SAINTE MARIE MÈRE DE DIEU

 

 

 

Nb 6,22-27 : http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/9bcawkf.htm

Gal 4,4-7: http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/9absuzd.htm

Lc 2,16-21: http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/9ayxwpb.htm

 

 

Le lien entre la Nativité du Seigneur et la Maternité divine de Marie Très sainte est clairement exprimé dans l’un des douze anathèmes de saint Cyrille d'Alexandrie († 444), accueilli par le Concile d'Ephèse, qui en l'an 431 définit comme dogme de foi que Marie de Nazareth est la Mère de Dieu : « S'il ne confesse pas que l'Emmanuel est en vérité Dieu et que donc la sainte Vierge est Mère de Dieu (elle a en effet engendré selon la chair le Verbe de Dieu fait Chair), qu’il soit anathème » (Denz. - Schönm., 252). Nous avons adoré il y a quelques jours la présence du Verbe incarné dans l’humble mangeoire de Bethléem. Maintenant, l'Église nous invite à porter un regard comblé de vénération vers cette autre figure de la crèche, magnifique, qu’est la Mère de Jésus, Dieu fait chair.

En des temps récents, la dévotion à la Mère de Dieu s'est affaiblie dans certains milieux que l'on considère culturellement « aristocratiques », tellement éloignés du sens de la foi typique du bon peuple chrétien qui, avec Saint-Bernard, sent affectueusement devoir dire : « A propos de Marie, jamais trop ! ». Certains ont craint que trop honorer Marie aurait pu détourner de quelque façon de l'adoration du Christ. On a donc considéré approprié de radicaliser le christocentrisme, en soulignant de manière unilatérale, et parfois même exclusive, l'unicité de la médiation salvifique dans le Christ. Ce faisant, on a pourtant oublié l'ancien adage : ad Jesum per Mariam, de même que le Sauveur est venu à nous par Elle. La Mère nous accompagne toujours vers son Fils et ne nous éloigne jamais de Lui. Le Concile Vatican II s'est exprimé avec ces mots : « Tout influx salutaire de la Bienheureuse Vierge envers les hommes ne naît pas d'une nécessité objective, mais d'une disposition purement gratuite de Dieu, et jaillit de la surabondance des mérites du Christ ; il se fonde par conséquent sur la médiation de Celui-ci, il dépend absolument d’elle et y puise toute son efficacité, et il n'empêche pas le moins du monde l'union immédiate des croyants avec le Christ, au contraire il la facilite » (Lumen Gentium, n. 60).

En réalité, nous devons reconnaître que le rôle de Marie, bien loin de constituer une entrave, est une défense efficace pour reconnaître le Christ dans la foi. La Mère de Dieu, avec sa pureté virginale, représente et défend aussi la pureté de la doctrine chrétienne. Dans le bréviaire on trouve cette belle litanie mariale : « Gaude, Maria Virgo, cunctas haereses tu sola interemisti in universo mundo – Réjouis-toi, Vierge Marie, toi seule as détruit toutes les hérésies dans le monde entier ». Cette litanie a été commentée par le célèbre bibliste Ignace de la Potterie en ces termes: « Ce n'est pas que Marie ait fait dans sa vie quelque chose contre les hérésies. Mais certes, la reconnaissance de Marie dans les dogmes mariaux est symptôme et rempart de la fermeté de la foi ». Le cardinal Ratzinger également, dans son livre-interview avec Vittorio Messori (Rapport sur la foi), souligne que « Marie triomphe sur toutes les hérésies » : si on accorde à Marie la place qui lui convient dans la Tradition et le dogme, on se trouve déjà vraiment au centre de la christologie de l'Église. Les premiers dogmes, concernant la virginité perpétuelle et la maternité divine, mais aussi les derniers (l’Immaculée Conception et l’assomption corporelle dans la gloire céleste), sont une base sûre pour la foi chrétienne en l'incarnation du Fils de Dieu. Mais même la foi au Dieu vivant, qui peut intervenir dans le monde et dans la matière, ainsi que la foi envers les fins dernières (la résurrection dans la chair, et donc la transfiguration du monde matériel lui-même) sont confessées implicitement dans la reconnaissance des dogmes mariaux. C’est aussi pour ce motif que l’on espère que se réalisera le projet de réintroduire, peut-être dans la fête de l’assomption corporelle de Marie au ciel, le 15 août, la belle litanie mise de côté par la réforme liturgique » (cf. 30 Giorni, 12 [octobre 1995], p. 71).

En ce jour l'Église prie aussi particulièrement pour la paix. Et c’est vraiment vers la Toujours Vierge Mère de Dieu que les fidèles se tournent, pour obtenir du Seigneur, à travers son intercession, le don de la paix pour chacun, pour l'Église et pour le monde.