’une “substitution” chez le Curé d’Ars :
« je pleure de ce que vous ne pleurez pas »[25]
précise-t-il à un pénitent. « Monsieur le curé, pourquoi donnez-vous de
petites pénitences ? » - « Je donne de petites pénitences et je
fais le reste » répondit-il simplement.
2.2
Les œuvres d’un pasteur faites avec sainteté
Si l’on regarde bien ce que fit le Curé d’Ars, on
pourrait être surpris à première vue, de ne rien trouver d’extraordinaire par
rapport à beaucoup de ses confrères du XIXème. Comme tous les curés
de son temps, il célébrait, confessait, s’occupait d’œuvres sociales… Mais tout
ce qu’il faisait, il le fit admirablement, ayant pour objet le salut des
personnes et leur rencontre personnelle avec Dieu. Rappelons-nous la remarque
de Jean-Paul II concernant M. Vianney : « un modèle hors pair
[…] de l’accomplissement du ministère ».
Soulignons
d’abord sa prédication. Dès son
arrivée, il chercha à enseigner par le catéchisme et par le biais de ses
homélies. Ce n’est pas un séducteur mais un éducateur et un formateur. Il
n’attire pas les gens à lui, il n’a pas un enseignement qui veut séduire. Si
l’on regarde ses homélies ou ce que l’on en connaît, elles n’ont rien de tendre
ou de mièvre, elles paraissent même parfois austères ou sévères. Il considère
que chacun, aussi humble soit-il, a droit à la vérité. Jusqu’à la fin de sa
vie, il sera tourmenté par la pensée qu’il se damne en attirant les gens à lui,
et que si les gens viennent si nombreux, c’est parce qu’il n’est pas assez
strict avec la vérité ; ce sera l’une des raisons de ses fuites. Il prêche
la Parole de Dieu, il y est profondément fidèle, mais il en est d’abord le
disciple.
Notons
aussi les sacrements dont il fut le
ministre fidèle. On pense immédiatement à la Messe et à la confession, mais il
fut un curé qui baptisait, mariait et s’occupait des malades. Les sacrements
furent pour lui le principal canal de la grâce dans ce petit village d’Ars, et
le lieu d’une rencontre personnelle avec Dieu ; c’est là qu’il voyait le
Sauveur agir. Comme tout prêtre, il en usa avec joie et, dans ses premières
années à Ars, son temps disponible lui permettait d’aller aider ses confrères à
les donner.
Soulignons enfin son attention à chacun qui se manifeste dans ses visites à ses paroissiens
ou dans l’accueil extraordinaire de ses pénitents. Chacun, pauvre, malade,
étranger, pénitent, ou simple paroissien, trouve en lui une écoute et une
attention miséricordieuses et vraies ; il se sent reconnu et aimé. Notons
enfin son souci de l’éducation (il ouvrit deux écoles) et du soin de former des
mamans car, dit-il « la vertu passe si bien du cœur des mères au cœur des
enfants »[26].
2.3 La force de l’exemple, il
entraîne
Le Curé
d’Ars est un pasteur et il l’a bien compris. Il sait qu’il est non seulement
observé mais aussi imité. Il n’en tire pas de gloire, mais une responsabilité
certaine qu’il assume pleinement malgré les contradictions de toutes sortes. Il
a bien conscience que sa vocation est d’être devant, de montrer ainsi par son
exemple et l’authenticité de son témoignage, le “chemin du Ciel”. Non seulement
son témoignage impressionne, mais il entraîne et tire vers le haut ; c’est
la grâce du chef.
Soulignons sa prière
tout d’abord. C’est peut-être le point qui a le plus surpris ses paroissiens à
son arrivée. Ils venaient d’hériter d’un jeune pasteur, certes humble et
simple, mais qui parlait sans grandes facilités et qui semblait un peu gauche.
Ce qui frappait cependant c’était sa prière. Dès les premières heures du jour,
alors qu’il fait encore nuit, le voici à l’église, à genoux devant le
tabernacle à prier. Par curiosité d’abord, par respect ensuite, ses paroissiens
viendront voir ce qu’il peut faire si tôt le matin dans son église. Attirés,
impressionnés ils découvriront l’intimité profonde qui lie leur pasteur au
Seigneur. Il n’a pu réellement entraîner les autres dans une rencontre intime
et vraie avec le Seigneur, que parce que d’abord il en a donné le témoignage
authentique.
Sa bonté et
sa charité ensuite. Sa bonté est légendaire déjà à son époque. On a
aujourd’hui souvent l’image d’un Curé d’Ars austère, dur et rigide. Mais si on
écoute les témoins au procès de béatification, on s’aperçoit que ce qui jaillit
au premier abord, c’est cette bienveillance, cet amour profond du pasteur envers
ceux à qui il a été envoyé, avec un a priori positif sur chacun. Il disait un
jour : « être missionnaire, c’est laisser déborder son cœur », « il
faut avoir un cœur liquide » qui déborde, qui entraîne. Sa bonté s’exprime même
dans les difficultés, les contrariétés ou les calomnies ; elle s’exprime
aussi dans sa prière d’intercession. Son exemple tire ses paroissiens qui, pour
ne pas faire de peine à leur curé, changeront de vie et chercheront à avoir une
vie meilleure.
Son souci
de la vérité accueillie et vécue totalement sera aussi un exemple pour
chacun. Le curé d’Ars ne badine pas avec la vérité et il souffrira d’autant
plus des calomnies qui circulent sur son compte. Rappelons simplement cet
exemple significatif : dans le petit jardin du Curé d’Ars, il y avait les
plus beaux pommiers d’Ars. Un jour au moment de la récolte, quelqu’un vient lui
voler ses pommes la nuit. Certains auraient guetté ou mis des barrières pour
qu’on empêche de voler les pommes. Lui, coupe les pommiers pour empêcher les voleurs
de commettre un péché. Sa bienveillance et son attention envers le pécheur vont
jusque-là ! Le but n’est pas ses pommes et son propre bien, mais
d’empêcher que quelqu’un fasse un péché et soit dans le mensonge. À son procès
de béatification Guillaume Villier, d’Ars, fait cette remarque : « quand
on était à côté de lui, on avait envie d’être meilleur » ; sans rien
dire, on percevait l’ampleur du don de lui-même qui entraîne vers le haut.
2.4 Témoin de la miséricorde
Il convient
aussi de parler de cet aspect de son ministère qui le caractérise peut-être le
mieux. Ce fut un extraordinaire témoin de la miséricorde de Dieu. On peut
aisément souligner deux aspects chez lui, sa bienveillance miséricordieuse
envers les pauvres et les petits, et celle envers les pécheurs. Nous
retiendrons ici surtout la seconde dont il est devenu presque l’icône.
Jean-Paul II le considère comme un martyr du confessionnal[27].
Son instrument de pénitence, rapporte son dernier vicaire, devint son seul
confessionnal ; on pourrait ajouter que ce même confessionnal fut aussi
l’instrument que Dieu lui donna pour se sanctifier. 17 heures par jour sans
repos, dans une église glacée l’hiver et surchauffée l’été, à écouter la misère
du monde se déverser, sans autre appui ou aide que Dieu seul… Jean-Paul II
remarquera en 1947 que c’est en voyant son confessionnal, qu’il comprit la
place que celui-ci devait tenir dans la vie et le ministère d’un prêtre[28].
Devant la grandeur de la vocation de l’homme et la beauté de l’amour de Dieu,
il réalisait la folie de notre péché, et il fit tout pour que chacun puisse en
être libéré.
Le Curé d’Ars fut totalement prêtre.
« Oh ! qu'un prêtre fait donc bien de s'offrir à Dieu en sacrifice
tous les matins »[29]
- « Après Dieu, le prêtre c’est tout » remarquera-t-il un jour. Sa
vie en a été une parfaite illustration, le drame du combat où la grâce semble
surgir au milieu des ténèbres. « Ce qui nous empêche d’être des saints,
nous autres prêtres, c’est le manque de réflexion. On ne rentre pas en
soi-même ; on ne sait pas ce qu’on fait. C’est la réflexion, l’oraison,
l’union à Dieu qu’il nous faut !… »[30].
L’action de l’Église dans le monde lui paraissait avant tout comme une action
surnaturelle, comme une œuvre de la grâce, il était convaincu que le succès de
la Rédemption dépendait beaucoup de la sainteté des prêtres[31].
Dans le
cadre d’un pasteur – on pourrait préciser d’un prêtre diocésain –, il semble
intéressant de pointer les influences qu’il a reçues de tiers. Il n’est pas
devenu saint tout seul, mais son entourage a eu une place certaine.
Citons entre autres :
3.1 Dans la communion des saints
Dans l’influence de son entourage, il peut
paraître surprenant de mettre en premier ses intercesseurs du Ciel, mais c’est
d’abord sur eux qu’il s’appuya et c’est surtout vers eux qu’il orienta ses
demandes. La communion des saints a une place centrale dans la prédication du
Curé d’Ars, mais surtout dans sa prière et dans sa vie spirituelle : on
peut, sans excès, dire qu’il vivait avec eux une étonnante familiarité.
La Vierge
Marie bien sûr tient la première place. Celle qu’il appelait « la portière
du Ciel »[32] et qu’il
avait fait placer au-dessus de chaque porte de son église fut « sa plus
vieille affection ». Sa présence est si grande qu’elle l’engendra à la vie
pastorale, et que son titre de Mère des prêtres prend ici un relief tout
particulier, à la fois spirituel, matériel et humain.
Il faut aussi citer “ses saints”, ceux pour lesquels il avait une véritable amitié spirituelle
et à qui il “cassait la tête” (sic). On soulignera S. Jean-Baptiste dont il
prit le nom à sa confirmation, et qu’il garda toujours comme modèle tant dans
la désignation du Seigneur que dans la dimension de prophète qu’il illustra lui
aussi à merveille. Citons S. François-Régis, saint populaire de son enfance et
apôtre du Vivarais, près de qui il ira chercher réconfort, et dont il a été un
fidèle disciple comme confesseur. Citons enfin Ste Philomène, connue par le
biais de Pauline Jaricot et dont il devint un familier et un ardent
propagateur. Il avait trouvé en “sa petite sainte” une avocate efficace et
fidèle, et il lui voua une véritable amitié spirituelle.
Mentionnons enfin un de ses prédécesseurs peu connu mais qu’il imita sous bien des aspects, et
dont on imagine l’intercession, M. François Hescalle curé d’Ars de 1724 à 1740.
Il marqua profondément la paroisse par son zèle, sa sainteté et ses initiatives
pastorales, et est enterré dans son église devant l’autel sur lequel célébrait
chaque jour le Saint Curé[33].
3.2 Place de ses parents
Si l’on se
penche sur l’enfance de M. Vianney, l’influence de ses parents fut certainement
capitale. On a la chance de connaître les faits rapportés par sa petite sœur
Gothon.
Sa maman tout d’abord, Marie Béluze. Elle lui a donné le sens de Dieu, celui de la vie
avec Dieu. C’est elle la première qui lui apprendra à prier, à connaître Dieu
et à l’aimer. Elle lui enseignera à vivre sous son regard, c’est-à-dire en
toute vérité et simplicité avec Lui. Cette qualité le guidera toute sa vie,
particulièrement dans les moments plus difficiles où les épreuves sont lourdes
et où il ne perçoit pas la volonté de Dieu, ainsi que dans les périodes plus
paisibles. Sa familiarité avec le “Bon Dieu” vient certainement de cette habitude.
Marie Béluze lui avait appris à se tourner vers Dieu quand l’horloge de la
ferme de Dardilly sonnait les heures, et à confier ainsi ses occupations, ses
joies ou ses peines à Jésus. Il fera de même à Ars en relevant le clocher et en
y installant une pendule ; il pourra ainsi inviter ses paroissiens à
tourner leur cœur vers le Seigneur. Sa Maman avait aussi pressenti l’ampleur de
l’appel de Dieu tout spécialement sur son Jean-Marie. Petit, elle lui avait dit
un jour : « tu vois Jean-Marie, si tes frères et sœurs péchaient – dans
le sens de gravement – cela me ferait de la peine, mais surtout si c’était
toi ». Quand il lui dira déjà grand, sa volonté de devenir prêtre, elle
lui répondra : « tu sais,
cela fait longtemps que je le sais ».
Elle a donc porté et accompagné la vocation de son fils. Devenu pasteur d’âmes,
il pressentira bien souvent la profondeur de l’appel de Dieu sur ceux qui
venaient à lui, et il les aidera à répondre de tout leur cœur à cet appel. Le
“charisme” de la maman a engendré et porté celui du curé.
Son père ensuite, Mathieu Vianney. Agriculteur solide et pragmatique, il lui
apprendra à connaître et à aimer la vie. Il enseignera aussi à son fils à aimer
le travail et à y être fidèle. La terre ne ment pas et, en la travaillant pour
lui faire porter du fruit, en coopérant à l’œuvre de la création, on rejoint le
Créateur. Comment ne pas percevoir chez le saint Curé cet amour de la terre et
de son travail. En bon fils de paysan, il s’en servira comme d’un réservoir
inépuisable d’exemples et d’analogies pour parler du Créateur et de la vocation
de chacun. Il y percevra une image de la fidélité et de la bonté de Dieu
au-delà de tous les bouleversements possibles. Son père lui apprit aussi à
aimer les pauvres et plus largement à les accueillir, c’est-à-dire à
reconnaître en eux le Seigneur lui-même. Jean-Marie Vianney retiendra aussi de
son père son attention à sa propre famille et à son devoir d’état. Il y
discernera l’importance de l’exemple et de l’image que donnent le père et la
mère. À son arrivée à Ars il n’aura de cesse de sauvegarder la famille et de la
protéger de tout ce qui peut la blesser (alcool, futilités, travail le
dimanche, débauche, grossièretés…). Mathieu Vianney apprit enfin à son fils
l’obéissance filiale. Si les relations ne furent pas toujours faciles entre
eux, si le père ne comprit pas toujours son fils dans son désir de devenir
prêtre, si le refus de la conscription et la désertion entachèrent fortement
leurs liens, il lui montra (même malgré lui) que l’obéissance filiale porte du
fruit en son temps. L’amour filial du Curé d’Ars envers l’Église et son évêque,
trouve sans doute ici son origine.
3.3 Influence des paroissiens et des pénitents
Soulignons
deux points dans l’influence de ses paroissiens. Le premier sera le soutien fraternel et amical qu’il reçut de certains, déjà dans les
premiers temps de son arrivée, mais surtout vers la fin de sa vie. Ce soutien
lui permit de mettre en œuvre ses intuitions, de mener à bien son ministère et
d’avoir une vie humaine stable. Citons les châtelains successifs, les deux familles
des Garets qui ont été un appui fidèle et sûr. Citons le premier maire Antoine
Mandy, qui le soutiendra contre les villageois dans les moments les plus
sombres où la cabale s‘envenimait. Citons enfin Catherine Lassagne, fidèle et
donnée, à la maison de Providence puis à son service.
Notons enfin l’ambiance de prière et d’offrande qui
le portera, et qui n’est pas banale dans un petit village. Mlle d’Ars a prié
pour avoir un saint prêtre et dès son arrivée, elle sera sa première pénitente
et assistera chaque jour à sa Messe ; elle le soutiendra par ses œuvres
mais aussi par l’offrande de sa vie. De par sa position sociale et son renom,
l’appui du château emportera souvent les premières réticences parmi les villageois.
Notons le soutien spirituel de certaines familles dont les Lassagne, parents de
la première directrice de la Providence. Catherine raconte que dès son arrivée,
l’attitude de prière de la famille changea[34].
Notons aussi le soutien des paroissiens et des pénitents qui prient quand le
curé d’Ars est malade et encore plus mourant.
3.4 Place des confrères.
Notons aussi l’influence prépondérante de
certains de ses confrères dans le sacerdoce.
Il faut souligner déjà la place de l’abbé Charles Balley, curé d’Écully. Jusqu’à
sa mort, Jean-Marie Vianney l’appellera son maître. On peut imaginer combien
son influence fut grande sur le jeune homme qui voulait devenir prêtre. Pendant
onze années de vie commune au presbytère d’Écully [1806-1817], le jeune séminariste
apprendra par osmose et par imitation, ce qu’est la vie d’un prêtre et d’un
curé. Sa forte personnalité, sa rigueur, son sens du sacrifice et de
l’abnégation, sa piété et sa foi profonde marqueront à jamais l’âme du jeune
Jean-Marie. Il fut un véritable maître et un père pour ce séminariste peu sûr
de lui, peu doué pour les sciences, mais au cœur débordant de générosité et si
pieux. Ses mortifications, le Curé d’Ars les a apprises chez M. Balley. Tous
deux rivalisaient dans l’abnégation et le renoncement. Ils voulaient ressembler
à leur Maître et Seigneur et apprendre de lui douceur et humilité. C’est en
pensant au curé d’Écully qu’il dira plus tard : « si un prêtre venait à mourir à force d’abnégation et de
privations, ce ne serait pas mal ! »[35].
Mais l’Abbé Balley va surtout éveiller en lui un cœur de prêtre, emprunt de
zèle, de piété et d’abandon. Il lui apprendra à surmonter et à offrir ses
difficultés, ses pauvretés et ainsi à les faire fructifier. Il va l’ancrer dans
l’amour de l’Église et engendrera chez le jeune séminariste un cœur de pasteur.
Il lui apprendra ce qu’il a lui-même reçu de son ordre religieux (les
génovéfains), à savoir la visite des familles à domicile, l’attention à la
liturgie et à son déploiement, l’implication personnelle du prêtre dans la
pastorale, la prière commune à l’église… autant de points mis en œuvre plus
tard par le Curé d’Ars. À la mort de l’Abbé Balley, son jeune vicaire
accueillera comme un héritage le témoignage d’une vie toute donnée.
Il faut noter aussi les évêques qui furent les siens dans le nouveau diocèse de Belley, Mgr
Devie (1823-1852), Mgr Chalandon (1853-1857) et enfin Mgr de Langalerie
(1857-1871). Ils l’ont soutenu et accompagné, porté parfois tout en étant impressionnés
et marqués par l’ampleur du don de lui-même qu’ils percevaient. Éclairés tous
les trois, mais contre son gré, ils l’ont maintenu à Ars et ont certainement
contribué ainsi à son rayonnement universel.
Notons enfin ses confesseurs. Même si l’on n’en sait que peu de choses, ils eurent
certainement sur lui une influence prépondérante, dans les grandes orientations
spirituelles et humaines qui furent les siennes. Comment ne pas imaginer qu’il
donna à ses pénitents ce qu’il reçut lui-même dans le silence du confessionnal.
On ne peut oublier aussi ses luttes contre le grappin, affirmons simplement que
ses confesseurs eurent là aussi une place nécessaire. Son dernier confesseur
(durant 13 ans) fut l’Abbé Beau, curé voisin[36]
qui remarqua simplement au cours du procès de béatification : « Les
souvenirs que j’ai de ces moments-là m’impressionnent encore. Je ne crois pas
qu’il soit possible d’aller plus loin dans la pratique des vertus héroïques. Je
lis la vie des saints et je n’y trouve rien qui soit au-dessus de ce que j’ai
vu dans Monsieur le Curé d’Ars. Je ne pourrai exprimer à quel point il
m’inspirait la vénération et le respect. Il avait, d’après mon opinion,
conservé la grâce du baptême et cette grâce, il l’a constamment augmentée par
la sainteté éminente de sa vie »[37].
Enfin il faut signaler ses proches collaborateurs, citons simplement l’abbé
Tailhades[38], l’abbé
Raymond[39],
et l’abbé Toccanier[40].
Tous trois l’ont aidé et servi à leur manière, et furent à jamais marqués par
son exemple. Le premier en l’éclairant sur sa pastorale et en le soutenant de
ses connaissances. Le second en l’incitant à la charité, le troisième en
l’accompagnant fraternellement les dernières années de sa vie. Leurs défauts ou
faiblesses contribuèrent aussi à la sainteté du Curé d’Ars ; Dieu se sert
de tout pour faire grandir les saints.
Jean-Philippe Nault[41]
La straordinaria figura del Curato d’Ars, San Giovanni
Maria Vianney, può essere adeguatamente letta secondo tre direttrici
determinate: la persona stessa di Cristo
Signore, la vita teologale delle
Virtù e il dono di se steso come
sacerdote.
Il Curato d’Ars è innanzitutto Sacerdote di Gesù Cristo:
è realmente nell’imitazione di Cristo Sommo Sacerdote e nella missione compiuta
nel Suo Nome che si rivela il carisma pastorale. È Cristo stesso che unifica il
Santo, attraverso la grazia battesimale e soprattutto sacerdotale. San Giovanni
Maria Vianney è “totalmente sacerdote” in ciascuna delle sue scelte e dei suoi
gesti, in tutto il suo essere, e ne è pienamente cosciente! Questa profonda
unione gli permette di accompagnare il Signore nell’orto degli ulivi, nella
passione, fin sulla Croce. Egli ha coscienza, come sacerdote, di essere uno
degli strumenti privilegiati (e da qui il grande senso di responsabilità) per
condurre il mondo a Dio.
Discepolo di Cristo egli fu pienamente figlio della
Chiesa, dalla quale ha ricevuto molto ed alla quale ha donato tutto, rimanendone
sempre un umile ed obbediente figlio, libero ed esigente.
Le Virtù teologali caratterizzano la vita del Santo di
Ars che risplende per la fede, vissuta pienamente in modo eroico; una fede
sempre mendicata e insieme chiara e radicata nel più profondo del suo stesso
essere e della sua vita. Fu per eccellenza un uomo di speranza, con gli occhi
fissi verso il cielo, ebbe l’Eternità come orizzonte ultimo. Infine ha avuto
una carità “traboccante” per il prossimo, che amava per e attraverso l’amore
per Dio. Accanto alle tre grandi virtù, anche i “consigli evangelici” hanno
rappresentato un elemento fondante la spiritualità del Curato d’Ars. Egli li ha
vissuti pienamente, da essi ha tratto forza per la missione. Pur non essendo
religioso, li ha vissuti in modo non solo esemplare, ma realmente eroico!
Povertà, castità ed obbedienza sono state luci della sua vita morale, spirituale,
sacerdotale e pastorale, e ciascun Consiglio Evangelico ha illuminato gli
altri.
Il dono di se stesso come sacerdote rappresenta la terza
dimensione dell’esistenza del Santo Curato. Egli fu “totalmente donato”, per
riprendere le sue stesse parole, e questo fu il segreto del suo zelo apostolico
e l’immagine che Egli suscitava in tutti coloro che lo avvicinavano. Totalmente
donato a Dio ed alla Chiesa, non tenendo nulla per se stesso.
San Giovanni Maria Vianney è, allora, un intercessore
per tutti i sacerdoti; fu un servitore della Grazia, per eccellenza, servitore
della santità che viene da Dio. Inviandolo ad Ars, il Vicario Generale gli
aveva raccomandato: «Non c’è molto amore per il Buon Dio, voi ve ne
porterete!». Il Santo interpretò queste parole come la sua missione, e vi fu
fedele, come linea pastorale di tutto il suo ministero: portare l’Amore per Dio
ed il perdono di Dio nel Mondo.
Éléments
bibliographiques
Mgr Francis
Trochu, Le Curé d’Ars , Éd. Résiac (1925), 650 p. - (avec photos)
Une des
toutes premières biographies du Curé
d'Ars, et encore aujourd’hui la plus connue. Ouvrage de référence qui se lit
très facilement.
Mgr René Fourrey, Le Curé d’Ars authentique, Éd DDB (1981), 260 p.
Mgr
Fourrey, historien de formation, s'appuie sur un grand nombre de documents
historiques et d'archives. Cet ouvrage, complet et rigoureux, a l'avantage du
recul ; il cherche à nous faire apparaître le visage authentique du Saint
Curé.
Mgr Daniel Pezeril Pauvre et saint Curé d’Ars. Livre de vie,
ed. Seuil (1959) 310 p.
Biographie
alerte et détaillée du saint Curé. Basée sur des témoignages de l’époque
(analyse des sermons), l’auteur cherche à cerner le caractère du saint Curé et
l’action de la grâce dans ce petit village de la Dombes.
Père Marc Joulin, Petite
vie de Jean-Marie Vianney, Curé d’Ars, DDB (2004), 160 p.
Accessible
à tous, l'essentiel de la vie et de la
spiritualité du Curé d'Ars. Encarts avec pensées, paraboles, paroles du saint.
Françoise Bouchard, Le Curé d’Ars, viscéralement prêtre, Ed Salvator (2005), 200 p.
Nouvelle
biographie alerte et facile à lire.
Père André Ravier, Le
Curé d’Ars, un prêtre pour le peuple de Dieu, Ed. Parole et Silence (1998), 112 p.
Vie et
spiritualité sacerdotale du patron des curés de l’univers. Le Curé d’Ars, un
maître spirituel pour tous les prêtres d’aujourd’hui.
Éléments
biographiques
8 mai 1786 : Jean-Marie Vianney naît à
Dardilly, près de Lyon. Il est le quatrième de six enfants, et passera son
enfance dans la ferme de son père, durant la période troublée de la Révolution
française.
1806 : ayant manifesté le désir de devenir
prêtre, Jean-Marie Vianney commence sa formation auprès de l’Abbé Balley, au
presbytère d’Écully.
23 juin 1815 : après une formation longue et
souvent difficile, il est ordonné diacre à Lyon.
13 août 1815 : o il est ordonné prêtre à
Grenoble par Mgr Simon. Il est alors nommé vicaire de l’Abbé Balley à Écully
Le 13
février 1818, il arrive à Ars comme desservant.
1821 : Ars retrouve le statut de paroisse et
Jean-Marie Vianney en devient le curé.
À partir de 1822,
il entreprend de restaurer et d’embellir son église, tâche qu’il poursuivra
jusqu’à sa mort.
1822 : le diocèse de Belley, dont dépend la
paroisse d’Ars, est rétabli.
1824 : il ouvre la Maison de Providence pour en faire une école gratuite pour les
filles ; elle deviendra plus tard un orphelinat.
Vers 1830 :
début de l’afflux des pèlerins et des pénitents à Ars. Ils ne cesseront de
venir toujours plus nombreux, et ce jusqu’à sa mort. Le Curé d’Ars ne pourra
presque plus quitter sa paroisse, il s’occupera exclusivement de ses paroissiens
et des pèlerins.
1843 : grave maladie du saint Curé et première
“fuite” d’Ars. Il y aura 3 autres fuites, face à l’ampleur de la charge de curé
et la prise de conscience de ses faiblesses.
En 1849,
il fonde l’école des garçons qu’il confie aux Frères de la Sainte Famille de Belley.
À partir de 1853,
une équipe de missionnaires diocésains vient aider le saint Curé, “prisonnier”
du confessionnal et assailli par les pèlerins.
1858 : 100 000 pèlerins environ cette année-là
à Ars. Le Curé d’Ars passe jusqu’à 17 heures par jour au confessionnal.
4 août 1859 : le Curé d’Ars meurt épuisé vers 2
heures du matin, dans son presbytère.
8 janvier 1905 : béatification par le pape Pie
X ; déclaré “patron des prêtres de
France”.
31 mai 1925 : canonisation par le pape Pie XI.
1929 : déclaré “patron de tous les curés de l’univers” par le pape Pie XI.
6 octobre 1986 : le pape Jean-Paul II vient en pèlerinage
à Ars.
2009 : Jubilé pour les 150 ans de la mort du
Saint Curé. Le Curé d’Ars est déclaré par le Pape Benoît XVI “patron des
prêtres du monde”.
[1] Jean-Marie Vianney est né à Dardilly (près
de Lyon) le 8 mai 1786 ; il est mort à Ars le 4 août 1859. Il devint
officiellement curé d’Ars le 25 août 1821 (Ars est alors érigé en paroisse) et
le resta jusqu’à sa mort le 4 août 1859 ; avant 1821 il n’en est que
desservant, Ars étant une chapellenie dépendant du curé voisin de Misérieux.
[2] Pie X le béatifia le 8 janvier
1905 et le déclara “patron de tous les prêtres de France et des pays qui
lui sont soumis” le 28 avril 1905 ; Pie XI le canonisa le 31 mai 1925 et le
déclara “patron des curés de l’univers” le 23 avril 1929 ; Jean XXIII
écrivit une encyclique sur lui à l’occasion du centenaire de sa mort (Nostri sacerdotii primitias – 31
juillet 1959) ; Jean Paul II publia une lettre aux prêtres sur le Curé
d’Ars le jeudi Saint 1986, et vint en pèlerinage à Ars le 6 octobre 1986 où il
prêcha une journée de retraite sacerdotale à 6000 évêques, prêtres et
séminaristes de France ; Benoît XVI doit le déclarer “patron des prêtres
du monde” durant l’année sacerdotale qu’il a proclamée à l’occasion des 150 ans
de la mort du Curé d’Ars (du 19 juin 2009 au 19 juin 2010).
[3] Comme sources principales à utiliser, nous
conseillons : les dépositions du Procès de l’Ordinaire [Archives Sanctuaire d’Ars] ; les
grandes biographies (A. Monnin, F. Trochu, R. Fourrey et D. Pézeril) ; le
petit mémoire de Catherine Lassagne [réédité sous le titre : Le Curé d’Ars au quotidien, Éd. Parole
et Silence 2003] ; les travaux de l’abbé Nodet [entre
autres : Le Curé d’Ars, sa pensée,
son cœur, Éd. du Cerf 2006] ; les analyses du père Ravier, sj [Le Curé d’Ars, un prêtre pour le peuple de
Dieu, Éd. Parole et Silence 1999] ; les numéros des Annales d’Ars depuis 1904 rassemblant de multiples études et
analyses [Archives Sanctuaire d’Ars]
; les textes du magistère (encyclique de Jean XXIII et surtout les textes
de Jean-Paul II [Le Curé d’Ars, un modèle
hors pair, Éd. Parole et Silence 2004]). [Pour plus de détails, voir le site du Sanctuaire d’Ars :
www.arsnet.org].
[4] B.
Nodet, Le Curé d’Ars, sa pensée,
son cœur, Éd. du Cerf 2006, p. 89. [noté maintenant : Nodet, 89].
[5] Nodet,
255.
[6] Cf. Mgr
Ancel, La spiritualité pastorale
du Curé d’Ars - Journées Sacerdotales du Centenaire ; Éd. Fleurus
1959, p 132.
[7] Nodet, 200.
[8] Ancel, 131.
[9] A. Monnin,
Esprit du Curé d’Ars, Éd.
Téqui, Paris 1935. p. 21.
[10] Nodet,
85.
[11] Nodet,
80 - Cf. André Ravier, Le Curé d’Ars, un prêtre pour le peuple de
Dieu, Éd. Parole et Silence 1999, p. 17-20.
[12] Le père Ravier précise : « décidément,
cette âme évoluait sur les plus haut sommets mystiques » Ravier, 89-108.
[13] Nodet,
203.
[14] Extrait de l’Acte d’amour du Saint Curé d’Ars, prière attribuée au Curé d’Ars.
[15]
A.
Dupleix, Comme insiste l’amour,
Éd. Nouvelle Cité, Paris 1986, p. 256.
[16] Dupleix,
259.
[17] Nodet,
228.
[18] Nodet,
177.
[19] Acte
d’amour, prière attribuée au Saint Curé d’Ars.
[20] Jean Paul
II, Le Curé d’Ars, un modèle hors
pair, Éd. Parole et Silence 2004, p. 5.
[21] Nodet,
226. Il sera ordonné prêtre par Mgr Simon, évêque de Grenoble, le 13
août 1815.
[22] Nodet,
220.
[23] Le cimetière entourait alors son église.
C’est lui qui le fit déplacer en 1855.
[24] R.
Fourrey, Le Curé d’Ars authentique, Le Signe-Fayard 1964, p. 462.
[25] A.
Monnin, Vie de Jean-Baptiste-Marie
Vianney, Éd. Douniol, Paris 1861. Tome 2, p. 195.
[26] Monnin,
I, 15.
[27] Jean Paul
II, 23.
[28] Jean Paul
II, 7.
[29] Nodet,
107.
[30] Nodet,
102.
[31] Ravier,
84.
[32] Nodet,
p. 253.
[33] Encore aujourd’hui, cinq anciens curés d’Ars
sont enterrés dans l’église d’Ars, dont Jean-Marie Vianney.
[34] Pour mieux connaître Catherine Lassagne, cet
extraordinaire témoin qui fut une des personnes les plus proches du Saint Curé,
on se penchera avec bénéfice sur l’ouvrage précité qui constitue le Mémoire
qu’elle rédigea à partir des notes prises au quotidien près de son saint
curé : C. Lassagne, Le Curé d’Ars au quotidien, Éd. Parole
et Silence 2003.
[35] C. Lassagne, p. 140.
[36] L’abbé Beau fut nommé curé de Jassans en
septembre 1844. Il devint confesseur du Curé d’Ars à partir de novembre 1845.
[37] Procès
de l’Ordinaire, pp.
1189-1190.
[38] Prêtre du diocèse de Montpellier qui passa 3
mois et demi près du Saint Curé en 1939. Ils échangèrent beaucoup et l’abbé
Tailhades lui apporta principalement sur la pratique de la confession
(influence de S. Alphonse de Liguori).
[39] Vicaire du Curé d’Ars de septembre 1845 à
août 1853.
[40] Vicaire du Curé d’Ars à partir de septembre
1853, puis son successeur à Ars de 1869 à 1883.
[41] Père Jean Philippe Nault : prêtre du diocèse de Belley-Ars, membre de la Société Jean-Marie Vianney, recteur du Sanctuaire d’Ars depuis 1999, professeur au séminaire de la Société Jean-Marie Vianney à Ars.